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REVUE
PAR
LA SOCIÉTÉ CUVIERIENNE.
Année 18&5.
PARIS.- IMPIIIMEIUE DE FAIN ET TIIUNOT,
RUE RACirsK, 28, PRÈS DE l'ODKOW-
RKVUK
ZOOLOGIQUE,
PAR
LA SOCIÉTÉ CUVIEUIENNE;
ASSOCIATION UNIVERSEI.X.B
l'OUR
L'AVAINCEMEINT DK LA ZOOLOGIE , DE L'AINATOMIE
COMPARÉE ET DE LA PALiEONTOLOGlE ;
Journal mensuel .
PUBLIE SOUS LA DIRECTION
»B M. F.-S. aUERIN.MÉl«EVII.IJB.
PARIS,
AU BURKAL DE LA REVUE ZOOUOGIQUE
Rue de* Beaux-Arts , 4.
1845.
ilM
•vlk^
BUITIÈME ANNÉE. — JANVIER 1845.
1. TRAVAUX INEDITS.
Mélanges orîsitholOgiques par F. de Lafresnaye.
Sur le genre Picumne , de Temminck , pi. coloriées.
11 est évident que dans le genre Picumnus, fondé par Tem-
minck sur une petite espèce de grimpeur d'Amérique , placée
auparavant dans les pics, les torcols et même les manakins, cette
espèce type, le Picus minutus , Lat. , Vunx minutissimus ,
L. Gmel., et une ou deux autres espèces de celles qu'on lui a
réunies depuis , ont donné lieu à plusieurs erreurs de synonymie,
répétées par la plupart des auteurs. Nous allons essayer de les
rectifier autant que notre éloignement des musées publics nous
le permettra.
D'abord , l'espèce type, le petit pic de Cayenne [Picus cayen-
nensisminor), Brisson, t. 4, p. 83, que nous reconnaissons bien,
avec quelques auteurs, comme synonyme du Picus minutus ,
Lat. , Funx minutissimus , L. Gmel. , ne nous paraît nullement
l'être du très-petit pic de Cayenne , décrit et figuré par Buffon,
pi. enl. 786, f. 1 , quoique cet auteur l'y ait indiqué comme tel,
et après lui la plupart des auteurs, tels que Gmelin , Vieillot,
Cuvier, Lesson , Temminck, etc. Le professeur Lichtenstein est
le premier qui ait émis des doutes sur cette synonymie dans son
Catalogue de vente du Mus. de Berlin, et nous sommes pleine-
ment de son avis. A l'appui de notre opinion, nous citerons la
diagnose des différents auteurs.
Dès 1760, Brisson, avec l'exactitude qui lui est particulière ,
décrivait son petit pic de Cayenne {Picus cayennensis minor) ,
comme ayant 3 p. 3 1. de long, « le sommet de la tête rouge,
» l'occiput noir, marqué de petits points blancs, ses côtés bruns
» également marqués de petits points blancs, tout le dessus du
» corps d'un gris tirant sur le roux , le dessous d'un blanc rous-
» sâtre, avec les plumes bordées de brun , les rémiges primaires
» d'un gris tirant sur le roux , les moyennes ayant leurs bords
» d'un blanc roussâtre, la queue de dix pennes, dont les quatre
» médianes brunes, les autres moitié brunes et blanc-roussatre
» dans le sens de leur longueur, avec le bec, les pieds et les
Tome VIII. Année 1845. 1
2 REvuK zooLOGiQOE. {Janvier\8^5.)
» ongles gris. » Brisson ne citait aucune synonymie, mais ajoutait
que cet individu avait été envoyé de Cayenne à M. de Réaumur.
II est facile de reconnaître , par la description ci-dessus , que
l'espèce de Brisson a vertex rouge , avec l'occiput noir pointillé
de blanc (caractère commun aux mâles de presque toutes les
espèces du genre) , n'offrait sur tout le reste de la partie supé-
rieure qu'une teinte uniforme d'un gris roux , relevé seulement
par les bordures blanc roussâtre des rémiges moyennes et d'une
partie des rectrices , et n'était pas encore adulte, d'après la colo-
ration des parties inférieures. Vingt-trois ans plus tard , en 1783,
Buffon, dans ses pi. enl., décrivait , sous le nom de très-petit
pic de Cayenne , et figurait dans sa pi. n" 786 , f. 1 , une espèce à
laquelle il donnait pour synonyme le Picus cayennensis minor
de Brisson , mais il la décrivait comme « ayant le cou et la poi-
» trine ondes distinctement de zones noires et blanches , le dos
» brun tacheté de gouttes blanches ombrées de noir , ces mêmes
* taches beaucoup plus serrées et plus fines sur le beau noir du
» haut du cou, la tête dorée comme celle du Roitelet, tout le
» blanc du plumage étant couvert d'une ombre jaunâtre, surtout
» vers la queue et jusque sur le brun des ailes et du dos. » Il y a
visiblement dans ces deux descriptions des différences si notables
que nous ne concevons pas que Buffon ait cité celle de Brisson et
sa diagnose latine entière , comme synonyme de la sienne et de
sa figure, qui représente l'oiseau tout couvert, en dessus, de
taches blanc jaunâtre , ombrées de noir , conformes à sa des-
cription. Nous ne doutons pas, d'après la disparité évidente des
deux descriptions jointes à la figure de Buffon, que ces deux oi-
seaux n'appartiennent à deux espèces distinctes, et le professeur
Lichtenstein émet la même opinion dans son catal. des doubles
du Mus. de Berlin 1823, p. 12. Cependant la plupart des auteurs,
copiant la citation erronée de Buffon, n'ont fait qu'une espèce
de ces deux oiseaux , les présentant de plus comme synonymes
du Ficus minutus Lath., Yunx minutissimus L. Gmel. , tandis
que l'espèce seule de Brisson devait être réunie à ceux-ci.
En 1823 , le professeur Lichtenstein , dans son catal. des dou-
bles du Mus. de Berlin, p. 1 1 , indiquait déjà quatre espèces
distinctes du genre Picumnus , qu'il signalait de la manière sui-
vante :
\° Picus minutus Lat. , Pipra minuta Lin.— yunx minutis-
TRAVAUX INÉDITS. 3
Hma, Lui. , Gmel.— Pîcu« minutissimus P&Wàs— Charpentier
nain Azara 2G0 (de Bahia). Il n'en donnait point la description,
n'indiquant que la différence du rouge à la tête chez le mâle, et
la présence d'une tache ferrugineuse sur la nuque des adultes
des deux sexes.
2° Picus exilis , Licht. , è provincia San Paulo. «P. olivaceus ,
» Laete viridi indutus , subtus viridi-albo nigroque undulatus ,
» longit. 3 p. 1/2 statura prœcedentis sed rostrum pro mole bre-
» vins , differentia sexualis eadem. »
3° P. Pigmœus , Licht. « P. fuscus, dorso et abdomine toto
albo guttatis » , è Brasilia.
4» « Ad harum neutram icon Buffonii , le très-petit pic de
» Cayenne, pi. enl. 786, f. 1 , referenda videtur , quartam exhi-
» bens sj)eciejn. »
Temminck , dans ses pi. col. , après avoir formé le genre Pi-
cumnus^ synonyme d'Jlsthenurus, Swainson, Piculus, Is. Geof.,
et avoir cité comme espèce type le Picus minutus Lat., et comme
synonymes le très-petit pic de Cayenne, Buff. , pi. enl., et le
Torcol de Cayenne , V»'. Gai. , pi. 28, lui donne le nom de Pi-
cumne minule , Picumnus minutissimus , à tort, selon nous,
cardes 1760,Brisson Pavait désigné sous le nom de Picus
cayennensis minor ^ petit pic de Cayenne, nom spécifique qui
doit d'autant plus lui être conservé , qu'outre qu'il est le plus an-
cien , il exprime la localité , patrie de l'espèce, et que les noms
de minutus , minutissimus , minute enfin , qui pouvaient lui
convenir lorsqu'on le rangeait avec les Pics ou les Torcols, de-
viennent insignifiants et inexacts du moment où il devient le
type du genre picumne, et où il figure comme une des plus
grandes espèces. Ce sera donc pour nous Picumnus cayennensis,
Nob Picus cayennensis minor , Brisson. Temminck , après avoir
cité cette espèce type , à laquelle il donne pour patrie la Guyanne
française, décrit deux nouvelles espèces, la première sous le
nom de Picumne à toupet {Picumnus cirratus) Temn., pi. col.
371 , f. 1 , différant de l'espèce type, selon l'auteur, par des
dimensions un peu plus grandes , par un bec gros et fort d'un
blanc bleuâtre à pointe noire , une touffe de longues plumes
noires, terminées par une petite tache blanche sur l'occiput , un
^ris olivâtre, légèrement onde de brun et sans mouchetures sur
ies parties supérieures, et deux petite* bandes en forme de
4 lucvDE zooLOGiQDE. {Jmivier 1845.)
taches roussatres pâles coupant l'aile , dont les secondaires sont
lisérées de blanchâtre. Long. , à peu près 4 p. ïemminck rap-
porte kcelte espèce le Charpenliernain deAzara, 260 comme Q^,
et lui donne pour habitat le Brésil et le Paraguay. Il est évi-
dent qu'ici Temminck n'a établi sa comparaison qu'avec l'espèce
de Buffbn, qu'il regardait comme identique avec l'espèce type.
Il décrit encore, et figure, même pi. f. 2, sous le nom de
Picumne mignon (Picummts exilis) , une autre espèce voisine ,
mais différant de celle-ci par son bec plus petit , entièrement
noir , sauf une tache blanche à la mandibule inférieure (caractère
commun à la plupart des espèces) , par ses plumes courtes du
sommet de la tête, par la teinte rousse du front , des lorum, des
joues et de la nuque , par un peu de roussâtre à la gorge , et
l'absence des deux petites bandes transversales sur l'aile. Du
reste , le dessin de la queue et tout le dessous rayé de bandes
transversales sont absolument les mêmes , et la couleur supé-
rieure est d'un brun mêlé d'ocre , long. 3 p. 6 lig.
Temminck décrit et figure cette espèce sans rouge à la tête , et
comme les cinq individus du Musée de Hollande avaient tous la
tête noire piquetée de blanc sans rouge antérieurement, il sup-
pose que , dans cette espèce , le mâle en est privé ; mais il en est
autrement. Nous possédons les deux sexes de cette espèce, dont
le mâle offre la même coloration rouge frontale que chez la plu-
part des autres espèces. L'auteur cite comme synonyme de cette
espèce le Picus exilis de Lichtenstein , cat. de vente, pi. Il,
HP 80 , qu'il traduit par Picumne mignon. Nous en avons cité
plus haut la diagnose de Lichtenstein ; ce rapprochement ne nous
paraît pas exact , car en jetant les yeux sur la diagnoSe du
P. exilis de Licht., qui est « P. olivaceus , lœte viridi indutus ,
» subtus viridi albo nigroque undulatus » , on est loin de re-
trouver la couleur brun mêlé d'ocre , indiquée et figurée par
Temminck et il n'est pas probable que le professeur Lichtenstein ,
qui dans ses courtes diagnoses avait néanmoins remarqué et in-
diquée une tache ferrugineuse sur la nuque du P. mintitus
adulte, n'eût pas signalé cette'teinte rousse ocreuse du front , du
lorum, des joues et de la nuque , si remarquable chez l'espèce
de Temminck.
Nous pensons donc qu'il y a erreur dans ce rapprochement, et
qu'en laissant à l'espèce de Lichtenstein, décrite, antérieurement
TRAVAUX INKDITS. 9
le nomd''exUis , donné par cet auteur, celle décrite sous ce nom
par Temminck , et reconnue comme distincte , doit en recevoir
un autre.
Vieillot, plaçant comme Linné et Gmelin , les Picumnes avec
les Torcols, décrivait, en 1819, dans le N. Dict. d'hist. nat.,
sous le nom de Torcol de Cayenne ( Funx minutissima, Gmel.
Picus minutus , Lath.), enl. 786-1 , un oiseau parfaitement con-
forme à celui de Brisson et de Latham , mais fort différent de
l'espèce de Bufîon , qu'il citait à tort comme synonyme. Il décri-
vait ensuite , sous le nom de Torcol du Paraguay (l%ria? minutus^
Vieillot), l'espèce décrite par Azara sous le nom de Charpentier
nain, et que Temminck cite comme synonyme de son Picumne
à toupet.
Nous avons décrit nous-méme , dans notre travail de collabo-
ration avec M. A. d'Orbigny sur les Oiseaux de son voyage en
Amérique , sous le nom de Ficumnus albo-squamatus , une
espèce nouvelle , dont la diagnose est ci-après au n. 6.
De ces diverses observations sur l'inexactitude de plusieurs sy-
nonymies de plusieurs auteurs , ainsi que de plusieurs noms don-
nés à des espèces qui en avaient déjà, nous pensons que l'on
peut déduire les raisonnements suivants :
1° L'espèce type du genre Picumnus de Temminck, qu'il indi-
que lui-même comme étant le Picus minutus de Latham , le
Yunx minutissima L. Gmel. étant réellement identique avec le
Ficus cayennensis minor de Brisson, décrit dès 1760, et non
avec l'espèce de Buffon, elle doit prendre le nom de Picus cayen-
nensis, au lieu de celui de Picumnus minutissimus (Temminck),
qui lui est de beaucoup postérieur , et le Picumne à Toupet de
cet auteur nous paraît au contraire identique de description et
de figure avec le vrai Picus minutus Lat. , Picus cayennensis
minor Brisson.
2» L'espèce décrite et figurée par Buffon , PI. enl. 786 — 1, sous
le nom de très-petit pic de Cayenne, et à laquelle cet auteur rap-
portait à tort le Picus cayennensis minor de Brisson , comme
l'ont fait depuis tous les auteurs qui l'ont copié , constituant une
espèce distincte , doit changer de dénomination, et nous propo-
sons de lui donner celle de Picumnus Buffonii.
3° LePiculus exilis de Temminck, PI. col. 371 — 2, que cet au-
teur rapporte au Picus exHis de Lichtenstein, cat. des D. du M.
6 REVUE zooLOGiQDE. (Jauvier 1845.)
de B. P. 1 1 , paraissant au contraire une espèce distincte, d'après
les différences marquées des deux descriptions jointes à la figure
de Temminck , doit changer au moins de nom latin , et nous
proposons de lui donner celui de Picumnus TemmincTiii N .
Picumne Mignon Temn. ou Picumne du Paraguay (Torcol du
Paraguay, Vieillot, N. Dict. d'hist. nat.).
4° Quoique les diverses descriptions que Vieillot a faites de son
Torcol de Cayenne, Yunœ minutissimus, dans leN. Dict., dans sa
Gai. du mus. , et dans l'Encyclopédie, soient parfaitement confor-
mes à celle du Picus cayennensis minor de Brisson , nous n'o-
sons citer à l'appui la figure qui l'accompagne dans sa Galerie,
PI. 28; car d'après sa coloration olivâtre, les taches blanches
qu'on aperçoit sur les couvertures alaires , elle semble repré-
senter plutôt l'espèce de Buflbn que celle de Brisson. Du reste ,
l'irrégularité des bandes ventrales est une indication que l'indi-
vidu n'était pas encore adulte.
Par suite de ces observations, nous pensons que l'on pourrait
établir de la manière suivante la synonymie des espèces appar-
tenant au genre Picumne de Temminck, ou au moins des huit
espèces dont nous avons connaissance et dont nous possédons
quatre , en ayant toutefois six sous les yeux.
G. Picumne , Picumnus, Temn. PI. col. Asthenurus Swainson,
Piculus , Is., Ôeofî'. St-Hilaire.
I. Espèces colorées en dessus d'une teinte uniforme dans l'adulte
et rayées transversalement en dessous de bandes de deux
couleurs.
\° Picumnus cayennensis ^oh. — Picus cayennensis minor
Brisson, t. 4, p. 83 (1760), Picus minutus Latham, Yunx mi-
nutissimaL. Gmél.— Yunx minutissima Vieillot, N. Dict. d'Hist.
nat., id. Gai., texte (PI. 28 )? id. Encyc. — Picumnus minutis-
simus Temn. , PI. col. art. G. Picumnus et Picumne à toupet ,
Picus cirratus id. ibid. , col. 37 1 , f. 1 .
2» jP. Temminckii ^oh. — Picumnus exilis Temn., col. 371
— 2. Picumne du Paraguay, Torcol du Paraguay Vieillot.
3*» P. exilis, Lichtenst., cat. desD. du M. de B. P. Il,no80,
Picumnus Lichtetisteinii Nob.
II. Espèces tachetées en dessus dans Vétat adulte et rayées
transversalement en dessous.
i* p. Buffonii ^oh,— Le très-petit pic de Cayenne ^ Bufl"» enl.
TRAVAUX INÉDITS. 7
78(i — 1^ rapporté à tort par Buffon et la plupart des auteurs à
l'espèce type , le Picus minulus Lat. , Vunx minutissimus L.
Gmel., petit Pic de Cayenne Brisson.
m. Espèces tachetées en dessus et en dessous,
5" P. pygmœus Nob. — Picus Pygmœus Licht. cat. d. D. du M.
deB. P. 11 et 12.
IV. Espèces à teinte uniforme en dessus et non rayées trans-
versalement en dessous.
6o P. albo-squamatus d'Orb. et de Lafr. Voy. en Amérique.
PI. 64 — f. 2. « Supra fusco-brunneus , pileo caudaque de moro
» coloratis , tectricibus majoribus et minoribus aise remigibusque
j> secundariis albo-rufescenlemarginatis , tectricibus mediis hoc
» colore terminatis ; subtus sordide albo-rufescens , gutturis ,
B colli antici pectorisque pennis totis albis fusco circumdatis ,
» squames forraibus. »
7" P. olivaceus Nob. « P. supra fusco-olivaceus pileo caudaque
» ut rite coloratis; alis fusco -ni gris , secundariis olivaceo-albes-
» cente marginatis ; subtus , collo antico et pectore sordide et
» pallide grisescentibus , gutture albido , pennis sœpius fusco
» marginatis ; ventre et abdomine albido-flavescentibus, flammu-
» lis fuscis striatis ; rostrum totum nigrum unicolor, pedes plum-
» bei. Statura eadem ac in fere omnibus. Habit, ad Bogotam,
» in Colombiâ. » (È mus. Masséna.)
8o P.cinnamomeus Nob. « P. totus rufo-cinnamomeus , alis
» fusco-adumbratis, tectricibus rufo, remigibus griseo extus mar-
» ginatis ; cauda de more colorata ; pileo nigro , punctis lineari-
» bus flavo-sericeis maculisque nuchalibus albis et majoribus
» notato; fronte sordide albescente, plumulis piliformibus rigi-
» dissimis obtecto ; rostrum totum nigro -corneum. Habit, ut ve-
» risimile in America. » ( È museo Masséna.)
Cette espèce, dont nous devons la communication ainsi que de
la précédente à Tobligeance du prince d'Essling, est tout à fait
remarquable dans le groupe des Picumnes américains , par sa
teinte uniforme d'un roux vif qui rappelle le Picumne abnorme
de rinde, et par ses plumes frontales piliformes, rigides et rele-
vées comme chez certains Fourmiliers.
9** P. d' Orbignyanus Nob. « Parvulus , statura eadem ac in
» P. Buffoni nob. , aut P. exiUs Licht., sed pictura P. cayen-
8 REVUE zooLOGiQUE. {Janvier i 8^5.)
y> neusis nob. Supra griseo-rufescens aliquot maculis pallidiori-
» bus vix conspicuis, pileo higro, albo punctulato, uti inomni-
» bus fteminis ; subtus collique lateribus albus plumis totis nigro
» fimbriatis aut maculatis , uti in junioribus. »
Cette petite espèce faisant encore partie de la collection Mas-
sëna, est , sans nul doute, un individu femelle en livrée de passage,
et ne peut appartenir aux huit espèces précédentes d'après les
comparaisons minutieuses que nous en avons faites. Comme elle
provient du voyage d'Orbigny, nous supposions d'abord que ce
pouvait être un jeune de son P. squamiger, mais outre qu'elle
diffère beaucoup par la coloration , elle paraît plus petite que ce
dernier d'après la figure 2 de la planche 4 , du Voyage.
Quoique le docteur Lichtenstein ait regardé l'espèce figurée
par Buffon comme distincte de son P. exilis , tous deux étant
d'un olive jaunâtre avec des bandes inférieures noires et blanches
verdâtres, le croupion d'un jaunâtre plus vif , selon Buffon, nous
serions bien tentés de croire , d'après les nombreuses livrées dif-
férentes auxquelles sont soumises les espèces de ce genre, que le
P.Buffonii, ordinairement couvert sur le dos de taches blanches
jaunâtres ombrées de noir, ainsi que sur les couvertures alaires,
en est dépourvu dans quelque livrée particulière qui serait alors
celle de Y exilis de Lichtenstein. Cet auteur d'ailleurs ne dit rien
de détaillé sur la coloration supérieure.
Chez les 8 ou 9 espèces que nous venons de signaler, excepté
chez le P. cinnamomeus , il est bien remarquable que la colo-
ration souvent fort différente chez quelques-unes , soit chez
toutes entièrement semblable sur la tête , noire , ponctulée de
blanc, avec le front rouge chez les mâles, et que celle de la queue
soit également mi-partie noire et blanche chez toutes. Ce fait ne se
rencontre peut-être dans aucun autre genre. Chez les Pics^ genre
voisin , il n'y a pas cette uniformité entre les espèces. Chez
notre P. cinnamomeus , si différent de coloration , la queue est
toute semblable, et si la tête noire n'offre pas les petits points
ronds et blancs des autres espèces , elle est toutefois couverte de
petites taches anguleuses jaunes, mais blanches sur la nuque.
Le Picuscayennensis Nob., Picus cayennensis minor Brisson,
l'espèce la plus grande et figurée par Temminck, est aussi l'espèce
la plus commune au Brésil et à Cayenne. Elle nous a présenté les
différentes livrées suivantes :
TRAVAUX INÉDITS. 0
Chez les individus que nous regardons comme adultes , le des-
sus est d'une teinte à peu près uniforme gris-souris, sauf les bords
plus clairs des rémiges secondaires, le dessous barré régulière-
ment de noir et de blanc.
Chez d'autres , entièrement semblables du reste , le dessus est
ondulé de brun noirâtre et de roux clair.
Chez d'autres , le dessus est visiblement tacheté de blanc rous-
sâtre , et le dessous , au lieu de bandes régulières , présente de
larges taches d'un blanc roussâtre bordées de noirâtre , comme
écaillées.
D'autres enfin ont la coiffe noire ou noir-brun , sans taches
blanches ou rouges. Ce dernier caractère, qui est sans nul doute
une des livrées du jeune âge , puisque chez quelques-uns nous
iavons aperçu une ou deux taches rouges ou blanches au milieu
du noir, se retrouve encore chez le P. pygmœus deLichtenstein,
et nous supposons qu'il en est de même pour les autres espèces.
Le Picumnus Buffonii Nob. , très petit Pic de Cayenne , Buff.
enl., bien reconnaissable à sa teinte olive jaunâtre , à ses taches
d'un blanc jaunâtre ombrées de noir sur le dos et les couvertures
des ailes, en est quelquefois privé sur le dos, et présente alors en
cette partie, et surtout vers le croupion, un jaune olive très-vif
parsemé de taches noirâtres seulement. C'est peut-être dans cet
état que Lichtenstein l'a décrit sous le nom d'Exilis. Tout nous
porte à croire qu'en observant soigneusement la coloration des
Picumnes , depuis celle du nid jusqu'à celle de l'adulte , on y re-
connaîtrait quatre à cinq livrées diverses , ce qui en rend la dis-
tinction des espèces fort difficile.
Chez les P. cayennensis Nob., Temminckii Nob., pygmœus
Licht., Bufjfonii Nob., le bec paraît d'un noir bleu et blanchâtre
vers sa base; chez le P. olivaceus Nob. et le P. cinnamomeus
Nob., il paraît d'un noir bleu uniforme, mais on ne peut en juger
que par conjectures sur des peaux desséchées.
Nous invitons les ornithologistes qui liront cet article à consi-
gner dans un prochain numéro leurs propres observations , tant
sur les espèces de Picumnes que nous avons citées, que sur celles
qui nous sont inconnues et qu'ils pourraient connaître ou possé-
der. Ce petit genre américain, beaucoup plus voisin des Pics que
des Torcols , peut néanmoins être considéré comme un véritable
groupe de transition des uns aux autres ; mais nous pensons ,
10 REVUE zooLOGiQDE. [Janvier 1845.)
comme Swainson, que le Picumne abnorme de Temn., pi. col. de
l'ancien continent, ne peut leur être réuni , et constitue plus na-
turellement un genre de transition dans la famille des Barbus ,
indiens comme lui.
Mélanges ornithologiques , par M. de Lafresnaye.
Sur le Fournier Rosalbin, Furnarius roseus Lesson , Illustrations
de zoologie.
En 1831, M. Lesson décrivit et fit figurer dans les lUustr. zool.,
sous le nom de Fournier rosalbin , Furnarius roseus , une
espèce dont la description était très-exacte, mais dont la
figure, quoique de M. Prêtre j donne réellement une fausse idée du
bec de cet oiseau et a besoin de rectification sur la planche.
Effectivement ce bec est très-grêle et assez sensiblement arqué
dans le même sens , en dessous comme en dessus , depuis la
moitié de sa longueur à peu près , comme chez les Souimangas
et la plupart des Philédons , tandis que, dans la nature, il est de
grosseur moyenne , droit , très-légèrement arqué vers la pointe
en dessus seulement , et que , vers cette partie , la mandibule
inférieure est légèrement retroussée comme chez les Merles et la
plupart des Passereaux dentirostres. Nous pensons que cette
inexactitude très-marquée de la figure dans la forme du bec
provient plutôt du graveur que du dessinateur, connu depuis si
longtemps par l'exactitude scrupuleuse de ses dessins en histoire
naturelle. Sur la même planche toutes les parties de l'oiseau ,
colorées en rouge , telles que les lorum , la gorge , le devant du
cou , le milieu de la poitrine et du ventre et les sous-caudales ,
au lieu d'être , comme dans la nature , du rose vif le plus pur,
paraissent d'un rouge un peu briqueté , ce qui peut encore pro-
venir de l'enlumineur.
M. Lesson donne pour patrie à cet oiseau le Brésil et le district
peu connu de San- José. La Colombie , cette terre promise de
l'ornithologie, paraît être sa vraie patrie, car nous en possédons
trois qui en viennent , et sur ces trois individus , un nous a pré-
senté une teinte d'un roux cannelle , partout exactement où les
deux autres sont roses. Il a , comme eux toutefois , une bande
sourcillière blanche depuis l'œil seulement , les lorum étant
roux. Nous ne doutons pas que cette coloration différente ne soit
une livrée du jeune âge, d'autant plus qu'au milieu de ces plumes
ANALYSES d'oUVKAGES ISODVKAUX. 1 1
rousses , il se trouve çà et là quelques petites mèches roses an-
nonçant le commencement d'une nouvelle livrée de cette der-
nière couleur.
Quant à la place plus ou moins naturelle de cet oiseau dans
le genre Fournier, nous pensons qu'il est, sans nul doute, espèce
de transition qui , malgré sa grande analogie avec les Fourniers,
en diffère néanmoins par une coloration toute différente et l'ab-
sence de bande transverse rousse sur les ailes, par un bec échan-
cré à la pointe et beaucoup moins grêle , nullement infléchi
comme chez eux, droit et tendu au contraire et paraissant lon-
gicône, si on le regarde de profil; par des ailes plus courtes, plus
obtuses et plus faibles , les tertiaires étant aussi longues que les
primaires. Cette faiblesse apparente du système alaire, jointe à la
force des pieds et du pouce , indiquent un oiseau essentiellement
buissonnier et probablement marcheur.
II. ANALYSES D'OUVRAGES NOUVEAUX.
Revue critique des Oiseaux d'Europe, par le docteur H. Schle-
GEL, conservateur du Musée des Pays-Bas à Leyde , etc. 1 vol.
in-S», 1844. Leyde, (A. Arnz. Leipsik , Fr. Fleischer. Paris,
Roret.)
Voici un ouvrage attendu avec impatience par les ornitholo-
gistes , et qui leur sera indispensable comme résumant les con-
naissances acquises en dernier lieu sur les Oiseaux d'Europe.
Il est dédié à M. Temminck, l'auteur de l'excellent Manuel
d'Ornithologie qui a si bien éclairci l'histoire des oiseaux de
cette partie du monde, et le livre que nous annonçons, écrit
sous ses yeux et en partie avec les matériaux recueillie par le sa-
vant directeur du Musée des Pays-Bas , forme , en quelque sorte ,
le cinquième volume, la suite et le complément du Manuel
Cette Revue est également destinée , comme nous le dit l'au-
teur, à servir de catalogue raisonné , précédant le texte des Oi-
seaux d'Europe , figurés à Darmstadt par M. Susemihl , texte dont
la rédaction a été cédée à M. ïemminck. 11 est juste d'ajouter
que M. Schlegel n'a publié qu'après avoir comparé un grand
nombre d'oiseaux dans les principaux Musées nationaux et dans
les collections, particulières et après avoir examiné les derniers
puvrages sur la matière.
12 HKVUE ZOOLOGIQUE. [Janvier 1845.)
Le livre est divisé en deux parties; le texte à deux colonnes est
en français d'une part, en allemand de l'autre. La première
partie contient les espèces d'Oiseaux que M. Schlegel reconnaît
pour européens. Il donne leur synonymie essentielle etleur habi-
tat. On remarquera comme espèces nouvelles ou à peu près
nouvelles pour l'Europe :
1 . Falco gyrfalco (distinct du Candicans, du Sacer et du La-
narius) de Suède.
2. Falco lanarius Klein. Buffon (distinct du Sacer et du La-
narius) de Dalmatie.
3. Falco sacer Buff. (Lanarius Tem.) de la Russie méridionale.
4. Astur gabar Daud. (Erythrorhynchos Sw,) d'Afrique et de
Grèce.
5. Haliœtos vocifer Levaill. d''Afrique et de Grèce.
<i. Ficedula ambigua Schl. de Grèce. Voisine de V Hippolais.
7. Salicaria familiaris Ménétr. de Grèce, définitivement dis-
tincte du S. galactodes.
8. Lusciola erythrogastra Guldenst. de Crimée , confondue
avec la L. aurorea.
9. Turdus solitarius ff^ils. (T. minor Brehm) d'Amérique,
pris une fois en Allemagne.
10. Coccothraustes caucasiens Guldenst. du Caucase.
1 1 . Emberiza pusilla Pall. — De la Sibérie , pris une fois en
Hollande.
12. Passer? pusillus Pall. du Caucase.
13. Tetraogallus caucasiens Pall. du Caucase.
14. Ardea bubulcus. Du nord de l'Afrique et du midi de
l'Europe.
15. Puffînus fuliginosus Strickl., regardé jusqu'ici comme
P. major femelle.
Je ne citerai pas beaucoup d'autres espèces qui n'ont pu être
mentionnées dans le manuel de M. Temminck , mais qui ont
été signalées depuis en Europe par MM. Keyzerling et Blasius et
par M. Von der Miihle. Les naturalistes qui n'auraient pas connais-
sance des ouvrages allemands de ces auteurs , trouveront le résu-
mé de leurs découvertes dans celui de M. Schlegel. Il en est de
même pour les Oiseaux signalés en Italie par le prince Charles
Bonaparte dans sa Fauna Italica.
Le nombre des espèces d'Oiseaux est porté à 488 , non compris
ANAI.YSKS I)'()UVHA(;KS nouvkaux. 1 .'J
les suivantes qu'on a coutume d'admettre comme espèces , mais
(fu'il ne présente qu'à titre de Races locales , en ajoutant une
({ualiBcation au nom spécifique :
1. Falço candicans Islandicus (F. islandicus Auct.).
2. Circus cmer acens pallidus {C. paWïdus S y kes).
3. Gypaetos barbalus meridionalis (G. méridionalis Kûst.).
4. Vulturfulvus occidentalis (\ . Kolbiï Tem.).
5. Strix noctua meridionalis (S. glaux Savigny).
fi. Hirundo rustica orientalis {H. Riocourii /^î'eîï/. H. Boisso-
neauti Tem.).
7. Lusciola cyanecula orientalis (L. cœrulecula Pall. L. sue-
cica L.).
8. Anthus pratensis rufigularis (A. rufigularis Tem.).
9. Motacilla alba lugubris (M. Yarrelli Bonap.).
10. Motacilla flava Rayi (M. flaveola Tem.).
1 1 . Motacilla flava cinereocapilla (M. cinereocapilla Savi.).
12. Motacilla flava me/anocepAa^a (M. melanocephala Zic/t^).
13. Corvus monedula nigra (G. spermologus Fieill.).
14. Garrulus glandarius me/anoc&p^a/t(5 (G. melanocephalus
Gêné).
15. Sturnus vulgaris timcoior (S. unicolor Marmora).
16. Passer domesticus Cisalpinus (Fr. cisalpina Tem. F. ita-
liae Fieill.).
17. Pyrrhula serinus /s;and/cws(Fr. islandica Faber).
18. Tetrao saliceti Scoticus (T. scoticus Auct,).
19. Tetrao lagopus Islandicus (T. Islandorum Faber).
20. Tringa cinclus minor (T. Schinzi Brehm).
21. Podiceps cornutus arcticus (P. arcticus\Èfo2e).
22. Uria troile leucophthalmos (U. ringvia Lrûnn. U. lacry-
mans ^a^).
23. Vria gryWe Mandtii (U. Mandtii Licht.).
24. Cygnus olor im»mta6î7îs (G. immutabilis Yarrell).
25. Cygi^s musicus minor (G. Bewicki Yarrell).
26. Carbo graculus mediterraneus (G. Desmaresti Auct.).
27. Larus ridibundus mmor(L. capistratus Tem.).
28. Anas marila Americana (A. mariloides Yarrell).
Ce n'est certainement pas moi qui blâmerai M. Schlegel d'avoir
appliqué cette innovation, que j'ai proposée en principe en 1842
dans l'avant- propos page YIl de la Faune Belge , et je suis heu-
14 REVUE ZO0I.OGIQUE. [Janviev 1845.)
reux de le voir entrer dans cette voie qui seule peut, selon moi ,
simplifier la question si difficile de l'espèce en zoologie, et j'ajou-
terai que je suis d'accord avec lui sur la plupart des faits. Mais je
regrette qu'il ne se soit pas toujours borné à ajouter au nom de
l'espèce type celui sous lequel la race a été d'abord décrite et que
sur 28 il en ait changé 10.
En fait de nomenclature , je pense qu'il faut respecter le droit
de priorité dans toutes ses conséquences. Je constaterai d'ailleurs
avec bonheur que M. Schlegel s'y est rallié pour tous les noms
spécifiques (1) : ce droit de priorité est un terrain sur lequel tous
les bons esprits devaient se rencontrer : soulever cette question
c'était la résoudre , car c'est certainement faute d'avoir songé à
l'anarchie scientifique produite par les noms divers donnés à la
même espèce, que plusieurs naturalistes, recommandables d'ail-
leurs , se sont laissé entraîner à admettre comme étant sans
grande importance des changements de ce genre.
Les genres sont au nombre de 112, c'est dire qu'il a accepté
la plupart de ceux que les progrès de la science rendent néces-
saires. Il a indiqué en outre tous les démembrements proposés
par les auteurs qui préfèrent une plus grande quantité de divi-
sions génériques. Ils forment 49 familles et celles-ci 5 ordres. La
série suivie est ecclectique , si je puis m'exprimer ainsi ; elle par-
ticipe en partie de plusieurs méthodes sans ressembler exacte-
ment à aucune. Je me permettrai toutefois (sans avoir l'espace
nécessaire pour justifier mon dire) d'avancer que M. Schlegel ,
même à son point de vue , aurait peut-être dû transposer quel-
ques genres pour perfectionner la série , diminuer le nombre
des familles dans les Passereaux et , parmi les échassiers , subdi-
viser celle des Hérons.
La seconde partie de l'ouvrage consiste en notes critiques sur
les espèces nouvelles , sur celles qui ne sont que des races loca-
les , gur les espèces douteuses , enfin sur les Oiseaux qu'il
a exclus comme n'ayant pas été observés dans les limj^es géogra-
phiques de l'Europe , ou bien comme n'existant point. Cette
partie est de nature à intéresser au plus haut degré les Ornitho-
logistes. J'ai remarqué particulièrement les articles étendus
(1) Il y a bien cinq ou six espèces pour lesquelles M. Schlegel n'a pas adopté le nom
le plus ancien. Par exemple Sax. cachinnans.—Tetrao saliceti—Tringa platyrhyncha.
Mais d'après le principe adopté partout ailleurs , je suppose que ces noms sont restés eu
<qnelque sorte par inadvertance,
AIVAI.YSliS D OUVRAGES ÎMOUVKAUX. 15
sur les Faucons , sur les quatre espèces exotiques d'hirondelles ,
confondues souvent avec Y H. rufula d'Europe, — sur les Emhe-
riza fucala et pusilla, sur la Lusciola erythrogaslra, les
Lanius tchagra et rufiis , le Ficedula amhigua , la Salica-
ria caligata , le Falcinellus , genre fondé sur deux Oiseaux
fabriques, les grands Hérons blancs d'Europe, l'Albatros, etc.
M. Schlegel écarte les espèces exotiques suivantes comme
n'ayant été admises que par erreur parmi les Oiseaux d'Europe.
1 . De r Afrique tropicale ou méridionale : Falco concolor. —
Falco peregrinoïdes. — Anser gambensis. — Sula melanura.
2 De VAsie orientale : Salicaria certhiola. — Lusciola aurorea.
— Motacilla lugens. — Turdus Sibiricus. — Cinclus Pallasii. —
Pyrrhula Sibirica.— Emberiza rutila.
3. De VAsie méridionale: Columbarisoria, — Phasianuspictus.
— Ardea russata. — Carbo graculus Tem. (C. sulcirostris ^rand<).
— Scolopax saturata.
4. De V Amérique boréale : Aquila leucocephala. — Strix nebu-
losa. — Muscicapa ruticilla. — Sylvia anthoides. — Turdus rufus. —
Parus bicolor. — Loxia leucoptera. — Emberiza hyemalis. — Ardea
herodias. — Anas sponsa. — Larus argentatoïdes.
5. De V Amérique tropicale'. Ciconia americana (maguari). —
Carbo graculus Gould (C. brasiliensis Brandi).
Les espèces regardées comme non authentiques et à supprimer
sont :
1. Ficedulia icterina Tem.( nec Vieillot). — Le même que
F. Trochilus.
2. Salicaria saliceti Naum. — Livrée de noces de S, aquatica
3. Cinclus melanogaster Brehm. — Variété de C. aquaticus.
5. Alauda Kollyi Tem. — Variété d'A. brachydactyla.
6. Tetrao brachydactylus Tem. — Tetrao saliceti très- vieux.
6. Limosa Meyeri Leisl. — Limosa rufa. Un peu plus grande.
7. Scolopax peregrina Brehm. — Pygmaea Baill. — Lamotti.
— Baill. — BrehmWKaup. — Sont à peine des variétés de Se. Gai-
linago.
8. Pelecanus minor. — P. onocrotalus un peu plus petits.
Je terminerai ici ce compte rendu , déjà long, et dans lequel
cependant je n'ai pu faire ressortir toutes les qualités que ren-
ferme le livre excellent de M. Schlegel. Bientôt il sera dans les
mains de tout le monde et l'examen en détail que chacun en fera
Î6 RFvuK /.ooLoc.ujVE. { Jonvier 1845. j
ne pourra qu'augmenter l'estime publique envers l'auteur ; car
il est de ceux qui gagnent sans cesse à être connus.
(Edm. deSelys Longchamps.)
m. SOCIÉTÉS SAVANTES.
Académie royale des sciences de Paris.
Séance du & janvier 1845. M. Tavignot iàit part des résultats
auxquels il est arrivé dans des expériences sur la greffe des cor-
dons nerveux.
A l'occasion de cette communication , M. Flourens rappelle
qu'il a publié, il y a déjà plusieurs années , des expériences sem-
blables et; des résultats tout pareils. Ces faits sont consignés
dans les Mémoires de V Académie des sciences, t. XIII, p. 14, et
dans les Recherches expérimentales sur les fonctions du système
nerveux , etc., p. 272 et suivantes.
Séance du 1 ^janvier. — M. Gaudichaud présente un mémoire
de M. Souleyet ayant pour titre : Observations anatomiques et
physiologiques sur les genres Actéon , Éolide , Fénilie , Cal-
liopée, TergipCj etc., et l'honorable académicien demande qu'il
en soit donné lecture.
Nos confrères ont été tenus au courant de la discussion impor-
tante qui a eu lieu, devant l'Académie des sciences, entre
MM. de Quatrefages et Souleyet ; ils savent qu'elle porte sur les
fondements même de la zoologie comme science , et que les idées
de M. de Quatrefages, sentinelle perdue d'une école nouvelle ^
ne tendent à rien moins qu'à mettre en question certaines lois
naturelles qui forment les vraies bases de la zoologie , telle que
nous l'a laissée Cuyier. Un recueil qui a pris le nom de Cuvier
pour titre, ne pouvait rester indifférent à une telle lutte sur une
question toute Cuvierienne , et nous avons mis sous les yeux de
nos lecteurs, avec impartialité et courage (car la question intéresse
des personnes, autres que MM. de Quatrefages et Souleyet, qui
sont très- vindicatives et très-influentes ) toutes les pièces du pro-
cès; voici enfin le travail que M. Souleyet avait promis et qu'il n'a
pu présenter plus tôt , à cause de deux candidatures ( chimie et
zoologie) qui ont absorbé tout le temps de l'Académie, et d'une
maladie très-grave dont ce jeune anatomiste est à peine conva-
lescent.
SOCIÉTÉS SAVANTES. 17
l)ans une note, en date du 12 août dernier, j'ai contesté
Texaclitude de plusieurs faits énoncés par M. de Quatrefages sur
l'organisation de certains Mollusques gastéropodes, faits sur les-
quels ce naturaliste établit des théories qui me paraissent con-
traires aux véritables principes de la zoologie. Je viens aujour-
d'hui mettre sous les yeux de l'Académie des préparations
anatomiques, des dessins et des descriptions qui ne laisseront,
je l'espère, aucun doute sur la vérité de mes assertions.
Je ne suivrai pas ici M. de Quatrefages dans des considérations
générales (1) qui finiraient par nous entraîner, malgré nous,
dans les subtilités de la théorie On est trop exposé , en .suivant
cette méthode , à discuter longtemps sans aborder les diftîcultés
sérieuses du problème à résoudre; on peut même les éluder
toujours. Mais il est une voie plus sûre , mieux tracée , et dans
laquelle seulement nous pourrons fournir à l'Académie tous les
éléments dont elle a besoin pour motiver le jugement qu'elle
doit por-ter; c'est celle qui consiste à soumettre la lbéori« à
l'épreuve de l'observation directe , à faire juger les principes par
les faits qui leur servent de base.
11 ne s'agira donc ici que d'une question de faits, puisque ,
dans ce débat , la question de faits entraîne nécessairement avec
elle la question de principes.
Cependant, comme M. de Quatrefages a été conduit, par ses
observations sur les Mollusques qui font l'objet de cette discus-
sion, à substituer à des principes généralement admis et recon-
nus en zoologie d'autres principes tout à fait contraires , je crois
devoir exposer ici en peu de mots les uns et les autres , pour que,
en les mettant ensuite en présence des faits, on puisse juger
plus facilement quels sont ceux de ces principes qui doivent
prévaloir.
1° On peut considérer, je crois , comme un axiome en zoologie,
que les diverses parties de l'organisation animale sont toujours
entre elles dans une harmonie rigoureuse, dans une corrélation
nécessaire (?) ; d'oVi il résulte qu'un organe ne peut se modifier
(1) Voir la réponse de M. de Quatrefages; Comptes rendiis dn ?t octobre 18»4, tome
XIX, page 807.
(2) « Il est évident, dit Ciivier, que l"liarmouio convenable entre les organes qui agissent
» les uns sur les autres ebt une condition nécessaire de l'existence de l'être auquel ils ap-
1» partieunent , et que si une de ses fonctions était modifiée d'une manière Incompatible
» avec les modiflcations des autres, coi être iie pourrait pas exister >■ { Anatomic com-
parée , tome I, page M). )
Tome VIII. Année 1845. 2
18 RKVUK zooLOGK>uK. { Janvier iS^b . )
d'une manière notable , se dégrader^ sans que des modifications
analogues , des dégradations correspondantes n'aient lieu dans
tes autres, et, par conséquent , que la dégradation ne peut se
faire que dans l'ensemble de l'organisation et non pas seulement
dans quelques-unes de ses parties.
M. de Quatrefages n'admet pas cette conséquence du principe
que je viens d'énoncer, et il pense que , dans un animal , cer-
tains organes peuvent se modifier de la manière la plus profonde,
sans que l'ensemble éprouve un changement notable; par
exemple, qu'un mollusque gastéropode peut, en conservant
extérieurement tous les traits caractéristiques des animaux de ce
type . présenter intérieurement la simplicité d'organisation des
derniers zoophytes.
2° On admet encore généralement, je crois , en zoologie, que
certaines parties de l'organisation ont, sur presque toutes les
autres, une prééminence telle, qu'elles entraînent toujours*
dans les variations qu'elles subissent , ces modifications générales
et déterminées qui ont servi de base aux grandes divisions du
règne animal , désignées sous le nom de classes.
Or , tous les zoologistes qui, comme G. Cuvier , ont accordé
une importance de cet ordre aux organes de la circulation et
de la respiration , et qui l'ont caractérisée en désignant ces
organes sous le nom d'organes dominateurs , seraient entière-
ment dans l'erreur, d'après M. de Quatrefages; car les faits
énoncés par ce naturaliste tendent à établir que , dans une fa-
mille naturelle et même dans un genre (1), certaines espèces
pourraient avoir des organes pour la respiration , un cœur, des
artères, etc., tandis que d'autres espèces, placées à côté des
précédentes , n'offriraient plus aucune trace des mêmes organes.
3** Enfin, je regarde également comme un principe généra-
lement admis et reconnu en zoologie que des animaux , sembla-
bles par l'ensemble de leurs caractères extérieurs , ne peuvent
pas différer d'une manière notable, radicale , dans leur organi-
sation intérieure.
Ce principe, qui n'est qu'un corollaire des précédents, et qui
sert de base, on peut le dire, à la classification des corps orga-
nisés , ne serait cependant encore qu'une troisième erreur aux
(1) Quelques-uns des Mollusques décrits par M. de Quatrefages sous des noms génériques
nouveaux doivent rentrer dans les genres connus , ainsi que je crois l'établir dans mon
Mémoire.
SOCIÉTÉS SAVANTES. 1^
yeux de M. de Quatrefages. Ce naturaliste croit, en eiîct, que,
dans une infinité de cas y la forme extérieure et Vorgammlion
intérieure sont tout à fait indépendantes Vune de Vautre (1);
que des animaux entièrement analogues extérieurement peuvent
cacher, sous cette identité de formes, des différences organi-
ques si considérables que , dans la classe des Gastéropodes par
exemple , les espèces appartenant à un ordre , et même à une
famille naturelle, pourraient offrir toute la série de dégrada-
tions qui séparent ces Mollusques des derniers zoophytes.
Ainsi, M. de Quatrefages soutient que des mollusques gastéro-
podes , que tous les zoologistes ont considérés ou auraient cou-
sidérés comme tels, et qui ont, en effet, tous les caractères
extérieurs des animaux de ce type , en différeraient cependant
d'une manière si radicale par leurs caractères anatomiques ,
qu'il faudrait les exclure sous ce rapport , non-seulement de la
classe des Gastéropodes , mais encore de V embranchement des
Mollusques (2). Ce naturaliste affirme que les Actéons et d'au-
tres Gastéropodes classés jusqu'à présent parmi les Nudibranches,
au lieu d'offrir , comme tous les autres Mollusques leurs sem-
blables , des branchies , un cœur, des artères , des veines , ne
présenteraient plus aucune trace de ces organes qui seraient
remplacés dans leurs fonctions par le tube digestif, dégradation
organique qui n'avait été observée, jusqu'à ce jour, que dans
les derniers animaux de la série, par exemple chez les Médu-
ses. Enfin, la simplification organique serait poussée, pour
ainsi dire, jusquà ses dernières limites dans ces Mollusques ,
puisque M. de Quatrefages est très-porté à croire que^ chez
quelques-uns, l appareil digestif ne serait plus qu'aune cavité à
une seule ouverture et que les résidus de la digestion seraient
rejetés par la bouche (3).
Le seul énoncé de ces faits me semble démontrer suffisamment
qu'ils sont en opposition avec toutes les notions acquises sur
l'organisation des Mollusques ; M. de Quatrefages le reconnaît
du reste lui-même (4), et, puisqu'à tous les faits connus, ce
naturaliste oppose ainsi des observations qui ne conduiraient à
(1) Voir \& réponse de M. de Quali-efages ; éomples rendus , tome XIX , page 808.
(2) Mémoire sur les Gastéropodes phlébentérés ; Annales des Sciences naturelles, 3' sé-
rie , tome I, page 168.
(3) Mémoire sur les Gastéropodes plilébenlérés ; pages 148, 149 et 173.
^4) Comptes rendus ,- tome XIX , page 809.
'20 RKVUE ïooLor.igDF.. ( Janvier 1845.)
lien moins qu'au renversement de tous les principes admis , il
faut croire sans doute que ces observations reposent sur des
preuves assez nombreuses et assez positives pour ne laisser au-
cun doute sur leur exactitude : c'est ce que je dois donc d'abord
examiner ici
I. D'après M. de Quatrefages, les organes de la circulation
disparaîtraient complètement chez les Actéons , et dans cinq
autres genres de Mollusques gastéropodes que ce naturaliste a
décrits sous les noms de Zéphyrine , d'Actéonie , d'Amphorine ,
de Pavois et de Chalide. Or, voici les preuves données à l'appui
de ce fait :
r Dans les Zéphyrines , après une description fort succincte de
ce genre, après avoir reconnu que plusieurs détails lui ont
échappé et qu'il n'a pas une certitude entière relativement à
d'autres, ce naturaliste s'exprime ainsi au sujet des organes de
la circulation : « Je n'ai riea vu dans la Zéphyrine qui pût être
» considéré comme représentant l'appareil circulatoire. Je n'y
w ai distingué ni cœur, ni artères, ni veines, quelque soin que
» j'aie mis à les chercher. Si ce fait était isolé , je pourrais
» croire que Vopacité des parties a dérobé ces organes à mes
» recherches ; mais nous le verrons se reproduire dans d'au-
» très Mollusques voisins qui laissaient peu à désirer sous le
» rapport de la transparence. Je crois donc pouvoir affirmer
» que Vappareil circulatoire manque ici totalement (1). »
Ainsi, pour ce premier genre , M. de Quatrefages reconnaît
que l opacité des parties peut avoir dérobé les organes de la
circulation à ses recherches , et il n'est conduit à nier l'existence
de ces mêmes organes que <\^aprés les preuves plus certaines
qui doivent se produire dans les genres suivants.
2» Dans les Actéons , qui viennent après les Zéphyrines, M. de
Quatrefages ne s'exprime cependant pas sur ce point d'une ma-
nière plus positive ; car, après une description également fort in-
complète de ces Mollusques , il dit encore : a Vopacité des parois
» du corps m'a empêché de porter plus loin ces observations :
V toutefois je crois être certain qu'il n'existe chez les Actéons ni
» cœur, ni vaisseaux , ni oi ganes respiratoires proprement
» dits (2). »
(1) Mémoire sur les Gnsléropode» phléberilérés ; page 136.
(2) Loc. cit.. page 142.
SOCIÉTÉS SAVANTES. 21
3° Dans les Amphorines , M. de Quatrefages ne parle plus des
organes de la circulation que d'une manière tout à fait accessoire,
à propos du système nerveux , et il se borne à dire qu'iV n'en a
trouvé aucune trace, sans entrer dans des explications plus satis-
faisantes à ce sujet (1).
4" filnfin , ce naturaliste ne fait même plus mention de ces
organes dans les trois autres genres, c'est-à-dire dans les Actéo-
nies, les Pavois et les Chalides (2).
M. de Quatrefages affirme donc que cet appareil manque chez
les Zéphyrines et les Actéons, d'après des observations qu'il
donne lui-même comme incomplètes, douteuses, et qui ne peu-
vent que l'être, puisqu'il résulte des citations ci-dessus , qu'elles
ont été faites sur des animaux opaques observés par transpa-
rence (3).
Il affirme que le même appareil manque chez les Amphorines,
d'après des observations qui ne peuvent offrir plus de certitude,
puisqu'elles n'ont été faites que sur un seul individu^ de taille
microscopique (4).
Quant aux observations relatives aux Actéonies , aux Pavois et
aux Chalides, on doit conclure du silence que M. de Quatrefages
garde au sujet des organes qui nous occupent, qu'elles ne sont
ni plus complètes ni plus certaines que les précédentes.
En définitive , ce naturaliste paraît donc nier les organes de la
circulation dans les Mollusques gastéropodes , non pas parce
qu'il se serait assuré d'un fait aussi exceptionnel d'une manière
directe et positive, mais seulement parce que, chez des animaux
de ce type qu'il n'a pu étudier la plupart que d'une manière fort
incomplète , il n'aurait pas reconnu l'existence de ces mêmes
organes.
Les faits que je mets sous les yeux de l'Académie prouvent, en
effet :
1° Que l'appareil circulatoire existe complètement chez les
(1) Loc. cit., page ISO.
(5) Loc. cit., pages 144, 153 et 185.
(3) M. de Quatrefages a reconnu lui-même riuexactUude de ses observations sur tes
Zéphyrines , depuis l'apparition de ma Note . puisqu'il dit dans sa réponse ne plus com-
prendre ces Mollusques daiis sou ordre des Phlébenlérés. ( Comptes rendus , tome XIX ,
page 814.)
(4) Loc. cit., page H6. (L'individu obserTé par M. de Quatrefages n'avait guère plus de
i millimètre de longueur ).
22 REVUE zooLOGiQOE. {Janvier 1845.)
Zéphyrines ou Vénilies (1), et que ces Mollusques ne diffèrent pas,
sous ce rapport, des Éolides;
2° Que cet appareil existe aussi , d'une manière complète ,
chez les Actéons ; d'où il faut conclure qu'il en est de même chez
les Acte'onies, si, comme le dit M. de Quatrefages, ces Mollus-
ques ne diffèrent pas des Actéons par leur structure anato-
mique{2).
3° Que les organes de la circulation existent également chez
les Tergipes, Mollusques qui ne me paraissent pas différer des
Amphorines, ainsi que j'ai cherché à l'établir dans mon mé-
moire ;
4» Enfin , que ces organes existent encore dans un Mollusque
gastéropode que j'ai pu me procurer depuis ma première commu-
nication à l'Académie , et qui m'a offert les plus grands rapports
avec les genres Pavois et Chalide.
Les faits que je mets sous les yeux de l'Académie démontrent
encore l'existence de l'appareil circulatoire chez les Cavolines ,
les Calliopées et les G laucus , genres de Mollusques que M. de
Quatrefages n'a , du reste , pas observés , et n'a rapportés à son
ordre des Phlébentérés que par analogie (3).
Je puis de plus ajouter ici que mes observations sur ces Mollus-
ques s'accordent avec celles de plusieurs autres naturalistes.
Ainsi , MM. Aider et Hancock ont signalé le cœur chez les Véni-
lies (4) ; MM. Cantraine , Quoy et Gaymard ont bien reconnu cet
organe chez les Actéons (5) ; M. de Blainvillel'a décrit chez les
Glaucus (6) ; enfin , M. Vérany, qui s'occupe depuis longtemps de
l'étude des Mollusques, et dont les observations offrent un degré
de précision assez rare dans cette partie de la zoologie, M. Vérany
a même compté les pulsations du cœur dans la plupart des genres
(1) M. de Quatrefages a rapporté le genre qu'il avait établi sous le nom de Zéphirine,
au genre Vénilie de MM. Halder et Hancock ; mais il me paraît beaucoup plus probable que
le Mollusque décrit sous ce nom par ce naturaliste n'était autre chose qu'une Éolide , car
le seul caractère qui distingue nettement les Vénilies des Éolides , la position de l'anus ,
n'est donné que d'une manière extrêmement douteuse dans les Zéphyrines , et l'on peut
même dire que la place que M. de Quatrefages assigne à cet orifice , au-dessus du pied,
ne serait pas possible.
(2) M. do Quatrefages n'a pu observer que d'une manière fort incomplète les Actéonies,
et il se borne presque à dire que la structure anatomique de ces Mollusques lui a paru
entièrement semblable à celle des Actéons. Il faut donc croire que c'est seulement d'après
celte analogie présumée que ce naturaliste nie les organes de la circulation dans les Ac-
téonies.
(3) Le genre Cavoline , fort mal déHni par les auteurs, doit être réuni au genre Eolide.
(4) Annal, and Magaz. ofnat. htst., tomexill, page 163.
(5) malacologie méditerranéenne, page fi». — Voyage de l'Astrolabe, tome II. page 317,
(fi) Dictionnaire des Sciences nalureUcs . tome XIX, page 36.
SOCIÉTÉS SAVANTES. 23
que je viens de citer , et dans des communications que ce natu-
raliste a bien voulu m'adresser, je trouve que le nonibre de ces
pulsations est de quarante- cinq à cinquante par minute chez les
Vënilies, les Calliopées, les Tergipes et les Actëons ou Élisies,
comme chez les Éolides.
Ainsi les assertions de M. de Quatrefages , sur l'absence des or-
ganes de la circulation dans les Mollusques prétendus phlében-
iérés^ se trouvent détruites par des observations plus complètes
et plus exactes faites sur ces mêmes Mollusques.
Mais depuis , M. de Quatrefages dit avoir constaté le même fait
(l'absence de l'appareil circulatoire) chez plusieurs autres Gasté-
ropodes du même groupe. Dans sa lettre, écrite de Messine, ce
naturaliste annonce que, dans vingt et une espèces étudiées par
lui dans les plus grands détails, il a pu s'assurer que cet appa-
reil n'^eœislait pas, même à Vélat rudiment aire , dans le plus
grand nombre (1). On trouve même , dans cetle communication,
une assertion tout à fait nouvelle, celle de l'existence, dans
quelques espèces, d'mi cœur seulement, sans artères ni veines,
disposition qui se rapprocherait, par conséquent, de celle que
présentent les organes circulatoires chez les insectes. Mais M. de
Quatrefages s'étant borné jusqu'à présent à signaler ces faits d'une
manière générale , sans faire connaître les Mollusques sur les-
quels il les a observés, on comprendra qu'il ne m'est pas pos-
sible d'opposer ici à ces nouvelles observations mes observations
particulières. J'espère donc que ce naturaliste ne tardera pas à
les publier plus complètement , et qu'il s'empressera surtout de
mettre sous les yeux de l'Académie ces nouveaux faits qui parais-
sent l'avoir convaincu de Vabsence complète du système vascu-
laire dans ces Mollusques (2).
II. Je passe à une autre assertion de M, de Quatrefages , Vab-
sence de veines, dans des Mollusques qui auraient un coeur et
des artères. En effet, dans la théorie que propose ce naturaliste,
Tappareil de la circulation ne disparaîtrait pas brusquement
dans les Mollusques prétendus phlébentérés , mais cet appareil
présenterait une dégradation progressive qui commencerait par
le système veineux, et c'est ce genre de dégradation qui aurait
lieu chez les Éolides.
Cl) Comptes rendus , tome XIX . pages 190 , isi et 19!.
(2) Comptes rendus , tome XIX , pagre 8i;.
2% REVDE ZOOLOGIQUE. { Jativiev \ 8^5 )
J'ai déjà fait remarquer, dans ma note , qu'en niant le sys-
tème veineux dans des Mollusques qui ont un cœur et des artères,
M. de Quatrefages était conduit à admettre, pour expliquer la
circulation, que le sang passait des extrémités artérielles dans
la cavité abdominale et de là dans le ventricule (1) , hypothèse
qui est contraire aux notions les plus élémentaires de la phy-
siologie; mais il est de plus très-facile de prouver qu'elle est en-
tièrement erronée. 11 suffît, en effet, d'ouvrir une Éolide par la
face inférieure ou par le pied pour s'assurer que , chez ces Mol-
lusques, le cœur est disposé comme chez les autres Nudibranches,
c'est-à-dire que ta communication de cet organe avec la cavité
viscérale , communication décrite et figurée par M. de Quatre-
fages (2) , et sur laquelle repose toute sa théorie, n'existe en
aucune manière. On peut se convaincre de ce fait plus directe-
ment encore, en injectant, comme je l'ai déjà indiqué , l'oreil-
lette par le ventricule; on voit alors le liquide injecté passer de
l'oreillette, non point dans la cavité viscérale, mais dans trois
grands vaisseaux, l'un postérieur et médian , les deux autres
antérieurs et latéraux, vaisseaux auxquels vient aboutir tout le
système veineux des branchies Ces détails , que l'on voit dis-
tinctement sur les dessins et sur les préparations anatomiques
que je soumets à l'Académie, mettent donc hors de doute l'exis-
tence d'un système veineux branchial chez les Éolides.
Il n'est également pas très-diffîcile de démontrer la présence
du système veineux général chez ces Mollusques. Dans lesgrandes
espèces d'Eolides, en effet, on peut isoler les veines qui se por-
tent, comme chez les autres Nudibranches, des organes intérieurs
vers la peau pour se rendre aux branchies. Parmi ces veines, on
en distingue surtout deux assez considérables qui rapportent le
sang de la masse buccale et qu'on peut considérer comme les sa-
tellites de l'aorte antérieure, ce que montrent encore mes des-
sins et mes préparations anatomiques.
Du reste, dans de nouvelles observations faites depiti s Vappa-
rition de ma note , M. de Quatrefages me paraît avoir reconnu
lui-même une partie de la vérité sur ce point de la discussion,
puisqu'il dit avoir vu, sur des individus parfaitement transpa-
rents , les globules du sang arriver en arriére du cœur, dans
(1) Mémoire sur rÉolidiue ; An. des Se. nat., 2" série , tome MV, page 29*.
(2) J.of„ cit., page 290 , PL XI, fig. 3.
* SOCIÉTÉS SAVANTES. 25
un grand sinus médio- dorsal. Seulement , ce naturalisle com-
met encore l'erreur de faire communiquer ce sinus avec la cavité
viscérale (1 j. Je suis convaincu que si M. de Quatrefages eût em-
ployé, comme je l'ai fait, la dissection et les injections, au lieu
d'étudier seulement ces animaux par transparence, il eût très-
bien reconnu la véritable disposilion de ce sinus ou vaisseau
médio-dorsal , car on peut l'injecter, l'ouvrir dans toute sa lon-
gueur et reconnaître très-distinctement les nombreux orifices des
veines branchiales qui s'y rendent.
Mieux éclairé, sans doute, par ces nouvelles observations,
M. de Quatrefages veut bien même faire des concessions à ce su-
jet : après avoir nié, d'une manière absolue, le système veineux
chez les Éolides , ce naturaliste croit devoir faire une réserve
importante pour Vappareil vasculaire hranchio cardiaque qu'il
comprend très-bien pouvoir exister dans ces Mollusques (2).
Je ne doute donc point qu'après une nouvelle étude de ces ani-
maux , M. de Quatrefages ne finisse par reconnaître la vérité tout
entière, c'est-à-dire que les Eolides ne diffèrent pas, sous le rap-
port du système veineux, des autres Nudibranches et de tous les
autres Mollusques (3).
m. Après avoir démontré que les organes delà circulation
existent dans les Mollusques prétendus phlébentérés , comme
dans tous les autres animaux du même type , je pourrais peut-
être me dispenser de poursuivre cette démonstration pour les
organes de la respiration , puisque la disparition de ces derniers
ne serait qu'une conséquence de celle des premiers, d'après les
(1) Comptes rendus, tome XIX, page 8t4.
(2) Comptes rendus, tome XIX, page 8lS.
(3) Je crois devoir rappeler de nouveau ici que l'erreur commise par M. de Quatrefages.
en niant le système veineux dans des Mollusques gastéropodes, provient probablement
de l'idée inexacte que ce naturaliste s'est faite de cette partie de l'appareil circulatoire
chez les animaux de ce type. M. de Quatrefages parait croire que le système veineux se
présente toujours sous la forme de vaisseaux bien distincts, tandis qu'il n'en est généra-
lement pas ainsi. En effet, dans presque tous les Mollusques et dans les Nudibranebes en
particulier, les veines n'ont celle forme que dans les principaux troncs qui rapportent le
sang des viscères ou qui se rendent aux organes respiratoires; les autres vaisseaux vei-
neux sont plutôt des canaux creusés dans l'épaisseur ou dans l'interstice des organes , en
un mot, des trajets veineux que des vaisseaux proprement dits, particularité qui n été
bien reconnue par les anatomistes qui se sont occupés des Mollusques , et surtout par
M. de Blainville {Voir le Traité de Malacologie, page 130). La distinction que l'on a
voulu établir sous ce rapport entre les Mollusques et les Crustacés n'est donc pas fondée
uar celte forme du système veineux parait être un fait général chez les animaux infé-
rieurs ; on la retrouve même chez les animaux supérieurs dans l'épaisseur des organe»
et des parenchymes , et l'embryogénie nous démontre encore que c'est là la forme pri-
mitive du sy^icmc vasculaire, forme qui serait transitoire dans les uns, tandis qu'elle
deviendrait permanente chez d'autres animaux placés plu."» bo;- dam la série zooiogique.
26 RKVUK ZOO LOGIQUE. (Janvief 1845.)
idées théoriques de M. de Quatrefages ; je vais cependant entrer
dans quelques détails à ce sujet.
.l'ai déjà dit , dans ma note , que ces organes étaient bien réel-
lement représentés par les appendices dorsaux chez les Éolides
et dans tous les autres genres qui appartiennent à la même fa-
mille. On peut s'en assurer en injectant le système veineux bran-
chial et en étudiant , par des coupes transversales, la structure
de ces appendices. Si l'on emploie ces moyens sur les grandes
espèces , sur l'Éolide de Cuvier par exemple, on reconnaît faci-
lement qu'il existe, à la surface de ces espèces de cirrhes, un
réseau vasculaire émanant de deux troncs principaux qui régnent
sur les côtés et dans toute leur longueur, et que l'on doit consi-
dérer comme appartenant aux divisions de l'artère et de la veine
branchiales (1) ; c'est ce que mettent encore en évidence les pré-
parations que je présente à l'académie.
Quant aux Actéons qui ne peuvent, sous ce rapport, comme
sous presque tous les autres , être rapprochés des Éolides , je ferai
voir bientôt aussi qu'ils sont pourvus également d'un appareil
respiratoire complet, tout à fait analogue à celui de certains au-
tres Mollusques.
IV. Je viens de prouver que , contrairement aux assertions de
M. de Quatrefages , les organes de la circulation et de la respira-
tion existent dans les Mollusques prétendus phlébentérés ; il me
reste à faire voir, comme conséquence nécessaire , que ces fonc-
tions ne peuvent être dévolues à d'autres organes chez ces.
Mollusques , ainsi que le prétend ce naturaliste.
En admettant , en effet , la disparition des appareils circula-
toire et respiratoire dans les Mollusques gastéropodes, M. de
Quatrefages en trouve la raison dans l'existence , chez ces Mollus-
ques , d'un appareil gastro-vasculaire , c'est-à-dire d'un appa-
reil vasculaire émané de l'estomac et qui servirait à la fois ,
comme chez les Méduses , à soumettre au contact de l'air et à
porter dans les diverses parties du corps les fluides élaborés par
cet organe. Ainsi , pour me servir des expressions mêmes de ce
naturaliste , la fonction de la digestion se confondrait ici avec
celles de la respiration et de la circulation (1) , genre de dégra-
(1) La disposition de ces vaisseaux paraît être cependant un peu variable suivant les
espèces ; ainsi, dans une espèce que j'ai recueillie dans les mers de la Chine, les appen-
dices branchiaux présentent une dilatation membraneuse qui paraît être le siège principal
de la respiration.
(1) Compte» rendus, tome XIX, page 19;?
SOCIÉTÉS SAVANTES. 27
dation qui n'avait été observé jusqu'à ce jour, et qu'on n'avait
cru possible que dans les derniers animaux de la série.
Mais une objection se présente immédiatement à cette théo-
rie , c'est que cet appareil gastro-vasculaire qui formerait le
caractère essentiel^ dominateur des phlébentérés {\ , n'existe
pourtant pas dans tous ces Mollusques ; et même, par une contra-
diction frappante que j'ai déjà signalée , cet appareil manquerait
précisément dans des phlébentérés qui n'offrent plus , d'après
M. de Quatrefages , aucune trace des organes de la circulation et
de la respiration, c'est-à-dire des organes qu'il devrait suppléer
dans leurs fonctions , tandis que le même appareil atteindrait ,
au contraire , son plus haut degré de développement dans ceux
de ces Mollusques qui ont encore un cœur, un système artériel
complet, et des organes spéciaux pour les fonctions respira-
toires (2).
La théorie proposée par M. de Quatrefages est donc fausse au
point de vue logique ou en principe ; il me sera facile de faire
voir, en outre , qu'elle n'est pas plus vraie en fait . c'est-à-dire
qu'il est impossible d'expliquer comment les fonctions de la res-
piration et de la circulation pourraient être exécutées par ce pré-
tendu appareil gastro-vasculaire.
i° Pour la circulation , il est évident que l'appareil chargé de
cette fonction ne pourrait être remplacé que par un appareil dis-
posé d'une manière analogue , c'est-à-dire pouvant porter dans
toutes les parties du corps les matières nutritives, comme cela
a iieu chez les Méduses. Mais en est-il de même chez les prétendus
phlébentérés , et peut-on considérer comme un appareil gastro-
vasculaire ^ d'après le sens que M. de Quatrefages attache à ce
mot , un système de canaux qui , de V estomac vont seulement
dans le foie, et se trouvent même entièrement contenus dans
V épaisseur decet organe chez quelques-uns de ces Mollusques i3)?
Une pareille supposition est bien évidemment inadmissible.
Du reste , M. de Quatrefages paraît avoir reconnu lui-même
(1) Comptes rendus, t. XIX, p. 192.
(S) On peut s'assurer, en outre, dans le Mémoire même de M. de Quatrefages, que
chez ces Mollusques (les Éolides) le prétendu appareil gastro-vasculatre est tout à fait
étranger aux fonctions de la circulation et de la respiration. (Voir le Mémoire sur
lEolidinn.)
(3) Voir les dessins de M. de Quatrefages. Il n'est question ici , et dans la suite de ce
paragraphe , que des Éolides et des autres genres de la même famille , les genres PaTois
et Chalidè n'ayant pas d'appareil gastro-vasculaire , et M. de Quatrefages ayant pris
pour tet appareil , chez, los Aciéons , le véritable appareil respiratoire.
28 RKVDK zooi,oGiQUE. (Janvier 1845.)
combien sa théorie était ici en défaut , puisqu'il répond à mes
objections sur ce point en citant les Entomostracés , les Acariens,
les Escharres, les Flustres, etc., et ajoutant qu'en présence de
tous ces animaux qui n'offrent plus aucune trace d appareil vas-
culaire , Vahsence de veines , de cœur et d'artères chez quelques
Gastéropodes n'a plus rien d^ étrange que d'être signalée pour
la première fois (l . D'où il faut conclure qu'après avoir cherché,
avec raison sans doute , mais inutilement , à expliquer l'absence
des organes de la circulation chez les phlébentérés ^ ce natura-
liste en est venu à croire que cette explication n'est plus même
nécessaire ; mais seulement , comme dans les exemples cités par
M. de Quatrefages, savoir : les Escharres, les Flustres,etc., l'ab-
sence d'un appareil circulatoire est le fait normal , en rapport
avec tout le reste de l'organisation , tandis que c'est tout le con-
traire chez des Mollusques gastéropodes , le mode de raisonne-
ment employé ici par ce naturaliste revient à dire , en l'interpré-
tant logiquement, que les organes de la circulation pourraient
bien disparaître chez des animaux supérieurs , puisqu'on trouve,
dans les derniers degrés de la série zoologique , des animaux ,
tels que lesEscharresetlesFlustres,quin'enofrrentplusde traces.
2° Il est tout aussi difficile d'expliquer comment ce prétendu
appareil gastro-vasculaire pourrait servir à la respiration chez
les Mollusques phlébentérés ; mais, avant de cherchera le dé-
montrer, je dois entrer ici dans quelques détails préliminaires.
En effet, d'après M. de Quatrefages, je n'aurais pas bien saisi
le sens de ce qu'ail a dit relativement à la respiration chez ces
phlébentérés 2 , et comme ce naturaliste n'a cependant pas jugé
à propos d'expliquer sa manière de voir sur ce point important
de la discussion, je me trouve obligé de suppléer à son silence
sur ce sujet.
Dans son premier Mémoire relatif à l'Éolidine , Mollusque chez
lequel V appareil gastro-vasculaire atteindrait son plus haut
degré de développement (3), M. de Quatrefages ne fait cependant
jouer aucun rôle à ce même appareil dans l'acte de la respira-
tion , puisque cette fonction s'exécuterait dans les appendices
dorsaux, à travers la peau de ces appendices.
(1) Complet rendus, t. XIX, p. 815.
(2) Comptes rendus, t. XIX , p. 815.
(3) Rapport (le M. Milne Edwards : Annales des Sciences naturelles, 3* série, t. F. p. 16.
SOClÉriÉS SAVA.MKS. 29
Plus laid, dans U-s Comptes rendus de la Société philouinlique,
M. de Qnaliefages exprime une autre opinion à ce sujet; ce n'est
plus la peau seulement qui est le siège de la respiration . mais ,
pour me servir des expressions mêmes de ce naturaliste, les or*
ganes chargés de cette fonction sont formés par deux poches con-
centriques appartenant l'une au tube digestif, Vautre au système
tégumentaire{\).
Dans son Mémoire sur les Mollusques phlébentéréSyM.àe Qua-
trefages émet encore une opinion différente ; ce n'est plus dans
ces deux poches concentriques formées par la peau et par Vin-
testin (\\xQse fait la respiration, ma\s cette fonction semble en-
tièrement dévolue au tube digestif âans la plupart de ces Mol-
lusques (les Éolides, les Zéphyrines, les Actéons, les Actéoniesj,
tandis quechezquelquesautres (les Pavois etlesChalidesi, lapeau
seule en resterait chargée (2).
Enfin , après de nouvelles recherches, M. de Quatrefages donne
une quatrième opinion et dépossède tout à fait la peau des fonc-
tions respiratoires pour en charger exclusivement le tube diges-
tif (3), opinion que l'on doit considérer comme celle à laquelle
s'est arrêté définitivement ce naturaliste et qui est la seule qui
s'accorde en effet avec sa théorie.
Mais de quelle manière M. de Quatrefages explique-t-il la fonc-
tion de la respiration ainsi transportée dans le tube digestif? Je
ne puis mieux faire encore ici que de laisser parler ce naturaliste
lui-même : « Les organes respiratoires, dit-il , sont suppléés par
» un tube intestinal qui n'est plus chargé seulement d'extraire
» des aliments un chyle propre à enrichir le sang appauvri, mais
» qui doit en outre faire subir au produit de la digestion un de-
» gré de plus de préparation et le soumettre immédiatement au
» contact de Vair (4) » La même opinion se trouve reproduite
dans le Rapport fait sur les travaux de M. de Quatrefages: on lit
en effet dans ce rapport que « la nature supplée , chez ces Mol-
» lusques, à l'absence des vaisseaux branchiaux , en introduisant
» dans l'économie une combinaison organique que, jusqu'en ces
» derniers temps, l'on croyait appartenir exclusivement auxMé
» duses et à divers Helminthes. En effet, la cavité digestive
(1) Journal Vlnstilut, I8ii. p 33.
(2) Mémoire sur les Gastéropodes phlébeiilérés , pages 167 et 168. ^
(3) Comptes rendus, tome XIX, pa^o 192. *
(4) Mémoire sur les Gastéropodes phicbentérés , paçe 167.
30 RKViJK zooLOGiguK, {Jauvier 1845.)
» donne alors naissance à un système de canaux dont les ra-
» meaux pénètrent dans les appendices branchiformes du dos de
y> l'animal et y portent directement les matières nutritives qui ,
» après y avoir subi Vinftuence de Vair, doivent se distribuer
)' dans les diverses parties du corps et y servir à l'entretien de la
» vie(l). »
Il résulte donc bien, des deux citations qui précèdent, que la
respiration se ferait chez les Phi él) enter es dans les ramifications
du prétendu appareil âffls^ro-vascwZmre, et que ces ramifications
remplaceraient les organes de la respiration, en soumettant im-
médiatement au contact de Vair les matières nutritives ; mais
comme ces mêmes ramifications se trouvent séparées de la peau pat*
le parenchyne dufoie qui les enveloppe de toutes parts, il faudrait
admettre , comme je l'ai déjà dit dans ma Note , que la respi-
ration ou l'oxygénation des matières nutritives se ferait à tra-
vers cet organe , ce qui , quels que soient les 'principes qu'on
puisse avoir en zoologie (2), me paraît bien évidemment inad-
missible.
Le tube digestif ne peut donc pas plus être chargé de la fonc-
tion de la respiration que de celle de la circulation dans les Mol-
lusques prétendus phlébentérés ; il ne peut pas plus l'exercer en
totalité qu'en partie.
Enfin , si l'on se dégage de toute préoccupation systématique
à ce sujet , j'ai déjà fait voir qu'il était possible d'assigner un rôle
beaucoup plus naturel à ce prétendu appareil gastro-vasculaire;
j'ai déjà dit que des canaux qui vont de V estomac dans le foie ,
et qui sont même entièrement contenus dans cet organe chez quel-
ques-uns de ces Mollusques, ne pouvaient être ni des organes de
circulation, ni des organes de respiration, et qu'il était beaucoup
plus simple de les considérer comme des canaux biliaires. L'ana-
logie vient encore tout à fait à l'appui de cette détermination ;
car, chez les Doris , ces canaux biliaires offrent un calibre si con-
sidérable et s'ouvrent dans l'estomac par des orifices si larges ,
ainsi que le représentent les planches de Cuvier relatives à l'ana-
tomie de ces Mollusques, que cette particularité a même étonné
cet illustre naturaliste (3).
(1) Rapport d€ M. Milne Edwards ; Annales des Sciences naturelles, 3' série , tome I ,
pafe 16.
(2) Comptes rendus, tome XIX , page 815.
(3) Mémoire sur le genre Doris , page 15 , PI. 1, fig. 3.
SOCIÉTÉS SAVANTES. 31
Qu'il me soit maintenant permis de résumer ici en peu de mots
ce point capital de la discussion , afin de pouvoir apprécier la
théorie proposée par M. de Quatrefages sous la dénomination nou-
velle de phlébentérisme (1).
Dans un premier Mémoire , ce naturaliste signale une analogie
complète entre le tube digestif des Méduses et celui desÉolides;
et cependant cette analogie n'entre pour rien dans les considéra-
tions physiologiques qu'il donne ensuite sur ces Mollusques (2).
Après de nouvel les recherches, M. de Quatrefages établit une
théorie entière sur cette même analogie , en réunissant tout un
groupe de Mollusques sous le nom de Phlébentérés (3);etcepen-
dant ce naturaliste se trouve encore ici en contradiction formelle
avec sa théorie, puisque l'intestin resterait tout à fait étranger à
la fonction de la circulation , et ne participerait même que par-
tiellement à celle de la respiration dans ces mêmes Mollusques.
Plus tard , M. de Quatrefages formule sa théorie d'une ma-
nière plus logique, en disant que , chez tous les Mollusques qu'il
désigne sous le nom de Phlébentérés, la fonction de la digestion
se confond avec celles de la respiration et de la circulation, et
que c'est là le caractère dominateur de ce groupe (4); et cepen-
dant la modification du tube digestif ou le prétendu appareil
gastro-vasculaire qui représenterait ce caractère dominateur ,
n'existe pas même dans tous ces Mollusques.
M. de Quatrefages établit, dans cette théorie, que la dégrada-
tion des organes de la circulation et de la respiration se trouve
liée à l'existence de cet appareil gastro-vasculaire qui doit en
effet remplacer ses organes dans leurs fonctions , et il signale en-
suite une analogie complète entre la circulation de certains jP^ie-
bentérés et celle des Crustacés qui n'ont pourtant point d'appa-
reil ^asfro-vasctt/aire (5). En même temps, ce naturaliste retire
de son ordre des Phlébentérés les Mollusques qu'il y avait d'abord
rangés sous le nom de Zéphyrines, Mollusques chez lesquels il a
pourtant décrit ce prétendu appareil gastro-vasculaire {'6).
Enfin , après avoir reconnu sans doute que ce même appareil
(1) Je ne puis discuter ici cette théorie que dans l'application que M. de Quatrefages en
a faite aux Mollusques qui font le sujet de cette discussion ; j'espère pouvoir lexaminer
plus tard dans les autres animaux auxquels vient de l'étendre ce naturaliste.
(2) Mémoire sur TÉolidine , page 292.
. (3) Mémoire sur les Gastéropodes phlébentérés.
(♦) Comptes rendus, tome XIX , p. 192.
(8) Comptes rendus, tome XIX, p. 815.
(6) Comptes rendus, tome XIX , page 8U (en note).
3-2 " REVUK zooLOGiQUK. { Junvier iSiô.)
^ttitiro-V(t,^Culaire ne pouvait être chargé des fonctions qu'il lui
avait assi|;nées, M. de Quatrefages paraît abandonner sa théorie
du phlébenlérisme , puisqu'il compare les Mollusques dont il s'a-
git ici aux Escharres, aux Flustres, etc.; et , peu de jours après ,
il revient à cette théorie , et soutient de nouveau que l'appareil
gastrovasculaire des Fhlébentérés remplit à la fois le rôle d'or-
gane digestif et celui d'organe circulatoire (1 ).
Toutes ces variations et toutes ces contradictions ne prouve-
raient-elles pas suffisamment déjà que les faits avancés parM^de
Quatrefages ne se trouvent plus dans les limites de la vérité , et
qu'il en est par conséquent de même des théories établies sur ces
faits par ce naturaliste? ne viennent-elles pas entièrement à l'ap-
pui des principes que j'ai énoncés en commençant , savoir : que
des dégradations organiques qui sont possibles dans certains
points de la série deviennent toutà fait impossibles dans d'autres;
que des Mollusques gastéropodes, par exemple, ne sauraient
avoir l'organisation deZoophytes; par conséquent , que des ani-
maux semblables extérieurement ne peuvent pas différer d'une
manière radicale dans leur structure intérieure ? enfin , ne dé-
montrent-elles pas encore toute la vérité de ces paroles de l'un
des plus grands zoologistes de notre époque : « La nature , dit
» Cuvier, inépuisable dans sa fécondité et toute-puissante dans
» ses œuvres, si ce n'est pour ce qui implique la contradiction ,
B n'a été arrêtée dans les innombrables combinaisons de formes
» d'organes et de fonctions qui composent le règne animal que
» par les incompatibilités physiologiques ; elle a réalisé toutes
» celles de ces combinaisons qui ne répugnent pas ^ et ce sont
» ces répugnances , ces incompatibilités , cette impossibilité
» de faire coexister telle modification avec telle autre , quiéta-
» blissent entre les divers groupes d'êtres ces séparations, ces
» hiatus qui en marquent les limites nécessaires et qui consti-
» tuent les embranchements, les classes, les ordres et les familles
» naturelles (2) ? »
V. Il me reste à répondre sur quelques faits dont je ne pour-
rai parler que brièvement ici , mais que j'ai exposés avec tous les
détails nécessaires dans mon Mémoire.
{" J'ai dit, dans ma Note, que , dans tous les Mollusques dé-
(i) Moniteur du 17 norembre 1844.
(J) Anatomie comparée, tome I. page 64.
SOCIÉTÉS sjlva;sti-:s. 3S
«ignés par M. de Quatrefages sous le nom de PhlébentérèSy Vin*
testin proprement dit avait échappé aux recherches de ce na-
turaliste, ce qui lui avait fait assigner une position fausse à
Vanus ou l'avait conduit à méconnaître Vtxistence de cette
ouverture (1).
En effet, dans les Éolides , M. de Quatrefages a pris pour l'in-
testin la partie du tube digestif qui donne naissance aux canaux
biliaires (appareil gastro-vasculaire de ce naturaliste), c'est-à-
dire la poche stomacale ; ce qui lui a fait placer l'anus à l'extré-
mité postérieure de l'animal , sur la ligne médiane (?). Or l'in-
testin , très-gros et très-facile à reconnaître, est placé du côté
droit et vient s'ouvrir du même côté, vers le milieu de l'animal ,
sur la face dorsale (3).
Dans les Vénilias (Zéphyrines), après avoir dit que ses obser-
vations sur le tube digestif n'ont pu s'étendre au delà de l'oeso-
phage , M. de Quatrefages parle d'un cloaque situé en arrière de
la cavité abdominale^ et qui lui paraît être une dépendance de
V appareil digestif; il dit avoir cru reconnaître à ce cloaque
un orifice ^^'ouvrant postérieurement au-dessus du pied (4), et
qui serait l'orifice anal , détermination qui lui semble confirmée
par ses observations sur les Actéons et les Actéonies, et par celles
de M. Milne Edwards sur les Calliopées (5); et cependant l'exis-
tence de cette ouverture est ensuite tout à fait révoquée en doute
dans les conclusions du Mémoire , puisque , d'après ce qu'on lit
dans ces conclusions, Vestomac aveugle des Zéphyrines , etc.,
rapellerait exactement celui de la plupart des Médusaires (fi, .
(1) Comptes rendus, tome XIX, page 365.
(î) Mémoire sur TÉolidlne, pages 284, 285; PI. AI . fig. S. Du reste , M. de Quatrefapes
parait avoir reconnu lui-même son erreur sur ce point . depuis l'apparition de ma Note ,
quoiqu'il s'exprime à ce sujet d'une manière peu claire, dans une note de sa réponse.
{Comptes rendus, tome XIX, page 811.)
(3) Cette première erreur, commise par M. de Quatrefages, l'a conduit à une seconde,
celle de prendre la cavité buccale pour l'estomac , ainsi que l'ont observé, arec juste
raison , MM. Halder et Hancock ; mais je ne puis mieux faire que d« citer , à ce sujet , ces
deux naturalistes. « La position , disent-ils , que M. de Quatrefages assigne à l'estomac , en
» avant des tentacules dorsaux , est «elle ou nous trouvons la cavité buccale des Ëolides.
» M. de Quatrefages dit s'être assuré que c'était bien l'estomac , car il a vu dans le même
«•organe, chez un animal analogue à l'Éolidine, l'épine dorsale d'un petit poisson. Mais
» plus récemment, dans la description de l'Acléon élégant, M. de Quatrefages dit, en par-
» tant de la langue de ce Mollusque . qui ressemble tout a fait à celle de l'Éolide, qu'il
» l'avait d'abord prise pour une épine dorsale de petit poisson. En rapprochant ces deux
» observations, ne peut-on pas supposer que M. de Quatrefages a réellement pris la
» bouche pour l'estomac? » {Annals andMagaz. of nat. hist. , août i84t.J
(4) Mémoire sur les Gastéropodes phlébentérés, page 136. J'ai déjà fait remarquer qve
celte position de l'anus, au-dessus du pied , n'était pas possible.
(6) Mémoire sur les Gastéropodes phlébentérés, pages 137 et 144
(6) I.0C. cit. , page ns.
Tome VIll. Année 1845. A
34 REVUR zooLor.iQUK. (Janvier 1845.)
Or il n'existe dans ces Mollusques rien d'analogue à ce que ce
naturaliste désigne sous le nom de cloaque, et les doutes qui se
trouvent ensuite émis sur l'existence de l'intestin et de l'anus
n'ont également rien de fondé , cette partie du tube digestif étant
entièrement semblable à ce que l'on voit chez les Éolides; seu-
lement , l'intestin se porte un peu plus en arrière , et , au lieu
de rester latéral , il vient s'ouvrir sur la ligne médiane.
Dans les Amphorines , tout le tube digestif se réduirait à la
cavité buccale , d'après M. de Quatrefages. Ce naturaliste dit ,
en effet , que Vestomac n'existe pas dans ces Mollusques, et que
ce viscère est remplacé dans ses fonctions par cette cavité buc-
cale (1). C'est dans cette même cavité buccale qu'il fait aboutir
les canaux biliaires (l'appareil gastro-vasculaire)] enfin, il as-
sure n^avoir pu reconnaître la moindre trace d'ouverture
postérieure à Vappareil digestif, et il est, par suite, très-porté
à croire que les Amphorines manquent d'anus et que les rési-
dus de la digestion sont rejetés par la bouche (2). Or la dispo-
sition du tube digestif dans les Tergipes , et la terminaison que
M. de Quatrefages assigne aux canaux biliaires (appareil gastro-
vasculaire) dans la cavité buccale , prouvent encore , d'une ma-
nière évidente , que ce naturaliste a pris l'estomac pour cette
cavité , et qu'il n'a pas reconnu l'intestin dans ces Mollusques.
Dans les Pavois et les Chalides , l'intestin manquerait égale-
ment , d'après les descriptions et les figures données par M. de
Quatrefages , et ce naturaliste dit encore qu'î7 est très-porté à
croire qu'il n'y a pas d'ouverture anale (3). Or, dans le Mol-
lusque que je crois pouvoir rapporter à ces genres (4) , il est
très-facile de reconnaître l'intestin qui vient s'ouvrir, comme
dans les Doris , à la partie postérieure de la face dorsale de
l'animal et sur la ligne médiane.
Enfin , dans les Actéons , M. de Quatrefages a également dé-
crit à la partie postérieure du corps un cloaque analogue à
celui qu'il avait signalé dans les Zéphyrines ; il lui a semblé
y reconnaître aussi une ouverture s' ouvrant en arrière entre
les replis branchiaux. Il dit ailleurs que cette ouverture , qui
(1) Loc. cit. , page 173.
(2) Loc. cit. , page U9.
(3) Loc. cit. , pages 183 et 156.
(V) Ces deux genres me parai^isont , en effel. deroir #lre réunis *n «n seul, lorwiu'il»
seront connns d'nno manière plus exncle
SOniÉTÊS SAVANTES. 55
sfîrait l'anus, est placée à la partie postérieure et médiane du
corps ; enfin , il a cru distinguer un canal étroit et sinueux se
rendant de la poche stomacale à V organe quHl désigne sous le
nom de cloaque (1). Or, comme je Tai déjà dit dans ma Note ,
aucun de ces détails n'est exact , et la courte description que je
vais bientôt donner du tube digestif dans les Actéons prouvera ,
ce que j'ai avancé dans cette Note , que cet appareil a presque
entièrement échappé aux recherches de M. de Quatrefages.
Il résulte donc de ce qui précède que, dans tous les Mollusques
prétendus phlébentérés^ W. de Quatrefages n'avait donné sur l'in-
testin, et même sur d'autres parties de l'appareil digestif, que des
déterminations inexactes , ou bien avait émis a ce sujet des doutes
qu'il était important de faire disparaître. Or, en rectifiant ou en
complétant les observations de ce naturaliste sur ce point , com-
ment puis-je , ainsi qu'il le dit dans sa réponse , n'avoir fait
que reproduire ce qui était déjà imprimé dans ses propres Mé-
moires (2)?
On voit aussi , par les détails que je viens de donner, coiribien
sont peu fondées toutes ces analogies que M. de Quatrefages
a signalées , sous ce rapport , entre les prétendus Phlébentérés
et les Annelés, les Nymphons, les Planaires, les Sangsues, etc. (3) ;
ces analogies ne reposant en effet, comme je crois le démontrer
dans mon Mémoire , que sur des hypothèses , des doutes ou des
assertions erronées.
7° J'ai dit aussi dans ma Note que la description donnée par
M. de Quatrefages de l'apparei) gastro-biliaire (appareil gastro-
vasculaire de ce naturaliste) dans les Éolides , était tout à fait
inexacte, et que les canaux partis de la cavité stomacale n'abou-
tissaient jamais à ce canal marginal , qu'il a figuré et qu'il com-
pare à celui des Méduses. BI. de Quatrefages n'ayant rien ré-
pondu à mes observations critiques sur ce point, je dois en
conclure qu'il s'est assuré qu'elles étaient fondées.
3** .l'ai également avancé que la conformation des organes de
la génération ne ressemblait en rien , chez les Mollusques j^^i/e*'-
bentérés, à la description que M. de Quatrefages en a donnée. On
ne trouve en effet dans aucun de ces Mollusques le tube ovarien
et le sac testiculairt dont parle ce naturaliste ; cette disposition
(f) Mémoire sur les Gastéropodes phlébentérés ,page l«.
(S) Complet rendus . tome XIX , page 810.
(S) Mémoire sur les Gastéropodes phlt^bentérés , pape 176
36 REVUE zooLOGiQCB. { /awvîcr 1845. )
de l'appareil générateur n'a même pas été observée jusqu'à pré-
sent dans les animaux de ce type.
Chez les Éolides, et dans tous les genres de la même famille ,
cet appareil est entièrement analogue à celui des autres Mol-
lusques nudibranches.
H se compose, pour le sexe femelle, d'un ovaire en grappe (1),
d'un premier oviducte naissant par des ramifications de cet
ovaire, et d'un second oviducte plus large , à parois gélatineuses
et comme boursouflées dans la dernière partie de son trajet ,
réuni par des circonvolutions très-serrées en un organe globu-
leux qui occupe la partie antérieure de la cavité abdominale (2).
Ce second oviducte , que l'on désigne aussi sous le nom de ma-
trice , reçoit , près de sa terminaison , le canal d'une vésicule
analogue à celle que l'on trouve dans la plupart des Mollusques ,
et qui est connue sous les noms de vésicule de la pourpre, vési-
cule copulatrice, etc., mais dont les fonctions n'ont pas encor»
été bien déterminées.
Le sexe mâle est représenté par un tube entortillé qui s'abou-
che avec le premier oviducte par une de ses extrémités, et qui
aboutit par l'autre à la verge. Celle-ci est formée par un organe
creux et exsertile , comme dans beaucoup d'autres Mollusques.
Les deux orifices de cet appareil , celui de la verge et celui de
l'oviducte,sont ordinairement placés sur un tubercule commun,
situé du côté droit. Les Calliopées font exception à cette disposi-
tion , ainsi que l'a , le premier, observé M. Vérany ; ces deux ou-
vertures sont , en effet, séparées, celle de l'oviducte restant à sa
position normale , tandis que celle de la verge se trouve un peu
plus en avant , à la base du tentacule.
La communication que j'ai signalée entre le sexe mâle et le
sexe femelle, communication qui paraît exister dans tous le»
Mollusques hermaphrodites, mais qui n'avait été indiquée jus-
qu'à présent que d'une manière fort vague , prouverait que ces
Mollusques peuvent se féconder eux-mêmes , quoique ayant be-
soin , pour cela , d'un accouplement réciproque.
4° Enfin , les faits que j'expose dans mon mémoire prouveront
(1) La situation de cet oTaire à la partie postérieure de la cavité abdominal» me porta
a eroire que c'est cet organe que M. de Quatrefagea désigne sous le nom de cloaque dan»
la plupart de ces Mollusques.
(«) Cette partie de l'appareil générateur me parait être celle que CuTier a prise poar If
testicule dans les Tritonies et quelques autres Mollusques nudibranches.
SOCIÉTÉt SAVANTES. 37
«Acore , j'espère , que les assertions de M. de Quatrefages sont
inexactes sur plusieurs autres points de l'anatomie des prétendus
Phlébentérés, et notamment sur les organes de la circulation
chez les Éolides, ainsi que sur le système nerveux qui est aussi
parfait et aussi compliqué dans ces Mollusques que dans tous les
autres Gastéropodes (1).
VI. J'ai réservé, dans les paragraphes précédents, les faits re*
latifs à l'anatomie du genre Actéon ; ici , en effet , comme dans
ma note , je crois devoir consacrer un paragraphe spécial à ce
curieux Mollusque.
D'après M. de Quatrefages, mes observations critiques sur ce
genre Actéon ne seraient nullement fondées , et le peu de faits
que f ai exprimés à ce sujet manquerait d'exactitude (2). Il est
cependant à remarquer que ce naturaliste, qui dit posséder une
anatomie très-dét aillée de ce Mollusque^ n'ait répondu par au-
cun fait précis à mes assertions et à mes critiques. Je vais donc
compléter ici , autant que me le permettent les limites de cet ex-
trait de mon travail, les détails que j'ai déjà donnés dans ma
note.
1«> La poche dorsale que M. de Quatrefages a prise pour l'esto-
mac n'a, ainsi que je l'ai dit, aucune communication avec le
tube digestif ; c'est une poche pulmonaire tout à fait analogue à
celle des Mollusques terrestres, ce qui s'accorde entièrement avec
les habitudes des Actéons, habitudes qui rappellent celles des
Pulmonés fluviatiles, lesLymnées, les Planorbes, les Physes.
Par conséquent, les canaux ramifiés qui partent de cette poche,
et dont M. de Quatrefages fait son appareil gastro-vasculaire ^
sont des canaux aériens dont j'ai cherché à expliquer l'usage dans
mon mémoire.
2" L' Actéon a un appareil circulatoire complet. Le cœur est
situé en avant de la poche pulmonaire , sur la ligne médiane, et
occupe , par conséquent , la même place que chez les Éolides et
les autres Nudibranches. Il adhère en arrière par son oreillette à
la paroi supérieure de la cavité pulmonaire , et donne naissance
en avant à l'aorte qui se porte vers la partie antérieure de l'ani-
mal , traverse le collier nerveux et se perd dans la masse buccale ,
après avoir fourni , dans son trajet , une branche profonde pour
(1) Rapport d« M. Milne Edwards déjà cité , page 1«.
(1) Comptes rtnduê , tome XIX , page 817.
38 REvoE zooLOGiQDE. {Janvier 1845.)
les viscères. Cet organe est contenu dans un péricarde , et offre
la même forme et la même structure que dans tous les autre»
Mollusques gastéropodes (1).
3° J'ai dit, dans ma note , que tout le tube digestif, à partir
de la cavité buccale (2), avait échappé aux recherches de M. de
Quatrefages ; voici quelques détails à ce sujet : après avoir tra-
versé l'anneau nerveux, l'œsophage, d'un très-petit calibre,
offre une petite dilatation arrondie qui forme comme un premier
estomac ; presque immédiatement après , il se dilate de nouveau
en une poche stomacale beaucoup plus considérable, profondé-
ment située au-dessous de la partie antérieure de l'appareil géné-
rateur, à peu près au niveau du cœur. De la partie supérieure de
cette poche , et près du point où aboutit l'œsophage , part l'intes-
tin qui se porte d'abord un peu en avant , contourne l'appareil
de la génération et se dirige ensuite en arrière , et du côté droit ,
pour venir s'ouvrir du même côté, non loin de la ligne médiane»
Cette ouverture , marquée par un petit tubercule saillant , se
trouve placée uji peu en avant de l'orifice pulmonaire.
Le foie est formé par une matière verdâtre qui se trouve ré-
pandue partout sous la peau et dans Finterstice des organes ;
c'est, par conséquent, au foie qu'est due la couleur verte de ce
Mollusque. Lorsqu'on étudie une partie de ce viscère à un faible
grossissement , on voit qu'il est formé de petits cœcums ramifiés
qui ont assez bien l'apparence de certains végétaux inférieurs.
Les principaux canaux qui en résultent viennent se rendre dans,
deux canaux plus considérables qui , de l'extrémité postérieure
du corps de l'animal , se portent en avant, de chaque côté de la
ligne médiane , pour venir s'ouvrir dans la poche stomacale.
4'* Enfin, l'appareil reproducteur, composé des deux sexes
,•^1) Les pièces que je mets sous les yeux de l'Académie prouveront, d'une manière évi-
(leiUe , que je n'ai pris pour le cœur , dans l'Actéon , ni la vésicule copulatrice , ni la
vésicule séminale . dont parle M. de Quatrefages (voiries Comptes rendus , tome XIX .
page 817); ce qui ressort, dn reste, suflisamment des détails que je viens de donner sur
ce point. Outre qu'il me sera facile de démontrer que ces deux vésicules n'existent pas.
riiez, l'Actéon (du moins à la position qu'indique M. de QuatrofaRes pour la première) . le
cfBurs'en distingue si facilement sous tous les rapports . et surtout par ses connexions,
que je comprends difficilement que ce naturaliste ait pu maltribuer une erreur sem-
blable. Il suflit . en effet, d'avoir vu une seule fois le cœur d'un Mollusque gastéropode
pour qu'il soit impossible de le confondre avec une vésicule quelconque , pourvu louJe-
fois qu'on no se borne pas à reconnaître ces parties par tran,sparence.
(2) I.a description que M. de Quatrefages donne de celle cavité buccale et la position
qu'elle aurait d'après ses figures, diffèrent encore tellement de ce que j'ai vu moi-même ,
que je suis iras-portc a croire que cette portion du tube digestif a aussi échappé à ses
îocljenhes.
SOCIETES SAVANTES. 39
comme chez les Pulmonés et les Nudibranches , offr« la disposi-
tion suivante chez les Actéons ;
L'ovaire est formé par un grand nombre de petits corps ar-
rondis, vësiculeux, disposés de chaque côté de la ligne médiane
en une grappe , ayant entièrement l'apparence d'une grappe de
raisin (1). L'oviducte unique qui en résulte, après avoir traversé
un renflement ovoïde, se continue avec un second oviducte
analogue à celui dont j'ai déjà parlé à propos des Éolides , etc. ,
mais off"rant un nombre de circonvolutions beaucoup moins con-
sidérable. Cette espèce de matrice . après avoir reçu également
Iç canal d'une vésicule (vésicule de la pourpre) , s'ouvre du côté
droit , dans un sillon qui descend du tubercule de l'anus vers la
lace inférieure de l'animal.
La partie mâle est également formée de deux parties similaires,
situées de chaque côté de la ligne médiane , et ayant une dispo-
sition ramifiée. Le canal déférent qui en part, après avoir com-
muniqué avec le premier oviducte, se dirige en avant pour s«
rendre à l'extrémité de la verge qui, comme je l'ai déjà indiqué,
est située du côté droit, à la base du tentacule (2).
D'après les détails que je viens de donner sur l'organisation
des Actéons , détails que mettent en évidence les préparations
que je mets sous les yeux de l'Académie , on peut voir que ce
genre de Mollusques ressemble fort peu aux descriptions qu'en
ont données les divers naturalistes qui s'en sont occupés, ce qui
a dû nécessairement induire en erreur sur ses affinités zoolo-
giques (3). En effet, il me paraît s'éloigner également des Aply-
(1) Ce sont ces corps vésiculcux que M. de Qualrefages a considéré comme une dépen-
dance de son appareil gastro-vasculaire , et qu'il désigne sous le nom de caecums bran-
chiaux; miiis, ainsi que je l'ai déjà dit, ces prétendus cœcums ne communiquent nulle-
ment avec les ramincations de la pucbe pulmonaire, et n'offrent également, en aucune
manière , la disposition que ce naturaliste leur assigne dans ses flgures.
(S) La partie mâle de l'appareil générateur me parait être celle que M. de Quatrefages
désigne en dernier lieu comme l'ovaire (Comptes rendus, t. XIX, p. 191). autant qu'il
est possible d'en juger par le seul détail qu'il donne a ce sujet , en disant que les ovaires
pénètrent entre les deux lames des rames respiratriccs latérales , et que leurs ra-
mincations se mêlent à celles de V appareil gastro-vasculaire. Quant aux organes mft-
les , ce naturaliste se borne à indiquer leur position dans le corps proprement dit, ce
qui suffit cependant pour faire voir qu'il a encore confondu ces organes m&les avec le se-
cond oviducte ou la matrice.
{^) Les caractères zoologiques de l'Actéon n'ont même été donnés jusqu'à présent que
d'une manière fort inexacte. Je dois cependant dire de nouveau que M. Vérany avait par-
faitement reconnu ces caractères , et même l'orifice de la poche pulmonaire , bien avant
que j'eusse fait l'anatomie de ce Mollusque. M. le professeur Allman a présenté , le 30 sep-
tembre dernier, à la section de Zoologie et de Botanique de l'Association britannique , un
Mémoire sur l'anatomie de l'Actéon. Voici la «eule note que renferme, a ce sujet , le jour-
nal lAtheHCBum du 19 octobre : « Sur l'anatomie de VActeon viridts . par M. le profee-
-ÎO REVCE zooLOGiQtË. [Janckf 1845.;
siens , parmi lesquels l'ont rangé le plus grand nombre , cît?»
Planaires avec lesquelles Délie Chiaje a cru lui trouver de Ta-
nalogie, et des Éolidiens dont l'a rapproché en dernier lieu
M. de Quatrefages. La disposition de l'appareil respiratoire doit
!e faire placer à coté des Mollusques pulmonés fluviatiles, et sur-
tout auprès des Onchidies. Les Actéons se rattacheraient cepen-
dant aux Nudibranches par quelques points de leur histoire ;
car , d'après des observations fort intéressantes faites par M. Yé-
lany, qui a bien voulu me les communiquer, ces Mollusques
offriraient, dans le premier âge, la particularité observée par
MM. Sars et Yan Beneden chez les Éolides, les Doris , les Trito-
uies , les Aplysies, etc. , c'est-à-dire d'être contenus dans une
coquille nautiloïde et operculée.
En terminant cet extrait, auquel l'obligation de répondre à la
note lue le 21 octobre dernier par M. de Quatrefages, m'a fait
donner une étendue plus considérable que je n'aurais désiré , je
rappellerai ce que je disais en commençant, que la question qui
fait le sujet de la discussion actuelle , et que l'Académie est ap-
pelée à juger , est avant tout une question de faits et non une
question de théories.
Il s'agit de savoir si les appareils de la respiration et de la cir-
culation peuvent disparaître complètement ou partiellement
chez des Mollusques gastéropodes;
vSi, chez ces animaux, ces mêmes appareil» peuvent être rem-
placés dans leurs fonctions par le tube digestif, ainsi que cela a
lieu chez les plus simples presque des Zoophytes.
Enfin , si la simplification organique peut être même poussée
si loin dans ces mêmes Mollusques, que des Gastéropodes se
trouveraient abaissés- au rang des organismes les plus dégradés.
Les faits que je soumets à l'Académie me paraissent détruire
d'une manière complète toutes ces assertions de M. de Quatre-
fages. Cependant ce naturaliste a promis, lui aussi, de présenter
des preuves à l'appui de ces mêmes assertions ; j'espère qu'il
reinplira sa promesse , et alors l'Académie pourra juger en un
instant de quel côté se trouve la vérité.
)» seur Allraan. — L'anleiir contredit les assertions de M. de Oualrefages relativement s
* de nombreux points de l'anatomie de ce petit Mollusque , et à la place qui lui a été assi-
» gnée par le naturaliste français dans son nouvel ordre des Phlébentérés. » Je ne puis
donc savoir jusqu'à quel point mes observations concordent avec celles de M. le professear
Allmsn ; je vois seulement que je me trouve tout à fait d'accord avec le naturaliste anglfti*,
3i«l»Uvem9nl au travail de M. de Quatrefages tur le même sujet
SOCIÉTÉS SAVAiNTKS. M
Pendant la lecture d'une grande partie de ce travail , on a mis
60US les yeux des membres de l'Académie de magnifiques plan-
ches représentant les faits énoncés par M. Souleyet,et Ton voyait
sur le bureau les bocaux contenant les diverses dissections et pré-
parations des Mollusques étudiés par cet habile anatomiste.
Les observations de M. Souleyet, présentées simplement et avec
la conviction d'un homme consciencieux, qui a vu et revu avec
grand soin tous les faits qu'il avance , ont été écoutées avec inté-
rêt par les personnes compétentes qui composent l'Académie des
sciences ou assistent à ses séances. L'une d'elles , le rédacteur du
feuilleton scientifique du JSational (mercredi 15 janvier), a
formulé d'une manière si exacte, si claire et si originale, l'im-
pression produite par ce mémoire, que nous croyons ne pouvoir
mieux faire que de copier cet article.
a On sait qu'il existe entre MM. Souleyet et Quatrefages un dis-
sentiment profond touchant l'organisation de ces mollusques que
M. Quatrefages désigne collectivement sous le nom de phlében-
térés, lesquels, suivant ce dernier, seraient plus ou moins dé-
pourvus d'organes respiratoires et circulatoires et posséderaient
un tube intestinal qui suppléerait à leur défaut ou à leur imper-
fection, amsi que cela se voit chez certains animaux très-infé-
rieurs , tels que les méduses. M. Quatrefages , dans son ardeur
de simplification , avait même été jusqu'à prétendre que chez
quelques-uns de ces mollusques le tube digestif n'avait pas d'ou-
verture postérieure, et que les résidus de la digestion devaient
être rejetés par la bouche; d'où l'auteur concluait que la classe
des gastéropodes, au lieu d'offrir un type organique uniforme ,
présentait toute la série de modifications et de dégradations or-
ganiques qui séparent ces mollusques des derniers zoophytes,
résultat qui conduisait à cette autre conclusion, savon- : que les
rapports admis jusqu'à ce jour entre les caractères extérieurs d'un
animal et son organisation intérieure, rapports qui servent de
base à la zoologie et à l'anatomie comparée , n'ofllrent plus aucune
certitude : qu'un mammifère , par exemple , pourrait offrir l'or-
ganisation d'un oiseau , un oiseau celle d'un reptile, d'un pois-
son, etc.; enfin on ne serait jamais certain de connaître l'orga-
nisation d'un animal sans l'avoir disséqué , et l'on ne pourrait
jamais conclure d'une espèce à une autre , et même aux autres
individus de la même espèce.
42 REVUK zooLOGiQuii. {Janviev 1845.)
» Heureusement que les études de M. Quatrefages n'étaient
qu'incomplètes , et l'Académie a pu voir dans les préparations .
que lui a soumises M. Souleyet, que les organes de la circulation
et de la respiration , niés par M. Quatrefages , existaient au plus
haut degré dans ces mêmes Mollusques , dits phlébentérés. Elle
a pu se convaincre également que ces fonctions sont toujours
exécutées par des appareils particuliers , comme dans tous les au-
tres Mollusques , et les planches de M. Souleyet démontrent que
la modification du tube digestif, à laquelle M. Quatrefages a
donné le nom d'appareil gastro-vasculaire, et qui, selon lui,
joue le rôle d'organe circulatoire et respiratoire, n'est autre chose
qu'une série de canaux qui vont de l'estomac dans le foie, sont
même entièrement contenus dans l'épaisseur de cet organe chez
certains Mollusques , et que ce sont de véritables canaux biliaires.
Nous faisons grâce aux lecteurs des contradictions qu'a relevées
M. Souleyet, et desquelles il résulte que les théories imaginées
par M. Quatrefages ne reposent que sur des erreurs ; nous nous
bornerons , pour en finir sur ce point , à rappeler les termes dans
lesquels son travail a été apprécié par une commision de l'Aca-
démie dans la séance du 15 janvier 1844.
« Les recherches de M. de Quatrefages sur les gastéropodes phlé-
bentérés conduisent, comme on le voit, à des résultats très-im-
portants pour l'histoire des Mollusques ; et , parmi les travaux
dont cette branche de la zoologie s'est enrichie depuis quelques
années , il n'en est peut-être aucun qui renferme un nombre plus
considérable de faits nouveaux et curieux... Il s'est montré (M.
Quatrefages) bon observateur et anatomiste habile. Les sujets de
ses investigations ont été heureusement choisis, et les conclusions
qu'il en a tirées font preuve d'un jugement droit et de connais-
sances étendues. Ses travaux lui assurent déjà un rang des plus
élevés parmi nos jeunes naturalistes, et doivent lui valoir des
encouragements de la part de tous ceux qui s'intéressent à l'ave-
nir de la zoologie physiologique en France. La commission de-
mande pour lui la faveur la plus grande dont l'Académie puisse
disposer, c'est-à-dire les honneurs de l'impression daiis le Recueil
des savants étrangers, »
» Et , dans son enthousiasme, cette même commission fit donner
à M. Quatrefages des fonds pour aller faire des recherches sur
Tanatomie et la physiologie des Mollusques phlébentérés de la
SOCikTÙâ SAVANIES. 43
Méditerranée. Ceci se passait le 16 janvier 1844. Le voyage se fit,
et, le 14 janvier 1845, le phlébentérisme expirait d'invraisem-
blance devant cette même Académie. Nous n'ajouterons rien ,
pour ne pas sortir de la réserve que commande la plus stricte
impartialifé. )>
M. Flourens donne lecture de quelques passages d'une lettre
que nous avons adressée à l'Académie pour lui annoncer que
nous allions publier une nouvelle édition de notre Iconographie
du règne animal. Nous nous proposons de faire entrer dans cette
édition les principales acquisitions qu'a faites la science depuis
l'époque où l'illustre naturaliste a mis la dernière main à son
ouvrage. Notre galerie zoologique ne possédant pas certains su-
jets nouvellement découverts et qui sont uniques dans les Musées
étrangers , nous avons demandé à l'Académie de vouloir bien
nous faciliter les moyens d'aller les étudier surplace, afin deles
faire entrer dans notre ouvrage. — Commissaires, MM. Duméril,
de Blainville, Flourens eti. Geoffroy-Saint-Hilaire.
Séance du 20 janvier. — M. de Quatrefages adresse à l'Aca-
démie une Réponse à la note présentée dans la séance précé-
dente par M. Souleyet , concernant Vanatomie et la physiologie
des Mollusques phlébentérés.
Toutes les personnes qui s'intéressent à la grave question por-
tée devant l'Académie , ont été peinées de voir que M. de Qua-
trefages faisait tomber la discussion de la hauteur scientifique où
elle s'est soutenue jusqu'à ce jour. En effet, M. de Quatrefages,
au lieu d'apporter des preuves et des faits pour combattre les
preuves et les faits présentés par M. Souleyet, s'est contenté de
formuler une série de dénégations absolues, d'accusations de
mauvaise foi, etc., sans apporter devant l'Académie les pièces
d^un procès qui ne peut plus désormais être jugé autrement.
Nous ne reproduirons donc pas cette réponse, qui ne modifie en
rien la question, et cela autant dans l'intérêt de M. de Quatre-
fages que dans celui delà vraie dignité de la science.
Séance du 27 janvier. — M. Souleyet adresse une Réponse à
la nouvelle note de M. de Quatrefages. Il témoigne toute la répu-
gnance qu'il éprouve à suivre son antagoniste sur ce nouveau
terrain. Dans cette réponse, M. Souleyet détruit une à une les
assertions et dénégations de M. de Quatrefages, qui, si on les
considérait comme fondées, tendraient à faire croire que H. Sou-
4* REVUE zooLOGiQDE. {Jauviev 1845.)
leyet a commis des erreurs inconcevables, qu'mi homme tout k
fait étranger à l'anatomie , qu'un enfant même , ne pourraitcom-
mettre. Quoique cette réponse soit très-intéressante, nous ne
nous y arrêterons pas plus que sur la note qui l'a provoquée si
fâcheusement; nous attendrons le rapport de la commission qui
doit juger la question, et nous nous bornerons à clore ici la dis-
cussion en reproduisant encore un article très-remarquable,
qu'un anatomiste plein de savoir, M. le docteur Th. Roussel, a
inséré dans le feuilleton du journal le Courrier Français du
28 janvier. Indépendamment du mérite de Tà-propos , ce travail
en a un autre qui nous aurait encore engagé à l'insérer ici , c'est
celui d'une appréciation éclairée , impartiale et résumée avec
lucidité, de cette question difficile et importante.
« M, Arago a lu hier à l'Académie, sur la demande de M. Milne-
Edwards , une réponse de M. de Quatrefages , aux observations
de M. Souleyet , dont il a été question dans notre dernier ar-
ticle. Ainsi qu'on le voit, M. de Quatrefages a répondu plus
tôt que nous ne le pensions ; nous regrettons qu'il n'ait pas ré-
pondu comme nous l'avions espéré. En regard des faits apportés
par M. Souleyet , c'était des faifs que nous attendions , c'était par
des preuves qu'il fallait combattre les preuves ; à la démonstra-
tion anatomique il fallait opposer une démonstration anato->
niique , non pas des allégations et des attaques détournées.
Pourquoi M. de Quatrefages , dont nous nous plaisons à appré-
cier le talent et le savoir, n'a-t-il pas adopté le seul moyen qui
lui reste pour la défense de ses idées? Il faut bien le reconnaître,
la discussion a été portée par M. Souleyet sur un terrain solide,
le terrain des faits ; il ne peut être donné à personne de l'en
faire sortir. Si le phlébentérisme compte encore des partisans »
c'est dans cette arène qu'il faudra qu'ils descendent. C'est donc
avec regret que nous ferons entrer nos lecteurs dans un débat
où nous trouvons en face deux jeunes naturalistes pleins d'ave-
nir et de talent , mais où , jusqu'ici du moins, nous avons trouvé
tous les faits d'un côté et rien que des assertions de l'autre. Nous
voulons encore toutefois faire des réserves pour l'avenir , car il
nous paraît impossible que M. de Quatrefages veuille attendre,
dans de semblables conditions , un arrêt de l'Académie. Les
pièces anatomiques qu'il doit à la commission sont longues et
délicates à préparer; les sujets à disséquer vivent pour la plu-
SOCIÉTÉS SAVANTES. 45
part sur des rivages assez éloignés : nous le savons et c 'est pour-
quoi nous espérons encore. En attentiant nous allons indiquer
sommairement le fond de la question et le point où la discus-
sion s'est arrêtée.
* Nous avons déjà dit que les faits signalés par MW. Milne-
Edwards et de Quatrefages , et récemment érigés en théorie par
ce dernier , sous le nom de phlébentérisme , ébranlaient la zoo-
logie dans ses fondements, et pour le prouver il suffit de rappeler
en peu de mots quelques principes jusqu'ici reçus presque
sans contestation.
» À part, en effet, quelques naturalistes, dont les opinions
ont trouvé peu de crédit, on s'accordait à regarder l'harmonie
rigoureuse des organes entre eux comme une loi générale pour
la série animale toute entière. « La nature , avait dit Cuvier, iné-
» puisable dans sa fécondité et toute-puissante dans ses œuvres
» (si ce n'est pour ce qui implique contradiction), n'a été arrêtée
» dans les innombrables combinaisons de formes d'organes et de
» fonctions qui composent le règne animal , que par les incom-
> patibilités physiologiques; elle a réalisé toutes celles de ces
» combinaisons qui ne répugnent pas , etc. »
» De plus, parmi les appareils d'organes qui constituent cha-
que animal, les naturalistes avaient remarqué qu'il en est plu-
sieurs , tels que le système nerveux, les appareils circulatoire
et respiratoire , dont l'influence est telle que leurs modifications,
leurs dégradations entraînent toujours dans la forme extérieure
et dans l'ensemble de l'économie des modifications , des dégra-
dations correspondantes.
» C'est à l'aide de ces grands principes qu'avait été fondée la
classification des animaux , et que tous les grands zoologistes
avaient été conduits à reconnaître l'importance de la forme et
des caractères extérieurs, comme traduisant l'organisation in-
térieure et signalant les afïinités des êtres entre eux.
» M. de Quatrefages est venu attaquer la zoologie dans ces
bases, en apparence au moins si solides; après avoir publié
dans divers mémoires une série d'observations, dont quelques-
unes appartiennent à M. Milne-Edwards et dont la plupart lui
.sont propres, ce naturaliste a fini par formuler une théorie, de
laquelle il résulterait que dans la série animale, et principale-
ment chez les animaux inférieurs, l'harmonie, la corrélation
4€ REVDK zooLOGiQDE. [Jauvier 1845.)
à laquelle Cuvier assujettissait les diverses parties de l'organisme
n'est pas un fait nécessaire et constant; qu'un organe, qu'un
appareil, aussi important par exemple que celui de la respira-
tion ou de la circulation, peut se dégrader, disparaître même à
peu près complètement , sans que l'ensemble de l'organisation
soit notablement modifié , sans que les caractères extérieurs et
en un mot ce qui constitue le type de l'animal aient éprouvé une
transformation correspondante. Ainsi, M. de Quatrefages annon-
çait avoir trouvé que dans un groupe élevé de la série animale,
{)armi des mollusques gastéropodes , c'est-à-dire chez des ani-
maux qui ont un cœur, un appareil respiratoire complet, des
artères, des veines, etc., il existait un certain nombre de genres
ayant tous les caractères extérieurs propres aux mollusques
gastéropodes, et présentant dans leur organisation intérieure
une simplification organique telle qu'on ne trouvait plus ni
cœur, ni branchies, ni artères, ni veines. A la place de ces ap-
pareils , M. de Quatrefages trouvait un tube digestif ramifié , ser-
vant à la fois à la digestion, à la respiration , à la circulation,
comme dans les plus bas échelons du règne animal , comme
chez les derniers zoophytes, et cet appareil nouveau, il le dési-
gnait sous le nom d'appareil gastro-vasculaire. Les animaux
ainsi organisés, à savoir les actéons et cinq autres genres décrits
par M. de Quatrefages sous le nom de zéphirine , d'actéonie ,
d'amphorine , de pavois et de chalide , appartiendraient ainsi
aux mollusques par l'apparence extérieure, aux zoophytes par
leur organisation intérieure.
» Telle est dans ce qu'elle a de capital ,1a théorie du phlébenté-
risme, dont, suivant M. de Quatrefages, on trouverait peut-être
des traces jusque dans les premières classes du règne animal ,
dont on ne saurait contester l'existence dans un très-grand nom-
bre d'invertébrés. On comprend tout d'abord les bouleversements
qn'une pareille innovation entraîne dans la zoologie ; il serait
donc possible que des animaux formant , par l'ensemble des ca-
ractères extérieurs et des manifestations vitales, une famille natu-
relle, s'éloignassent les uns des autres par lés dispositions inté-
rieures , à tel point que les uns pourraient , sous ce dernier poirit
de vue, appartenirauxMollusqueset même aux vertébrés, tandis
que les autres ne seraient que des zoophytes. Ainsi , la forme
deis animaux , ce cadre de la vie , que Cuvier regardait comme
plus important que le fond lui-même , la forme ne serait qu'un
masque trompeur, qu'une sorte d'étiquette mensongère , et pour
savoir si un Mollusque est vraiment un Mollusque , si un être qui
« kps traits d'un animal supérieur n'est pas en réalité un zooDhvte,
SOCIÉTÉS SAVANTK3. wf
il faudrait mettre à mort Tanimal , l'ouvrir, placer l'une aprèi
l'autre toutes ses parties sous le scapel et sous la loupe. Nous
croyons n'être pas injuste envers le phlébentérisme en regardant
de pareilles extrémités comme ses conséquences légitimes et obli-
gées ; nous faisons même l'aveu que ce sont ces conséquences ,
si opposées à ce que nous croyons solidement établi en philoso-
phie naturelle, qui nous ont fait penser, avant même d'avoir
examiné les pièces anatomiques de M. Souleyet, qu'une pareille
théorie ne pouvait être assise sur des faits bien observés. Les
pièces dont nous parlons nous ont convaincu en effet qu'elle était
basée sur des erreurs d'observation ou plutôt sur des détermi-
nations inexactes d'organe occasionnées très-probablement par
des procédés défectueux de dissection et d'examen.
» Voici maintenant ce que M. Souleyet a observé en étudiant
les Mollusques gastéropodes dont il s'agit , non par transparence,
comme paraît l'avoir fait M. de Quatrefages, mais à l'aide d'une
dissection minutieuse et des plus fines injections : 1° L'appareil
circulatoire existe complètement chez les zéphyrines ou vénilies,
et ces Mollusques , chez lesquels M. de Quatrefages n'a distingué
ni cœur, ni artères, ni veines, ne diffèrent pas des éolides quant
aux organes de la circulation ; 2" l'appareil circulatoire existe
aussi d'une manière complète chez les actéons et chez les actéo-
nies , chez les tergipes qui , d'après M. Souleyet , ne diffèrent pas
des amphorines , et enfin dans un Mollusque gastéropode offrant
les plus grands rapports avec les genres pavois et chalide. Le»
pièces de M. Souleyet démontrent encore l'existence de l'appareil
circulatoire chez les cavolines (genre que ce naturaliste réunit
au genre éolide), chez les calliopées et les glaucus , Mollusques
que M. de Quatrefages n'avait pas observés lui-même et n'avait
rapportés à son ordre des phlébentérés que par analogie.
» D'après la théorie du phlébentérisme , les appareils de la cîr-
culation et de la respiration ne disparaîtraient point toujbtifb
brusquement pour faire place à l'appareil gastro-vasculaire. Che^
certains Mollusques , tels que Véolide , le système veineux dispa-
raîtrait seul ; chez d'autres, que M, de Quatrefages a observés ré-
cemment dans un voyage en Sicile , il ne resterait plus que le
cœur sans artères ni veines. On comprend à quelles conséquences
physiologiques singulières l'on se trouverait conduit en admettant
de pareils types d'organisation. Que faire d'un cœur sans artères
ni veines? d'autre part, comment faire revenir sans veines le
sang des artères au cœur? Sur le premier point M. de Quatre-
fages ne s'est pas encore expliqué et n'a pas fait connaftre les
Jlollusques soumis à .son observation. Sur le second, il acte forcé
48 REVUE zooLociQUE. (Janvier 1845).
de faire passer le sang des extrémités artérielles dans la cavité
abdominale et de là dans le ventricule. Or, sur ce point, M. Sou .
leyet réfute sa manière de voir en démontrant l'existence d'un
système veineux chez les éolides et les autres Mollusques, et
malgré les assertions émises par M. de Quatrefages , dans sa note
d'hier, la réfutation restera jusqu'à ce que des préparations ana-
tomiques aient prouvé le contraire. Il en est de même pour les
organes de la respiration. M. Souleyet fait voir que chez les éolides
et tous les genres de la même famille , ces organes sont repré-
sentés par les appendices dorsaux qui reçoivent des divisions de
l'artère et de la veine branchiale ; chez l'actéon il montre que
la poche dorsale , prise par M. de Quatrefages pour l'estomac, n'a
aucune communication avec le tube digestif et qu'elle est une
poche pulmonaire analogue à celle des Mollusques terrestres.
Quant à l'appareil gastro-vasculaire , dont l'existence aurait en-
traîné la dégradation des organes de la circulation et de la respi-
ration , M. Souleyet fait voir comment une série d'interprétations
malheureuses ont conduit M. de Quatrefages à l'admettre , com-
ment , par suite de ces interprétations , le véritable intestin, l'ap-
pareil biliaire, la position et même l'existence de l'anus, etc.,
ont échappé à ce naturaliste ; mais nous n'avons pas à entrer dans
les détails de la question , ce sera l'œuvre de la commission aca-
démique de les examiner consciencieusement; nous y revien-
drons peut-être alors. En attendant , nous avons dû faire connaî-
tre ce qu'était devenu , à sa première confpontation avec les faits,
une théorie brillamment développée , dont l'apparition nous avait
frappé d'étonnement et dont les connaissances auraient été néces-
sairement funestes. Ceux qui savent en effet combien l'erreur une
fois introduite dans la science, abritée sous un nom respectable,
sanctionnée par l'autorité des académies, se prolonge avec facilité
et pousse de profondes racines , combien il faut d'efforts et d'an-
nées pour l'extirper, ceux-là comprendront l'importance du ser-
vice rendu par M. Souleyet, dont tous les travaux portent l'ini-
mitable cachet de l'exactitude et de la probité.
» A Dieu ne plaise que nous refusions ces qualités à M. de Qua-
trefages. Autant que personne , nous avons apprécié ses titres
scientifiques, son savoir et la distinctiop de son esprit. Mais ce
que nous sommes forcés d'avouer jusqu'à de meilleures preuves,
c'est qu'il s'est trop hâté de voir, de conclure, de généraliser. »
HUITIÈME ANNÉE. — FÉVRIER 1845.
TIIAVAUX INÉDITS.
Description de quelques espèces nouvelles d'Oiseaux de M.idagas*
car, par M. le Docteur Pucheran , aide de zoologie au Musée
de Paris.
G*est en grande partie aux zoologistes français que la science
est redevable depuis quelques années de la connaissance des
objets nouveaux que possède Madagascar, soit en mammalogie ,
floit en ornithologie. Ainsi, je rappellerai à ce sujet que les genres
Galidie et Galidictis , de la famille des Viverridés , de même que
le genre Euplère , dont la place dans la série mammalogique ne
paraît pas encore définitivement fixée , sont dus , les deux pre-
miers à M. le professeur Geoffroy Saint-Hilaire fils , le second à
M. Doyère. En ornithologie, c'est mon illustre maître qui a créé
les genres Oriolie et Phileppitte , Falculie et Mésite, et M. de La-
fresnaye qui a établi le genre BrachyptéroUe. Je viens à mon tour
ajouter quelques nouveaux faits à ces éléments de la faune de
Madagascar, et décrire quatre espèces d'Oiseaux que je crois
inédites et nouvelles ; car c'est vainement que , par suite des
fonctions que je remplis au Muséum de Paris , j'ai cherché dans
les publications les plus récentes des descriptions qui pussent
convenir à ces divers types.
J'espère plus tard compléter ces premiers documents et me
livrer à la comparaison d€s rapports que présente la création
mammalogique et ornithologique de ce cinquième continent avec
celles des continents européen , asiatique , africain d'une part ,
américain et australasien de Pautre. Déjà M, le professeur Geof-
froy Saint-Hilaire a annoncé que pour trouver dans d'autres cli-
mats les genres des Mammifères les plus rapprochés par leur
organisation de ceux de Madagascar, c'est dans l'Inde continen-
tale et insulaire qu'il faut les chercher (Ij. On arrive au même
résultat par l'étude des races humaines : on sait, en effet, que tous
les anthropologisttjs s'accordent à considérer l'île de Madagascar
comme le berceau , le point de départ de la race malaise , dont
la dernière étape de séjour se trouve dans la presqu'île de Ma-
(l) Supplément à BufTon. — Zoologie général* , p. 442
Tome VIIT. Année 1845. 4
50 REVDE zooLOGiQDE. (Fdmer 1845.)
lacca. C'est im nouveau fait à ajouter à tous ceux que nous espé-
rons donner ultérieurement pour prouver la concordance qui
existe entre les lois qui président à la distribution géographique
des types mammalogiques et celles d'après lesquelles s'est effec-
tuée la répartition des races humaines sur la surface du
globe (1).
Ces préliminaires établis, et ils nous semblent de nature à
expliquer l'origine et le premier mobile de notre publication ac-
tuelle, nous passons à la description de nos quatre espèces.
Deux d'entre elles appartiennent au type de Coucous à longs
tarses , que Vaillant et M. Cuvier ont isolé du genre Cuculus de
Linné sous le nom de Coua; la troisième fait partie du genre
Glaréole ; la quatrième, des petites espèces du genre Bouvreuil. Je
dédie la première de nos deux espèces de Coua à mon oncle ,
M. le professeur Serres, si connu des anatomistes de l'Europe
par ses beaux travaux en anatomie transcendante et l'épithète
spécifique que nous avons choisie rappellera à la mémoire la
dénomination que l'illustre Meckel avait donnée au principe du
développement centripète des organismes; la deuxième, au célè-
bre Jean Reynaud , que l'on considère avec juste raison comme
l'intelligence la plus encyclopédique de notre époque ; et la
(1) Nous avons déjà, dans la partie raammalogique du voyage de ta Vénus, à l'occasion
d'uQ individu appartenante l'espèce du genre Felis, décrite par Guldensted et M.Temmincfe
sous le nom de Fells rufa, dont M. le professeur Geoffroy Saint-Hilaire fils nous avait confié
la description, nous avons déjà fait application à l'anthropologie des deux célèbres principes
de géographie zoologique établis par notre immortel Bnffon. Voici comment nous non»
sommes exprimés à ce sujet: « Aussi, disons-nous (p. 138), tous les zoologistes qui ont
B suivi Buflon ont-ils sanctionné par leur approbation les vues de cet homme célèbre.
B Nous dirons même que la distribution géographique des races humaines concorde par-
» faitement avec les lois de distribution géographique que Buffon a établies. C'est la même
« race qui, dans les deux continents, en Asie et en Europe, comme en Amérique , habite
» les latitudes boréales. Dans les latitudes australes, au contraire, qui ne sait que les peu-
« plades de l'Amérique du sud sont diCférenles de celles du sud de l'Afrique? Qui ne sait
B encore que les nations qui peuplent l'Asie, les divers archipels de TOcéanie et le vaste
» continent de la Nouvelle-Hollande ne sout point les mêmes que celles qui peuplent le
» sud de l'Afrique et de l'Amérique?»
Dumoulin est le premier observateur moderne qui ait entrevu , du moins à notre con-
naissance , la concordance entre les animaux et les races humaines sous le point de vue
de leur distribution géographique. 11 fut dès lors conduit à admettre qu'il y avait de»
centres particuliers de création pour les races, comme il y en a pour les animaux , mais
comme, à l'époque où il écrivait, la géographie zoologique était peu avancée , il n'essaya
pas de déterminer si ces centres étaient les mêmes et pour les races et pour les animaux,
}es Mammifères surtout. C'est ce qui nous semble exister, cependant, et pour en citer
quelques exemples, les races humaines de l'Amérique du sud et de la Nouvelle-Hollande,
ne sont-elles pas spéciales à ces continents, aussi bien que les Mammifères qui en sont
originaires? N'en est-il pas de môme pour le continent asiatique et pour l'Afrique aus-
trale? Nous ne faisons ici qu'énoncer ces principes, car leurs développements sont
hérissés de difRcultés ; ils n'exigent rien moins, on le concevra, que la détermination
exacte du nombre des races humaines éparpillées sur la surface du globe , problème dont
la solution n'a entraîné , jusqu Ici , de la part des anthropologistes , que des opinions
dJvergonles.
TRAVAUX INÉDITS. 5i
Glaréole au législateur liiinéen de la Tératologie , M. le professeur
Geoffroy Sain t-Hilaire fils.
1* Coua Serriana. Brune olivâtre sur les parties supérieures
du corps, celte espèce, qui a la taille du Coua Taitsou, à la gorge
noire et le thorax rouge bai, de même que la partie la plus supé-
rieure de l'abdomen. Les côtés de la région abdominale présen-
tent les mêmes teintes que le dessus du corps ; ses parties mé
dianes inférieures sont cendrées, ainsi que les couvertures
inférieures de la queue. Les pennes caudales sont bleu d'acier en
dessus , noires en dessous.
2® Coua Ileynaudii. Vert olivâtre en dessus, grise en dessous,
cette espèce est principalement caractérisée par la calotte rousse
qu'elle porte sur le dessus de la tête. Elle est de taille moindre
que la précédente et à ces différences s'en joignent d'autres dans
la forme du bec.
La dénomination générique que nous adoptons indique suffi-
samment que, comme M. G. R. Gray l'a déjà fait(l), nous pen-
sons qu'elle doit uniquement s'appliquer aux espèces de Coucou
à longs tarses originaires de Madagascar. Le Coucou de la Caro-
line étant le type du G. Coccyzus de Vieillot , et le bec s*y trou-
vant différemment conformé, nous pensons qu'on doit réintégrer
pour les espèces analogues le nom français de Coulicou. Mais de
plus , la forme en lame de conteau de la mandibule supérieure
du Coua Geoffroy , de M. Temminck, nous paraît de nature à
légitimer la création d'un genre à part que nous désignerons sous
le nom de Cultride , et l'espèce unique sous celui de Cultride
de Geoffroy {Cultrides Geoffroy i, n.), de sorte qu'il est peu de
genres dans la série ornithologique qui présentent autant de
différences déterminées par les différences d'habitat.
3° Glareola Geoffroy i. Sauf la Glareola Limbata de M. Rup-
pel , dont nous ne connaissons ni les caractères ni la patrie, la
Glaréole Geoffroy est bien distincte de toutes les espèces dont
M. Gray a récemment donné un synopsis (7). Noire sur la tête ,
brune avec reflets olivâtres sur le dessus du cou et le dos; grise
sur le thorax ; rougeâtre sur la partie supérieure et médiane de
l'abdomen , cette espèce est bien caractérisée , en outre , par une
ligne blanche, qui partant de la base du demi-bec supérieur s'ar-
(1) List of gênera of Bird» , 3«^ cdit.
(2) The gênera of Bifds, part, l, m«i 1R4».
52 REVUK ZOOLOGIQUE. ( Février 1845.)
réte à l'œil, pour se continuer ensuite, dans une petite étendue,
en arrière de cet organe.
40 Pyrrhula nana. Les parties supérieures sont brun couleur
de terre, la gorge noire, le dessous couleur de litharge, mais très-
effacée et les plumes du croupion et des couvertures supérieures
de la queue terminées par une zone de couleur olive à reflets
bronzés. Par sa taille , le Bouvreuil nain se rapproche des
petites espèces de la famille des Pyrrhulince , dont M. Swain-
sona fait le genre Spermophila.
Description d'une nouvelle espèce du genre Qarrulus; par
M. Hartlaub.
Cette espèce de Geai fut découverte dans l'Altaï par M. Èvers-
mann qui en tua six exemplaires, et qui lui a donné la dénomi-
nation systématique de Garrulus Brandi H, en Vhonneur de M. J.
G. Brandt, à Hambourg, marchand naturaliste bien renommé ,
qui m'a communiqué le bel exemplaire dudit oiseau dont je vous
livre la description.
Garrulus Brandtii, Eversm. — Dorso , tergo et tectricibus alae
minoribus pure canis, uropygii plumis nonnihil isabellinO tinc-
tis ; pileo toto , capitis lateribus colloque superiore et laterali lœte
et dilute cinnamomeis , frontis et verticis plumis, ut in G. glan-
dario, Iaxis, longiusculis , medio longitudinaliter nigris; stria
utrinquepone oris angulum infra oculum ducta larga caudaque
tota nigris ; rectricibus basi indistincte et interrupte griseo fas-
ciatis ; tectricibus caudae superioribus et inferioribus niveis; alis
ut in G. glandario pictis ; corpore subtus a gula ad subcaudales
usque in fundo cano dilute cinnamomeo lavato ; rostro nigro,
pedibus nigricante-fuscis. — StaturaG. glandarii. — Hab. Montes
Altai.
Les espèces du genre Garrulus (sensu strictiore) sout les sui-
vantes :
1. G. glandarius, L.
2. G. airicapillus , Is. Geoffr. St-Hilaire: Étud. zoolog. fas-
cic. IIL — Corvus stridens, Ehrenb. Symb. Physic. Av. dec. 1.
— G.melanocephalus , Gêné : Ann. de l'Acad. des Se. de Turin ,
vol. 37. — Habite la Syrie : Mont Liban. Jamais vu en Grèce ^
suivant V. D. Mûhle.
3. G. ^ri/nîcA;«, KaleniczenkorBullet. Mosc. 1839, p. 319. —
Habite le Caucasus , la Daurieet l'Ukraine.
TRAVAUX INÉDITS. 53
4. G. Brandtiij Eversm. — Habite rAltaV.
5. bispecularis ^ yig. — G. ornatus, T. E. Gray, Hardw., 11-
lustr. of Ind. Ornith. I. pi. 10, fig. 2 (?). — Habite rHimaluja.
6. G. îanceolatus, ^li^. — G. Fî^'orsiï, Gray, Hardw., Illustr.ï.
pi. 9. — Himalaja.
7. G. gulariSji. E. Gray, Hardw , lllustr. I., pi. 10. — On ne
connaît cette espèce que par la figure donnée dans les Illustra-
tions of Indian zoology, du général Hardwicke. Voici une descrip-
tion faite d'après ladite figure. - G. Supra vinaceo-cinerascens ,
subtuspallidior , in rosaceum vergens; pileo subcristato cœru-
lescente atro ; gula, colloantico pectoreque superiore nigricante-
griseis, maculis longitudinal ibus albis ; capitis lateribus nigris ;
scapularibus , tectricibusque minoribus nigris , majoribus remi-
gibusque primariis extus laete cœruleis , nigro fasciolatis , his
fascia mediana alba notatis; secundariis margine externo albidis
cauda ex lilacino cœrulea, nigro fasciolata ,apicepallida ,longa,
rostro caerulescente. — Long, circa 1 1" — Habite l'Inde.
8. G. albifronsj. E.' Gray, Hardw., lllustr. II, pi. 12.— Es-
pèce peu connue et indécrite. J'ajoute une description faite d'après
la figure citée * — G. pileo , collo , nucha corporeque subtus pal-
lide ferrugineo rufescentibus ; fronte*et superciliis albidis, rec-
tricibus pileo concoloribus, intermediis magis cinerascentibus ;
remigibus nigris , corpore superiore reliquo brunneo-rufescente ,
dorso maculis nonnullis longitudinalibus obscurioribus; rostro
brunneo, pedibus corneis. Long, circa 1 4" Hab. l'Inde : Cawnpore.
Nouvelle espèce de Bulime, décrite par M. Petit de la Saussaye.
Bulimus Caledonicus.Testdi ovato oblonga.crassaimperfora-
ta,epidermide olivaceo , aut rufescente-aurantia, longitudinaliter
rugosiuscula, transversius obsolète striata ; anfractibussenis, con-
vexo-depressis , infimo spiram superante ; spira conica , apice
obtusiuscula , sœpius decorticata; apertura augustata , sinuata ,
intus atro-purpurea ; peristomate crasso , eburneo ; labio reflexo,
adnato, superne uniplicato , infra septiformi ; labro extra com-
presso , superne valde emarginato, obtuso. Hab. la Nouvelle-Ca-
lédonie.
Cette espèce qui appartient au groupe dans lequel rentre
VAuricula auris bovinœ , est remarquable par les accidents de
l'ouverture qui , au premier aspect, donnent à cette coquille une
54 REVUE zooLOGiooE. {Février 1845.)
sorte de ressemblance avec quelques Auricules , et même avec le
genre Scarabus.
Cette coquille sera figurée incessamment dans le Magasin de
Zoologie.
Vues sur la classification des F'erSt par M. Lereboullet , doyen
de la Faculté des Sciences de Strasbourg.
Monsieur le prince de Canino a lu au congrès scientifique de
Milan le travail suivant , que son auteur lui avait adressé. Le
prince a bien voulu nous transmettre cet important mémoire ,
que M. Lereboullet destinait à la Revue Zoologique , et noua
aous empressons de le publier.
Les caractères qui seront à établir les types ou les divisions
primordiales des animaux doivent être généraux , c'est-à-dire
nets, tranchés, propres sans exception, à tous les êtres qui font
partie du groupe que l'on considère : telle est , pour les ver-
tébrés par exemple , la disposition du système nerveux qui four-
nit un caractère plus stable encore que l'existence du squelette,
puisque celui-ci finit par se dégrader au point d'être réduit à
une corde membraneuse. Si des animaux, dont la place est in-
certaine , présentent dune manière nette et distincte un carac-
tère qu'on aura reconnu pour être particulier à un type et
conséquemment fondamental, ces animaux devront faire par-^
iie de ce même type, quand bien même ils se rapprocheraient, par
quelques points de leur organisation , d'autres groupes de règne
animal. Je crois que ces principes sont admissibles et que per-
sonne n'en niera la valeur.
Le type des animaux articulés présente deux caractères géné-
raux , savoir :
1* La position extérieure des organes passifs du mouvement
qui sont , par suite de cette position même , segmentés et mis en
mouvement par des muscles situés à l'intérieur des anneaux ;
2* La composition et la situation du système nerveux.
La disposition du squelette tégumentaire et celle des muscles
qui en meuvent les parties , sont bien connues chez les articulés
proprement dits. Cette disposition n'est pas aussi facile à constater
chez les annélides ; du moins les auteurs qui ont décrit l'organi-
sation de ces animaux , n'ont pas exposé d'une manière assez
explicite l'arrangement des couches musculaires. Il s'agirait de
TRAVAUX INÉDITS. 55
vérifier si , dans les véritables annélides , les muscles forment
des faisceaux qui s'attachent ù chacun des segments du corps.
Cette disposition me paraît exister dans le Lombric terrestre,
d'après la description que donne M. Morren du système muscu-
laire de ce ver ; il est probable qu'elle existe aussi dans les autres
annélides-. Or, s'il en est ainsi , il faut considérer la peau mem-
braneuse de ces vers comme un squelette tégumentaire , tout
aussi bien que la peau cornée ou calcaire des articulés propre-
ment dits. Les annélides auraient donc avec Us articulés un
premier caractère commun , caractère que nous avons reconnu
comme fondamental.
Le système nerveux va nous offrir un autre caractère plus
important encore, parce qu'il est plus stable. Ce système exerce ,
comme chacun sait , la plus grande influence sur la vie des ani-
maux ; on sait aussi qu'il est sujet à peu de variations, et, c'est
pour cela même qu'il fournit un excellent caractère pour l'éta-
blissement des types. Voyez en effet ce qui a lieu dans les verté-
brés : toujours , chez ces animaux , les parties centrales du sys-
tème nerveux cérébro-spinal sont situées au-dessus du canal
alimentaire , sous la forme d'un cordon renfermé dans un canal
particulier ; cela se voit même chez les Ammocètes et lesMyxines,
ces poissons dont la forme rappelle tant celle des vers. Ce cordon
nerveux est symétrique, c'est-à-dire formé par la réunion, dans
le sens longitudinal, de deux moitiés semblables.
Chez les articulés , nous trouvons un autre arrangement : le
cordon nerveux principal est également symétrique , formé de
deux cordons plus ou moins confondus entre eux, et situé, comme
dans les vertébrés , sur la ligne médiane du corps ; mais ce cor-
don est ventral au lieu d'être dorsal, il est au-dessous du canal
alimentaire au lieu d'être au-dessus. (Je ne parle pas des gan-
glions qui l'interrompent de distance en distance et qui peuvent
devenir tellement petits qu'ils cessent, pour ainsi dire , d'être
distincts lorsque la segmentation du corps est en quelque sorte
infinie) (Lombric terrestre)» Eh bien , cette composition et cette
disposition du système nerveux, si constantes dans les animaux
articulés , existent aussi dans les annélides. Foilà donc un se-
cond caractère, la disposition du système nerveux , que les
annélides ont en commun avec les animaux articulés.
Ce second caractère joint au premier ne suftit-il pas pour faire
56 REVUE zooLOGiQDE. {Février iSib. )
regarder les annélides comme de vrais articulés ? Comment ?
nous établissons un type , nous lui donnons pour signes distinc-
tifs un squelette tégumentaire ou extérieur et un système ner-
veux ganglionnaire sous-abdominal, et nous exclurions de ce
type des animaux qui nous présentent les mêmes signes distinc-
tifs ? et sur quoi motivera-t-on cette exclusion ? sur l'absence
de membres articulés ? sur l'existence d'une peau membraneuse?
sur la composition de l'appareil circulatoire ? sur la forme du
corps ? — Ne voit-on pas que ce sont là des caractères d'un
ordre , et qu'au milieu de cette diversité d'organisation , il y a
un fait , un grand fait qui persiste : la double chaîne nerveuse
sous-abdominale ?'
Nous nous Croyons donc en droit de déduire des réflexions qui
précèdent cette première conclusion : Les annélides sont de véri-
tables articulés ; elles tiennent à ce grand embranchement par
tes caractères généraux qui le distinguent des autres types; on
ne saurait les en séparer sans s'écarter des principes qui font
la base des classifications naturelles,
11 nous reste à examiner maintenant s'il existe encore d'autre»
animaux vermifôrmes qu'on doive réunir aux annélides. Les^
Nématoïdes, lesNémertes et d'autres vers, classés jusqu'ici parmi
les intestinaux, formeront-ils avec les annélides un groupe parti-
culier ?'
Au premier abord , la question paraît facile à décider, si l'on
a égard aux caractères généraux énoncés plus haut. Il suffit , en
effet, de rechercher si ces vers ont les muscles disposés comme
ceux des annélides et si leur système nerveux consiste également
en un cordon sous-abdominal plus ou moins noueux.
Pour ce qui est du premier de ces caractères , je ne crois pas
qu'on puisse rien dire de positif dans l'état actuel de la science.
J'ignore s'il est bien constaté que les Nématoïdes, par exemple,
aient des faisceaux musculaires attachés de distance en distance
sous les anneaux du corps , et si , par conséquent , la peau joue
ici le rôle d'organe passif du mouvement et doit être considérée
comme un squelette. Si cette similitude d'organisation existait,
il ne faudrait pas trop se hâter de conclure à une communauté
de type , surtout si nous trouvions des caractères différentiels
plus importans. Or, ces caractères nous les trouvons précisément
4ans une disposition différente du système nerveux. Je ne citerai
TRAVADX INÉDITS. 57
pour exemple que les Pentastomes et \esNemertes ( 12* livraison
des zooph. du R. animal); dans ces deux vers , le système nerveux:
forme deux cordons parallèles qui partent chacun d'un gan-
glion sus-œsophagien et régnent sur les cotés du corps. Ici
la symétrie existe encore , mais les filets nerveux sont simples,
au lieu d'être noueux ; ils sont séparés , au lieu d'être réunis ;
t75 sont disposés sur les parties latérales , au lieu d'occuper la
ligne médiane et inférieure du corps. C'est là un plan différent ,
les animaux qui le présentent ne sauraient être confondus avec
les annélides. Ce plan de composition du système nerveux est
aussi celui qu'on a trouvé dans les Distomes et d'autres Trématodes.
Nous pouvons donc déduire cette seconde conclusion : Jl n'est
pas encore démontré qu'on doive réunir aux annélides certains
vers classés jusqu'ici parmi les intestinaux : la disposition
qu'affecte le système nerveucc chez ces vers ne permet pas cette
réunion.
Voyez maintenant ce qui arriverait , si l'on réunissait en un
«eul groupe les annélides et les vers dont il est ici question.
Quels caractères généraux donnera-t-on à ce groupe? On n'en
trouvera ni dans la disposition du système nerveux, ni dans celle
des téguments , encore moins dans les organes des fonctions de
nutrition. Que sera dès lors un groupe auquel vous ne pourrez as-
signer d'autre caractère général que la forme du corps? ce groupe
incohérent sera composé d'animaux qui se rattacheront, d'une
part , aux articulés , par leur cordon nerveux sous- abdominal , de
l'autre , aux entozoaires parleur système nerveux bilatéral. Mais ,
dira-t-on , la forme allongée et annelée du corps est suffisante
pour caractériser ces vers. C'est là précisément un point de vue
erroné que je ne saurais admettre. La forme est un caractère
trompeur, parce qu'il est trop large et trop exclusif. C'est la con-
sidération de ce caractère qui égarait Linné quand il plaçait les
Cétacés parmi les poissons ; c'est ce caractère superficiel qui
trompe tous les jours le vulgaire quand il prend les Ammocètes
pour des vers , certaines Couleuvres pour des Anguilles, etc. La
forme générale du corps donne quelquefois un excellent carac-
tère quand il s'agit d'établir de grandes coupes : celle des ani-
maux rayonnes , par exemple , et celle des animaux symétrique»
ou binaires ; mais elle est insuffisante, le plus souvent , quand il
s'agit de subdiviser ces coupes primordiales. A'ous remarquerez
58 REVDE ZOOLOGIQUE. (Février 1845.)
d'ailleurs que le système nerveux , quand il existe , répète la
forme du corps : il est circulaire dans les animaux rayonnes, il
est binaire dans les animaux symétriques. Mais , dans ces derniers ,
le système nerveux , toujours binaire , peut varier dans sa dispo-
sition sans que la forme générale du corps traduise au dehors ces
variations : ainsi les myriapodes , les annélides , les vers , ont la
même forme générale , tandis que leur système nerveux est réuni
en un seul cordon dans les uns , séparé en deux cordons dans
les autres. Enfin il ne faut pas oublier, et cela ressort déjà de ce
que j'ai dit plus haut , que les mêmes formes se répètent quelque-
fois dans des types essentiellement distincts (Ammocètes , Myxi-
mes, Cétacés , etc.) 11 faut donc renoncer, sous peine de retomber
dans les défauts des classifications artificielles , à employer la
forme du corps comme caractère général et exclusif.
Si Ton persiste à réunir en un seul groupe tous les animaux
vermiformes ; si Ton continue , comme on l'a déjà fait dans quel-
ques ouvrages classiques, à mettre en commun Annélides, Néma-
toïdes, Némcrtes , Échiures , etc., je ne crains pas de dire qu'on
tombera dans un véritable chaos , en rompant tous les liens de la
méthode naturelle.
Telles sont les considérations que je crois devoir présenter et
soumettre aux réflexions des zoologistes ; elles se résument en
deux propositions :
1° Les annélides ne doivent pas être séparées des animaux arti-
culés, puisqu'elles ont en commun avec* ces animaux : — a) un
système nerveux sous-abdominal occupant la ligne médiane du
corps et formé de deux cordons réunis ; — b) le corps divisé en seg-
ments distincts, mis en mouvement par des muscles qui ont leurs
points d'attache en dedans de ces mêmes segments.
2° Les animaux vermiformes autres que les annélides , chez
lesquels le système nerveux est binaire et consiste en deux cor-
dons séparés et situés le long des parties latérales du corps , ne
doivent pas être réunis aux annélides ; ils constituent un groupe
différent , ils appartiennent à.un type autre que celui des articu-
lés , mais dans lequel on voit se répéter certaines formes parti-
culières à ce dernier type.
ANALYSES D OUVRAGES NODVBAUX. 59
H. ANALYSES D'OUVRAGES NOUVEAUX.
Voyage autour du monde sur la frégate la Fénus, Physique , par
M. DE Tessan , ingénieur hydrographe.
Cinq volumes d'observations de physique sont dus à cet habile
géomètre, mais dans le cinquième se trouvent quelques obser-
vations de zoologie, que nous rapportons ici avec d'autant plus
d'empressement qu'elles se trouvent dans un ouvrage que les
toologistes n'auront peut-être jamais l'idée ou l'occasion de
compulser.
Au Gallao et Lima l'auteur, étant dans un canot, a va un
poisson volant battre d'abord des ailes et les faire vibrer ensuite
en planant, il décrivit une courbe à l'avant du canot , peut-être
la queue vibrait-elle aussi, mais l'auteur n'en est pas certain;
cette observation est contraire à l'opinion reçue , qui n'admet
les ailes du poisson volant , que comme faisant les fonctions de
parachute. '
Au Kamschatka : un énorme nid placé à trois à quatre mètres
du sol sur un arbre, ayant attiré Tattention, on reconnut qu'il
était formé de branches souvent aussi grosses que le bras ; les
habitants interrogés , répondirent que c'était un nid d'ours ;
peut-être la rigueur du climat, qui ne permet pas de creuser des
cavernes , a-t-elle forcé ces animaux à ce m|)de de demeure. A
Monterey, on vit un jeune ours privé allaité par une chienne
quatre fois plus petite que lui , et comme il ne trouvait pas
toujours le lait qu'il désirait, il maltraitait fort sa nourrice qui
n'opposait aucune défense.
Iles Charles aux Gallapagos ; sur les roches de la côte existe
une espèce d'Iguane, de 0™. 5 c. de longueur, et que l'on peut
considérer comme amphibie d'eau salée , car quand ces sauriens
sont effrayés ils sautent à l'eau et se cachent sous les roches ;
(cette observation est très-extraordinaire : ne serait-ce pas
quelque espèce de Triton ou genres voisins)? l'auteur dit n'avoir
retrouvé cet animal en aucun autre endroit.
Yol des oiseaux : l'auteur ayant eu si souvent occasion d'ob-
server les albatros et autres oiseaux qui s'éloignent à de si
grandes distances de terre, en est venu à regarder la théorie du
vol , donnée par Cuvier, comme tout à fait fausse, et il en doit
être ainsi quand l'on considère que Navier , malgré toutes les atté-
60 REVUE zooLOGiQOE. {Février 1845.)
nuations qu'il apporte à son propre calcul , atténuations qui
réduisent l'effet trouvé au dixième de ce qu'il devrait être,
admet encore que la force musculaire nécessaire à l'hirondelle
pour voler est égale à la force musculaire d'un homme. En
appliquant les calculs de ce minimum de Navier, au vol d'un
albatros, eu égard à son poids et à son envergure il faudrait,
pour Je faire mouvoir , une force égale à celle de 150 chevaux
de vapeur m L'auteur donne ensuite le poids d'un albatros qui
était de 9 kilog. et la mesure très-exacte de toutes les parties ,
pour aider les personnes qui voudraient s'occuper d'une nou-
velle théorie ; voici , quant à lui , l'idée qu'il émet ; quand les
albatros volent, les ailes parfaitement roides et un peu concaves
en dessous, font tout à fait l'effet d'une voile offerte au vent,
par la tranche , il est probable que la simple inclinaison à droite,
à gauche, par l'articulation humérale, suffit pour diriger l'oiseau
en haut , en bas, à droite ou à gauche ; tous les deux , trois ou
cinq minutes , l'oiseau donne un coup d'aile ,'mais ce coup, loin
de servir à le faire avancer, doit seulement être considéré
comme un moment de repos pour les muscles pectoraux qui
tiennent l'aile tendue , pour s'opposer à l'effort de l'air qui tend
toujours à les rejeter sur le dos de l'oiseau , dans ce moment
l'aile de concave devient sinueuse et le bout se relève un peu ;
la partie postérieure de l'aile , quand elle est tendue , est agitée
d'un mouvement de vibration très-léger, mais qui, peut-être ,
n'est que l'effet de la résistance de l'air ; cependant c'est dans ce
mouvement que l'auteur pense que l'on doit chercher la solu-
tion de la théorie du vol, qui ne serait alors qu'une direction,
puisque la résistance de l'air seul suffirait pour porter l'oiseau ,
comme on le voit pour un cerf- volant; à l'appui de cette idée ,
il fait remarquer que les albatros ne peuvent s'élever du pont
d'un navire où ils sont posés , et même de dessus l'eau en temps
calme ; que, dans les temps ordinaires, quand ils veulent prendre
leur vol, ils se présentent debout au vent les ailes étendues,
jusqu'à ce qu'ils se trouvent au sommet d'une vague, qui au
moment où elle les abandonne, les laisse en l'air et leur permet
de s'élever (voir pour plus de détail tout ce passage, page 108 et
suiv., et d'autres indiquées à la table).
Parmi les observations thermomélriques , nous trouvons les
suivantes qui sont d'un véritable intérêt pour la zoologie.
ANALYSES d'oUVRAGES NOCVEAUX. 61
Température du cœur d'un Thon. 190,0. Tempér. de l'eau à la surface 180,8.
— - 170,3. 150,0.
d'un Pétrel de grande espèce 38*, 3.
-^-^ du cœur d'un Requin 290,0. eau à la surface 270,0.
Le cœur de ce requin, mis à sec dans un vase de porcelaine,
a battu encore 2 heures 30 minutes , dans les premiers moment»
les contractions se succédaient à 5" 6 , puis elles se sont ralentie»
pour cesser enfin complètement.
Tempér. du cœur d'un Requin commun, femelle 3io,o 1 ^^^ ^ j^ surface 27* 8.
— — à peau bleue, mâle. 290,0 j '
— — d'un jeune marsouin 370,0 eau à la surface 110,0.
— — de plusieurs marsouins 360,0 eau à la surface 160,3.
On voit par le peu que nous citons, que les zoologistes trou-
veront un grand avantage à consulter ce volume; indépen-
damment de ce qu^il renferme du plus haut intérêt pour les
jsciences physiques. A. P.
BÏAMMiFÈKES , classification parallélique de M. I. Geoffroy
Saint-Hilaire , d'après laquelle sont rangés les mammifères dans
les galeries du Muséum d'histoire naturelle. Tableau dressé en
1837, et retouché pour l'addition des genres nouveaux en 1845,
par M. J. Payer.
Nous avons déjà exposé la méthode parallélique de M. I.
Geoffroy Saint-Hilaire dans cette Revue, 1838, p. 217 à 221. Son
auteur n'y a rien changé depuis cette époque, il l'a suivie dans
ses cours , si goûtés du public savant , et c'est pour répondre au
voeu des nombreux audi.teurs de M. I. Geoffroy Saint-Hilaire ,
que l'un d'eux, M. Payer, a eu l'idée de publier le tableau com-
plet que nous annonçons aujourd'hui.
Ce tableau sera très-utile , non-seulement aux personnes qui
suivent le cours de M. I. Geoffroy Saint-Hilaire, mais surtout
aux savants de tous les pays qui ne peuvent profiter de cet avan-
tage , aux professeurs des facultés des sciences , ajix voyageurs
qui veulent avoir une idée précise des objets qu'ils recueillent ,
sans être obligés d'emporter une bibliothèque complète, etc., etc^
On doit donc des remercîments à M. Payer, pour avoir publié
cet utile tableau. (G. M.)
62 RRVCE zooLOGii^OK. {Février 1845.)
<•
Observations sur un Mémoire de M. Nicolcty concernant les
PODURELLKS, par M. l'abbé Bourlet.
Les Podurelles sont peut-être de tous les Insectes les plus
difficiles à étudier, tant sous le rapport de l'organisation que
BOUS celui des mœurs. Leur exiguïté , la mollesse de leur corps ,
que la mort ne tarde pas à déformer et à rendre méconnaissable,
les variations de taille et de couleur dans les mêmes espèces ,
les anomalies dont quelques-unes sont affectées , leur vie presque
toujours solitaire et cachée , hérissent à chaque pas cette étude
des plus grandes difficultés. J'ai consacré plusieurs années à l'ob
servation de ces insectes , et , bien que j'aie borné mes travaux à
leur organisation extérieure et à quelques recherches sur leurs
habitudes, je sais combien les quelques notions que j'ai obtenues
à cet égard m'ont coûté de peine et de temps. C'est que je suis
convaincu qu'en histoire naturelle surtout, aucun fait ne doit être
avancé qu'il ne soit rigoureusement exact et ne puisse être faci-
lement constaté, Fitam impenderevero , telle doit être la devise
de tout naturaliste consciencieux. Guidé par ce principe, j'ai re-
noncé à décrire les organes internes des Podurelles, lorsqu'après
beaucoup d'essais infructueux , beaucoup de temps perdu , après
m'être aidé des meilleurs instruments et avoir employé les
moyens les plus propres à assurer le succès de mes observations,
je reconnus l'impossibilité de débrouiller cette abstruse et im-
perceptible organisation. Grande fut donc ma surprise quand je
lus les découvertes anatomiques publiées sur les Podurelles, par
M. Nicolet. Me défiant de moi-même , craignant d'avoir manqué
de 'persévérance ou des moyens nécessaires pour réussir, stimulé
par l'espoir de découvrir enfin quelques-uns de ces organes si
bien vus par M. Nicolet, je repris le microscope, et longtemps
je me fatiguai la vue, variant de mille manières mes observations
et mes procédés ; eh bien , si j'en excepte l'oviparisme des Podu-
relles, désormais positivement constaté, les organes buccaux ,
un peu mieux aperçus , et quelques autres particularités peu in-
téressantes, cette fois encore mes efforts furent vains. A la vérité
j'ai bien aperçu quelque chose qu'on pourrait prendre pour un
tube digestif, quelque autre chose ressemblant un peu à des
filets nerveux , certains autres filets qu'on pourrait supposer être
des trachées , sur l'épiderme quelques dépressions irrégulières
ne ressemblant guère à des stigmates, etc., mais aucune de ces
ANALYSES d'OOVRAGES NOOVEAnX. 6S
chosef ne se présente, je dois le dire , avec assez de netiece ec
de précision pour pouvoir être décrite d'une manière exacte , à
moins que l'esprit ne supplée par l'analogie à ce que l'œil ne voit
pas. A quoi dois-je imputer ce fâcheux résultat? Si j'étais étran-
ger à l'étude des Podurelles, ou novice dans l'art de manier le mi-
croscope , si j'avais été avare de temps et de patience , avec la
même franchise qui me fait avouer ici mon insuccès, je confes-
serais que je ne dois m'en prendre qu'à mon inhabileté. Ne pou-
vant en conscience faire un pareil aveu , mais n'étant pas obligé
non plus d'en croire sur ^iàrole M. lSico\et(t estis unus , iesiis
nullus)y d'un autre côté ne voulant pas mettre en dénégation
ses découvertes , je prends un parti qui , je l'espère , ne lui dé-
plaira pas, celui d'en appeler au jugement des ^entomologistes ,
de ceux surtout qu'une longue habitude a familiarisés avec les
observations microscopiques. Si M.Nicolet a foi dans les siennes,
non-seulement il ne se formalisera pas de l'examen vérificatif
que je propose, mais il le'provoquera lui-même, comme pouvant
seul imprimer aux faits observés par lui ce caractère et cette
sanction dont ils ont besoin pour être associés au domaine de la
science.
Quanta sa classification spécifique, c'est autre chose. Après un
assez grand nombre d'années spécialement consacrées par moi à
la recherche et à la détermination des coupes génériques et des
espèces de cette famille , je crois être à même de juger de la légi-
timité de celles créées par M. Nicolet.
Il y a longtemps que l'avertissement en a été donné par plu-
sieurs bons esprits ; la manie de multiplier les espèces sans raison
et sans mesure ne peut manquer, si elle n'est réprimée , de jeter
la confusion dans les sciences naturelles. Bientôt, en effet, cet
abus continuant , ces sciences ne se présenteront plus que comme
un immense océan où Ton ne trouvera ni fond , ni rive , et sur
lequel le plus intrépide naturaliste ne se hasardera plus qu'en
tremblant. Le seul moyen d'arrêter ce désordre , c'est de s'atta-
cher désormais à restreindre le plus possible le nombre des es-
pèces , en soumettant à un examen sévère toutes celles créées jus-
qu'ici , et de n'en admettre de nouvelles qu'après leur avoir fait
subir la même épreuve. Dût- on s'exposer par là à en confondre
plusieurs en une seule , le mal serait moins grave , à mon avis ,
que le défaut contraire , ce défaut pouvant entraîner dans de
64 REVUE zooLOGiQDE. ( Févricf 1845.)
dangereuses méprises , et compromettre la science, notamment
quand il s'agit d'Insectes aussi exigus et aussi variables que les
Podurelles. Véritables protées pendant leur jeunesse , ce n'est
que dans Tâge adulte que les caractères spécifiques de ces in-
sectes se révèlent , se trouvent fixés et peuvent être saisis et dé-
crits.avec certitude. Il faut donc , avant tout, lorsqu'on veut dé-
crire et classer une Podurelle , s'assurer qu'elle est entrée dans
la seconde période de sa vie. Mais la détermination de cette épo-
que offre elle-même d'assez grandes difficultés. L'âge adulte est
caractérisé chez les Podurelles par la cessation de la mue : mais
comment s'assurer qu'elles ont cessé d'être soumises à ce phéno-
mène? Nul autre moyen , je pense , que celui que j'ai employé :
il faut que l'insecte, recueilli le plus jeune possible, ait été élevé,
pour ainsi dire, sous les yeux de l'observateur ; de cette ma-
nière on a pu en étudier toutes les variations, et les suivre jus-
qu'à l'époque où on les a vues cesser avec le phénomène qui les
occasionnait. J'ajouterai qu'il faut en outre tenir compte de cer-
taines influences , telles que celles qui résultent des localités et
des saisons. VJEtheocerus rufeseens, par exemple , est plus velu
et plus brun l'hiver que l'été ; le Podura cursitans peut se trou-
ver sur les murs, dans les maisons , sous l'écorce, sous le feuil-
lage des arbres, sur les champignons, dans les lieux secs, dans
les lieux humides, etc. Sa coloration est différente suivant ces
différentes stations. Aussi cette espèce est-elle si variable qu'à
moins qu'elle ne soit adulte , on n'en rencontre jamais deux in-
dividus exactement semblables. On ne doit donc pas s'étonner
que M. Nicolet en ait fait onze. On verra que c'est ce qui lui est
arrivé pour bien d'autres.
Maintenant je vais indiquer quelques-unes des observations
anatomiques de M. Nicolet, sur lesquelles j'appellerai l'attention
des entomologistes. Je passerai ensuite à l'examen de ses
espèces.
OEufs. M. Nicolet a vu les OEufs des Podurelles composés des
parties suivantes : 1 . La vésicule germinative. 2. Le jaune. 3. La
membrane du jaune. 4. L'albumen. 5. La membrane du blanc.
6. L'enveloppe externe, laquelle est elle-même composée de deux
membranes. Parmi ces OEufs il en est de lisses , de pointillés, de
réticulés, d'épineux, de velus. La matière constitutive du jaune
est composée de petits corps globuleux, qui sont des cellules em-
ANALYSES d'oUVKAGES NOUVKAUX. 65
bryonales dont le centre est occupé par une vésicule blanche , le
nucleus , autour duquel sont répandus les corpuscules nutritifs.
Pag. 18 etsuiv.
Téguments. La peau des Podurelles est composée de trois cou-
ches : répiderme. la muqueuse et le derme. L'épiderme est percé
d^une infinité de trous tantôt ronds, tantôt carrés. Pag, 22.
Yeux. Les yeux sont situés sur des plaques composées de deux
membranes , entre lesquelles se trouve une bouillie noire et
épaisse, et dont la supérieure est percée d'une infinité de pores
rangés par compartiments. Pag. 28.
Système nerveux. Ce système se présente sous la forme d'un
double cordon médullaire qui s'étend depuis la tête jusqu'à l'ab-
domen et se termine par un ganglion ovoïde duquel partent trois
autres cordons, dont l'un se rend en ligne droite à l'extrémité
postérieure du corps ^ et les deux autres, obliquant à droite et à
gauche, se perdent dans le premier segment abdominal. Il y a
trois autres ganglions, dont l'un correspond au thorax, et les
deux autres constituent le cerveau, et portent les nerfs optiques
et les nerfs antennaires. Pag. 44.
Organes digestifs. Le tube digestif se compose de l'œsophage j
du jabot, du ventricule chilifique (1), des vaisseaux hépatiques,
de l'intestin grêle et du cœcum. Suit la description de chacune,
de ces parties. Pag. 46.
Organes respiratoires et circulatoires. Les Podurelles ont huit
stigmates placés sur les quatre premiers arceaux de l'abdomen.
Les trois premiers segments portent en outre chacun quatre
points enfoncés, que M. Nicolet présume être des ouvertures
trachéennes , ce qui porterait à vingt le nombre des stigmates des
Podurelles. Pag. 47.
M. Nicolet a vu les trachées de ces insectes, leur forme, leur
position , leurs ramifications. 11 a vu également, non-seulement
la circulation du sang , mais la composition de ce fluide lui-
même, dans lequel il a observé des globules tantôt gros et sphé-
riques , tantôt ovoïdes et comprimés, etc. Le mouvement du sang
se manifeste par celui de ces globules , et s'opère par pulsations
en partant de la tête : il en a compté jusqu'à cent soixante par
minute. Vient ensuite la description du vaisseau dorsal des
Podurelles, que l'auteur a vu composé de neuf cellules^ séparées
(i) M. Nicolet écrit partout chtlifére.
Tome YlII. Année 18^5. 5
66 REVUE ZOOLOGIQUE. [Février 1845. )
par des valvules : les ouvertures latérales lui ont échappé, mais
il ne doute pas qu'elles n'existent. Ibid.
Inutile de répéter que j'ai eu le malheur de ne pas voir, ou de
ne voir que fort confusément toutes ces choses. Mais je ferai re-
marquer, 1* que si les Podurelles portaient quatre stigmates sur
chacun des trois premiers segments , comme le pense l'auteur,
cela serait contraire à la loi générale , chaque segment n'ayant
jamais chez les insectes plus de deux de ces ouvertures ; 2® que
l'auteur, en faisant mouvoir le sang de la tête vers l'extrémité
postérieure du corps , est en contradiction avec tous les entomo-
logistes qui ont observé le vaisseau dorsal des insectes, et entre
autres, avec M. Lacordaire {Introduction à l'entomologie , t. 2,
pag. 72). D'après cet auteur, le sang circule d'arrière en avant,
en passant de la cavité abdominale dans la première cellule pos-
térieure , et de celle-ci successivement dans les suivantes. Du
reste, il est extrêmement remarquable que tout ce que dit
M, Nicolet des organes internes ainsi que de plusieurs des parties
externes des Podurelles, offre jusque dans les termes une identité
frappante avec les descriptions que donne de ces mêmes organes
pour les insectes en général , M. Lacordaire dans l'ouvrage pré-
cité, au point qu'on serait porté à penser que les descriptions de
M. Nicolet ont pu tout aussi bien être calquées sur celles de
M. Lacordaire , que tracées d'après nature. C'est une idée qui ne
peut manquer de se présenter à tous ceux qui compareront atten-
tivement les unes et les autres.
Espèces établies par M. Nicolet. La plupart de ces espèces ont
été formées , ainsi que je l'ai dit, sur les variations de taille , de
couleur, de faciès , que présentent les Podurelles dans leur jeu-
nesse, variations multipliées dans certaines espèces presque à
l'infini , et qui , disparaissant dans l'âge adulte , ne sauraient
constituer de véritables caractères spécifiques. C'est de quoi
pourra se convaincre M. Nicolet s'il continue d'étudier les Podu-
relles; il ne tardera pas à reconnaître qu'avec de pareils carac-
tères, il pourrait facilement doubler, quadrupler, multiplier à
volonté le nombre des espèces. Cette méprise, du reste, ne
m'étonne pas ; moi-même je l'avais d'abord partagée ; mais m'en
étant aperçu à temps, je réformai la plus grande partie de mes
espèces, et, quoique celles que j'ai données dans mon premier
mémoire (en 1839) me parussent alors dûment constatées, on
ANALYSES d'OUVRAGES NOUVEAUX, 67
peut voir que j'en ai encore supprimé plusieurs dans mon second
mémoire (1) (en 1842). Je me bornerai ici à indiquer celles de
mes espèces auxquelles se rapportent celles de M. Nicolet.
AcHORUTES. A. Tuberculatus, esp. n.
Anarophorus. a. fimetarius (2). — Adicranus fimetarius y
Bourlet. A. laricis. — Adicranus corticinus , Bourl.
PoDURA. P. aquatica, — Hypogastrura aquatica, Bourl.
P. similata^ — Hypogastrura murorum, jeune, Bourl. P.
cyanocephala., — la même, jeune. — P. cellaris, — la même. —
P. armala, — Podura palustris, Bourl. — P. rufescens,—
ff ijpo g astrur a aquatica , jeune, Bourl (3).
Desoria. D. glacialis, esp. n. voisine de la Podura arborea,
Bourl./?, virescens, — Podura trifasciata, Bourl. D. tigrina^
— la même. D. fulvomaculata , — Podura bifasciata, Bourl.
J). cinerea, — Podura nivalis, Bourl. D. cylindricay — Podura
villosa, Bourl. D. viaiica^ — la même. D. pallida, — la même.
/?. ebriosa, — la même. D. annulât a , Podura annulata,
Bourl. D. riparia, — Podura palustris^ Bourl. D. fusca, la
même plus petite.
Cyphodéirus. C. capucinus , — Lepidocyrtus curvicollis,
jeune, Bourl. C. gibbulus, — le même, plus petit, jeune. C.
Iignorum,\e même. C. pusillus, le même. C. ceneus , le même,
un peu plus âgé. C, agilis y le même, d'une teinte brune, due à
rage ou à la localité. C. parvuluSy la même. C, Albinos,-^
Lepidocyrtus argentatus,^m\.
ToMOCERus. T. plumbeus, — Macrotomu plumbea. (Cette
espèce ne contourne pas ses antennes en spirale , comme le dit
(1) C'est à quoi n'a pas fait attention M. Lucas, qui, dans le compte qu'il a rendu de ce
dernier ouvrage (Annales de la société Entomologique de France, 1843, 3* et W tri-
mestres), a réuni toutes les espèces des deux mémoires. J'avertis que je ne reconnais que
les espèces décrites dans mon mémoire de 1842.
(2) M. Nicolet dit avoir compté vingt-huit yeux dans cette espèce : je n'ai pu en décou-
vrir un seul.
(3) C'est en tête de mon genre Hypogastrura que vient se placer VAchorutes Incla-
nensisdc M. Waga, espèce extrcmeineiit remarquable, très-distincte, longuement et fort
bien décrite par l'auteur, et dont j'ai tracé ainsi qu'il suit les caractères diagnostiques, sur
deux individus qui m'ont été envoyés vivants par H. Guérin-Méneville. en septembre 1843 :
2-3 mill. corpore nigro, tarsis albis, caudœ dentibus albidis, pilis albis , oculis nullis.
Même couleur et même forme que VUypog. murorum, mais beaucoup plus grande, nolr«
«n dessus, blanch^lilre en dessous, tarses et poils blancs, dents de la fourche blanchâtres,
un peu plus longues que dans les autres espèces, quelques crénelures à l'extrémité supé-
rieure de l'abdomeu, pas d'yeux visibles.
M. Waga dit que cette espèce est cendré-hleuàtre en dessus. Les individus que j'ai exa-
minés . et qui étaient adultes, étaient noirs en dessus , absolument de la même couleur
ijue YHyp. tnurorum , ce qui indiquerait que cette espèce passe , avec l'âge , du cendré-
bl«uùtrc au noir.
(j8 revue zoologiqde, (Février 1845.)
M. Nicolet ; cette faculté n'appartient qu'à l'espèce que, pour
cette raison, j'ai nommée Spiricornis.) T. celer ^ le même plus
jeune.
Degecru. Les onze prétendues espèces de ce genre appartien-
nent toutes à mon espèce Podura cursitans, laquelle, ainsi que je
l'ai dit plus haut, varie de mille manières dans sa jeunesse.
« Cette espèce, ai-je dit dans mon second mémoire sur les Podu-
relles , varie beaucoup, et pour le fond de la couleur, et pour le
nombre , la forme et la disposition des taches : elle est le plus
souvent d'un fauve pâle, quelquefois d'un gris violet, d'un gris
rougeâtre ou jaunâtre. * La. Podura ct^mfans diffère considéra-
blement de ses congénères, mais pas assez pourtant, selon moi,
pour nécessiter la formation d'un nouveau genre , n'étant
réellement distinguée des autres Podura, Bourl., que par ses
antennes plus longues, sa tète plus petite, son corps fusiforme ,
le plus grand développement du quatrième segment abdominal ,
et sa couleur. J'avais cru d'abord pouvoir distinguer quatre ou
cinq variétés de cette espèce ; mais je me suis assuré que les diffé-
rences , dues seulement à l'âge , aux localités , ou à d'autres cir-
constances fortuites, se rapprochent et se confondent de manière
à ne laisser entre elles aucune limite caractéristique bien
marquée.
Orchesella. O. melanocephala , — Mthescerus rufescens^
Bourl. O. villosa^ la même, un peu plus brune et plus velue*
O. fasCuosa, — Mtheocerus pulchricornis , Bourl. O. unifas-
data, — jEtheocerus cinctus, Bourl. 0, sylvdtica, — Mihto-
cerus rufescens, Bourl. Quand les taches sont plus grandes et
plus intenses , alors elles paraissent constituer le fond de la robo
de l'insecte, et le jaune former les taches. O, bifasciata, —
mtheocerus cinctus^ Bourl.
Sminthurus. s, signatuSj — Dicyrtoma dorsimaculata , va-
riété, Bourl. S,oblonguSy esp. n.*! S.viridis, — Sminthurus
mndî5, Bourl. S, fuscus, — Dicyrtoma atropurpurea, Bourl.
S. arnatus , — autre variété du Dicyrtoma dorsimaculata. S.
Couloniiy — le même. l'abbé Boublet.
Douai, 23 janvier 1845.
SOCIÉTÉS SAVANTES. 69
m. SOCIÉTÉS SAVAIVTES.
Académie royale des sciences de Paris.
Séance du 3 février t845. — M. Milne Edwards lit un mé-
moire ayant pour titre : Recherches zoologiques faites pendant
un voyage sur les côtes de Sicile.
Nous n'entreprendrons pas d'analyser ce travail qui occupe
17 pages in-4'^ du compte-rendu, mais nous profiterons de l'ar-
ticle qu'un anatomiste très-instruit, M. le docteur Théophile Rous-
sel , a publié à son sujet pour faire connaître les tendances d«
ce travail et sa véritable valeur scientifique.
< Encore le phlébentérisme ! nous pensiops en avoir fini pour
longtemps avec cette théorie, nous pourrions dire avec cette illu-
sion zoologique ; nous nous trompions. Nous avions demandé des
faits et des preuves; c'est enfin avec des faits et des preuves
qu'elle vient de reparaître devant l'Académie ; mais ce n'est déjà
plus le phlébentérisme tel que nous l'avons présenté , tel que
nous l'avons critiqué : c'est un phlébentérisme aux proportions
plus exigujës, aux traits plus radoucis , ne heurtant plus de front
la philosophie zoologique , cherchant à s'accommoder avec les
idées admises et s'appuyant même sur l'autorité de Cuvier. On
pourrait même dire que ce n'est plus le phlébentérisme , car ce
mot lui-même est évité avec le soin que mettrait un théologien
suspect à ne point prononcer une parole hérétique.
» Pour nous cependant il y a un lien manifeste et intime entre
les faits et les théories que M. Milne Edwards a exposés hier à
l'Académie et les faits et les théories combattus par M. Souleyet.
Ceux-ci ne sont qu'une conséquence, une exagération de ceux-là,
et les uns sont solidaires des autres. Ce qui le prouve, c'est l'em-
pressement même avec lequel le savant académicien est monté
sur la brèche pour relever un étendard renversé et pour
une cause qui était en partie la sienne. Nous le félicitons d'avoir^
porté le débat sur le terrain que nous avons indiqué comme le
seul où il soit aujourd'hui possible de combattre , le terrain des
faits; d'être arrivé avec des pièces anatomiques et des dessins
représentant fidèlement la nature. Ce sont là les véritables élé-
ments de la discussion ; nous les avons examinés avec le soin
qu'ils méritent , et nous dirons franchement ce qu'ils nous pa-
raissent établir ; mais auparavant nous pouvons affirmer qu'ils
70 REVUE ZOOLOGIQUE. {Février 1845.)
ne changent rien à ce que nous avancions dans notre dernier
article , qu'ils n'ébranlent aucune des observations de M. Sou-
leyet , qu'ils ne confirment aucune des assertions de M. de Qua-
trefages. Au reste , cela ne pouvait être autrement, puisque les
recherches de M. Milne Edwards portent sur des Mollusques
différents de ceux qui ont été étudiés par ces deux naturalistes.
Au point où la question est parvenue, il est très-essentiel de dis-
tinguer deux choses : les faits , et les tendances ou la théorie. Les
tendances de MM. Milne Edwards et de Quatrefages sont à peu
près les mêmes, et leur théorie diffère peu, quoique beaucoup
plus acceptable et mieux adaptée à l'observation chez l'un que
chez l'autre. Quant aux faits, il y a d'une part ceux qui ont été
allégués en faveur du phlébentérisme proprement dit; ceux-là
ont été réfutés , et il n'y a pas eu de réplique ; il y a ensuite les
faits qui se présentent aujourd'hui en faveur d'un phlébenté-
risme modifié; ce sont des faits nouveaux, et ceux-là seuls doi-
vent nous occuper.
» Le mémoire dans lequel ces faits sont rapportés a pour titre :
Recherches sur la circulation chez les Mollusques. Y oic\ d'abord
ïes conclusions pour lesquelles ils servent d'appui :
» M. Milne Edwards reconnaît avoir longtemps partagé avec Cu-
vier, Meckel , M. de Blainville, etc., cette opinion, qu'il regarde
aujourd'hui comme une erreur, à savoir que chez tous les Mol-
lusques l'appareil de la circulation est complet comme chez tous
les Vertébrés. II croit pouvoir démontrer, l*' que l'appareil vascu-
laire n'est complet chez aucun Mollusque ; 2° que dans une por-
tion plus ou moins considérable du système circulatoire, les
veines manquent toujours et sont remplacées par des lacunes ou
par les grandes cavités du corps; 3° que souvent les veines man-
quent complètement , et qu'alors le sang , distribué dans toutes
les parties de l'économie au moyen des artères , ne revient vers la
surface respiratoire que par les interstices dont il s'agit.
» A l'appui de ces propositions, M. Milne Edwards cite quelques
expériences faciles à répéter et qui lui paraissent décisives. Il
injecte du lait dans la cavité abdominale du colimaçon. « Le
lait, dit-il , s'y mêle au sang veineux arrivant des diverses par-
ties du corps, pénètre avec ce liquide dans les vaisseaux affé-
rents du poumon , passe dans les veines pulmonaires et s'intro-
4iiit enfin dans le cœur qui bientôt le chasse dans les artères. »
SOCIÉTÉS SAVANTES. 71
11 répète la même expérience avec une dissolution de gélatine
colorée par un précipité abondant de chromate de plomb , et
arrive aux mêmes résultats.
» Tout le monde comprend que de semblables expériences
n'ont rien de décisif; elles n'ont même rien d'inattendu. On sait
que non-seulement chez les Mollusques, mais chez les Vertébrés,
les liquides injectés dans la cavité du péritoine passent dans les
veines, parce que la surface péritonéale est à la fois absorbante
et exhalante. M. Milne Edwards a pressenti cette objection , et
pour démontrer que le passage dont il s'agit n'est pas un simple
fait d'absorption , il a poussé des injections colorées dans les
vaisseaux, et a vu ces matières s'épancher dans la cavité viscé-
rale , puis arriver au poumon. Mais cette épreuve a-t-elle la va-
leur que lui suppose M. Milne Edwards? Chez les animaux supé-
rieurs , on a fait pleuvoir sur les séreuses le mercure injecté dans
les vaisseaux , et qui ne connaît d'ailleurs les prodiges opérés
par la pompe foulante des injecteurs ? Tout au plus pourrait-on
accorder à M. Milne Edwards que les voies de communication
entre les surfaces séreuses et les canaux propres du fluide nourri-
cier sont plus largement ouverts chez les Mollusques que chez
les animaux supérieurs , mais ce n'est point là le fond de la ques-
tion : il s'agit desavoir si le sang des artères vient se réunir dans
l'abdomen des Mollusques , baigner immédiatement les viscères
contenus dans cette cavités et s'il passe de là à l'appareil respira-
toire sans l'mtermédiaire des veines. Eh bien! sur ces deux
points, nous avouons que les pièces et les dessins de M. Milne
Edwards ne prouvent absolument rien. Ils ne prouvent pas qu'il
n'existe pas de canaux veineux , puisque les canaux se voient
fort bien injectés et sur les planches et sur les préparations ana-
lomiques ; ils ne prouvent pas davantage que la cavité abdomi-
nale est le rendez-vous, si l'on peut parler ainsi , du fluide nour-
ricier, car on comprend qu'une semblable démonstration ne peut
«tre fournie que sur l'animal vivant lui-même et pendant que ce
fluide circule encore. M. Milne Edwards le comprend bien,
puisque dans une note marginale il dit avoir examiné le liquide
contenu dans l'abdomen et celui des vaisseaux et l'avoir trouvé
composé , dans les deux cas , de globules en apparence identi-
ques; nous ne nions point cette similitude, mais suffit-elle pour
^transformer la cavité du péritoine en un des réservoirs princi-
72 REVUE zooLOGiQDE. {Février 1845.)
paux de la circulation ? Un fait aussi grave ne devrait-il pas être
examiné de nouveau et avec le plus grand soin, et les preuves
de devraient-elles pas en être données ailleurs que dans une
note marginale?
» Revenons aux veines. 11 faut reconnaître que les recherches
de M.Milne Edwards, sur V^plysie, tendent à prouver que les dis-
positions du système veineux éprouvent chez ce Mollusque de
notables modifications. Déjà Cuvier avait aperçu que la cavité
abdominale de l'Aplysie n'était point tapissée par une membrane
péritonéale continue , mais que cette membrane offrait une sorte
de sinus criblé , communiquant avec d'autres lacunes sous-cu-
tanées. Delle-Chiaje avait aussi observé le même fait sans lui
chercher de signification ; mais M. Milne Edwards , en injectant
sur des Aplysies vivantes des liquides colorés, a vu que cet en-
semble de lacunes tient lieu de veines et transmet directement
le liquide nourricier à l'appareil respiratoire. Cette disposition
cellulaire , caverneuse , si l'on peut dire ainsi , de l'appareil vei-
neux de TAplysie , est en rapport avec la turgescence remar-
quable qu'on observe chez ce Mollusque , mais rien que nous
sachions n'autorise à conclure que les autres Mollusques gastéro-
podes présentent les mêmes dispositions au même degré, et à
dire que chez eux la circulation est semi-vasculaire et semi-la-
cuneuse, pour nous servir des expressions de M. Milne Edwards.
» Ce n'est pas tout. L'honorable académicien croit pouvoir prou-
ver facilement que , chez les Mollusques supérieurs, les Cépha-
lopodes , de même que chez tous les autres, la cavité viscérale
sert d'intermédiaire entre les diverses parties de l'appareil vas-
culaire, et constitue réellement une portion de cercle circulatoire
parcourue par le sang.
«Mais quoi qu'il paraisse, les faits exposés par M. Milne Edwards
ne parlent pas un langage aussi absolu , et dans les détails de son
Mémoire , le savant académicien est fort éloigné de nier l'absence
complète des veines chez les Mollusques; nous avons dit qu'il en
figurait dans ses dessins, et qu'on en trouvait dans ses pièces,
mais lui-même, il les admet explicitement dans beaucoup de
cas ; c'est ainsi qu'il dit que le sang passe de l'abdomen dans les
canaux veineux qui portent le sang du foie, des ovaires et des
autres organes vers V appareil de la respiration. Donc tous ces
prganes ont des veines propres. Il reconnaît même que chez les
SOCIÉTÉS SAVANTES. 73
Calmars, les lacunes (c'est-à-dire les ouvertures ou les cellules
qui établissent communication entre l'abdomen et l'appareil res-
piratoire) ne jouent quun petit rôle. Enfin , il n'y a que les
Bryozoaires, les derniers des Mollusques , auxquels il refuse
complètement des veines , des artères et un cœur ; en d'autres
termes, les Bryozoaires seuls sont pour lui de vrais Phlében-
térës,
» Ainsi réduites à leur véritable signification, les recherches de
M. Milne Edwards ne renversent aucun des principes établis.
Elles prouvent que le système des cavités destinées à contenir
et à distribuer le fluide nourricier, n'offre pas une organisation,
une délimination aussi parfaite chez les Mollusques que chez les
Vertébrés , surtout lorsqu'on arrive aux Mollusques inférieurs ;
que les veines sont la portion du système circulatoire qui se dé-
grade la première ; que cette dégradation se manifeste par un
développement relativement plus considérable que chez les Ani-
maux supérieurs, d'un tissu vasculaire spongieux, érectile, qui,
dans certains organes tels que le pied et les tentacules, peut
remplacer entièrement les veines proprement dites, comme cela
se voit chez l'homme lui-même dans les parties formées par le
tissu caverneux. Que le développement de ce tissu érectile est
en rapport avec certaines particularités physiologiques propres
aux Mollusques ; enfin, nous admettons encore que chez ces Ani-
maux, d'après les observations de Cuvier et de Delle-Chiaje sur
l'Aplysie , celles de Owen et Valenciennes sur le Nautile , et sur-
tout d'après les observations de M. Milne Edwards , il paraît que
les communications entre les cavités viscérales et les voies pro-
pres de la circulation, sont plus largement ouvertes que chez les
autres Animaux , saris toutefois que rien autorise à regarder une
cavité viscérale comme un véritable organe circulatoire.
» Ainsi envisagées, les recherches de M. Milne Edwards sont loin
de manquer d'importance et d'intérêt , elles ajoutent à la préci-
sion de nos connaissances sur la circulation des Mollusques , et
d'autre part , elles suffisent pour expliquer comment, en sui-
vant cette pente de l'exagération sur laquelle l'esprit glisse avec
tant de facilité, deux naturalistes d'un grand mérite ont pu être
conduits à des inductions malheureuses. Ce court épisode du
Phlébéntérisme confirme cette pensée d'un ancien, que l'erreur
emprunte toujours quelque chose à la vérité [P artem ver i fabula
semper habet). »
74 REVUE zooLOGiQDE. { Février iS^5 . )
M. Lar te t adresse un mémoire intitulé : Considérations géo-
logiques etpaléontologiques sur le dépôt lacustre de Sansans^et
sur les autres gisements de fossiles appartenant à la même for-
mation , dans le département du Gers. On sait que M. Lartet
s'occupe, depuis longtemps, d'observations géologiques et delà
recherche des débris fossiles des animaux qui ont peuplé ces
contrées sous-pyrénéennes. Il fait connaître aujourd'hui à l'Acadé-
mie les principaux résultats de ces travaux et annonce que, dans
un total de huit à dix mille échantillons dont se compose actuel-
lement sa collection, il est possible de distinguer les restes carac-
téristiques de 98 genres, sous-genres , ou espèces de Mammifères
et de Reptiles. Sur ces 98 espèces , 19 ont été observées dans di-
vers lieux du département du Gers , et sur quelques points limi-
trophes des départements de la Haute-Garonne et des Hautes-
Pyrénées; 91 se sont trouvées dans le local si connu de Sansans
dont la 20'' partie seulement (environ 40 ou 50,000mètres cubes)
a été fouillée. Il y reste encore plus de 800,000 mètres cubes de
couches ossifères à explorer.
L'auteur fait remarquer qu'aucun des animaux perdus, dé-
couverts dans cette formation zoologique ne peut être identifié
spécifiquement avec ses analogues vivants. Les genres nouveaux
que l'on y distingue semblent destinés à former le passage entre
d'autres genres existants trop distancés, et s'adaptent en quelque
sorte aux lacunes de notre série animale.
Séance du 10 février. — M. Lerehoullet adresse un Mémoire
sur les Crustacés de la famille des Cloportides qui habitent les
environs de Strasbourg. — C'est un grand et beau travail zoolo-
gique et surtout anatomique, accompagné d'excellents dessins,
contenant d'abord la description de toutes les espèces qui se
trouvent dans l'Alsace , et dans lequel l'auteur a étudié, avec soin
et avec le talent qu'on lui connaît, la composition et la structure
des parties de la bouche, du tube digestif, du foie, des organes
génitaux et du système nerveux.
Ce mémoire a été renvoyé à l'examen de MM. de Blainville,
Flourens et Milne Edwards.
M. Pouchet Adresse une Réclamation de priorité relativement
à une partie des faits énoncés par M. Milne Edwards dans une
'Communication récente sur la circulation des Mollusques. —
J^'auteur dit avoir annoncé, il y a deux ans, que, dans lesMollus-
SOCIÉTÉS SAVANTES. 75
ques gastéropodes, le sang s'épanche dans la cavité abdominale
et y est absorbé par les extrémités béantes des veines. 11 adresse
comme preuve de ce qu'il avance , un passage d'un mémoire qu'il
a publié en 1842, et qui a pour titre : Recherches sur l'anatomie
et la physiologie des Mollusques.
M. Milne Edwards avoue qu'il ne connaissait pas le mémoire
de M. Pouchet; mais il voit avec bonheur que les recherches de
ce naturaliste s'accordent avec les siennes. Il pense que les ob-
servations phlébentériques sont destinées à subir toutes les vi-
cissitudes des grandes découvertes dont le génie de quelques
hommes a doté les sciences, c'est-à-dire qu'on les niera d'abord
et qu'ensuite, quand on comprendra la gloire qu'elles peuvent
rapporter, chacun voudra les avoir faites avant lui.
Séance du 17 février. — M. Joly adresse la Description d'un
Agneau derodyme , né à Toulouse. Il décrit tous les organes de
cet agneau monstrueux, né mort à Toulouse , et le compare aux
autres dérodymes déjà connus.
Séance du 24 février. — M. A. Richard lit un rapport très-fa-
vorable sur les collections zoologiques et botaniques faites en
Abyssinie sous la direction de M. Lefebvre. Suivant ce rapport,
les collections zoologiques comprennent des animaux de toutes
les classes. Les articulés appartiennent à la classe des Arachnides
et à celle des Insectes ; ils sont au nombre de 400 individus for-
mant 180 espèces, savoir; 8 Arachnides, 88 Coléoptères, 3 Or-
thoptères , 21 Hémiptères, 19 Hyménoptères, 37 Lépidoptères et
3 Diptères. Sur ce nombre il y en a 70 tout à fait nouvelles. La
classe des Reptiles et celle des Poissons sont peu nombreuses.
Parmi les Ratraciens est une espèce nouvelle fort remarquable
par l'élégance de sa coloration (VEucnemis viridiflavus , Dum.
€t Ribr.). La classe des Mammifères offre 20 espèces. De toutes
les classes , celle des Oiseaux est la plus riche, car la collection
de M. Lefebvre en comprend 200 espèces, parmi lesquelles un
certain nombre sont nouvelles.
La collection botanique renferme environ 1,500 espèces parmi
lesquelles le rapporteur en indique environ 400 nouvelles.
Un magnifique atlas de 400 dessins accompagne ces collections;
il y a des cartes , des vues de pays, des armes, costumes, etc.^
de la zoologie et de la botanique.
Voici les conclusions de ce rapport : « On voit, en résumé, que-
76 REVDE zooLOGiQU£. {Février 1845.;
ces collections ont une véritable importance pour la science. lî
est donc à désirer, et la commission termine par ce vœu, que le
gouvernement qui a ordonné cette expédition scientifique, four-
nisse à M. Lefebvre les moyens d'en faire connaître les résultats
parla voie de l'impression. » Ces conclusions sont adoptées par
l'Académie qui décide en outre que copie de ce rapport sera en-
voyée au Ministre de la marine.
M. Duvernoy présente un grand mémoire sur le système ner-
veux des Mollusques acéphales bivalves lamellibrqnches. Ce
beau travail est accompagné de dessins parfaits représentant les
diverses dispositions du système nerveux de ces Mollusques.
M. Duvernoy insiste surtout sur un cordon nerveux qui règne le
long du bord du manteau des Peignes, et qu'il a décrit le premier.
J'ai tout lieu de croire , ajoute-t-il,que ce cordon circulaire existe
chez tous les Mollusques qui ont le manteau largement ouvert par
devant , comme les Peignes , et son bord libre garni d'organes
tactiles. M. Duvernoy est parvenu à reconnaître ce cordon cir-
culaire dans une espèce de limé (Lima glacialis) et dans l'huître
comestible. Dans cette disposition singulière du système nerveux ,
les nerfs qui partent des ganglions centraux se dirigent, comme
des rayons, vers la circonférence du manteau, et aboutissent par
leurs dernières divisions dans le cordon circulaire. Dans une
autre disposition du système nerveux des Bivalves, celle qui est
la plus commune , l'action nerveuse circulaire se partage dans
les deux parties du manteau. A cet effet , les nerfs que M. Du-
vernoy appelle palléal antérieur et palléal postérieur de chaque
côté, contournent par leur tronc ou par une branche principale
le bord du manteau , à la manière du cordon circulaire du Peir
gne , et finissent par se joindre. C'est du moins ce qu'il a pu con-
stater dans la Moule comestible. Il résulte de ce fait que l'action
nerveuse est divisée ici dans un double circuit, tandis que dans
la disposition précédente il n'y en a qu'un seul pour toute la cir-r
conférence du manteau.
Suivant M. Duvernoy, les Mollusques acéphales bivalves qui ont
le manteau largement ouvert et garni de nombreux appendices
tactiles et de tubercules qui paraissent propres à la vision, sont
les plus avancés et les plus élevés dans le degré d'animalité ;
tandis que ceux qui ont le manteau complètement fermé, dont
l'ouverture antérieure est unique pour l'entrée de l'air et des.
SOCIÉTÉS SAVANTES. 77
aliments , et qui ont les deux ouvertures postérieures des tubeg
respirateur et excréteur des fécés, sont les plus inférieurs.
M. Milne Edwards présente un travail exécuté par son,
aide-naturaliste d'Entomologie , pendant son voyage en Si-
cile, sur le système nerveux de quelques Mollusques bivalves.
Il dit que ces anatom\es , faites sur des animaux vivants, of-
frent des résultats différents de ceux qu'a obtenus M, Duvernoy.
Nous croyons savoir que les observations de M. Duvernoy , ou du
moins la majorité d'entre elles , ont aussi été faites sur des ani-
maux vivants, et que l'on peut regarder leurs résultats comme
très-exacts et très-positifs. La publication de son travail permettra
aux anatomistes d'en apprécier toute la valeur.
Société Entomologique de France*
Séance du 8 janvier i 845. — La société procède , pour la qua-
torzième fois depuis sa fondation , au renouvellement annuel de
son bureau. Ont été nommés pour l'année 1845 :
Président. M . le colonel Goureau. — Vice-président. ^.Audi-
net Serville. — Secrétaire. U. Eugène Desmar est. — Secrétaire-
adjoint. M. Alexandre Pierret. — Trésorier. M. Lucien Buquet.
— Trésorier-adjoint M. Léon Pair maire. — Arcbiviste. M. Du-
ponchel. — M. Goureau lit une note sur \e Nyctophanes can-
dellaria Reiche. 11 donne la description du mâle de cette espèce
et fait connaître de nombreux détails sur les larves de ce Nycto-
phanes ^ qui ont été rapportées à M. Reiche, et proviennent de
Bahia. — Le même membre donne lecture d'un travail sur le Mi-
crogaster globatus. 11 fait connaître avec soin les mœurs de la
larve de cet insecte et il en donne la description. — M. Blanchard
donne des détails sur le genre Diade la division des Eumolpites,
et il en fait connaître une espèce nouvelle trouvée en Sicile. — Le
même membre fait passer sous les yeux de la société , des larves
et des insectes parfaits appartenant à une nouvelle espèce du
genre Bruchus et provenant de Madagascar. Cet insecte a reçu le
nom de Bruchus Pandanio Blanchard. — M. Blanchard montre
la larve et la nymphe du Figulus striatus , provenant de l'île de
France , et il dit que cette espèce doit être rapportée au genre
Dorcus. — Le même membre communique un individu de la larve
et de la nymphe du Batocera rubus , provenant de Pondichéry.
—M. GuérinMéneville dit que cette larve de Batocera rubus, est
78 REVUE zooLOGiQDE. ( Févrief 1845. )
connue et que la description en a été donnée par un naturaliste
de Calcutta. — M. Guérin-Méneville dit que M, le colonel Goureau
avait appelé son attention sur le Curculio frumentarius de Lin-
née. M. Goureau pensait que la description de cet insecte allait
parfaitement à des variétés fauves de Curculio granarius et que
la place donnée par Linnée à cette espèce , immédiatement après
le Curculio granarius , était une preuve qu'elle était au moins
très-voisine de celle-ci. M. Guérin-Méneville a voulu s'assurer de
ce rapprochement, et il a cherché dans les bibliothèques la figure
que Linnée cite de ce Curculio frumentarius dans les Arcana
naturœ de Leuwenhœck. Après huit jours de recherches dans
les bibliothèques; après avoir reconnu que l'édition de cet ou-
vrage citée par Linnée , n'existe pas à Paris ( il y a sept éditions ;
et une seule a été trouvée dans notre capitale), M. Guérin-Méne-
ville a rencontré enfin le mémoire de Leuwenhœck dans lequel
il fait connaître le Curculio cité par Linnée. L'auteur hollandais
l'a vu éclore et sortir du blé qu'il avait renfermé dans un tube
de verre , c'est évidemment la Calandra granaria , variété fauve
ou morte avant d'avoir acquis toute sa coloration. C'est donc à
tort que De Géer a donné le nom de Curculio frumentarius à un
Apion rouge , et que tous les auteurs ont copié cette faute sans
qu'un seul ait eu un instant l'idée de remonter à la source de
cette espèce. Du reste , tous les entomologistes savent que VApion
frumentarium ne vit pas dans le blé.
Séance du 22 janvier 1845. — M. le colonel Goureau occupe
ie fauteuil de la présidence et il prononce un discours d'instal-
lation. Dans ce travail l'auteur cherche à démontrer de nouveau
l'utilité de l'entomologie. La société décide que ce discours sera
imprimé en tête de ses annales pour 1845. — M. Amijot donne
lecture de la préface d'un ouvrage ayant pour titre : Hémiptères
de France avec les principaux types exotiques , méthode mo-
nonymique. Dans ce travail l'auteur explique ce qu'il entend par
méthode mononymique. — M. Guénée lit une note monographique
et rectificative sur le genre Talœporia ZeUer {S olenobia Dupon-
chel ). Après avoir donné la description et les détails de mœurs
sur ce genre , il indique les espèces qui y entrent. — La société
procède à la nomination d'un membre honoraire. M. le comte Le-
pelletier de Saint Fargeau est nommé à la grande majorité des
suffrages. ( E. D.)
MÉLANGES ET NOUVELLES. 79
IV. MÉLANGES ET NOUVELLES.
Notre honorable confrère , M. Pfeiffek , de Cassel , nous prie
d'annoncer qu'il va publier une monographie des Hélices. Il en-
gage les malacologistes de tous les pays à lui communiquer les
espèces nouvelles ou peu connues qu'ils possèdent , afin que ce
travail soit aussi complet que possible. M. Pfeiffer s'engage à ren-
voyer, dans le plus court délai , les coquilles qu'on voudra bien
lui communiquer. Il s'engage aussi à laisser aux espèces nou-
velles les noms que leurs possesseurs leur auront imposés et de
nommer, d'après les auteurs , les espèces qu'on lui prêtera et qui
seront déjà publiées.
Nous ne doutons pas de l'empressement avec lequel les véri-
tables naturalistes fourniront à M. Pfeiffer les matériaux qu'il
leur demande, car ils contribueront à la perfection d'un travail
très-difficile , très-utile et pour l'exécution duquel M. Pfeiffer offre
toutes les garanties désirables.
Ecrire à M. le docteur L. Pfeiffer, à Cassel.
Nous allons publier, dans le Magasin de Zoologie , une ana-
lyse de la traduction d'un mémoire fort intéressant de MM. Han-
kock et Embleton , sur l'anatomie du genre Eolis. Dans ce tra-
vail , ces deux anatomistes sont arrivés à des résultats contraires
à ceux que M. de Quatrefages a annoncés dans ses diverses com-
munications sur les Phlébentér es ; mais peut-être cela n'aura-t-il
rien d'étonnant pour les adeptes de V École physiologique, puis-
qu'ils admettent sans difficulté que des espèces de la Méditerra-
née sont organisées tout autrement que les mêmes espèces prises
dans l'Océan. En admettant ces principes nouveaux (Voir les
Comptes rendus de l'Acad., t. XX, p. 154 et 243), pourquoi se
refuserait-on à croire, par exemple, qu'une Éolide des côtes
d'Angleterre, peut différer d'une manière considérable, dans son
organisation la plus essentielle, de la même espèce prise sur la
côte opposée de la Manche? La publication du travail des deux
anatomistes anglais donnera aux naturalistes des éléments posi-
tifs pour juger cette ingénieuse manière de concilier les résultat»
les plus opposés auxquels l'on peut arriver par la Zoologie phy^
Biologique.
80
BAISSE CONSIDÉRABLE DE PRIX
DE L'ICONOGRAPHIE DU RÈGNE ANIMAL
DE G. CUVIER.
Cet ouvrage est terminé et se compose d'un fort volume grand
in-S*», petit-texte , de près de 900 pages ( contenant la matière de
quatre volumes ordinaires), et de 450 planches gravées qui con-
tiennent plus de 6,200 figures et représentent , dans leur ensem-
ble ou par leurs caractères essentiels , tous les genres et sous-
genres du règne animal.
Voulant rendre mon ouvrage plus accessible aux vrais travail-
leurs , aux professeurs des départements et aux élèves , qui ne
peuvent se passer de son secours pour suivre et mieux compren-
dre le texte de Cuvier , je me suis décidé à en baisser le prix
de MOITIÉ.
Le prix de souscription était, pour un exemplaire
complet, texte et planches, in-8'',fig. noires, de 300 fr.
11 est actuellement de 160 fr.
On peut souscrire et recevoir l'ouvrage en 1 G livrai-
sons qui paraîtront de quinzaine en quinzaine ou de mois
en mois, et qui seront chacune du prix de 10 francs
( et 25 fr. fig. color.).
Le volume de texte (en deux parties), qui contient
une foule de descriptions d'espèces nouvelles et de genres
inédits dans le groupe des Articulés et surtout des In-
sectes , se vend séparément 24
La 2' partie de ce texte , contenant les Insectes seu-
lement, se vend 16
On peut se procurer séparément le texte et les planches rela-
tifs aux diverses classes du Règne Animal.
Écrire (franco) au bureau de la Bévue Zoologique , rue de»
Beaux- Arts , n' 4 , à Paris.
AVIS ESSENTIEL.
Baisse de prix de la première série du Magasin de Zoologie
et des sept premières années de la Bévue zoologique.
On est prié de voir les nouvelles conditions de cette souscrip-
tion à l'intérieur de la couverture de la Revue zoologique pour
1845.
HUITIEME ANNEE. — MARS 1845.
I. TRAVAUX INEDITS.
Mélanges oiinitoologiques. Par M. F. de Lafresnaye.
Comparaison de l'Ornithologie des régions orientales de l'Amé-
rique méridionale avec celle des régions occidentales du même
continent. (Suite.)
Après avoir comparé dans un précédent numéro l'ornithologie
de la Guyane et du Brésil , à l'est, avec celle de la Colombie et du
Pérou septentrional , à l'ouest , et avoir reconnu que , quoique
situées sous le même parallèle de climat, ces deux ornithologies
différaient presque totalement , quant aux espèces , tout en ayant
les mêmes genres à très-peu d'exceptions près , nous avons pensé
que l'on pouvait désigner par Ornithologie brésilienne celle qui
est particulière aux Guyanes et au Brésil jusqu'au Paraguay et à
la Plata , et par Ornithologie colombienne celle qui occupe la Co-
lombie , la Bolivie , le Pérou septentrional, et nous devons ajouter
l'archipel des Gallapagos, situé sous le même parallèle , c'est-à-
dire sous la ligne.
Éloigné de deux cents lieues à l'ouest de la côte de Colombie ,
ce groupe d'îles américaines possède une ornithologie toute amé-
ricaine , quant aux genres , mais dont les espèces diffèrent tota-
lement de celles du continent et même de la Colombie , dont elle
est si voisine; ainsi, dans l'ordre des accipitres une espèce inter-
médiaire aux Caracaras et aux buses a paru à M. Gould devoir
constituer un nouveau genre , qu'il a établi sous le nom de Cra-
xirex, et dont il a décrit la seule espèce connue sous celui de
Craxirex Gallapagoensis Gould, Proceedings 1837, p. 9 , et
Beagle's voyage , Birds , p. 23 , pi. 2. Un Hibou nouveau, égale-
ment particulier à ces îles, a été nommé par lui Otus Gallapa-
goensis Gould, Proceed. 1837, p. 10, et Beagle's Yoy. , p. 32,
pi. 3. Un Strix l'a été par G. R. Gray , Strix punctatissima Gray,
Beagle's voy. , p. 34, pi. 4. M. Gould a décrit une Hirondelle
sous le nom de Progne modesta Gould, Beagle's voy. , pi. 5,
de plus deux Gobe-mouches voisins du Gobe-mouche rubin,
Muscicapa coronata Gm. , sous celui de Pyrocephalus nanus
id. pi. 7 et de Pyrocephalus dubius , pi. 47. Un Tyrannula sous
celui de Tyrannula magnirostris id. , pi. 8. Trois Moqueurs
Tome Vin. Année 18/15. 6
82 REVUE ZOOLOGIQUE. {MaTs 18^5.)
remarquables par leur bec effilé et arqué sous ceux de Mimus
tri'fasciatus , melanotis etparvulus id. , pi. 16, 1 7 et lB,etPro-
ceedings, 1837, p. 27, habitant chacun une île particulière de
cet archipel, et une Sylvicola sous celui de Sylvicola auréola
id.,pl. 28.
Mais ce qui est surtout remarquable dans l'ornithologie de cet
archipel américain, c'est un groupe nombreux en espèces comme
en individus, qui paraît lui être particulier et ne pas avoir même
de représentants sur le continent. Ce groupe peut être considéré
comme une famille de fringillidées marcheurs, graminicoles
et granivores , remarquables par des ailes et une queue fort cour-
tes ; par un plumage généralement noir chez les mâles de pres-
que toutes les espèces, brun flammèche chez les femelles, et pré-
sentant suivant les espèces, dans la forme et la dimension de
leur bec , toutes les modifications que l'on remarque chez celui
des Coccothraustinées depuis la plus volumineuse et même pro-
digieuse d'un bec de Coccothraustes jusqu'à celle atténuée d'un
Bengali.
M. Gould a nommé Geospiza ces granivores graminicoles et
les a subdivisés en Geospizas , Camarhynchus , Cactornis et
Ccrthidea (Proceedings , 1837 , p. 4) et Beagle's Voyage , pi. 36 ,
37,38,39,40,41,42, 43 et 44.
Le même savant a nommé une colombe Zénaïda Gallapa-
^oensis,Beagle's voy., p. 115, pi. 46. Cette espèce, rapportée par
l'expédition de la Yénus qui avait été reconnaître ces îles , a été
décrite dans la Revue, 1840, p. 290 par M. Néboux, chirurgien-
major de la frégate, sous le nom de Colombigalline des Gallapa-
gos. Ces divers oiseaux, particuliers à ces îles, se font remarquer
par une si grande familiarité et si peu de frayeur de l'homme ,
qu'on peut en tuer un assez grand nombre en très-peu de temps
avec un simple bâton.
Parmi les Échassiers et les Palmipèdes , dont on y retrouve un
grand nombre des espèces du continent , le Totanus fuliginosus,
Gould , et le Zapornis spilonota, Beagle's Voy., pi. 49 , sont les
deux seules espèces nouvelles d'Échassiers particulières à ce
groupe d'îles.
De retour sur le continent américain et s'avançant vers le sud ,
on voit les deux ornithologies brésilienne et colombienne pren-
dre insensiblement, et chacune de son côté , un nouvel aspect à
TRAVAUX INÉDITS. 83
mesure qu'on s'ëloigiie de la zone intertropicale. On voit dispa-
raître peu à peu ces nombreuses et brillantes espèces apparte-
nant aux familles si riches des Cotingas, des Tangards ^ des
Oiseaux-mouches, et des ManaJdns pour faire place à des espèces
et à des genres remarquables au contraire par des teintes obs-
cures , mais présentant souvent dans leurs mœurs , ou dans
quelque particularité de forme , un intérêt réel pour l'étude.
Ainsi le Paraguay à l'est, et le Cbili méridional à l'ouest, nous
offrent, sous la même latitude, les Phytotomes , ces singuliers
Tanagridécs à bec garni intérieurement d'une double crête den-
ticulée qui leur sert à couper les tiges des jeunes plantes cultivées,
ou les bourgeons des arbres à fruits. Leur anatomie profonde
est modifiée pour ce genre de nourriture herbacée , comme on
peut s'en convaincre par la planche 86 de la Revue Zoologique
intitulée anatomie du Phytotoma rara , par MM. Eydoux et Ger-
vais. Depuis longtemps l'abbé Molina en avait signalé une espèce
particulière au Chili, sous le nom de Phytotoma rara y et Azara,
une autre au Paraguay , sous celui de el Dentato , le Denté , dont
Vieillot avait fait le Phytotoma rutila. Dans notre collaboration
avec M.d'Orbigny,nous en avons décrit une troisième espèce, sous
le nom dePhytotoma angustirostris , Synopsis avium Americ. ,
p. 37 ; et voy. en Amer. pi. 29, fig. 1 et 2. Les Rutila, à la même
latitude, se trouvent aussi sur les deux côtes opposées; ces espè-
ces de Tyrans oU Grands gobe-mouches marcheurs, remarquables
par leur plumage varié de blanc , de gris et de noir, et qu'Azara
a décrits sous le nom de Pepoazas , qui veut dire en langue gua-
ranie, aile traversée, parce qu'elles le sont souvent , en effet ,
par une bande de couleur différente. Une belle espèce différant
des autres par sa coloration brune et fauve , lePepoaza varie-
gata Nob. Synops., p. 63 et voy. en Amer., pi. 132 — 2 ; et Bea-
gle's voy. pi. 2 , est particulière à la Patagonie.
Les Fourniers , les Anumbis , et un grand nombre de Syn-
nalaœis et d' Anahatcs , tous oiseaux à plumage fauve et à queue
rousse, viennent peupler le pays de la Plata. Le Chili nous pré-
sente un genre analogue et fort intéressant comme intermédiaire
à ceux-ci et aux Sittines dans le genre Dendrodromus leucoster-
nus (Gould , Beagle's Voy. pi. 27 ) ; tandis que le type du genre
Fournier , le Furnarius rufus , est particulier aux rives de la
Plata et est représenté au Chili par le Furnarius cunicularius ou
S\ KEVUE zooLOGiguK. ( Tl/afs 1 845. )
Alouette mineuse Azara , qui , comme lui habitant de la Plata , se
trouve encore à l'est depuis le 30" jusqu'au 40= degré, et se retrouve
néanmoins sur la côte ouest depuis la Conception au sud jusqu'à
Lima au nord. Le genre Moqueur { Orpheus) compte deux espè-
ces à l'est dont l'une , V Orpheus calandria , sur les côtes de la
Plata , d'Orb., voy. pi. lO , t. 2 ; l'autre le Patagonicus sur celles
de la Patagonie, id., pi. 2, fig. 2 ; à l'ouest, elles sont rempla-
cées au Chili par V Orpheus ihenca Molina, d'Orb, Voy., pi. 10 ,
fig. 3; et en Bolivie par les Orpheus dorsalis iricaudatus Nob.
Synops.,p. ISetVoy. en Amér.,pl. 2, fig- 1 et page 208. Un autre
genre appartenant évidemment au groupe des Tyrans dont nous
avions fait nos Pepoazœ recifro^fres Synops. , p. 64, sont re-
marquables par leurs pattes et leurs formes robustes , la lon-
gueur et la force de leur bec droit , presque cylindrique et très-
crochu à l'extrémité, et par suite, par leurs habitudes fier es et
courageuses , car ils attaquent et tuent les jeunes oiseaux. Ce
sont les Agriornis de Gould , qui dans le Beagle's Voyage, en a
décrit quatre espèces et figuré deux sous les noms de Agriornis
micropterus et leucurus ( ou plutôt mariiimus d'Orb. de Lafr. } ,
pi. 12 et 13. Dans le Synopsis, nous avions décrit page 64 et 65 ,
le gutturalis Nob., figuré dans le Mag. de Zool.; Voy. de la Favo-
rite, Ois. pi. 63 ; le montana et le maritima Nob. ou leucurus
Gould , ce qui porte le nombre des espèces connues à cinq , par-
mi lesquelles le striatus et le micropterus de Gould sont par-
ticuliers à la Patagonie, le gutturalis Nob. l'est au Chili et à la
Bolivie , le montana Nob. à la Bolivie , et le maritima Nob. à
la Patagonie , au Chili et à la Bolivie ; sous le même parallèle ,
mais seulement sur la côte ouest , se trouve ce singulier Gobe-
mouche échassier rappelant par ses formes le genre Grallarie
de Vieillot, et dont nous avons fait le genre Muscigral la Synopsis,
p. 61 , figuré sous le nom de Muscigralla brevicauda, \oy. en
Amer., pi. 39, fig. 1.
Nos Muscisaxicola, Synopsis, p. 65, véritables représentants
en petit des Pepoazas , quoique différant de coloration , ont des
espèces particulières à la Patagonie et même à la terre de Feu, à
l'est et à l'ouest , au Chili et à la Bolivie. Le genre Lessonia de
Swainson, formé sur l'alouette à dos rouge Azara , Alauda rufa,
Gmel., quoique présentant l'ongle postérieur allongé des Pipis,
ne peut figurer convenablement avec eux , mais appartient évi-
THAVAUX INÉDITS. 85
demment au groupe des Gobe-mouches marcheurs , et doit figu-
rer comme les Muscisaœicola à la suite des Pepoazas , dont elle
a les premières rémiges acuminées.
Dans le genre Fluvicola de Swainson , composé également de
Gobe-mouches marcheurs , tandis que le Cyanirostris paraît
confiné au Paraguay , la plupart des autres espèces comme le
perspicillata , le nigerrima, le bicolor, Victerophrys se re-
trouvent à l'ouest en Bolivie , comme à Test à la Plata et même
en Patagonie.
. Au milieu de ces espèces à couleur sombre , on voit briller au
Paraguay, comme un véritable rubis , ce charmant petit oiseau ,
à couronne dorée et noire , écarlate au centre , nommé par Azara
le Tachurisroi; par Vieillot Roitelet omnicolor^ Galerie, mais
à qui on devrait conserver son premier nom , car il n'a ni les
formes ni les mœurs d'un roitelet. C'est un véritable gobe-
mouche de la section des fluvicolinées de Swainson.
Ces deux ornithologies dont Tune, à Test, suit immédiatement
la brésilienne , et l'autre, à l'ouest, la colombienne, peuvent être
désignées la première par le nom de Guaranienne ^ occupant le
Paraguay, l'Uraguay, Buenos-Ayres ; la seconde par celui de
Chilienne , occupant le Chili , la Plata et la Bolivie. Elles précè-
dent l'une et l'autre l'ornithologie Pa^a^^omenne occupant à elle
seule toute la pointe méridionale du continent américain depuis
Buenos-Ayres, c'est-à-dire , la Patagonie et le Chili méridional.
En avançant dans la Patagonie, vers le sud, nous trouvons
VUppucerthia dumelorum Is. Geof. et d'Orb.Mus. de Paris, Sy-
nopsis, 2* part., p. 20 et Beagle'sVoy.,Birds,pl. 19. Elle fréquente
les bords du Rio-Negro , le port Désiré, et se retrouve à l'ouest
au Chili à Coquimbo. Diverses espèces à plumage analogue et que
nous avions rangées dans le même genre, tant dans le Synopsis
que dans le Voy, d'Orb. , où elles sont figurées sous les noms
d'Uppucerthia montana etJndœcola, pi. 56 , 1 et 2, et d''Uppu-
cerihia vulgaris et nigrofumosa , pi. 57, 1 et 2, ont reçu le
nom d'Opetiorhynchus de Kittlitz; elles offrent entre elles des
difi'érences de mœurs assez marquées , quoique d'ailleurs elles
ne puissent être séparées génériquement , vu leur parfaite res-
semblance dans les formes comme dans la coloration ; ainsi, tandis
que notre Uppucerlhia vulgaris, Synopsis, part., 2 ; p. 23 , se
rencontre toujours vivant sur le sol dans les plaines , souvent sur
86 REVDE zooLOGiQDE. { Mavs 1845.)
les plateaux les plus élevés, se nourrissant en général de Coléop-
tères coprophages qu'elle saisit en retournant avec son bec les
excréments desséchés des animaux, comme VUppucerthiadume-
taria, les trois espèces suivantes, V Uppucerthia rupestris INob.,
Synops. , 2« part., p. 21 , Sylvia Patagonica Lat. , VUppucert. ou
Opetiorhynchus antarticus G. R. Gray, Beagle's Voy. p. 67, et
VUppucerthia nigro-fumosa Nob., id., ibid., p. 23, d'Orb. Voy.,
pi. 57, f. 2 , et Beagle's Voy. , pi. 20 , ne quittent jamais les riva-
ges de rOcéanI, soit à l'est soit à l'ouest ; elles en parcourent sans
cesse les bords , faisant uniquement leur nourriture de petits
crustacés et de petits mollusques qu'elles trouvent dans les
fucus rejettes par la mer, lors de la marée montante ; aux îles
Falkland , où elles ne sont pas rares , on les voit 'souvent mar-
chant sur les feuilles flottantes du Fucus giganteus à quelque
distance du rivage , et en cela elles imitent complètement les
habitudes de quelques espèces de Tringas. Si quelquefois un
couple solitaire est rencontré au centre du Chili ou de la Pata-
gonie sur les bords d'un fleuve , c'est parce que , remontant le
fleuve depuis son embouchure , elles se sont en quelque sorte
égarées en trouvant sur les bords une nourriture à peu près ana-
logue à celle que les rivages marins leur offraient. De même que
les oiseaux des Gallapagos , ces trois dernières espèces sont singu-
lièrement familières, et peu effrayées de la présence de l'homme,
et V Opetiorhynchus antarticus entre autres, particulier aux
îles Malouines ou Falkland, a été signalé dès 1763, par Per-
netty, comme étant si familier, qu'il venait pour ainsi dire se
percher sur son doigt, et qu'en une demi-heure il en tua une
dizaine avec une baguette.
Nous devons observer que depuis le Paraguay et la Plala, où
le continent d'Amérique se rétrécit sensiblement, les mêmes es-
pèces se retrouvent souvent sur les côtes opposées ; mais sur la côte
ouest elles remontent toujours bien plus au nord que sur celles
de Test. Ainsi beaucoup d'espèces qui , à l'est , ne se rencontrent
pas plus au nord qu'au Paraguay, et même en Patagonie, ont été
retrouvées à l'est sur toute l'étendue du Chili, et en Bolivie par
M. d'Orbigny.
Un genre particulier aux côtes orientales de la Patagonie ex-
clusivement, est la Rhinomia lanceolata, Is. Geof. et d'Orb.,
Mag. de Zool. 1832 , p. 1 1 , pi. 3 et d'Orb. , Voy. , pi. 7 , fig. I .
TRWAUX INÉDITS. 87
Elle n'a encore élé rencontrée que sur les bords du Rio-Negro
dans la Patagonie septentrionale , soit par M. d'Orbigny, soit par
M. Darwin, le naturaliste attaché à l'expédition du Beagle, Sur
ces rives orientales de l'océan Atlantique, elle semble rempla-
cer les Megalonyx , Lcss., ou Pteroptochos (Rittlitz.), qui vi-
vent à l'ouest sur les bords de l'océan Pacifique ; leurs mœurs
sont semblables. Le Pteroptochos Tarnii, on M egalonyxr ufi-
6*eps,Nob., Mag. de Zool., Synopsis, 1837, p. 15, LeptonyxTar-
nii , d'Orb., Voy., pi 8, fig. ; ainsi que plusieurs autres espèces de
ce genre sont confinés à la côte ouest de l'Amérique du sud ;
ainsi le Pterot. Tarnii habite depuis la province de la Concep-
tion au sud, vers le 37" degré de latitude , jusqu'au midi de la
péninsule de Tresmontes , entre le 41» et le 50' degré. 11 ne se
rencontre pas à la terre de Feu, mais il est abondant dans l'île
Chiloé , où il est appelé par les marins anglais the lîarking bird.
Le Pteroptochos megapodius liïtlVitz^ Megalonyx ruf us, Les-
son , Cent, zool., pi. GG, le plus anciennement connu , est com-
mun dans les contrées arides du Chili central et septentrional ,
où il remplace le Pteroptochos Tarnii, habitant des régions
boisées méridionales. Le Pteroptochos albicollis Kittlitz, d'Orb.
Voy., pi. 8, fig. 2. Megalonyx médius, Lesson, Illustr., zool.,
pi. 60 , appelé par les Chiliens Tapacolo , très-commun dans le
Chili central , y remplace une quatrième espèce , le Pter. rube-
cula, d'Orb., Voy., pi. 7, fig. 3 , 4 , habitant comme le Pter. Tar-
nii des forêts méridionales.
Quittant enfin l'ordre des Passereaux, nous trouvons dans
celui des Gallinacés et dans le groupe des Tinamidées un type
tout particulier et tridactyle, dans l'oiseau envoyé de ces contrées
au Muséum par M. d'Orbigny, et qui a été nommé par lui et M. Is.
Geof. Eudromia elegans, Mag. de Zool. où il est figuré , pi. I.
D'Azara l'avait déjà signalé comme-une espèce d'Ynambu (Tina-
mou ) des Pampas ou plaines de Buénos-Ayres , ne se rencontrant
qu'au delà du 37« degré de latitude , appelle Perdrix à aigrette
à cause de sa huppe , comme volant mal et rarement , mais cou-
rant rapidement et se cachant, lorsqu'on l'inquiétait , dans les
terriers des viscaches et des tatous. D'après M. D'Orbigny , elle
habite les terrains sablonneux et arides qui entourent le
grand bassin des Pampas , depuis le 38" jusqu'au 46« de lati-
tude, et ne commence à être commun que dans les terrains
88 REVUE zooLOGiQUE. ( Mavs 1845.)
déserts qui se trouvent au sud du Rio-Negro en Patagonie.
M. D'Orbigny suppose qu'elle doit habiter la Patagonie , depuis
l'Atlantique jusqu'aux Cordillières.
On peut regarder comme le représentant de V Eudromia ele-
gans à l'ouest, une seconde espèce , également rapportée par
M. d'Orbigny , remarquable par ses tarses robustes , réticulés ;
ses ongles déprimés et élargis comme chez les Outardes, et dont
Vigorsaformé le genre Tinamotis dans les Proceedings, 1836,
p. 79 , la considérant comme une espèce de transition des Tina-
mous aux Outardes; il la nomme Tinamotis Pentlandii , comme
ayant été recueillie et observée pour la première fois par le na-
turaliste et voyageur Pentland , sur un plateau élevé des Andes ,
d'où il l'avait rapportée en Angleterre. Ces deux genres, particu-
liers à la Patagonie orientale et occidentale, sont bien des types
caractéristiques de l'ornithologie patagonienne. Dans la même
famille le genre JVothura de Wagler, démembré de Tinamus, se
trouve sur les deux côtes opposées , mais \eJSothura perdicaria
de Kittlitz habite le versant occidental des Cordillières, où il est
le représentant du Nothura major Wagler des rives nord de la
Plata , et du Nothura minor-, id. de la Patagonie septentrionale.
Les genres Attagis , Tinochore sont encore des genres parti-
culiers à cette extrémité sud de l'Amérique méridionale. V Atta-
gis de Gay , Lesson, Cent, zool., pi. 47 , a été découvert au Chili
par M. Gay, voyageur et naturaliste ;il se tient sur les sommités
des Cordillières , dans la région immédiatement au-dessous
des neiges, et sur un sol presque dépourvu de végétation, tandis
que V Attagis Falklandica G. R., Gray, Tetrao Falklandicus ,
Gmel. Caille des îles Malouines^ BufF., enl. 222, semble oc-
cuper le dernier poste méridional du continent d'Amérique ,
car il n'est pas rare sur les montagnes de l'extrémité sud de la
Terre-de-Feu , où on le rencontre soit par paires , ou en petites
compagnies, vers la zone des plantes alpines, au-dessus de la
région des forêts ; il est peu sauvage et se tient blotti sur le sol
presque nu de ces régions élevées , selon le naturaliste Darwin
(Beagle's Voyage). Ces deux espèces, dans leurs localités respec-
tives, remplacent assez bien le Ptarmigan de l'hémisphère sep-
tentrional.
Le genre Tinochore Eschscholtz qui , dans ses formes et ses
mœurs , tient des Gallinacés et des Échassiers tout à la fois , se
TRAVAUX lîNÉUirS. 89
rencontre partout où il y a des plaines stériles et des pâturages
maigres et découverts dans cette extrémité sud de l'Amérique
méridionale. Ainsi le Tinochorus rumicivorus Eschscholtz , se
trouve à Test dans les plaines de la Patagonie, près Santa-Cruz ,
vers le 50« degré de latitude , et à l'ouest sur le versant occiden-
tal des Cordillières, à la Conception , vers les lieux où le pays
couvert de forets se change en vastes plaines découvertes. Depuis
ce point méridional du Chili jusqu'à Copiapo , on le rencontre
dans les localités les plus dénuées de végétation et les plus déso-
lées, où aucun autre être vivant ne semble pouvoir exister.
Comme les Perdrix, les Tinochores prennent leur vol en com-
pagnies; comme elles, ils sont oiseaux pulvérateurs. Dans ces
deux particularités de mœurs , comme aussi dans la forme de
leur gésier musculeux , adapté à une nourriture végétale ; dans
celle de leur bec voûté ; de leurs narines à opercule charnu, de
leurs pattes peu élevées et de leurs doigts , ces oiseaux ont une
grande affinité avec les cailles; mais dès qu'on les voit voler, on
change d'avis ; leurs ailes longues et pointues , si différentes
de celles des Gallinacés ; leur vol élevé et irrégulier, et leur cri
plaintif au moment où ils s'élèvent du sol , rappellent toutes
les allures d'une bécassine , quoique , lorsqu'ils sont réunis en
troupe , ils prennent leur essor comme une compagnie de per-
drix. Les matelots du Beagle les appelaient en général Bécassines
à bec court. 11 est certain que dtins la forme de leurs ailes , la
longueur des scapulaires, la forme delà queue, qui ressemble
tout à fait à celle du Tringahypoleucos, et dans la couleur géné-
rale du plumage , ils offrent la plus grande analogie avec les
Tringas, selon M. Gould ; selon nous, ce serait plutôt avec les
7\>urnep 2err es , d'après la brièveté de leurs jambes et l'espèce de
plastron noir qui se remarque sur la poitrine des mâles, et qui ,
de chaque côté , descend du coin de bec. La description anato-
mique qu'en a donnée M. Eyton, Beagle's Voy., confirme en par-
tie cette affmité avec les Échassiers et les Gallinacés , qui est si
remarquable dans leurs formes extérieures et leurs habitudes.
Le Tinochorus rumicivorus Eschscholtz est décrit et figuré (à
tort sous le nom de Tinochore d'Bschscholtz), Is. Geof. et Les-
son , Cent. zool. , pi. 50 ; une seconde espèce, le Tinochore d'Orbi-
gny, Tinochorus Orbignyanus , Is. Geof. et Lesson , l'est dans
le même ouvrage , pi. 48 et 41) , mâle et femelle , et une troi-
90 KiivuE ZOOLOGIQUE. ( Mavs 1845.)
sième sous celui de ïinochore de Swainson, Tinochorus Swain-
sonii Lesson , dans les Illustrations de zoologie de cet auteur,
pi. 16.
L'Attagis Gayi , Is. Geoffroy et Lesson , est figuré dans la
Centurie Zool. de ce dernier, pi. 47.
Une seconde espèce, VAttagis Latreillei , Lesson, est décrite et
figurée dans leslllustr. de Zool. du même auteur, pi. 11.
Une troisième , enfin , qui est la première connue , le Tetrao
Falklandicus Gmel , est figurée dans Buffon , enl. 222 , sous le
nom de Caille des îles Malouines.
Nous terminerons cette revue ornithologique par les deux es-
pèces de Nandous ou Rhéas , les géants de la classe au Nouveau
Monde, où ils sont les représentants de l'Autruche en Afrique, du
Casoar dans l'Inde , de l'Émeu à la Nouvelle-Hollande , et de
l'Aptéryx à la Nouvelle-Zélande. Tous deux sont habitants de cette
pointe méridionale. L'un, le Nandou, habite aujourd'hui en assez
grand nombre les vastes plaines de la Plata. Il se trouve au nord
quoiqu'en petit nombre au Paraguay, selon Azara , et au midi
sa limite d'habitation paraît être du 42 au 4o<' degré de latitude
vers le Rio-Negro. 11 n'a point franchi les Cordillières à l'ouest ,
quoiqu'il se montre sur les premières montagnes orientales de
la chaîne sur la plaine d'Uspallata, élevée de 6 à 7,000 pieds.
Dans ces derniers temps, M. A. d'Orbigny a fait connaître, dans
dans son Voy. en Am., vol. 2, p. 76, qu'étant sur les bords du
Rio-Negro, et ayant entendu dire aux habitants qu'une seconde
espèce de Nandou existait dans ces parages, il avait tenté de
grandes excursions pour tâcher de s'en procurer un individu ,
mais que le pays étant alors en guerre, il avait été obligé d'y re-
noncer, que, néanmoins, il était parvenu à en recueillir quel-
ques débris abandonnés sur le sol et à s'assurer que l'espèce se
distinguait de l'ancienne, principalement par ses tarses emplumés
jusqu'à moitié de leur longueur, ce qui l'engageait à nommer
l'espèce nouvelle Rhea pennata ( d'Orbigny).
L'expédition du Beagle a été plus heureure et est parvenue à
s'en procurer un individu à Port-Désiré , en Patagonie, au 48«^
de latitude ; mais au moment où il venait d'être tué , le natura-
liste Darwin , ne pensant pas à la seconde espèce de Nandou, crut
que c'était un jeune de l'espèce commune aux deux tiers de sa ve-
nue. L'oiseau était déjà dépouillé et cuit lorsqu'il se souvint qu'il
TRAVAUX INÉDITS. 91
existait une seconde espèce , mais heureusement la tcte et le cou,
les jambes , les ailes , plusieurs des grandes pennes et une grande
partie de la peau étaient intacts. Avec ces différents morceaux on
en a reformé un individu presque complet en Angleterre, qui
figure aujourd'hui dans le muséum de la Société Zoologique de
Londres.
M. Gould a donné une courte description de cette nouvelle
espèce dans les Proceedings, 1837, p. 35. 11 lui donne le nom de
Jihea Darivinii Gould, en l'honneur de M. Darwin, le naturaliste,
attaché à l'expédition du Beagle ; et ce dernier, dans le Beagle'g
Voyage, dit qu'on la trouvée dans la Patagonie orientale, du 40
au 54e degré de latitude ; qu'elle diffère du Hhea americana en
ce qu'elle est plus petite, que son plumage est d'un brun clair au
lieu d'être gris , et que chaque plume est terminée de blanc; que
le bec est beaucoup plus petit et surtout moins large à la base ,
que sa crête supérieure est de moitié moins large et s'élargit in-
sensiblement vers le bout , tandis que dans le Bhea americana
il se rétrécit insensiblement; que, néanmoins, l'extrémité des
deux mandibules est plus renflée dans ce dernier que dans le
Jîhea Darwinii; que chez celui-ci des plumes courtes descendent
en forme de pointe et recouvrent les côtés du tarse jusqu'à peu
près moitié de sa longueur , que le tarse est réticulé dans les deux
tiers de sa partie antérieure et entièrement sur sa partie posté-
rieure; que les œufs enfin sont d'une teinte légèrement bleuâtre.
L'oiseau est figuré dans ce voyage, pi. ^1 . On peut conclure
des détails ci-dessus que le Rhea americana habite les plaines
orientales de l'Amérique du sud seulement jusqu'un peu au delà
duRio-Negro, vers le sud, à la latitude de 41°, et que le Rhea
Z^an^Jinii le remplace dans la Patagonie méridionale, le territoire
du Rio-Negro étant le seul point d'habitation commun aux deux
espèces. La nouvelle est appelée dans 1« pays Avestruz Petise.
Nous avons omis de signaler comme faisant partie de l'orni-
thologie bolivienne, une espèce d'accipitre voisin des Caracaras,
découvert par M. d'Orbigny, dans le Haut-Pérou ou la Bolivie ,
sur le plateau des Andes. Cette espèce doni; il a formé le genre
PhalcobœnuSy Synopsis, p. 2, se rencontre habituellement sur les
montagnes élevées et découvertes de la Bolivie ; elle s'y tient
toujours sur le sol , ne se perche jamais , excepté sur des saillies
de rocher, pour passer la nuit. Aussi a-t-elle les pattes entière-
%
9'2 REVUE zooi,OGigDE. [Murs 1845.)
ment conformées pour la marche, avec des ongles déprimés, élar-
gis et obtus à la pointe. Cette espèce se rencontre jusqu'au Chili
septentrional, à des zones moins élevées, et quelquefois, mo-
mentanément , pour chercher sa nourriture, sur les rivages de la
mer. Sa limite d'habitat est du 12^ au 20^ degré de latitude sud.
Elle est figurée dans le Voy. en Amérique d'Orb., pi. 2, f. 1, 2.
Cette espèce est représentée en Patagonie , vers Santa-Cruz ,
au 50* degré de latitude, et. par conséquent dans l'ornithologie
que nous nommons Patagonienne, par une espèce très-voisine et
selon toutes les apparences du même genre , découverte par l'ex-
pédition du Beagle , et que M. Gould a décrite, Proceedings, 1 837,
p. 9, sous le nom de Polyborus ( Phalcobaenus) , albogularis
Gould. Elle l'est encore dans le Beagle's Voy., p. 18, sous celui
de Milvago albogularis^ et figurée pi. l'^^, de la partie ornitho-
logique du même ouvrage. Ses mœurs diffèrent essentiellement
de celles du Phalcobœnus montanus , en ce qu'il habite les vastes
plaines et les bords des rivières de la Patagonie , à 20 degrés
plus au sud que le Phalcobœnus montanus qui ne se tient que
sur les plateaux élevés et arides de la Bolivie.
Quelque incomplète que puisse être l'esquisse que nous ve-
nons de tracer à la hâte de l'Ornithologie de l'Amérique méridio-
nale , entre ses deux points nord et sud les plus éloignés , on ne
peut s'empêcher d'y reconnaître , avec autant d'étonnement que
d'admiration , les diverses modifications que le Créateur a im-
primées à l'organisation des Oiseaux selon leurs différentes zones
d'habitation, pour que chaque point de cet immense continent,
depuis la mer des Antilles jusqu'au cap Horn , et depuis ses val-
lées les plus basses et les plus marécageuses jusqu'aux plateaux
les plus élevés et les plus arides des Cordillières jusqu'au-dessous
des neiges, eût ses habitants emplumés. Une de ces modifications
la plus étonnante est sans nul doute chez le Phalcobœne mon-
tagnard d'Orb., qui nous offre la métamorphose d'un oiseau de
proie en oiseau marcheur , ne se perchant jamais sur les arbres,
se tenant constamment sur le sol , ayant le port , la démarche
et toutes les allures de nos poules et coqs, selon M. d'Orbigny ,
et destiné à n'habiter que les plateaux montueux de la chaîne
des Andes , à une élévation de quatre mille mètres au-dessus du
niveau de la mer.
TRAVAUX INÉDITS. 93
Oiseaux nouveaux rapportés par M. Léclancher , chirurgien de
l'expédition de la corvette la Favorite, par M. de Lafresnaye.
Nous avions d'abord placé cet Oiseau intéressant dans le genre
h'nodesdc M. Temminck , appartenant à la sous-famille des Z«m-
protorninœ. Mais malgré notre éloignement naturel pour la for-
mation d'un genre nouveau, et après un mûr examen et de
scrupuleuses comparaisons , nous pensons que 1 a forme des na-
rines de cet oiseau, caractère tout à fait tranché, et la forme
générale du bec qui en est la suite, sont bien assez caracléris-
ques pour autoriser la création d'un genre nouveau, d'autant
que ces caractères ne se retrouvent chez aucun des genres de
cette sous-famille , à laquelle cet oiseau appartient évidemment
par ses habitudes de vivre en troupes sur les pâturages près des
bestiaux. Nous avons donc cru devoir établir un genre propre .
sous le nom de Scissirostrum , dont les caractères sont : rostrum
forte , altum , culmine paucè compresso , oMuso , elevato , a
fronte ad apicem œque curvato, apice non adunco; maœillâ
basi tatd, parum tumidâ ^ post nares tantum compressa; na-
ribus in scissurâ sulciformi elongatâ, oblique arcuatâ apertis;
spatio infra nares tumido; mandibulâ basi altâ ad latera rectè
descendente ; alis mediocribus, remigibus duabus primis œqua-
libus et longissimis , lertiâ et quartâ brevioribus , gradatis;
caudâ mediocri, gracili, acuminatâ, rectricibus angustis
valde gradatis ; tarsis brevibus sed robustissimis ; digitis et
unguibus validis , his et prœcipue postico fortibus valde ar-
cuatis, compressis.
Scissirostrum Pagei. Totus cinerascens, alis caudaque cu-
neatâ nigro-schistaceis , pennis aliquot uropygialibus apice co-
arctatis, rubris , nitidissimis, laminoeformibus ; rostro basi lato,
post nares compresso , culmine toto coarctato , pauce curvato ,
naribusin scissurâ obliqua , elongatâ patentibus ,vix conspicuis ;
rostro pedibusque robustis, brevibus, flavis, unguibus nigris.
Longit. tota 16 cent. — Habitat Manado in insulâ Celebiensi.
Nous donnons à cet Oiseau le nom du commandant de la cor-
vette ?a Favorise, d'après le désir que nous en a témoigné M. Lé-
clancher , chirurgien de l'expédition , comme un hommage de
sa reconnaissance pour l'obligeance avec laquelle ce capitaine
lui a facilité ses explorations en histoire naturelle pendant le
cours du voyage.
94 RKVDE zo()LOGi<iDK. {Mari> 1845.)
s. Fam. Campephagin^G. K. Gray. — Gen. Pericrocotus Boié
(1 826), PAopmcorms id. (1827),Swainson (1832), ^ds Lesson
(1831).
Pericrocotus cinereus. Supra cinereus , loris , alis , caudâque
nigris; fronte , macula média alari, alœ flexurâ, remigum ter-
tiariarum limbo externo , rectricibuslateralibus, quatuor mediis
exceptis, feretotisalbis,subtusque ex totoconcolore, rostrope-
dibusque nigris. Longit. tota 19 cent. |, caudaî 9 cent. {.
Cette espèce a les plus grands rapports de forme et de propor-
tions avec le Gobe-mouche flammea , Tem. col. 263—1, 2, quoi-
que d'une taille un peu plus forte qui le rapprocherait un peu du
Muscipeta princeps , Vigors, Proceed. 1830, p. 22, mais son
plumage cendré en dessus, blanc en dessous, sans aucune
apparence de nuance jaune, aurore ou rouge en dessous, ne se
retrouvant chez aucune des espèces connues jusqu'alors , fe-
melles ou jeunes , nous n'hésitons pas à le regarder comme espèce
nouvelle , le soupçonnant toutefois femelle d'après sa teinte grise
supérieure. Il vient de l'île Lucon, aux Philippines.
Gen. Dic^uji Cuv.
Dicœum Leclancherii. — Supra totum nigrum , dorso ,
uropygio, alœque tectricibus minoribus superis violaceo-niten-
tibus , inferis totis niveis ; gutture colloque antico ruberrimis ,
mento albo ; abdomine nigro , griseo intermixto ; ano caudœque
tectricibus inferis sordide et pallide ochraceis ; rostro pedibusque
nigris ; rostro curvato, — L. tota 7 cent. 1/2, alœ flexae 4 cent. 3/4.
11 vient de Manado aux Célèbes.
Cette espèce de Dicée est très-voisine du Die. atrogaster Less.
tr^ 303, Motacilla hirundinacea Shaw, de la Nouvelle-Hollande,
mais elle en diffère par une taille plus petite parce que , chez
elle , la gorge et le cou seulement sont rouges et non la
poitrine, en ce qu'elle n'a pas les sous-caudales rouges, mais
d'un blanc ochracé mêlé de traits noirs, en ce que son bec est
plus arqué en dessus, son aile pliée a 4 cent. 3'4 de longueur ;
celle de V atrogaster ou plutôt de Vhirundinaceum a 6 cent.
Elle vient des Célèbes , l'autre de la Nouvelle-Hollande,
Monsieur Léclancher a tué , sur les bords du fleuve Yang-
Tsekiang , en Chine , près de Nankin , plusieurs oiseaux d'Europe
et même de France , tels que le Pic gris , Plcus canus, la Pie
bleue ou Turdoïde d'Espagne , Garruîus cyanus Tem. et autres.
TKAVAUX INÉDITS. 95
NoLVEiJ.E ESPÈCE li'oiseau mouche, décrile par M. Parsudaki.
Ornysmialsaacsonii. Corporc supra aureo-viridi ;caudâfusco
nigrâ , basi cupreâ : subtus collo viridi , abdomine viridi-cu-
prescente, caudâlœtè viridi^ tibiisalbis,plumiscaligatis : rostro
recto nigro.—L., Uc. 1/2; du bec 28 m. — Partie supérieure et cô-
tés du cou d'un vert doré peu brillant; couverture de la queue plus
foncée et d'un rose cuivreux luisant; dessous de la queue d'un beau
vert scintillant ; celle-ci fourchue et d'un brun noir ; front et gorge
d'un vert métallique ; ventre à reflets dorés se fondant avec le
vert de la gorge et ressemblant à celui du jeune O. Bonapartei;
ailes plus courtes que la queue , d'une couleur marron luisant ,
avec quelques plumes vertes aux épaules. Pieds semi-pattus,
d'un brun clair; bec droit, noir dans tonte sa longueur. Patrie,
Santa-Fé de Bogota , très-rare.
Le port de cet oiseau rappelle VOrnysmia vestita ; il est
plus grand et d'un plumage plus éclatant. Nous dédions cette
intéressante espèce à notre ami .T. F. Isaacson , amateur distin-
gué , attaché au Jardin zoologique de Liverpool.
Description de dix Coléoptères de Chine, des environs de Macao,
et provenant d'une acquisition faite chez M. Parsudaki , mar-
chand naturaliste à Paris; par M. A. Chevrolat.
l.Cicindela flav o -maculât a , Kollar. —EUe est indiquée, au
catalogue de M. Dejean , comme variété de la C. aurulenta de
Fab. Les différences qui l'éloignent du type , originaire de Java ,
sont : deux belles taches carrées cuivreuses sur le corselet ; les
quatre taches blanches des élytres plus étendues, 3« constamment
étroite , transverse : elles sont d'un indigo éclatant et velouté ,
base et suture d'un doré cuivreux plus brillant. L. 16, 19. L. 6,
G3/4mill.,
On ne doit la considérer que comme une variété locale de la
C. aurulenta.
2. Cicindela dorsolineolata. — Brunnea, obscura. Labro (va-
lido, septemdentato , margine punctis sex impresso) in média
parte , palpis (articulo apicali sed duobus penultimis maxillarum
feminis, viridibus), mandibulisque (infra labium apertis) basi,
flavis ; capite et lateribus thoracis pectorisque infrà , metallicis
coloribus splendens. Caput valdè rugatum. Thorax scabriusculus,
longior latitudine , lateribus rotundatus. Elytra elongata , sub-
9C RKVUE ZOOLOGIQUE. (Mafs 1845.)
parallela, ad apiccmmarginis subrectangulè rotundata, obsolète
punctata (punctis porosis) , sericea ; vittâ submarginali , extus
hiimerum nascenti, ad apicem suturœ recurvâ, ultra médium
intus oblique et rectè ramosâ , lineolis tribus, vel tantum duabus
anticis juxta suturam ; aurantiacis. Corpus in latere parce albo-
setosum, abdomine nigro, polito, ad latera rugoso et viridi basi,
3°segmento recurvo acuto. — L. 12, 13. L. 4 1/2, 5 mill.
Les trois articles des tarses antérieurs du mâle sont allonges,
élargis , et décroissent chacun de grandeur, les deux premiers
sont sub-cylindriques, le troisième est un peu dilaté.
La lèvre chez ce sexe est comme tronquée antérieurement et
munie de quatre dents sur la troncature. La lèvre de la femelle
se prolonge en une pointe aiguë , et est fortement élevée en
dessus au milieu. Elle avoisine la C. lugubris de Dejean.
3. Cicindela Candei. SimWMma. C. cancelîatœ Dej . et catenatœ
Fab. , sed differt staturâ majore , capite depresso ; thorace pla-
niore, elongato, lateribus parallelo , minutiore rugulosis ;elytris
longioribus , minuté et laxè punctatis ; 5" articulo antennarum
rubiginoso, etc., etc. Caput, thorax et scutellum cuprea, minute
coriaceo-rugulosa , dense albo-hirta. Mandibulis, palpis (art».
ultimo viridi), labio, elytrisque flavis. In elytris ramulis duobus
communibus dorsalibus obscuro-cupreis, nigro fimbriatis, punc-
tatis (punctis nigro-pupillatis) ; 1° ramulo, notis tribus elongatis
et intricatis formato, duabus notis anticis parallelis posticè ad-
nexis, tertiâ longâ, obliqua, suturas junctâ: 2'' ramulo subancho-
rali; limbo marginali angustè cupreo ; epipleurispallidis. Corpus
subtus dense albo-villosum. Postpectus et abdomen medio viridi-
cyanea, nitida.— L. 14, 15. Lat, 5, 5 1/2 mill.
J'ai cru devoir dédier cette espèce à M. de Maussion-Candé ,
commandant de frégate , que je n'ai pas l'honneur de connaître ;
je désire que ce navigateur , qui vient d'enrichir les collections
d'espèces fort intéressantes, voie dans cette dédicace l'expression
d'un sentiment d'estime et de gratitude.
11 serait à désirer que nos officiers de marine suivissent
l'exemple de M, de Maussion-Candé et contribuassent avec le
même désintéressement à l'avancement des sciences naturelles.
4. Cicindela speculi fera, — \icmsi C. perpleœœ , De] ., sub-
cylindrica , surdo- viridis , minutissimè coriacea. Labro , mandi-
bulis basi , palpisque (art», ultimo p. labiorum et duobus ulti-
fé
«ï
TRAVAUX INÉDITS. 97
mis, maxillaruin ; viridibus), pallidis. Elylra ininutissimè
rugulosa, punctata; feminae punciis fundo cyaneis; maris, ob-
scm-ioribus; margine laterali (subtus lunulani humeralem inter-
ruplo), lunulisduabus, striga laterali média, punctoque infra;
flavis ; feminqc, cum plaga speculifera quadrata in medio coleoptri
versus extremitatem lunulac humeralis. — L. 12 , 13. Lat. 4 1/2.
o mill.
La lèvre , dans les deux sexes , est transverse , un peu sinueuse
en avant. Elle offre au milieu une épine noirâtre. Le corps de la
femelle , en dessus , est d'un vert un peu plus clair que chez le
mâle , dont la couleur est obscure.
5. Cicindela anchoralis. — Similis C. longipedi Fab. viridi-
cuprea. Palpis , mandibulis (apice piceis), labio , tibiis (extremi-
tatibus piceis) , tarsis basi, elytrisque albis : his rugosè punctatis,
vittâ anchorali , cum lineolâ ponè humerum ( in feminâ am-
plioribus); cupreis. Thorax truncatus , subconicus , anticè et
lateribus longé pilosus. Pedes, praesertim postici, longi, trochan-
teribus rubris. Corpus nitidum, lateribus pectoris et abdominis
basi scabroso-punctatis , albo-hirsutis. Tribus articulis anterio-
ribus tarsorum maris lanatis , elongatis, 3° dilatato,. — L. 12, 13.
Lat. 4 1/2, 6 mill.
La lèvre est tridentée au milieu dans l'un et l'autre sexe ; seu-
lement elle offre chez le mâle deux échancrures entre ces dents.
6. Cicindela psammodroma. — Alïinis C. tenuipedi Guerini.
Viridi-cyanea, nitida , minutissimè coriacea, palpis, mandibulis
(apice , dentibusque exceptis ) , labio ( unispinoso) , elytrisque ;
albidis. Thorax truncatus, subconicus. Elytra elongata, ovalia,
coriaceo-punctata , vittis quatuor haud integris (1« sinuosa, 2«
obliqua) , suturaque viridibus. Pedes longi , prœsertim postici ,
trochanteribus, tibiis, et 1° art**, tarsorum, rubroflavoque pallidis.
Corpus infrà lateribus albo-setosum. — L. 10, 12, Lat. 3 3/4,
5 mill.
La lèvre est tronquée , étroite , munie d'une épme noirâtre au
milieu. Des deux lignes cuivreuses sur chaque étui, la première
est sinueuse , part de l'épaule et se dirige aux deux tiers de la
longueur sur l'extrémité de la suture ; la seconde est oblique ,
en dehors de la première , commence au delà du milieu, s'élargit
près de l'extrémité; elle forme en dessous un petit angle, vers
le milieu.
Tome VIU. Année 1815. 7
98 REVUE ZOOLOfilQUE. [Mufs 1845.)
7. Cicindela mwidncfa. — Viridi-metallica. Pal pis (quatuor,
articule ultimo viridi ) , mandibulisque (apice , viridibus et ni-
gris) , pallidis; labio amplo, truncato, eburneo. Thorax minute
coriaceus rugatusque , inter sulcos quadratus , angulis posticis
in tubercule obtuso elevatis. Elytra brevia , plana, parallela,
minutissimè rugulosa , crebrè , dense et sculpté punctata , punc-
tis fundo cyaneis, lirnbo laterali latè albo-cincta , punctulato,
limbo externo angustissimè cupreo. Pectus et abdomen longe
albo-hirta. Pedes viridi, albo-setosi , trochanteribus ettibiisbasi,
rubro-pallidis. Mas. — L. 11, lat. 3 3/4 mill.
Cette espèce paraît être très-rapprochée de la C. Gyllenhali
de Dejean. Nous la classons à sa suite. La femelle offre sur chaque
étui , avant le milieu, une plaque luisante en forme de miroir.
8. Brachyaspistes velatus. — Apterus, griseo fuscoque va-
riegatus ; lateribus thoracis , elytrorum basi et femoribus qua-
tuor posticis, calcariis. Caput et rostrum (thorace paululum
longiora), vitta longitudinali in thorace (latitudine capitis),
nigra, Rostrum latum , subcylindricum , modicè arcuatum,sulcis
tribus , sulcomedio subintegro, lateralibus post oculos limitatis,
ad apicem costulatis. Thorax longitudine et latitudine média
œqualis , lateribus parum ampliato-rotundatis , anticè et posticè
truncatus , truncaturis cylindricis ; inaequaliter tuberculatus ,
scabroso - foveatus , sulco longitudinali. Scutellum vix con-
spicuum. Elytra ob-ovalia, anticè conjunctim introrsum atte-
nuata , subreflexa, apice singulatim subacuminata ; squamis
adhoerentibus , coriaceis albido-griseo-fuscoque variegata ; punc-
tato-striata et angustissimè sulcata , interslitiis rotundè costulatis.
femoribus , prassertim anticis , clavatis ; tibiis quatuor anticis ,
cameratis , intus ordinatim spinulosis ; 3° art" tarsorum valdè
bilobo , duobus unguiculis mediocribus , basi adnexis, apice ap-
proximatis œqualibus. — L. 13, lat. amplissima 5 milli.
Ce genre fait partie de la fam. des Curculionides gonatocères
et de la division des Brachy dérides. Le B. velatus s'éloigne un
peu des 3 espèces qui me sont connues , sa trompe étant plus
longue, plus arquée, très-sillonnée. Sa forme rappelle celle
d'un Ophryasies.
Clytus M acaumensis. — SimiUs Cl. plebejo Fab. villosulus,
cinereus. Caput angustum , sulco longitudinali haud integro ,
oculis valdè emarginatis. Thorax obscurior , oblongo-rotun-
ANALYSES u'OLVRAOKS NOUVEAUX, 99
datus , in margine aiitico , posticoque , angustè nigro-reflexus
et truncatus , punctis quatuor nigris , transversim positis :
duobus dorsalibus conjunctis. Scutellum semi - rotundum ,
albiduiu. Elytra thorace duplo longiora , ad apicem modicè
attenuata , in extremitate truncata , annulo oblongo humerali ,
fasciisque duabus nigris : 1* antè médium, circumflexa , margine
ampliata annuloque juncta ; 2* recta antè apicem. Pars corporis
in quâ pedes inseruntur nigra. Pedibus et antennis nigricantibus ,
cinereo-tectis. — L. Il 1/2, lat. 4 1/2.
1 0. Coplops annulata. — Lanugine brevissima tecta, ferrugata.
Corpore subtus , elytris infra basin usque ad tertiam partem api-
calem semi-circulatim leucophœatis. Caput perpendiculare, sulco
longitudinali ; mandibulis atris, nitidis , arcuatis, in extremitate
bidentatis, oculis mediocribus, rotundatis , supra truncatis,
fuscis; antennis ferrugatis, infrà vil losis, 2» 3°-que articulis fere
omnino nigris , sequentibus , apice nigricantibus. Thorax sub-
quadratus , valdè convexus , apicibus rectus , ad basin et apicem
lateribus angustè et sinuosè sulcatus (margine laterali infuscato),
punctatus , punctis intus repletis, setosis. Scutellum griseum
subquadratum , lateribus posticis rectangulis. Elytra subcylin-
drica, posticè declivia , thorace multo latiora, triplo longiora ,
apice singulatimrotundata, versus apicem subattenuata (humeris
prominulis, obtuse rectangulis), punctata (punctis setiferis ,
anticè foveatis ) ; in medio infra basin apicata , sutura elevata ,
costulisque duabus medianis leucophaeatis , nigroque maculato-
fasciculatis. Pedes inermes , breviusculi , validi , approximati,
femoribus infra apice sulcatis , tibiis intus subsînuosis , tarsis ni -
gricantibus. — L. 9 mil., lat. 5 1/2.
11. ANALYSES D'OUVRAGES NOUVEAUX.
Liste des animaux articulés cités jusqu'à présent comme se trou-
vant à la Nouvelle-Zélande , avec les descriptions de quelques
nouvelles espèces; par MM. Ad. White et Ed. Doub^evay, aides
à la partie zoologique du Mus. Britannique.
Classe CRUSTACEA.
1. Faramithrax GaimardiiyM. Edw. Hist. nat. des crust. I,
p. 325, hab, laNouv.-Zél. M. Edw.
2. Chlorodius eudorus. M. Edw. 1. c. p. 402. Cancer eudora
Herbst, 111 , pi. 51 , f. 3. hab. la Nouv.-Zél. M. Edw,
100 REVUE zooLOGiyuE. {Mars 1845.;
3. Portunus catharus, White,his. hab. laNouv.-Zél. Coll. du
Mus. Brit, D. A. Sinclair. Cette espèce se place près du P. mar-
moreus^ Leach (malac Pod. Brit. tab. VIII , f. 1,3), elle diffère
de Tespèce européenne par sa plus grande largeur et parce
qu'elle a quatre dents au devant de la carapace, la paire inter-
médiaire étant réunie ensemble. 11 y a cinq dents sur les côtés
de la carapace et une dent sur la partie externe du sinus au-des-
sus de l'œil, La carapace est très-lisse, elle a deux lignes enfoncées
convergeant postérieurement et plus larges en avant. La couleur
de la carapace est jaune brunâtre , marquée de petites taches
brunes : les taches forment une ligne lunée entre les impressions
du dos qui sont très-distinctes : pénultième article de la queue
le plus grand et rétréci en avant. Largeur de la carapace d'un
individu mâle, 1 p. 2 1., long. 10 1/21.
— Crabe commun. Polack, N.-Zél. p. 326, t. 1, en parle comme
hab. laNouv.-Zél.
4. Grapsus strigilîatus , White. In Gray's zool. mise. 1842,
p. 78. hab. la Nouv.-Zél. Dieff. Carapace avec la partie antér.
déprimée , horizontale et occupant plus de la moitié de sa lar-
geur en avant, en mesurant d'épine à épine, 'bords latéraux avec
trois dents en avant : plusieurs stries sur les côtés; pattes larges,
renflées, côtés très-lisses, bords supérieurs avec quelques excrois-
sances verruqueuses. Couleur : côtés de la carapace rouges, légè-
rement tachetés de jaune endevant et sur le dosnoir, avec de larges
taches jaunes: cuisses rougeâtres, teintées de bleu. Ressemble
beaucoup au G. varius.
5. Cyclograpsus sexdentatus , M. E. , II, p. 79, hab. la
Nouv.-Zél M. Edw.
6. Plagusia clavimana^ Latr. Desm. Cons. p. 127, M. E. 1. c.
p. 92. Cancer planissimus , Herbst, pi. 59, f. 3. Var. PL serripes
Lam. Séba, t. III, pi. 19, f..21, hab. la Nouv.-Zél. M. Edw. Mus.
Brit. Dr Sinclair.
7 . Leucosia orbiculus. Cancer orbiculus, F. Ent. syst. 402, 1 3
Nouv.-Zél. Fab.
8. Pagurus cristatus,, M. E. 1. c II, p, 218. M. E. Ann. des
Se. nat. sér. 2, VI, p. 269. hab. la Nouv.-Zél. M. Edw. Musée
Brit. Sinclair.
9. Pag,pilosus, M. E. 1. c. II, p. 233, Ann. Se. nat. VI, p. 282,
pi. 14, f. 1. Nouv.-Zél. M. Edw.
ANALYSES D OUVRAGES NODVKAUX. 101
10. Porcellana elongata, M. Edw. 1. c. II, p. 251. Nouv.-Zël.
M. Kdw.
11. Palinurus? Homard ou ccrevisse de mer, Cook. Cancer
homarus^ L.Forst. Voy. I,p. 144. Kohuda. Kohura, Dieff. Polack.
I, p. 32G.
La meilleure chère que nous apportât la mer était le homard
ou ëcrevisse dénier, qui sont probablement les mêmes que
Lord Anson dit dans son voyage avoir trouvées à l'île de Juan
Fernandez, si ce n'est qu'ils ne sont pas delà même taille. Ils
diffèrent d« ceux d'Angleterre sous plusieurs points: ils ont un
grand nombre d'épines sur leur dos, et ils sont rouges dès qu'on
les tire de l'eau. Dans le nord nous en achetions partout en quan-
tité des naturels qui les prennent en plongeant près du bord, et
les trouvent avec leurs pieds quand ils sont couchés. — Hawkes-
worlh, Voy. du lient. Cook, III, p. 440, et vol. II , p. 325 et 328.
Le capitaine Cook a appelé une localité où lui et son expédition
se régalèrent de ces homards , Baie du Déjeûner, Luncheon-Cove.
I, p. 78. Edit. de Londres, 1777.
12. Paranephrops planifrons ,White, in Gray's Zool. Mise p.
79. Nouvelle-Zélande, Tamise, Dieff. Les yeux sont larges comme
dans les Nephrops : les côtés du second segment thoracique avec
une épine en avant au milieu , comme dans les Potamobius, et
une plus courte au-dessous : l'appendice lamellaire des antennes
extérieures s'étend considérablement au-delà des articles renflés
de la base, il est en dedans presque droit, et bordé de longs
poils : les deux premiers articles des pieds-mâchoires extérieurs
sont épineux en dedans : les côtés des segments abdominaux ne
sont pas aussi vivement anguleux que dans les Nephrops : la
plaque médiane de la queue est d'une seule pièce comme dans
les Nephrops , et a l'épine plus éloignée en arrière de l'extrémité
arrondie : la première paire de cuisses est plus mince que dans
les Nephrops: les griffes sont presque droites en dedans, et mu-
nies de dents moyennes : les mains ne sont que faiblement sillon-
nées, et ont quelques rangs d'épines plus fortes en dedans : la
seconde paire de cuisses est la plus courte de la quatrième paire
postérieure , tandis que dans les Nephrops c'est la cinquième :
la seconde est la plus longue , la quatrième et la cinquième sont
de longueur presque égale. Cette espèce de la rivière .Tamise , à
la Nouvelle-Zélande , est voisine des deux genres Potamobius et
i02 REVUE ZOOLOGIQDE. (MaTs 1845.)
Nephrops, en. ayant le dehors de la dernière, et en réunissant les
caractères des deux. La carapace de cette espèce est presque cy-
lindrique : le bec s'avance au delà du pédicelle de la paire in-
terne d'antennes ; il est droit , large, effilé et un peu creusé en
dessus.
Les côtés ont trois dents : à la base sont deux dents latérales^
placées l'une devant l'autre : à la base du bec , au milieu , il y a
une faible strie longitudinale , raccourcie ; les côtés de la cara-
pace, à côté des pieds-mâchoires externes , ont plusieurs épines
courtes courbées : les segments abdominaux sont lisses en des-
sus : les appendices de la queue sont finement striés à l'extrémité,
et teintés de rouge d'œillet : le thorax est couvert de poils fins :
l'abdomen est d'une couleur jaunâtre un peu tachetée ; chaque
segment postérieur à une bordure très-étroite d'œillet. Longueur
du plus grand individu, 3 pouc. 8 lig. de l'extrémité de la queue
à celle du bec ; longueur du plus petit, 2 pouc. 8 lig.
13. Hippolyte spinifrons y M. Edw. 1. c. II, p. 377. Habite la
Nouvelle-Zélande. M. Edw.
14. Palœmon QuoyanuSy M. i:dw. 1. c. II, p. 393. Habite la
Nouvelle-Zélande.
( La suite au prochain numéro, }
III. SOCIETES SAVANTES.
Académie royale des sciences de Paris.
Séance du 3 mars 1845. — M. Gruby adresse des Recherches
sur les Animalcules parasites des follicules sébacés et des folli-
cules des poils de la peau de Vhomme et du chien.
Chez l'homme , cet insecte parasite se rencontre le plus sou-
vent dans les glandules sébacées de la peau du nez , ainsi que l'a
indiqué M. Simon de Berlin , à qui l'on en doit la découverte.
Les Animalcules parasites du chien sont identiques à ceux de
l'homme , et M. Gruby pense qu'ils peuvent se communiquer de
l'un à l'autre.
Ce mémoire est renvoyé à l'examen d'une commission.
Dans la Séance publique du 10 mars , il a été décerné des prix
et des récompenses comme à l'ordinaire.
SOCIÉTÉS SAVANTES. 103
Séance du 17 mars. — M. Milne-Edwards lil un mémoire
ayant pour titre : Nouvelles observations sur la constitution de
l'appareil de la circulation chez les Mollusques.
Dans ce travail, signé aussi par M. Valenciennes , l'auteur
cherche à prouver que chez tous les Mollusques il existe une cir-
culation semi-vasculaire , semi-lacunaire aussi bien que chez les
Crustacés et les Arachnides. Si Ton voulait, poursuit-il, expri-
mer par une formule générale tous les faits de cet ordre déjà
constatés , on pourrait dire que chez tous les animaux à sang
blanc , les liquides nourriciers ne sont pas renfermés dans un
appareil vasculaire clos, mais circulent plus ou moins rapide-
ment dans un système de cavités constituées en totalité ou en
partie par des lacunes que les divers organes laissent] entre
eux.
Dans le courant de ce travail , on s'est abstenu de parler des
Éolides et genres voisins, à cause de la divergence d'opinions qui
existe entre MM. de Quatrefages et Souleyet sur l'organisation de
ces animaux. Il nous semble que cette réserve de juges du débat
qui, par une délicatesse louable, ne veulent pas qu'on les con-
sidère comme juges et parties , n'a pas toute la valeur qu'ils ont
voulu lui donner , car, en déclarant que chez tous les Mollus-
ques il n'y a qu'une circulation semi-vasculaire et semi-lacunaire,
il est évident qu'ils n'admettent pas que les Eolides et genres
voisins font seuls exception à cette grande loi , en sorte que si la
divergence d'opinions entre MM. de Quatrefages et Souleyet por-
tait sur ce point seul , la question serait jugée dès aujourd'hui en
faveurdupremieretpar un ou deux juges seulement, sans le con-
cours et l'assentiment des autres membres de la commission et
sans débat contradictoire.
M. Isidore Geoffroy Saint-Hilaire , en présentant le Tableau
synoptique de sa Classification parallélique des Mammifères ,
entre dans des détails très-intéressants sur les principes de cette
classification , qui date de huit années. Comme nous les avons
exposés dans cette Revue ( 1838 , p. 218), nous ne les reprodui-
rons pas ici , et nous renvoyons à l'article de 1838 et à l'annonce
que nous avons faite du tableau (1845 , p. 61 ).
Séance du 2 S mars. 1° M. Souleyet adresse la note suivante
ayant pour titre : Observations sur les organes de la circulation
chez les Mollusques.
104 REVUE zooLOGiguE. [Metrs 1845.)
« En exposant, dans la séance précédente, le résultat de leurs
recherches sur la constitution de l'appareil circulatoire chez les
Mollusques, et en rappelant les divergences d'opinions qui existent
sur ce point au sujet des Éolides, MM, Milne Edwards et Valen-
ciennes ont pu, involontairement sans doute, induire à croire que
la question en litige entre M. de Quatrefages et moi était la même
que celle qui vient d'être portée par ces deux savants professeurs
devant l'Académie. Il me paraît donc nécessaire de faire ressortir
les différences qui existent entre cette dernière question et la théo-
rie du phlébentérisme que j'ai combattue,
» Les faits exposés par MM. Milne Edwards etValenciennes ten-
dentà établir que l' appareil vasculaire est toujours plus ou moins
incomplet chez les Mollusques , contrairement à ce qu'on avait
admis jusqu'à ce jour, et que, dans une portion plus ou moins
considérable du cercle circulatoire , les veines manquent tou
jours et sont remplacées par des lacunes ou par les grandes
cavités du corps. Mais, en définitive cependant, quelles que
soient les voies suivies par le sang, ce liquide n'en exécute pas
moins toujours le même circuit, c'est-à dire qu'après avoir par-
couru , au moyen des artères , les différentes parties du corps , il
se rend aux organes de la respiration , et de ces organes au cœur ;
en un mot, la circulation n'en est pas moins toujours complète
chez les animaux de ce type.
» Or, il n'en est pas de même chez ]esMo\\usques phlébentérés ,
car M. de Quatrefages les définit : des Mollusques gastéropodes à
circulation imparfaite om nulle , privés d organes respiratoires
proprement dits [i); et en effet, on n'a pas oublié peut-être que
l'appareil circulatoire manquerait complètement dans le plus
grand nombre de ces Mollusques , ou serait réduit à un état d'im-
perfection extrême, se composant d'un cœur seulement, sans ar-
tères ni veines.
» La circulation semi-vasculaire et semi lacunaire, mais com -
plète , qui existerait chez les Mollusques d'après les recherches ré-
centes de MM. Milne Edwards et Valenciennes , ne peut donc être
confondue avec l'absence complète de la circulation ni avec la
circulation imparfaite qui aurait été observée chez les phlében-
térés par M. de Quatrefages.
(\) Mém. sur les Gastéropodes phlébentérés . Ann. des se. nal. S"" série, 1. 1, p. 171.
SOCIÉTÉS SAVANTES. 105
» Mais là n'est pas encore toute la difTérence , et, à côté de ce
fait, l'absence des appareils de la circulation et de la respiration,
se trouve , dans \c phlébentérisme , un autre fait pour ainsi dire
parallèle, savoir : l'intervention du tube digestif dans l'exer-
cice de ces deux fonctions, ce qui constitue essentiellement cette
théorie.
« Le caractère le plus général de ce groupe (les phlébentérés )
» consiste en ce que l'intestin, au lieu de former un simple tube,
» donne naissance à un appareil particulier, très-compliqué, dé-
» signé par M. Milne Edwards sous le nom d''appareil gastro-
» vasculaire ; ce nom même indique quelles sont ses fonctions.
» En effet, il semble destiné à remplir à la fois le rôle d'organe
» digestif et celui à^ organe circulatoire. » {Moniteur du. 17 no-
vembre 1844. — M. de Quatrefages. )
» L'intestin ne remplace pas seulement les organes de la circu-
lation , dans la théorie du phlébentérisme, ainsi que je l'ai fait
voir ailleurs ; les fonctions de la respiration lui sont également
dévolues, et M. de Quatrefages a très-nettement exprimé cette
triple aptitude fonctionnelle du tube digestif en disant que chez
les phlébentérés , la fonction de la digestion se confond avec
celles de la respiration et de la circulation, ce gui, ajoute-t-il ,
forme le caractère dominateur de ce groupe (1). Je rappellerai
que c'est cette simplification extrême qui aurait lieu dans l'organi
sation de ces Mollusques, et qui les abaisserait presque au niveau
des derniers zoophytes , que j'ai surtout combattue dans la théorie
du phlébentérisme.
» Toutefois , je ne me dissimulerai pas que les recherches de
MM. M. Edwards et Valenciennes sembleraient venir à l'appui
d'une des assertions émises par M. de Quatrefages : Vabsence
complète du système veineux dans les Mollusques qui auraient
un cœur et des artères. Les faits communiqués tendent à prou-
ver, en effet, que les veines pourraient manquer complètement
dans certains Mollusques , ce qui aurait lieu , par exemple , chez
les aplysies , lesdolabelles , les notarches , etc., etc. Mais il paraît
certain que les deux savants académiciens n'ont voulu désigner
ainsi que le système veineux général , car l'existence du système
veineux branchial est incontestable dans ces Mollusques. Sous ce
rapport , il y aurait donc déjà une différence très-grande entre
(t) Comptes rendus, t. XIX, p. 192.
106 KEVUE zooLOGiyuE. { Mavs 1845.)
l'appareil circulatoire des aplysies, dolabelles , notarches, etc.,
et celui des ëolides , qui n'auraient plus de veines , d'après
M. de Quatrefages , mais chez lesquelles le sang passerait des ar-
tères dans la cavité abdominale , et de là dans un ventricule com-
muniquant directement avec cette cavité.
» Quant à l'absence complète du système veineux général chez
ces mêmes Mollusques (les aplysies, les dolabelles), je ne puis
rien dire à ce sujet , n'ayant pu compléter encore mes recherches
sur ces différents genres. J'espère donc revenir plus tard sur cette
question; mais, quoi qu'il en soit de l'absence ou de la présence
d'un système veineux dans les aplysies , dolabelles , etc., cela ne
peut modifier en aucune façon mes observations sur les éolides,
et je crois être en mesure de démontrer, contrairement aux as-
sertions de M. de Quatrefages, que le cœur ne communique pas
chez ces Mollusques avec la cavité abdominale ; qu'il existe un
système veineux branchial , et qu'il est possible d'isoler des vais-
seaux veineux qui se portent des organes intérieurs vers l'enve-
loppe externe. Je fournirai aussi des preuves décisives des autres
erreurs que j'ai relevées.
» J'espère que la commission ne me fera pas attendre plus
longtemps l'occasion de mettre sou» ses yeux ces preuves qui
lui permettront de prononcer immédiatement devant l'aca-
démie. »
M. Joly, de Toulouse, adresse un travail très-intéressant sur
deux nouveaux genres de monstruosités auxquels il a donné
les noms de Chélonisome et de Streptosome : le premier a été
établi sur un veau à terme et l'autre sur une pouliche. L'auteur
expose en détail les caractères et les affinités de ces deux genres.
Séance du 31 mars. — M. Milne Edwards présente un extrait
d'une lettre en anglais contenant des Observations sur l'appa-
reil delà circulation chez les Mollusques de la classe des Bra-
chiopodes , ce travail lui a été remis à Londres par M. Richard
Owen.
Dans ce travail l'anatomiste anglais donne des éloges au mé-
moire de son compatriote ; mais il semble avoir oublié le Fran-
çais qui en partage la responsabilité. Voici comment M. Owen
entre en matière , du moins d'après l'extrait donné par M. Milne
Edwards.
a En continuant les recherches sur l'anatomie des Brachio-
SOCIÉTÉS SAVANTES. 107
podes dont j'ai entretenu la société zoologique en 1833, j'ai
constaté, dans la partie centrale de l'appareil circulatoire de ces
animaux , un mode d'organisation qui , au premier abord , me
semblait être une anomalie remarquable ; mais depuis que j'ai
lu, dans les comptes-rendus de l'Académie, votre important
travail sur l'état diffus du système veineux dans les autres classes
de Tembranchement des Mollusques, je vois que cette exception
apparente rentre, au contraire, dans la règle commune, et que
le mode de structure propre aux Brachiopodes constitue un
nouveau terme dans cette série de modifications par lesquelles
l'appareil vasculaire , ainsi que vous l'avez si bien démontré, se
dégrade dans cette grande division du règne animal. »
Suivant cet extrait, l'anatomiste anglais a vu dans la terebra-
tula flavescens, que chacune des oreillettes est un réservoir dont
la capacité est assez considérable et dont les parois, de structure
musculaire , offrent dans l'état de contraction un grand nombre
de plis très-fins , disposés d'une manière radiaire. La forme de
ces organes est alors celle d'un cône oblong et déprimé ; par leur
sommet chacun adhère au ventricule correspondant et se trouve
percé par l'orifice auriculo-ventriculaire ; enfin par leur base ils
sont largement ouverts et communiquent ainsi directement et
librement avec la cavité viscérale ou péritonéale; ou, si l'on
aime mieux , avec un grand sinus veineux de forme irrégulière
qui renferme le canal intestinal et se continue entre les lobes du
foie et les masses glandulaires dont se compose la première por-
tion de l'appareil de la génération. Des prolongements de ce sinus
viscéral commun s'avancent sous la forme de vaisseaux dans
l'épaisseur des lobes du manteau ; on en compte deux sur le lobe
palléal supérieur ou dorsal , et quatre sur le lobe inférieur ou
ventral , et c'est le long de ces canaux veineux que se dévelop-
pent les cellules spermatiques chez le mâle et les œufs chez la
femelle ; de sorte que les produits du travail reproducteur sont
baignés par le sang dans l'intérieur des dépendances des réser-
voirs péritoneaux ou grands sinus veineux, comme la première
portion de l'appareil reproducteur l'est dans cette cavité elle-
même, etc., etc. »
Nous ne suivrons pas l'auteur anglais dans son travail ; on
pourra bientôt l'étudier avec les planches qui l'accompagnent ,
d^ns les Annales des sciences naturelles; nous dirons seulement
108 RKVUE zooLOGiguE. [Mars i845.)
que ces observations n'ont aucun rapport avec la discussion
scientifique qui s'est élevée entre MM. de Quatrefages et Souleyet,
et qui est soumise au jugement de la commission académique
dont M. Milne Edwards fait partie. Du reste, le groupe des lîra-
chiopodes diffère d'une manière notable de celui des Gastéro-
podes, il n'y a donc aucune comparaison à établir entre leur
organisation interne.
Société Entomologique de France.
Séance du 12 février 1845. — M. Lucien Buquet parle du genre
Heleropalpus qu'il a établi , il y a quelque temps, dans le Maga-
sin de zoologie. A cette époque , il ne connaissait qu'un individu
mâle de ce genre : ce mâle était surtout remarquable par la forme
singulière et le grand développement de ses palpes. Depuis ,
M. Lucien Buquet s'est procuré la femelle , et il a pu constater
que dans ce sexe les palpes n'offraient rien de remarquable. Du
reste, le genre n'en devra pas moins être conservé, car les deux
sexes présentent des caractères génériques importants.
Séance du 26 février 1 845. — M. Lepaige donne des détails sur
les Campylus linearis et mesomelas ; il a trouvé plusieurs fois ces
insectes accouplés ensemble, et dès lors il est amené à penser que
c'est à tort que l'on a désigné ces Campylus comme constituant
deux espèces distinctes, tandis qu'ils ne doivent réellement en
former qu'une seule. — M. Aube dit qu'il a observé également
l'accouplement des Campylus linearis et mesomelas^ et il croit
que ces deux insectes ne sont que des variétés d'une même espèce.
M. Ahicot adresse des observations sur les Chenilles de la va-
riété de la Cucullia blattariœ , à laquelle on donne le nom de
Caninœ. Ayant élevé cette chenille en 1844 en assez grand nom-
bre, il a remarqué que la plupart des individus, lorsqu'ils eurent
opéré leur changement de peau, dévorèrent les dépouilles qu'ils
venaient de quitter. Ce fait de voracité qui s'est présenté pour
des chenilles retenues à l'état de captivité, se reproduit-il dans
la nature? .\f. Abicot ne le pense pas : ayant regardé avec soin
la Scrophularia canina sur laquelle Ia Cucullia blattarice ^
var. caninœ^ vit ordinairement , l'auteur y a trouvé des dépouil-
les entières de chenilles.
M. Robineau Desvoidy envoie un troisième mémoire sur les
Myodaires des environs de Paris, tribu des Enlomobies, section
SOCIÉTÉS SAVANTES, lOD
(les Microcerées. L'auteur place dans cette section les huit genres
suivants : 1° Trixa , Meig. ; 2° Panzcria , K. D. ; 3° Moriania ,
R. D. ; 4° Nemorœa.n. D.; 5«> Fausia, R. D. , 6° Erigone, R.
D.; 7" A/mda, R. D. ,et 8" Phebellia^ll D,; parmi lesquels
plusieurs sont nouveaux. M. Robineau Desvoidy décrit des espè-
ces nouvelles et donne des détails de mœurs fort importants.
Séance du 12 mars 1845.— M. Eugène Desmar est , secrétaire,
donne lecture d'un mémoire ayant pour titre : JRésumé des tra-
vaux de la Société enlomotogique de France pendant Van-
née 1844. Après avoir dit quelques mots de MM. Etienne Geof-
froy Saint Hilaire , Charles Nodier et Peiroleri , que la Société a
perdus l'année dernière , l'autem- passe en revue tous les mé-
moires et communications qui ont été présentés en 1844 , et il
cherche à démontrer leur importance. — Ce résumé sera imprimé
au commencement du premier numéro des Annales pour 1845.
— M. Léon Fairmaire lit la préface d'un long et important
travail intitulé Monographie des Membr acides. J)e nombreuses
figures, dessinées par M. Léon Fairmaire, accompagnent cette
notice.
~ Il est donné communication d'une note de M. Boyer de
Fonscolombe ., comprenant la description de plusieurs espèces
nouvelles d'Hyménoptères et de Névroptères trouvées en Pro-
vence.
— On lit l'extrait suivant d'une lettre de M. l'abbé Bourdin,
adressée à M. Jules Cordier :
« Au printemps de l'année dernière , alors que l'Altise exerça
d'affreux ravages sur les colzas des environs de Lyon , un pro-
priétaire voyant les siens dépouillés de feuilles et de fleurs par
cet insecte , commanda à son domestique de faire disparaître ces
tiges inutiles. Le domestique , distrait par d'autres travaux , ou-
blie la recommandation : trois semaines écoulées, et le maître
venant à passer vers ses colzas les trouve , à son grand étonne-
ment^dans une floraison magnifique. La récolte a été pour lui
des plus abondantes , tandis que d'autres propriétaires , pour
avoir été sur ce point mieux écoutés de leurs domestiques , ont
fait des pertes considérables. — Que la science discute le fait qui
vient d'être rapporté ; que des expériences soient faites à ce su-
jet; mais espérons que le résultat n'a pas été produit par un
simple jeu de la nature. »
110 KEvUE zooLOGigoE. { Mttrs 18i5. )
— M. Emile Blanchard donne , d'après M. Vesco , ofticier de
la marine royale, quelques détails sur la faune entomologique
de l'île de Taïti.
— M. Guérin-Méneville décrit trois Coléoptères trouvés par
M. Lubin-Thorel dans la racine de Squine [Smilax China) ,et
qu'il décrit sous les noms de Stene ferruginea ( Tenehrio ferrugi-
neus Fabr.) Xylopertha minuta [Ayate pumila Dej,) et Bostri-
chus Thorelii Guér. A l'occasion de cet insecte , M. Guérin-Mé-
neville se livre à un examen du groupe naturel auquel il
appartient, et montre que, depuis GeofFroy , qui publiait son
Histoire des Insectes des environs de Paris en 1762 , les auteurs,
et surtout Fabricius , ont embrouillé la synonymie de ce genre
comme à plaisir. 11 passe en revue les divers travaux de ces au-
teurs et finit par proposer une nouvelle classification du groupe
des Bostrichides. La Bévue zoologique publiera bientôt cette
communication.
Séance du 26 mars 1 845. —M. Emile Blanchard donne quel -
ques détails sur les genres Erodius et Tentyria.
— M. Guérin-Méneville annonce à la Société qu'un prix an-
nuel de 1,000 fr. vient d'être fondé, sur sa proposition, par la
Société royale et centrale d'Agriculture pour le meilleur travail
relatif à l'Entomologie appliquée à l'agriculture : il donne lecture
d'un rapport dont il a été chargé à cette occasion.
— Le même membre lit un rapport , qu'il a fait à la So-
ciété royale et centrale d'Agriculture , relativement au concours
ouvert pour de bonnes observations sur les Insectes nuisibles à
l'agriculture : il parle des travaux de M. Robert sur les Scolytus,
qui font tant de ravages aux ormes des environs de Paris , de ceux
de M. Herpin, sur les Insectes nuisibles aux céréales ; du mé-
moire de M. Yallot , sur les insectes des arbres fruitiers , et de
celui de M. Chasseriau sur l'échenillage. Ces auteurs ont obtenu
des médailles et diverses récompenses décernées par la Société
royale et centrale d'agriculture. ^
Dans le compte rendu de la séance du 8 janvier ( Foy. p. ^7 )
la communication de M. Blanchard a été trop abrégée ; voici sa
note ; « M. Blanchard montre la larve et la nymphe du Figulus
striatusde l'Ile-de-France. A cette occasion il dit que les ento-
mologistes modernes rapportent à tort ce Figulus au Lucanus
^triatus de Fabricius et d'Olivier. Ces auteurs ont décrit .sous
M ÉLANGKS ET NOUVELLES. 111
cette dénomination une petite espèce des Indes orientales, qui ap-
partient au genre Lucanus, ou plutôt au genre Dorcus pour les
entomologistes qui adoptent cette division. Il fait remarquer , en
même temps , que le nom de Figulus strialus pourra être con-
servé , mais que cette espèce ne peut être placée dans la même
coupe générique que l'Insecte de Fabricius et d'Olivier, E. D.
IV. MÉLAIVGES ET AOUVELLES.
Rectications et additions à la monographie du Genre Picumnus,
Par M. De Lafresnaye.
Dans notre monographie du genre Picumne , insérée dans le
premier numéro de la Revue , 1845 , p. 1 , il s'est glissé quelques
erreurs que nous nous empressons de rectifier.
1" à la page 5 , ligne ?6 , au lieu de « elle doit prendre le nom
de Picus Cayennensis , » lisez : elle doit prendre le nom de
Picumnus Cayennensis.
?" Même page , ligne 38 , au lieu de a le Piculus exilis de Tem-
minck , » lisez : le Picumnus exilis de Temminck.
3^ Page 6 , ligne 32 , au lieu de « Picus cirratus , » lisez : Pi-
cumnus cirratus.
4° Même page , ligne 36 , au lieu de « Picumnus Lichtensteinii
Nob.,y> lisez : Le très-petit Pic de Cayenne, BufT. enl. 786 —1.
( Si , selon toute probabilité , on reconnaît que ce soit le même
oiseau dans une autre livrée , ce que nous sommes tout à fait
porté à croire. ) Alors la monographie du genre se composerait
à notre connaissance de 8 espèces , savoir :
r Picumnus Cayennensis Noh. et ses synonymes. Rev. zool. ,
1845, page 6.
2° Picumnus Temminkii Noh. et ses syn., id., ibid.
3° Picumnus exilis noh. Picus exilis Licht. Cat. p. 1 1 , n° 80. —
Le très-petit Pic de Cayenne , Buff. enl. 786— 1 .
4° Picumnus pygmœus Noh., Vïcus pygmseus Licht, id., p. 1 1
et 12.
4° Picumnus albo-squamatusd'Orh. et del.skfr. Foy.enAmér.
PI. 64-2 et /?ev. 200/., 1845, p. 7.
6° Picumnus olivaceus Noh. Rev. zool.., id. , ibid.
7° Picumnus cinnamomeus Noh. Rev. zoot , id. , ibid.
8» Picumnus d' Orhignyanus , Noh. Rev. zool., id., Ibid.
112 REVUK zooLOGiguE. [Mats 1845.)
M. Lacordaire nous prie d'annoncer que la première partie
du tome I de la Monographie des Coléoptères subpentamères
Phytophages (Eupodes et Cycliques Latreille^ Chrysomélines
Dejean) , à laquelle il travaille depuis longtemps, paraîtra au
plus tard le 15 mai prochain.
Cette première partie composée de vingt feuilles d'impression,
plus l'introduction, etc., contient plusieurs genres européens
d'un grand intérêt, entre autres les Donacia.
La seconde partie, qui est entièrement terminée depuis plu-
sieurs mois, sera publiée au mois d'août ou de septembre pro-
chain. On peut s'adresser, pour avoir cet ouvrage:
A Paris, chez M. L. Buquet, trésorier de la Société entomolo-
gique de France, rue Daupliine, n» 35.
A Bruxelles et à Leipzig, chez C. Muquarût , libraire-éditeur.
Le prix du premier volume complet est de 12 fr. payables en
prenant la première partie.
Le second volume, auquel M. Lacordaire travaille en ce mo-
ment, paraîtra dans les premiers mois de l'année prochaine.
Un de nos correspondants nous prie d'annoncer qu'il désire
se défaire d'une belle collection de coquilles toutes classées et
nommées d'après les auteurs récents. Cette collection , fruit de
vingt années de travaux assidus d'un amateur passionné , se
compose d'exemplaires très-bien conservés , choisis avec discer-
nement, formant 3,000 espèces différentes, qui représentent
presque tous les genres et sous-genres de la série malacologique
et comprend environ 8,000 exemplaires. Cette collection con-
vient également à un élève qui désirerait prendre une idée exacte
de la science, ou à un amateur déjà exercé dans cette branche
de la zoologie.
S'adresser {franco) au bureau de la Revue zoologique.
M. Friwaldszky annonce qu'il tient à la disposition des ento-
mologistes plusieurs collections de Coléoptères de Hongrie et de
Turquie,, composées d'au moins 2,000 espèces, comprenant
3200 à 3400 individus en bon état de conservation et aussi bien
nommés que possible.
Le prix de ces collections est fixé à 360 florins , environ 1)50 fr.
S'adresser (franco), à M. le docteur Emerich Friwaldszky, à
Pesth (Hongrie).
HUITIÈME ANNÉE. — AVRIL 1845
I. TltAVAUX INEDITS.
Mélanges ornithologiques par F. de Lafresnaye. (Suite.)
Coup d'œil sur V ornithologie de la Colombie i).
La Colombie , dont les productions ornithologiques ne sont
connues que depuis si peu de temps, est néanmoins une des con-
trées de l'Amérique méridionale qui méritent le plus d'être
observées et étudiées sous ce rapport, tant à cause des nombreuses
et brillantes espèces nouvelles qu'elle possède, que parce qu'elle
nous a offert un grand nombre de types nouveaux dans cette
classe. Sous un autre point de vue , elle mérite encore de fixer
notre attention. Assez peu éloignée de la Guyane et sous la
même latitude, elle a néanmoins une ornithologie toute diffé-
rente en espèces, quoique possédant les mêmes genres, plus
ceux qui lui sont particuliers. IN'est-il pas étonnant, en effet,
que Santa-Fé-de-Bogota et Gayenne , situées absolument sous le
même parallèle et n'étant éloignées entre elles que de cinq cents
lieues, n'aient pour ainsi dire aucune espèce commune aux deux
pays? En descendant les côtes vers le sud et comparant detnême
les régions de l'ouest avec leurs correspondantes de l'est , le
Pérou avec le Brésil septentrional , le Chili avec le Brésil méri-
dional , le Paraguay et la Fatagonie , on reconnaît que , dans
ces divers pays correspondants , les espèces , quoique diffé-
rentes , appartiennent aux mêmes genres, et présentent le plus
souvent dans chaque genre certaines espèces qui semblent être
sur la côte ouest les représentants de quelques autres de la côte
est.
A quelle cause peut-on donc attribuer ce fait d'autant plus
remarquable, que dans l'ancien monde nous en voyons un tout
opposé dans l'ornithologie européenne comparée avec celle du
Japon ? Dans cette dernière contrée , en effet , quoique éloignée
de plus de deux mille lieues, mais située à peu près sous le
même parallèle de l'ouest à l'est, on retrouve plus de cinquante
de nos espèces européennes et françaises, la plupart Carnassiers,
(1) Cet article aurait dû paraître avant celui qui a été publié dans le numéro précédent,
p. 81 à 92, car ce dernier forme la suite naturelle de celui-ci. C'est par erreur que l'ordr*
a été renversé dans l'insertion de ces deui chapitres des Mélanges ornithologiques.
Tome Vlll. Année 1845.
8
114 RKVUB zooLOGiyuK. {Jvril\8\5.}
Passereaux et Grimpeurs, sans compter les Échassiers et les Pal-
mipèdes, véritables cosmopolites ( Tem., I\Jan. d^orn., t. 111,
p. 50). Dans l'Inde on en retrouve plus de vingt-cinq {Pro-
ceedings, 1842 .
Je pense qu'on ne peut guère l'attribuer qu'à cette immense
chaîne des Cordillières, qui , sur une ligne nou interrompue de
quinze cents lieues, s'étend du nord au sud et parcourt toute
l'Amérique méridionale depuis l'islhme de Panama jusqu'au dé-
troit de Magellan. Cette barrière naturelle paraît avoir suffi pour
arrêter en grande partie toute communication entre les Oiseaux
des deux côtes opposées, excepté pour les très-grands voiliers,
tels que le Condor, qui se retrouve sur les deux versants des
Andes , comme aussi sur les chaînes de la côte est en Patagonie.
On opposera peut être à cette supposition que les espèces de
Bogota et de la Nouvelle-Grenade se retrouvent en grande partie
de l'autre côté de la chaîne, dans cette partie nord de la Colom-
bie aujourd'hui la république de Venezuela , jusqu'à Cumana ,
Maturin^etsur tout le littoral de la mer des Antilles. Nous répon-
drons à cette objection , que ce fait , qui paraît en quelque sorte
exceptionnel sur tout le reste de la ligne , peut être attribué à
l'abaissement des montagnes , à des cols peu élevés dans cette
partie , par où toutes ces espèces auront débouché et peuplé le
nord de la Colombie. Mais il est certain qu'on ne les retrouve
plus dans les Guyanes, où commence une autre ornithologie que
l'on pourrait nommer brésilienne, car elle est à peu près la
même dans toute cette vaste contrée , où cependant elle se mo-
difie insensiblement par l'addition d'un grand nombre d'espèces
nouvelles jusqu'au Paraguay et la Plata , où elle prend un carac-
tère mixte et de transition avec celle de la Patagonie , réellement
difi'érente et offrant un certain nombre de genres particuliers,
dont on retrouve des espèces correspondantes au Chili.
Si , comme nous l'avons déjà dit , l'ornithologie de l'ouest des
Andes diffère spécifiquement de celle de l'est, elle n'en diffère
pour ainsi dire pas génériquement, et présente au contraire
presque dans chaque genre, des espèces correspondantes sous les
mêmes latitudes. Nous allons en fournir quelques exemples.
Dans le genre Rupicola , dont deux espèces seulement son
connues jusqu'ici en Amérique, l'une le Coq de roche de
Cayenne, habitant de l'est sur les rives de l'Oyapock, a son re-
TRAVAUX INÉDITS. 115
présentant à l'ouest, au Pérou et en Colombie, dans le Coq de
roche du Pérou. Le Colinga-Ouette, Ampelis carnifex de Cayenne
et du Brésil , placé par tous les auteurs dans les Cotingas , mais
que nous avons reconnu et indiqu'^ depuis longtemps (A/fl^r. de
zool.) , comme offrant bien plus de rapports avec les Coqs de
roche qu'avec eux , et devant former la transition des Manakins
aux Kupicoles , cet oiseau , disons-nous , a son représentant tout
à fait analogue au Pérou, dans VAmpelis Merremii, Less., Bev.
zool., 1839 — 104 , notre Fhœnicercus atro-coccineus ^ diffère
du Phœnicercus carnifex , en ce que son cou , son dos , une
bande terminale à la queue, sont d'un noir sériceux et non bruns,
et en ce que la coiffe , la poitrine , tout le dessous , le croupion
et la queue sont d'un rouge de feu. Chez cet oiseau, comme chez
son compatriote le Coq de roche du Pérou, la vivacité des
nuances l'emporte sur celles de leurs deux congénères de
Cayenne.
Le groupe des Cotingas de Cayenne et du Brésil, tout à fait
remarquable par des espèces du plus brillant plumage, est re-
présenté en Colombie par des espèces beaucoup moins éclatantes,
les unes grises à huppe couleur de chair, les autres vertes et
jaunes, mais remarquables par la teinte de corail du bec et des
pattes , caractère tout nouveau dans ce groupe , ainsi que la
huppe occipitale prolongée.
II n'en est pas ainsi du groupe des Tangaras, dont les espèces
de Colombie ne le cèdent à celles de la côte est ni en beauté ni
en variété de plumage, et se font remarquer, les unes (les
Aglaias) par des teintes souvent d'un vert argentin chatoyant à
reflets jaune-paille dorés , les autres (les Tangaras) par des pro-
portions singulièrement fortes ou par un plumage vert avec le
bec et les pattes couleur de corail comme chez les Cotingas du
même pays. Dans cette famille, le genre Arrémon, formé par
Vieillot sur une seule espèce de Cayenne , le Tanagra silens
(Arremon torquatus Vieillot), et dont les côtes est n'avaient
fourni que deux espèces, est venu se renforcer en Colombie d'au
moins douze à quinze espèces nouvelles, ce qui justifie bien
pleinement la formation de ce genre par notre excellent orni-
thologiste.
Nous ne quitterons pas cette famille sans indiquer cette ma-
gnifique espèce colombienne que nous avons décrite Revue 1843,
116 RKVDE zooLOGiQUE. {Awil 1845.)
p. 1 32, sous le nom de Lamproies albo-crislatus, véritable oiseau
de transition, tenant au Lamproies gorge saignanie \)ar ses
fortes proportions et sa coloration , mais dont la coiffe blanche
et les plumes frontales prolongées jusqu'au delà des narines,
et comme comprimées et relevées, indiquent un point de contact
marqué avec les Manakins et les Coqs de roche. Les Manakins
comptent aussi en Colombie quelques représentants du plus
grand intérêt.
Mais c'est surtout dans la famille des Trochilidées qu'il semble
s'être établi une lutte en beauté et en magnificence , pour faire
oublier, tant par le nombre des espèces que par leur éclat, celles
de l'est anciennement connues. Celles du Pérou et de la Colom-
bie nous paraissent mériter la palme, et pour s'en convaincre ii
ne faut que jeter un coup d'oeil sur le Sapho, le Gould, le King,
le Porte-épée, qui offre dans la longueur démesurée de son bec
recourbé, un type si nouveau et si intéressant à comparer aux
fleurs à calices prolongés des mêmes contrées.
A coté de ces espèces resplendissantes et toutes aériennes,
l'humble famille des Fourmiliers, au plumage sombre, au vol
pesant , semble nous offrir à Bogota , espèce par espèce , les re-
présentants fidèles de certains types d'entre elles , de Cayenne
et du Brésil ; ainsi , dans le genre Grallarie^ par exemple , le
Grallarie roi, ou Roi des Fourmiliers, y a pour ainsi dire un
Sosie, mais le dépassanten taille, dansleGraZ/aWasçuammi^rera
Florent Prév. Fénus,p\. U—Bev.zool. 1842, p. 333; le Gralla-
rie Grand Béfroy y en trouve un dans notre Grallaria rufica-
pilla, Rev. zool. 1842, p. 333; le Grallaria maculariayTem.,
Bev. zool.^id., ib., 334 , y est également représenté , au moins
quant aux proportions, par notre Grallaria rufula, Rev. 1843,
p. 99(1).
Dans cette même famille, le genre Conophage de Vieillot ne
nous y paraît que faiblement représenté par notre Conophaga
ruficeps, Rev. 1843, p. 291, où il est placé à tort dans les Todi-
rostres. Ce n'est , du reste , qu'un Conophage de transition ; le
genre est plus complètement représenté en Bolivie par les
Conophaga ardesiaca et nigro-cincta nob. Syn. avium Amer.
d'Orbigny, etc., p. 1 3. Dans cette même contrée , les Fourmiliers
(1) voyez notre Monographie du genre Grallaria , Rer< Zool. 184S ^ p. 333 , sauf notre
Gral!. rufula, Ret. 1843, p. 99.
TRAVAUX INÉDITS. il7
analis, Nigro-maculata, nob. Jd.Jb., p. 14, et Foy. en Amer. ^
pi. 7, f. 1-2, sont les vrais représentants des Fourmiliers Colma
et Paiikour de Cayenne, qui n'en ont pas à Bogota.
La (volombie a f(jurni cinq espèces de Bataras, dont trois offrent
les plus grands rapports de coloration avec le Thamnophilus
doliaius de Cayenne, et les deux autres , qui se retrouvent aussi
en Bolivie, ont été décrits dans le même Synopsis et figurés dans
le même voyage.
Sous les noms de Tamn. aspersivenier et fuliginosus , nob.
un autre genre particulier au même groupe , le genre Méru-
laxis (Lesson, traité) , restreint à la seule espèce type le Meru-
laxis aier lors de sa formation , semble être en Colombie une
compensation des vrais Conophages et Myothera, car, outre
les quatre à cinq espèces qui s'y trouvent, et que nous avons dé-
crites Hev. ZOOl. 1840 , p. 103, cette contrée si fertile en espèces
curieuses et typiques , nous a fourni le Mérulaxis orlhonyx ,
nob. liev. zool. 1843, p. 131. L'énorme développement des
pattes et de l'ongle postérieur prolongé horizontalement comme
chez les Alouettes , un bec muni d'une sorte de casque déprimé,
et un plumage noir et roux , parsemé de gouttes blanches comme
chez certains Râles africains, tout concourt à faire de cet oiseau
une espèce des plas marquantes dans toute cette famille, et
pourrait même former une section particulière dans le genre.
Il semble faire la transition des Mérulaxes aux Mégalonyx de
Lesson , ou Pteroptochos de Kittlitz.
Un oiseau marquant du Brésil, la Coracina scutata, Coracine
à gorge ensanglantée , se retrouve absolument le même en Co-
lombie quant à sa coloration , mais avec des proportions beau-
coup moindres , ce qui annonce évidemment une race distincte
de celle de l'est et sa correspondante.
Après ces nouvelles espèces colombiennes , que l'on peut re-
garder comme les correspondantes d'un certain nombre de
celles du Brésil et de Cayenne, nous citerons quelques genres
nouveaux particuliers à cette contrée occidentale. Tels sont les
Viglossa de Wagler, nos Serrirostres qui ont été rangés à tort
dans les Anahatinœ^ par G. R. Gray, List of gênera, car ce sont
de véritables Guitguils à bec en croc, et qui, d'après les observa-
lions de M. d'Orbigny en Bolivie , se nourrissent comme eux du
suc des fleurs et des petits insectes qu'ils retirent du fond de leur
#
118 REVDE ZOOLOGIQUE. { JlTll 1845.;
calice au moyen de leur langue bifide et terminée en filets.
Quoique la Bolivie ait fourni deux espèces, et le Mexique une
autre de ce genre , la Colombie parait être leur véritable patrie,
car c'est là qu'ils se sont rencontrés en plus grand nombre , d'es-
pèces les plus variées et les plus grandes. Près d'eux se trouve
encore notre genre Conirostrum , formé de petites espèces à bec
parfaitement longicône , aigu , ayant les mêmes mœurs , pou-
vant donc être regardés comme des Guitguils à bec conique, et
formant par conséquent une troisième section dans le groupe
des Guitguits ou Cerebidées,
Dans les Fringillidées , Bogota nous a offert un type tout par-
ticulier dans cette espèce d'oiseau à bec conico-convexe com-
primé et terminé en cuilleron , dont nous avons formé le genre
Catamblyrhynchus , Jiey. zool. 1842 , p. 301 , et qui est figuré
dans le Magasin de zoologie; d'après cette forme de bec, nous
le supposons mangeur de bourgeons comme le Bouvreuil.
Ces mêmes contrées occidentales, en y comprenant le Mexique,
sont la patrie de ce beau groupe d'oiseaux à plumage resplen-
dissant d'or, qui, dans la famille des Couroucous, forment une
section sous le nom générique de Calurus , renfermant des es-
pèces remarquables par le prolongement de leurs couvertures
sus-caudales et alaires ; les contrées orientales ne possèdent que
des Couroucous de forme ordinaire.
En suivant cette population colombienne qui semble n'avoir
franchi la barrière des Andes vers le nord, que pour se ré-
pandre sur le littoral de la mer des Antilles dans le pays nommé
le Venezuela , jusque vers Maturin dans la province de Cumana,
ces deux noms rappellent la découverte de deux genres qui au-
raient suffi pour illustrer cette contrée sous le rapport ornitho-
logique , je veux parler du fameux Guacharo découvert par
MM. de Humboldt et Bompland en 1799, dans la caverne de Ca-
ripe , province de Cumana. Cette espèce de Caprimulgidée à bec
d'oiseau de proie, et cependant uniquement frugivore, est telle-
ment disparate dans cette famille par son genre d'alimentation
comme par sa forme anomale, que le prince de Canino, dans sa
dernière classification , a cru devoir le retirer des Engoulevents
pour le placer avec les Rolles et lesRolliers; mais nous n'adop-
tons pas sa manière de voir en cela.
Le second oiseau découvert dans la même province aux en-
TRAVAUX INÉDITS. 119
virons de Maturîn , quoique appartenant à un genre bien connu,
n'en fit pas moins époque dans l'ornithologie américaine, parce
que jusqu'alors on l'avait cru étranger au Nouveau-Monde.
C'est VOEdicnème vocifer, découvert pour la première fois
en 1816, par Lherminier , dans les llanos ou grandes savanes
herbues qui avoisinent Maturin , et où il semble le dernier poste
avancé de la population colombienne du côté des Guyanes.
Nous aurions pu pousser beaucoup plus loin nos comparaisons
d'espèces correspondantes, en citant par exemple dans les Corvi-
dées et comme colombiennes et péruviennes, la Pie dite le Geai
du Pérou , la Pie à moustaches blanches , Kiener , Mag de
zooL de Guayaquil , le Cyanurus viridicyanus nob. Synops.
Americ. 2™* part. p. 9, de Bolivie, et Foy. en Am.^ et le
Cyanurus nigritorques nob. de Bogota , espèces analogues aux
pies de Cayenne et du Brésil ; dans les Ictéridées de Bogota, son
Picumnus olivaceus nob. Hev. zool., janvier 1845, le cor-
respondant du Picumnus Cayennensis nob. id. ibid. ; dans
les Tctéridées de Bolivie, ses Cassiques Yuracares y atro-vi-
rens et chrysonotus y Syn. Amer, représentants des Cassiques
huppé, Jupuba et de Cayenne. Mais cette liste spécifique nous
entraînerait bien loin , et ne serait pas ici à sa place ; nous préfé-
rons, dans un numéro prochain, établir la même comparaison
entre les espèces du Chili et de la Patagonie occidentale d'une
part, et celles du Paraguay et de la Patagonie orientale de
l'autre.
Note sur le genre de Goliathide auquel M. Whiteadonné le nom
de Compsocephaîus y par M. Reiche.
M. Adam White, aide naturaliste au Musée britannique, a
publié , dans les Annals et Magazine of Natural History,
cahier de janvier 1845, un nouveau genre de Goliathide qu'il
nomme Compsocephalus ( sans aucun doute de xo(i.4'ôç , élégant ;
y.e'^aki\ , tête). Dans les caractères génériques qu'il donne et dans
la description de l'espèce typique , C. Ilorsfieldianus White, j'ai
cru d'abord reconnaître une espèce rapportée de l'Abyssinie par
MM. Ferret et Galinier, espèce que je me proposais de décrire ;
mais après un examen plus attentif de la mauvaise figure de
l'insecte décrit, de sa description et de celle de la femelle, jo
me suis convaincu que mon insecte est distinct du mâle du
i'20 REVUE ZOOLOGIQUE. ( Avrîl 1845.)
C. Horsfieldianus , et que la femelle décrite par M. White appar-
tient à mon espèce. Sans entrer , quant à présent, dans de plus
grands détails sur les caractères génériques, qui ne me parais-
sent pas suffisamment comparatifs , détails qui trouveront leur
place dans un travail spécial , je dois dire que M. White n'a pas
fait assez ressortir le caractère le plus saillant de ce genre , ca-
ractère qui , au premier coup d'oeil , le fera distinguer de tous
les Goliathides connus « les jambes antérieures du mâle dentées
en dehors et en dedans. » Voici la description succincte de l'es-
pèce nouvelle.
Compsocephalus Galinieri.—L. 50 mill. (13 lin.), lat. 14 mill.
(6 1/4 lin.). — Rubro cupreus , Caput subquadratum epistomo
valde perpendiculari reflexo , cornubus duobus apice emargi-
natis diviso , utrinque supra ante oculos longitudinaliter excava-
tum , inter oculos cornu brevi acuto elevato , fascia lœte viridi
cyaneo marginata. Thorax fusco-viridis , cupreo tenue margi-
natus, convexus, haud impressus , scutellum viridi fuscum.
Elytra viridi - metallica , basi juxta scutellum suturamque
versus cuprea , macula humerali altéra ante apicem nigris.
Alœ fuscse. Pygidium infraciliatum. y/6domen medio depressum.
Processus sternalis planus , coxas anticas haud attingens. Tibiœ
anticse supra subconvex8e,infraacute carinatœ, apice spina incum-
bente articulata supra armatsp, extus tridentatse, dentibus apice
atris , acutis, distantibus, intusquadridentatas, dentibus duobus
primis acutis, apice nigris, tertia basilari haud acuta, tibiis
intermediis posticisque extus medio unispinosis apice atris,
Tarsi atri. Mas. in musseo Reiche , femina in Musaco britannico
Hab. in provincia Shoa Abyssiniae.
Cette espèce diffère du C. Horsfieldianus par sa taillé plus
petite , par son corselet sans impressions au-dessus , par la cou-
leur du dessous du corps , celle du corselet et de sa bordure , et
par les quatre taches noires de ses élytres. La dent de la base
interne des jambes antérieures est un caractère générique qui
doit se retrouver dans le C. Horsfieldianus, quoique M. Whyte
n'en parle pas.
Note sur quelques nouvelles espèces d'insectes qui habitent les
possessions françaises du nord de l'Afrique. Par M. H. Lucas.
1. Clythra (Labidostomis) rubripennis , L. 10 1. L. 4 1/2 mil.
cT — I. 9 1. -^/^ millim. jp. — II ressemble un peu au C. tari-:
TRWAUX INKDirS. 121
cornis y avec lequel il ne pourra être confondu, par son corselet
qui est plus fortement ponctué , par ses élytres qui sont rouges .
et par la ponctuation que présentent ces organes qui est plus
forte et moins serrée. La tête d'un bleu verdâtre est fortement
ridée à la partie antérieure , profondément déprimée entre les
yeux , et parsemée à son sommet de points peu profondément
marqués et peu serrés. Les mandibules sont très-fortes , compri-
mées et de même couleur que la tête. Les antennes sont d'un
bleu noirâtre avec la partie inférieure du premier article , tout
le second et la partie inférieure du troisième d'un jaune ferru-
gineux. Le corselet, plus large que dans le C. taxicornis , est
d'un bleu verdâtre, fortement chagriné à la partie antérieure,
et couvert de points profondément marqués , arrondis et très-
peu serrés; il est plus élargi sur les parties latérales que chez le
C. taxicornis , et son bord postérieur présente dans son milieu
une saillie assez grande et arrondie. L'écusson d'un bleu noi-
râtre est à peine chagriné. Les élytres plus longues et plus larges
que dans le C, taxicornis sont rougeâtres , parsemées de points
plus forts et moins serrés que dans cette dernière espèce. Tout
le corps en dessous ainsi que les pattes sont d'un beau bleu ver-
dâtre brillant, et très-finement ridés. Seulement dans l'ouest de
l'Algérie, aux environs d'Oran pendant les mois de mai et de
juin.
2. Cly thr a {LsLh\dostomïs) hybrida, L.'9 1. 4 mil. cf — L. 8 1.
4 1/2 niillim. ^p . — Il est plus petit que le C. rubripennis, près
duquel il vient se placer. La tête d'un vert bleu , assez fortement
déprimée entre les yeux , est couverte de stries petites et profon-
dément marquées. Les mandibules, ainsi que les palpes maxil-
laires et labiaux, sont d'un noir bleuâtre. Les antennes sont d'un
noir bleu avec la partie inférieure du premier et du second ar-
ticles, et tout le troisième d'un jaune ferrugineux. Le corselet est
de même couleur que la tête , mais plus clair ; il est parsemé de
points assez forts et peu serrés, déprimé dans sa partie médiane,
convexe sur les parties latérales qui sont assez finement rebor
déesavec les angles de chaque côté de la base saillants et relevés.
L'écusson de même couleur que le corselet, est très-finement
chagriné, et présente dans sa partie médiane et postérieurement
une petite carène assez sensible. Chez les individus qui n'ontsubi
auciin frottement, les divers organes que je viens de décrire sont
122 REVUE ZOOLOGIQUE. [Avùl 1845. )
couverts d'une tomentosité blanchâtre, courte et peu serrée. Les
élytres sont assez allongées , étroites dans le mâle , un peu plus
larges dans la femelle; ces organes sont rouges, parsemés de
petits points assez profondément marqués , peu serrés et ornés
de chaque côté de deux taches noires , dont l'antérieure occupe
la saillie humérale; quant à la seconde , elle est un peu plus
grande , placée aux trois quarts de Pélytre, et assez prés de la
suture. Tout le corps en dessous ainsi que les pattes dans les
deux sexes sont très-finement ponctués , d'un vert bleuâtre
brillant, et couverts de poils blanchâtres courts et peu serrés.
La femelle diffère du mâle par son corselet moins large , et les
angles de chaque côté de la base un peu moins relevés ; ses
élytres sont aussi moins étroites. — Rencontré dans les mêmes
lieux , et pendant les mêmes mois que l'espèce précédente.
3. Clythra (Labidostomis) forcipifera. L. 5, l. 2 1/2 mill. c^
— La tête d'un bleu violacé, fortement et profondément ridée ,
présente à son sommet une dépression , de chaque côté de la-
quelle on aperçoit des points petits , assez bien marqués et pla-
cés çà et là. Les antennes sont d'un noir bleuâtre avec la partie
inférieure des premier, second , troisième et quatrième articles
d'un jaune ferrugineux. Les mandibules sont courtes , d'un noir
bleuâtre , roussâtres à leur extrémité et armées , à leur côté in-
terne, de deux fortes épines. Le corselet est de même couleur
que la tête, inégal en dessus et parsemé de points assez forts,
arrondis et peu serrés. L'écusson est d'un noir bleuâtre, ponc-
tué à sa naissance et entièrement lisse postérieurement. Les ély-
tres sont courtes , d'une belle couleur jaune , parsemées de points
assez forts , peu serrés , et ornées de chaque côté de deux taches
transversales d'un noir bleuâtre, dont la postérieure plus grande
atteint le bord de la suture ; il est aussi à noter que postérieure-
ment ces organes sont assez fortement tachées de brun foncé.
Tout le corps en dessous ainsi que les pattes sont très-finement
ponctués , d*un bleu violacé , et parsemés de poils blanchâtres ,
courts et peu serrés. — Habite les environs d'Oran , où cette jolie
petite espèce a été rencontrée tout à fait à la fin de juin , par
M. Levaillant, colonel au 36" de ligne.
4. Clythra (LachnaBa) straminipennis. L. 9 , 1. 4 1/2 mill. —
Il est beaucoup plus grand que le C. punclicollis avec lequel
il ne pourra être confondu par sa tête , son corselet, son abdo-
TRAVAUX INÉOITS. 1*23
men ainsi que les organes de la locomotion, qui sont d'un vert
brillant. La tète , légèrement déprimée entre les yeux, est en-
tièrement couverte d'une rugosité assez forte et serrée. Les man-
dibules sont robustes , d'un vert brillant , rugueuses comme la
tète , avec leur extrémité d'un brun foncé. Les antennes sont
brunes, à l'exception cependant du premier article qui est d'une
belle couleur verte et ponctué. Le corselet un peu plus large
que la tète est assez fortement rebordé avec les angles de cha-
que côté de la base très -arrondis ; il est inégal en dessus,
parsemé de points arrondis, assez forts, peu serrés , et marqué
de chaque côté, près du bord postérieur, d'une dépression trans-
versale assez fortement marquée. Chez les individus qui n'ont
subi aucun frottement , les divers organes que je viens de dé-
crire sont revêtus de poils blanchâtres assez longs , peu serrés ,
et qui forment, sur le thorax , une petite bande longitudinale.
L'écusson est d'un vert brillant , finement ponctué sur les parties
latérales, relevé et fortement tronqué postérieurement. Les
élytres, d'un jaune rougeâtre , sont peu allongées et présentent,
au-dessous des angles huméraux, une dépression assez fortement
prononcée ; elles sont parsemées de points fins . serrés et ornées
chaque côté de trois taches arrondies , d'un noir foncé , dont
une située antérieurement et les deux autres rapprochées ,
transversales, sont placées beaucoup plus postérieurement.
Tout le corps, ai.jsi que les pattes, sont finement ponctués et
couverts de poils blanchâtres assez allongés et peu serrés. — Cette
espèce, dont je n'ai rencontré que deux individus , et que j'ai
prise tout à fait dans les derniers jours de mars, habite les en-
virons d'Oran.
5. Clythra (Coptocephala) dispar. L. 6 1/2, 1. 3 à 4 mill. —
La tète, d'un noir brillant, présente, dans son milieu, entre
les yeux, une dépression assez fortement marquée, et est par-
semée, au sommet, de points fins et serrés. Les antennes sont
noires , à l'exception cependant du second et du troisième arti-
cles qui sont rougeâtres. Le corselet d'un noir brillant , avec les
angles latéro-postérieurs très-arrondis et fortement relevés, est
entièrement lisse, à l'exception cependant de la partie anté-
rieure qui présente quelques points assez bien prononcés. L'é-
cusson est de même couleur que le thorax , légèrement tronqué
postérieurement et entièrement lisse. Les élytres assez allon-
<2i RKVLE zouLoGigcE. { Aorll I3Î5.)
gées , légèrement rétrécies dans leur partie médiane , sont d'un
rouge brillant, parsemées de points assez fins, peu serrés, et
ornées , de chaque côté , de quatre boules d'un noir foncé , ainsi
disposées : deux taches assez grandes, arrondies, placées longi-
tudinalement près de la suture, une troisième, beaucoup plus
petite , placée entre le bord interne et la tache postérieure, et
enfin une quatrième ou la dernière , plus grande que la précé-
dente, est située vers la saillie humérale. Tout le corps en des-
sous, ainsi que les pattes, sont noirs, finement ridés et ponctués ,
et parsemés de poils blanchâtres, très-courts, peu serrés. —
Cette espèce présente plusieurs variétés assez remarquables.
Var. A. Dessous ne présentant plus de chaque côté qu'une seule
tache placée sur la saillie humérale.
Var. B. Corselet rouge, trimaculé de noir; taches des élytres
étant disposées comme chez les individus normaux.
Var. G. Corselet rouge , unimaculé de noir postérieurement ; les
trois taches postérieures des élytres réunies.
Var.D. Corselet rouge, unimaculé de noir postérieurement;,
taches des élytres n'étant plus qu'au nombre de trois de
chaque côté.
— J'ai rencontré cette espèce dans l'est et dans l'ouest de nos.
possessions, particulièrement dans les environs du cercle delà
Calle , en mai , juin et juillet.
6. Clythra ;;Smaragdina) gratiosa. L. 4., 1. 2 1/2. - D'uii^
beau vert brillant; la tète déprimée entre les yeux, lisse à son
sommet qui est assez convexe , présente , dans partie médiane ,
des points profondément marqués , assez forts et peu serrés,
l.es antennes sont bleuâtres avec les quatre premiers articles
d'un jaune orangé. Les palpes maxillaires et labiaux sont d'un
jaune orangé avec l'extrémité du dernier article légèrement ta-
chée de brun. Le corselet assez large , finement rebordé , avec
les angles latéro-postérieurs très-légèrement arrondis, est par-
semé de points un peu moints forts que ceux de la tête , et sur-
tout bien moins serrés. L'écusson est très-finement ponctué et
assez fortement tronqué postérieurement. Les élytres assez al-
longées, très -finement bordées de bleu verdâtre, fortement
tachées de jaune orangé postérieurement, sont parsemées de
points plus forts et plus serrés que ceux du corselet ; il est aussi
à noter que ces points sont presque confluents et que la saillie
TRAVAUX iiNÉurrs. 12."»
humérale des élyties esl lisse. Le corps en dessous est très-fine-
ment ridé, d'un jaune cuivreux, avec les organes de la locomo-
tion d'un jaune orangé. — Ce n\ st que dans l'ouest , aux envi
ions d'Oran , pendant les mois de juin et de juillet, que l'on
trouve cette jolie petite espèce.
7. Clythra (Cyaniris) unicolor. L. 4, 1. 2 mill. — Entièrement
d'un vert bronzé brillant, quelquefois d'une belle couleur bleue.
La tête , beaucoup plus large dans le mâle que dans la femelle ,
présente dans les deux sexes quatre petites dépressions longitu-
dinales situées entre les yeux , et dont les médianes , assez rap-
prochées, sont plus prononcées que ceiles qui occupent les côtés
latéraux. Les antennes sont brunâtres avec les quatre premiers
articles d'un jaune testacé. Le corselet, entièrement lisse, est as-
sez large, fortement rebordé sur les parties latérales , avec les
angles latéro-poslérieurs plus arrondis que les latéro-antérieurs.
L'écusson est entièrement lisse et à peine tronqué postérieure-
ment. Les élytres courtes , assez fortement rebordées , sont par-
semées longitudinalement par des rangées de points très-fins,
et qui , chez quelques individus , sont à peine apparents. Tout
le corps en dessous ainsi que les pattes sont de même couleur
qu'en dessus, et parsemés de poils testacés courts et très-peu
serrés. — .l'ai rencontré cette espèce dans l'est et dans l'ouest de
nos possessions, particulièrement dans les environs de Constan-
tine et du cercle de la Calle, pendant les mois de mai et de
juin.
8. Cryptocephalus cicatricosus. L. 5 112 , 1. 2 mill. —
L. 7 1/2, 1. 4 1/2. — La tête d'un noir brillant, parsemée de
points fins , peu serrés, est revêtue de poils blanchâtres, courts et
assez touffus chez les individus qui n'ont subi aucun frottement.
Les antennes sont entièrement noires, à l'exception cependant
de la partie inférieure des premiers articles qui sont d'un fer-
rugineux roussâtre ; quelques poils blanchâtres, très- courts hé-
rissent ces organes. Le corselet est de même couleur que la tête ,
cependant quelquefois d'un noir bleuâtre , très-convexe, fine-
ment rebordé sur les parties latérales , parsemé de points
beaucoup plus fins et bien moins serrés que ceux de la tête et
revêtus de poils blanchâtres , courts et ordinairement peu ser-
rés. L'écusson d'un noir brillant, quelquefois d'un noir bleuâtre
est entièrement lisse Les élytres peu allongées , avec les an-
126 KKVUK ZOOLOGIQUE. { Atril 1845.)
srles huniéraax peu saillants, sont rouges , parsemées de points
très-gros, assez profondément marqués, peu serrés , ordinaire-
ment d'un noir bleuâtre et dont les uns sont arrondis et les au-
tres ovales. Tout le corps en dessous ainsi que les pattes sont
noirs, quelquefois d'un noir bleuâtre, très-finement ponctués ,
et couverts de poils blanchâtres courts et peu serrés. — Ren-
contré dans les environs d'Oran pendant les mois de mai et de
juin ; je ne pense pas que ce Cryptocéphale habite l'est de nos
possessions.
9. Cryptocephalus Dahlii. L. 5 à 6 , 1. 3 à 3 1/2 mill. — La
tête jaune , assez fortement ponctuée à sa partie antérieure ,
roussâtre dans sa partie médiane et postérieurement , est ornée
de chaque côté , près de la naissance des antennes , d'une tache
d'un brun foncé, oblongue et placée un peu obliquement. Les
antennes sont roussâtres. Le corselet, parsemé de points un peu
plus fins et surtout plus serrés que ceux de la tête, est roussâtre,
bordé antérieurement et sur les parties latérales de jaune , et
orné en dessus, de chaque côté , d'une bande de la même cou-
leur placée obliquement, qui part du bord postérieur et atteint
à peu près le milieu du thorax; il est aussi à noter que du mi-
lieu de la bordure jaune de la partie antérieure de cet organe ,
naît une petite bande , d'abord étroite, mais qui s'élargit posté-
rieurement et devient spatuliforme; cette petite bande , qui est
jaune, atteint à peu près le milieu du corselet, lequel à sa base
est finement bordé de noir foncé. L'écusson est roussâtre ,
ponctué et très-finement bordé de noir foncé. Les élytres assez
courtes , jaunes , très - finement bordées de roussâtre , sont
ornées d'une bande longitudinale assez étroite, de même cou-
leur, mais moins foncée; elles sont striées, et ces stries présen-
tent une ponctuation assez forte et peu serrée ; les intervalles
sont assez larges et paraissent plus finement ponctuées que les
stries des élytres, lesquelles sont ornées de chaque côté de quatre
points d'un noir foncé. Tout le corps en dessous ainsi que les
pattes sont très-finement ponctués, rougeâtres, avec le bord su-
périeur du dernier segment abdominal bordé jaune et le pygi-
dium de cette couleur, mais cependant taché de roussâtre. —
Environs d'Oran, pendant les moisde juin et de juillet ; cette es-
pèce nest pas très- commune.
10. Cryptocephalus gravidus. L. 4 à 5 , l. 2 1/2 à 3 mill. —
TRAVAUX INÉDITS. 127
La tète jaune , très-finement ponctuée, tachée de brun foncé à la
naissance du premier article des antennes , présente à son som-
met un petit sillon longitudinal assez bien marqué. Les antennes
sont roussâtres avec les premiers articles cependant jaunes. Le
corselet très convexe et très-finement rebordé, est entièrement
lisse ; il est d*un noir brillant avec les bords antérieur et latéraux
finement bordés de cette couleur et le sommet offrant une large
bande transversale jaune qui atteint presque les angles de cha-
que côté de la base. L'écusson est d'un noir brillant et entière-
ment lisse. Les élytres sont courtes, de même couleur que l'é-
cusson , parcourues par des stries longitudinales présentant une
ponctuation fine et peu serrée; de chaque côté elles sont ornées
de quatre grandes taches jaunes , dont une transversale , située
à la naissance des élytres, tout près de l'écusson , deux dans la
partie médiane, et dont celle placée sur le bord interne est beau-
coup plus petite et atteint presque leur partie antérieure ; enfin
la quatrième terminale occupe le bord postérieur de ces organes.
Tout le corps en dessous est d'un noir brillant et finement ponc-
tué. Les pattes sont entièrement jaunes à l'exception cependant
des fémurs des pattes postérieures qui sont noirs. — Cette es-
pèce présente deux variétés assez remarquables :
Var. A. Noire, avec le sommet du corselet ^ la tête, l'extrémité
des élytres et les fémurs des deux premières paires de
pattes , jaunes.
Var B. Plus noire que la précédente, car il n'y a que la partie
médiane de la tête, l'extrémité des élytres et les deux
premières paires de pattes qui soient jaunes , encore est-
il à noter que chez ces derniers organes l'extrémité des
fémurs de la première paire et toute la partie supérieure
des fémurs de la seconde paire sont teintées de noir.
— Rencontré en juin , snr les chardons , dans les environs de
Milah (province de Constantine). Cette espèce est assez rare.
1:28 [rkvuk zoOLOGiyuK. { /fvrU \Sio.)
n. ANALYSES D'OUVRAGES NOUVEAUX
Archives d'histoire naturelle (/^rc/ttu fur Nalurgeschichte),
Fondées par Wiegmann, rédigées par M. ERicnsON. Neuvième an-
née , 1843, vol. I.
I. Jperçu de la Flore de îles Açores , par MM. Seuberl et
Hochsleller.
IT. Remarques sur les espèces d'ours antédiluviens; par
M. A. Wagner à Munich (p. 24). L'auteur combat l'opinion ré-
cemment publiée par M. de Blainville, que toutes les espèces
d'Ours fossiles ne sont qu'une seule et qui est la même qui vit
encore aujourd'hui en Europe. Après avoir comparé les crânes
et le squelette des espèces fossiles à ceux de VUrsus Arctos ^'\\
conclut en disant que , 1 , VUrsus spelœus est certainement une
espèce bien différente de toutes les espèces vivantes; 2. que
VU. arctoideus n'est peut-être qu'une variété très-remarquable
de VU. spelœus; 3. que V U.priscus est très\o']sin àe V U. Arctos
par la forme et la grandeur de son crâne. La différence spécifique
nesauraitêtre constatée avec certitude, cependant il y a des carac-
tères qui font présumer une telle différence ; 4. que les U. arctoi-
de%is et priscus sont des espèces détruites par une grande cata-
strophe , et qu'ils n'ont pas vécu dans les cavernes où se trouvent
en si grande quantité leurs ossements.
III Recherches anatomiques sur le Moschus Javanicus; par
M. de7^flp/),àTubingue(p.43, pl. 11). Parmi les Ruminants, il y en
a plusieurs qui n'ont que trois estomacs : ce sont le Chameau, le
Lama et le Moschus Javanicus. Après avoir donné des détails
sur la structure de la dernière espèce , l'auteur croit qu'elle de-
vra être séparée du Moschus moschiferus comme sous-genre
sous le nom Tragulus déjà adopté par Gray sur des caractères
extérieurs.
IV. Observations sur les Copépodes de la Méditerranée , par
M. Philippi (p. 54 , pl. lll et IV). 1. Fuchaetanov. gen., fondé
sur le Cyclops marinus de M. Prestandrea, à Messine. Descrip-
tion de VEuchaeta Prestandreœ (pl. IV, f. 5). 2. Les caractères
du genre Cyclopsina ùe M. Milne-Edwards ne s'accordent qu'au
Cyclops castor; les 2 autres espèces du même genre; C. staphy-
linus et furcatus appariiennent au genre Nauplius Phil. —
3. Idya nov. gen. Description de l'I. barbigeraVhW. (pl.IV,f. 6)
A?J\L\SES d'ouvrages înodvkadx. 129
4. Melis nov. gen. Unique espèce, M. ignea Phil. (pi. IV, f. 7.) —
5. /Enippenov. gen. Espèce nn\que: jE. cristata Phil. (pi. lll,
f. 1. —ii.Euryle nov. gen. E. longicauda Phil. (pi. III, f. 4 ) —
7. Idomene forficata Phil. (pi. III, f. 4.) — 8. Oncœa venusta
Phil. (pi. III, f. 2.) — 9. Caractères des 14 espèces connues du
genre Nauplius.
V. Sur les systèmes génital et uropaélique de quelques mol-
luisques hermaphrodites; par M. Parsch. (p. 71, pi. 5.) —Ob-
servations faites sur des espèce^ dUIelix , Arion, Limax, Suc-
cinea, PlanorbiSj LimnaeuSt comparées k la. Faludina vivi-
para.
VI. Remarques sur le mémoire de Stiebel • « Les formes pri-
maires des Infusoires dans les eaux minérales, » par M. fVernech
(p. 105, pi. 6).
VII. Observations sur les Astérides. par MM. Millier et Tros-
chel (p. 113). — 1. Description d'espèces nouvelles ; Àsteropsis
vernicina yÉchinaster decanus, Oreasler valvulatus, Astrogo-
nium nobile , Goniodiscus singularis et seriatus , Astropecten
triserialus, Buschii^ Fappa et Preissii, Ophiolepis chilensis.
— 2. Sur les Ophioures à crochets. — 3. Notes géographiques sur
l'habitat des Astérides.
VIII. Description de nouvelles espèces de Comatules; par
M. Millier (p. 131). — Alecto fFahlbergii , purpurea, Asterias
multiradiata et pectinata Retz. Description des Alecto (Çoma-
tulaLiim.)carinata, adeonœ, solaris , brachiolata, rotalaria
etfimbriata Lam.
IX. Sur les Slrepsiptères , par M. de Siebold p. 137, pi. 7).
Extrait dans la Revue zoologique 1844, p. 111.
X. Sur les fils mobiles dans les appendices veineux des Cépha-
lopodes; par M. Erdl (p. 162. pi. 8). — Ce sont des Entozoa qui
vivent dans le sang des Céphalopodes, mais qui n'ont pas la
moindre analogie avec tous les genres connus de parasites.
XI. Remarques sur les trois espèces de Mastodon et les trois
espèces de Tétracaulodon d'I. Hays; par M. J. J. Kaup (p. 168).
Ces six espèces n'en forment que deux , les Mastodon Jeffersoni
et Cuvieri appartenant au M. giganteus, et les Tétracaulodon
mastodontoideus , Collinsiet Godmani devant être compris sous
le nom de Mastodon Collinsi. — Tetrac. mastod. Hays,p\.'26.
appartient au Mastod. gigant.
Tome VIII. Année 1845. 9
130 REVUE zooLOGiQDE. {Avril iSUj. )
XII. Sur les Pycnogonides napolitains; par M. A. Philippi
(p. 175, pi. IX, f. 1-3). — Durant son séjour à Naples, l'auteur a
observé 4 espèces de Pyonogonides ; le Pycnogonum littorale ,
et trois autres espèces formant deux genres nouveaux, 1 . Endeis
(esp. gracilis et didactyla Phil.) et Paribœa (spiripalpis) Phil.
— M. Erichson ajoute quelques notices sur le genre Phanode-
mus Costa.
XIII. Observations sur les Annélides terrestres de VAlle-
magne; par M. W. Hoffmeister (p. i 83, pi. 9, f. 1-8). •— L'auteur
regarde comme variables la plupart des caractères sur lesquels
MM. Savigny, Dugès et Fitzinger ont fondé leurs espèces du
genre Lumbricus. Il reconnaît comme caractère sûr etinvariable
la forme de la lèvre supérieure , auquel il joint en second
ordre la position de la ceinture et de la vulve , la forme des an-
neaux de la queue , etc. Cinq genres sont caractérisés avec les
espèces suivantes : 1. Lumbr. agricola (f. I). — L. Herculeus,
Tyrœlus et festivus Sav.? — 2. L. rubellus (f. 2). — 3. L. anato-
micus (f. 3). — 4. L. riparius (f. 4). — 5. L. olidus (f. 5) — rubi-
dus Sav.? — 6. L. agilis (f. 6) — 7. Khynchelmis Limosella. —
8. Haplotaœis Menkeana (f. 7). — d.Enchytrœusvermicularis
— 10. E. Galba. — 11. Sœnuris variegata (Lumbr. varieg.
Mûll). — 12. Sœnuris lineata (L. lineatus Mûll).
XIV. Mémoire sur la Faune entomologique d'Angola et sur
la distribution géographique des insectes en Afrique ; par M. Erich-
son (p. 199). — Description de 123 espèces nouvelles.
XV. Observations sur V accroissement des organes de végéta-
tion en rapport au système ; par M. A. Grisebach (p. 267).
XVI. Les familles naturelles des Poissons ; ipaiv M. J. Millier
(p. 292),
XVII. Description d'une larve vivant sur les Eponges d^eau
douce; par M. E. Grube, (p. 331, pi. 10). — Cette larve est déjà
décrite par M. Westwood et paraît appartenir à quelque espèce
de Neuroptère. M. Erichson pense qu'elle peut appartenir au
genre Sisyra Burm. {Hemerobius fuscatus F.).
XVIII. Remarques sur la structure de plusieurs plantes cryp'
togames; par M. H. Karsten (p. 338, pi. 11.
XIX. Rapport sur les mémoires de M. Lund , concernant les
Mammifères vivants et fossiles du Brésil; par M. A. Wagner
(p. 347;. L'auteur ajoute quelques remarques sur les espèces vi-
ANALYSES d'oOVRAGES «OOVKAUX. 131
vantes du genre Canis. 11 distingue trois espèces, confondues,
jusqu'à présent , sous le nom de CanisAzarŒ : 1 . Canis melan-
pus Wagn., 2. C. vetulus Lund ,3. C. Melanostomus Mus. Vin-
dob. — Structure du crâne et des dents du Canis jubatus.
XX. Description d'une espèce de Chauve-souris , appartenant
au genre Thyroplera ; par M. Rasch^ avec des remarques de
M. A Wagner (p. 361). ~ Identique avec la Thyropiera tricolor
Spix, qui n'était encore connue qu'imparfaitement.
XXI. Phrases diagnostiques de nouvelles espèces de Chirop-
tères du Brésil; par M. A. JVagner p. 365). — Phyllostomalon-
gifoHum Natt,, amblyotis Natt., discolor Natt., personatum
îiaii., pusillum Natt., bilabiatum Natt., calcaratum Wagn.,
Chylonycteris gymnonotus ^alt., personata ^agn., rubigi-
nosa Natt., Emballonura macrotis Wagn., brevirostrisyiai^n.,
Dysopes longimanus\\8Lgn., leucopleurafiàtt., glaucinus Natt.,
holosericeus Natt., albus Natt., auritus Natt., gracilis Natt.
XXH. Observations sur la génération de l Ursus arctos et
description des 4 races d'Ours vivant en Galicie^ psiv M. de
Siemuszowo-Petruski (p. 369).
XXIII. Remarques supplémentaires sur tes familles natu-
relles des Poissons; par M. J. Mûller (p. 381. Voy. n» XVI).
XXIV. Phrases diagnostiques de 22 espèces nouvelles d'oi-
seaux du Pérou; par M, J. J. Tschudi (p. 385). — Les descrip-
tions détaillées avec des figures , seront publiées dans la partie
ornithologique de la Faune du Pérou , du même auteur.
XXV. Observation sur la Mantis carolina; par M. Zimmer-
mann (p. 390 . — M. Erichson avait douté (Wiegm. Arch. 1839.
II, p. 347) que la Mantis carolina pouvait dévorer des amphi-
bies plus grandes qu'elle-même. M. Zimmermann cherche à ré-
futer ce doute dans une lettre communiquée par M. Erichson,
ayant répété ces expériences avec le même résultat.
Le volume II contient les rapports sur les progrès de l'histoire
naturelle des Mammifères ^ par M. A. Wagner à Munich (p. 1),
des Oiseaux^ par le même (p. 68), des Amphibies ^ par M. Tros-
chel (p. 70 , des Poissons ^ par le même p. 99), des Mollusques ,
par le même (p. 115), des Insectes Arachnides, Crustacés et
Fntomostracés , par M. Erichson (p. 149), des Annulés, par
M. de Siebold (p. 289), des rers intestinaux ^ par le même
(p. 300), et sur les travaux publiés en 1841 et 1842 concernant
132 RKYUE ZOOLCGIQUK. [AWil 1845 )
les classes des Echinodermes , Acalèphes , Polypes et Infusoires
par M. de Siebold p. 335).
Trattato delle m jimE^ etc. —Traité des Actinies et observations
sur quelques espèces vivantes des environs de Venise , par
le comte Contarini. ( 1 vol. in-4 de 2Q feuilles et demie,
avec 21 pi. lithogr. et color. — 18 livres d'Autriche).
Cet ouvrage important a été publié sous les auspices de
S. A. I. l'archiduc Rénier, vice-roi du Royaume Lombardo-véni-
tien. Après une courte introduction dans laquelle l'auteur ex-
plique le but et le plan de son travail , il le divise en neuf parties
qu'il nomme articles et que nous nommerons chapitres.
Chapitre 1". — Des Actinies en général. — C'est un résumé
bien fait de ce qu'on savait de plus général sur les mœurs et sur
l'organisation de ces animaux.
Chap. 2. — De la hase ou du pied, du corps, du disque
supérieur, de la bouche , des tentacules, des suçoirs et des si-
phons. — Ici l'auteur examine , pièce par pièce, toutes les par-
ties de l'organisme extérieur, et il divise ce chapitre en cinq ar-
ticles ou paragraphes.
§ l**^. — Du pied. — En exposant les secrets de sa conforma-
tion, l'auteur a soin de nous apprendre pourquoi cette pièce,
qui est d'ailleurs si faible pour la locomotion , et qui ne permet à
l'Actinie que des mouvements excessivement lents , est au con-
traire si puissante pour la fixer sur des corps solides dont on ne
la détache jamais sans éprouver de résistance et souvent sans la
déchirer ou la blesser. Ce phénomène , que les uns ont attribué
à l'action d'une espèce de suçoir, d'autres à l'intervention d'une
sécrétion visqueuse et collante, n'est, selon lui, que le résultat
d'une forte adhésion semblable à celle de deux verres ou autres
corps lisses et un peu humides frottés l'un contre l'autre et juxta-
posés. Les muscles du pied lui paraissent assez forts pour suffire
à cette adhésion et à cette résistance.
§ 2. — Du corps, — Le corps, qu'il aurait peut-être mieux
valu appeler le tronc , est la portion de l'animal comprise entre
le pied et le disque supérieur. Contrairement à l'opinion de Ca-
rus, qui lui a supposé un fipiderme corné, M. Contarini le dit
nu , rayonné intérieurement , charnu, sans enveloppe défensive,
non gélatineux el très-irritable. Il insiste sur la variété surpre-
ANALYSES d'oOVRAGES NOCVEAUX. 133
nante des formes difTërentes qu'il peut prendre à volonté , et il
fait remarquer qu'elles sont toujours en rapport avec les muta-
tions simultanées de la base.
g 3. — Du disque supérieur et de la bouche, — Entre autres
détails de la bouche, l'auteur appelle notre attention sur une
couronne de protubérances arrondies qu'on voit souvent entre
les tentacules et l'orifice buccal. Linné les a prises pour des
dents. M. de Blainville y a vu des organes de son appareil aqui-
fère. Notre auteur les regarde comme des glandes salivaires. Son
opinion , qu'il confirme plus bas par des observations qui lui
sont propres , s'accorde très-bien avec celle que G. Cuvier a
émise à propos des Holothuries qui sont , entre tous les ani-
maux , ceux que l'on estime et qui sont , en effet, les plus voi-
sins des Actinies.
§ 4. — Des tentacules. — Les tentacules des Actinies soniXes
seuls membres qui puissent être les instruments dociles de leurs
volontés. Aussi les emploient-elles à différents usages. Elles s'en
servent pour nager, pour se cramponner, pour saisir une proie,
pour la porter à leur bouche. Tout le monde savant en est d'ac-
cord. M. Contarini n'a omis aucun de ces détails et il donne de
très-bonnes explications de leur mécanisme. Mais il y une autre
question sur laquelle les avis sont encore partagés. Ces tenta-
cules sont-ils perforés à leur extrémité , et , s'ils le sont, à quoi
leur sert cet orifice terminal ? MM. de Quatrefages et Délie Chiaie
en ont nié l'existence. Ehremberg l'a contestée pour son G. Cu-
brina. M. Dujardin ne Ta admise qu'avec doute ; cependant
Spallanzani l'avait remarquée longtemps auparavant. M. Grube
l'a reconnue, et M. de Blainville l'a non-seulement admise,
mais il en a donné une description parfaitement juste. « Ce que
» les tentacules offrent de plus remarquable, dit-il , c'est qu'ils
» sont vides dans toute leur étendue, ouverts à leur extrémité ,
» et qu'ils communiquent avec le parenchyme cellulo-vasculaire
» du corps. Il s'ensuit qu'ils peuvent entrer en une espèce de
» turgescence par l'introduction de l'eau dans leur intérieur, et
» qu'en se contractant ils peuvent la lancer à une grande dis-
» tance. » M. Contarini est du même avis. Les expériences qui
lui sont propres et sur lesquelles nous aurons à revenir avec lui ,
lui ont prouvé que ces orifices terminaux servent en effet à une
espèce de circulation aéréo-aqueuse.
134 REVDE zooLOGiQDE. [Avrll 1845.)
§ 5. — Des suçoirs et des siphons. — M. Contarini confirme
ici l'observation de Rapp qui avait distingué deux espèces de
pores différemment répandus sur le corps des Actinies. Les pre-
miers , les plus anciennement connus , sont situés aux sommets
de petites éminences qu'on a pu comparer à des mamelons ; ils
sont disposés en séries circulaires : ce sont les suçoirs propre-
ment dits ; l'animal s'en sert , le plus souvent , pour s'accrocher
à des corps solides, et quelquefois pour se couvrir lui-même de
corps étrangers et s'en faire un mur de défense ; les autres, où
les siphons sont épars sur le corps, souvent sans ordre détermi-
nable , quelquefois en lignes verticales ; ils ne sont pas proémi-
nents, et ils ne sont visibles qu'à la loupe. Ce sont eux qui intro-
duisent l'eau de la mer dans la cavité des tentacules , et dans la
cellule des ovaires. Ce sont eux qui la rendent aussi avec vio-
lence lorsque l'animal est irrité ou pressé par Jle besoin de sa dé-
fense. En de pareilles circonstances, les siphons, placés le
plus près de. la base, rendent des fils allongés ordinairement
blancs , rouges dans les espèces qui posent sur les coquilles des
Mollusques purpurigènes , que M. Rapp a appelés des produc-
ten^ Dugès des filaments pourprés, G. Guvier, bien à tort , des
ovaires , et dans lesquels M. Contarini a reconnu de véritables
vaisseux spermatiques.
Chap. m. — De la locomotion. — Ce chapitre est très-court.
L'auteur y mesure le temps qu'une Actinie met à parvenir à une
certaine distance à l'aide de son pied : ce mouvement est très-
lent . L'animal emploie à peu près une heure à parcourir un es-
pace de cinq centimètres ; il a cependant un autre moyen de
courir plus vite et plus loin. 11 faut alors qu'il quitte le corps au-
quel il s'était fixé , qu'il diminue son poids spécifique en se rem-
plissant d'eau et d'air, et qu'il s'abandonne ensuite aux caprices
des ondes jusqu'à ce qu'il ait rencontré un autre corps fixe qui
satisfasse aux conditions d'une solidité rassurante.
Chap. iv. — De la nourriture, — Les Actinies se nourrissent
de toute espèce animale marine. Elles s'en assimilent les parties
molles et charnues. Mais contrairement à l'assertion de M. Délie
Chiaie, Fauteur remarque qu'elles n'ont aucun moyen d'atta-
quer des substances osseuses , cornées et testacées. Si elles les
avalent par accident ou par nécessité , elles ne les entament pas
et elles finissent par les rendre par la bouche qui est aussi leur
ANALYSES d'oOVRAGES NOUVEAUX. 135
anus. M. Contarini en a eu une preuve décisive. On avait cru que
ces Actinies , conservées dans Teau salée , pouvaient y jeûner
impunément pendant huit mois et même pendant une année. Il
n'en est pas ainsi : cette eau nourrit des myriades d'infusoires
microscopiques. Notre auteur a vu flotter, à la surface de l'eau
leurs dépouilles vidées et vomies par les Actinies.
Chap. v. — De la reproduction, — La reproduction des Ac-
tinies peut s'opérer de trois manières bien différentes ; par ac-
couchement , par scission volontaire et par scission accidentelle.
Les deux premiers modes supposent également la préexistence
d'un germe fécondé. Ils sont le sujet du § 1*' De la génération
et de la multiplication des espèces.
Quant au premier mode, après avoir exposé de la manière la
plus complète et la plus consciencieuse tout ce qui en avait été
dit avant lui , l'auteur en vient à son propre système comme au
seul qu'il puisse concilier avec ses expériences et avec ses obser-
vations anatomiques.
1° Toutes les Actinies qu'il a observées sont hermaphrodites.
Les ovaires sont les organes femelles, les vaisseaux sperma tiques
sont les organes mâles.
2° La fécondation des œufs et le développement de l'embryon
s'accomplissent dans l'intérieur des cellules nombreuses qui
remplissent l'espace compris entre l'estomac et les téguments ex-
térieurs.
3° Les Actinies sont normalement vivipares. Les jeunes sor-
tent des œufs avant d'entrer dans l'estomac ; elles en sortent par
la bouche qui est l'analogue de la vulve comme elle est aussi
celui de l'anus.
40 Les jeunes sont parfaitement semblables à leurs mères.
Elles n'en diffèrent que par la petitesse de leur taille et par le
moindre nombre de leurs tentacules.
6" Ce mode de reproduction est essentiellement normal.
C'est aussi le plus productif. Le nombre des ovaires n'est guère
moins de vingt-quatre, et chaque ovaire contient des milliers
d'œufs.
La multiplication par scission volontaire a été appelée très-
improprement multiplication par bouture. Elle a lieu lorsque
l'un des ovaires acquiert un volume excessif et exerce une ac-
tion irritante contre les parois extérieures du corps. Alors l'ani-
136 REVUE zooLOGiQDE. ( yévril ISi-S.)
mal se contracte brusquement , se déchire lui-même et se sé-
pare d'une portion de sa base qui entraîne avec elle l'ovaire
turgescent. Les œufs fécondés se développent après cette sépara-
tion et leur développement est d'autant plus rapide et plus heu-
reux qu'il avait été plus avancé dans le sein de l'Actinie mère.
]1 est clair que cette scission d'une partie du corps diffère essen-
tiellement de la bouture, et qu'elle doit être bien moins produc
tive que l'accouchement normal.
11 peut arriver que dans les moments de la plus grande irri-
tation, l'Actinie rende quelques œufs fécondés et viables par les
siphons latéraux du tronc et par l'orifice terminal des tenta-
cules. M. Contarini les a surprises sur le fait, mais cet accident
e&t une espèce d'avortement, et s'il n'est pas toujours mortel
pour l'embryon, nous ne devons y voir qu'une des compensa-
tions de l'infériorité de l'Actinie dans l'échelle animale.
De la faculté de reproduire les parties coupées. — C'est
sous ce titre que M. Contarini traite du troisième mode de re-
production que les Actinies partagent avec plusieurs autres ani-
maux inférieurs. Ses expériences sur les u4ct. concentrica et
diaphana , lui ont appris que si elles sont coupées en deux , en
trois et même en quatre , elles se reproduisent en autant d'in-
dividus qu'il y a eu de fragments. Il a varié ses coupes sur plu-
sieurs points et en différentes directions pour mieux connaître
rimportance de chaque partie ; il a reconnu que la base jouit de
la plus grande force reproductive , et il en a conclu qu'elle est
le siège principal du principe vital. Il a vu aussi que les tenta-
cules sont les parties qui se reproduisent le plus tôt et le plus
souvent , et il en a conclu qu'elles exercent les fonctions les plus
importantes pour le maintien de la vie.
Chap. VI. — De la structure interne. — Pour ne pas sortir
des bornes d'une simple analyse, je dois m'abstenir de répéter
tout ce que M, Contarini a dii dire des découvertes anatomiques
des autres et ne parler que de ce qu'il en a pensé et de ce qu'il
y a ajouté. Parfaitement au niveau de la science , n'étant étran-
ger à aucun des faits constatés avant lui , d'accord avec G. Cu-
vier, Meckel, Leuckart , le docteur Rapp, MM.de Blainville, de
Quatl-efages et Délie Chiaie , il ne croit pas à l'existence de ce
système nerveux que le docteur Spix a affirmé et représenté ,
que M. Grantt a admis sur sa parole et dont le docteur Johnston
ANALYSES d'oUVRAGES NOUVEAUX. 137
s'est contenté de douter. 11 a vu , lui aussi , ces nerfs prétendus
et ces nœuds que Spix a dessinés; mais il les a regardés comme
les rebords saillants des lamelles internes. 11 se prononce , au
contraire, de la manière la plus formelle, pour l'existence des
organes mâles. Ces corps filamenteux qui existent dans toutes
les cellules internes, qui y sont toujours enroulés avec les
ovaires, qui ne se confondent pas avec eux , et qui n'en dépen-
dent pas, sont, à ses yeux, des vaisseaux spermatiques, par la
grande raison qu'ils ne peuvent pas être autre chose.
Dans le même chapitre, l'auteur consacre un article à part à
la grande question de la circulation aéréo-aqueuse. Il en a con-
staté la réalité , et voici comment il l'a conçue et comment il l'a
décrite : Les tentacules, vides à l'intérieur et ouverts à leur ex-
trémité, absorbent d'abord l'eau de la mer et l'introduisent dans
un grand canal circulaire placé au bord du disque supérieur
entre la bouche et la dernière rangée des tentacules. Toutes le»
cellules qui contiennent des ovaires viennent aboutir à ce canal
et en reçoivent le liquide passé dans la circulation. Après le temps
nécessaire pour l'assimilation conservatrice, ces cellules la ren-
dent à l'estomac par deux ouvertures latérales du fond que l'au-
teur a découvertes et constatées. Cette eau est ensuite rejetée ,
par un mouvement péristaltique de l'estomac , et elle sort par
l'orifice extérieur unique , qui fait alors l'office d'un évent. Or,
avec l'absorption de l'eau, il y a aussi absorption de quelques
particules d'air.. Cet air, accompagne l'eau dans son cours de cir-
culation et sort avec elle. 11 y a donc à la fois circulation et res-
piration. M. Contarini prouve très-bien que son système se con-
cilie suffisamment avec les faits découverts par ses devanciers.
Mais il tire ses preuves les plus directes des expériences qu'il a
faites lui même et que nous transcrirons ici, quoiqu'il n'en ait
parlé qu'à l'article de l'espèce qui en a été le sujet. Après avoir
inutilement essayé une infusion de rubia tinctorum dans de
l'eau de mer, «j'ai pris , dit-il , de la teinture au suc d'amarante
» (phitolacca decandra, Linn.), je l'ai mêlée avec de l'eau salée,
» et j'y ai immergé deux de mes Actinies {Actinia concentrica ,
» Risso). Au bout de vingt-quatre heures elles étaient mortes et
» très durcies. Elles avaient versé , par toute la surface du corps,
» une grande quantité de bave visqueuse et collante. 11 en sor-
» tait encore : l'eau en était imprégnée et elle filait commcrimiU
138 REVUE zooLOGiQUE. (Avvil 1845.)
» ou comme le vin tourné à la graisse. Les Actinies s'étaient con-
» sidérablement contractées etrapetissées. J'en ai choisi une; je
» l'ai coupée en travers avec un rasoir, et, contre mon attente,
» je me suis aperçu que la couleur amarante avait pénétré dans
» l'intérieur du corps. Elle y occupait les cavités tentaculaires ,
» le grand canal discoïdal et les cellules des ovaires. L'estomac
» n'était pas encore coloré. Les Actinies étaient mortes avant que
» l'infusion y fût arrivée. Cette expérience, plusieurs fois répé-
» tée, m'a donné presque toujours les mêmes résultats. Plus
• tard , en ayant ouvert deux autres , j'ai trouvé que les ovaires
» flottaient dans la liqueur qui avait pénétré dans tous les con-
» duits de la circulation et que l'estomac et les glandes salivaires
» étaient encore incolores. Enfin , en ayant ouvert une autre ,
» j'ai trouvé que l'estomac était aussi rempli de couleur, ce qui
» m'a prouvé que la circulation aéréo-aqueuse avait été plus
» avancée dans cet individu au moment de sa mort. »
Chap. vil — De l'utilité et des propriétés des Actinies. —
Tout le parti que l'homme a su retirer de ces petits animaux est
traité avec beaucoup d'érudition. 11 parle successivement de
l'emploi que les anciens en faisaient sur leurs tables , de ce-
lui que pourraient en faire les modernes , de leur action' irri-
tante sur la peau qui les a fait comparer à des orties , des vertus
médicinales que leur attribuent Gallien , Pline , Wolton etFrot-
tula , des tentatives de Dicquemare pour s'en servir au lieu de
baromètre, de la durée de leur vie, de la disproportion qui
existe entre le peu qu'elles consomment et la quantité de nour-
riture qu'elles fournissent aux autres habitants de la mer ;
disproportion telle, que M. Contarini n'hésite pas à les compter
au nombre des animaux utiles à l'homme.
Chap. VIII. — De la classification des Actinies. — Il ne s'agit
ici que de la place de la famille dans une bonne méthode zoolo-
gique. Après avoir passé en revue tout ce qui avait été proposé
avant G. Cuvier, il s'attache à la méthode de ce dernier, et il en
expose avec beaucoup de clarté les principes fondamentaux. Ce
chapitre, qui n'a en lui-même rien de neuf, était nécessaire
pour l'intelligence du suivant,
Chap. IX. — Des espèces. — M. Contarini a calculé que le
nombre total des Acfinies citées par les auteurs , et qui sont
bien ou mai connues, n'est pas moindre'jde cent. Mais comme
ANALYSES D 0UVR4GES NOUVEAUX. 139
il n'a voulu parler que de celles qu'il a vues et observées vivan-
tes, il n'a pris en considération que les treize espèces qu'il a
trouvées dans les environs de Venise , et il a pu les répartir en
deux coupes génériques d'après un caractère très-naturel et
dont personne ne lui contestera la valeur, la rétractilité et la
non-rétractilité des tentacules.
1" Div. — Actinies nues, à tentacules rentrants. — G. Cuti-
NiA, onze espèces.
2' Div. — Actinies nues , à tentacules non rentrants. — G.
Anemonia, Cont., deux espèces.
La présence des pores latéraux, et le nombre des tentacules,
sont , aux yeux de M. Contarini , des caractères trompeurs
qui ne méritent aucune confiance dans la détermination des
espèces et encore moins dans l'établissement des genres. M. Délie
Chiaie , qui avait vu avant Ehremberg ces pores que le natura-
liste allemand a donnés pour les caractères de son G. Eribrina,
et qui ont ensuite servi à M. Brandt pour sa famille des Éribri-
nacées , s'est assuré qu'ils diffèrent non - seulement dans les
espèces des mêmes genres , mais même dans les individus de la
même espèce _, et que souvent ils varient encore dans le même
individu selon les différentes époques de sa vie. M. Contarini ,
qui a vu naître une infinité de petites Actinies, et qui en a suivi
le développement progressif, les a toujours vues commencer
par une seule rangée de quatre à cinq tentacules; le nombre
des rangées, et les nombres des tentacules de chaque rangée
augmenter chaque jour et le terme de l'accroissement être en-
core douteux dans la plupart des espèces. Il a eu bien raison de
rejeter d'emblée toutes les divisions qui n'ont d'autre fondement
qu'un appui aussi faible et aussi fragile.
11 a également dédaigné de tenir compte de la forme du pied,
de celle du tronc, de la dilatation du disque, du contour de la
bouche, parce que toutes ces circonstances sont toujours de
passage et parce qu'elles changent à chaque instant, dans cha-
que individu. Les traits , qui lui ont paru d'une importance
réelle et auxquels il s'est fidèlement attachés, sont. les sui-
vants :
1° L'ensemble de l'Actinie et ses différents aspects dans les
deux cas opposés de son extrême expansion et de son extrême
contraction :
I
140 REVDE ZOOLOGIQUE. [ Awil 1845.)
S' La surface du corps qui peut être , ou lisse , ou tubercu-
leuse , ou couverte de suçoirs diversement disposés ;
3° La présence ou l'absence des glandes salivaires qui peu-
vent être latentes ou internes, ou apparentes et externes : dans
ce dernier cas , leur position , près de la bouche , ou à la base
des tentacules ou sur les bords du disque supérieur ;
4o La grandeur de Tespace nu qui peut subsister entre la
dernière rangée de tentacules et le contour de la bouche ;
5° Les formes des tentacules , leur base , leur extrémité, leur
position, leurs dimensions normales, leur contractilité, et enfin
leur disposition en groupes ou en rangées circulaires ;
6° Les couleurs, lorsqu'elles sont constantes et uniformes ;
7° L'habitation qui peut être constante ou variable , à fleur
d'eau ou à certaine profondeur, etc.;
8° Le maximum de la taille , la comestibilité, la propriété ur-
ticante.
Ces deux dernières considérations , étrangères aux caractères
extérieurs, nous paraissent appartenir plutôt à l'histoire de l'es-
pèce plus qu'à sa classification. Cependant on ne saurait nier leurs
avantages pour diriger les recherches et pour éclairer la critique
dans l'estime des caractères que nous croyons les seuls ration-
nels. Quoi qu il en soit, notre auteur les a fait entrer dans ses
phrases spécifiques, et voici comment il a signalé, avec leur aide,
les treize espèces qu'il a voulu illustrer.
1. Act. equindy Lin., semi-ovalis, longitudinaliter transverse-
que subtiliter undato-rugoso striata ; obscure castanea; glandu-
lis marginalibus superis albis, seu cinereo-viridibus : tentaculis
corpore brevioribus, crassis, conico-elongatis, albo-pallidis, sub-
diaphanis, apice obscuriore ; limbo basilari corpori concolore ,
basi subtus laete violacea , in junioribus rubro-castanea.
2. Act. rubra^ Brug., semi-ovalis laeviuscula et purpurea ,
glandulis marginalibus cœruleis ; tantaculis rubris elongato-sub-
tilibus, corpore fere longioribus; limbo basilari cœruleo aut
saphyrino ; basi subtus amœne rubra.
3. Act. concentrica ., JRisso, brunneo-violacea,pellucida, li-
neolis transversalibus bruneo-atris , sive circulis simplicibus et
concentricis, punctisque nigris adspersa ; glandulis albis magnis
ad basin tentaculorum dispositis ; tentaculis pallido-glaucis,
hyalinis , corpore longioribus ; limbo basilari albo-cœruleo ,
ANALYSES d'oUVRAGKS NOUVEAUX. 141
externe lineolis parvis nigris perpendiculariter dispositis notato,
basi subtus pallide cinerea.
^. Act. diaphana , Bapp., rubro carnea , pellucida, parva ,
striis longitudinalibuS horizontalibusquecrebrisfere inconspicuis
punctisque minimis atris conspersa; glandulis ruberrimis; tenta-
culis conicis triplici série dispositis ; corpore concoloribus apici-
bus que albicanlibus ; basi saepius dilatata.
5. Act. maculata , Brug.^ brunneocinereo flavoque albicante
maculata ; glandulis latentibus ; tentaculis pallidis albo-macu-
latis, quandoque immaculatis, filiformibus , hyalinis, brevibus,
corona quadruplici dispositis; disco superiori circum os nudo,
intus pallide carneo, vittis albis radiato ; basi lateraliter minute
perforata, lineolis brevibus albisque notata, subtus pallida-flava;
fixe Muricibus adhaerens.
6. Act. carciniopados, Otto, subrotundata, supra transverse
rugosa, crispata, lateraliter laeviuscula, sacculi formis, flavo-sub-
aurea, punctis crebiis, minutis, rotundatis, rubro-purpureis ad-
spersa ; glandulis inconspicuis, tentaculis, albis, pellucidis, cor-
pore brevioribus , filiformibus, inœqualibus , sexseriatis ; disco
ovali, albo, radiatim sulcato, pellucido, in nonnullis annulo
roseo notato ; limbo basilari corpori concolore , basi subtus
cinerea, couchas univalvas involvens et caudam Pagurorum
protegens.
7. Act.effœta, Lin., cylindrico cuneata, sordide flavescens vel
brunnea vittis duplicatis longitudinalibus albo flavescentibus no-
tata ; glandulis latentibus ; tentaculis albo - hyalinis , brunneo-
punctatis, lineola costali pallide brunnea, quintuplici série dis-
positis, filiformibus , longioribus ; disco superiori ad os minus
denudato; basi saxis minus adhaerens et Maculatœ dimidio
minor.
8. Act. bellis, Sol. et EUis, pallida carnea, verrucis albis no-
tata, ore ochraceo aut rubro, tentaculis brevibus, diversicolori-
bus, basi incrassatis, cylindricis, quatuor vel quinque seriatis ;
disco superiori piano, late nudo , saepe cinereo aut variegato ,
versatili ; basi rubro-carnea, subtus radiatim lineata.
9. Act. auraniiaca, Délie Chiaie , cylindrico-truncata , cor-
pore rubro aurantiaco, maculis albis adsperso, superne verrucis
albis notato ; ore violaceo , in angulis biglandulato ; tentaculis
supra albosericeis, subtus fuscis, apicibus violaceis , quinque vel
i42 REVUE zooLOGiQUK. (Awil 1845.)
sex seriatis'; disco superiori piano, albo fuscoque lineato , mar-
gine nudo circum os brevi ; basi subtus corpori concolore, si-
militerque albo maculata.
10. Act. verrucosa, Pennant., complanata, corpore crasso
carneo albo flavoque vario, verrucis albis pertusis longitudinaliter
striato ; disco piano, flavo rubroque una cum ore subtiliter li-
neato, intus fere toto hirto, limbo versatili integro, quinque,
octo,decemve lobato ; tentaculis retractilibus confertis, brevibus
vel subulatis, palliderubris, albo lineatis , apicibusque albis , in
lineas sex et ultra dispositis ; basi plana, corpori concolore : saxis
fixe adhaerens.
1 1 . Act. viridis^ Lin., lœvigata, corpore depresso longitudina-
liter circumsulcato, viridi-olivaceo, sed plus minusve viridi-atro;
tentaculis triplici série dispositis, longis, subulatis, viscosissimis ,
viridi-hyalinis, apicibus pallide rubris; ore prominulo, inmedio
discinudi, radiatim striati posito, etiam in contractione hiante ;
glandulis marginalibus viridibus fere latentibus, basi corpori
concolore, leviter sulcata, plerumque dilatata, margine atro-
caeruleo, haud raro versatili.
12. Anem. cereus, Cont., paterœformis , magna, crassa, casta-
ïiea Tel obscure viridis, subpellucida, leviter sulcata , lineis lon-
gitudinalibus brunneis albisque picta; glandulis ssepe latentibus;
tentaculis plurimis longissimis, crassis, vermiformibus, gluti-
nosis , non retractilibus , octo ad decem striatis acervatimque
stipatis, ad marginem disci dispositis, glauco-viridibus , linea
alba longitudinali notatis, apicibusque rubris disco cum os laté
nudo ; basi in margine undulata, subtus flavo terrea crebreque
subtiliter striata.
Varietas. — Anem. paterseformis , obscure cinerea , lineis
ut in alia picta; tentaculis basi pedunculatis, medio incrassatis ,
fere fusiformibus , glauco-viridibus, apicibus rubris et lineis al-
bis carentibus,
13. Anem. cinerea, N. Sp. Cont , cinereo-viridis , subpellu-
cida : disco circum os brevi, glandulisque latentibus; tentaculis
basi pedunculatis, fere fusiformibus, cinereo-glaucis, crebris ma-
culis lacteis adspersis, triplici série dispositis, hinc et inde stipa-
tis glutinosisque ; basi subfoliacea, lateraliter saspe sublobata ,
subtus viridi-flava , lineis crebris distincta , limboque seriatim
albo punctato.
ÀINALYSES d'oUVRAGKS ÎSODVKADX. 143
Chaque phrase latine est précédée d'une ample synonymie ac-
compagnée de bonnes observations qui prouvent que Tauteur
est remonté aux sources, et qu'il n'a pas grossi sa liste en en
copiant d'autres, comme cela n'arrive que trop souvent. Les
descriptions, en langue vulgaire, paraîtront un peu longues à
ceux qui voudraient savoir sans se donner la peine d'apprendre.
Le fait est qu'elles sont précisément ce qu'elles doivent être pour
ne rien laisser à désirer, et que les dessins éclaircissent tous les
détails qui n'auraient pas pu y entrer; mais ce n'est pas encore
tout. 11 n'y a aucune espèce que l'auteur n'ait soumise à ses ex-
périences, et qui ne lui ait fourni la preuve de quelques-uns des
faits établis dans les généralités. Ainsi , à l'article de VAct,
equina, M. Contarini parcourt la vie de l'espèce à partir de sa
naissance jusqu'à sa mort : il dissèque le cadavre , et il découvre
que les tubercules sont les continuations des lamelles internes
et non de simples prolongements de la peau, comme on l'avait cru
avant lui. A celui de VAct. concentrica , il observe les lois de la
circulation aréo-aqueuse, et il soumet à plusieurs épreuves la
ténacité de la vie. A celui de VAct. diaphana, il s'étend sur sa
multiplication par scission volontaire , sur la reproduction des
parties coupées et sur les accidents provoqués par une irritation
violente, tels que la sortie de l'eau, des œufs et des vaisseaux
spermatiques par les siphons et par l'extrémité des tentacules ;
je ne le suivrai pas dans cette voie. Si j'avais à redire tout ce
qu'il nous apprend d'instructif et d'intéressant, j'aurais à trans-
crire le texte même de son livre ; j'aime mieux appeler l'atten-
tion des naturalistes sur les contrastes inexplicables qui existent
entre les différentes espèces des mêmes genres , contrastes qui
nous feront commettre les méprises dont on court les risques
lorsqu'on n'attend pas que l'expérience vienne confirmer les in-
ductions prématurées de l'analogie.
Changements apparents des formes et des dimensions. — Ils
sont fréquents et médiocres dansl'^c^ equina et dans VAnem.
'cereus , plus limités dans les Act. mriculata , carciniopados et
viridis^ rares et très-bornés dans les Act. aurantiaca et verru-
cosa, sensibles seulement à la hauteur du disque supérieur dans
VÀct. bellis , nuls au contraire dans cette partie , et possibles
seulement près de la base dans VAnem. cinerea , encore nuls
quant à l'élévation en hauteur, mais très-remarquables par
144 REVUE ZOOLOGIQUE. {Awil 18i5.;
rapport à la largeur et à la longueur, dans VAct. concenlrica ,
très-fréquents et excessivement varies dans VAct. diaphana ,
pour laquelle la pi. V nous offre seize exemples différents de
ces mutations protéi formes , également variés dans VAct. efjwta,
mais encore plus forts en élévation , puisque le rapport de la
hauteur au diamètre de la base y peut être de huit à un.
Sensibilité. — Les mêmes causes irritantes ne produisent pas
le même degré d'irritation dans les différentes espèces d'Ac-
tinies ; mais en général leur sensibilité se manifeste par une
certaine contraction de quelque partie du corps , et dans celles
à tentacules rentrants, par les retraites de ces pièces. VActinia
aurantiaca fait exception à cette règle. Placée dans les mêmes
circonstances , soumise à la même excitation , elle s'est conduite
d'une manière tout opposée , et elle a dilaté les parties que ses
congénères ont l'habitude de contracter. M.Contarini en a été le
témoin. Laissons-le nous raconter lui-même ce fait exceptionnel.
« Au contraire de ce que j'ai vu dans les autres Actinies, si
» celle-ci est frottée légèrement à i'entour de sa base, elle
T> éprouve une secousse immédiate , comme si elle se réveillait
» en sursaut. Si elle était ouverte en partie , elle s'ouvrait alors
» davantage, et si elle ne l'était pas assez pour mes observations ,
» je n'avais qu'à l'irriter légèrement, et je la voyais s'ouvrir en-
» tièrement et toujours par secousses ; c'est encore un des traits
B qui la distinguent des Act. verrucosa et bellis. Ces ébranle-
» ments instantanés sont comparables à de petites secousses
j> électriques. Je n'ai pas pu remonter à leur cause , n'ayant eu
» qu'un seul individu à ma disposition , et cet individu ayant
» vécu peu de jours. »
Nourriture. — Quoique les Actinies soient carnassières, en
général , elles ne vivent pas aux dépens de leurs semblables.
Si elles en avalent par accident, elles les gardent quelque temps
dans leur estomac , puis elles les rendent vivants et intacts ,
M. Contarini vient de découvrir que VAct. concentrica fait ex-
ception à cette règle. « J'ai offert, dit il , à mon Actinie, une
» petite Ad. diaphana. Elle s'en est emparée avec ses tenta-
» cules et elle s'est fermée immédiatement, en retenant sa proie.
» Au bout de dix heures, elle a vomi la peau de l'Actinie qu'elle
» avait vidée et mangée. J'ai répété cette expérience sur un
» autre individu et j'ai obtenu le même succès. Cette espèce a
OALYSES DOUVRAr.KS ^OUVKAUX. 145
» donc la faculté de manger et de digérer ses congénères. »
Habitation. — La plupart des Actinies se posent à rvolonté
sur des corps fixés et solides placés à différentes profondeurs,
et il y a même souvent des rapports de convenance entre la pro-
fondeur ou la nature du fond , et leurs facultés d'allongement
vertical et de dilatation horizontale. Par exemple, VAct. effœtay
qui se fixe ordinairement sur des pierres détachées ou sur des
coquilles vidées plus ou moins enfoncées dans la vase, est
aussi celle qui peut s'élever le plus haut pour atteindre le niveau
des eaux claires. Mais on trouve assez communément dans les
environs de Venise, deux autres espèces qui aiment à rester
constamment attachées à des corps solides et mobiles , et qui les
quitteraient s'ils venaient à perdre leur mobilité. Les Act. macu-
lata et carciniopados s'attachent exclusivement à des coquilles
habitées. La première , au Murex brandaris , pendant la vie de
l'habitant naturel qu'elle peut gêner par le surcroît de son poids,
et auquel elle n'apporte certainement aucun bénéfice. La se-
conde, au Trochus magus ; mais après la mort du Mollusque ,
et lorsque sa place a été usurpée par le Fagarus callidus, Jiisso,
les deux étrangers s'arrangent très-bien ensemble. Le crustacé
abrite en partie son abdomen sous le pied de l'Actinie , et il pro-
fite même d'une sécrétion gélatineuse qui s'étend peu à peu à
l'entour de ce pied. Cela devait être ainsi , car si l'Actinie eût
gêné le Pagure , celui-ci aurait eu probablement assez de force
pour la détruire ou pour la chasser , et dans tous les cas , il
aurait toujours eu la liberté de faire choix d'une autre habi-
tation.
Reproduction. — Nous avons établi plus haut que des trois
modes connus, l'accouchement par la bouche était le plus na-
turel , le plus fréquent et le plus productif; cette règle ne s'ap-
plique pas rigoureusement à VAct, diaphana. Dans cette espèce,
la multiplication par scission volontaire est aussi fréquente, et
peut en conséquence nous paraître aussi normale. M. Contarini
l'a suspectée dans une multitude de cas, et il en a suivi toutes les
phases.
Tels sont les faits principaux dont M. Contarini a enrichi l'his-
toire des Actinies , et qu'il a exposés avec ordre, avec clarté,
avec une sincérité consciencieuse , et une rare modestie. Cet
ouvrage nous semble désormais indispensable pour tout natura-
TomeVIII. Année 1845. 10
iit REVDB zooLOGiQBE. {Airil 1845.)
liste qui aurait à étudier cette famille, et mérite une place hono-
rable dans les bibliothèques publiques et particulières , com-
posées dans l'intérêt des sciences naturelles.
Gênes , le 23 mars 1 845. Maximilien Spinola.
Liste des animaux articulés cités jusqu'à présent comme se trou-
vant à la Nouvelle-Zélande, avec les descriptions de quelques
nouvelles espèces; par MM. Ad. White et Ed. Doubleday, aide»
à la partie zoologique du Muséum Britannique. [Suite.)
Classe Crustacés
Crevettes. Les Crevettes et crustacés de la même famille sont
abondants dans ces parages.
15. Talitrus brevicornis, M. Edw. 1. c. III, p. 15. Habite la
Wouvelle-Zélande.
16. Orchestia Quoyana, M. Edw. 1. c. III, p. 19. Habite la
Nouvelle-Zélande .
1 7 . Cilonera Mac-Leayii , Leach? Celui-ci , comme les autre»
espèces qui lui sont alliées , a été trouvé sur la côte de la Nou-
velle-Zélande par le docteur Sinclair. L'exemplaire du docteur
Leach se trouve dans la collection du Muséum britannique, mai»
qu'il l'ait décrit ou non , c'est ce que je ne puis affirmer. 11 vient
après le genre Olencira de Leach ( Dict. des scienc. nat., XII,
p. 350).
18. jEga seu Sphœr orna? Oniscus imbricatus, Fabr., Syst.
ent., 296, 2. — Hab. la Nouv.-Zélande. Fabr,
19. Sphœroma armata, M. Edw., 1. c. III, p. 210. — Habit,
la Nouv.-Zélande. M, Edw.
20. Dinemoura affinis, M. Edw., 1. c. III, p. 465, pi. 38,
f. 15-1 8. — Hab. la Nouv.-Zélande.
* 20. Cypris Novœ Zélandiœ, Baird. MSS.
Coquille ovale , allongée, les deux extrémités de la même
grosseur, un peu enflée et faiblement sinuée au milieu du bord
antérieur , blanche , lisse et luisante , tout à fait dépourvue de
poils. Est voisine de la Ci/p.de<ecfa,Mûller, mais diffère en ce que
la Coquille n'étant pas unie, mais boursouflée ou de forme sphé-
rique , a son extrémité sillonnée vers le bord antérieur, et plus
arrondie sur la surface dorsale. La coquille ne semble pas trans-
parente. Baird. — Hab. la Nouv-Zélande. Mus. Britann. Docteur
Stanger.
A!SALYShS DOUVHAGKS NODVEAnX. 1 47
( ClRRHIPÈDES.)
21. Anatifa spinosa^ Quoy et Gaim., Voy. Astrol., 111, 629,
t. 93 , f. 17. — Hab. la Nouv.-. élande.
22. Anatifa elongata. Quoy et Gaim , Voy. Astrol., III, 635,
t. 9:^ f. 6. — Hab. la baie des lies.
23. Anatifa tubulosa, Quoy et Gaim., Voy Astrol., 111 , 643 ,
t. 93, f. 5. — Hab. la Nouv.-Zélande.
24. Lepas balœnaris , Gmelin, Chemn., VIII, t. 99, f. 845-6.
Balanus circulus , Mus. Genev. — Hab. la Nouv.-Zélande. Dr.
DiefTenbach.
25. Tubicinella trachealis. Lepas trachealis, Shaw, N. Miscel.
XVII, t. 726. L. tracheœformis , Wood. Conch. 31, t. 10, f. 1-3.
Tubicinella major et T. minor, Lam., Ann. Mus. H. N., VI, 461 ,
t. 30, f. 1-2.— Vit sur la peau des Baleines. Nouv.-Zél.
26. Elminius plicatus, Gray, n. s. — Hab. la Nour.-Zél. Mr.
Yate et Dr. Dieffenbach : valves jaunes, fortement plissées et sil-
lonnées, surtout à la base ; valves operculaires épaisses. La par-
tie apicale des valves est généralement usée; comme l'E. Kingii,
les valves sont solides et non cellulaires. Quand l'animal est
jeune, les valves sont d'un blanc pourpré.
11 y a une autre espèce de ce genre trouvée sur les Conchole-
pas , qui est plissée en dessous comme celle-ci , mais pourpre et
déprimée , F. Peruvianus , Gray.
27. Conta depressa , Gray. — Hab. la Nouv.-Zél. sur VHalyo-
tis iris. Baie des Iles. Dr. Sinclair.
28. Balanus ? Hab. la Nouvelle-Zélande sur le
Mytilus Smaragdus.
29. Bal. ? Hab. la Nouvelle-Zélande,
Classe Myriapoda.
30. Scolopendra rubriceps , </, Newp. Mss. Hab. la Nouvelle-
Zélande. Mus. Brit. Dr. Dieff. Tête, labre et mandibules d'un
rouge très-foncé ; corps d'un brun noirâtre impur , très-étroit
sur les segments antérieurs , mais dilaté sur les postérieurs ; an-
tennes et jambes olive rougeâtre ; paire postérieure des pattes
munie en dessous de sept épines rangées en deux lignes obli-
ques, et de trois épines au bord interne supérieur. — Long. 4 p.
3/4. Newp. Polack (1, 322) parle d'une espèce inoffensive de
Mille-pieds qui se rencontre à la Nouvelle-Zélande.
31. Spirotreptus antipodarum^ Newp. Mss. Hab. la Nouvelle-
148 RRVUK zooLOGiQUK. [Avùl 1845.)
Zélande. Mus. IJrit. Dr. Sinclair. Krun avec la tête lisse , profon-
dément excavée latéralement derrière les antennes ; premier
segment avec les côtés triangulaires , subaigus sans plis ; portion
antérieure de chaque segment substriée diagonalement et ta-
chetée d'orange ; portion postérieure presque lisse avec des stries
longitudinales très-fines; écaille préanale courte, arrondie. Ces
individus sont jeunes et n'ont que 35 segments , tandis que le»
adultes en ont environ 50. La long, est 1 po. 1/2 à 2 po. G. Newp.
Classe Aracdinida.
Une araignée, à Mawi , Nouvelle-Zélande, est appelée Pou-
wercwere. Walckenaer, Apt. II , p. 519.
32. Mygale awf2pod2ancf , Walk., Apt. l , 230. H. la Nouvelle-
Zélande. Walk.
33. Segestria sœm, Walk., Apt. 1 , 269.
34. Lycosa nautica , Walk., Apt. I, 340.
Araneamaiica, l'araignée voyageuse. Polack en parle comme
se rencontrant continuellement à la Nouvelle-Zélande ( I ,
p. 321 ). Ce doit être quelque espèce du genre Lycosa.
35. Dolomedes miri/icus, Wal., Apt. 1, 355.
36. yittus abbreviatus , Wal., Apt. 1,477.
37. Mtus CooMi, Vf si\., Apt A, 478.
38. Tegenaria Justralensis , Wal., Apt. II, 12.
39. Epeira antipodiana, Wal., Apt. Il , 93. Epeire plumi-
pède, Latr., Hist. nat. des Ins., t. VII, p. 275, n» 86.
40. Epeira crassa, Wal., Apt. JI , 127.
4L Epeiraverrucom, Wal., Apt. I, 135.
42. Tetragnatha { Deinagnatha) Dandridgei , White, N. S.
Hab. laNouvelle-Zélande. Mus. I3rit. Dr. Sinclair. Jaune brunâtre;
crochets des chélicères et extrémités des pattes plus foncés; yeux
noirs (dans un individu rouge-œillet). Les chélicères sont plus
longs que le céphalothorax, plus étroits à la base, avec cinq épines
à l'extrémité, les trois supérieures plus grandes que les autres;
bord interne avec deux rangées de petites dents, le rang infé-
rieur plus nombreux que le supérieur ; la griffe est très-longue,
recourbée à la base, l'extrémité est faiblement courbée. Huit
yeux placés sur deux lignes parallèles faiblement lunées; les
deux yeux du milieu de la ligne antérieure sont plus rapprochés
l'un de l'autre que des yeux latéraux ; ils sont placés sur les côtés
et à la base d'une faible éminence. Mâchoires longues , sinuées
ANALYSES d'oOVRAGES NOUVEAUX. 149
au bord externe, dilatées à l'extrétnité qui est coupée droit et
faiblement arrondie aux angles; palpes avec le second article
très-long , le troisième très-épais à l'extrémité , plus court que le
quatrième , qui est poilu et considérablement renflé au sommet.
L'appendice globuleux du mâle, près la base du cinquième ar-
ticle, est comme dans le Dolomedes mirabilis, Clerk, Aran.
Suec, t. 5 , f. 4, mais encore plus compliqué. Menton arrondi à
l'extrémité , avec une ligne enfoncée s'arrondissant le long du
bord ; il y a une ligne faiblement marquée au milieu. Le cépha-
lothorax a la forme d'un ovale allongé , déprimé , avec deux
profondes impressions au milieu. Jambes longues, la première
paire est la plus longue, la quatrième est visiblement plus longue
que la seconde, la troisième est très-courte. Long, d'un mâle
desséché, de l'extrémité du corps à celle des chélicères, 6 lignea.
J'ai donné à celte araignée le nom d'un individu dont les des-
sins et les descriptions me semblent avoir été copiés par Éleazar
Albin dans sou Hist. nat. des Araignées , publiée en 1736. Bra-
dley, dans son Recueil philosophique des œuvres de la naturo
(1721), parle du laborieux M. Dandridge, de Moorfîelds , comme
ayant dessiné et observé cent quarante espèces d'araignées dans
l'Angleterre seulement. Le baron Walckenaer, dans sa liste rai-
sonnée d'arachnologistes (Apt. I , p. 24, 29.), ne cite pas Dan-
dridge, car s'il eût connu ses travaux, il lui eût donné sans aucun
doute une place distinguée parmi les aptéristes iconographes ,
descripteurs et collecteurs. J'ai formé un nouveau sous-genre
pour cette araignée, ce qui, avec le Tetragnatha (Anetognatha)
bicolor de la Tasmanie, Ann. et Mag. d'hist. nat., VII, p. 475
forme deux sections dans cette famille.
Aranea calycina. M. Polack (Nouvelle-Zélande, I, p. 321.)
dit qu'à la Nouvelle-Zélande , les innombrables araignées à
voiles (Aranea calycina ), lorsque le soleil du matin brille sur
elles, humectées de la rosée de la nuit précédente , font l'effet
d'autant d'étoiles d'eau.
On rencontre abondamment les araignées dans les fougères.
Yate,p. 73.
Scorpion. Petit et inoffensif. Se rencontre sous les écorces d'ar-
bres. Polack , I , p. 321.
Classe Insecta. — Coleoptera.
4.3. Cicindela tuberculata, F. S. E. 225. 01. II, t. 3, f. 28.
150 REVUE ZOOLOGIQUE. { Avùt 1845.)
M. Charles Darwin et le D' A. Sinclair en ont trouvé plusieurs in-
dividus qu'ils ont offerts à la collection du Musée Britannique.
44. Cicindela Douei^ Chenu. Guer., Mag. de Zool., 1840,
pi. 45. Hab. la Nouvelle-Zélande. Chenu.
45. Cymindis Dieffenhachii , White. C. Atistralis ,Komh. et
Jacq. (nec Déj. ) D'Urv., Voy. au pale Sud , Ins , pi. I , f. 7. Hab.
Otago. Homb. et Jacq.
46. Lebia binotaia, Homb. et Jacq. D'Ur., Voy. au pôle Sud ,
Ins., pi. l , f. 8. Hab. Akaroa. Homb. et Jacq.
47. Heterodactylus nebrioides, Guér.,Rev. Zool. Cuv., 1841 ,
p. 214. Hab. les îles Auckland. Guér.
48. Promecoderus Lottini , BruUé , Hist. nat. des Ins., IV,
p. 450. M. Waterhouse regarde cet insecte comme une véritable
espèce du genre CnemacanthuSyG. R. Gray. Gharlesworth, Mag.
of nat. hist., 1840, p. 355.
49. Anchomenus atratus, Homb. et Jacq. D'Urv., Voy. au
pôle Sud, Ins., pi. I , f . 15.
50. Feronia [Platysma?) Australasiœ, Guér., Rev. Zool.
Cuv., 1831, p. 120. Baie des Iles, Port Otago , Guér. Mus. Brit.
51. Feronia {Platysma?) subœnea^ Guér., Rev. Zool. Cuv.,
1841, p. 122. Port Otago.
52. Oopterus clivinoides , Guér., Rev. Zool. Cuv., 1841,
p. 123. Iles Auckland. Guér.
53. Staphylinus oculatus , F. S. E. 265, 4. 01. t. H, f. 19.
Boisd. Voy. Ast. II, 54 , t. 9 , f. 1. Er. Staph. p. 352.
54. Micronyx chlorophyllus, Boisd. Voy. Ast. II, 189. Jlu-
îele chlorophylle ^ t. 6, f. 18.
55. Stethaspis suturalis, F. Hope. Col. Man. I , pp. 104 , 404.
Melolontha suturalis , F. Syst. E. 34 , 12.
56. Cheiroplatys truncatus^ F. Kirby. H. Col. Man. I , p. 29
et 84. Scar. truncatus, F. S. E. 6-12.
57. Pyronota festiva, F. Boisd. II , 214. Mel. festiva, F. S. E.
36 , 23. 01. I, t. 5, f. 48. Calonota festiva, H. Col. Man. I, p. 40.
Var.: Mel. lœta,F. S. E. 36, 24. 01. I, t. 6, f. 56. Pyr. lœla,
Bd. 11,214. Cal.lœta, H. Col. Man. I,p. 41 et 107. Mus. Brit.
Le Dr. Sinclair a trouvé abondamment cette espèce à la baie
des Iles, mais il n'a pas rapporté la variété. Le Rev. Hope a donné
les caractères génériques d'une manière plus détaillée que Ir
D' Boisduval , qui a indiqué brièvement ce genre. Le nom d'
ANALYSES D OUVRAGES NOUVEAUX. 151
Boisduval est néanmoins antérieur, à ce que je crois, à celui
donné par M. Hope.
58. Opatrum lœvigatum, F. S. L. I, 89, 5.
59. Opilus violaceus , F. Klug, Abh. Berlin, 1840, p. 39J
JSotoxus violaceus.F. S. E. 1 , 297, 2."
60. Notoœus porcatus , F. Hope. Col.Man. III, p. 137. ,
61. Dryops lineata , F. S. El. II , G8, 4. Lagria lineala, F. E.
S. 124, 3. Nacerdes sp.?St-Dej. Mus. brit. Sinclair.
62. Pseudhelops tuberculatus , Guér. Rev. Zool. Cuv. 1841,
p. 425. Iles Auckland.
63. Brentus harbicornis, F. 01. Curculio barbicornis , F. S.
E. 134-41. Ent. V,t.l,f. 5, t. Il , f. 5. Scbœnh. I, p.353,etV.
p. 578. Mus. Brit.
Le Dr. Sinclair, avec le Dr. Jos. Uooker, a trouvé un individu de
cette espèce dans une crevasse, entre l'écorce et le bois d'un lo-
wrie (Damara Australis) ; il est maintenant au Mus. Brit.
64. Brentus assimilis,F. 01. Ent. V, p. 433, pi. 2 , f. 6. Cur-
culio assimilis, F. S. E. 134 , 42. Sch. I , p. 356.
65. Brentus cylindricornis , F. Sch. I, p. 368.
66. Bhadinosomusacuminatus, Sch. Cure. VI, p. 473. Lep-
tosomus acuminatus, Sch. Cure. II, p. 169.Waterh.Trans. Ent.
Soc. II, pi, 17, f. 2, p. 192 . 193. Curculio acuminatus , F. S. E.
152, 132. Mus. Brit.
67. Rhynchœnus bidens, F. S. E. II , 457, 96, Curculio bidens,
F. S. E. 136, 51.01. Col. pi. 10, f. 113.
68. Cryptorhynchus? bituberculatus. Curculio bitubercula-
rtw,F. E. S. 11,414, 90.
69. Cryptorhynchus? modestus. Cure. modestuSy F. E. S. Il,
453, 250.
70. Psepholan sulcatus , White, n. g. n. s. Mus. Brit. Dr. Sin-
clair.
Bec court , perpendiculairement recourbé , large , un peu di-
laté à Textrémité , près de laquelle naissent les antennes ; les an-
tennes sortent à l'extrémité d'un profond sillon , elles ont 12 ar-
ticles; le 1*' art. aussi long que les 7 suivants réunis, l'extrémité
atteignant les yeux à peu près , sinon tout à fait , très-lisse, renflé
graduellement jusqu'à l'extrémité; 2» art. petit : les cinq précé-
dant la massue sont un peu moniliformes ; massue grande,
ovale , pointue à l'extrémité (de 4 art. ?), couverte de poils fins.
152 REVUE zooLOGiyuE. {Avril 1Si4 )
Yeux arrondis , d'une forme ovale-elliptique. Thorax poslerîetî-
reinent presque aussi large que les ëlytres à la base : élytres plus
larges un peu derrière la base» Pattes fortes. Cuisses épaisses,
celles de la première paire avec le bord sinué, s'élargissant en
.ne forte dent mousse : tibias de la seconde paire avec une forte
ient près de l'extrémité. Ce petit genre de Curculionites vient ,
je crois , près des g. Gronops et Ateryus du savant Schoenherr
( Gen. et Sp. Cure. 11 , pars I , pp. 250-2 ). Cette espèce est d'un
noir de poix brunâtre , foncé ; le thorax en dessus avec trois
lignes distinctes , brunâtres , les latérales plus larges et un peu
irrégulières. Ces lignes sont formées par des écailles colorées
distinctes. Les élytres ont des côtes : chaque élytre a , à l'extré-
mité , six côtes élevées dont deux atteignent le bout : entre
chaque est une ligne de points enfoncés. Les côtés des élytres, à
l'endroit le plus large , sont surtout poilus. Les pattes sont ponc-
tuées , et , comme la surface inférieure du corps , ont des poils
cendrés brunâtres , plus longs sur la partie postérieure des ti-^
bias et des tarses. Longueur environ de 4 1.
71. Aterpus? ou Hipporhinus? Curculio tridens , F.
72. Eurhamphus fasciculatus j Shuck. Ent. Mag. V, p. 506,
pi. 18.
73. Nitidula abbreviata , F. E. S. 1 , 348 , 5.
74. Apate minutus, F. E. S. 54, 4.
75. Dermestes carnivorus, F. E. S. 55, 2.
76. Dermestes navalis, F. E. S. 59, 9.
77. Pristoderus scaber, F. H. Col. Man. 111 , p. 181 et p. 81.
Derm. scaber , F. E. S. 57, 16.
78. Derm. limbatus, F. E. S. S. El. 1 , 318 , 36.
79. Prinoplus reticularis, White, n. s. Nouv.-Zélande. Mus.
Brit. Dr. Sinclair. Brun de poix : les bords des segments abdomi-
naux plus pâles en dessous ; élytres bordées , d'une couleur plus
claire , avec trois veines longitudinales partant de la base , se re-
j oignant par des nervures jaunâtres , formant des réticulations
irrégulières, qui ne sont pas les mêmes sur chaque élytre : les
élytres ont une courte épine à l'extrémité près de la suture.
Tête, thorax et surface générale des élytres irrégulièrement
ponctués et vermiculés. Le thorax est court, transverse, pas tout
à fait aussi large que les élytres , et couvert de beaucoup de poils.
ANALYSES d'oUVKAGLS NOUVEAUX. 153
Les cotés ont une forte épine vers le milieu , laquelle épine est
coudée à la base. Les cuisses ont deux épines à rextréniité , les
tibias en ont trois , deux plus courtes sur les côtés à l'extrémité,
une plus longue au bout. La face entre les antennes est enfon-
cée; les mandibules courtes, fortes, anguleuses , sont ponctuées
au bout ; les palpes sont proéminents et un peu renflés à l'extré-
mité. Les yeux sont larges et divisés en dessus et en dessous par
une étroite séparation. Les antennes ont un peu plus des trois
quarts de la longueur de l'insecte : le premier art. est fort,
court, renflé à l'extrémité; le second est très-petit et cyathi-
forme ; les huit suivants ont une épine au bout de chaque , le
troisième est le plus grand de toute l'antenne, les autres dimi-
nuent graduellement ; l'article terminal est obtus à l'extrémité ;
les derniers sont un peu effilés. Les côtés de Técusson sont pres-
que parallèles , le sommet est brusquelnent arrondi , vers le mi-
lieu il y a une ligne asseï lisse. Les élytres sont longues, arron-
dies au bout et plus étroites ; le bord est faiblement rebordé.
— Long. 1 p. 6 L ; plus grande largeur des élytres, envi-
ron 6 1/2 1.
Ce Prione forme une section ou sous -genre distinct de Sceleo-
cantha et Toxeutes de Newman (Ann. and Mag. of N. Hist., V,
pp. 14, 15), le dernier fondé sur le Prionus arcuaius , F., de
la Nouvelle-Hollande : il difi'ère essentiellement des Malloderes
Dup.,(Guér., Mag. Zool. , 1835, pi. \2b) et Julacopus Sery.,
(Ann. de la Soc. Ent. deFr., 183?, pp. 144, Î45 ) , dont il ofl're
en partie les caractères.
( La suite au prochain numéro. )
Figures et Descriptions de coquilles nouvelles ou peu connues,
par R. A. Pbilippi ; vol. I, livre 3. Cassel , 1843 (Voy. Bévue
zool., 1844 , p. 60).
PI. L Hélix (pi. 3 du genre). l.H. Zeus, Jonas (f . l.)Proc. Zool.
Soc. 1842. p. 188. 2. H. calamechroa, Jonas (f. 2.) de la Guinée.
Voisine de VU. vitrinoides Desh. 3. H. dislorta , Jonas (f. 3.) de
\a Guinée. — Avec un résumé des 14 espèces connues de Strep-
154 REVUE ZOOLOGIQUE. { Jifil 1845.)
taxis; par M. Philippi. 4. H. Cumingiî, Pfr. (f. 4.) Symb. II. p. ?6.
5. H.bicincta, Pfr. (f. 5.) Symb. I. p. 38. 6. H. Guerini Pfr. (f. 6.)
Rev. zool. 1842. p. 304. 7. H. délecta Fer. (f. 7.) Symb. II. p. 27,
A comparer à l'H. Bensoni v. d. Buscb. 8. H. Lusitanica Pfr.
(f. 8.) Symb. ï. p. 10. 9. H. palndosa Pfr. (f. 9.) Wiegm. Arch.
1839. — //. Jtamonis Orb. H. lingulata Desch. 10. H. fragilis
Pfr. (f. 10.) Wiegm. Arch. 1839. 11. H. plana Dunker (f. 11.)
Intermédiaire entre les H. vereohis v. Mûhlf. et paludosa Pfr.
Pl.II. BuLiMUS (pi. 1 du genre). l.B.bullulaBrod.(f. I.) A com-
parer au suivant. 2. B. simplex Jonas (f. 2.) Proc. Zool. Soc.
1842. p. 189. 3. B. pallens Jonas (f. 3.) de la Guinée. {B. lilia-
ceus var.?) 4. B. guineensis Jonas (f. 4.) 5. B. fictilis Brod. (f. 5.)
A comparer au suivant. 6. B. calobaptus Jonas (f. 6.) Proc. Zool.
Soc. 1842. p. 189. 7. B. Cumingii Pfr. (f. 7.) Proc. Zool. Soc.
1842. p. 88. 8. B truncatus Pfr. (f. 8.) Symb. I. p. 43. 9. B. sul-
cosus Pfr. (f. 9.) Symb. î. p. 43. 10. B. fulvicans Pfr. (f. 10.)
Symb.I. p. 42. 1 1 . B. SchiedeanusPfr. (f. 12.) Symb. I. p. 43. 12. B.
canimarensis Pfr. (f. 11.) Wiegm. Arch. 1839. J'ai reconnu, par
Touvrage de M. Delessert, que c'est la Pupa unicarinata de La-
mark. 13. B. tiurricula Pfr. (f. 13.) Wiegm. Arch. 1839. 14. B.
pachychilus Pfr. (f. 14.) Proc. Zool. Soc. 1842. p. 186. 15. Brid-
gesii Pfr. (f. 15.) Proc. Zool. Soc. 1842. p. 186. 16. B. eburneus
Pfr. (f. l6.)Symb. II. p. 44.
PI. III. Melania (pi. 2 du genre.) 1. M. fusca Phil. (f. 1 .)— Mu-
rex fuscus Gmel. ex List. 2. IVf. varicosa Troschel (f. 2. 3.)Wiegm,
Arch. 1837. M. plicata Lea, 1838, en est une variété. 3. M.
coffea Phil. (f. 4.) 4. M. inquinata Defr. (f. 5. 6.) très-variable.
5. M. decollata Lam. (f. 7.) d'après la figure dans le recueil de
Delessert, mais qui ne convient pas à la description de Lamarck.
6. M. Hûgelii Phil. (f. 8.) de la Nouv.-Hollande? 7. M. siccata v.
d. Busch. (f. 9.) Java. 8. M. Largillierti Phil. (f. 10.) de l'Amé-
rique centrale. 9. M. Schiedeana Phil. (f. 11.) du Mexique. 10.
M. Virginica Say (f. 1 2.) M. auriscaïpium Menk 1 830 , paraît offrir
des passages insensibles avec la suivante. 1 1 . M. multilineata Say
(f. 13.)— M. sulcosa, ligaia et fasciataMenk syn. 12. M. strigil-
lata Dunker (f. 14.)
FI . IV. TROcnus et Turbo (pi . 2 du genre). 1 . Turbo Fokkesii Jo-
nas (f. 1 et 10.) Baie de Californie. 2. Trochus cicatricosus Jonas
(f. 2.) Nouv.-Hollande. 3. Tr. carinatus Kock (f. 3.) Amérique
ANALYSES d'oDVRAGES NOUVEAUX. 135
centrale. 4. Tr. rubroflammulatus Kock (f. 4.) 5. Tr. (Monod.)
Dunkeri Kock (f. 5.) G. Tr. (Monod.) Philippii Kock (f. 6.) 7. Tr.
corrugatus Koch (f. 7.) 8. Tr. chlorostoinus Menke (f. 8.) Moll.
Nouv.-Hollande, p. 17.9. Tr. strigiilatus Ant. (f. 9.) Verz. 1839.
—T. pell. serpent. Wood? 10. Tr. tuberosus Phil. (f. 11.) Voisin
du Tr. coelatus. II. Tr. torulosus Phil, (f. 12.) Obs. Tr. vinctus
Phil. livre 2 f. 8, est le Tr. bicingullatus Lani. d'après la figure de
M. Delessert.
PI. V. Tellina. 1. T. sericina Jonas (f. 1.) de la mer de Chine.
2. T. truncata Jonas (f. 2.) Chine. 3. T. hippopoidea Jonas (f. 3.)
Chine. 4. T. pellucida Phil. (f. 4.) 5. T. constricta Phil. (f. 5.)
C'est une vraie Telline , quoique décrite par Bruguières sous le
nom de Solen constrictus, et par Lamark sous le nom de Psam-
mobia Cayennensis,
PI. VI. Unio (pi. 2 du genre). 1. U. Panacoensis v. d. Busch.
Du fleuve Panaco, près de Tampico.
Livr. 4. (1844.) PI. I. Hélix (pi. 4 du genre). 1. H. sagittifera
Pfr. (f. 1.) Symb. II. p. 20. 2. H. bulla Pfr. (f. 2.) H. vesica
Pfr. Symb. II. p. 21 . 3. H.bifasciata Lea (f. 3. 5.) Figures de plu-
sieurs variétés pour prouver l'identité de cette espèce avec la
Caroc. fibula (voy. Hélix , pi. i. f. 8.) 4. H. sirena Beck (f. 6.)
Symb. II. p. 39. 5. H. bigonia Fér (f. 7.)Hel. samarensis Pfr. in
Proc. Zool. Soc. 1842. p. 87. 6. H. Beckiana Pfr. (f. 8.) Proc.
Zool. Soc. 1842. p. 87. 7. H. trochiformis Fér. (f. 9.) Pfr. Symb.
II. p. 40. 8. H. marginata Miiil. ^f. 10). L'espèce de Mûller n'a
aucun rapport avec la Caroc. marginata Lam. ( IL Bornii
Chemm. Pfr.). Elle est plutôt identique avec 1'//. exclusa Quoy
et Gaim., et voisine de VH. trochiformis Fér. 9. H. diluta Pfr.
(f. ll.J du Pérou. 10. H. Butleri Plr. (f. 12.). Dans mes Symb.,
j'avais présumé que ce pourrait être VH. crispala Fér. On m'a
assuré qu'elle en différait, et je l'ai décrite sous le nom d'H.
Butleri dans les Proc. Zool. Soc. 1842, p. 87.
PI. II. Nerita. 1. N. PJanospira Anton, (f. 1.) Verz , p. 30. 2.
N. ornata Solv. (f. 2, 3.) Souvent confondue avec la N. chloro-
stomaLam. 3. N. PeruvianaPhil. (f. 4.) Pérou. 4. N. carbonaria,
Phil. ( f. 5. ) Alrata Chemn.? 5. W. incerta v. d. Busch ( f. 6.)
Java. 6. N. anthracina v. d. Busch (f. 7. ) Java. 7. N. costulata v.
d. Busch (f. 8. ) Java. JV. versicolor, var. Quoy et Gaim, p. G5 ,
f. 25? ;Pfr.) 8. N. piceaRccluz (f, 9.) 9. Winteri Phil. (f. 10.)
156 REVDK zooLOGiQUK {Avril 181-5.)
— iV. versicolor Quoy et Gaim. t. 65, f. 23? (Pfr.) 10. N. venusta
Dunker (f. II.) U. N. aurora Dunker ( fr. 12.)
Pi. III. Trochus (pi. 3 du genre.) 1 T. longispina Lam. (f. 1.)
2. T. latispiuaPhil. ( f . 2.) 3. T. Buschii Phil. ( f. 3. 4.) de Pana-
ma. Voisin du F. inermis Chemn. 4. T. cicer Menke ( f. 5.) du
Cap de Bonne-Espërance. 5. T. Menkeanus Phil. (f. 6.) décrit
sous le nom de T. cingulalus Mûhlf. 1818, et sous le même nom,
par M. Menke 1830; le nom devait être changé, parce qu'il y a
un Tr. cînguîatus Broc. 6. T. lugubris Phil. (f. 7.) 7. T. fuscea-
censPhil. (f. 8.)
PI. IV. Pyrula. 1 P. Maweae Gray (f. 1 . 2.) Extrêmement rare.
2. P. ochroleuca Menke (f. 3—6.) Chili. 3. P. bispinosa Phil. (f.
7, 8.) 4. P. Martiniana Pfr. (f. 9.) Je l'ai nommée d après un
exemplaire de ma collection , convenant très-exactement à la fi-
gure médiocre de Martini II, 400. i, citée par Lamarck pour la
P. angulata , avec laquelle elle n'a pas le moindre rapport.
PI. V. PsAMMOBiA. 1. P. solida Phil. ( f . 1.) Ile de Chiloë. 2.
P. violacea Desh. ( f. 2.) Java. — Solen violaceus Lam. 3. P. cos-
tulata Turt. (f. 3. 4.) — Ps. discors Vh'û. sicil.
PI. VI. Pecten. 1. P. Antonii Phil. ( f. 1). Espèce que l'on re-
çoit quelque fois sous le nom de P. médius. 2. P. tricarinatus An-
ton, (f. 4.) Verz, p 19. M. Philippi pense , d'après l'ouvrage de
M. Delessert, que c'est peut-être le P. lineolaris La.m. (Mais
Lam. dit : testa utrinque convexa.) 3. P. crebricostatus Mus.
Berol. (f. 2.) Chine. 4. P. tunica Phil. (f. 3.) des îles Sandwich.
5. P. Fabricii Phil. (f. 5.) Groenland. Chem.n. VII. 625? 6. P.
tigris Lam. (f. 6.) Java. Chemn. VII. 608. 7. P. porphyreus.
Chemn. VII. 632 est une bonne espèce, assez différente du P.
senatorius.
Livr. 5. (1844 ) Les planches, d'abord peu satisfaisantes, vont
toujours en s'améliorant , et laissent peu à désirer.
PI. I. Cyclostoma et Steganotoma. 1. C. Cuvierianum Petit.
( f. 1 .) 2. C. Indicum Desh. ( f. 2.) D'après un exemplaire de Java.
3. C. variegatum Valenc. (f. 3.) Java. 4. C. mexicanum Menke.
( f. 4.) Syn. 1830. 5. Steganotoma pictum Trosch. ( f. 5.) Bengale.
6. St. Princepsi v. d. Busch. (f. 6.) Bengale.
PI. II. Fusus. l.F. Voigtii Ant. (f. 1.) Verz, p. 77. Très-sem-
blable dMTritonium undosum^'\en. 2. F. ambiguusPhil. (f. 2.)
3. F. plumbeus Phil. ( f. 3.)Chile. 4. F. obscurus Phil. ( f. 5.) 5.
A1SALY5M d'oUVRAC.RS [NOUVEAUX. 157
F. py«;macus Goiihl ( f. 4.) 6. F. cinereus Say f. 8.) Phllad. journ.
H. Buccin, plicosum Menke syn. Les exemplaires que l'on reçoit
fréquemment de l'Amérique sous ce nom , diflerent beaucoup de
la figure de l'Amer. Conchol , pi. 29. Pfr. ) 7. F. guttatus v. d.
Busch ( f. 6.) Cette espèce , avec le F. articulatus Lam, et quel-
ques autres . pourraient être compris dans le genre Pisania de
Bivona. 8. F. capensis Dunker ( f . 7.) 9. F. lineolatus Dunker ( f.
10.) Cap de Bonne-Espérance. 10. F. limbatus Phil. (f. 9.) Mur.
pulchellus Lam.? Pfr. Enumération des Mollusques de Cuba. II.
F. modestus Anton. ( f . 11.). 12. F. decemcostatus Say(f. 12.)
PI. III. Paludina. 1. P. magnifica Conrad (f. 1. 2.) — P. bi-
monilifera Lea. 2. P. pyramidata v. d liusch ( f. 3.) Bengale. 3.
P. tricarinata Ant. (f. 5.) Verz. p. 52, peut-être variété de : 4.
P. angularis Menke (f. 10.) Ner. angul. Mûhlf. 5. P. Javanica v.
d. Busch ( fr. 1 1. 12.) 6. P. ponderosa Say ( f. 6.) 7. P. decisa Say
( f. 8.) Melania ovularis Menke syn. 8. P. intégra Say (f. 7.j 9.
P. georgiana Lea (f. 13.) 10. P. obtusa Trosch. > f . 14.) Bengale.
11. P. unicolor Lam. (f. 16.; 12. P. Francise! Phil. (f, IS.) Turbo
Francisci Wood, Palud. conica Troschel , Le nom de P. conica
a été donné en 1821 à une espèce fossile, par C. Prévost). Ben-
gale. 13. P. granum Menke (f. 16.) Moll. nov. Holland. 14. P.
coronata Pfr. (f. 17.) Wiegm. Arch. 1840. Cuba. 15. P. crystal-
lina Pfr. (f. 18.) Wiegm. Arch. 1840. Cuba.
PI. IV. Haliotis. 1. H. elegans Koch. ( f . 1,2.) Nov. Holl.
Très-rare. 2. H. iris Gm. juv. (f. 3, ) Se trouve souvent dans les
collections sous d'autres noms. 3. H. Capensis Dunker. (f. 4, 5.)
4. H. scabricosta Menke. (f. 6. )Molî. INov.-Holl.
PI. V. Tellina (pi. 2 du genre). 1. T. concinna Phil. (f. t.)
An. T. Brasiliana Lam.? (Phil.) Je possède une Telline de Cuba
que je crois être la vraie T. Brasiliana Lam., qui est très-diffé-
rente. 2. T. planissima Anton, (f. 2.) Verz., p. 4. Tellinides
rosea Sow. Reeve. 3. T. Antonii Phil. (f. 3, 4.) 4. T. serrata
Brocchi. (f. 5.) 5. T. staurella Lam.? ( f . 6.) 6. T. ampullacea
Phil. (f. 7.) Sénégal. 7. T. Philippii Ant. (f. 8.) Voisine de la
T virgata, etc.
PI. II. Venus (pi. 2 du genre). 1. V. Dombeyi Lam. ( f . 1.)
Très- fréquente à Chile. 2. V. placida Phil. (f. 2. ) lie Van-Diemen.
3. V.tiotata Say. (f. 3.) F, cyprinoides Ant. Très-rare et souvent
méconnue. 4.V. Amathusia Phil, (f. 4.) Voisine de la F.Paphia.
158 REVUE ZOOLOGIQUE. {Awil \Si5.)
Livr. 6. (1844.) PI. I. Glandina. 1. G. oleacea (Hel.) Fer.
(f. 1.) Cuba. 2. G. solidula Pfr. (f. 6.) Wiegm. Arch., 1840.
Cuba. 3. G. subulata Pfr. (f. 10.) Wiegm. Arch., 1839. Cuba.
Achaiina orysacea Orb.? 4. G. suturalis Pfr. (f. 7.) Wiegm.
Arch., 1839. Cuba. 5. G. Ottonis Pfr. (f. 5.) Symb. I, p. 47. Cuba.
6. G. obtusa Pfr. (f. 3.) America centralis. 7. G. venusta Pfr.
(f. 9.) Symb. I, p. 46. 8. G. rosea ( Hel. ) Fér.? (f. 2.) Achat,
rosea Brod. Différente de toutes les espèces décrites par son test
élégamment granulé. C'est probablement la G. Cumingii Beck
ind. 9. G. sericina Jonas. (f. Il ) Delà Guinée. 10. G. folliculus
( Hel. ) Gm. ( f. 1 3. ) A comparer aux espèces semblables de Cuba.
îi. G. (Achatina) cyanostoma Rupp. (f. 4.) Pfr. Symb. II, p. 58.
12. G. (Achat.) Hugelii Pfr. (f. 8.) Symb. Il, p. 58. 13. G. (Achat.)
Perroteti Pfr. (f. 12. ) Rev. Zool., 1842, p. 305.
PI. II. Trochus (pi. 4 du genre). 1. T. tœniatus ( Margarita )
Saw. (f. t.) 2. T. callosus Koch. (f. 2.) 3. T. maximus Koch.
(f. 3.) Probablement confondu avec le T. Niloticus. 4. T. Kochii
Phil. (f. 8. ) 5. T. squamiferus Koch (f. 9.) 6. T. eximius Reeve.
(f. 7.) 7. T. impervius Menke (f. 5.) Moll. Nouv.-Holland,
8. T. tridens Menke. (f. 10.) Pérou. 9. T. scalaris Anton, (f. 1 1.)
La Guayra. 10. T. cruentus Phil. (f. 4.) 11. T. fasciatus Anton
(f. 6. )Verz.,p. 57.
PI. II. SiGARETUS. ( Cryptostoma Blv. ) 1. S. maximus Phil.
(f. l.) Déjà nommé S. Grayi Desh. 2. S. Leachii Gray. (f. 2.)
3. S. depressus Phil. (f. 3.) 4. S. haliotideus L. (f. 6.) M. Phi-
lippi croit que, selon la description de Linné, le nom S. halîotid.
doit se borner à la petite espèce figurée de la Méditerranée.
5. S. Martinianus Phil. (f. 5. ) Confondu avec le S. haliotideus.
6. S. perspectivus Say. (f. 8, copiée de Say Am. Conch.j
7. S. maculatus Say (f. 9, copiée de l'Am. Conch.) 8. S. laevi-
gatus Lam. ( f. 4. ) 9. S. planus Phil. (f. 7. ) Il est dommage que
la monographie de M. Récluz ne soit pas à portée facile, puisque
probablement quelques unes des espèces nouvelles auront déjà
reçu d'autres noms.
PI. IV et V. Haliotis (pi. 2 et 3 du genre . H. naevosa Martyns.
Très-différente de Vif. gigantea Chemn.
PI. VI. Cytherea. 1. C. ponderosa Koch (f. 1 .) Voisine de la
C. œquilatera Lam. 2. C. ligula Anton (f. 2.) Verz., p. 7! Voi-
sine du Pitar Adans. 3. C. elegans Koch (f. 4, ) Nouv.-Holl.,
SOCIÉTÉS SAVANTES. 159
fleure des Cygnes. Très-semblable à la C. chione. 4. C. rostrata
Koch (f. 3.) Voisine de la C. cilrina.
La livraison 111 est actuellement (octobre 1844 ) sous presse.
D' L. Pfeiffer.
IcoNOGRAiMiiE zoûPHYTOLOGiQUE. Description des Polypiers fossile»
de France , par M. Hardouin Michelin, membre de la Société
géologique de France; accompagnée de figures lithograpbiées
par Ludovic Michelin , chez M. Bertrand, libraire-éditeur, rue
Saint-André-des-Arts, 38.
Cet important ouvrage, déjà parvenu à sa seizième livraison ,
continue à se faire remarquer par la finesse et l'exactitude des
dessins. Dans les 46 planches et 23 feuilles de texte qui ont déjà
paru, M. Michelin a donné les descriptions et figures de 374 es-
pèces des diverses périodes géologiques , savoir : 3 du terrain de
transition, 3 du muschelkalk , 90 de l'oolithe, 111 de la craie,
et 167 des terrains tertiaires. Parmi les genres nouveaux, nous
avons remarqué ceux stephanophyllia , Caninia , Michelinia ,
Cyathophora, Gueitardia , turonia , acicularia , turbinia, ute-
ria et cly peina dont la plupart n'avaient pas encore été figurés. Les
plus nombreux en espèces jusqu'à présent sont ceux astrea , tur-
binalia , meandrina , lobophyllia , dendrophyllia , stylina ,
madrepora, caryophyllia , lilhodendron , jerea et siphonia.
Il est intéressant pour ceux qui s'occupent de l'histoire des êtres,
de voir ces séries d'animaux se renouvelant en entier, sauf de
rares exceptions, à chaque apparition d'un nouveau groupe géo-
logique. Les prochaines livraisons (ontiendront successivement les
polypiers fossiles du Bas-Boulonnais , des environs duMans,fetc.
N. B. M. Michelin a fait tirera part un certain nombre d'exem-
plaires des zoophytes fossiles du bassin parisien (terrain supra-
crétacé). Ils sont destinés à faire suite aux mollusques des mêmes
localités publiées par M. Deshayes.
III. SOCIÉTÉS SAVAIVTES.
Académie royale des sciences de Paris.
Séance du 7 avril 1845. — M. Bourgery lit un grand travail
intitulé : Mémoire sur Vexirémité céphalique du grand sym-
pathique chez Vhornme et les animaux mammifères.
Ce beau mémoire, fruit de dissections fines , d'études persévé-
rantes et d'observations délicates, est digne de la belle réputa-
ICO REVUE zooLOGiyuE. { Avril 18i5.)
tion de son auteur et jette un grand jour sur des questions phy-
siologiques très-compliquées. 11 a été renvoyé à l'examen de
MM. Magendie, Serres et Felpeau.
M. Levaillant, chef de bataillon à Philippeville , écrit : « Je
tiens à la disposition du muséum une certaine quantité de Cri-
quets voyageurs vivants qui ont fondu sur une partie de la pro-
vince. Leur nombre était prodigieux, et c'est à trois ou quatre
niyriamètres qu'on évalue l'étendue de la colonne, et dansquel-
ques endroits, il y en avait trois décimètres de haut. J'en reçois
de plusieurs lieux qui sont les mêmes et appartiennent à la même
colonne erratique, dont la plus grande partie^ venant du sud,
s'est abattue à El-Arrouch. Beaucoup de la même espèce sont
arrivés jusqu'à trente-deux kilomètres ; j'aurais immédiatement
rhonneur de les adresserau muséum, si je n'étais sûr que la tem-
pérature de nos contrées ne dût les tuer à cette époque. L'arrivée
a eu lieu le 18 mars , et le défilé a duré , à ce qu'on m'assure,
plus de deux heures. La température, extraordinaire pour cette
époque, était de 27 degrés à cinq heures du soir, le soleil étant
caché derrière les montagnes. Ces insectes sont arrives , comme
toujours, avec l'abdomen très-réduit, et, comme ils sont très-
affamés , ils dévorent rapidement toute la végétation , avec un
bruit qui ressemble à la pluie. D'après de nouveaux renseigne-
ments, les Sauterelles sont passées à Biskra le 6 . et arrivées à
Ll-Dis le 1 7 ; de là elles sont retournées vers le sud , où l'abaisse-
ment subit de la température les a fixées; depuis trente ans,
elles ne s'étaient pas montrées dans cette contrée.
Cette espèce , Acridium migratorium, a 7 à 8 centimètres,
est roux vineux, les palpes blancs, les ailes, très-longues, sont
diaprées de taches noires; le corselet à trois plis en travers près
de la tête, présente la forme d'un camail près des ailes, cette
dernière partie a une petite carène longitudinale. »
Société royale et centrale d'agriculture de Paris.
Dans sa séance publique annuelle du 30 mars dernier, la so-
ciété, après avoir entendu un rapport très-lucide de M. Payen,
secrétaire perpétuel , sur les travaux qu elle a produits depuis un
an, a procédé à la distribution des prix et encouragements
qu'elle accorde annuellement aux hommes qui font faire des pro-
grès à l'agriculture.
SOCIÉTÉS SAVANTES. ICI
Appelé à l'honneur de représenter la zoologie appliquée dans
cette savante compagnie, nous avons dû examiner les travaux
adressés pour un concours qu'elle a ouvert dans le but d'encou-
rager les auteurs d'observations relatives à l'histoire naturelle
des Insectes nuisibles. Il résulte du rapport que nous avons fait
sur ce sujet, au nom d'une commission , que la Société a décerné
des récompenses ainsi qu'il suit.
M. le docteur E. Robert, de Paris , a soumis à la Société d'ex-
cellentes observations sur les Insectes qui nuisent aux pommiers
à cidre et aux arbres de nos promenades , de nos parcs et de nos
grandes routes. L'étude approfondie des mœurs de ces Insectes
lui a fait reconnaître que les ormes et les pommiers ne meurent,
le plus souvent, que parce qu'ils sont attaqués par des myriades
d'Insectes, connus sous le nom de Scolytes. Il a observé que le»
îarvcs de ces Insectes sillonnent en tous sens l'intérieur de l'écorce
des arbres, et finissent par la séparer entièrement du bois, ce qui
interrompt la circulation de la sève et fait périr l'arbre.
Dans les opérations variées que M. Robert a fait subir aux
arbres malades, lesquelles datent de deux années , il s'est
appuyé sur des données scientifiques positives, et il a fait
d'heureuses applications des lois de la physiologie végétale et
de l'entomologie. Ses procédés sont simples, efficaces et peu
coûteux , et ils ont mérité l'approbation de la Société.
Pour donner à M. £. Robert un témoignage honorable de
sa satisfaction, la Société royale et centrale d'agriculture lui a
décerné sa médaille d'or aux trois effigies.
M. le docteur Herpin , de Metz, à qui la Société a décerné ,
en 1842 , sa grande médaille d'or, pour les excellentes observa-
tions qu'il a faites sur les insectes nuisibles aux céréales, a con-
tinué ses recherches sur ce sujet important et difficile. En 1842,
M. Herpin nous apprenait que les pertes causées dans nos récoltes
de céréales par une petite mouche nommée Chlorôps ^ n'étaient
pas de moins de 1/70*. Comme les céréales sont attaquées par un
grand nombre d'Insectes, il est certain que les pertes qu'ils
occasionnent annuellement sont beaucoup plus considéi'ables ,
et l'on doit encourager les hommes pleins de zèle qui se livrent
à Vétude de ces ennemis de notre principal moyen d'existence ,
et dont les travaux amèneront certainement, dans un avenir
Tom. VllL Année 1845. 11
162 REVUE ZOOLOGIQUE. {Awil 1845.)
prochain , la découverte de moyens préservatifs. La Société
royale et centrale accueillant avec un vif intérêt les travaux qui
tendent vers ce but, et reconnaissant que ceux de M. Herpin
sont dans ce cas , a décidé qu'il serait fait le rappel de la médaille
d'or qu'elle a décerné à cet agriculteur en 1842 , et qu'elle lui
offrirait, à titre d'encouragement, l'ouvrage de M. Ratzeburg
sur les Insectes forestiers.
M. le docteur Vallot , de Dijon, a adressé à la Société un
mémoire très- intéressant sur la détermination précise des
insectes nuisibles mentionnés dans différents traités relatifs à
la culture des arbres fruitiers , et sur les moyens indiqués pour
s'opposer à leurs ravages. Dans ce travail , M. Tallot indique et
discute une foule de documents très-intéressants épars dans
divers recueils estimés^ et il rapporte à leurs dénominations
scientifiques beaucoup d'insectes indiqués d'une manière vague,
inexacte, confuse, dans divers ouvrages d'horticulture. La
société décerne à M. Vallot la grande médaille d'argent aux trois
effigies.
Enfin M. Chasseriau , officier de la marine royale , en retraite
à Rochefort , horticulteur très-instruit, a continué les travaux
qu'il poursuit depuis plusieurs années , dans le but de préserver
les arbres des ravages occasionnés par les chenilles. Les résultats
avantageux de ses opérations sont constatés par plusieurs
rapports faits à la Société d'agriculture de Rochefort, par plu-
sieurs certificats de M. le maire de celte ville , et par un arrêté
du conseil municipal contenant l'approbation de ses travaux et
l'allocation d'une indemnité pour le couvrir des déboursés qu'il
a faits dans l'intérêt public.
La Société a déjà donné son approbation aux efforts de
M. Chasseriau en lui accordant, en 1843, sa grande médaille
d'or aux trois effigies. Elle lui décerne aujourd'hui une récom-
pense plus élevée , en l'admettant parmi ses correspondants.
IV. MELANGES ET NOUVELLES.
Nous avons rendu compte des phases de la lutte engagée entre
M. Souleyet et ses antagonistes , au sujet des animaux dits Phlé-
hentérés.
Nos lecteurs apprendront avec plaisir que M. Souleyet vient
MÉLAINGBS KT NOUVELLES. 16,^
d'être nommé membre de l'ordre royal de la Légion d'honneur.
Si nous sommes bien informé, cette honorable distinction au-
rait été accordée au talent modeste et ferme , à la demande d'une
personne haut placée dans la science, qui n'ayant pas voulu
prendre part à la discussion, ce qui est regrettable, aurait
du moins sa si cette occasion de faire connaître son opinion
personnelle.
Cette démarche honore l'illustre académicien autant que le
jeune savant qui marche sur ses traces.
Notes rectificatives sur la nomenclature de quelques insectes
Orthoptères et Lépidoptères exposés dans les galeries du Mu-
séum d'histoire naturelle de Paris; par M. Marchal(I).
Notre intention est de prémunir les commençants en entomo-
logie contre la trop grande confiance qu'ils pourraient avoir dans
les noms que les insectes portent dans les cadres ostensibles du
Muséum d'histoire naturelle de Paris. Nous n'indiquerons que
les erreurs qui existent dans les cadres qui renferment des Or-
thoptères et des Lépidoptères , ne connaissant pas assez les au-
tres ordres pour nous en occuper. Mais avant d'indiquer ces er-
reurs , nous devons faire connaître de quelle manière les in-
sectes étaient autrefois et sont maintenant arrangés dans la
collection. Du temps de Latreille, tous les insectes étaient placés
dans des cadres vitrés et exposés au grand jour. Les Lépidop-
tères étaient classés seulement par genres , sans noms spécifi-
ques; mais ils étaient catalogués et avaient un numéro de ren-
voi. Après Latreille, M. Audouin occupa la chaire d'entomologie.
Ce professeur s'aperçut combien la lumière détériorait les in-
sectes ; des Lépidoptères de la plus grande rareté , provenant de
l'ancien cabinet du Stathouder, étaient devenus méconnaissa-
bles. Pour parer à cet inconvénient , il fît faire des corps de ti-
roirs pour renfermer la collection. On ôta tous les insectes des
anciens cadres, en mettant au rebut les plus mauvais ; les meil-
leurs furent mis dans les tiroirs; et, pour ne pas priver le pu-
(J) Si cette note n'avait porté que sur l'indication des erreurs de détermination que
tuas les entomologistes ont remarquées depuis longtemps dans les cadres des galeries,
■^usnous serions abstenu de l'insérer, car un changement d'étiquette, provoqué par ces
observations, eût sulTl pour les rendre nulles; mais comme ce travail contient d'inté-
ressantes observations de synonymie et la distinction d'une espèce nouvelle et irès-rare
du genre Icita. qqus croyons faire plaisir anx entomologistes en la publiant. (G M )
164 REVUE zooLOGiQDK. {Avr'U 1845.)
blic , on fit une très-petite collection dans les anciens cadres, en
y mettant des individus inférieurs. Cette petite collection fut
classée méthodiquement avec les noms génériques et spécifiques ;
on alla même jusqu'à mettre de grandes étiquettes de couleur,
destinées à y inscrire les caractères génériques ; mais ces éti-
quettes ne sont pas encore remplies. Nous sommes donc fondé à
penser que non-seulement on avait en vue de faire connaître au
public, qu'une simple curiosité attirait dans les galeries, les
noms et la patrie de chaque espèce, mais aussi de faciliter l'é-
tude aux commençants. Ce travail ne fut pas fait avec assez de
soin ; les erreurs y sont assez nombreuses relativement au petit
nombre d'espèces. Dès l'année 1842, nous parlâmes de ces er-
reurs aux naturalistes du Muséum, notamment à M. Blanchard
qui nous répondit qu'elles n'étaient pas de lui. Mais comme il
n'y a au Musée que deux personnes qui s'occupent de classer et
déterminer les insectes , que ces deux personnes sont MM. Lu-
cas et Blanchard, et qu'à l'époque où les cadres furent arrangés,
le premier de ces messieurs était en Algérie , nous croyons donc
que toute la responsabilité doit retomber sur le second. Ce que
nous disons n'ôte rien à son mérite; nous reconnaissons son sa-
voir, et nous avouons que plusieurs fois nous nous sommes trouvé
heureux de recevoir ses conseils. Nous reconnaissons encore que
M. Blanchard ayant à s'occuper de toute l'entomologie , il lui
est vraiment impossible de ne pas faire de fautes; mais lors-
que quelqu'un les signale, nous croyons qu'après s'être as-
suré que la personne est dans le vrai , ces fautes doivent être
immédiatement réparées ; loin de là, M. Blanchard prétend qu'un
nom ou un autre importe peu au public qui n'y connaît rien.
Si vous pensez ainsi , faites comme du temps de Latreille , n'en
mettez pas ^ vous n'abuserez pas de la confiance de ceux qui ont
foi, et qui , les jours publics , viennent , avec une boîte à la main,
comparer quelques insectes avec ceux qui sont dans vos cadres
et s'en retournent avec de faux noms.
ORTHOPTÈRES.
G. ScAPHURA. — S. Figorsii. — Cette espèce, nommée par
Kirby, Zoo/. ,joitrn.l 825, estdésignée suri étiquette commeayant
été nommée par Linné. Cette faute, qui à certaines personnes
peut paraître légère , peut cependant induire en erreur celui
qui ne sait pas que, du temps de Linné, M. Vigors n'existait pa
MÉLANGES ET NOUVELLES. 165
encore, et peut faire perdre du temps à rechercher dans les
ouvrages du grand naturaliste un insecte qu'il n'a pas connu.
G. Ptf.rociiroza. — L'insecte étiqueté du nom de Ptero-
chroza sicifolia, Degeer , oce//a/a, Fabr., n'appartient pas à
cette espèce , et nous paraît être une vaiiëté de la Pt. cristata^
Serv., qui fait partie de la division des Ptérochrozes dont les
élytreset les ailes sont échancrées au bord antérieur, tandis que
dans la Pt. ocellata, les ailes et les élytres sont entières. Si l'on
persistait à nous soutenir que l'individu que nous signalons et
qui est dans un cadre, est bien le Pt. ocellata , nous renverrions
à la collection renfermée dans les tiroirs , où existe aussi un in-
dividu ayant nom Pt. ocellata ; mais celui-ci est bien déter-
miné; alors nous dirions, où préférez-vous trouver l'erreur,
est-ce dans les tiroirs ou dans les cadres? Choisissez.
G. PsEUDOPHYLLus. — Ps. nerifoHtis , Stoll. — L'individu
ainsi étiqueté par M. Blanchard n'est pas le Ps. nerifolius de
Stoll, mais le Ps. nerifolius de M. Brullé, ffist nat.des Ins.,
IX, 157, Orth., pi. 12, et aussi celui de M. Serville, Ilist. nat.
des Orth., p. 46G. Ici trois personnes ont fait une erreur, la
première est M. Brullé , qui a figuré une espèce qui n'est nul-
lement celle représentée par M. Stoll , et qu'il a cependant don-
née comme telle. La seconde est M. Serville, qui paraît s'en
être rapporté à M. Brullé ; car dans la synonymie de son Ps. ne-
rifolius , tout en citant Stoll , il cite aussi M. Brullé , puis il dé-
crit l'insecte qu'il possède en nature et qui est identique avex:
celui représenté par ce dernier auteur. Ensuite M. Serville,
p. 4G8 , décrit comme nouvelle espèce le Ps. nerifolius de Stoll,
sous le nom de Ps. uninotatus , qu'il possède aussi en nature et
qui se rapporte parfaitement à la figure de Stoll. M. Serville, qui
n'a en vue que le progrès des sciences, nous a de suite engagé à
signaler ces deux erreurs aux entomologistes. La troisième per-
sonne est M. Blanchard , qui s'en est aussi rapporté à M. Brullé
en plaçant dans un cadre , comme étant le nerifolius de Stoll ,
l'espèce représentée par M. Brullé; et ce qui le prouve , c'est
que dans V Histoire des animaux articulés, t. 3, p. 34, il cite
Stoll , M. Serville et M. Brullé ; il a donc comparé son prétendu
Ps. nerifolius à la figure donnée par ce dernier auteur, puisque
cette espèce s'y rapporte, et a cité Stoll sans avoir consulté son
ouvrage. Quant à INI. Brullé, nous ne savons à quoi attribuer
166 REVUE ZOOLOGIQUE. {AwU 1815.)
son erreur ; peut-être a-t-il inféré de ce que la figure de Stoll
était assez grossière', qu'elle était inexacte. Mais il n'en est rien.
M. Serville, comme nous l'avons déjà dit , possède dans sa col-
lection l'espèce figurée par Stoll et celle figurée par M, Brullé.
Nous possédons aussi ces deux espèces. Dans le Ps. nerifolius
de Stoll , les élytres sont sinuées au bord interne ; dans le
Ps nerifolius de M. Brullé, le bord interne est droit , et la dis-
position des nervures des élytres n'est pas la même. Les trois ner-
vures longitudinales suffisent pour faire ressortir la différence de
ces deux espèces ; la première est la grande nervure , celle qui
sépare le bord marginal du reste de l'élytre et qui la parcourt
dans toute sa longueur ; la seconde s'unit à angle aigu à la pre-
mière ; environ à un tiers de sa longueur , à partir de la base ; la
troisième parcourt toute la longueur de l'élytre : cette disposi-
tion a lieu dans les deux espèces ; mais dans le Ps. nerifolius de
M. Brullé , la seconde nervure est placée à peu près au milieu
de l'espace compris entre la première et la troisième , tandis que
dans le Ps. nerifolius de Stoll , la seconde nervure est placée
au tiers inférieur du même espace.
Maintenant qu'il est prouvé que le Ps. nerifolius de
MM. Brullé , Serville et Blanchard n'est pas celui de Stoll , il lui
faut un nouveau nom. Quelques personnes penseront que l'on
pourrait lui donner celui de uninonatus , que M. Serville avait
imposé au nerifolius de Stoll , et qu'en restituant à ce dernier
son véritable nom , il n'y aurait que transposition d'une espèce
à l'autre. Mais ce nom de uninotatus n'est pas convenable , at-
tendu que plusieurs , et peut être même toutes les espèces de
Pseudophylles ont à la base des élytres , près de la grande
nervure longitudinale, une tache blanchâtre ; nous avons donc
cru devoir dédier cette espèce à la mémoire de Stoll en la nom-
mant Pseudophyllus Slollii.
Dans quelques individus , il y a une tache blanchâtre sur une
élytre et deux sur l'autre , notre exemplaire du nerifolius de
Stoll est dans ce cas.
LÉPIDOPTÈRES.
G. Ornithoptera. — O. JRhadamanthus . Boisd. — Le Lépi-
doptère ainsi déterminé par M. Blanchard n'est point cette es-
pèce ; mais c'est VOrnith. Helena de Linné. Il suffisait, pour évi-
ter l'erreur, de lire avec tant soit peu d'attention, dans le species
MÉLANGES ET NOUVELLES. 167
de M. Boisduval , la description de VOrnilh. lihadamanthus , où
cet auteur, en indiquant la variété A, la compare avec VIfelena;
cela aurait mis sur la voie, et porté à lire dans le même ouvrage
la description de VHelena. S'il avait pu rester encore quelque
doute, on avait pour ressource la figure deClerck, Tab. 22,
citée par Linné, tant dans le Systema naturœ ^ que dans le
Muséum Z/Mdovic«?. Puis l'on avait encore C^ramcr, pi. 140, et
même Herbst., Tab. 111.
G. Papilio. — P. disparilis, Boisd. — Ce n'est par le P. dis-
parilis de M. Boisduval , mais le P, phorbanta de Linné. Ce
prétendu disparilis est indiqué comme de l'île de France. C'est
en effet la patrie du phorbanta , tandis que le disparilis ne se
trouve qu'à l'île Bourbon, (^ette différence de patrie aurait dû
faire reconnaître l'erreur. M. Boisduval dans son species a très-
bien décrit ces deux espèces en les comparant l'une à l'autre ;
et malgré qu'elles soient très-voisines (du moins pour les mâles),
il est impossible de les confondre.
G. Terias, Swains. — Boïsd, species. — Xantidia, Boisd.
Faune de Madagascar. — T. Z?es/ardmsn, Boisd. — N'est pas
l'espèce de ce nom : c'est le Terias floricola, Boisd. Il était pour-
tant bien facile de ne pas les confondre, en lisant les descriptions
de M. Boisduval dans son species ou dans sa Faune de Madagas-
car, où la Terias Desjardinsii est figurée. Cette faune a non-
seulement été imprimée à part , mais elle est encore insérée
dans les Nouvelles annales du Muséum. T. IL 1833.
G. Idea. — /. agelia, God. — Sous le nom à''Agelia^
M. Blanchard a réuni trois individus, dont l'un est h\enV Agelia
de Godart ; mais les deux autres , qui sont semblables , sont donnés
comme étant le mâle de cette espèce , ce qui n'est nullement
exact. C'est une espèce nouvelle qui offre beaucoup de diffé-
rences avec VAgelia A notre connaissance, il n'y en France que
le Muséum de Paris qui possède cette magnifique espèce, qu'il
laisse perdre exposée au grand jour, tandis qu'elle n'existe pas
dans la collection renfermée dans des tiroirs. Nous avons fait
cette observation à M. Blanchard; il nous est pénible de le dire,
il nous a répondu qu'il ne pouvait attacher d'importance à aussi
peu de chose. A quoi donc M. Blanchard attache-t-il de l'impor-
tance? Lui, dont l'emploi est de s'occuper de toute l'entomologie,
est-ce qu'un insecte , à ses yeux, doit avoir la préférence sur un
168 REVUE zooLOGiguE. (Avril 1845.)
autre? est-ce que tous, même les plus communs, ne sont pas confiés
à ses soins? Vous n'attachez pas d'importance à une espèce nou-
velle , très-belle, bien conservée, extrêmement rare , qui vient de
Bornéo, et que vous seul possédez ; à une espèce qui a dû coû-
ter fort cher à votre établissement, soit en échange, soit en ar-
gent ; à une espèce que vous ne retrouverez peut-être jamais, et
que vous laissez perdre au grand jour, tandis que toutes les
espèces communes du même genre sont renfermées dans dea
tiroirs, vous ne daignez pas vous donner la peine d'y placer cette
rare espèce. Vous prétendez que c'est le mâle de VAgelia; ad-
mettons cela un instant: alors, pourquoi ne pas réunir les deux
sexes dans les tiroirs, où suivant votre manière de voir, il na
doit y avoir que des femelles? Nous pensons que dans toutes les
collections on doit tenir à avoir les deux sexes, quand même ils
n'offriraient de différence que dans l'abdomen ; à plus forte rai-
son lorsqu'il y en a tant entre votre prétendu mâle et la véri-
table Agelia. Mais ce n'est pas seulement le mâle de cette der-
nière espèce que vous refusez de mettre dans les tiroirs , c'est le
plus rare de toutes les Idea.
Nous allons faire ressortir les principales différences qui exis-
tent entre VIdea Agelia et la nouvelle espèce, que nous dédions
à M. Blanchard.
VIdea Blanchardii est plus petite que VJgelia, sa taille est
celle de la Lyncea. Les ailes ne sont pas blanches dans toute
leur étendue , leur bord postérieur est largement et fortement
enfumé, principalement aux supérieures qui, surtout dans un
des individus , ont aussi cette couleur à partir de leur origine
jusqu'aux taches noires discoïdales. Ces taches sont disposées
comme celles de VAgelia , mais elles sont plus petites et il n'y
en a que cinq , celle située entre la nervure costale et la sous-
costale n'existe pas; la seconde de la cellule discoïdale n'atteint
pas la nervure médiane. Dans la ^'Blanchardii , il n'y a pas
comme dans VAgelia de bordure formée par des taches noires
irrégulières et divisées par une rangée de gros points blancs : à
peine aperçoit-on quelques vestiges de petits points blanchâtres ;
on voit aussi trois ou quatre taches noires vers l'angle interne,
qui se confondent un peu avec la teinte enfumée. Entre les ner-
vures il y a une ligne noire un peu claviforme, ayant au moins
deux centimètres de longueur et atteignant la frange. Dans VA-
MÉLANGKS ET NOUVELLES. 169
gelia , ce sont de grosses taches dont les unes sont lancéolées,
les autres sont cunéiformes, et dont la plupart n'atteignent
même pas la bordure. Les ailes inférieures de la Blanchardii ont
aussi entre les nervures une ligne à peu près semblable à celle
des ailes supérieures; elles sont au nombre de cinq, comme
dans VJ gelia., mais elles ne donnent pas naissance, comme
dans cette espèce , à un ccmmencenient de bordure.
N'ayant pu faire cette description que sur les individus ren-
fermés dans le cadre , nous ne parlons que du dessus ; mais
comme précédemment nous avons eu entre les mains ces mêmes
individus, nous pouvons affirmer qu'il n'y a pas de point noir
vers la base du dessous des ailes inférieures, tandis que ce point
existe constamment dans VAgelia. Un des deux individus nous
a paru être une femelle ; mais nous ne pouvons l'assurer.
L'autre individu a un abdomen qui ne lui appartient pas, c'est
celui de Vlphias leucippe.
Au premier coup d'œil on distinguera toujours cette nouvelle
espèce de V^gelia par sa teinte enfumée par le manque de
bordure, par l'absence du point à la base du dessous des ailes
inférieures et par une taille plus petite.
G. RoMALEOSOMA, Blanch. — Erithonius , Fab. — L'individu
mâle est bien déterminé , mais il n'en est pas de même de la fe-
melle , qui est celle du Papilio medon de Linné. Pour s'en
convaincre, M. Blanchard n'a qu'à jeter un coup d'œil sur la
figure de Clerck , Icon. tab. 28 , f. 1, citée par Linnée dans ses
Amœnilates , vol. 6 , et dans son Systema naturœ. \2' édition.
A défaut de Clerck, voyez Drury , Ins 2, tab. 15 , f. 1, 2. Cet
auteur cite Clerck et le Systema naturœ. On peut encore con-
sulter Herbst qui a reproduit le Medon de Drury, tab. 130, f. 4«,
5. Fabriciusne donne qu'une courte description de cette espèce,
mais il cite les AmœnitaAes , le Systema naturœ , les figures de
Clerck et de Drury, et à tort celle de Cramer. Nous ne ren-
voyons pas à Godard, parce qu'il a confondu plusieurs espèces.
11 rapporte au Medon de Linné le Ceres de Fabricius (Lucilla ,
Cram.) et le Cato du même auteur [Cyparùsa , Cram), qui sont
des espères bien distinctes. Il n'a pas vu en nature le Medon de
Linné, car sa description se rapporte à une variété du Cerès de
Fabricius ; il cite la figure de Clerck sans l'avoir vue, et ce qui
le prouve, c'est que , dans son article de sa Nymphale Eritha-
170 REVUB zooLOGrQDE. {Âvril 1845.)
nius , il dit que c'est à cette espèce que doit être rapporté le
Medon de Drury, et non pas au Medon de Linné, comme l'ont
dit certains auteurs. S'il avait vu la figure de Clerck , il se serait
aperçu que celle de Drury n'en différait que parce que le bleu
du dessus des ailes ne s'étendait pas jusqu'à leur base et ne for-
mait, pour ainsi dire, qu'un léger ruban discoïdal , mais que
le dessous n'offrait pas de différence ; qu'alors le Medon de Dru-
ry , n'était qu'une très-légère variété de celui de Linné ; il au-
rait encore reconnu que celui de Cramer était une autre espèce.
Ce dernier auteur tout en rapportant son Medon à celui de
Clerck et de Drury, fait la remarque que le sien diffère de celui
de ces deux auteurs, et il ne s'aperçoit pas que c'est la femelle
de son Lucilla qu'il a représentée pi. 156 (son Medon est re-
présenté pi. 205). Ces deux figures sont identiques; seulement,
dans la femelle , la bande des ailes supérieures est blanche au
lieu d'être jaune comme dans le mâle , ce qui ne signifie rien ,
puisque les bandes dans cette espèce varient pour la couleur ,
n'importe le sexe; ceci a lieu aussi dans le véritable Medon ^
et même quelquefois les bandes disparaissent complètement
comme dans le Janassa de Fabricius, qui est une variété mâle
du Medon : c'est probablement cette erreur de Godart qui est
la cause de celle de M. Blanchard. Si Godart et M Blanchard
s'étaient donné la peine de remonter à la source, ils n'auraient
pas commis ces fautes; car Linné, dans ses j4mœnitates , tout
en citant Clerck , donne une très-bonne description de son
P. Medon ; son P. Janassa {Mus. Lud.) est le même que son
Medon ; la description très-exacte ne laisse aucun doute à ce
sujet. Nous dirons encore que si M. Blanchard avait examiné le
dessous du mâle d'Érithonius et celui de sa prétendue femelle,
il aurait vu que ces deux individus n'avaient aucun rapport , car
il sait fort bien que si le dessus des deux sexes d'une même es-
pèce diffère souvent, cela arrive rarement pour le dessous.
Quant à la véritable femelle â''Erithonius Fabr., ou Ewpha-
lus au même auteur [Harpalyce^ Cram.), les auteurs ne l'ont
pas connue ; nous en possédons un exemplaire. Cette femelle,
comme toutes celles du genre Romaleosoma , est plus grande
que le mâle, dont elle diffère aux ailes supérieures par une
bande jaune placée comme celle du Medon , et étant aussi très-
irrégulière à son côté interne. Les ailes inférieures sont sans
MÉUNGES £T NOUVELLES. 171
bande bleue en dessous ; les ailes ne diflerent de celles du maie
que par la bande des supérieures qui reparaît ; mais au lieu d'être
jaune elle est blanchâtre.
Romaleosoma Aîedon , Linn. — Sous ce nom, M. Blanchard
a placé , comme les deux sexes ou comme variétés mâles , deux
individus, dont l'un a les bandes obliques des ailes supérieures
jaunes et l'autre les a blanchâtres ; ces deux individus n'appar-
tiennent pas au Medon de Linné , mais au Lucilla de Cramer
( Ceres de Fabricius) et qui , comme nous l'avons dit à l'article
précédent, a pour femelle le Medon du même auteur. Le Lucilla
a été reproduit par Herbst, tab. 138, f. 5, 6. Nous avons dit
aussi que cette espèce variait beaucoup pour la couleur de la
bande des ailes supérieures ; nous ajouterons qu'en dessous il y
a parfois du rouge à la base des ailes , qui quelquefois repa-
raît même en dessus comme dans le 7%emù d'Hubner (Exot.,
Schm.). Mais le dessin est toujours le même, et comme il est
très-différent de celui du Medon, principalement en dessous,
il est impossible de confondre ces deux espèces. Nous indique-
rons seulement leurs principales différences. Dajis le Lucilla^
la bande des ailes supérieures est presque droite à son côté in-
terne , tandis que dans le Medon elle est irrégulière avec une
assez forte échancrure. Dans le Medon, il n'y a en dessous
que trois points à la base de chaque aile ; dans le Lucilla , il n'y
en a aussi que trois à la base des premières , mais ils sont suivis
de quatre à cinq taches plus ou moins réunies , et formant par-
fois une bande qui vient s'appuyer sur la bande ordinaire; les
ailes inférieures ont six à sept taches irrégulières plus ou moins
réunies ; les unes sont placées vers la base , les autres sont sur le
disque, tandis que dans le Medon, le disque est traversé par une
bande blanche étroite , formée de cinq à six taches irrégulières ,
et commençant au bord antérieur de l'aile. Les ailes du Lucilla
ont en dessous une rangée marginale de lunules noirâtres ap-
puyées sur les échancrures qui sont blanches; ces lunules sont
précédées d'un rang de grosses taches noires , bien séparées l'une
de l'autre , tranchant bien sur la couleur du fond ; elles sont
plus ou moins rondes ou plus ou moins carrées. Dans le Medon ,
la rangée de lunules n'existe pas , l'autre rangée de taches existe,
mais elles sont brunâtres, peu séparées l'une de l'autre, for-
mant une espèce de bande peu interrompue et tranchant peu
172 RhvnK zooLOGiguE. {Avril 1845.)
avec la couleur du fond. Ces deux espèce? sont tellement dis-
tinctes , qu'il est étonnant que l'on ait pu les confondre.
G.MoKPHO,- M. Hclenor.— lieux individus portent ce nom ; le
premier qui est présenté en dessus est h\en.VHelenor , mais le
second , qui est présenté en dessous , est un petit individu de
VAchUles. Nous ne concevons pas que l'œil exercé de M. Blan-
chard ait pu réunir sous le même nom ces deux espèces.
G. Argea ; à VArgea Galathea on a mis, par erreur, une éti-
quette d'Argynne (A. Pandora , Esp. } ; avec un peu plus d'at-
tention on eût évité cette faute.
G. Sphinx, — S. Alecto. — L'individu qui porte ce nom n'est pas
le Sphinx Alecto de Linné très-bien décrit par cet auteur dans
le Muséum Ludovicœ ainsi que dans le Systema naturœ, et
très-bien représenté par Cramer, pi. 137, et par Drury, ins. 2,
tab. 27. C'est le Sphinx thyelia ôe Cvaimer , pi. 226, qu'il donne
comme étant celui de Linné ; Fabricius est de cet avis ; il est pro-
bable que ces auteurs ont raison ; mais l'on ne peut disconvenir
que la description qu'en donne Linné , laisse un peu de doute ,
il en est de même de la figure de Clerck à laquelle il renvoie ;
cette figure paraît avoir été faite sur un individu en mauvais
état, et ayant à peine les ailes ouvertes.
Nous devons à notre ami M. Boisduval la remarque que le
Sphinx boerhaviœ de Fabricius fait double emploi avec le
Sphinx Thyelia ; la description de Fabricius et la figure deSul-
zer, ins.^ tab. 2*, f. 3, qu'il cite, ne laissent aucun doute, surtout
pour le Thyelia de Cramer,
Nous avons inséré ( 1844, p. 429} l'extrait d'un travail de
M. Van Beneden, dans lequel ce savant démontrait que le genre
Éleuthérie de M. de Quatrefages était plutôt une jeune Tubu-
laire qu'une Médusaire adulte , et que son genre Synhydre
n'était autre chose que celui auquel M, Van Beneden a imposé
le nom à' H y dr actinie deux ans avant , en le publiant dans les
Bulletins de l'Académie de Bruxelles.
En réponse aux observations de M. Van Beneden, M. de Quatre-
fages a publié, dans les mêmes Bulletins^ t. 12, no 2, une lettre
dans laquelle il cherche à montrer les différences qu'il a cru
trouver entre les animaux qu'il a étudiés et ceux que M. Van
Beneden avait publiés antérieurement.
Relativement au genre iBVpMY^em, il reconnaît que l'exis-
MRL4NGKS KT NOUVhl.i.tS. 173
tciice des yeux, et peut-être même celle des œuf^, ne sont plus
aujourd'hui des raisons concluantes pour le considérer comme
un animal adulte, mais il énumère les autres caractères qui lui
semblent ne s'être jamais montrés dans les Médusaires provenant
de polypes fixés.
Dans sa réponse, M. Van Beneden s'exprime ainsi au sujet de
VÉleuthérie. « M. de Quatrefages reconnaît que l'existence des
yeux et peut-être même celle des œufs, ne sont plus aujourd'hui
des raisons concluantes pour considérer l'Éleuthérie comme un
animal adulte. Mais toute la question est là , nous semble t- il ,
car les autres considérations , malgré notre respect pour les opi-
nions de ce savant, n'ont qu'une faible importance. C'est par
des recherches suivies avec soin et pendant fort longtemps, que
l'on parviendra à savoir d'une manière certaine , nous en conve-
nons, si l'Eleuthérie et d'autres, sont Polypes dans le jeune âge
et Méduses dans leur état adulte, ou bien si c'est l'inverse, comme
le pense M. de Quatrefages. Nous avons exprimé notre doute à
ce sujet, et l'aveu de M. de Quatrefages nous semble plutôt favo-
rable. Nous pensons donc encore aujourd'hui que l'Eleuthérie ,
pour autant qu'on la connaît, est plutôt une jeune Tubulaire
qu'une Médusaire adulte. »
Quant au genre Synhydre^ M. de Quatrefages présente ainsi
le tableau des différences qu'il a remarquées entre sa descrip-
tion et celle du genre Hydractinie de M. Van Beneden.
HïDRACTlîlIE. SyNHYDRE-
Polypes sans polypier. Polypes à polypier corné , formant un
réseau irrégulier et donnant nais-
sance çàet là àdes épinesoumame-
lons qui s'élèvent au-dessus de la
surface générale.
Animaux de même taille. Animaux de taille différente. — Les
polypes nourriciers sont beaucoup
plus grands et plus gros que les po-
lypes reproducteurs.
Polype de forme conique trapue. Polypes de forme conique trés-allon-
gée ou cylindrique.
Tentacules à une seule rangée. Tentacules disposes sur deux rangs al-
ternes , formant de petits groupes
de2, 3, 4.
Tentacules en petit nombre (i2 à i4). Tentacules nombreux (32 à 36 ), flli-
courts , épais. formes , presque entièrement cylin-
driques.
Polype» reproducteurs terminés en Polypes reproducteurs terminés par
mamelon lisse une sorte de chou-fleur, formé da
pelotes spiculiféres.
174 nEVDE ZOOLOGIQUE- [Awil 1845.)
Polypes reproducteurs portant des Polypes reproducteurs portant de»
capsules qui renferment des œufs bulbiles qui ne ressemblent en rien
bien caractérisés. à des œufs.
OEufs se formant dans les capsules OEufs proprement dits bien caracté-
des polypes reproducteurs. risés, paraissant se développer dans
la partie vivante commune, vers la
base des points d'attacbe des po-
lypes.
M. Van Beneden discute la valeur réelle des caractères diffé-
rentiels exposés ainsi par M. de Quatrefages ; les observations du
naturaliste belge sont claires et positives , et le conduisent aux
conclusions suivantes :
« Comme on a pu le voir, nous croyons toujours le genre Dys-
morphosa de M. Philippi synonyme avec la Synhydre et l'Hy-
dractinie , et Texamen nouveau que nous venons d'en faire n'a
fait que corroborer notre première supposition; nous croyons
de plus pouvoir y joindre encore le nouveau genre Échinocho -
rium d'un autre naturaliste anglais. Quant au genre Cordilo-
phora , que M. Allmann a trouvé dans les docks du grand canal
de Dublin , et qui occuperait une place intermédiaire entre les
Corynes et les Syncorynes, nous en savons trop peu pour avoir
une opinion arrêtée. Cette Tubulaire serait-elle réellement d'eau
douce ?
» En résumé donc , au lieu de modifier notre opinion , nous la
croyons raffermie tant pour les Éleuthéries que pour les Synhy-
dres , et s'il restait le moindre doute dans l'esprit de M. de
Quatrefages sur l'identité de mes Hydractinies et de son genre
Synhydre , il ne sera pas difficile de l'éclaircir. Je tiens à la
disposition de M. de Quatrefages et de tous ceux qui s'intéressent
à ces questions, des Hydractinies desséchées et d'autres con-
servées dans la liqueur ; on pourra les comparer avec les Synhy-
dres que M. de Quatrefages a déposées au Muséum d'histoire na-
turelle de Paris, et ainsi trancher définitivement cette question. »
M. Lucas nous adresse la lettre suivante.
Monsieur, M. l'abbé Bouilet, dans ses observations sur un tra-
vail de M. Nicolet, concernant les Podurelles , et qui ont été insé-
rées dans votre Revue du mois de févr. 1843, dit , au sujet de sen
deux mémoires que j'ai analysés, op. cit., p. 7, Rem. 1 . « C'est à
quoi n'a pas fait attention M. Lucas, qui , dans le compte qu'il a
MÉLANGBS ET NODVELLES. 175
rendu de ce dernier ouvrage (Mëm. sur les Podurel. , extr. de»
mém. de l'Acad. roy. des se. de l'ag. et des arts de Lille, 1839),
a réuni toutes les espèces des deux mémoires. J'avertis que je ne
reconnais que les espèces décrites dans mon mémoire de 1842
(Mém. sur les Pod. , Extr. des mémoires de la société roy et centr.
d'agricult., se. et arts du départem. du Nord (1842). (Ann. de
la société ent. de France, 2« série, tom. 1, p. 279 et 233 (1843).
Je vous avouerai franchement, monsieur, que pour analyser le
travail de M. l'abbé Bourlet , j'ai souvent lu et relu les deux in-
téressants mémoires de cet auteur, et que je n'ai vu aucun pas-
sage qui indiquât que cet entomologiste ne reconnaissait que les
espèces qu'il avait décrites dans son mémoire de 1 842. Ainsi donc,
s'il y a réellement inattention, je crois que c'est plutôt du côté
de M. l'abbé Bourlet que du mien, car il m'était impossible, sans
aucune indication surtout, de supposer que cet entomologiste
regardait comme non avenues les espèces qu'il avait fait con-
naître dans son premier travail , ou celui qui a paru en 1839.
Veuillez donc, je vous prie, monsieur, insérer cette petite note
rectificative dans votre prochain numéro , et agréer, etc., etc.
Note sur l'identité du Papilio Lavinius de Fabricius , avec la
Nymphalis Steneles des auteurs , par M. Marchal.
Il est souvent assez difficile de reconnaître dans Fabricius une
espèce de Lépidoptère; cela dépend quelquefois d'une descrip-
tion trop courte qui peut s'appliquer à plusieurs espèces ; souvent
aussi de ce qu'il ne donne qu'une phrase diagnostique en ren-
voyant aux dessins de Jones, que bien peu de personnes peuvent
consulter ; cela provient encore d'un double emploi ; il décrit
Tespèce qu'il voit en nature et lui impose un nom ; ailleurs il la
décrit de nouveau d'après les auteurs, sans s'apercevoir du dou-
ble emploi. Quand ce double emploi tombe sur une espèce très-
connue, on ne cherche souvent pas à rapporter à cette espèce celle
qui a un nom nouveau dans Fabricius ; c'est le cas de son Papilio
Lavinius (Ent. syst. 111. part. 1. n* 64) que les auteurs n'ont
pu reconnaître. Godart ( Ency. méth.) ne le place qu'avec doute
dans le genre Papilio ; il en est de même de M. Boisduval (Spec.
gén. de Lépid.) ; mais ce dernier pensait qu'il appartenait plutôt
au genre Urania ou à la tribu des Nymphalides ; en effet, ce n'est
autre chose que la Nymphalis Steneles de tous les auteurs. Cette
176 RKVDE ZOOLOGIQUE. { Awll 1845.)
espèce est si commune, qu'il ne vint a la pensée de personne
que Fabricius avait pu la décrire deux fois; c'est cependant ce
qui a lieu ; la description du Papilio Lavinius ne laisse aucun
doute , elle est complète ; quant à celle de la Nyrdphalis Steneles
que Fabricius place sous ce nom , n** 263, elle ne se compose que
d'une phrase diagnostique , mais il cite tous les auteurs qui l'ont
ou décrite ou défigurée.
Notre découverte date de trois années environ. A cette époque
nous en fîmes part à M. Boisduval qui nous promit d'en faire
mention dans le second volume de son Species, où elle aurait
trouvé place dans le supplément au genre Papilio ; mais ce se-
cond volume n'étant pas terminé , nous croyons ne pas devoir
différer plus longtemps de faire connaître le résultat de nos re-
cherches et d'en réclamer la priorité , attendu que le Mus um
britannique vient de publier le catalogue de ses Lépidoptères, et
que dans la synonymie de la Nymphale Steneles , nous trouvons
]e Papilio Lavinius Fabr., comme étant indiqué par notre ami
M. Boisduval, ce dont nous ne nous plaignons pas, M. Boisdu-
val ne layant pas fait pour s'approprier notre découverte; cela
est si vrai, que dès le même jour où nous lui en fîmes part, il en
parla à M. Lacordaire, comme étant de nous ; cela nous fut rap-
porté par M. Lacordaire lui-même , en présence de M. Guérin-
Menneville ; donc M. Boisduval , en indiquant au Muséum bri-
tannique le Papilio Lavinius , comme étant identique avec la
Nymphale Steneles, ne la fait qu'à titre de renseignement.
On nous prie d'annoncer aux Ornithologistes la vente d'une
collection d'Oiseaux d'Europe composée de 328 espèces diffé-
rentes, formant un total de 696 individus, bien nommés et d'une
belle conservation. Cette collection peut convenir à un amateur
qui désirerait fonder un musée, à une faculté ou à tout autre
établissement scientifique.
S'adresser franco) au bureau de la Revue zoologique.
Errata . Dans le numéro précédent il s'est glissé une faute d'im-
pression à l'article relatif à un Oiseau-mouche nouveau, décrit
par M. Parzudaki. Dans cette description il est dit que le dessous
de la queue de VO. Isaacsonii est d'un vert scintillant. Lisez :
Couvertures inférieures d'un beau vert scintillant.
HUITIEraE ANNEE. - MAX 1845
TRAVAUX INEDITS.
Description de quelques espèces nouvelles d'Oiseaux , par M. 0.
Desmurs.
10 Fai.co IsinoRi.— Crista nuchaîi pennis elongatis defleœa;
corpore toto supra nigro-coruscante ^ infra rttfo-brunnescente,
strigis nigris longittidinaliter lavceoJato ; cauda parte supe-
riore inferioreque nigra, inlermedia brunneo aîboque sordide
marmorata; larsis usque ad basim pennatis; rostro etpedibus
corneis , mgro-cœrulescentibus.
Cet Aigle que nous ne sachions pas encore décrit) , l'un des
mieux caractérisés et des plus beaux du genre , est particulière-
ment remarquable, nous ne dirons point par une huppe, mais
par un prolongement inaccoutumé des plumes garnissant Tocci-
pul. Elles sont inclinées en arrière, comme chez le F. occipitalis
(Daud.) Batteleur (Levaill.), le F. ornatus (Daud.), le F. crista-
tellus (Temm.) et le Astur Kienerii (G. S."), et se relèvent légè-
rement vers leur extrémité , en un faisceau qui ajoute à l'air de
noblesse de cet oiseau : la plus longue de ces plumes a jusqu'à
100 millimètres de développement.
Seulement, à l'exception de ces quatre Oiseaux , rangés tous
dans les Aigles-Autours, celui que nous avons dédié , comme
hommage de notre respect , à M. le professeur Isidore Geof-
froy-Saint-Hilaire , constitue véritablement un Aigle propre-
ment dit , et est le premier de ce genre ou de cette famille qui
présente cet ornement particulier.
11 mesure, du bout du bec à l'extrémité de la queue, 74 cent.,
et vient de Santa-Fé de Bogota.
Il appartient au Muséum de Paris.
2" HalivEtus vociferoïdes. — Geriis caudaqiie albis; duabus
mediis rectricibus caudice nigris ; corpore toto supra et infra
brunneo-nigrescente ; peclore rufo-fulvido lanceolato ; remigi-
bus nigris; quarta longiore, alis subtus pulchre ardesiaceis ;
tibiis valde elongatis ; rostro corneo ; cera , loris villosis et pe-
dibus flavis.
Ce grand Rapace exotique , qui a certains rapports avec le
Vocifer de Levaillant , ne peut être rangé qu'avec ce que l'on a
Tome Vin. Anne*- IS4:> 12
176 p.K.vuE zooi/jGiQUE. {Mai 18i5.)
Thabitude d'appeler Aigles pêcheurs, autrement dits Pygargues,
dont les auteurs ont fait le genre Haliœlus.
Comme chez les Pygargues , le tarse n'est emplumé qu'un peu
au-dessous de son articulation avec le tibia ; les tarses et les pieds,
épais et vigoureusement constitue's, sont armés d'ongles crochus
et redoutables , et recouverts en dessus de squamelles ayant la
dureté de la corne . et formant véritablement ce que sont les
tassetles dans les cuirasses ; l'espace compris entre la base du
tarse et la première articulation des doigts, de même que les cô-
tés et le derrière du tarse , sont simplement écussonnés ; et le
dessous des pieds ainsi que le talon sont recouverts, comme dans
le F. haliœtus , d'un réseau de pointes ou durillons cornés et
rugueux , ce qui est presque toujours l'indice d'un Rapace pé-
cheur.
Mais , au contraire des vrais Pygargues , ses ailes robustes n'at-
teignent à peine que la moitié de la queue, et leurs grandes cou-
vertures s'étendent , ainsi que cela se remarque chez les Vau-
tours, ju-que au niveau des plus longues rémiges : de celles-ci,
la première est la plus courte et la quatrième la plus longue ;
enfin le tibia est démesurément long , relativement à ce qu'il se
voit dans les espèces congénères ; il est le double du développe-
ment du tarse , ce qui ne laisse pas que de donner à notre Oiseau
une physionomie de pose toute particulière. Longueur totale ,
80 centimètres.
Ce beau Pygargue vient de Madagascar, d'où il a été rapporté
au Muséum de Paris par M. Louis Rousseau, aide-naturaliste at-
taché à cet établissement.
3" Mesites unicolor.— Corpore supra et infra rubigineo seu
cinnamomeo colore tinclo, gula et pectore, rufo albidis . ex-
ceptis; rostro fere recto ^ vix ab acumine subulato; loris re-
gioneque circumoculari plumulatis , pedibus et rostro brun-
neis ; tectricum rémiges super antium ^ rectricumque barbulis
elongiter lanaiis; digitis tribus anticis omnino distinctis.
Cet Oiseau appartient bien évidemment au genre Mesites,
créé par le savant académicien M. Isid. Geoffroy Saint-Hilaire,
et décrit et figuré par lui dans un excellent mémoire inséré au
Magasin de zoologie de 1839 , mais nous avons hésité à en faire
une espèce , pensant qu'il pouvait fort bien n'être que le jeune
ou la femelle adulte de la M- variegata (T. GeoflT. St-Hil.). C'est
TRAVAUX INÉDITS, tT7
en effet le même aspect et le même ensemble de coloration , en
ce sens que le roux feuille morte ou cannelle , qui domine dans
cette dernière espèce , est ici la seule et unique teinte de tout
l'individu, à l'exception de la gorge et de la poitrine, où cette
couleur s'éclaircit pour faire place à une nuance brun-jaunâtre ;
on entrevoit bien aussi comme la trace naissante ou le vestige
d'une ligne blanchâtre longeant la joue et allant se perdre vers
l'oreille ; c'est enfin le même système plumaire décomposé et
sans adhérence , et la même forme surobtuse de l'aile.
Lorsqu'on en vient cependant à envisager le bec, le tour des
yeux, les grandes couvertures des ailes, les pieds, et à compa-
rer les mesures et les formes de ces diverses parties , il est dif-
ficile de résister à l'envie de voir dans notre Oiseau , sinon une
espèce, au moins une variété notable (bien près de devenir es-
pèce) de la AI. variegata.
A.insi , le bec n'a plus la même étrangeté de forme de celui de
cette dernière espèce , ni la même dimension. Chacune de ses
mandibules est droite depuis son départ jusqu'à un peu plus de
la moitié de sa longueur, et ne s'arrondit, l'une en haut , l'autre
en bas, qu'à partir de cette limite , pour se rejoindre en un bout
angulaire quelque peu subulé. Tandis que chez la AJ. variegata
la courbure de la mandibule supérieure commence à son origine
et continue graduellement et sans interruption jusqu'à son ex-
trémité : la mandibule inférieure seule, après avoir suivi presque
parallèlement cette courbure, dans les deux premiers tiers de
sa longueur, se relève à son dernier tiers pour rejoindre insensi-
blement la pointe de la mandibule supérieure.
11 en résulterait cette première différence , que le caractère
tiré , pour la M variegata , de la longueui' du bec égale à celle
de la tête, ne pouiTait peut-être plus avoir la même valeur
comme caractère générique, puisque, dans notre espèce, le bec
serait égal aux deux tiers tout au plus de cette longueur. A
moins de supposer que cette différence, comme celle si anor-
male du nouveau genre Neomorpha de M. Gould , tient à la dif-
férence de sexe.
Ainsi encore , le tour des yeux et le lorum , au lieu d'être dé-
nudés et sans plumes, sont au contraire totalement emplumés;
les grandes couvertures des ailes, à barbules si lâches et si effi-
lées , dépassent les plus longues pennes de l'aile ; le.s tarses sont
178 REVUK zooLOGKjuE. {Mai \HÏ3.)
plus allongés , et au lieu de six squamelles peu distinctes, en
comptent neuf parfaitement imbriquées.
Ainsi enfin , chose bien remarquable et qui viendrait encore
diminuer de valeur l'un des principaux caractères de la AI. va-
riegata , la soudure partielle du doigt extérieur avec le médian,
ff»ute particulière à cette dernière espèce, disparaît entièrement
chez notre individu, dont tous les doigts sont absolument dis-
tincts et séparés dès leur origine les uns des autres.
Toutes modifications, à l'exception au plus du bec, qui ne
sauraient provenir ni de l'âge ni du sexe.
Sans doute elles peuvent ne point paraître, aux yeux de tous
les ornithologistes , avoir une assez grande importance pour ser-
vir de fondement à une spécification , que nous ne proposons
nous-même qu'avec doute ; mais, enfin , elles sont beaucoup plus
profondes et tranchées que celles qui résultent ordinairement
du sexe et de l'âge , ce qui suffît pour nous excuser.
Dimensions comparées de la M. variegata et de notre M. uni-
color :
M. variegata, M. unicolor.
Longueur totale. 0'",300 "'" 0™,290 "»«"
— du bec depuis les plumes fron-
tales.
— du tarse.
— dudoigtmédianavec son ongle.
D'où il résulte qu'en somme , chez la M. unicolor, en même
temps que le bec et la taille générale sont momdres que chez la
M. variegata , les tarses , les pieds et les doigts , dans toutes
leurs parties sont plus considérables.
Le bec et les pattes sont d'une couleur brune noirâtre , ce qui
n'est pas l'indice d'un jeune individu , chez qui ces parties sont
toujours grisâtres.
Cet oiseau fait , comme le précédent , partie de la riche collec-
tion du Muséum de Paris, qui renferme tant de trésors peu ou
point connus, et où nous l'avons étudié : il y a été envoyé en
1838 par M. Goudot , qui l'a découvert aussi à Madagascar, patrie
de la M. variegata^ cet autre centre de création qui commence
à fixer l'attention des savants.
Il est à souhaiter que nos voyageurs puissent découvrir encore
et envoyer une série des mêmes espèces de sexe et d'âge diffe-
0 ,024
0 ,020
0 ,030
0 ,035
0 ,027
0 ,030
TRAVADX INÉDITS. t7l>
rents, jointe à des observations de mœurs et d'habitudes , afin de
dissiper les doutes que Ton peut si légitimement avoir sur leur
identité ou leur différence spécifique
4° Merganetta Colombiana. — Capite viltis tribus a rostro
usque ad nucham inferiorem nigris lineato; reliquis capitis ,
gula et colli partibus albis; scapularibus et dorso brunneis ,
nigro lavceolatis; corpore sublus loto aJbo cinereo . nigro
fulvido longitudinalHer maculato; inter-scapularibus et uro-
pygiis civereis. viqro 1r an sv ers aliter tenuiftsime vermiculatis ;
alis cinereo- ardesiacei s ^ speculo viridi^ vit lis infra et supra
albis oblique marginato , metallice fulgentibus; mediocribus ;
humeris calrare aculo armaiis; primariarum 2" et 3^ longis-
simis; rostro recto ; mandibula snperiore quasi cylindracea ,
ungue apicali distincto ; tarsis aliquanto elongatis; digitis
palmatis ,- medio quam tarsus longiore , interno digitorum
valde minore^ cauda rigida; rostro et pedibus pallide au
rantiis.
Cette espèce inédite et nouvelle devient la seconde du genre
établi par M. Gould [Proceedings Zool. Soc. 1841 ) sous le nom
ôeMerganetta.
Ce petit Harle éperonné fait également partie du Muséum de
Paris.
Les figures de ces trois espèces seront publiées dans une
Iconographie ornithologique (ou Recueil général de planches
peintes d'oiseaux , destiné à servir de suite et de complément
aux planches enluminées de Bufjon et aux planches coloriées
de MM. Temminck et Laugier de Chartrouse ) , que nous nous
proposons de publier prochainement, et dont sont extraites les
notes qui précèdent.
Description de deux nouvelles espèces d'Oiseaux, par F. de
Lafresnaye.
Famille des Barbus {Buccoïdées).
C^enre Barbuséric Lesson , Micropogon Tem.
Micropogon Bourcierii^ supra olivaceo-viridis, capite toto ,
genis, collo anticopectoreque sanguineo-iubris , capitis lateribus
tsenia stricta cœruleo-alba limbatis . loris mentoque nigris ;
itubtus pallide olivascenshypochondriis abdomineque viiidefusco
180 RbvuK zooLOGiguK. ( Mai 184-5.)
Ilanimuiatis , pectoris rubedine sensim ad ventrem in aurantium
vergenle; rostro basiviride, apice flavo, pedibusviridi-fuscis. —
Long, tota 13 1/2 cent. — Habit, ad Bogotam.
Nous dédions cette charmante espèce à M. Jules Bourcier, à la
générosité duquel nous la devons, comme un hommage au zèle
et à l'assiduité avec lesquels il s'occupe si consciencieusement
d'une bonne monographie des Trochylidées.
Micropogon Hartlauhii ^ supra olivaceo-viridis, capite collo-
que aurantio parum tinctis, taenia s trie ta frontal i , superciliis
genisque cœruleis, loris, fronte.mento taeniaque brevi post gênas
nigris; subtus pallide vjridi flavescens, vitta lata pectorali ad
latera colli post tœniam nigram ascendente pulchre aurantia,
hypochondriisabdomineque pallidis, viridi fusco flammulatis ;
rostro pedibusque uti in prœcedente, staturaque eadem. —
Habitat œque ad Bogotam.
Nous dédions cette espèce au docteur Hartlaub, déjà si connu
par ses excellents articles ornithologiques de la Revue Zoolo-
gique.
Ces deux charmants petits Barbus d'Amérique forment, avec
le Barbu élégant ou des Maynas , beau tamatia, Bufî. enl. 330,
et probablement le Barbu oranvert vaillant , un petit groupe de
Barbusérics américains, habitants de la zone torride, véritables
représentants, par la vivacité et la variété de leurs couleurs, des
vrais Barbus de l'Inde.
Ces deux nouvelles espèces seront figurées dans le Magasin de
zoologie.
Comparaison des œufs des Oiseaux avec leurs squelettes, comme
seul moyen de reconnaître la cause de leurs différentes formes.
Par M. F. de Lafresnaye.
A Monsieur le Rédacteur de la Revue zoologique.
Monsieur et cher collègue,
Ayant lu à la dernière séance générale de l'Institut des pro-
vinces , une notice sur l'ovologie des oiseaux , notice qui va être
publiée dans le second volume des mémoires de cette société ,
l'ai cru devoir, en attendant sa publication , en insérer quelques
fragments dans notre Revue, dans l'espoir que les ornithologistes
y trouveront quelque intérêt, réclamant toutefois leur indul-
gence pour cet opuscule , résultat d'observations et de comparai-
TRAVAUX liSÉDIIS. 18^1
sons faites sur un trop petit nombre de squelettes et d'œufs pour
avoir pu donner à ce travail Pimportance qu'il aurait peut-être
acquis, si j'avais eu la possibilité de consulter des collections pu-
bliques ou particulières, plus nombreuses que les miennes.
Persuadé que la diversité des formes que l'on remarque dans
les œufs des oiseaux n'était due qu'à celle des différentes es-
pèces qu'ils doivent contenir, nous avons pensé 1** que le sque-
lette pouvait seul , chez l'embryon sur le point d'éclore , présen-
ter as^ez de consistance pour motiver et modifier la forme de
l'œuf; 2» Que vu l'impossibilité de se procurer de jeunes oiseaux
au moment de I eclosion, l'étude du squelette des adultes pou-
vait, sauf quelques modifications amenées par l'âge , présenter
le même avantage. Ainsi donc, en observant et comparant ce que
nous possédons de squelettes d'oiseaux des différents ordres ainsi
que leurs œufs , nous avons reconnu dans leur organisation deux
types de formes principaux , réellement distincts et caractéris-
tiques, auxquels peuvent se rattacher tous les autres qui n'en sont
que des modifications. Ils consistent : 1» En une forme allongée ,
étroite et non renflée antérieurement, naviculaire enfin chez les
oiseaux nageurs, et en une, au contraire, assez courte, conique
et renflée antérieurement chez tous les oiseaux qui ne nagent
pas, et que l'on peut appeler, par cette raison , oiseaux terrestre*.
U ne faut que comparer un canard et une poularde plumés pour
sentir cette différence. Il est facile d'en expliquer les motifs.
Les premiers , ou les Nageurs , destinés à se mouvoir habituel-
ment sur un fluide dense et résistant, sur lequel leurs pieds
palmés , devenu^ de véritables rames, pouvaient seuls les faire
avancer , les diriger à leur gré, soit qu'ils se maintinssent sur
sa surface ou qu'ils s'immergeassent pour nager au-dessous,
avaient besoin , pour pouvoir fendre l'eau avec plus de facilité,
que la partie antérieure de leur corps fût étroite et ne présentât
qu'un faible diamètre en largeur comme en hauteur, et que son
plus grand diamètre fût repoussé vers le milieu au lieu d'être à
la partie antérieure. Aussi, remarquons - nous chez eux des
épaules rapprochées et un sternum dont la crête ou le bréchet
est très-peu saillant inférieurement. Or, ce genre d'organisation
est d'autant plus prononcé que les espèces sont meilleures na-
geuses et plongeuses. 11 est à son maximum chez celles qui , des-
#
182 RKvufc zooLOGiguE. ( Mai 1845.J
tiiiées à vivre de poisson ou d insecte^ aquatiques, sont sans
cesse obligées de s'immerger pour les poursuivre entre deux eaux,
le cou tendu , se servant alors de leurs pattes et de leurs ailes
comme de quatre rames puissantes. Tels sont les Plongeons, les
Grèbes, les Cormorans, les Harles, les Pélicans et les Fous. J'appel -
lerai cesoiseaux Palmipèdes sous-nageurs, et palmipèdes surna-
geurs ceux qui, comme les Canards, les Oies, les Cygne , ne
nagent habituellement qu'à la surface, où ils trouvent leur nour-
riture presque toute végétale , ne plongeant que très-rarement.
Chez eux les caractères typiques s'affaiblissent par degrés , mai»
sont toujours bien reconnaissables.
Les oiseaux terrestres , au contraire , ne devant se mouvoir
que dans le seul fluide aérien, beaucoup moins résistant à la
vérité que le fluide aqueux, mais au milieu duquel ils étaient
destinés à s'ébattre dans toutes les directions, à poursuivre quel -
quefois une proie avec la rapidité de la flèche ou à lutter contre
les bourrasques et les tempêtes , avaient besoin que leurs mem-
bres antérieurs, ou leurs ailes, qui seules devaient les y maintenir
et les y diriger, fussent douées d'une vigueur et d'une énergie
extraordinaires, qu'elles eussent, par conséquent, entre elles
un écartement convenable, et que les muscles moteurs de ces
ailes, très-dé veloppés, trouvassent des pomts d'attaché de plus
sur la grande saillie du bréchet.
De là le renflement antérieur en largeur comme en hauteur
du squelette des oiseaux terrestres et non nageurs. Il est évident
que, chez eux, toute l'énergie musculaire et osseuse est prodi*
guée aux membres antérieurs, tandis que chez les nageurs, elle
l'est aux membres postérieurs.
Ces deux formes, types du squelette des oiseaux , devant na-
turellementse retrouver, et se retrou vaut en effetavec les mêmes
modifications , à peu près , dans leurs œufs , sauf quelques excep-
tions , nous avons pensé que l'on pouvait établir , en thèse géné-
rale , qu'il y avait dans les œufs des oiseaux , comme dans leurs
squelettes , deux formes primitives et distinctes; l'une, que l'on
peut appeler ovalaire, et qui représente assez bien, dans son con-
tour, ce que l'on entend par ovale en géométrie , c'est-à-dire un
sphéroïde allongé , ayant une de ses extrémités plus grosse que
l'autre et, par conséquent, son plus grand diamètre transversal
vers cette extrémité, l'autre', que l'on peut appeler ellipsoïde,
TRAVAUX^ INKDITλ.
183
parce qu'elle se rapproche plus ou moins de Tellipse , c'est-à-dire
d'une sphéroïde allongée , ayant ses deux extrémités à peu près
égales et son plus grand diamètre vers son milieu.
D'après ces deux définitions, on conçoit que l'œuf peut être
fort allong ' comme fort raccourci sans cesser d'être ovalaire , du
moment où son plus grand diamèti e est vers un de ses bouts, de
même qu'il est toujours ellipsoïde du moment où ses deux extré-
mités, moins grosses que son milieu , sont égales ou à peu près
égales, qu'elles soient obtuses ou pointues, prolongées ou rac-
courcies. On pourra seulement indiquer ces modifications de
formes, dans le premier cas, par les noms d'ovalo-conique et
dans le second , par ceux d'ellipso-conique , ellipso-sphérique ,
ellipso-cylindrique.
On peut donc avancer que plus les Palmipèdes sont bons
nageurs et surtout bons sous-nageurs , plus ils sont étroits des
épaules avec leur crête sternale peu ou point saillante inférieu-
rement, mais l'étant antérieurement en forme de soc , plus aussi
leur bassin est rétréci , prolongé en arrière avec sa partie supé-
rieure, formant quelquefois une crête aiguë, et plus aussi les fé-
murs sont courts avec leurs points d'insertion sur le sacrum
rapprochés et presque contigus . et plus aussi leurs œufs sont
étroits et ellipsoïdes. Il suffît de comparer les squelettes des Plon-
geons, Grèbes, Cormorans, Pélicans, Fous et Harles avec leurs œufs
pour s'en convaincre.
Nous pensons que la saillie du bréchet, au-dessous du sternum,
est la partie du squelette qui contribue le plus au renflement
de lœuf vers un de ses bouts ou à sa forme ovalaire, car chez
l'Autruche et le Nandou, dont nous avons les œufs, et dont le
sternum est sans bréchet, ces œufs sont, chez la première, el-
lipso-sphériques , et chez le second, ellipso-coniques; — il en
est probablement de même chez le Casoar, l'Émeu, peut être
même chez l'Aptéryx ; tous dépourvus de bréchets comme l'Au-
truche , et chez les sous-nageurs à œufs ellipsoïdes que nous
avons cités plus haut, le bréchet n'est saillant qu'en avant et
nullement en dessous, comme chez les Pélicans , les Cormorans ,
les Fous, ou bien il l'est à peine inférieurement, comme chez les
Plongeons, les Grèbes et les Harles. — Chez les Gallinacés, les
oiseaux de proie à bréchet très-saillant inférieurement , les œufs
sont très renflés vers le gros bout, mais courtsovale-obtus, et chez
184 BEVUE zooLOGiQDE. [Mai \8ib.)
les Echassiers marins comme courlis , pluviers , huitriers ,
échasses . vanneaux^ chevaliers et bécasseaux , et même chez les
bécasses .hécasines et barges^ qui,pom' la plupart, sont oi-
seaux assez étroits des épaules , mais à bréchet tressaillant infé-
rieurement, les œufs sont très-renflés vers le gros bout, allon-
gés et très-pointus vers.l'autre extrémité ou ovalo-coniques.
Avant de continuer ces comparaisons , je dois dire qu^après
avoir observé les squelettes des Plongeons et des Grèbes, les pre-
miers Brachyptères de Cuvier, j'ai cru reconnaître, dans la défi-
nition qu'en a faite ce savant(Règneanim,, dern.éd.,p.544),une
inexactitude qui a été répétée par la plupart des ornithologistes.
Il dit effectivement, en parlant de ces Plongeurs ou Brachyp-
tères : « Leurs jambes , implantées plus en arrière que dans tous
» les autres oiseaux, leur rendent la marche pénible et les obli-
» gent à se tenir à terre dans une position verticale. »
Cette observation manque d exactitude, car chez les Plongeons
et Grèbes, qu'il met en tête , les fémurs sont insérés au contraire
plusen avant etplus près dumilieudu tronc que chezlaplupartdes
oiseaux , mais leurs deux points d'insertion sont ti ès-rapprochés
entre eux, presque contigus sur le sacrum et de plus ces fémurs
sont très-courts. Ce sont ces deux particularités de conformation
qui sont les véritables causes de la difficulté qu'ils éprouvent à se
tenir debout en équilibre sur le sol ; car cette brièveté des fémurs
et leur insertion rapprochée sur le sacrum , rejetant le tibia très-
en arrière, il en résulte que l'équilibre ne peut être maintenu
que par une position presque verticale et très-pénible. Aussi les
Grèbes et Plongeons ne se tiennent-ils à terre qu'en ayant leurs
tarses appuyées dans toute leur longueur sur le sol. Cette briè-
veté des fémurs qui sont mus par les muscles les plus charnus et
les plus robustes est, sans nul doute, chez ces oiseaux excel-
lents plongeurs et sous-nageurs . un indice certain d'une grande
vigueur de leurs membres postérieurs comme rames, de même
que la brièveté des humérus chez les Martinets , Hirondelles ,
Colibris et même oiseaux de proie, annonce une grande puis-
sance de vol chez ces oiseaux.
Linsertion des fémurs , reculée eu arrière chez les Plongeurs,
est si peu exacte, que chez lePlongeon cal marin, par exemple,
elle est à dix centimètres en avant de l'extrémité postérieure de
l'os du bassin , et à quatorze en arrière de l'insertion de la pre-
TRAVAUX INÉDITS. 185
luière côle sur la colonne vertébrale, tandis que chez le Goéland
à manteau gris, Palmipède marcheur et presque coureur, elle
n'est qu'à deux centimètres et demi en avant de cette extrémité,
et à douze en arrière de la première côte. Chez la Macreuse et les
Milouins, Canards essentiellement plongeurs, et dont la marche
sur le sol est des plus pénibles, cette insertion est à cinq centi-
mètres en avant de l'extrémité du bassin et à neuf et demi en
arrière de la première côte , tandis que chez le Tadorne , Canard
singulièrement marcheur et même coureur, elle est à la même
distance postérieurement , mais à dix centimètres et demi en
arrière de la première côte , ce qui est entièrement en opposition
avec ce qui a été avancé par Cuvier et nombre d'ornithologistes.
On conçoit facilement que la prolongation du bassin en arrière
lie l'insertion des fémurs , outre qu'elle fournit une plus grande
surface pour l'attache des muscles moteurs de la cuisse et de la
jambe, doit encore faciliter le mouvement de bascule lorsque
rOiseau veut plonger.
Cet examen du squelette des Plongeons et des Grèbes, comme
de ceux de la plupart des Oiseaux, nous a convaincu que si
l'étude de l'ostéologie des Oiseaux est de la plus grande impor-
tance comme base de classification , c'est le squelette entier qu'il
faut étudier et comparer dans toutes ses parties, et non une
seule de ses parties isolées, comme le sternum, par exemple,
dans la méthode de M. de Blainville, développée en 1828 par
M. Lherminier ; car l'on rencontre parfois , chez deux Oiseaux
tout à fait en rapport quant à l'ensemble du squelette et aussi
quant aux formes extérieures et aux mœurs . une différence assez
marquée dans la forme du sternum, prise isolément, comme
aussi elle peut présenter les plus grands rapports chez deux
Oiseaux dont l'ensemble du squelette, les formes extérieures et
les mœurs contrastent entièrement. Nous citerons, quant au
premier cas , le squelette du Plongeon cat marin , remarquable
dans son ensemble par une forme singulièrement étroite , ellip-
soïde allongée, et surtout par l'extrême brièveté et la courbure
des fémurs, par le prolongement des tibias au delà de leur arti-
culation avec les fémurs en une pointe creusée en gouttière, pré-
sentant pour l'attache des muscles extenseurs de la jambe deux
crêtes tranchantes , dont l'une se prolonge le long du tibia , par
l'os du bassin , qui, au lieu de présenter en dessus une surface
186 REVDE zooLOGiooE. (Mai 1845.)
plane plus ou moins large, s'élève au contraire dans toute sa
longueur en forme de crête , avec ses côtes descendant brusque-
ment comme un toit rapide; or, tous ces caractères, presque
uniques dans toute la série ornithologique, se retrouvent entiè-
rement les mêmes chez les Grèbes , et en comparant leurs sque-
lettes, il est impossible de ne pas les regarder plutôt comme
espèces du même genre que comme genres différents. On y sera
encore porté par la grande analogie de leurs mœurs, de leur
mode dépêche, de leur nourriture piscivore , etc. Cependant . si
on compare leur sternum isolément , on y trouvera des diffé-
rences notables. Celui du Plongeon est très-prolongé en arrière,
parallélipipède et terminé postérieurement par un lobe très-
saillant au delà de ses deux échancrures postérieures Celui du
Grèbe est court , beaucoup plus large postérieurement qu'anté-
rieurement, et présentant en arrière, au Heu du grand lobe
saillant que l'on remarque chez le Plongeon, une large échan-
crure. Du reste, le bréchet, la fourchette et les coracoïdes sont
analogues chez tous deux. M. Lherminier avait été tellement
frappé de cette différence, que dans sa classification d'après le
sternum uniquement, il avait cru devoir faire de ces deux
Oiseaux deux types de familles différentes.
11 serait inutile d'avoir recours à l'inspection du squelette (idée
si heureuse de M. de Blainville) , si elle conduisait à faire de
telles séparations , et il est impossible , en ayant sous les yeux les
squelettes de ces deux Oiseaux si analogues par l'ensemble de
leurs caractères ostéologiques , par leur conformité de mœurs,
de ne pas les réunir soit dans le même genre , en en faisant
deux sections, soit dans deux genres voisins du même groupe ,
malgré la différence assez marquée que présente leur sternum
dans son contour.
Quant au second cas , un fait entièrement opposé et non moins
concluant se présente entre les Oiseaux de proie nocturnes et
les Touracos. Leurs sternums comparés isolément n'offrent pour
ainsi dire aucune différence, chose fort étrange entre des Oiseaux
aussi éloignés dans la série tant par leurs formes extérieures que
par leurs mœurs. M, Lherminier, frappé de l'analogie de leur
sternum, a cru devoir faire suivre la famille des Accipitres
nocturnes par celle des Touracos , dans son travail déjà cité , et
ayant pour ûtra: Bêcher ches sur Vappareil slernal des Oiseaux,
TRAVAUX INÉIJITS. 187
2* et S' édit., Paris , 1 828. Mais si on compare le squelette entier
de ces deux Oiseaux, on y trouvera sur-le-champ des diflerences
marquées, dans l'ensemble comme dans les autres parties,
tandis qu'en rapprochant celui d'un Hibou ou d'une Hulotte de
celui d'un Accipitre diurne , d'un Busard, par exemple, on y
retrouvera des analogies véritables dans l'ensemble des propor-
tions , dans la forme du bassin , celle des pattes , etc.
(La suite auprochain numéro.)
Desckiption de six Hélices nouvelles, par M. le D' Leguillou ,
médecin en chef de la Zélée (exp. d'Urville).
1. Hélix Foullioyi.—Teslsi orbiculato-conoidea, umbilicata ,
sub epidermide olivacea, fulvo-violacea , subtus depresso-con-
cava, alba ; anfractibus quinis 1/2 ad suturam depressiusculis ,
tenuiter cancellato-granulatis, infimo medio fascia alba inferne
late violaceo-nigricante marginato cincto; umbilico profundo ,
ad peripheriam angustato ; apertura obliqua , semi-oblonga, pos-
tice et basi sinuata ac angustata ; labro acuto , ad umbilicum re-
flexo.-— Altit. 29mill.. latit. 4(i mill.— Hab. Triton Bay.
2. H. Hogoleuensis. — Testa orbiculato-conoidea , crassius*
cula, umbilicata , sub epidermide castanea-rufescente , subtus
convexo-depressa ; anfractibus quinis , supra depresso-declivis ,
longitudinaliter rugosis , saepius eleganter ac crebre striatis ;
supremis pallidis, obtuse planulatis; infimo in junioribus sub-
angulato, in adultis sulcis irregularibus binis cincto ; apertura
pallide fulva, fascia rufa angusta saepius in medio decurrente ;
labro margine valde incrassato , superne oblique producto , sub-
anguloso , inferne et intus sinuato ; umbilico angusto, pro-
fundo , extus in canali continuato , angulo externo cincto. —
Var. A. Anfractibus inferioribus basi fascia castanea, angusta et
saltem intus perspicua pictis. Var. B. Testa sub epidermide lu-
tescente alba, fascia extus et intus carente.— Dim. adult. altit.
28 mill., latit. 49 mill. -Var. A. Altit. 20 mill., latit. 38 mill.—
Var. B. Altit. 20 mill., latit. 39 mill.— Hab. le groupe Hogoleu ,
faisant partie de l'archipel desCarolines. —Cette Hélice était telle-
ment comm'ine, qu'elle a pu fournir de nombreux repas à nos
équipages.
3. H. undulata. Testa orbiculato-ovata , latissime umbili-
cata, depresso-cnnvr^iuscula , (enuissima , fiagili , subhyalina,
188 RRVUE zooLOG[QUK. {Mai 1845.)
epidermide luteo-fuscescente , subtus luteo-viridescente ; spira
obtusa; anfractibus quinis convexis , sutura profunda, canali-
culata , discretis oblique , creberrime , profunde ac undulatim
striatis ; striis ad paginam inferiorem rugaeformibus , Iaxis , irre-
gularibus , tenuissimis , creberrimis ac concentricis sub lente
perspicuis ; umbilico largo , dilatato usque ad apicem ; apertura
ovata , albida , reflexiuscula ; labro superne extus subdepresso.
— Altit. 20 mill. , latit. 47 mill. — Hab. Triton-bay.— Très-rare.
4. H. (Carocolla) T'nïom'ewsîS. Testa orbiculata.depresso-conoi-
dea, subtus convexo-depressa , pallida ; spira conica, depressa ; an-
fractibus senis , rufescentibus, depresso-planiusculis , declivibus,
rugis armatis» , crebris , tenuibus , in junioribus regularibus, in
adultis multi-distantibus majoribus sculptis ; infimo ad periphe-
riamacnte carinato ; carina fusco-fasciata aut albida , inferne fas-
cia fusca cincta ; umbilico profundo , angusto , extus dilatato ;
apertura ovata , antice angulata , margine obtusiuscula. — Altit.
23 m., lat. i^ m. — Habit. Triton-bay. Assez commun surtout au
jeune âge.
5. H. spheroidea. Testa sphaeroideo-subovata , perforata, rufa ,
longitudinaliter rugulosa , strigis transversis , fere obsoietis et
crebris impressa; spira conico-rotundata , obturata; anfractibus
senis convexis; sutura profonda tenuiter canaliculata ; umbilico
rimali, interdum subreflecto labro magno, profundo; apertura
rotundata alba aut turturina; labro reflexo, albo , inferne ad
umbilicum dilatato, compresso et intus auguloso; labio seepius
calloso et lenuissime granulato. — Altit. 41 m., latit. 45 m. — Hab.
Essington-bay (Autralie sept.). Parfois la spire est d'un fauve vio-
lacé, et son dernier tour olivâtre.
6. H. spiralis. Testa orbiculata, subconoidea , umbilicata, lutea,
striis radiantibus, crebris, interdum obsoietis sculpta; spira ob-
tusa ; anfractibus quinis depresso-convexiusculis, superne infimo
medio fascia purpureo-nigra decurrente ornato; umbilico an-
gustissimo , profundo ; apertura semi-ovata ; labro acuto , ad
umbilicum vix reflexo. ( — Var. B) infimi anfractus fascia purpu-
reo-nigra albo bilateraliter marginata. — Altit. 20 m., latit. 54
m. — Hab. les îles Arrow. Très -voisine de l'H. citrine , dont elle
diffère cependant par son aplatissement, la moindre élévation
de la spire, et le défaut décoloration de la région ombilicale.
ANALYSKS d'ouvRAGKS X'OUVKAnX. t89
II. ANALYSES D'OUVRAGES NOUVEAUX.
Considérations sur les animaux vertébrés de la Sibérie occiden -
laie ^ par M. F Brandt ; \n-4^ traduit de l'allemand , par
M. Tchihatcheff , et extrait de son Voyage scientifique dans
PAltaï oriental et les parties adjacentes des frontières de la
Chine.
Le mémoire de M. Brandt est divisé en plusieurs sections, dont
la première offre un aperçu des voyages et des travaux scientifi-
ques qui ont le plus contribué à faire connaître la Faune de la
Sibérie.
La deuxième section , dans laquelle Tauteur jette un coup d'oeil
général sur les différents ordres de vertébrés, nous fournit l'in-
dication suivante des espèces appartenant exclusivement à la
Sibérie occidentale ; ce sont , pour les Mammifères : Sciurus Ta-
mias uthensis , Pall ; Yivera aterrima , Pall ; Lagomys hyper-
boreus, Mus caraco, auxquels ils faut joindre probablement plu-
sieurs espèces de Sousliks qui n'ont pas encore été étudiés ; et
pour les oiseaux , Corvus cyaneus , Sturnus dauricus , Turdus
ruficollis, Emberiza fuscata, Emberiza chrysophrys, Emberiza
spodocephala, Emberiza rutila , Grus antigone et Fulica pullata.
Liste des animaux articulés cités jusqu'à présent comme se trou-
vant à la nouvelle-Zélande , avec les descriptions de quelques
nouvelles espèces; par MM. Ad. WHiTEetEd. Doubleday, aides
à la partie zoologique du Muséum Britannique. (Smte.)
80. Callichroma {CalHprason) Sinctairi , White, N. S. Mus.
Brit., Dr. Sinclair. — En dessus d'un vert pré , en dessous gris ar-
genté . avec des écailles ou poils argentés ; l'abdomen est brun
rougeâtre quand il est vu à travers le gris argenté. Jambes, an-
tennes et organes buccaux rougeâtres; parties autour de la
bouche avec des poils gris. Tête et thorax en dessus plus foncés
que les élytres , dans quelques endroits passant au noirâtre.
Ely très fortement marginées ; bord brun jaunâtre, surface su-
périeure finement ponctuée avec trois lignes longitudinales peu
distinctes. Long, -i 1/2 1. Tête, derrière les yeux, pas plus
large que le thorax. Yeux très -larges, proéminents, très-
faiblement échancrés à l'insertion des antennes. Antennes de
i90 RKVUK zooi.or.ioDE. {Mai 1845.)
11 art. : premier art. le plus long, dilaté à rextrémité; 2" pe-
tit , 3* , 4% 5« les plus effilés ; 3« et 4® raboteux à rextrémité; le
5' graduellement dilaté, et les terminaux faiblement. Thorax
plus long que large, rétréci devant et derrière. Côtés avec une
courte épine vers le milieu. Jambes longues , minces , cuisses
renflées. Elytres longues , se rétrécissant jusqu'à Textrémité qui
est simple.
J'ai placé ce charmant petit Longicorne dans un nouveau
sous-genre qui me semble se rapprocher du genre Promeces ,
Serv. ; il est plus grand que VEncyclops pallipes , Newm. ( Ent.
mag. V^ p. 392), espèce de l'Amérique septentrionale découverte
par M. Edw. Doubleday, avec laquelle espèce il a quelque res
semblance au premier coup d'œil. Je l'ai dédié à M. Andrew
Sinclair , chirurgien de la marine royale , qui l'a trouvé à la
Nouvelle Zélande , et l'a , ainsi que beaucoup d'autres articulés
du même pays , donné au Musée britannique.
Cet insecte , comme VEncyclops, semble être un des liens qui
joignent les Cerambycidœ avec les Lepturidœ , famille très-
abondante en Amérique, Europe et Afrique.
51 . Phoracantha dorsaiis, M Leay.Newm. Ann. ofnat.hist. V,
p. 19. Stenochorus dorsaiis, M. Leay. App. to King's survey,ll,
p. 451, sp. 85. Mus. Brit. Dr. Sinclair.
52. Coplommavariegalum, F. Newm T me sisternus varie -
gatus, Boisd. Guér. Call. variegalum, F. 01. t. V, f. 58. Copt.
vitticolle , Newm. Ann. nat. hist., V, p. 18. Mus. Brit. Dieff. et
Sinclair.
83. Coptomma sulcatum, F. Callid. sulcatum, F. Ent. syst.,
189, II. TmesisternuSy sp. Latr. Guér. Voy. Coq. letter-press, II,
p. 130.
84. Comptomma lineatum, F. Callid. lineatum, F. Syst. ent.,
189, 10. Tmesisternus, sp. Latr. Guér. Voy. Coq., II, p. 130.
85. Lamia heteromorpha , Boisd. Voy. Astr , II, 505.
86. Lamia cris ta., F. Ent. syst., 170, 3.
87. Xyloteles griseus, F. Newm., Entomologist, no 12. Saperd^t
grisea, F. s. Knt., 186, 9. Mus. Brit. Dieff. et Sinclair.
88. Xyloteles lynceus, F. Newm. Entomologist, n» 12. Saperda
lyncea., F. Syst. ent., J85, 8.
89. Saperda trislis, F. Ent. syst., 18(1, 11.
XNAIASKS DOUVRAr.KS NOUVEAUX 191
90. Saperda villosa, F. S. El. 11, H20, n. Saperda hirta, F.
(olim.) Ent. syst., 184, 4.
91. Clytus minutus , F. Callidium minuium F. Ent. syst.,
192, 23.
92. Phœdon brunneum? F. Colaspis, F. Hope. Col. Man., III,
p. 97. Chrys. brunnea, F. Ent. s. El. l. 439, 104. Donov. Ins.
Nouv.-Holl., pi. XX. Nouv.-Zél., Donovan.
Orthoptera.
93. Blatta amencawa.— Hab. la Nouv. Zél. (Introduite par
les baleiniers. Pol. 1, p. 320.)
94. ïx>cust granhopper, Yate's New-Zealand, p. 72, Polack, I,
p. 319. Hab. la Nouv. -Zél. Le docteur Sinclair a rapporté de la
Nouv.-Zél. deux ou trois espèces de Locustidœ.
95. Mantis, Le docteur Sinclair a rapporté l'ovaire d'une es-
pèce de Mantis.
96. Deinacrida {Anostostoma ^ G. R. Gray ) Heteracantha.
White in Gray's, Zool. mise. 1842, 78. — Hab. la Nouv.-Zél. Diefî.
et Sinclair. — Pattes postérieures ayant à peu près deux fois la
longueur de l'insecte : tibias quadrangulaires , plus larges posté-
rieurement , les bords armés d'épines alternes ; épines très-fortes
et aiguës ; corps brun , jaune en dessous ; tête ponctuée sur le
vertex ; antennes au moins deux fois et demie la longueur du
corps ; thorax ponctué avec quelques petits espaces lisses au mi-
lieu ; bords latéraux un peu épaissis. La tète n'est pas tout à fait
aussi large ni aussi grande que dans les Anostostoma; les man-
dibules beaucoup plus courtes; les palpes labiaux ont l'article
terminal renflé à l'extrémité ; quand il est sec , cet article est
légèrement comprimé à partir du rétrécissement ; les palpes ma-
xillaires sont très-longs ; les trois derniers articles cylindriques,
le dernier, le plus long, est renflé graduellement jusqu'à l'ex-
trémité.
La longueur de l'individu rapporté par le D"" Dieffenbach. me-
surée depuis le bout de la tête jusqu'à l'extrémité de l'abdomen ,
sans compter les appendices , est de 2 pouces ; de l'extrémité
du tarse de la jambe postérieure à l'extrémité de l'antenne allon-
gée , cet individu mesure 12 pouces 1/2. Il pourrait bien être à
l'état de larve. Le prosternum , comme dans AnostOStoma ,
a deux épines vers le milieu ; les méso et métasternum sont pro-
fondément sillonnés postérieurement avec une forte épine sur
Tom. VIll. Année 184.S. 13
192 RiiVL'E zooLOGiguE. {Mai 1845.)
les côtés postérieurs. Depuis que ma courte description a été in-
sérée dans la seconde partie des Zoolog. mise, de M. Gray, le
D*" Andrew Sinclair a rapporté de la Nouv.-Zélande un individu
de cette espèce , qui , avec ses cuisses postérieures et ses an-
tennes étendues, a au moins 14 pouces de long ; le corps et la
tête , sans compter les appendices , ont 2 pouces 1 /2 . Cet individu
est femelle ; sonoviducte a plus d'un pouce de long: il est faible-
ment relevé , comprimé dans la plus grande partie de sa lon-
gueur ; les 2 appendices, qui forment sa partie principale, sont
un peu anguleux à la base. L'insecte est presque entièrement
d'un jaune d'ocre ; l'extrémité de l'oviducte et le sommet des
épines des jambes sont bruns; les bords des segments sont plus
pâles ; les fémurs , rugueux et striés transversalement, ont plu-
sieurs traits de couleur pâle. La plus grande portion de la partie
dorsale du thorax est un peu ferrugineuse. Cet individu a été
trouvé sur un pin des marais à Waiheké , près de la Tamise. Le
D' Sinclair a trouvé cinq autres individus de plus petite taille
réunis sous Pécorce des arbres. Les Deinacrida , d'après les
Maouries , se tiennent haut sur les arbres , où les naturels ont
peur de grimper, car ces insectes , surtout les mâles à tête noire
et à longues mâchoires , mordent cruellement Les tibias anté-
rieures n'ont pas d'épines au milieu en avant , et la tête est plus
petite que dans les Anostostoma de M. Gray, dont cependant ce
pourrait être une espèce.
Rikararu. Polack. Hab. la Nouv. Zél. Pol. I. p. 329.
L'insecte le plus dégoûtant de toute la nature. Polack. — 11 est
impossible de dire à quel ordre on peut rapporter cet insecte.
Neuroptera.
Libellula? Demoiselle. Hab. la Nouv. -Zél. Yate,p. 173. Le
D"^ Sinclair a rapporté cinq espèces de Libellules de la Nouv. -Zél. r
deux sont des Agrionides , la plus grande est décrite ci-dessous.
M7. Petalura Carovei. White, n. sp. Hab. la Nouv. -Zél., île
Auckland. Mus. britann., D' Sinclair. — Appendices de la partie
anale dilatés , un peu arrondis à l'extrémité ; bord antérieur des
ailes brun foncé ; les extrémités , surtout de la seconde paire ,
sont faiblement teintées de noirâtre. Les taches jauhes du thorax
sont larges et plus distinctesque dans P. gigantea^ Leach. — Long,
tôt. de 4 p. 5 1. à 4 p. 81.
Dans le type de ce genre, établi par Leach dans les Zool.
ANAr.YSKS D'oUVRAr.ES INODVEATJX. 193
mise. II, p. 96, t. 95, les appendices de la partie anale sont
échancrés ou sinués vers l'extrémité interne et le bord antérieur
des deux ailes est varié de blanc. La tête est plus large anté-
rieurement , et le sillon frontal est un peu différent ; les fémurs
sont noirs , tandis que dans l'espèce qui nous occupe ils sont fer-
rugineux.
Ceux qui ont lu l'Histoire sans fin , traduite par Sarah Austin
de l'allemand de F. W. Carove, et si bien illustrée par W. Har-
vey, sauront pourquoi j'ai donné le nom de Carovei à cette belle
espèce de Demoiselle. — Ephemera. Le D' Sinclair a trouvé
deux espèces à la Nouv. -Zélande.
Hymenoptera.
98. Ichneunion lolaiorius. F. Syst. Ent. 330, 16.
99 Ichn. solicitorius. F. id., 332, 30. Le D*^ Sinclair a trouvé
cette espèce à la Nouv.-Zél.; ses individus sont dans la collection
du Mus. britann.
100. Ichn. decoratorius. F. Ent. Syst. 333, 32. — Formica?
fourmi noire , Pol. I, p. 320. Cook aussi parle de fourmis.
101. Ophion? Ichn. luteus. L. F. Ent Syst. 341, 75.
102. Sphex fugax. F. Ent. Syst. 350, 27.
HOMOPTERA.
103. Cicada Zelandica. Boisd. Voy. Astr. If, 61 1, t. 10, f. 6.
Mus. britann.
104. Cic. cingulaia. Tettigonia cingulata. F. Ent. Syst. 680,
9. Mus. brit. Le D"" Sinclair a trouvé cette espèce très-bruyante à
Auckland , dans un endroit marécageux où le Phormium tendx
abonde. Ce doit être un des insectes qui font retentir les bois de
leurs cris. Voy. 3*^ voy. de Cook , I, p. 153, 2«édit.
105. Cicada cruentata. Tettigonia cruentata. F. Ent. Syst.
680, 10.
1 06. Cicada muta. Tellig. id. F Ent. Syst. 681 , 17, Mus. brit.
D-^ Sinclair.
HEMIPTF.RA.
107. Punaise des bois , Yate, p. 73. Nouv.-Zél.
Le D' Sinclair a rapporté un Pentatoma de couleur verte,
voisine de P. prasina.
108. Jieduvius (Pirate.s) ephippiger. White. n. s. Hab. Nouv.
Zél. Mus. Brit. l)"^ Sinclair. — Noir, avec les jambes d'un jaune
194 Rhvoti zoo LOGIQUE. {Mai 1845.)
rougeâtre ainsi que les antennes, et une tache ocracée au bord
i-nternede chaque hém-élytre près de la base. — Long., 9 1.
109. Kutu, Pol. 1, p. 320. Pediculus humanus, Pol. I, p. 320.
LEPIDOPTERA.
110. Lycœna Edna^ Doubleday, n. s. Mus. Brit. D' Sinclair.
Exp. al. I, p. 2-4 1. — Mâle ayant les ailes en dessus d'une
couleur cuivreuse brillante : le& nervures faiblement, les bords
très-distinctement lisérés de noir. Ailes antérieures avec deux
taches noires arrondies avant le milieu; une grande carrée sur
k fausse nervure , fermant la cellule discoïdale ; entre elle et
le bord externe est une ligne arquée de cinq ou six taches noires
obsolètes. Près du bord externe est une bande plus distincte de
taches noires , quelquefois légèrement confondues avec le bord
lui-même, surtout vers le sommet. Ailes postérieures avec une
lunule discoïdale, et au delà une bande ondulée maculiform«
d'une couleur sombre; et vers l'angle anal trois taches noires
marginales. Cils fauves. En dessous , les ailes antérieures ont le
disque d'un fauve pâle, la base antérieure et les bords d'un jaune
terne; les taches discoïdales et la première bande maculaire
très-distinctes, et trois grandes taches de même couleur à l'angle
anal. Ailes postérieures d'un jaune ocracé avec deux petites
taches noires près la base et cinq ou six semblables près le bord
externe; le disque avec des marques fauves, dans la même
position que sur la partie supérieure.
La femelle a toutes les ailes obscures à la base ; les antérieure»
avec les taches discoïdales plus distinctes que dans le mâle;
taches de la première série réunies ensemble de manière à former
une bande arquée , la seconde presque entièrement confondue
avec le bord. Ailes postérieures avec la tache discoïdale très-
distincte. Au delà du milieu sont deux bandes maculaires, la
seconde plus ou moins confondue avec le bord La surface infé-
rieure, surtout celle des ailes postérieures, est plus obscure que
dans le mâle, et les marques moins distinctes.
111. Jiamadryas Zoilus, Boisd.Voy. Astr. 91. Nymph. iVaïs,
Guér.Voy. Coq. Fap. Zoilus, F.Ent. syst.,111, 121.
112. f^anessa Gonerilla^hoisd. Voy. Astr., 122. Pap. Gone-
riUa,F. Syst. ent., 498, 237. Don. Ins. Ind.
113. Fanessa Ilea, F. Boisd. Voy. Astr., 122. Pap. Itea, F.
Ent. syst., 498, 238. Don. 1ns. Ind.
ANALirSES n'oUVTlAGl'iS ^OLVtADX. f^
Uab. la Nouv.-Zël. et la Nouv.-Holl. Boisd.
Sphinx? La Chenille vit sur la patate. On a trouvé la Sphœria
Rohertii . Hooker, parasite sur cette Chenille, qui ne se ren-
contre que sur les souches du Ratatree {Melrosideros robusta .
Dieff.
1 14. Hepialusvirescens, Doubleday.— Hab. Waitemata, Nouv.-
Zél. Mus Britann. Dr. Dieff. — Ailes antérieures triangulaires,
très-faiblement fa Iciforines , d'un verdâtre pâle, marquées de
nombreuses taches foncées , qui lui donnent une apparence de
damier. Au delà du milieu, est une fascie double, trausverse,
verdâtre extérieurement, pâle intérieurement : le bord externe
et la cote basale sont de cette dernière couleur. Ailes posté-
rieures verdâtres : thorax pâle , verdâtre antérieurement : ab-
domen verdâtre.
115. Leptosoma annulatum^ Boisd. Voy, Astr,, 197. — Uab.
la Nouv,-Zél, D' Sinclair.
U6. Ifeliothis peltigera. Ochs. Nouv.-Zél. Mus. Brit. D"^ Sin-
clair.— Les individus rapportés par le D"^ Sinclair paraissent iden-
tiques avec ceux d'Europe ; cependant ils sont en si mauvais état^
que l'on pourrait peut-être , sur des insectes plus parfaits, signa-
ler quelque petite différence.
117. Plusia eriosoma. Doubîed n. sp. Nouv.-Zél. Mus. Brit.
D' Sinclair. — Exp. alar. : 1 p. 1 0 1. Ailes antérieures d'un pourpre
cendré , tachetées de cuivreux à différeuts endroits, surtout vers
le bord externe. Vers le milieu est une large bande brune, moins
distincte à la cote qu'au bord interne, marginée extérieurement
d'une ligne fauve , ondulée , très-peu distincte, et intérieure-
ment d'une ligne argentée brillante, s'étendant obliquement du
bord interne à la nervure médiane, sur laquelle , et un peu au
ilelà de cette ligne, est une marque argentée en forme de V, sui-
vie dune tache ovale argentée. Vers le sommet, à certains as-
pects , il y a une apparence de ligne brune qui se rapproche ,
.sans y toucher, d'une ligne semblable remontant de l'angle anal.
I Ailes postérieures fauves. Abdomen ayant l'extrémité et les côtés
«u delà du milieu garnis de longs poils fauves.
118. Aspilastes? suhochraria. Doubl. n. sp. Nouv.-Zél. Mus.
Brit. D*^ Sinclair. — Exp. Al. 1 p. 1-21. — Ailes antérieures ocra-
èées; la cote, une ligne très-faible près la base, une large fascie
Iransverse au delà du milieu, et parallèle au bord externe,
196 REVUK zooi-OGioDE. {Mal 1845.)
brunes : l'espace entre cette fascie et le bord teinté de brun-clair,
plus foncé sur le bord lui-même. Disque avec une petite tache
noire arrondie. Ailes postérieures d'un ocre pâle, sans taches.
En dessous , les ailes antérieures du maie ont le disque fauve ,
les bords ocracés, les postérieures sont plus foncées qu'en dessus,
parsemées d'écaillés brunâtres presque réunies en bandes trans-
verses. La femelle est ocracée avec une ligne transverse commune
et une tache distincte. Le mâle a les pectinations de ses antennes
très-courtes. Antennes de la femelle simples.
119. Cidaria rosearia. Doubl. n. sp. Nouv.-Zél. Mus. Brit.
D"^ Sinclair. — Exp. al., 1 p. Ailes antérieures brun pâle, teintées
de rose pourpre , fauves à la base ; cette portion bordée d'une
raie fauve ondulée. Avant le milieu est une bande fauve ondu-
lée, transverse, et une semblable, mais plus large, au delà du
milieu : toutes deux sont moins marquées près les bords de l'aile ,
et paraissent composées de trois lignes accouplées. Au delà se
trouvent quelques taches noires clairsemées , principalement sur
les nervures et le bord externe , et dans quelques individus il y
a une légère nébulosité fauve près du sommet. Disque avec un
petit croissant noir. Ailes postérieures pâles , avec une ligne in-
distincte , transverse , au milieu.
IVO. Cidaria? cinerearia , Doubl. n. sp. Nouv-Zél. Mus.
Brit. D^ Sinclair. — Exp. al., 9 1. Ailes antérieures acuminées,
très-faiblement falciformes , d'un brun cendré pâle , avec de
nombreuses lignes fauves , ordinairement séparées , mais se
réunissant quelquefois pour former des bandes transverses , dont
une , peu distincte , est située près la base, une autre un peu en
avant, et une troisième au delà du milieu; ces deux dernières
étant très distinctes près la côte, mais presque oblitérées vers
le bord interne. Près du bord externe , qui est plus foncé que la
couleur générale de l'aile, est une faible ligne blanchâtre très-
ondulée , et vers le milieu de la côte se trouve une petite tache
blanche. Ailes postérieures d'un blanc cendré, presque brillant,
avec de nombreuses lignes fauves peu distinctes. Antennes du
mâle émettant de leur surface inférieure deuxfortes pectinations
d'inégale longueur , se rapprochant beaucoup à leur origine, et
couvertes d'une délicate pubescence argentée : à la base et au
sommet, ces pectinations sont très-courtes. Palpes assez longs.
Cette intéressante pet te espèce servira sans aucun doutequelquc
ANALYSES DODVRAGLS NOUVEAUX. 1S7
jour à former un nouveau genre , distinct de celui dans lequel
je l'ai provisoirement placée; mais n'ayant qu'un seul sexe, je
n'ai pu essayer de la caractériser génériquement.
121. Acidaria pulchraria , Doubl. n. sp. Nouv.-Zél. Mus.
Brit. D'. Sinclair. — Exp. al. 1 1 ï.
Ailes antérieures allongées, trigones, les postérieures sub-
quadrilatères, toutes d'un blanc verdâtre pâle, marquées au
delà du milieu de cinq lignes transverses, communes, compo
sées de faibles taches lunulées. Les ailes postérieures ont une
faible indication de deux ou trois lignes près la base, et une
petite tache discoïdale, verdâtre.
Catalogue méthodique des LÉprDOPTÈRES d'Europe distribués en
familles, tribus et genres, avec l'exposé des caractères sur les-
quels ces divisions sont fondées , et l'indication des lieux et des
époques où l'on trouve chaque espèce : pour servir de complé-
ment et de rectification à l'Histoire naturelle des Lépidoptères
de France, devenue celle des Lépidoptères d'Europe par les
suppléments qu'on y a ajoutés, par M. P. A. J. Duponchel.
Ce catalogue est conçu de manière qu'il peut être également
utile aux personnes qui ne possèdent pas l'ouvrage auquel il sert
de complément Aussi l'éditeur en a-t-il fait tirer un certain
nombre d'exemplaires à part pour l'usage de ceux qui voudront
avoir un guide pour l'arrangement de leur collection : car c'est
un véritable Gênera pour la confection duquel l'auteur a mis à
contribution tous les ouvrages qui traitent des Lépidoptères d'Eu-
rope, afin de le rendre aussi complet que possible sous le double
rapport du nombre des espèces et de leur synonymie. Quant à
leur classification, elle repose uniquement sur des caractères tirés
de l'insecte parfait, et l'auteur en donne la raison dans son In-
troduction. En résumé ce catalogue renferme au moins 3,G00
espèces , et formera un vol. in-S» de 36 feuilles d'impression, dont
les !24 premières sont déjà tirées.
S'adresser, pour plus amples renseignements , à la librairie de
M. Méquignon fils, rue de l'École-de-Médecine , n» 3.
198 HKVUE zooLOGiQDE. (Mai 1845.)
m. SOCIÉTÉS SAVANTES.
Académie royale des sciences de Paris.
Séance du 5 mai 1845. — M. Pouchet présente un Mémoire
Sur la Structure et les mouvements des Zoospermes du Triton
cristatus. Voici l'extrait que l'auteur a donné de son travail :
« Les observations que j'ai faites sur ces animalcules , dans des
circonstances fort diverses, m'ont conduit à reconnaîtrequ'ilfaut
rectifier ce que l'on a dit relativement au filament en hélice que
l'on a cru apercevoir autour de leur corps.
J'ai vu que ces Zoospermes sont surmontés , en arrière , par
une membrane extrêmement fine , qui est une véritable nageoire
de la hauteur de 0,005 de millimètre.
Cette nageoire offre un bord libre d'une étendue plus consi-
dérable que celui par lequel il adhère au corps ; aussi il en ré-
sulte que ce bord forme des replis très-amples , qui lui donnent
l'apparence de collerettes à fraise que l'on portait au XV» siècle,
mais dont les plis sont beaucoup plus lâches.
</est le bord libre de cette membrane que l'on a pris pour un
filament roulé en hélice autour de l'animalcule.
En observant les replis divers que forme le bord de la nageoire,
j'ai été frappé d'une chose , c'est de la disposition angulaire
qu'affectent ces replis. Tantôt ils représentent des angles droits,
tantôt des angles obtus ou aigus, qui ont toujours leur sommet
au même endroit ; endroit où il semble qu'il existe même , à cet
effet, une modification organique qui le transforme en une sorte
d'articulation.
Les mouvements des Zoospermes des Tritons ont quelque chose
de bien insolite. Ces animalcules passent en quelque sorte ma-
giquement devant l'œil de l'observateur en décrivant des cercles ,
et sans que leur corps opère aucun frétillement.
L'observation attentive m'a prouvé que cette singulière loco-
motion est totalement due à la force motrice de la nageoire. Celle-
ci , par ses ondulations incessantes qui s'engendrent d'avant en
arrière , frappe le fluide et porte le Zoosperme en avant.
Je considère cette nageoire et ses mouvements comme repré-
SOCIÉTÉS SAVANTES. 199
sentant tout à fait ce qui s'observe chez les Rotifères. J'adopte ,
lelativement à ceux-ci, Topinion de M. Dutrochet, qui ne voit
dans leurs mouvements que les ondulations d'une membrane
semblable à une collerette à fraise.
Apres avoir établi qu'il existe une véritable nageoire chez les
Zoospermes des Tritons , je ne crois pas utile de réfuter par d'au-
tres arguments l'opinion de M. Van Beneden qui , d'après des
vues tout à fait théoriques , a dernièrement , dans le sein de l'Aca-
démie de Bruxelles, combattu l'existence de l'Epi thelium chez
les Zoospermes.
M. Milne-Edwards présente un travail de son aide d'entomo-
logie, M. E. Blanchard, ayant pour titre : Sur V organisation
d^un animal nouveau appartenant au sous-embranchement
des Fers ou animaux annelés. En déposant ce mémoire sur le
bureau, le savant entomologiste dit qu'il ne se serait pas permis
d'en entretenir l'Académie , s'il ne se fût agi que de la vulgaire
description d'une espèce ou d'un genre nouveau, et de la déter-
mination de ses affinités ou de la place qu'il doit occuper dans la
méthode naturelle ; mais qu'ayant reconnu dans ce travail, outre
ce mince mérite, celui de renfermer la découverte, autrement
difficile et autrement utile au bien de la science, d'un mode d'or-
ganisation intérieure très-nouveau et tout à fait inconnu des ana-
tomistes , il croyait à propos de signaler ce fait très-remarquable
à l'Académie.
Cet animal, si nouveau zoologiquement et anatomiquement,
se trouve dans le manteau des Myies, genre de Mollusques bival-
ves. C'est un Ver aplati , mou et blanchâtre , ayant une largeur
à peu près égale au quart de sa longueur, qui est de quatre
centimètres. 11 est arrondi en avant, et en arrière il se termine
par une large ventouse , comme chez les Sangsues.
Après cette courte description des formes extérieures de ce
nouvel animal, le jeune élève de M. Milne-Edwards décrit le
canal intestinal de son genre , et il arrive à faire connaître son
système nerveux si exceptionnel , lequel consiste principalement
en deux ganglions cérébroïdes très-écartés, et placés vers la
partie antérieure du corps , et en une double chaîne ganglion-
naire latérale. Chacun des centres nerveux cérébro'ides émet , en
avant et latéralement, des filets nerveux , qui tous aboutissent à
l'enveloppe extérieure, etc., etc.
200 REVCE zooLOGiyoK. {Mai 1845.)
La forme et la structure des organes que je viens de décrire ,
poursuit le jeune et savant entomologiste auteur de ce mémoire
remarquable, ne permettent pas de rapporter ce Ver à aucune
des divisions déjà établies. Il est donc nécessaire d'en former un
genre propre , qu'on pourra peut-être même considérer comme
le type d'une nouvelle famille ; ce genre portera le nom de
Xenistum. La seule espèce connue, c'est le Xenistum Valen-
ciennœi.
Nous ne nous permettrons pas de porter un jugement sur la
nouveauté zoologique et anatomique du genre Xenistum , sur-
tout après l'approbation donnée par M. Milne Edwards au travail
fait sous ses yeux par son digne élève et ami ; nous nous bornons
donc à enregistrer les faits si curieux et si nouveaux signalés par
cet académicien. Qu'il nous soit permis, en terminant, de faire
observer que ce mémoire vient encore révéler les précieuses fa-
cultés que la nature a départies aux adeptes d'une nouvelle école,
en leur permettant de faire , dès leur début, indifféremment et
avec autant de succès , des travaux admirables sur toutes les
branches de la zoologie , de l'anatomie et de la physiologie com-
parées, etc., etc., sans avoir perdu le quart au moins de leur
existence pour étudier, dans les ouvrages de leurs prédécesseurs ,
les détails de ces vastes sciences, dont les esprils les plus émi-
nents avaient eu peine à bien connaître quelques parties seule-
ment, avant l'invention de Vécole physiologique.
Ce beau travail est renvoyé à l'examen de MM, Milne Edwards
etValenciennes.
P. S. Au moment de donner le bon à tirer de ce numéro ,
nous trouvons que le Xenistum Falenciennœi n'est autre chose
que VHirudo grossa de Linné, si bien figurée par Miiller, Zool.
Danica,!, p. 69. pi. 21, f. 1 à 5, et copiée dans l'Encycl. méth.,
pi. 52, f. G à 10. Cette espèce forme le genre Malacobdella
de M. de Blainville, Dict. se. nat., art. Sangsue, vol. XLVH ,
p. 270.
M. Lasseigne présente deux mémoires ayant pour titre .'l'un,
Recherches pour déterminer le mode d''action qu exerce la sa-
live pure sur l'amidon à la température du corps des Animaux
mammifères , et à celle de 75 degrés centigrades; et Vautve,
Recherches sur l'action qu'exerce le tissu pancréatique du
SOCIÉTÉS SAVANTES. 201
Cheval sur Vamidon cm ou- en graine , et l'amidon cuit dans
Veau.
Ces deux mémoires, pleins d'observations consciencieuses et
véritablement savantes, sont renvoyés à l'examen d'une commis-
sion nommée pour les mémoires de MM. Mialhe , Sandras et Bou-
chardat, qui traitent de sujets analogues.
M. Jacquinot présente un Essai sur Vhisloire naturelle de
r homme. Ce travail, dont l'auteur a donné un extrait asse»
étendu dans les comptes rendus de l'Académie des sciences , nous
semble présenter un résumé des connaissances acquises sur ce
sujet et répandues dans divers traités. Les conclusions auxquelles
il arrive sont :
1" Que la couleur de la peau n'est pas un caractère suffisant
pour faire reconnaître et difierencier au premier abord les di-
verses variétés du genre humain ;
2" Que les dénominations de caucasiques , nègres , mongoles ,
ne sont pas synonymes avec celles de race blanche , race noire
et race jaune.
3" Que ces dernières dénominations, ainsi que celles qui repo-
sent en général sur la couleur, sont incomplètes et par consé-
quent vicieuses.
M. Elie de Beaumont communique une lettre de M. Lund,
qui habite le Brésil , et dans laquelle on trouve des observations
intéressantes sur V antiquité de la race américaine et sur les
rapports qu'on peut lui supposer avec les races de V ancien
monde. M. Lund ayant pu trouver des ossements humains dans
six cavernes du Brésil, sur 800 qu'il a explorées, les a soumis à
un examen attentif qui l'a conduit à établir les résultats suivants :
\^ L'existence de l'espèce humaine dans l'Amérique méridio-
nale remonte , non-seulement au-delà de l'époque de la décou-
verte de cette partie du monde , mais très-loin dans les temps
historiques, probablement même , au-delà de celui-ci , jusqu'au
temps géologique, puisque plusieurs espèces d'animaux semblent
avoir disparu des rangs actuels de la création depuis l'apparition
de l'homme dans cet hémisphère ;
2" La race d'hommes qui a vécu dans cette partie du monde ,
dans son antiquité la plus reculée , était , quant à son type géné-
ral, la même qui l'habitait au temps de la découverte par les
Kuropéens.
202 REVDE zooLOGiQUË. {Mai 1845.)
Séance du 19 mai. — M, Flourefi s fa'\t hommage à l'académie
de la T édition de son ouvrage ayant pour titre : De Vlnstinct et
de Vintelligence des animaux. — Résumé des observations de
M. Frédéric Cuvier. 1 vol. in-8* 1845.
La publication d'une nouvelle édition de cet excellent ouvrage,
démontre mieux que tous les éloges combien il a été accueilli avec
faveur dans le monde savant et par les personnes éclairées ac-
coutumées à trouver dans les publications de l'illustre secrétaire
perpétuel de l'académie des sciences, des idées saines , exactes et
présentées avec clarté et élégance.
M. Jacquinot adresse une Note sur les Indiens Joway s. Sui-
vant ce médecin , c'est avec les nouveaux Zélandais que ces In-
diens offrent le plus d'analogie , et c'est à un tel point , dit-il en
terminant, que si quelques hommes de ces deux peuples étaient
rassemblés dans le même lieu , il me semble qu'il serait impos-
sible à l'œil le plus exercé de les distinguer les uns des autres.
M. Serres , à l'occasion de la note précédente , présente quel-
ques observations de la plus haute importance et déduites avec
une grande clarté et une grande puissance de raisonnement. Il
résulte de ces observations que les Indiens Joways, rapprochés
d'une manière si absolue des nouveaux Zélandais, par M. Jacqui-
not et ses compagnons de voyage , n'offrent aucun des caractères
de cette race, et présentent, au contraire, tous ceux des Scandi-
naves, surtout chez les hommes. Quant aux femmes, elles con-
servent quelques traits de la race mongole que M. Serres avait
trouvés chez les Boutocoudos des deux sexes.
M. Guyon donne des détails sur l'apparition de Sauterelles qui
a eu lieu dans divers points de l'Algérie. Il fait remarquer que
personne , jusqu'à présent , n'avait encore signalé l'infection que
les Sauterelles répandent par leurs excréments ; alors que ces
Orthoptères apparaissent en masses considérables, nous ne con-
naissions, dit-il , que celles produites parleurs cadavres.
Société entomologique de France.
Séance du 9 avril 1845. — M. H. Lucas montre à la Société
plusieurs individus du Clotho Durandii Latr. ( Uroctea quin-
quemaculata Léon Dufour ), qui ont été trouvés par M. Gougelet
aux environs de INîmes : il fait observer que c'est la première
SOCIÉTÉS SAVANTES. 205
fois que cette espèce a été rencontrée dans cette partie du midi
de la France, et il donne de nombreux détails géographiques
sur ce Clotho.
— M. E. Desmarest dit quelques mots relativement à un mor-
ceau de bois fossile qui lui a présenté des trous qui ont dû être
faits par des larves d'insectes ; d'après la forme et les disposi-
tions qu'offrent ces trous , il pense qu'ils ont été probablement
perforés par des larves de Longicornes.
Séance du 29 avril 1845. — M. Guérin-Méneville présente
quelques individus vivants de Vllyîesinus crenatus ; cet in-
secte , qui n'avait encore été signalé dans aucune publication
comme se trouvant en France , a été pris dans le parc de Saint-
Cloud par M. E. Robert. UHylesinus crenatus vit, sous ses di-
vers états, dans l'écorce du frêne [Fraxinus excelsior) ^ \\ la
perce de galeries assez irrégulières , et fait languir et même
périr les arbres qui en sont attaqués. M. Guérin-Méneville a
élevé les larves de cet insecte ; il a vu qu'elles ressemblaient
beaucoup, pour la forme et la manière générale de vivre,
aux larves du Scolyte des ormes, mais qu'elles en différaient
totalement par les habitudes ; il est entré à ce sujet dans de
grands détails, et a fait connaître des observations très-intéres-
santes, qui seront imprimées dans le Bulletin des Annales de la
Société.
— Le même membre met sous les yeux de la Société, deux
tronçons de saule qui lui ont été communiqués par M. Blisson ,
du Mans. Ces branches de saule sont défigurées, et comme bour-
souflées par la piqûre de petites larves jaunâtres qui appar-
tiennent probablement à des Chalcidites: ce que l'auteur va
chercher à démontrer en élevant ces larves qui lui ont été
adressées par M. Blisson.
Séance du 14 mai 1845. — La Société procède à la nomination
d'un vice président en remplacement de M. Serville, démission-
naire. M. Guérin-Mèneville ayant réuni la majorité des suffrages,
est proclamé vice-président pour l'année 1845.
— iM. Pierret donne communication d'une lettre qui lui a été
adressés par M. Paris, d'Épernay. M. Boisduval a dit à la Société
(séance du 28 octobre 1845) qu'il lui semblait parfaitement dé-
montré que les Anthocaris Cœlia et Ausonia ne formaient
qu'une seule espèce, dont les différences ne sont dues qu'à l'é-
204 REvuK zooLOGiQUK. {Mal 1845.)
poque de leur éclosion respective ; M. Paris pense que ce fait
n'est pas tout à fait certain. Il est vrai qu'il a toujours rencontré
la Cœlia et YAusonia à des époques différentes, la première au
commencement de mai, et l'autre en juillet; mais il n'a jamais
trouvé la CfiPh'fl qu'en une seule localité, sur un mamelon fort
élevé , situé entre Avenay et Bourg ( canton d'Ay ), toujours au
versant qui regarde le levant, sur un terrain aride, inculte et
planté de sapins, tandis que l'y^t*sowia se rencontre constam-
ment dans les plaines basses , voltigeant au-dessus des champs de
blé. Ces deux habitations bien distinctes , bien tranchées , ne
viendraient-elles pas jeter quelques doutes sur l'identité ac-
cusée par M. Boisduval ?
— M. H. Luca^ montre à la Société trois individus d'une es-
pèce d^Acridium {A. peregrinum. 01.) excessivement répandue
dans le nord dé l'Afrique , et qui lui ont été envoyés de Constan-
tine, par M. de Neveu, capitaine au corps royal d'État-major.
Cette Sauterelle porte les noms arabes d'Fl Djerad et de Djerad
el Arbi; elleestmangée par les Bédouins et Kabyles, et sa chair
n'a pas un goût désagréable ; M. H. Lucas pense que c'est la
même espèce que l'insecte signalé dernièrement par M. le com-
mandant Levaillant , et dont le nombre d'individus était si pro-
digieux, qu'ils formaient un nuage de trois ou quatre myria-
mètres d'étendue. ^Yoir la Revue zoologique, avril 1845, p. 160.)
Ce qui fait supposer à M. H. Lucas que c'est plutôt à VAcridium
peregrinum OUv., qu'à VOEdipoda migratoria Linné, qu'il
faut attribuer ces nuées de Sauterelles, qui ont désolé derniè-
rement l'est de nos possessions d'Afrique, c'est que dans ses
excursions en Algérie, il a toujours remarqué que la première
espèce était beaucoup plus commune que la seconde , et de plus,
qu'il n'a jamais vu VOEdipoda migratoria dans les provisions
que font les Arabes de VAcridium peregrinum.
M. Guérin-Méneville communique les observations qu'il vient
de terminer sur les métamorphoses d'une petite larve que l'on
trouve à la racine des choux , et qui occasionne des tubercules
assez gros au-dessous du collet de cette plante.
Ces racines de choux lui ont été adressées par M. Blisson ,
bibliothécaire du Mans , entomologiste très-instruit. Elles con-
tenaient toutes , dans ces tubercules charnus, des larves blanches,
apodes^ et assez semblables à celles de VApion apricans ., dont
SOCIÉTÉS SAVANTES. 205
M. Guërin-Méneville a donné une figure dans nos Annales et
dans les Mémoires de la Société royale et centrale d'Agriculture.
M. Guérin a planté ces racines de choux dans plusieurs pots à
fleurs; ils les a conservées ainsi jusqu'au mois de mai , en arra-
chant de temps en temps quelques racines pour voir ce que
devenaient les krves. Il s'est assuré ainsi qu'elles sortent des
tubercules dans lesquels elles ont pris tout leur accroissement,
pour s'enfoncer en terre , qu'elles se construisent une petite
coque ronde, dans laquelle elles se métamorphosent en nymphes,
et que l'insecte parfait en sort vers la fin de mai. Cet insecte ,
que plusieurs entomologistes présumaient devoir être un Bari-
dius, est le Ceutorhynchus sulcicollis des auteurs. Il sort de
terre avec la plus grande facilité, monte sur les tiges et sur les
feuilles, et va probablement déposer ses œufs sur les racines des
jeunes choux pour se reproduire de la même manière l'année
suivante.
M. Guérin-Méneville a observé deux Ichneumonides parasites,
de ce Charançon ; ils semblent appartenir tous deux au genre
Calyptus , comme celui qui vit aux dépens de VApion apri-
cans , ce qui lui fait dire, que s'il avait aussi la manie des
grandes généralités appuyées sur un ou deux faits , il pour-
rait établir une loi , en disant que certains grands genres de
Coléoptères ont pour parasites des genres entiers et bien déter-
minés d'Ichneumonides, etc., etc.
Le même membre présente la dépouille d'une nymphe de Ra-
phidie , qu'il a pu observer chez lui , en présence de M. Lucas.
Cette nymphe courait très - rapidement , comme la larve ou
comme une nymphe d'Orthoptère. Il rappelle que des observa-
tions de M. Percheron sont opposées à ce fait , puisque cet ento-
mologiste , contrairement à l'assertion de Linné et de Latreille,
qui disent avoir vu les nymphes de Raphidies agiles , a observé
ces mêmes nymphes dans un état inerte, comme toutes celles
des Névroptères. M. Guérin-Méneville prépare un travail sur ce
sujet intéressant; mais il pourrait bien se faire que les deux
opinions opposées fussent conciliées, en admettant que les
nymphes de Raphidies sont inertes pendant un temps , et actives
ensuite, quand elles approchent de leur dernière métamorphose.
Cette circonstance remarquable fait penser à M. Guérin-Méneville
que les Raphidies tiennent en même temps des Orthoptères, dont
206 REVDE zooLOGiQUK. {Mai 1845.)
les nymphes sont toujours actives, et des névroptères, à Nym-
phes inertes. (E. D.)
IV. MÉLANGES ET NOUVELLES.
Nous avons reçu depuis quelque temps VEssai monogra-
phique sur les Clérites , par M. le marquis Maximilien Spinola.
(iet ouvrage, entièrement terminé , est en tous points digne de
la belle réputation de son auteur , et ne peut tarder à figurer
dans la bibliothèque de tous les entomologistes jaloux de se
tenir au courant des progrès de la science. Si nous avons tardé
à parler de la monographie des Clérites dans cette Revue, c'est
que nous voulions lui consacrer un article analytique complet
et en rapport avec l'importance de l'ouvrage , mais le temps
nous a manqué jusqu'ici pour terminer convenablement ce tra-
vail. En attendant, nous avons cru devoir signaler à nos con-
frères l'entière publication de l'ouvrage de M. Spinola , et dire
que ce savant a tenu exactement et scrupuleusement toutes les
promesses quMl avait faites dans son prospectus , et qu'il est
même allé au delà sous plusieurs rapports.
Nous nous bornerons aujourd'hui à cette courte annonce ,
nous réservant de revenir prochainement sur cet ouvrage re-
marquable, dans lequel toutes espèces de Clérites sont repré-
sentées par des figures très- exactes, très-bien gravées et coloriées,
et décrites avec une précision et une méthode qui ne permettent
pas le moindre doute aux travailleurs.
On peut se procurer le beau volume de M. Spinola en s'a-
dressant à M. Buquet , trésorier de la Société Entomologique de
France , rue Dauphine , n» 35, à Paris.
Errata du numéro précédent,
p. 170, lig. 6. Léger ruban, — lisez : Large ruban.
33. Euphalus , — lisez : Eupalus.
171 1 . Bande bleue en dessous ; les ailes ne diffèrent , —
Lisez : bande bleue. Le dessous des ailes ne
diffère...
Nouveau membre admis dans la Société Cuvierienne.
N" 296. M. Edward Doubleday, Esq. F. L. S., aide naturaliste au
Muséum Britannique.
Présenté par M. Guérin Méneville.
HUITIEME ANNEE. — JUIN 1845
I. TRAVAUX INEDITS.
Description de quelques espèces nouvelles d'Oiseaux,
par M. O. Des Murs.
1» Perruche amazonine. — Psittacus amazoninus. — Rosiro
eburneo; régions circum-orbitaria nudata; capistro, pileo,
lorù, gula et rectricum margine, rubro-cinaberinis : genù
flavo-aurantiis; corpore supra viridi. — Smaragdineo ; abdo-
mine lateribusque et crissa lœle virescentibus ; pectore viridi-
olivaceo ; humeris et aluta rubro-coccineis ; scapularibus m{-
noribus , remigiim secundariis sicut et rectricibus ad apicem
cœruleis , primariis cœruleo nigris ; alis ^ caudœ brevi ferè
œqualibus, et cauda ipsa, cœruleo subtus argenteis; 2« c«3«
primariarum longissimis ; pedibus nigris. — Longit. 200 mill.
Vient de Santa-Fë-de-Bogota.
3° Collin de Perrot. — Ortyx Perrotiana.—Gula alba ; crista-
lella occipitali nigra , brunneo flammata; capite colloque pos-
tico cinereis; antico, alterne albo simul et fulvo transversaliter
tenuissime striato; pectore^ abdomine et lateribus nigro atbo-
que late fasciatis ; harum partium plumis margine quadralis;
dorso alis caudaque cinereo fulve-vermiculatis et brunneo
nigrescente necnon fulvo maculatis rostro, nigro; pedibus
brunneis. — Longit. 195 milK
Nous devons la communication de cet intéressant oiseau à l'o-
bligeance de M. Perrot , l'un des meilleurs préparateurs du Mu-
séum d'histoire naturelle de Paris, à qui nous l'avons dédié et
qui l'a reçu du Mexique.
2° Jacamaralcyonide à oreillons blancs. — Galbalcyrhynchus
leucotis, — Capistro pileoque nigris; auribus albis; alis et
cauda nigro-virescentibus ; reliquo corporis obscure castaneo;
rosiro corneo-albo ; pedibus flavis. — Longit. 190 millim.
Cette espèce de .Tacamar, curieuse par le développement pres-
que monstrueux de son bec, nous a paru devoir former dans cette
famille un nouveau genre auquel nous donnons le nom qui pré -
cède. S'il joignait en effet à ce caractère celui particulier au
Galbula tridactyla (vieille), ce serait assurément le meilleur
type du genre si heureusement formé par Levaillant, sous le
Tom, VIU. Année 1845. 14
208 REVUE ZOOLOGIOCE. [Juifi 1845.)
nom de Jacamaralcyon , conservé depuis par MM. Lesson et G,
B. Gray, et définitivement acquis à la science. Car par son bec et
par sa forme trapue et si exceptionnellement ramassée, il indique
bien mieux que le G. tridactyla par ses pattes, le passage et la
transition des vrais Jacamars (Galbula) aux Martins-Pêcheurs
{Alcyon et Alcedo). C'est ce rapport de similitude qui nous l'a fait
nommer Galbalcyrhynchus, pour le différencier, tout en expri-
mant la même idée , du nom de Jacamar alcyon , de Levaillant.
La caractéristique de ce genre serait la suivante : — Rostrum
multo longius quant caput, paululum incurvatum , altius
quam latum^ cultri forme, compressum, capistrum altitudine
œquans sinon exsuperans , acutum ; ad commissuram vibrissis
rigidis circumdalum; nares semi-opertœ , rotundœ. Cauda in
mortuœ exuviis imper fecta ; tarsi brèves, digiti duo antici, duo
postici, — Vient de Santa-Fé-de-Bogota.
Sur notre Falco Isidori.
Au moment d'envoyer à l'impression les trois descriptions ci-
dessus , nous avons eu communication , par notre obligeant di-
recteur M. Guérin-Méneville , de la note qui suit , sur le Falco
Isidori (Rev. Zool. 1845, p. 175), de M. de la Fresnaye. Nous te-
nons notre honorable et savant collègue pour trop haut placé
dans notre estime , et trop élevé dans la science et la connaissance
des oiseaux, pour ne pas nous empresser de déférer à son désir,
en complétant la courte diagnose spécifique que nous en avons
donnée, et en rectifiant une erreur d'impression. Au lieu de
rostro pedibusque , il faut lire : rostro unguibusque, etc., et
ajouter : pedibus flavis.
Cette caractéristique , ainsi que nous le disions dans la dernière
livraison de la Revue , n'était qu'un extrait de l'article que nous
avons consacré à cette belle espèce de Rapace , dans notre Ico-
nographie ornithologique projetée ; nous allons donc donner le
résumé de ses caractères :
Occiput orné d'un appendice de plumes allongées et faiblement
relevées; ailes venant à la moitié de la longueur de la queue;
rémiges au nombre de douze , ïa première la plus courte , la cin-
quième la plus longue ; tarse emplumé jusqu'au la base et recou-
vert en grande partie par les plumes allongées du tibia ; chaque
doigt recouvert de trois squamelles onguéales servant au jeu et à
TRWAUX INEDITS.
209
la rétractilité des serres ; le surplus des doigts et de la patte gra-
nulé ; ongles longs, très-arqués, (brtenient acérés , tranchants
à leur côté interne, pleins et renflés en dessous; tout l'espace
compris entre le bec et l'œil couvert de poils ; narines ovalaircs ,
obliques, percées dans la cire; bec brusquement recourbé ; man-
dibule supérieure présentant dans le milieu de sa longueur, sur
le tranchant de ses deux bords une ondulation convexe assez
accentuée; queue carrée composée de douze pennes.
millimètres
Dimensions. — Longueur totale du boat du bec à l'ex-
trémité de la queue. 740
— du bec à partir de la cire jusqu'à sa pointe. 40
— de la tête depuis le bec jusqu'à la nuque. 100
— de la plus longue plume occipitale. 100
— du pli de l'aile À son extrémité. 400
— de la queue. 300
— du tibia. 110
— du tarse. 100
— du doigt du milieu jusqu'à l'origine de la serre. 65
— de celle-ci en ligne droite. 25
— id. en ligne courbe. 40
— de la serre du doigt interne en ligne droite. 33
— id. id. en ligne courbe. 49
— de la serre du doigt interne en ligne droite. 1 7
— id. id. en ligne courbe. 30
— de la serre du pouce en ligne droite. 37
— id, id. en ligne courbe. 58
Diamètres des serres, de 6 à 8 millimètres.
Sur le Falco Isidori^ Desmurs ; Revue zool. 1845, p. 175.
Par M. de Lafresnaye.
Dans le numéro précédent de la Revue, M. Desmurs a décrit
deux nouvelles espèces d'aigles, qui d'après quelques caractères
particuliers et nouveaux semblent une vraie conquête pour la
science ornithologique.
Dans la description du premier, le Falco Isidori que M. Des-
murs décrit comme un aigle de forte taille , remarquable par une
huppe tombante comme celle des aigles autours, il ajoute que c'est
210 FiKVUE zooLCGi<^uK. {Juîn 1845)
le premier aigle véritable présentant ce caractère. Il existe cepen-
dant déjà en Amérique une espèce , Vaigle couronné d'Azara,
]!iÊarpyecouronnée\ie\\ot,\e Circaète couronné Cuyier, R. an.
etd'Orbigny, Voy.p. 75, et enfin l'aigle couronné Temm. col. 234,
qui, avec tous les caractères de forme d'un aigle, mais d'un
aigle pécheur ou pygargue, puisqu'il a les tarses non vêtus, offre
aussi cette huppe tombante sur la nuque, particulière aux aigles
autours et aux Harpyes d'Amérique.
Comme ce formidable rapace joint à cette anomalie des tarses
réticulés comme ceux des Circaètes et Balbuzards, il est résulté
de ces divers caractères appartenant à différents genres que les
auteurs l'ont placé tour à tour dans l'un ou l'autre de ces troi»
genres.
Trouvant nous-même qu'il ne figurait convenablement dans
aucun d'eux, réunissant pour ainsi dire les caractères de tous,
puisqu'à la forme d'ailes , de queue et de pattes des aigles-pê-
cheurs, il joignait la huppe occipitale tombante et la coloration
ardoisée des Harpyes , et de plus la réticulation des tarses des
Circaètes ; nous crûmes devoir en former un genre nouveau que
nous publiâmes dans la Revue 1842, p. 173, sous le nom de
Harpyhaliœtus indiquant ses rapports avec les aigles-pêcheurs
et avec les Harpyes.
Nous invitons M. Desmurs, dans l'intérêt de la science, et pour
éviter toute confusion, à vouloir bien indiquer dans le prochain
numéro, si le Falco Isidori a les tarses vêtus et écussonnés
comme les vrais aigles , ou s'il les a nus ou réticulés, parce que
dans ce dernier cas, il ferait partie de notre nouveau genre , ce
qne nous ne supposons pas toutefois, M. Desmurs l'indiquant
comme un véritable aigle , mais à huppe tombante.
Quant à la seconde espèce VHaliœtus vociferoïdes Desmurs ,
il paraît que ce grand rapace offre aussi deux anomalies remar-
quables dans la brièveté de ses ailes et la longueur des tibias.
Nous applaudissons de grand cœur au projet d'une Iconogra-
phie ornithologique faisant suite à celles de Buffon et de Tem-
minck, que M. Desmurs annonce devoir publier prochamement.
il nous semble que , pour que cette publication pût réunir tous
les avantages dont elle est susceptible, il faudrait qu'à celui d'of-
frir un species iconographique général , pouvant dispenser de
l'acquisition ruineuse des iconographies de luxe étrangères, elle
TRAVAUX IINEDITS. 2i I
joignît encore celui d'être à portée de toutes les fortunes, d'après
son format petit in-4" , et ses dessins sans luxe mais corrects.
Description de deux nouvelles espèces de Coquilles, par M. Duval ,
de Rennes.
Paludi^se deMichaud. Paludina Michaudii Duval. — P testa
subtrochiformi , tenui , subepidermide nigro pallide virescente
anfractibus 5-6 rotundato turgidis , subtilissime striatis , suturis
impressis, spira apice papillato-aperturasubcirculari. Rima um-
bilicali angusta-operculo subrotundo , marginato, extus aetate
gibbosulo. Animal paludinae impurae incolœ subsimile. Longueur
7-8 millim.; largeur à la base 4-5 millim. — Hab. Rennes dans
des fossés , près le cimetière.
C'est en 1828 ou 1829 que je découvris cette Paludine dans la
localité que je viens d'indiquer et où je l'ai toujours trouvée de-
puis. Ne connaissant aucune description qui lui convînt, je soup-
çonnai qu'elle était inédite, mais n'ayant pas à ma disposition
tous les auteurs nécessaires pour m'en assurer, j'en communi-
quai , il y a quelques années , plusieurs individus à M. Michaud ,
si versé dans la connaissance des coquilles terrestres et fluviatiles
de France ; il me confirma dans mon opinion , et c'est par ce mo-
tif, ainsi que pour lui témoigner ma reconnaissance des relations
obligeantes que j'eus alors avec lui, que je lui dédiai cette espèce
nouvelle (1). La Paludine de Michaud ressemble beaucoup, pour
la forme générale, au Cyclostome élégant; plus petite que lui,
elle a la bouche encore plus circulaire et il faut regarder de prè-i
pour apercevoir un léger sinus à la partie supérieure. La cavité
spirale est si peu modifiée par le dernier tour, et notre coquille
se rapproche tellement sous ce rapport des Volvées, que j'ai dû
examiner l'animal pour bien constater le genre auquel elle ap-
partient. Je me suis assuré alors qu'il ne diffère de celui de la
Paludine sale que par de légers caractères. Ainsi , celui de notre
coquille moins foncée en coloration a le pied et les tentacules de
couleur blond de corne et presque transparents, la tête étant de
couleur plus foncée , mouchetée de noir et l'extrémité du mufle
d'un jaune rougeâtre. Les filets bronchiaux sont plus visibles et
plus nombreux que dans la Paludine sale , quoique l'animal soit
(1) Cette notice devait être insérée dans la Revue Zoologique en i8'.l. C'est par oub^
qu'elle a élu relardoo jusqu'à co moment. M. Deshayes . à qui des exemplaires de cetto^
|i«ludine ont été adressés en 18Vï, l'a considérée également comme inédile.
212 REVUE zo()i>()c;!oDK. { Juifi 1845.)
bien plus petit; j'en ai compté jusqu'à dix de chaque côté. Se»
mouvements sont aussi plus vifs et souvent il nage à la surface
de l'eau , le pied tourné en haut. L'ouverture de la coquille est
bordée d'un petit filet noir extérieurement , et offre un bourrelet
blanc à sa surface interne dans la partie en contact avec l'oper-
cule. Celui-ci est un peu ovale, sa surface interne présente un
petit rebord saillant large d'un demi-millimètre environ. Ce re-
bord est brunâtre, tandis que le centre déprimé est d'un blanc
bleuâtre. Sa surface externe est convexe et devient légèrement
gibbeuse avec l'âge.
Pleurotôme de Guérin. Pleurotoma Guerinii Duval, — PI.
testa elongata , turrita , fusiformi, luteo-carnea, fusco maculata
et fasciata-anfractibus convexis , superne depressis , subcontabu-
latis, inferne costato-plicatis, sutura subemarginata, cauda lon-
giuscula, subumbilicata. Labro dextro tenui, simpîici , pro-
funde inciso.
Coquille allongée , turriculée , fusiforme ; la spire très-pointue,
un peu plus longue que le dernier tour, en offre onze à douze
autres renflés et presque carénés vers leur partie moyenne. Ce
renflement est formé par la partie la plus saillante des petites
côtes dont les tours sont chargés et répond à l'échancrure du
bord droit dont il présente les accroissements successifs. Au-
dessus de cette espèce de carène les tours sont déprimés de ma-
nière à former une rampe spirale, concave, très-lisse, bordée
supérieurement par la légère saillie de la suture. La queue se
termine par un canal légèrement courbé vers le dos ; les côtes
du dernier tour descendent jusqu'à la partie inférieure où elles
se relèvent et forment un petit bourrelet écailleux autour de la
fente ombilicale. Elles sont coupées par des stries transverses
qu'on ne voit bien que sur la partie inférieure de ce tour. Le
bord droit mince, tranchant , est interrompu au niveau de l'es-
pèce de carène par une échancrure arrondie assez profonde. Le
bord gauche appliqué sur la columèle se relève un peu à la par-
tie inférieure pour recouvrir la fente ombilicale. L'ouverture
large à sa partie moyenne se termine par un canal un peu long
et étroit. Cette coquille est d'un jaune pâle couleur de chair. La
carène offre une teinte plus foncée et çà et là des taches brun-
marron. Une fascie brune existe au-dessous de la moitié infé-
rieure du dernier tour et se trouve séparée de la carène par uud
A?<ALYSES d'oUVRA(,ES NODVhADX 213
bande blanchâtre (I). Longueur 52 niiilim. ; largeur du dernier
tour 1 6 millim. — Habite ?...
II. ANALYSES D'OUVKAGES NOUVEAUX.
Faune méiudionale ou description de tous les animaux vertébrés
vivants et fossiles , sauvages ou domestiques qui se rencon-
trent dans la plus grande partie du midi de la France. 2 vol.
in-8 avec atlas , par 31. J. Crespon.
En annonçant la publication de la Faune de VAuhe, par M. J.
Kay, nous avons dit que les travaux zoologiques qui se publient
dans les départements et qui ont pour but de nous faire con-
naître les espèces animales que l'on y rencontre , quelle que soit
l'étendue de ces travaux , de quelque titre que leurs auteurs les
parent , ne doivent point être négligés. A notre avis , ces travaux,
qu'on les appelle Catalogues, Faunes^ Monographies^ etc., sont
autant d'éléments d'où sortira plus tard une Faune générale :
aussi saisirons-nous toujours l'occasion de les encourager , et
d'inviter les zoologistes de la province à apporter leur part de
matériaux pour l'édification d'une œuvre nationale.
Plusieurs départements, parmi ceux du Nord surtout, ont de-
puis fort longtemps pris l'initiative et fourni pour l'histoire de
quelques classes , leur contingent de faits et d'observations. Les
contrées méridionales , malgré les excellentes publications de
P. Roux, de Dugés et de quelques autres naturalistes , n'avaient
jusqu'ici produit aucun ouvrage qui pût faire soupçonner leur
fécondité et leur richesse en espèces animales. C'est à M. Crespon
que devra revenir l'honneur d'avoir tenté pour le midi de la
France ce que quelques zoologistes ont réalisé pour d'autres
parties du Nord, de nous avoir fait connaître dans deux ouvrages
successifs , son Ornithologie du Gard et sa Faune méridionale^
les Vertébrés qui passent, qui vivent sédentaires ou qu'on trouve
à l'état fossile dans nos départements les plus méridionaux. Nous
ne craignons pas d'avancer que nous ne connaissons point en-
(1) a l'éporine ou je décrivis cette coquille (18iO), elle était très-rare. Un peu plus ré-
^pandtie niainieiianl, j'en ai tu des individus d'une leiule muins claire et plus unifurme .
lais offrant toujours la fascie du dernier tour.
Ûti RKVUK, ZOOLOGigUE. [Juifi 1845.)
rore de travail de ce genre , même parmi les publications qUi
sont étrangères à notre pays , qui offre une liste d'animaux auss'
nombreuse que celle que contient le dernier ouvrage de M. Cres-
pon, et une série d'observations plus intéressantes Cinq cents
espèces environ y sont indiquées. Plusieurs d'entre elles s'y trou-
vent pour la prsmière fois signalées comme existant en France ,
et une quinzaine environ y sont décrites comme nouvelles, non-
seulement pour nous , mais aussi pour le reste de l'Europe.
Dans la classe des Mammifères M. Crespon donne comme iné-
dits sept Vespertilions ( resp. lanatus , pellucens , latipentiis ,
rufescens , palustris , nigrans, incisivus), et deux Campagnols
[Arvic, Lavenerdii , Lebrunii). Nous ne saurions dire si toutes
ces espèces sont réellement nouvelles, ou si la plupart d'entre
elles ne forment pas double emploi, La description un peu suc-
cincte qu'en fait M. Crespon rend difficile un jugement à cet égard.
Quoique la classe des Oiseaux soit, dans la Faune méridionale ,
la plus riche de toutes, puisqu'elle renferme à elle seule 350 es-
pèces , elle ne compte pas , à beaucoup près , autant de nouveau-
tés que celle des Mammifères. Trois oiseaux seulement y sont
décrits comme nouveaux : un merle, un bec-fin et une alouette.
Cependant le premier (Turdus azureus) n'est probablement , et
de l'avis même de M. Crespon , qu'un hybride du Petrocossy-
phus cyaneus et du Pet. saxatilis ; le second [Sylvia tamarixis)
pourrait , ce nous semble, être rapporté à la petite race de Pouil-
lot dont nous avons fait nous-meme , avec doute, une espèce
sous le nom de Syl. angusticauda (1) ; enfin l'alouette de mon-
tagne {Alauda montana) qu'il eût peut-être mieux valu nommer
Al. Cairii , pour ne point employer un nom spécifique qui sert
déjà à désigner le Friquet et même l'Hirondelle de rochers, nous
paraît également devoir être rapportée à la cantarella de Ch. Bo-
naparte.
Mais une acquisition vraiment importante pour l'ornithologie
européenne et en particulier pour l'ornithologie française , est
celle du Vanneau que M. Crespon décrit sous le nom de Vanellus
Fillolotii. Cette espèce , originaire d'Afrique , dont on trouve
une bonne description dans le voyage en Egypte de Sonnini
(t. H , p. 240 et suiv.) et que Vieillot a introduite dans son genre
Pluvier sous le nom de Phivianus chlorocephalus , visiterait
(1) Gai. (le la Faune de l'Aube, p i^9.
ANALYSES O OUVHAGtS NOUVEAUX. 215
accidentellement le midi de la France , puisqu'on individu fe-
melle a été capturé dans le département de l'Hérault.
Enfin les deux autres classes qui font encore partie de la Faune
méridionale, celle des Reptiles et celle des Poissons , sans pré-
senter ce luxe des deux premières classes, fournissent cependant
aussi leur part d'espèces nouvelles. Ainsi parmi les Ophidiens ,
M, Crespon décrit, sous le nom de Coluber elegans^une liès-ioVie
petite couleuvre qui paraît inédite, et parmi les Poissons indique
coiimie nouveaux l'Épinoche à quatre épines {Gasterosteus qua-
drispinosa) et l'Épin. à deux épines {Gasl. nemausensis). Mais
nous devons dire que ces deux espèces ne seront probablement
pas admises par tous les icthyologistes , par ceux-là surtout qui
jusqu'ici considéraient l'Épinoche à quatre épines ( depuis fort
longtemps connue ) comme une simple variété du Gast. acu-
leatus.
Lorsque nous avons rendu compte de la Faune de l'Aube ,
nous avons pu signaler l'heureuse idée que M. J. Ray avait eue
de donner place dans son travail aux espèces qui ont laissé des
traces de leur existence dans le sein de la terre. La même voie a
été suivie par M. Crespon : les fossiles occupent dans la Faune
méridionale leur rang aussi bien que les animaux vivants.
En résumé , cet ouvrage auquel l'auteur a joint un petit traité
de taxidermie , offre de l'intérêt , non- seulement comme cata-
logue zoologique le plus complet que nous ayons en ce genre ,
mais comme collection d'observations et de détails de mœurs des
espèces qu'il renferme.
Il nous reste à dire quelques mots de l'Atlas qui sert en quelque
sorte de complément au texte de la Faune. Il nous semble que
M. Crespon aurait dû , dans cette circonstance , sacrifier toutes les
figures qui reproduisent des sujets trop connus , et mettre tous
ses soins à bien faire représenter les espèces rares et celles qu'il
considérait comme nouvelles. Son atlas , ainsi conçu , se serait, il
est vrai , adressé à un moins grand nombre de personnes , mais
nous osons dire que sa valeur eût été bien autrement importante.
Z.G.
216 RKVDE zooLOGiyuE. [Juin i845.)
m. SOCIÉTÉS SAVANTES.
Académie royale des sciences de Paris.
Séance du "2^ juin 1845. — M. Milne Edwards ,rappoiteary
tant en son nom qu'en celui de M. f^alenciennes^ donne lecture
d'un rapport sur un mémoire de M. E. Blanchard, relatif à
Vorganisation dhm Parasite marin voisin des Sangsues. Voici
un extrait de ce travail :
L'animal dont M. Blanchard a étudié la structure semble , au
premier abord , ne devoir offrir que peu d'intérêt ; c'est une sorte
de Sangsue qui habite la mer, et qui se loge sous le manteau
d'un Mollusque acéphale du genre Mye. Par sa forme générale ,
ce ver ne diffère que peu d'un Parasite décrit, il y a cinquante
ans, par Othon Frederick Muller , et mentionné plus récem-
ment par le savant M. de Blainville , comme type de la pe-
tite division générique des Malacobdelles. Si les caractères ex-
térieurs des animaux traduisaient fidèlement le mode de consti-
tution des parties fondamentales de l'économie, il est donc
probable que les observations de M. E. Blanchard n'auraient
ajouté aucun fait important à l'histoire des Hirudinés; mais,
convaincu de l'insuffisance des résultats fournis par la seule con-
sidération des formes générales, notre jeune naturaliste a voulu
connaître la structure intérieure de son ver, pour la comparer à
celle déjà bien connue des Sangsues ordinaires, et il est arrivé
ainsi à la découverte d'un fait anatomique dont l'intérêt nous
semble considérable.
M. E. Blanchard a constaté que chez cet animal le système
nerveux ne ressemble en rien à celui d'aucune Hirudinée con-
nue ; les centres nerveux se trouvent le long des flancs, à
droite et à gauche du tube digestif; vers l'extrémité antérieure
du corps, on voit, de chaque côté de l'œsophage, un ganglion
arrondi qui peut être considéré comme le i^eprésentant d'une
moitié de la masse médullaire située daiiS la tête des animaux
articulés, et désignée sous le nom de cerveau : une commissure
longue et étroite unit entre eux ces ganglions, en passant au-
de.-sus du canal digestif; mais les cordons qui partent de ces
mêmes ganglions pour se diriger en arrière ne se réunissent pas
au-dessous de ce tube, et ne forment pas un collier autour de
l'œsophage; ils restent éloignés l'un de l'autre jusqu'à l'extré-
SOCIÉTÉS SAVANTES. 217
luité postérieure du corps, et paraissent même ne pas être unis
au moyen de commissures ; enfin ils ne présentent, dans la plus
Jurande partie de leur longueur, que des vestiges de ganglions,
et c'est seulement dans la partie correspondante à la ventouse
an^ile, que ces centres nerveux se montrent de nouveau d'une
manière bien distincte.
Tel est le principal résultat obtenu par M. E. Blanchard; il
a fait connaître aussi la disposition de l'appareil digestif, et a
signalé quelques particularités relatives aux organes de la géné-
ration; enfin , il a examiné les rapports naturels de son ver avec
les autres annellés, et il propose de le considérer comme type
d'un genre nouveau auquel il a donné le nom de Xenistum. Si
V Jlirudo grossa de Mul 1er ressemble aux autres Hirudinés par sa
structure aussi bien que par sa forme , cette division zoologique
devra être adoptée; mais s'il en était autrement, il faudrait ap-
pliquer au parasite étudié par M. E. Blanchard le nom générique
de Malacobdella , déjà employé par M. de Blainville pour dési-
gner la Sangsue des Myes; peut-être même trouvera-t-on que
le Xenistum Valenciennœi et VHirudo grossa ne devront pas
être séparés spécifiquement. Dans une note additionnelle à son
mémoire, M. E. Blanchard discute ce point et signale les diffé-
rences qui existent entre le Xenistum et ce dernier annélide, tel
que Muller le décrit et le figure ; mais dans l'état actuel de nos
connaissances relatives à l'organisation des Malacobdelles, cette
question peut laisser quelque incertitude. Vos commissaires ont'
l'un et l'autre vérifié les faits anatomiques signalés par l'auteur ;
ils en ont reconnu l'exactitude , et par conséquent ils ont l'hon-
neur de proposer à l'Académie d'approuver les recherches de
M. E. Blanchard, et d'engager ce jeune naturaliste à profiter de
la première occasion pour compléter son travail par de nou-
velles observations sur l'appareil de la circulation et sur la gé-
nération du ver dant il nous a fait connaître le système ner-
veux — Les conclusions de ce rapport sont adoptées par
l'Académie.
— M. Lassaigne présente un mémoire ayant pour titre : Nou-
velle observation sur Inaction que la salive exerce sur les gra-
nules de fécule , à la température du corps des animaux Mam-
mifères , et sur Vétat dans lequel se trouve Tamidon dans les
graines céréales après leur mastication.
218 REVUE ZOOLOGl(,DË. {Juifi 1845.)
Ce travail , dans lequel est traitée avec le talent que l'on con-
naît à M. Lassaigne, l'une des questions les plus importantes et les
plus difficiles de la physiologie animale, est renvoyé à l'examen
d'une commission précédemment chargée de faire un rapport
sur deux mémoires du même auteur (Revue 1845, p, 201).
— M. Sardaillon soumet au jugement de l'Académie une suite
de pièces d'anatomie artificielle, destinées spécialement à l'é-
tude des phénomènes de la gestation et de l'accouchement , et
représentant toute la série des changements qu'éprouve l'utérus
depuis l'époque de la conception jusqu'au moment de la sortie
du fœtus. — Commissaires, MiVI. Serres , Roux et Velpeau.
— M. fFohler, dans une lettre adressée à M. Dumas , signale
l'existence d'un nouvel acide organique, qu'il a trouvé dans un
Bézoard oriental. L'auteur regarde cet acide, qu'il nomme acide
bézoardique , comme un produit de la bile des animaux des-
quels proviennent les Bezoards, ou bien comme un produit im-
médiat de la nourriture de ces animaux.
Séance du 9 juin 1845 — M. Falenciennes lit un mémoire
sur V organisation des Lucines et des Corbeilles. L'espace ne
nous permettant pas de donner un extrait détaillé de ce travail ,
nous nous bornerons à en transcrire ici les conclusions formu-
lées par l'auteur. Il résulte des faits rapportés dans cette notice ,
que :
1" Une famille entière de Mollusques acéphales n'a qu'une
seule lame branchiale de chaque côté du corps ;
2* Cette famille comprend les genres Lucine et Corbeille;
3" Le pied des animaux des Corbeilles est très-peu étendu,
comprimé et non perforé ;
4" Le pied des Lucines est en même temps un tube musculaire
creusé dans toute son étendue, et communiquant avec l'intérieur
du corps ;
50 Pa,. l'ouverture du pied des Lucines, il y a une communi-
cation entre le système sanguin et l'eau dans laquelle vivent ces
Mollusques, par l'intermédiaire des lacunes dans lesquelles
s ouvrent l'un et l'autre système.
M. Duvernoy fait observer que le fait extrêmement intéres-
sant, sujet du mémoire de M. Valenciennes , a été découvert au
mois de juillet 1844, dans son cabinet, sur la Lucina tigerina,
grande espèce provenant de la mer des Antilles. Il n'en a parlé
SOCIÉTÉS SAVANTK3. 219
qu'en passant, dans la monographie sur le système nerveux de
ce genre, qui fait partie des vingt monographies qu'il a com-
mises au jugement de l'Acadëmie et de la section de Zoologie en
particulier, le 1?3 novembre dernier. Il se proposait de revenir
sur ce fait, d'en faire saisir toute l'importance et de voir s'il n'exis-
terait pas d'autres bivalves avec les mêmes caractères excep-
tionnels dans leurs branchées et dans leurs palpes labiaux.
M. Falenciennes répond que son intention n'est nullement
de contester la véracité de ce que vient de dire M. Duvernoy;
mais le mémoire de cet habile zoologiste étant resté inédit, au-
cun extrait de cette partie de son travail n'ayant été publié, les
membres de la section de zoologie déclarant n'avoir pas pris con-
naissance du mémoire de M. Duvernoy , M. Valenciennes croit
que la priorité lui appartient; de plus il a étendu l'observation
à une famille entière de Mollusques acéphales.
Séance du 16 juin 1845.— M. Milne Edwards lit une notice
intitulée : Considérations sur le mode de distribution des
fluides nourriciers dans Véconomie animale.
Pour montrer que l'existence d'un système circulatoire, com-
posé en partie de vaisseaux et en partie de lacunes , n'est ni une
anomalie ni un fait isolé dans l'histoire physiologique des ani-
maux, l'auteur a repris l'étude comparative des différentes voies ,
par lesquelles les sucs nourriciers parviennent jusque dans la
substance de tous les tissus vivants chez les divers animaux, et
il a examiné la manière dont les vaisseaux sanguins se consti-
tuent lors de leur développement, soit normal, soit patholo-
gique, chez les vertébrés. Les résultats auxquels M. Milne
Edwards est arrivé ainsi lui paraissent s'enchaîner de la manière
la plus évidente , et font voir, suivant lui , que le mode d'orga-
nisation, dont les Mollusques offrent un exemple, n'est que l'un
des degrés de la série de modifications par lesquelles la division
du travail physiologique s'établit de plus en plus complètement
dans l'ensemble des systèmes cavitaireschez les animaux dont la
structure se perfectionne.
— On lit une lettre de M. BoussingauU ^ contenant quelques
détails sur la formation de la graisse chez les animaux. Les
recherches de Tauteur lui font établir :
i° Que les porcs âgés de huit mois , après avoir été élevés au
220 REVUK ZOOLOGIIJUE. {Juifi i845.)
régime de la porcherie , contiennent beaucoup plus de graisse
qu'ils n'en ont reçu avec les aliments;
2" Que des porcs nourris pendant six mois avec des pommes
de terre ne produisent pas plus de graisse que n'en renferment
les tubercules ;
3° Que dans l'engraissement des porcs ( l'auteur a opéré sur
neuf individus) il y a beaucoup plus de graisse assimilée qu'il
ne s'en trouve dans la ration ;
4" Que les aliments qui , administrés seuls , n'ont pas la faculté
de développer de matières grasses, acquièrent cette faculté d'une
manière étonnante aussitôt qu'on y joint de la graisse , bien que
la graisse donnée seule produise l'inanition ;
5" Que les rations engraissantes qui ne contiennent qu'une
quantité minime de graisse sont toujours riches en principes
azotés.
M. Milne Edwards fait remarquer l'accord qui existe entre
les faits nouveaux constatés par M. Roussingault et les résultats
fournis par les expériences sur la production de la cire chez les
abeilles qu'il a faites en 1843, de concert avec M. Dumas.
M Payen présente également quelques considérations sur le
même sujet.
— M. Long et présente un nouveau et important travail physio-
logique ayant pour titre : Nouvelles expériences relatives à la
soustraction du liquide céphalo-rachidien^ et à Vinjluencedes
muscles cervicaux postérieurs et du ligament sur-épineux sur
la locomotion. Il résulte de ce travail :
1° Qu'on a accordé à tort au liquide céphalo-rachidien une
influence des plus importantes sur l'exercice des fonctions loco-
motrices , et que cette influence paraît nulle ;
2" Que la section des muscles cervicaux-postérieurs et des liga-
ments sur-épineux produit la démarche incertaine de l'ivresse;
3<^ Que jusqu'ici les expérimentateurs ont rapporté à la sous-
traction du liquide céphalo-rachidien des effets qui dépendent
d'une tout autre cause , la simple division des parties molles de
la nuque.
Séance du 2'djuin 1845, — M. Deshayes adresse une lettre
contenant des remarques sur ^organisation des Lucines.
Dans ce travail, l'auteur fait observer que M. Valenciennes
a annoncé comme nouveau un fait intéressant sur l'organisation
SOCIÉTÉS SAVANTES'. 221
des deux genres de mollusques lamellibranches, les Lucines et
les Corbeilles. Par une exception singulière, au lieu de quatre
feuillets branchiaux qui existent dans tons les autres mollusques
acéphales, il n'y en a que deux dans les animaux des genres en
question ; c'est là le fait rapporté comme nouveau par M. Valen-
ciennes. M. Deshayes revendique en faveur de Poli la priorité en
ce qui concerne le genre Lucine. En effet, dès 1 791 , le savant
napolitain, dans le tome I de son grand ouvrage des Mollus-
ques des Deux-Siciles, décrivait et figurait une véritable Lucine,
( Lucina lactea, Lam., Tellina lactea Lin. ), sous le nom de
Loripes. A la page 4 7 de la description des Bivalves, Poli, dans
les caractères de l'espèce, signale celui des branchies en disant :
Branchiis unilobis. Dans la description anatomique qui suit il
dit encore : Branchiœ subtetragonœ, amplissimœ salis crassœ,
unilobœ. Ce mot unilobœ , employé par Poli , est mis en opposi-
tion avec celui de bilobœ qu'il applique à ceux des Mollusques
qui ont deux feuillets branchiaux de chaque côté.
M. Falenciennes répond qu'il connaissait , comme M. Des-
hayes , le passage de Poli , mais il croit que le célèbre anatomiste
napolitain n'a pas mis en évidence, comme il l'a fait lui-même,
l'existence d'une seule et unique branchie de chaque côté du
corps, dans un certain nombre d'acéphales lamellibranches. Il
reviendra, peut-être, sur ce sujet, quand il aura lu de nouveau
et avec moins de rapidité , la lettre de M. Deshayes.
Séance du ?>(i juin 1845. — M. le colonel Bory de Saint-Fin-
cent lit un mémoire : sur V Anthropologie de V Afrique fran-
çaise.
Le savant académicien donne de nombreux détails sur la po-
pulation de nos provinces algériennes , et il y trouve trois types
bien distincts auxquels il donne les noms 6!' Atlantique ^Adamique
et Ethiopien, Nous regrettons que l'espace ne nous permette
pas de donner une analyse détaillée de ce travail qui sera
publié dans l'ouvrage de la commission scientifique de l'Al-
gérie.
— Il est donné lecture d'un rapport adressé à M. le ministre de
l'instruction publique , par M. Constant Prévost, relativement
aux gisements d'animaux fossiles découverts dans le bassin de
la Garonne. M. Constant Prévost s'est principalement occupé du
222 REVUE ZOOLOG'QDR. {Juîii 1845.)
gisement de Sansan , près d'Auch ; et voici à ce sujet un extrait
de son rapport.
Quelque prévenu que je fusse en arrivant à Auch , par les mé-
moires publiés par M. Lartet et par les précieux envois dont il
a enrichi les collections du Muséum , j'ai éprouvé , en voyant la
collection immense réunie par ce savant, aussi modeste que peu
apprécié , un étonnement et une émotion que je ne saurais
exprimer; je comprends à peine la réunion de savoir, de zèle ,
de tact, de dévouement désintéressé qui a été nécessaire pour
vaincre les difficultés de recherches , d'extraction , de rétablis-
sement de tant d'espèces dans un si petit espace. A mes yeux, les
découvertes faites à Sansan peuvent être considérées comme une
merveille géologique ; le hasard avait bien , depuis des siècles ,
fait trouver quelques os dans le bassin du Gers , mais il fallait un
certain génie et une persévérance sans exemple pour obtenir les
résultats que la science doit à M. Lartet. D'après le catalogue
dressé par MM. Lartet et Laurillard , le nombre des espèces re-
connues à Sansan s'élève à plus de quatre-vingts.
D'après l'état de conservation des squelettes, leur entassement,
la réunion de mammifères terrestres hervivores ou carnassiers et
d'oiseaux , avec des tortues , des poissons , des mollusques exclu-
sivement d'eau douce, on peut présumer que les animaux réunis
à Sansan ont été entraînés , à l'état de cadavres flottants , par
des courants fluviatiles marchand du sud au nord , dans une in-
fractuosité profonde d'un sol submergé par des eaux douces flu-
viales ou lacustres ; là des sources minérales déposaient des ma-
tières calcaires qui ont conservé et enveloppé les os ; les assises
ossifères, qui ont parfois six ou huit mètres d'épaisseur, sont elles-
mêmes recouvertes par plus de huit mètres de bancs de sable
et de grès. Mais cet ancien fond de lac n'est plus aujourd'hui
qu'un lambeau de l'ancien sol découpé et raviné postérieurement,
et il forme le sommet d'une montagne conique , comparable à
celles de Montmartre et du mont Valérien, qui sont également
des terrains de l'ancien sol parisien raviné. C'est à mi-côte de la
montagne de Sansan et à son pourtour , qu'il a été seulement
possible d'entamer et d'exploiter les bancs à ossements; car,
lorsque l'on veut poursuivre les recherches vers le centre de la
montagne , on est arrêté par l'éboulement de huit mètres de
bancs de sable et de grès supérieurs.
SOCIÉTÉS SAVANTF.S. 223
Pour ne pas perdre le IVuil d'une aussi belle découverte et ne
pas faire de fausses dépenses , il faudrait exploiter maintenant ,
moins en çrrand et rapidement , que d'une manière suivie et as-
surée pour l'avenir. Pour cela il faudrait, avant tout, être pro-
priétaire de la colline jusqu'à son pied ; on enlèverait successi-
vement les sables supérieurs, pour les jeter au pourtour , et Ton
exploiterait les bancs jusqu'au centre de la montagne , et cela
pendant un temps qui serait plus ou moins long , suivant la dé-
pense annuelle que Ton consacrerait à cette œuvre qui pourrait
toujours être interrompue et reprise sans inconvénients. Quelque
inappréciable pour la science et l'honneur du pays que puissent
être les résultats à obtenir de cette entreprise, celle-ci est au-
dessus de la force et de la prudence d'un particulier. Déjà des
sociétés industrielles o-nt fait quelques tentatives pour s'emparer
de l'exploitation dans un but commercial ; les démarches ont jus-
qu'à ce moment échoué auprès des propriétaires , devant le cré-
dit et la considération dont M. Lartet est en possession dans le
pays; mais M. Lartet n'a affermé le terrain que pour un temps
limité , et aux conditions déjà très-onéreuses de remettre suc-
cessivement le sol en culture après les fouilles ; quelques Anglais
ont excité , par leurs offres , les prétentions de plusieurs proprié-
taires. Ne serait-il pas désolant , non-seulement pour les géolo-
gues et naturalistes , mais pour les habitants , de voir les raretés
de Sansan passer dans les musées britanniques , qui déjà pos-
sèdent tant de belles et uniques reliques enlevées à tous les pays,
et même à la France !
— M. Bouchardat adresse une note sur les effets physiolo-
giques de la vapeur d'essence de tkérébenlin^.
— La section de médecine et de chirurgie présente , par l'or-
gane de M. Magendie , son doyen , la liste suivante de candidats
pour la place vacante dans son sein par suite du décès de
M. Breschet : l» M. Lallemand ; 2° M Gerdy; 3° M. Jobert de
Lamballe: 4^ MM. Bérard et Blandin (ex œquo); et 5" MM.
Amusssat et Bourgexy (ex aequo ). — L'élection aura lieu dans
J.a prochaine séance. E. D.
TomeVîll, Année 1845. la
2^24 REVL'E zooLOGiQUE. {Juift 1845. )
SOCIÉTÉ PHILOMATIQUE DE PARIS (1).
Séance du 5 avril 1845. — Ichthyologiè. —M. Ch. Robin lit
la note suivante sur un appareil particulier de vaisseaux lym-
phatiques chez les Poissons.
a Les recherches qui font le sujet de ce travail ont été faites
sur la grande Roussette Squalus canicula, L. ). Elles ont dé-
montré , chez cet animal , l'existence d'un appareil lymphatique
des plus compliqués , tant par l'abondance des réseaux capil-
laires d'origine que par les troncs destinés à en recueillir le con-
tenu et à le verser dans le système veineux. Ces troncs princi-
paux sont au nombre de cinq , situés sur les parties antérieures
et latérales du corps. Deux de ces vaisseaux sont situés de cha-
que côté du corps et suivent le trajet de la ligne latérale depuis
la queue jusqu'au niveau des nageoires pectorales. Ils ne sont,
dans tout leur trajet, séparés de la peau que par l'aponévrose
commune d'enveloppe et situés dans l'intervalle du muscle sa-
cro-lombaire et des muscles abdominaux. Ils s'abouchent en
avant dans la partie externe , postérieure et un peu supérieure
du sinus de la veine cave, et, pour y arriver, s'enfoncent au-
dessous de l'arc scapulaire. En arrière, au niveau de la nageoire
caudale intérieure , ils se jettent chacun de leur côté dans un
sinus. Ce sinus s'abouche par son extrémité antérieure dans la
veine caudale ; il présente de deux à quatre replis valvulaires
qui empêchent le reflux du sang de la veine dans son intérieur.
Ces vaisseaux reçoivent les troncs qui viennent des parties laté-
rales, supérieure et inférieure de la queue, des nageoires dor-
sales et anale , et au tronc seulement les réseaux des parties laté-
rales et supérieures de cette partie du corps , ainsi que ceux des
nageoires ventrales. Ces deux vaisseaux latéraux ont , ainsi
qu'une partie de leurs réseaux , été décrits chez quelques Pois-
sons d'eau douce par le professeur Hyrtl , de Prague , et par
M. Vogt sous le nom de vaisseau latéral. Les trois vaisseaux sui-
vants sont restés jusqu'à présent totalement inconnus.
tt L'un est situé sur la ligne médiane de l'abdomen ( tronc
médian abdominal ). Il est sous-aponévrotique , situé dans l'in-
terstice médian des muscles de cette région. Il se jette en avant
(1) Le résumé des séances da 5 avril et du 31 mai 184S, de la Société Philomathique ^
a été extrait textuellement des n"^ S90 et 600 du Journal V Institut.
SOCIÉTÉS SAVANTES. 225
dans la partie inférieure et externe du sinus de la veine cave,
par deux branches. Pour cela il se bifurque à l'angle rentrant ,
ouvert en arrière , que forment les deux nageoires pectorales sur
la ligne médiane. Chacune de ces branches contourne la face
Interne de l'arc scapulaire, logée dans l'épaisseur du diaphragme
fibreux qui sépare le péricarde de l'abdomen, et se jette dans le
canal fibreux qui fait communiquer le sinus des veines caves avec
roreillette. Près de leur embouchure, ces branches présentent
deux à trois replis valvulaires; chacune d'elles est bien plus
large que le vaisseau médian lui-même, parce qu'elle reçoit un
gros tronc qui vient du réseau de la face supérieure de la na-
geoire pectorale, un autre tronc qui vient de la face inférieure
de la tête, et l'un des deux vaisseaux que je décrirai plus. loin.
Bans son trajet à l'abdomen, le vaisseau médian reçoit les ré-
seaux sous-cutanés de. cette région. Son extrémité postérieure
envoie de chaque côté une branche transversale qui se sépare de
lui à angle droit , contourne les faces latérales du corps et se
jette dans le vaisseau latéral. Une autre branche, également
sous-aponévrotique, continue le trajet du vaisseau sur la ligne
médiane du bassin et s'anastomose autour des lèvres du cloaque
avec de grosses branches venues des deux vaisseaux dont je vais
parler bientôt. Cette branche médiane reçoit le réseau sous-cu-
tané de la face antérieure du bassin et des nageoires ventrales,
chez les mâles, cette branche et le réseau qu'elle reçoit sont
recouverts par les appendices génitaux externes dont elle reçoit
les vaisseaux, qui sont en grand nombre, flexuéux et volumi-
neux.
« Les deux derniers vaisseaux dont il me reste à parler sont
situés de chaque côté de la cavité abdominale , entre le péritoine
et les muscles ( vaisseaux sous-péritonéaux). Ils mesurent,
sans décrire de flexuosité, la distance qui sépare Tare scapulaire
de l'arc pelvien. J'ai déjà dit que leurs extrémités antérieures se
jettent dans la bifurcation correspondante du vaisseau médian,
à la face interne de l'arc scapulaire, un peu avant leur arrivée
dans le sinus de la veine cave. Quant à leurs extrémités posté-
rieures, elles s'inosculent à plein canal , à la face antérieure de
l'arc pelvien , en formant ainsi une anse à concavité antérieure,
qui, avec le reste du vaisseau, embrasse tout Tabdomen. De la
partie postérieure de cette anse part de chaque côté un gros
226 REvcE zooLOGiOTJE. { Juiîi 1845.)
vaisseau, situé sous la muqueuse du cloaque, qui va contourner
la partie postérieure de la nageoire ventrale correspondante et
se jeter dans le vaisseau latéral décrit en premier lieu. Deux
autres vaisseaux partent également de cette anse pour aller en
arrière s^'anastomoser autour du cloaque avec la branche mé-
diane postérieure du tronc médian abdominal. Ainsi les troi»
ordres de vaisseaux latéranx , médian et sous-péritonéaux , s'a-
nastomosent largement, médiatement ou immédiatement autour
du bassin. Les vaisseaux sous-péritonéaux sont spécialement des-
tinés à recevoir un réseau vasculaire encore plus beau et à maille»
plus serrées que celui qui est sous la peau. Ce réseau est situé
entre le péritoire et les muscles. Ils reçoivent aussi un réseau
sous-péritonéal et un réseau sous-muqueux à mailles allongées et
très-nombreuses qui recouvrent les faces externes et internes de
lintestin et des oviductes.
9 Les troncs vasculaires dont je viens de parler sont tous situé»
au bord d'insertion de l'aponévrose de séparation des muscles
correspondants, laquelle se comporte à l'égard de leur mem-
brane interne comme la dure-mère à l'égard de la membrane
interne des veines du crâne. Quant aux vaisseaux qui se rendent
à ces troncs , ils sont creusés entre l'aponévrose d'enveloppe et le
derme, qui leur fournissent chacun un demi-canal. Tous sont
tapissés par une membrane interne, mince et lisse comme celle
des troncs où ils se rendent. Ils forment ainsi des conduits bien
délimités depuis les plus gros jusqu'aux plus fins. Ils s'enfoncent
dans l'aponévrose à un millimètre de distance des troncs et s'a-
bouchent à leur intérieur. Les plus gros rameaux ne dépassent
pas deux millimètres de diamètre ; il est nécessaire d'employer la
loupe pour voir les plus petits qui sont injectés, quand l'injec-
tion a été heureuse.
» Les troncs principaux ont de 2 à 3 millimètres ; leur dia-
mètre est presque uniforme dans toute leur longueur, excepté
les deux latéraux qui n'ont qu'un millimètre à leur partie pos-
térieure.
» Il serait difficile de ne pa» regarder ces vaisseaux comme
des lymphatiques : 1° parce que Hyrtl a trouvé que leur contenu
chez les Poissons d'eau douce était un liquide séreux, clair
comme de l'eau, qui montrait au microscope des corpuscules
■de 2 millièmes de ligne de diamètre, finement granuleux, san»
SOCIÉTÉS SAVANTES. 2SS7
noyaux à l'intérieur ; 2«* parce que ce liquide peut pénétrer dans
les veines ; mais le sang ne peut refluer dans les troncs , lesquels
possèdent des valvules à leur embouchure dans les vaisseaux
sanguins; 3° parce que les réseaux sous-cutanés et surtout les
réseaux sous-péritonéaux et sous-muqueux ont la plus grande
analogie avec ceux que l'on injecte au mercure chez l'Homme
et les autres Mammifères. 4* La distribution constante de ces
vaisseaux sous les membranes cutanées, muqueuses et séreuses,
et jamais dans l'épaisseur des organes, me paraît un puissant
argument en faveur de l'opinion que je soutiens , qui du reste a
déjà été avancée par Hyrtl.
» II existe en outre chez les Squales un canal latéral, avec
des ouvertures à la surface de la peau. Ce canal est situé sur la
ligne latérale, un peu au-dessus du vaisseau latéral , il se pro-
longe à la face supérieure de la tète et se termine près du som-
met du rostre. Là il se continue avec une autre partie du même
système qui se trouve à la face inférieure de la tète; en outre,
une branche se détache du canal principal , passe au-dessous de
l'œil pour gagner la portion du système située sur les côtés de la
bouche. Son extrémité postérieure se termine à un centimètre
du bout de la queue. H présente de distance en distance de pe-
tits conduits latéraux, longs de 1 millimètre , qui s'ouvrent à la
surface de la peau par des orifices imperceptibles , mais on s'as-
sure de leur existence en poussant un liquide coloré à son inté-
rieur avec une très-fine canule ( car il n'a qu'un 1/2 millimètre
de diamètre) ; alors on voit le liquide s'échapper par autant de
petits jets d'eau qu'il y a de trous. Ce canal et ces trous sont les
analogues du canal décrit par M. de Blainville chez le Congre
sous le nom de système lacunaire ; les orifices de ce canal sont
probablement les analogues des trous que l'on voit sur les écailles
de la ligne latérale de beaucoup de Poissons. Cet appareil est
bien distinct des tubes gélatineux des Squales et des Raies; la
portion située à la face inférieure du rostre est analogue aux tubes
contournés de la face inférieure du thorax et du rostre des Raies.
11 ne faut pas confondre le canal latéral dont je parie avec le
vaisseau latéral dont j'ai parlé plus haut. Le canal latéral , en
effet, est situé un peu plus haut , il est dans l'épaisseur du derme
et non pas sous l'aponévrose d'enveloppe ; il présente des ori-
fices à la surface de la peau, et je me suis assuré plusieurs fuis»
228 RKVUE zooLOGiguË. {Juin 18i5.)
qu'il ne communique en aucun point avec le vaisseau latéral
qui est situé au-dessous de lui. Ces deux organes n'ont de com-
mun que leur situation sur la ligne latérale du corps.
» Le court exposé précédent n'est qu'un abrégé d'un mé-
moire accompagné de figures qui sera publié prochainement.
J\'ii décrit aussi cet appareil de vaisseaux lymphatiques dans
la Raie bouclée^ ainsi que le canal latéral avec ses orifices cu-
tanés. Ils présentent les uns et les autres quelques différences
d'un ordre secondaire avec ceux que je viens de décrire chez
les Squales.
Séance du 31 mai 1845. — Ichthyologie. — M. Ch.'IlobinVitune
deuxième note sur l'appareil particulier de vaisseaux lympha-
tiques des Poissons, décrit sous le nom de système du vaisseau
latéral.
Cette note se rapporte aux lymphatiques des poissons du
genre Raia^ L. La première note traite des lympathiques du
genre Squalus , L. Cet appareil de lymphatiques dans les Raies
comme chez les Squales se compose de trois troncs principaux
dont deux sont doubles et d'un sinus ; ce sont :
l» De chaque coté un vaisseau latéral qui s'abouche en ar-
rière dans le sinus caudal ;
2® Un vaisseau situé sur la ligne médiane antérieure de l'ab-
domen ( tronc médian abdominal).
3° Un autre tronc situé sous le péritoine; il y en a un de chaque
côté de la cavité abdominale {troncs sous-péritonéaux).
1° Le vaisseau latéral suit de chaque côté du corps la ligne
latérale; seulement sur la Raie il n'est latéral qu'à la queue_, sur
la partie du corps de cet animal qui conserve à peu près la forme
des autres Poissons ; mais , au tronc , il occupe la face dorsale
de l'abdomen , situé à trois centimètres en dehors de la ligne
médiane. En avant, il se jette dans le sinus des veines caves en
s'enfonçant sous le bord inférieur de l'arc scapulaire auquel il
adhère ; en arrière, il aboutit au sinus caudal. Il a aussi chez la
Raie les mêmes rapports avec l'aponévrose qui sépare les mus-
cles sacro -lombaires des muscles analogues aux abdominaux des
Squales , en se rendant du corps des vertèbres à l'aponévrose
générale d'enveloppe du corps , au-dessus de laquelle il est situé ;
les réseaux qu'il reçoit rampent au contraire entre le derme et
SOCIÉTÉS SAVANTES. 229
l'aponévrose. Comme chez les Squales , les vaisseaux secondaires
sous-cutanés percent l'aponévrose générale d'enveloppe pour
arriver jusqu'à lui; il a la même structure que dans le genre
de Poissons dont on vient de parler ; il en est de même des autres
troncs et des rameaux dont il sera bientôt question.
Le canal muqueux ou canal latéral creusé dans l'épaisseur
du derme des Squales existe aussi chez la Raie, avec les mêmes
orifices à la surface de la peau, éloignés l'un de l'autre de 15 à
20 millimètres, avec la même communication transversale au
niveau des évents, et à peu près la même disposition à la face
dorsale de la tête, et la même terminaison à 1 ou 2 centimètres
du bout de la nageoire caudale. M. Robin insiste particulière-
ment sur ce canal muqueux , creusé dans l'épaisseur du derme
qui est un peu plus épais à son niveau et présente quelques dif-
férences de structure , et non pas sous l'aponévrose comme le
vaisseau latéral, avec lequel il n'a aucune communication. Il
insiste sur ses orifices à la surface de la peau, sur sa disposition
à la tête; car, quoiqu'il soit l'analogue de la rangée des écailles
perforées, sur la ligne latérale des Poissons osseux, il n'a pas
été décrit, et il est bien différent des tubes gélatineux des Séla-
ciens , bien différent aussi de ce tube plein de mucus et singuliè-
rement contourné, qui a été décrit et figuré par Monro, décrit
de nouveau par M. de Blainville à la face ventrale des Raies de
chaque côté de la bouche , du thorax , ainsi que de la face dor-
sale de la tête. Ce savant l'a aussi décrit en quelques mots chez
les Squales, où il est bien moins compliqué. Cependant le ca-
nal muqueux . quoique bien différent du tube contourné que je
viens d'indiquer, tant par son calibre , qui est beaucoup moins
considérable , que par la structure et la régularité de sa disposi-
tion sur la ligne latérale des Squales, et sur la dépression qui la
représente à la face supérieure du corps des Raies, s'abouche
néanmoins avec lui sur les faces dorsales et latérales de la tête,
par deux branches de bifurcation dont l'une passe au-dessus de
l'œil et l'autre au-dessous , aussi bien chez les Raies que chez les
Squales. M. de Blainville a déjà indiqué la continuation du tube
contourné de la tête dans la ligne latérale du corps. Ce canal
muqueux est plus bas que le vaisseau latéral de la Raie, au lieu
d'être un peu plus haut, comme chez les Squales; dans les deux,
genres , il suit la ligne latérale.
230 HEVDE zooL()GK)Up;. {Juin 1845.)
Le vai.<seau latéral dont il vient d'être parlé et les réseaoaî
qu'il reçoit sont les seules parties des lymphatiques sous-cutanés^
des Poissons qui aient été décrites, chez les Poissons osseux et
1 Esturgeon , par le professeur Hyrtl de Prague. Les troncs , dont
il reste à parler, et leurs communications avec les lymphatiques
des viscères abdominaux , n'ont pas encore été signalés.
?o Chez la Raie, comme chez les Squales, il existe un vaisseau:
médian abdominal . également sous-aponévrotique, et recevant
les réseaux de la face inférieure de l'abdomen qui sont situés
entre le derme et l'aponévrose d'enveloppe. Il est étendu depuis
la face antérieure du bassin jusqu'à l'intervalle qui sépare les
deux nageoires pectorales; là il se bifurque et chaque branche
contourne la face interne de l'arc scapulaire pour se jeter dans
le sinus des veines; dans ce trajet, ces branches sont situées dans
l'épaisseur du diaphragme fibreux destiné à séparer la cavité du
péricarde de celle de l'abdomen.
3" A la face interne des parois abdominales , entre l'aponévrose
adhérente au péritoine qui les tapisse en dedans et les muscles
de ces parois, il y a de chaque côte un gros ivonc^vaisseau sous-
péritonéal, s'inosculant en arrière avec celui du côté opposé, à
la face interne de l'arc du bassin. De là ils vont d'arrière en
avant^ sur les côtés de la cavité ventrale, gagner le diaphragme
fibreux qui s'insère à la face interne de l'arc scapulaire; là ils se
jettent dans la bifurcation correspondante du vaisseau médian
abdominal logée dans l'épaisseur de ce diaphragme. Ces vais-
seaux reçoivent les réseaux serrés situés sous le péritoine. Ils ont
chez la Raie pour accessoires deux autres petits troncs , que l'au-
teur de la note n'a pas encore trouvés chez les Squales; ils lon-
gent les côtes de la face inférieure de la colonne vertébrale et
vont se jeter aussi dans le sinus des veines caves.
Pour les communications des troncs sous-péritonéaux et mé-
dian abdominal entre eux et avec le vaisseau latéral sur les
côtés du cloaque et du bassin, elles sont analogues à ce qui a
lieu chez les Squales, et on renvoie, pour plus de détails, à la
première note déjà mentionnée. Revenons au vaisseau latéral
indiqué en premier lieu, pour faire remarquer quelques-uns
des vaisseaux secondaires qu'il reçoit.
1" C'est d'abord un réseau à mailles très serrées des faces
dorsales de l'abdomen, de la queue, des appendices fémo-
SOCIÉTÉS SAVANTES. 231
raux , et latérales de la queue. Ces réseaux donnent naissance
à une multitude de petits troncs qui s'abouchent dans le vais-
seau latéral en perforant l'aponévrose générale d'enveloppe
qui le recouvre; tandis qu'eux-mêmes sont entre le derme et
l'aponévrose.
2° De petits troncs suivent l'interstice des faisceaux muscu-
laires transversaux de l'aile ; ils reçoivent des réseaux très-ser-
rés, capillaires, couvrant ces faisceaux musculaire» , mais sépa-
rés d eux par l'aponévrose générale d'enveloppe. Quant à ces
petits troncs, ils viennent tous s'aboucher successivement dans
un tronc plus considérable qui longe la base de l'aile, entre
elle et les muscles de la face dorsale de l'abdomen. Ce tronc a
d'un à deux millimètres de large , il se jette dans le vaisseau
latéral au moment où il s'enfonce sous l'arc scapulaire.
3° Un tronc analogue au précédent est situé entre le sac bran-
chial et la partie antérieure de l'aile, au-dessous du faisceau de
tubes gélatineux qui remplit l'interstice précédent ; il va s'abou-
cher dans le vaisseau latéral , et pour cela s'enfonce sous le bord
supérieur de l'arc thoracique , pendant que le vaisseau latéral
lui-même s'enfonce sous le bord inférieur. Ce tronc reçoit les
petits troncs transversaux de la partie antérieure de l'aile et les
réseaux sous-cutanés de la face dorsale du sac branchial. Toutes
les fois que les vaisseaux lymphatiques dont il s'agit rencontrent
des tubes gélatineux , isolés ou réunis en faisceaux , ils passent
au-dessous d'eux.
4° Les appendices génitaux externes mâles des Raies sont re-
marquables par la richesse des réseaux lymphatiques qui les cou-
vrent, surtout sous la muqueuse qui tapisse le sillon dont est
creusée leur face externe et la glande qu'ils contiennent. Prés
de l'extrémité inférieure de ce sillon, l'injection distend un
renflement cylindrique long de trois centimètres, large d'un
centimètre, spongieux à son intérieur, parcouru par de gros
troncs que l'injection remplit quand on la pousse dans les troncs
lymphatiques ; ce renflement semble être ce que décrit J. Davy
dans les appendices dont il est question sur le mâle des Raies et
des Squales , comme un centre vasculaire contractile.
Comme chez les Squales , sur la Raie , M. Robin injecte les
lymphatiques du rectum , des organes génitaux et des mésen-
tères, en poussant l'injection par le vaisseau latéral. Ils vont se
232 REVDE zooLOGiyuE. (/wml845.)
jeter en arrière dans le réseau du pourtour du cloaque. Un tronc
de deux millimètres de diamètre environ est étendu transversa-
lement au devant de la fin de l'œsophage , et se jette dans le
sinus des veines caves. Il reçoit 1° des vaisseaux lymphatiques
volumineux, venant des réseaux sous-muqueux de l'œsophage
et de l'estomac ; 2^ plusieurs troncs qui suivent les vaisseaux
sanguins dont ils sont faciles à distinguer, et viennent du hile
du foie , de la rate , du pancréas et du mésentère ; ils reçoivent
les réseaux injectés dans ces parties. Le cœur et le bulbe de
l'aorte sont aussi couverts d'un réseau lymphatique à mailles
très-serrées , comme celui du mésentère. L'auteur n'a pas pu
voir dans quel tronc il se jette.
Ces observations ont été faites sur les i?cf m ciavata, L. , B.
rubus , L- , et /?. bâtis , L.
Cette note est un abrégé succinct de la seconde partie d'un mé-
moire manuscrit sur les lymphatiques des Poissons cartilagi-
neux. L'auteur termine par quelques mots sur les lymphatiques
des Squales et du Bars [Labrax lupus , C).
« l» J'ai vérifié , dit-il , sur l'Aiguillât {Squalus acanthias, L.)
etVEmissole {Sq. mustelus, L.), les dispositions décrites dans
ma première note sur le Squalus caniculus , L. , sauf quelques
détails sur lesquels j'aurai à revenir plus lard , principalement
sur ce qui concerne les lymphatiques de la tête et le sinus caudal.
» 2° Sur des fœtus d'Emissole (Sq. mustelus , L.), longs de
21 centimètres , pris dans les oviductes de la femelle , le système
des lymphatiques était déjà assez développé pour que j'aie pu
injecter non-seulement les réseaux sous-cutanés , mais encore
ceux du mésentère.
» 3» Sur le Bars [Labrax lupus , G.), en poussant l'injection
par le vaisseau latéral , elle a pénétré non-seulement les réseaux
sous-cutanés et ceux des nageoires , mais de plus ceux du rec-
tum , des organes génitaux , de la vessie natatoii-e , de la circon-
férence des reins et du mésentère. Cette communication des
lymphatiques de l'abdomen avec ceux du système du vaisseau
latéral a lieu par des troncs qui sortent du pourtour du cloaque
et suivent les vaisseaux artériels et veineux des intestins et de*
organes de la reproduction ; il est facile de les distinguer d'avec
eux. Les réseaux que reçoivent ces troncs sont très-abondants à
SOCIÉTÉS SAVANTES. 233
la face antérieure de la vessie natatoire , dans les replis du mé-
sentère et la face interne des testicules.
» Le vaisseau latéral et ses réseaux sont analogues à ce que le
professeur Hyrtl a décrit. H va se jeter en avant dans le sinu3
des veines caves , situé immédiatement au devant de l'arc sca-
pulaire , recouvert seulement en dehors par la muqueuse de la
cavité branchiale, et visible sans dissection lorsqu'il est injecté.
C'est la même disposition qui a été décrite par Hyrtl sur le Sau-
mon, et qui est déjà figurée par A. Monro dans la même espèce.
Le vaisseau latéral s'infléchit pour passer sous la clavicule avalât
de se jeter dans le sinus des veines. A la face interne des pa-
rois abdominales, sous le péritoine, sont plusieurs troncs lym-
phatiques qui les parcourent de haut en bas et reçoivent quel-
ques ramuscules sous-péritonéaux.
B J'insiste , ajoute Pauteur, sur la communication des vais-
seaux lymphatiques sous-cutanés avec ceux des viscères abdo-
minaux, parce qu'elle n'a pas été notée par Hyrtl dans son
mémoire sur le même système de vaisseaux, publié dans les
Archives de Millier; Monro, dans son grand ouvrage sur Pana-
tomie des Poissons , figure et décrit l'abouchement du vaisseau
latéral tant chez le Saumon que sur la Morue ( Gadus morrhua,
L. , Cod-fish des Anglais ) et VEglefm ( Gadus JEglefinus, L. ,
Haddock des Anglais); il donne aussi quelques détails incom-
plets sur les lymphatiques de la Raie ; mais il ne parle pas du
sinus caudal si bien décrit par Hyrtl sur les Poissons d'eau douce
de l'Allemagne , dans le mémoire cité plus haut. »
— M. Ch. Robin communique encore, en son nom et au noai
de M. Lebert , la note suivante sur un fait relatif au mécanisme
de la fécondation du Calmar commun {Sepia loligo , L.)-
« Le 28 avril 1845, nous prîmes vivant un Calmar femelle
adulte [Sepia loligo, L.) dont nous fendîmes aussitôt le sac sur
la ligne médiane antérieure afin d'étudier les contractions du
cœur ; mais nous en fûmes empêchés par l'étude des faits sui-
vants :
» Dans la cavité du sac , du côté droit, immédiatement au-
dessous et un peu latéralement à l'oviducte de ce côté, nous
trouvâmes un gros faisceau de filaments d'un blanc de lait,
longs de dix-sept millimètres , absolument semblables à ceux
que l'on trouve rangés en un ruban spiral dans le canal délé-
234 RKVUK zooLOGïODK. {Juin 1845.)
rent du mâle et qui ont été décrits sous le nom de spermato-
phores,
» Tous ces spermatophores , qui sont au nombre de plus de
200 , adhèrent les uns aux autres par une de leurs extrémités
dans une longueur de trois millimètres. Leur longueur totale
est de dix-sept millimètres , leur largeur d'un demi-milli-
mètre. L'adhérence a lieu au moyen d'une substance gélatineuse,
transparente, paraissant tout à fait hyaline lorsqu'on l'étudié au
microscope. Cette substance fait aussi adhérer les spermato-
phores à l'épiderme avec assez de force pour que cette mem-
brane soit enlevée lorsqu'on essaye de détacher le faisceau en
entier,
» Ces organes , pris sur la femelle et comparés à d'autres pris
sur un mâle dans le canal déférent , nous ont présenté la même
structure. Nous ne devons pas les décrire ici , car ce serait ré-
péter une partie de ce qui a été fait déjà par plusieurs auteurs,
par M. Milne Edwards entre autres ( annales des sciences natu-
relles , 1842).
» 11 suffira dénoter seulement ce qui suit :
» Les spermatophores pris sur la femelle , comme ceux pris
dans le conduit déférent du mâle , se composent de deux petits
organes cylindriques placés bout à bout, entourés par une
membrane enveloppante commune , dont on peut les extraire
séparément. 1° Le cylindre le plus court a environ trois milli-
mètres de long ; il est formé , outre sa membrane propre , d'une
matière grasse assez résistante, contenue dans la membrane.
La substance gélatineuse qui, sur la femelle, unit les spermato-
phores les uns aux autres, ne dépasse pas la hauteur de ce petit
cylindre , qui se trouve ainsi plongé en entier dans la substance
unissante. 2*^ Le cylindre le plus long a environ quatorze milli-
mètres de long; il répond , sur la femelle, à toute la partie libre
des spermatophores, qui forment le faisceau adhérent à son man-
teau , vers le niveau de l'oviducte , ainsi que nous lavons dit plus
haut. Toutefois la portion des spermatophores du mâle , appelée
appareil éjaculateur, manque dans les spermatophores trouvés sur
la femelle. Lorsque l'on coupe ce petit tube cylindrique pris sur
la femelle, il s'échappe une masse visqueuse qui en conserve la
forme; mais par l'addition d'un peu d'eau elle se désagrège , et ,
examinée à un grossissement de 400 diamètres, elle se montre
SOCIÉTÉS SAVANTES. 235
entièrement formée de Zoospermes , sans aucun globule de sub-
stance accessoire. Ces Zoospermes ne sont plus contenus en fai-
sceau dans leurs cellules mères, comme ceux que nous trou-
vions dans le liquide extrait de la substance même du testicule ;
tous sont doués de mouvements très-vifs.
» Les spermatophores pris dans le canal déférent du mâle,
examinés comparativement à ceux-ci , nous ont présenté égale-
ment les deux cylindres que nous venons d'étudier ; avec cette
différence seule qu'ils éclataient assez promptement au contact
de l'eau, tandis que ceux pris sur le faisceau de la femelle n'é-
clataient pas, et demandaient l'emploi de laiguilleet une pres-
sion assez forte pour être ouverts. Nous omettons à dessin tous
les autres détails de structure de ces organes, qui sont inutiles
ici.
» Lorsque nous ouvrîmes le manteau de la femelle qui portait
ces spermatophores, ses oviductes étaient pleins d'œufs, et un
certain nombre se trouvait dans la cavité du manteau, derrière
et au milieu du faisceau de spermatophores.
» Un dessin représentant le faisceau des spermatophores at-
tachés au manteau de la femelle sera publié prochainement dans
les Annales des sciences naturelles. 11 sera accompagné d'une
note plus étendue sur ce sujet , laquelle contiendra en outre les
réflexions que ce fait peut suggérer relativement au mécanisme
de la fécondation des Céphalopodes. »
Société entomologique de France.
Séance du 28 mai 1845. — A l'occasion d'une communication
de M. Paris , insérée dans le procès-verbal de la dernière séance,
M. Boisduval prend la parole, et dit qu'il persiste dans son opi-
nion relativement aux Anthocharis belia et ausonia (1) , qu'il
regarde toujours comme ne devant former qu'une seule et même
espèce. Ces deux insectes vivent sur la même plante ; les diffé-
rences de coloration que l'on remarque entre les Anthocharis
belia et ausonia , et qui ne sont que des variations du blanc au
nacré , ne sont dues qu'à la durée du temps que met le lépido-
ptère à se transformer: ainsi la belia passe l'hiver en chrysalide,
tandis que Vausonia éprouve toutes ses métamorphoses dans la
(1) C'est par suite de fautes d'impressions que, dans le dernier numéro de la Revue.
p. Î03 et 204, on a mis Anthocharis Coelia et Ausonia , au lieu de Anthocharis belia
«t ausonia.
236 REVDE zooLOGiQUE. { Juin 1845.)
même année. Les ^nthocharis belemia et glauce doivent égale-
ment être réunies.
M. E. Blanchard est du même avis que M. Boisduval ; il pense
que les insectes désignés par les auteurs , sous les noms à^An-
ihocharis belia et ausonia ne sont que des variations d'une
même espèce; à l'appui de celte opinion il dit que les Antho-
Charis belia et ausonia sont toutes deux rares aux environs de
Paris , et que si on va plus vers le midi , elles deviennent moins
tares.
M. A. Pierret soutient de nouveau son opinion , et dit que les
deux lépidoptères , dont il est ici question , constituent , d'après
lui , deux espèces distinctes.
M. Duponchel [séance du 11 jm'w) pense que les Anthocharis
belia et ausonia sont réellement deux espèces particulières ; il
dit qu'on les rencontre dans des circonstances différentes et à
dès époques distinctes.
M. Becker partage l'opinion de M. Duponchel.
— M. //. Lucas montre à la Société un Car abus aurùtus qu'il
a trouvé dernièrement à Saint- Ouen , près Paris , et dont le cor-
selet et les élytres lui ont présenté des particularités assez cu-
rieuses, et que l'on ne voit pas habituellement dans cette es-
pèce.
-" Le même membre signale deux variétés qu'il a observées
dans le Melolonthavulgaris^ et dont il donne la description sui-
vante : Fariété A. Mâle. Les élytres , au lieu d'être rougeâtres ,
sont noires avec les côtes de ces organes , les pattes et le milieu
du pygidium d'un brun rougcâtre : Fariété B. Femelle. Les
élytres sont comme dans les individus à l'état normal , seulement
le corselet et l'écusson , ainsi que le dernier segment abdominal
et la partie postérieure seulement de l'avant-dernier , au lieu
d'être noirs , sont de la couleur des élytres , c'est-à-dire rougeâ-
tres. — Ces insectes ont été trouvés aux environs de Bicêtre.
— M. H. Lucas donne de nouveaux détails sur VAcridium
peregrinum Oliv. , qui fait dans ce moment-ci de grands dégâts
dans nos provinces algériennes ( Foir la Bévue ISiS^ pages 160
et 204^. Ces orthoptères ont été signalés dans l'est de l'Algérie ,
aux environs d'El-Arouch etd'El-Dis, dans la province de Gon-
stantine ; une nuée de ces insectes est venue fondre sur la Mi-
tidja et le Sahel , où elle a tout ravagé ; puis elle a passé au-
SOCIÉTÉS SAVANTES. 237
dessus d'Aller : enfin il paraîtrait qu\ine colonne de ces Âcri-
dium est venue détruire la végétation dans une partie de la pro-
vince d'Oran.
— M. E. Blanchard entretient la Société au sujet des caractères
que fournit la lèvre inférieure des Insectes, particulièrement
chez les Coléoptères. Tout en reconnaissant que certains auteurs
de travaux sur les Insectes, ont pris en considération les ca-
ractères tirées de cette partie de la bouche , M. E. Blanchard
ajoute que la plupart les négligent au contraire pour se rattacher
de préférence à la forme des palpes, des mandibules, etc. , dont
les différences sont souvent moins prononcées d'un type à l'au-
tre. L'auteur de cette communication est parvenu, au moyen de
différences fournies par la lèvre inférieure, à caractériser un cer-
tain nombre de genres et de groupes naturels , et il donne à Ce
sujet d'assez nombreux détails qui seront reproduits dans le
Bulletin entomo logique de la Société.
— M. Guérin-Méneville parle de nouveau (Hevue iS4b,p. 203)
des insectes qu'il a trouvés dans une branche de saule. H a vu
sortir de chrysalides qu'il a trouvées dans cette branche , des in-
sectes offrant un petit bec , des ailes d'un blanc mat , farineux ,
qu'il rapporte à l'ordre des Diptères et probablement au genre
Cecidomya; des chrysalides plus petites, également rencontrées
dans le même vépjétal, doivent appartenir à des Chalcidites, pa-
rasites de la Cecidomya ; enfin il a pris sur la même plante un
petit Lépidoptère du genre L'cophora : la chenille de cet insecte
après avoir vécu sur le chaton du saule a dû venir se transfor-
mer dans l'intérieur de la branche. — Des dessins faits avec soin
accompagnent ce travail.
Séance du 1 1 juin 1845. — M. //. Lucas montre à la société
un petit Longicorne, le Phymatodes thoracicus (Callidium
thoracicum), qui n'avait pas encore été rencontré aux environs
de Paris , et qu'il a pris dans le jardin des Plantes même.
— M. 7. Cordier annonce qu'il vient de retrouver dans un
chantier à Paris , en assez grande abondance , le Langelandia
anophthalmus , que l'on n'avait pas repris depuis la mort de
Langeland à qui on en doit la découverte.
— Il est donné lecture d'une notice de M. Léon Dufour, ayant
pour titre : Encore une note sur la composition segmentaire de
quelques larves de Coléoptères et sur la position des stigmates.
i238 RbVUE ZOOLOGIQUE. {Juiii 1845.)
Dans ce travail , l'auteur revient encore sur la discussion qui a
eu lieu entre lui et M. Goureau l'année dernière, et dont nous
avons déjà parlé.
Séance du 25 juin 1845. — 11 est donné lecture, au nom de
M. Serville , d'une analyse de l'ouvrage de M. le marquis Maxi-
milien Spinola ; intitulé : Essai mono graphique sur les Clé-
rites , Insectes Coléoptères. M. Serville donne un aperçu général
du travail de M. Spinola , et il présente à cette occasion quelques
observations de la plus haute importance. 11 a déjà été question
dans ce journal de Vessai monographique sur les Clérites
(Bévue, 1845, p. 206), aussi ne nous étendrons-nous pas davan-
tage sur ce sujet.
— M. Rondani adresse la description d'un Diptère qui vit dans
le Carduus nutans ., VAgromyza œneoventris Fallen [Jgro-
myza œnea Meign.) et il prie la société de joindre sa note au
mémoire de M. Goureau, relatif aux insectes qui se trouvent sur
le chardon penché. E. D.
IV. MELAIVGES ET NOUVELLES.
Le directeur de la Revue zoologique, M. Guérin-Menéville ^
vient de recevoir de M. le ministre du commerce et de l'agricul-
ture une mission entomologique ; il a été chargé d'aller à Barbe-
zieux (département de la Charente ) pour y étudier des insectes
très-abondants en ce moment , et qui y détruisent les céréales.
Les résultats obtenus par M. Guérin-Menéville lui ont paru satis-
faisants, et il a cru, pour compléter son travail, devoir séjourner
à Barbezieux plus longtemps qu'il ne comptait d'abord le faire.
C'est par suite de l'absence prolongée de son directeur que la
publication de la Revue zoologique du mois de juin n'a pas en-
core eu lieu : pour ne pas retarder davantage cette publication,
M. Guérin-Menéville a adressé tous les matériaux qui devaient
entrer dans ce numéro à l'un des collaborateurs , M. Eugène
Desmarest , qui a bien voulu surveiller leur impression , et se
charger en outre de donner le résumé des séances de l'Académie
des sciences.
Nota. Par suite de nouveaux arrangements, M. Guérin de Méneville se
trouve seul éditeur du Magasin de Zoologie. Les livraisons i à 4 de ce recueil
pour 1845 paraîtront fin juillet ; 5 et s , en août, et se suivront à l'avenir sans
interruption. G. M.
HUITIÈME AMNéll. — JUILLET X84B
I. TRAVAUX II\EDITS.
Comparaison des œufs des Oiseaux avec leurs squelettes, etc.,
par F. DE Lafreshaye (suite).
Après avoir reconnu que les œufs d'Échassiers marins, très-
gros par un bout, devaient ce renflement à la grande saillie in-
férieure du bréchet de leur squelette; il nous reste à expliquer
pourquoi ces mêmes œufs sont prolongés en pointe conique au
bout opposé. Si le bréchet, d'après son plus ou moins de saillie ,
soit inférieure, soit antérieure, dans le squelette, produit chez
l'œuf une forme plus ou moins renflée vers le gros bout , c'est-à-
dire ovalaire , ou plus ou moins étroite vers ce même bout,
c'est-à-dire ellipsoïde , la longueur comme la grosseur des trois
parties qui constituent l'aile et la patte ont aussi une influence
très-marquée sur l'allongement de l'œuf antérieurement ou pos-
térieurement ; ainsi chez les Échassiers maritimes dont il est
ici question, tels que les Échasses , les Courlis, Pluviers , Van-
neaux, Chevaliers, Tringas, et même chez les Bécasses et Bécas-
sines, tous oiseaux à pattes généralement fort longues et très-
grêles, lorsque ces pattes sont reployées sur elles-mêmes en
forme de Z, comme elles devaient l'être dans l'œuf, l'extrémité
postérieure des deux tibias ou leur articulation avec les tarses
dépassant plus ou moins l'extrémité de la queue, se trouvent
alors très-rapprochés ou contigus l'un à l'autre postérieure-
ment, et occasionnent cette prolongation postérieure en pointe
conique chez leur squelette comme chez leurs œufs. (Chez
l'Échasse elles dépassent la queue d'une longueur égale à ceUe
du tronc tout entier).
Les os de leurs ailes également grêles , mais de longueur
moyenne et ne dépassant pas le tronc antérieurement, ne peu-
vent motiver un prolongement antérieur dans l'œuf. Il en est
tout autrement chez les Engoulevents, Martinets, Hirondelles et
Colibris dont les œufs sont étroits et allongés ; cette forme n'est
motivée chez eux que par la brièveté de leur humérus qui étant
plus court de beaucoup que Tavant-bras (des deux tiers chaïc le
Tome VIII, Année 1845. 16
240 REVDE ZOOLOGIQUE. {JuUlet 1845.)
Martinet, et de moitié chez rHirondelle), rejette Tavant-bras en
avant du tronc et motive une prolongation de l'œuf dans cette
partie , ce qui rend sa forme ovalo-cylindrique chez l'Engoule-
vent, le Martinet et le Colibri, ovalo-longiconique chez Phiron-
delle de cheminée.
Maintenant que nous avons reconnu les causes du prolonge-
ment antérieur ou postérieur de ces divers œufs, antérieur par
la saillie de l'avant-bras, postérieur par celle des tibias, nous en
conclurons que , lorsque ces membres reployés le long du tronc
ne le dépassent ni en avant ni en arrière , dans cette grande di-
vision des Oiseaux que nous appelons Oiseaux terrestres, par op-
position à celle des Oiseaux nageurs , ï'œuf est alors ovalaire
comme chez les Gallinacés, les Passereaux, ou ovale obtus, comme
chez les Accipitres. Nous pensons que s'il est ovalaire chez les
Gallinacés, la plupart des passereaux, etc., c'est parce que leurs
ailes courtes ne dépassant pas, étant reployées , la moitié du
tronc postérieurement , ne peuvent influer sur la partie de Pœuf
appelée le petit bout, tandis que chez les accipitres où elles s'é->
tendent jusqu'aux deux tiers et au delà chez les diurnes, jus-
qu'au delà des trois quarts chez les nocturnes , ces membres et
leurs articulations, beaucoup plus robustes que chez les Échas-
siers , occasionnent un renflement dans l'œuf vers le point cor-
respondant aux articulations de l'humérus avec l'avant-bras,
renflement qui est encore motivé par les replis et les fortes arti-
culations des trois parties de la patte , ce qui rend cet œuf ovale
obtus. Cette forme est encore motivée par la grosseur de la tête
reployée sous l'aile , surtout chez les accipitres nooturnes dont
l'œuf est encore plus obtus que chez les diurnes.
Nous trouvons une preuve évidente de ce que j'avance ici dans
la comparaison de l'œuf de l'OEdicnème criard avec son sque-
lette. L'œuf de cet oiseau , véritable pluvier à grandes ailes, au
lieu d'être ovalo-conique comme celui du groupe des Échassiers,
auxquel il appartient (ïes Pluviers, Vanneaux, etc.), est plus al-
longé, moins gros vers le gros bout et plus arrondi vers le petit,
se rapprochant par conséquent de la forme ellipsoïde. En obser-
vant son squelette et le comparant avec celui du Pluvier, on y
remarque des ailes qui sans être plus robustes , sont beaucoup
plus longues et plus prolongées en arrière , et même en avant ;
ainsi chez le» Pluviers , elles ne s'étendent pas à beaucoup près
TRAVAUX INEDITS.
241
en ai'rière jusqu'à l'insertion des fémurs sur le bassin, tandis que
chez rOEdicnèrïK* elles la dépassent notablement. De plus, les
jambes quoique fort longues, au lieu d'être grêles comme cher
les Pluviers et autres Échassieis marins, sont au contraire ro-
bustes , les tarses le sont surtout et ont un renflement notable
au-dessous de leur articulation avec les tibias, d'où sonnomd'OE-
dicnème (jambe enflée ). 11 résulte de ces différences ostéologi-
ques que les ailes étant plus saillantes antérieurement, l'œuf est
moins renflé et plus allongé au gros bout , et que les articula-
tions de l'humérus avec l'avant-bras étant beaucoup plus reje-
tées en arrière, motivent un renflement dans l'œuf rers le point
correspondant à peu près vers les deux tiers postérieurs , tandis
que celles des tibias avec les tarses , beaucoup plus robustes et
augmentées du renflement particulier aux tarses de cet Oiseau ,
en motivent un vers l'extrémité et l'empêchent d'être aussi
pointue et aussi conique que chez les Pluviers, Vanneaux, etc.
Lorsque nous avons proposé deux grandes sections dans la
classe des Oiseaux , basées sur la forme de leur squelette et de
leurs œufs et désignées l'une, par le nom d'Oiseaux terrestreSy
l'autre par celui d'Oiseaux nageurs, nous n'avons pas entendu
comprendre sous ce dernier nom tous les Oiseaux palmipèdes ,
puisqu'une partie d'entre eux, tels que Flammants, Échasses,
Avocettes, Dromas, ne sont pas nageurs, et que parmi les autres il
en est qui, commeles Mouettes et Goélands, les Sternes, Rhyncops,
Stercoraires, nagent fort peu, sont toujours sur l'aile, ne saisis-
sant leur nourriture qu'en volant à la surface des flots , ou en
courant sur les grèves à marée basse , et sont loin d'avoir une
forme de squelette analogue à celle des vrais nageurs destinés à
passer leur vie sur l'eau , soit qu'ils trouvent leur nourriture à
sa surface ou sur les rives, soit qu'ils la poursuivent sous les flots
en s'y immergeant.
Ainsi, tandis que les vrais nageurs se font remarquer dans leur
ostéologie, comme nous l'avons déjà dit, par l'étroitesse de la
partie antérieure de leur tronc, par le peu de saillie inférieure du
bréchet, mais par sa prolongation antérieure en forme de soc de
charrue, par la prolongation postérieure du sternum en forme
de bateau dont le bréchet figure alors la quille et la proue, par
l'étroitesse du bassin et sa prolongation postérieure au delà de
l'insertion des fémurs , par cette insertion très - rapprochée ,
242 RhVDE zoOLOGiQUK. {JuUht 1845.)
presque contiguë , ce qui facilite singulièrement la natation en
projetant latéralement et obliquement les pattes devenues des
rames , mais rend la marche sur le sol plus ou moins pénible ,
quelquefois impossible. Les Palmipèdes peu nageurs, cités ci-
dessus et désignés par Cuvier sous le nom de grands voiliers et
formant aujourd'hui la famille des Zar/dm, présentent un sque-
lette tout différent dans son ensemble comme dans ses détails, et
offrant bien plus de rapports avec celui des Échassiers qu'avec
celui des nageurs, à tel point que chez les Mouettes et Goélands,
par exemple , il ne peut s'en distinguer que par la présence des
membranes interdigitales.
En observant effectivement le genre de vie de ces Oiseaux, on
reconnaît qu'il diffère entièrement de celui des vrais nageurs ,
que d'après leur conformation, toute adaptée à la facilité du vol,
il est tout aérien, et consiste à parcourir sans cesse les airs au-
dessus des flots comme les Martinets et les Hirondelles les par-
courent au-dessus du sol. Dans ce but, leur squelette est entière-
ment organisé pour le vol , un peu pour la marche , et très- peu
pour la natation , aussi ne semblent-ils se poser sur les flots que
pour y prendre quelque repos , et leur grande légèreté spéci-
fique les y soulève comme un flocon de plume et empêche leur
corps d'y entrer aussi profondément que les vrais nageurs. Leur
bréchet est saillant inférieurement , leur fourchette ouverte en
haut pour 1 ecartement des ailes. Ces ailes sont très-fortes, très-
longues^ et le bassin n'est rétréci ni en avant, ni au point d'in-
sertion des fémurs, ni prolongé postérieurement comme chez les
nageurs.
On peut dire enfin que sans la membrane interdigitale , on ne
pourrait raisonnablement ranger ces Oiseaux d'après leur sque-
lette qu'avec les Échassiers marins, avec lesquels ils ont d^ailleurs
plus d'analogie de mœurs qu'avec les nageurs, et pour nous ce
sont des Échassiers grands voiliers à pieds palmés , presque
toujours sur l'aile , ils parcourent et visitent tous les points du
rivage où la mer a pu rejeter quelques cadavres de poissons, de
mollusques ou crustacés, pour s'en repaître en attendant qu'une
nouvelle marée leur laisse quelque nouvelle proie sur la grève
où ils se reposent alors, y marchant avec facilité et presque avec
Ja même agilité que les Échassiers marins.
Nous retrouvons dans les œufs de ces Laridées {Goélands ^
TRAVAUX INÉDITS. 2lH
Sternes, Stercoraires , Hhyncops) , une forme bien plus ana-
logue à celle des œufs d'Échassiers marins qu'à celle des nageurs,
c'està dire ovalaire et presque ovalo - conique , et de plus leur
système de coloration est tellement semblable qu'il est presque
impossible de ne pas le.4 confondre.
Si donc ces Oiseaux , d'après la comparaison et l'analogie recon-
nue de leur squelette avec celui des Échassiers marins ou Scolopa-
ciDÉES , analogie qui se trouve complètement dans leurs œufs et
dans leurs habitudes littorales ; si d'après leur vol presque conti-
nuel , et la rareté de leur natation , ils deviennent à nos yeux bien
plutôt des Énhassiers marins à pieds palmés que de véritables
nageurs , nous regarderons d'autre part comme véritables na-
geurs un petit groupe toujours placé dans les Échassiers , mais
qui nagent et plongent bien plus habituellement que ces Lari-
DÉES dont on a toujours fait des nageurs. Ce sont les Foulques et
Poules d'eau , Marouettes , Râles , etc.
Ces prétendus Échassiers en effet sont presque toujours na-
geant sur les rivières et les marais, au milieu des roseaux, et
y plongent même avec la plus grande facilité. En observant leur
squelette, au lieu d'y trouver, comme chez les Échassiers marins,
un sternum d'une largeur médiocre avec un bréchet très-déve-
loppé et très-saillant inférieurement , un bassin d'une largeur et
d'une longueur moyennes avec les points d'insertion des fémurs
bien espacés entre eux, on y remarque au contraire : lo une
grande compression et étroitesse dans tout l'ensemble du sque-
lette , et un grand rapprochement des épaules entre elles. 2» Un
sternum très-étroit à bréchet très-peu saillant. 3o Un bassin étroit
et allongé , ayant sa partie antérieure singulièrement rétrécie et
relevée en crête, un peu comme chez les sous-nageurs, et l'in-
sertion des fémurs très-rapprochée. On y retrouve enfin un en-
semble de caractères ostéologiques bien plus analogues à ceux des
nageurs et même des sous-nageurs qu'à ceux des Échassiers ma-
rins; je dis sous-nageurs, car la palmure festonnée des Foulques
qui rappelle celle des Grèbes , et leurs fréquentes immersions
sont des rapprochements de plus avec les Plongeurs.
En observant leurs œufs , on est également frappé de leur
allongement , de leur étroitesse et du peu de rapports de forme
qu'ils ont avec ceux des Échassiers marins ci-dessus désignés et
par conséquent avec ceux des Laridées , tandis qu'ils en présen-
244 REVDB zooLOGiQDE. (JuUlet 1845.)
tent de réels avec ceux des nageurs par leur forme presque
ellipsoïde. Par leur squelette enfin comme par leurs œufs , ils
forment un groupe de transition entre celui des Hérons et les
sous-nageurs.
{ La suite au prochain numéro. )
Note amie Cygne^emck.{CignusBewickii)ypaLrU, Z. Gerbe.
Les froids intenses qui n'ont cessé de régner durant l'hiver
dernier (1844 à 1845), paraissent avoir poussé la plupart des oi-
seaux d'Europe, ceux du nord principalement, au delà des
limites de leurs migrations habituelles. C'est évidemment à cette
cause qu'est due l'apparition , sur nos côtes et dans l'intérieur
de notre pays, d'un certain nombre d'espèces qui d'ordinaire ne
nous visitent pas annuellement , ou que nous ne voyons qu'en
très-petit nombre; et c'est aussi à cette même cause que doit
être attribuée la présence inaccoutumée, sur le littoral de la
Manche , de l'oiseau qui fait l'objet de cette note.
Le Cygne Bewick, signalé à l'attention des naturalistes depuis,
une quinzaine d'années seulement , est cependant une espèce
parfaitement distinguée du Cygne Sauvage, avec lequel elle a de
très-grands rapports. En effet , Samuel Hearne , dans son voyage
à rOcéan nord , exécuté de 1769 à 1772 (T. II, p. 302 de la tra-
duction française) , indiquecette espèce de façon à ne pas s'y trom-
per, a Deux espèces de Cygnes » , dit-il, « visitent la baie d'Hud-
» son dans l'été. Elles ne diffèrent que par la grosseur, car elles
» ont l'une et l'autre les plumes parfaitement blanches elle bec et
» les jambes noirs. Les Cygnes de la plus petite espèce se tiennent
» davantage près des côtes , mais ils ne sont point très-communs
» et ne volent ordinairement que par couples. » Et plus loin : « lis
» pèsent (ceux de la grande espèce) plus de trente livres et ceux
» de la petite de dix huit à vingt-quatre. » Il est impossible de
ne pas reconnaître le Cygne Bewick dans la petite espèce indi-
quée par Samuel Hearne ; les caractères tirés de la taille, de la
couleur du bec et des tarses ne permettent aucun doute à cet
égard. Mais il y a plus , le petit Cygne dont parle Samuel Hearne,
était si bien distingué comme espèce qu'il avait reçu un nom
TRAVAOX HÉDITS. 245
spécifique. « RI. Lrnvson, » ajoute le voyageur anglais, «qui,
» comme le remarque avec raison Pennant , n'était point un ob-
K» sorvateur médiocre , a assez bien qualifié ces oiseaux en don-
» nant à ceux de la plus grande espèce le nom de Cygne trom-
» pette^ei aux autres celui de Cygne 5a?*va5re.'>Ce Cygne Sauvage
<ie Lawson , aujourd'hui ('ygne Bewick, est le même que
Pal las de son côté a désigné sous le nom de Cygnus minor.
Les ornithologistes semblaient ne pas tenir compte de la dis-
tinction faite par Samuel Hearne et Pallas, de deux espèces de
Cygnes Sauvages à plumage blanc, lorsqu'un excellent travail
de M. Yarrel , publié dans le -eizième volume des transactions
Linnéennes, fit acquérir la certitude qu'on avait jusqu'alors
généralement confondu , sous le nom de Cygnus musicus ou
férus y deux espèces bien distinctes.
Les Cygnes Bewick ( au nombre de cinq) d'après lesquels
M. Yarrel avait pu faire son travail , avaient été tués sur les côtes
de l'Angleterre, pendant l'hiver de 1829 à 1830. A cette époque
plusieurs autres individus de la même espèce furent capturés
sur l'Escaut, et, en France, sur le littoral de la Manche. Depuis
il n'a été revu chez nous qu'une seule fois. M. Degland, dans son
catalogue des oiseaux d'Europe, dit qu'un individu , faisant
actuellement partie de la collection de M. Meezemacker , fut tiré
en mars 1837 , sur les côtes de Dunckerque.
Il est probable que le Cygne Bewick nous a visité plus fré-
quemment que ne le feraient supposer les captures que l'on cite ;
mais on ne peut avoir la certitude de ce fait : ce qu'il y a
d'à peu près certain , c'est qu'il arrive ordinairement chez nous
par les grands froids. Les hivers rigoureux de 1830 et de 1837, et
celui que nous venons de traverser en sont une preuve. A aucune
époque , son passage sur nos côtes n'avait été aussi abondant
que cette dernière fois. De petites bandes composées de quatre
ou six individus se sont arrêtées, pendant quelques jours,dans les
environs de Montreuil-sur-Mer. C'est surtout de cette dernière
localité que sont arrivés à Paris ceux que j'ai pu examiner. Les
Cygnes , au nombre de quinze ( tant morts que vivants) , m'ont
permis de vérifier les descriptions que les auteurs en avaient
données et d'en rectifier quelques points.
Le port, la forme , les couleurs du Cygne Bewick ne différent
en rien de ce que nous offre , sous ce rapport , le Cygne sau-
â46 REVUE zooLOGitcE. {Juillet 1845.)
vage : les deux espèces sont parfaitement ressemblantes; mais
alors par quoi diffèrent-elles entre elles ?
Les caractères différentiels que l'on a indiqués sont les uns
anatomiques, et les autres zoologiques. J^a cavité du sternum
qui sert à loger la trachée, a, dans le Cygne Bewick, générale-
ment bien plus d'étendue, a-t-on dit, que dans le Cygne sau-
vage. Mais ce caractère n'étant point accessible à l'observation
immédiate, ne peut être invoqué dans une caractéristique d'es-
pèce. En outre , j'ai constaté qu'il varie selon les sexes. Chez les
mâles, le sternum est creux dans une étendue de 14 à 18 cent.
J'ai vu un individu, probablement très-aduïte , chez lequel cette
cavité s'avançait jusqu'à l'extrémité postérieure de l'os sternal ,
où elle se dilatait latéralement sous forme de spatule. Chez les
femelles, la cavité dont il s'agit n'a qu'une profondeur de 1 8 à 2Q
cent, au plus , comme dans le Cygne sauvage.
La taille a encore servi à distinguer l'une de l'autre, les deux
espèces ; ainsi le Cygne Bewick mesure ordinairement 24 ou 30
centimètres de moins que le Cygne sauvage. Sur un jeune de la
première espèce, j'ai trouvé que cette différence était de 36 cen-
timètres. La taille serait donc un bon caractère distinctif, si l'on
pouvait, dans toutes les circonstances , avoir sous l'œil le Cygne
sauvage, pour terme de comparaison.
On a aussi cru pouvoir donner , comme caractère fixe et spéci-
fique, le nombre des pennes de la queue : ce nombre, au. dire des
ornithologistes qui on( invoqué ce caractère , serait constam-
ment de 18. M. Temminck a douté avec raison de la régularité
de ce fait. Rien n'est moins constant que la fixité du nombre
des rectrices dans le Cygne Bewick. Sur neuf individus que j'ai
soigneusement examinés à cet égard, quatre avaient 18 pennes
et les cinq autres en avaient vingt.
Enfin, on a encore avancé que les tarses, chez le Cygne Bewick,
étaient d'un noir plus décidé que chez le Cygne sauvage ; qu'il»
étaient plus longs et plus grêles. Je crois pouvoir affirmer que,
sous le rapport de la couleur, il n'y a pas de différence appré-
ciable, et que les tarses sont, relativement à la taille de l'oiseau,
plus forts et plus courts dans le Cygne Bewick.
Les seuls caractères différentiels constants et faciles à saisir à
la première vue, sont, selon moi, ceux que l'on peut tirer de la»
disposition des plumes du front et de la membrane jaune qu*
TRAVAUX INÉDITS.
247
recouvre la base du bec dans les deux espèces. Chez le Cygne
sauvage, la teinte jaune qui colore cette membrane, s'étend
jusqu'au delà de Vexirémiié antérieure des narines , et se
termine en pointe ; les plumes du front forrrient un angle aigu :
— chez le Cygne Bewick, le jaune de la membrane dépasse d^un
centimètre au plus les tubérosités de la base du bec, et s"* arrête
brusquement plus ou moins en arrière des narines ; les plumes
du front forment un angle obtus. Le tableau que je joins à cette
note indiquera les différences ou les rapports qui existent encore
entre les deux espèces, relativement aux dimensions de quelques
parties du corps.
Je crois devoir terminer ce travail par Ténoncé succinct des
changements qu'offre le Cygne Bewick , selon l'âge et le sexe.
Alâle adulte. Plumage entièrement d'un blanc pur, avec une
légère teinte jaunâtre sur la tète et la nuque; base du bec ren -
fiée , d'un jaune orangé , et pourvue, en avant du front, d'une
légère proéminence; bec, pieds et membranes interdigitales noirs.
Femelle adulte. Entièrement semblable au mâle; le bec
moins fort à pa base, et sans proéminence bien sensible.
Jeunes. Plumage entièrement d'un gris clairon cendré; base
du bec moins forte que chez les adultes, la membrane qui la
recouvre couleur de chair et parsemée de très-petites plumes
cendrées ;bec, tarses et membranes interdigitales noirâtres.
CYGNE
BEWICK.
.
MULE ADULTE.
FEMELLE JEDNE.
cent. mill.
cent. mil).
cent. miU.
Longueur totale. . . .
152
126
116
Longueur du bec prise du
front à Textrémité. .
11
9 5
9
Circonférence du bec prise
à sa base
14
13 5
12
Longueur des tarses. .
13 5
11 5
10
[Longueur du sternum. .
25
20
18
Étendue de l'aile fermée.
63
54
49
Envergure
231
201
189
Longueur de la queue. .
Nombre des rectrices. .
21
18
16
20
20
20
Nota. —Toutes ces mesures ont été prise» avec beaucoup de soin sur des
individus frais et non dépouillés. Le Cygne sauvage était un mâle adulte, de
trés-forles dimensions. Pour la t'aille du Cygne Bewick, j'ai mis ici les deux
termes extrêmes. Elle m'a paru varier entres 20 et 25 centimètres; celle des
femelles , par exemple , est toujours de 2 ou 3 centimètres plus petite que celle
des 111.1 les.
2i8 HEVUE zooi.OGiyDE. [Juillet 1845.)
Note sur le genre Malacobdelle de M. de Blainville ; par
M. GuÉKIN-MÊNliVlLLE.
Dans le numéro précédent, p. 216 , on a donné un extrait du
rapport que M. Milne Edwards a fait à l'Académie des Sciences
sur une découverte de son aide naturaliste. Ce rapport , qui a
paru un vrai chef-d'œuvre à tous les naturalistes consciencieux,
aurait certainement mérité d'être reproduit , car il restera
comme un modèle offert aux académiciens de tous les pays
quand ils voudront faire ressortir l'importance d'une grande dé-
couverte.
Cependant, comme beaucoup de rapports faits à l'Académie
des sciences ne sont plus considérés aujourd'hui comme des ju-
gements sans appel , ce que nous regardons comme très-mal-
heureux , il est bon de mettre sous les yeux du public savant
les matériaux qui peuvent l'aider à se convaincre de Vinjustice
de cette opinion , et c'est pour cela que nous présentons ici la
copie de divers passages susceptibles d'éclairer leur religion re-
lativement à l'animal en question.
Voilà ce que dit M. de Blainville de son genre Malacobdella
( Dict. se. nat. , t. XLVII , p. 270 ), après avoir donné les citations
qui sont reproduites da.ns\a. Bévue zoologique , p. 200.
€ Corps ovale , un peu allongé , atténué , obtus ou comme
tronqué et bifide en avant ; ventouse postérieure médiocre et
dépassant le corps ; couleur d'un blanc jaunâtre , quelquefois
orné de lignes transverses très-fines.
» Cette espèce de sangsue est transparente à la manière des
planaires ; elle se trouve, à ce qu'il paraît , dans le manteau des
mollusques bivalves marins , du moins Muller l'a trouvée dans
la Venus exoleta. J'en ai rencontré un individu dans une Mye
tronquée. Elle a 10 à 12 lignes de long sur 5 à 6 de large. Dans
la figure que Muller a donnée de la sienne , le canal intestinal
fait d'assez fortes inflexions , et il se termine à un anus placé
comme dans tous les hirudinés ; mais dans l'animal que j'ai ob-
servé il était beaucoup moins flexueux. Du reste , il était égale-
ment accompagné à l'intérieur , d'une grande quantité de grains
oviformes, que Muller paraît regarder comme de véritables œufs,
TRAVAUX INÉDITS. 241^
dont il porte le nombre à plus de mille nageant dans une humeur
gélatineuse. »
Cuvier , règne animal , t. lli , p. 21 7 , place les Malacobdelles
à la fin des sangsues; mais il dit de ce genre , des Clepsines de
Savigny et des Phyllines d'Oken , que leur corps est élargi , et
qu'î7 ne serait pas impossible que quelques-unes appartinssent
plutôt à la famille des Planaires. H dit des Malacobdelles
qu'elles manquent de trompe et de suçoir et que ce sont des ani ■
maux parasites.
En tête de sa division des animaux zoophytes ou rayonnes ,
Cuvier dit, t. III, p. 218 :
« Les vers intestinaux eux-mêmes ont au moins deux lignes
tendineuses ou deux filets nerveux partant d'un collier autour
de leur bouche , etc. »
Page 248. Cuvier dit, en caractérisant les intestinaux cavi-
taires : a 11 paraît y avoir , dans plusieurs , un ou deux cordons
nerveux, partant d'un anneau qui entoure la bouche, et ré-
gnant sur toute la longueur du corps , à la face interne de l'en-
veloppe. »
Page 254. Les Linguatules .... « Un filet blanc entoure la
bouche , et, donne deux troncs descendants , où j'ai cru recon-
naître une apparence de système nerveux. »
Depuis Cuvier on a publié deux mémoires anatomiques sur ce
genre. Ils confirment ses vues.
La disposition du système nerveux de ce Malacobdelle , qui
semble offrir un intérêt analomique si considérable , ne dif-
fère presque en rien de celle qui a été observée depuis long-
temps dans les intestinaux cavitaires : ce sont toujours deux
filets latéraux réunis en avant par une anastomose, et si celle-ci
ne forme pas un collier complet chez le Malacobdelle , comme
chez les Linguatules par exemple , on ne doit considérer cette
légère différence que comme une simple modification , qui ne
peut avoir qu'une valeur très-minime sous les points de vue des
fonctions et de la classification. Du reste, est-il bien sûr que le
jeune entomologiste qui a vu ce système nerveux ne se soit pas
trompé ? Initié depuis peu de temps à la zoologie physiolo-
gique, encore peu habitué aux fines dissections , ne pourrait-il
pas avoir déchiré quelque filet imperceptible qui aurait complété
\c collier? Nous serions d'autant plus porté à le croire , qu'il
250 REVUE ZOOLOGIQDE. {JuUUt 1845.)
est dit dans le mémoire de M. Blanchard (Comptes rendus, mai
1845 , p. 1343) : c Chacun des centres nerveux cérébroïdes émet
en avant et latéralement des filets nerveux qui tous aboutissent
à l'enveloppe extérieure. » Ne seraient-ce pas là les débris du
filet qui terminait l'anneau nerveux antérieur?
Quoi qu'il en soit , il semble résulter de ce qui précède :
l»Que le genre Malacobdella et le genre Xenistum offrent
des caractères identiques , qu'ils vivent également dans la Mya
truncata, et qu'il est impossible de les distinguer générique -
ment. Ainsi , et conformément à l'opinion de M. le rapporteur ,
qui a adopté en cela notre manière de voir , exprimée longtemps
avant la rédaction de son rapport dans notre article de la Revue
zoologique ( mai 1845 , p. 200 ) , il faut reconnaître que le genre
Xenistum n'est autre chose qu'une Malacobdella.
2<* Que son système nerveux est analogue à celui des intesti-
naux cavitaires de Cuvier et la classe dans cette grande di-
vision.
3° Et que Cuvier avait soupçonné ce fait et avait mis sur la
voie pour le trouver.
Cependant, loin de nous la pensée d'accuser Tauteur du mé-
moire d'avoir connu les indications de Cuvier et d'en avoir pro-
fité. Il est évident qu'il a ignoré tous les passages que nous ve-
nons de citer , qu'il a cru faire une découverte zoologique et
anatomique de la plus haute importance, et que cette croyance
a été partagée par d'autres.
Du reste on doit approuver les éloges donnés par le commis-
saire de l'Académie à l'auteur du mémoire en question , et
quoique ce travail semble n'être qu'une suite d'erreurs , si son
auteur a cru trouver un genre nouveau , une famille nouvelle
ou un mode d'organisation inconnu , il n'en a pas moins un
genre d'utilité réel en venant confirmer les vues d'un homme de
génie , de Cuvier, puisque la constatation d'un système nerveux
de zoophyte , d'intestinal cavitaire, montre que ce grand homme
avait raison de douter de l'exactitude du classement de cet animal
dans les Annélides et dans le grand genre des Sangsues.
Ce résultat, quoiqu'il ait été tout à fait imprévu , sera cepen-
dant utile à la science , et il est à désirer que quelque botaniste ,
quelque amateur d'oiseaux , de coquilles ou de papillons , ait
tout à coup , et sans avoir fait aucune étude préalable de l'ana-
tràvalx inédits. 151
toniie,la fantaisie de devenir un grand physiologiste. Si le
hazard lui fait redécouvrir quelque Clepsine ou quelque Phyl-
line^ animaux* laissés avec doute par Cuvier dans les sangsues,
comme les Malabcodelles , il en fera des genres nouveaux, des
tribus ou des familles nouvelles, il reconnaîtra peut-être qu'ils
n*ont pas une organisation de sangsue , ce qui l'ëtonnera beau-
coup , il s'extasiera , avec les chefs de son école , sur une dis-
position exceptionnelle de leur système nerveux, et il les
dédiera à quelque protecteur qui trouvera que l'élève a fait la
découverte d'un faitanatomique d'un intérêt considérable. Dans
tous les cas , la science gagnera quelque chose à cela , elle
sera sûre que ces Pyllines et ces Clepsines, par exemple , sont
des intestinaux comme l'avait soupçonné Cuvier.
Obsbrvations relatives à la Faune ornithologique des environs
de Paris — par M. Z. Gerbe..
Je consignerai ici , sous forme de simples renseignements,
quelques observations relatives à l'apparition accidentelle dans
les environs de Paris, de certains oiseaux qui appartiennent
aux régions du nord ou aux contrées tout à fait méridionales de
l'Europe.
Les environs de Paris , dont j'étendrai les limites zoologiques
un peu au delà de celles du département de la Seine , sont, ainsi
circonscrits , bien mieux partagés en oiseaux qu'on ne pourrait
le croire d'abord. Le catalogue de tous ceux qui y sont annuelle-
ment de passage ou qui y vivent sédentaires serait long à dresser:
je me bornerai à mentionner les espèces rares qui s'y sont mon-
trées, régulièrement ou accidentellement , durant le cours de
ces cinq ou six dernières années.
Déjà, dans une note publiée en 1838 , j'ai fait connaître que le
Pouillot Bonelli ( Phillopseuste Bonelli), oiseau qui vit dans les
montagnes de la Sardaigne , de la Sicile , du midi de la
France, etc., se reproduisait dans les bois qui avoisinent
Paris. Ce fait , qui a bon droit , me paraissait surprenant , s'est
renouvelé depuis , et j'ai acquis la certitude que quelques
couples de cette espèce viennent tous les ans nicher dans une
localité du bois de Clamart.
Déjà aussi j'ai pu constater , dans un des derniers numéros de
252 REVDE zooLOGiQDE. {JuUlet i845.)
la Revue , l'apparition de l'Oie d'Egypte {Anser JUgyptiaca) sur
les bords de la Seine. Quelques nouveaux renseignements que j'ai
recueillis sur cette précieuse capture, corroborent l'opinion que
j'émettais alors , que l'individu tué ne pouvait être un oiseau
élevé en domesticité. La bande dont il faisait partie a été revue
le même jour et le lendemain dans le voisinage des petits étangs
qui se trouvent sur les hauteurs de Meudon et dans les plaines
de Villebon. D'un autre côté, M. Parzudaki, naturaliste prépa-
rateur à Paris, a conservé longtemps cet oiseau chez lui, et a
pu se convaincre que son pennage était bien celui d'un oiseau à
l'état de liberté.
Quoique ces deux observations soient déjà consignées dans
la Revue zoologique , j'ai cependant cru devoir les rappeler ici :
celles qu'il me reste à faire connaitre se rapportent à quatre
espèces de passereaux : au Pipit à gorge rousse ( Anthus rufo-
gularis) au Bruant montain {Emheriza calcarata) , à TAlouette
calandrelle {Alauda hrachydactyla) , et à l'Alouette à hausse-
col {Al. alpestris).
Les deux dernières espèces n'ont été capturées qu'une seule
fois, à ma connaissance, dans les environs de Paris ; l'une
{Al. alpestris) iut prise il y a quatre ans sur les plaines de Mont-
Rouge par M. Soreau qui, depuis cette époque, la conserve en
volière ; et l'autre (Al. hrachydactyla) , a été prise , il y a trois
mois, non loin des murs d'enceinte. L'apparition de l'Alouette
calandrelle dans le nord de la France , où M. Temminck dit
qu'elle ne s'avance jamais, est un fait qui pourrait d'autant
plus surprendre, que cet oiseau est un habitant ordinaire des
contrées les plus méridionales de l'Europe. Mais on sait bien
positivement aujourd'hui que cette alouette s'avance jusqu'en
Champagne, jusqu'en Picardie même, et qu'elle se reproduit
dans ces localités; de sorte que l'on conçoit sans peine qu'elle
puisse pousser ses excursions jusqu'ici.
Quoi qu'il en soit , je considère la présence de cette espèce et
de sa congénère dans les enviions de Paris, comme plus acci-
dentelle que l'apparition , dans les mêmes limites, du f3ruant
montain et du Pipit à gorge rousse. Le Bruant montain nous
visite toujours à l'approche des grands hivers dont il est pour
ainsi dire le précurseur : son passage pour n'être pas annuel
n'en est pas moins soumis à des causes bien déterminées, qui se
TRAVAUX II^ÉDITS. 253
reproduisent à des époques plus ou moins éloignées; aussi
pourrais-je citer plusieurs captures du Bruant montain : la der-
nière qui en ait été faite eut lieu en novembre dernier (18i4).
L'individu pris était un jeune mâle en plumage d'hiver ; il
faisait partie d'une bande d'Alouettes.
Quant au Pipit à gorge rousse , je suis à peu prés certain qu'il
passe régulièrement tous les ans à Paris , à l'époque des émigra-
tions d'automne. Je n'ai pourtant point la preuve directe de ce
fait. De trois individus pris ici et que je peux citer , deux sont
en la possession de mes amis, MM. Ray et Jacob.
Ce Pipit a un cri qui rappelle tout à fait celui du Bruant de
roseaux ( Emherizn schœniculus ) : contrairement à ce qu'ont
avancé quelques ornithologistes, cette espèce ne voyage jamais
par bandes, mais toujours isolément ou par couples, comme le
pi[>it des buissons ; quelquefois cependant il a été vu mêlé aux
petites troupes que forment les Farlouses.
Je donne ces observations avec le désir qu'elles puissent servir
aux personnes qui voudraient entreprendre un travail sur la
faune ornithologique des environs de Paris.
Nouvelle espèce d' Oiseau-Mouche ^ décrite par M. Parzvdari.
Ornysmia Lindenii. — Supra obscure viridi-œneus ; alae
fusco-brunneae , remigum costis albis, tectricibus viridi-aeneis ;
caudœ plumae latérales viridi-cupreis , satis nitidis , vitta inter-
dum ipedia alba. Caput fusco-nigrum , collo albo cincto; supra
caput crista nigra , linea alba ad rostrum bitîda medio signata ;
infra rostrum macula alba viridi-maculata, et barba gracilis
alba. Rostrum acutum vix medio incrassatum , abdomen et
pectus griseo-rufescentia obscuro-viridi maculata ; pectore medio
dilutiore, pedesnigri. — L. tôt. , 10 cent. 1^2; bec, 9 mill. ;
queue, 5 cent.
Cette espèce doit être placée près de l'O. Guerini; elle a été
découverte dans la province de Merida ( république de Vene-
zuela) par M. Linden. 11 en paraîtra une figure dans le il/a-
gasin de zoologie.
'2^)1 HEVUB ZOOLOGiyUE. [JuUUt 1845,
II. ANALYSES D'OUVRAGES AOUVEAUX.
Bibliothèque Congdyliologique , par M. Chenu , docteur-méde-
cin , conservateur de la partie zoologique du cabinet de M. le
Baron Benj, Del essert, (Paris, chez Franck, libraire, rue Ri-
chelieu, n«{i9, 1845).
Lorsqu'on lit les ouvrages d'histoire naturelle , même les plus
récents, on s'aperçoit bientôt que les auteurs ne sont , le plus
souvent, pas très au courant des nombreux travaux qui ont trait
à la matière dont ils parlent. C'est que pour citer, ce qui a jjapu
sur un sujet d'histoire naturelle et tout ce qui paraît journellement
dans le monde savant, il faudrait réunir plusieurs conditions dif-
ficiles à allier ensemble. Ces conditions sont d'abord la fortune,
la connaissance de ces diverses publications , faites en pays
étranger , et enfin celle des diverses langues dans lesquelles elles
sont faites. Un bien petit nombre d'hommes riches se livrent à
rétude de la Conchyliologie , et ce n'est , le plus souvent, qu'à
titre de passe-temps. Les véritables savants sont généralement
peu fortunés ou , s'ils peuvent faire des dépenses sans aucune
gêne pour leur intérieur, le prix élevé et le nombre toujours
croissant d'ouvrages et de journaux scientifiques les disposent
toujours à jeter leur dévolu sur ceux qui leur sont d'un secours
quotidien. On les voit s'attacher plus spécialement aux ouvrages
écrits dans la langue qui leur est naturelle, ouenlatin, et négliger
ceux en langue étrangère. Sans doute , au moyen d'une gram-
maire et d'un bon dictionnaire , on ne tarde pas à traduire des
parcelles de ces ouvrages , mais le temps que l'on perd à cette
étude et qu'on dérobe à des travaux plus utiles , et les difficultés
que l'on éprouve à bien comprendre le sens de l'auteur que l'on
traduit, font que l'on renonce souvent à ce genre de travail à
cause du dégoût qui s'ensuit.
Une autre considération majeure résulte aussi de ce que l'on
recule devant la dépense considérable qu'il faudrait faire
pour acquérir les divers journaux scientifiques. La raison
en est qu'on n'a souvent besoin de consulter que quelques
mémoires répandus ça et là dans un grand nombre de volumes,
et qu'on trouve difficilement à acquérir séparément ceux qui
renferment ce que l'on voudrait plus particulièrement connaître.
ANALYSES DODVn.VGlsS NODVIiAUX. 2Ô5
11 est aussi des ouvrages tellement rares que c'est à peine si
Von en trouve quelques exemplaires dans les bibliothèques pu-
bliques ou particulières les plus renommées, et lorsqu'on en a
connaissance, des difficultés sans nombre viennent assaillir celui
<jui aurait le plus grand désir de les consulter. Toutes ces consi-
dérations avaient fait naître chez plusieurs personnes le désir de
réunir tous ces matériaux et d'en former un corps de volumes
propre à servir les sciences naturelles. Mais si le désir était
grand , la nécessité reconnue, le sarvice signalé, des difficultés
sans nombre ont arrêté ceux qui en avaient conçu l'idée pre-
mière.
Ce serait donc une bonne fortune pour les savants s'il se trou-
vait un fervent ami de la science qui, réunissant les conditions
favorables à ce projet, voulût bien employer son temps à réunir,
traduire et faire imprimer ceux des différents travaux qui ont
pour but l'histoire naturelle.
Ce souhait est en voie de s'accomplir. M. Chenu, connu dans le
monde savapt par des publications conchyliologiques d'un grand
intérêt, sentant combien une œuvre pareille offrirait de secours
à la science qu'il cultive avec fruit , a formé le projet de doter la
conchyliologie d'une suite de traductions d'ouvrages précieux
par leur importance , de mémoires rares ou peu connus et
d'un intérêt marqué, publiés en Angleterre , en Allemagne,
Amérique, Italie, Suède, etc., sous le titre de Bibliothèque
conchyliologique. Depuis plus d'une année, M. Chenu pré-
pare, dans le silence du cabinet , une suite de traductions faites
avec soin de ce que la conchyliologie possède d'utile et de re-
commandable par le nom des auteurs et par la célébrité que ces
travaux ont acquise parmi les savants. La plupart sont d'un prix
tel que les fortunes médiocres ne peuvent prétendre à les acqué-
rir; mais au moyen du plan conçu par M. Chenu , il sera facile
de se procurer, à un prix en quelque sorte modique, pour
trente francs, des ouvrages qui valent aujourd'hui 200, 230 et
400 francs. Ces ouvrages , fatigants à consulter à cause de leurs
dimensions et de leur poids , seront réduits au format in-8° et
<^hacun ne formera qu'un volume. Tels sont par exemple : Do-
novan (5 vol. in-8°), Montagu ( 3 vol. in-4°) , Martyn Uni-
versal Conchologist (4 vol. in-folio). Ainsi, en nous arrêtant
seulement à ces trois ouvrages, si l'on voulait se les procurer
Tom. VIH. Année 1845. 17
256 REVUE ZOOLOGIQUE. [JuUUt 1845.;
maintenant , et en supposant qu'on pût les trouver complets , il
faudrait dépenser 850 fr. ; eh bien! M. A. Franck, libraire -éditeur
de la Bibliothèque conchyliologique, sera sous peu en mesure de
livrer ces trois ouvrages traduits, les figures fidèlement repro-
duites et tous les trois réduits chacun en un beau volume in-S",
pour le prix de 3o fr. chaque , ou 90 fr. les trois. Certes on ne
saurait trop louer et encourager une pareille publication , et les
savants devront beaucoup à cet acte de haute philantropie.
Voici le plan que M. Chenu a conçu pour la publication des dif-
férents volumes de la Bibliothèque conchyliologique.
Première série.
V' tome, Donovan. — British shells. 5 vol. in-8° et 180 pi. ; ré-
duits à un vol. in 8° et 48 pi. Ce volume a paru. Le texte est
fidèlement traduit: les 48 planches contiennent 587 figures
de coquilles parfaitement reproduites, 17 figures de tubes
d'annélides et 20 de cirripèdes, total 624 figures; 20 feuilles
de texte et une table alphabétique en 2 colonnes , l'une ren-
voyant au nouveau volume , l'autre au litre , aux planches ,
et aux figures de l'ouvrage original , ce qui permettra de citer
ce dernier avec toute certitude.
2* tome. Martyn. — Uni versai conchologist , 4 vol. in-folio et 161
planches réduits à i vol. in-8**et 56 planches.
3* tome composé de 1° Leach. — Partie conchyliologique des Zoo^
logical Miscellany, 3 vol. in-4° et 26 planches.
2° Conrad. — Nouvelles coquilles d'eau douce des Etats-Unis,
1 vol. in-18 et 8 planches.
30 Raffinesque.— Monographie des Bivalves de VOhio, 1 vol.
in-8° et 3 planches.
4° Say. — American conchology , 1 vol in-S" et 48 planches.
Ces six volumes réduits en un volume in-S" et 34 planches.
Ces trois tomes sont en vente.
4^ tome. Montagu— Testacea Britannica y 3 forts vol. in-4o et
30 pi., réduits en 1 vol. in- 8° et 12 pi. (sous presse).
Deuxième série.
i^r tome. — Transactions of the Linnean Society of London,
Tous les mémoires sur la conchyliologie contenus dans les 18
vol. publiés in 4° réunis en un seul vol. in-8° (en traduction).
ANALYSES b OUVRAGKS iVOUVEAUX- 257
2* tome. — Transactions de la Société zoologique de Londres
(sous presse).
3" tome. — Journal de la Société d'histoire naturelle de Bostmi
(en traduction), etc., etc.
Il est aisé de juger par cette série de volumes , dont plusieurs
sont déjà livrés au commerce, de quel intérêt peut être pour
les naturalistes une publication de cette importance conduite
avec autant de célérité que d'exactitude.
Nous n'avons pas besoin et il est parfaitement inutile de dé-
montrer aux savants de quelle nature peut être l'utilité qui s'at-
tache à cette intéressante publication , dont nous n'avons encore
énuméré qu'une faible partie de la richesse. Mais nous pensons
qu'il devient nécessaire de donner quelques explications à ceux
qui, moins habitués à juger de la valeur et de l'importance d« s
ouvrages sur cette science, pourraient peut-être ne pas en coni -
prendre toute la haute portée.
L'amateur des faunes conchyliologiques locales trouvera dans
les nombreuses figures du Donovan , dans celle du Montagu , de
quoi reconnaître la plus grande partie des coquilles de nos côtes
océaniques et beaucoup de celles qui vivent dans les golfes du
Lion, de Gênes, de Venise, etc., sans aucune contention d'es-
prit. Et dans le tome contenant la partie conchyliologique des
transactions Linnéennes de Londres, les mollusques nus ou a
coquilles décrits par Montagu et figurés dans cet ouvrage, avec les
nouvelles espèces de coquilles que ce célèbre et exact naturaliste
n'a pu introduire dans son ouvrage. L'Américan conchology de
Say lui fera connaître les coquilles de la côte nord de TAmé-
rique.
Les spécialistes auront dans le tome 3" le savant mémoire de
Conrad sur les Unio.
Celui qui recherche particulièrement les belles coquilles ser a
satisfait du choix et du nombre de celles que contient l'Universal
conchologist. Enfin le conchyliologue qui aspire à tout connaître,
celui qui est désireux d'avoir des renseignements précieux sur
les nouvelles découvertes, trouvera dans les tomes 2" et 3* de U
seconde série de quoi satisfaire ses désirs.
Cette suite de volumes n'est pas seulement nécessaire aux
Français, elle doit l'être également aux savants étrangers. La
langue française est maintenant parlée par les naturalistes de ioim
258 REVUS zoOLOGiQUE. { JuUlct i8^5.)
les pays, ou du moins comprise par eux. Le prix très-réduit des
ouvrages que la Bibliothèque conchyliologique reproduit, viendra
jiûrement enaideà leurs travaux. Qui, en effet, écrivant sur cette
partie de la Zoologie , voudrait se passer de cette bibliothèque ,
dont la plupart des ouvrages sont hors de prix , rares dans le
commerce, et dont on ne cite presque toujours les figures et le
texte que sur 1 autorité d'autrui, rarement rfe t^mt? Tous pourront
maintenant , grâce à la modicité du prix, méditer ces ouvrages ,
comparer les objets qu'ils ont à étudier avec les descriptions et
les figures et prononcer ainsi en connaissance de cause. De là
résulteront des avantages immenses pour la conchyliologie ; sa
nomenclature s'épurera peu à peu, acquerra de la fixité, et, par
la connaissance plus répandue de cette foule de nouvelles espèces
cachées en quelque sorte dans quelques journaux, lus seulement
dans peu de localités , le savant pourra se guider dans les re-
cherches nécessaires pour établir les espèces qu'il croira encore
inconnues. Cette réunion de publications récentes et d'un grand
intérêt , facilitera beaucoup aussi le moyen d'arriver prompte-
ment à préparer un Species général si ardemment attendu.
Ce n'est pas sans un vif plaisir que nous avons vu la Biblio-
thèque conchyliologique placée sous le haut patronage de M. le
baron Benjamin Delessert, le protecteur bienveillant des savants
et l'ami des sciences naturelles. G. Récluz.
Liste des animaux articulés cités jusqu'à présent comme se trou-
vant à la nouvelle-Zélande , avec les descriptions de quelques
nouvelles espèces ; par MM. Ad. AYhite et Ed. Doubleday, aides
à la partie zoologique du Muséum Britannique.
Lépidoptères.
122. Ptychopoda? rubraria, Doubled. n. sp. Nouv.-Zél.
Mus. Brit. D-^ Sinclair. Exp. alar. 9-10 1.
Toutes les ailes brunâtre-pâle, ponctuées de fauve, les posté-
rieures faiblement teintées de rougeâtre , le bord externe avec
une série de petites taches noires. Ailes antérieures avec une ligne
étroite très-ondulée près la base, une seconde ligne semblable
vers le milieu, sur laquelle est placée une tache noire distincte :
ANALYSKS DOUVKAGKS ^JOUVKAUX. 259
une large fascie dentelée près du bord, suivie d'une série de
taches ovales ou arrondies, toutes fauves. Ailes postérieures avec
une ligne éiroite, ondulée vers le milieu , deux autres lignes
rapprochées l'une de l'autre au delà du milieu, et un cercle de
taches ovales ou arrondies près du bord externe, toutes fauves.
Antennes du mâle fortement pectinées : celles des femelles sim-
{)les, annelées de noir et de blanc. Première et seconde paires
de jambes très-longues chez le maie : jambes de la seconde paire
garnies de deux épines à l'extrémité ; jambes postérieures cour-
tes, fortes, comprimées , munies du pinceau ordinaire de poils ;
les ongles manquent. Femelles avec toutes les jambes allongées;
tibias postérieurs avec une épine courte et une longue à leur
extrémité : tarses longs.
123. Ptychopodarubropunctaria. Douh]. n. sp. Nouv.-Zél.
Mus. Brit. D' Sinclair. Exp. al. 9-101.
Toutes les ailes d'un blanc brunâtre, avec des lignes nom-
breuses, délicates, fortement ondulées, transverses, obscures;
une petite tache rouge au delà du milieu, vers l'angle anal, et
une série marginale de petites taches noires. Il y a aussi trois
séries de petites taches noires plus ou moins distinctes, une près
la base, une juste avant le milieu, la troisième un peu au delà
du milieu des ailes antérieures; la seconde et la troisième se
continuent sur les ailes postérieures.
124. Diasemia grammalis, Doubl. n. sp. Nouv.-Zél. Mus.
Brit. D' Sinclair. Exp. al. 7-8 1.
Ailes antérieures d'un brun-roux , le roux dommant près de
la base : bord interne avec un trait noir à la base, et avant le
milieu une tache triangulaire noire , précédée et suivie d'un
point blanc. Au delà du milieu est une ligne blanche transverse.
L'atteignant pas tout à fait le bord interne où elle se rencontre
extérieurement avec une seconde tache noire , triangulaire.
Ailes postérieures d'un brun-roux, plus ou moins parsemées de
fauve, avec deux lignes irrégulières , transverses , blanchâtres,
entre lesquelles est un point noir. Cils de toutes les ailes variés,
de noir et de blanc. Antennes noires. Jambes allongées ,
rousses.
125. Margarilia flavidalis. Doubl. n. sp. Nouv.-Zél. Mus.
Brit. D-^ Sinclair. Exp. al. 8-9 I.
Toutes les ailes ocracécs, le bord externe avec une série de pe-
260 REvnK zooLOGiouK. {Juillet 184-5.)
tites taches. Ailes antérieures avec une faible ligne près de Ta
base, une encore plus faible au uelà du milieu, et une plus dis-
tincte très ondulée près le bord externe et deux taches discoï-
dales stigmatifornies fauves. Ailes postérieures avec une tache
discoïdale, précédée par une plus petite vers le bord antérieur ,
une ligne transverse au delà du milieu, et l'angle anal fauves.
126. Margaritia qiiadralis. Doubl. n. sp. Nouv.-Zél. D"^ Sin-
clair. Exp. al. 10 1.
Ailes antérieures fauves, nuancées de couleur d'ocre, surtout»
la base et le long de la côte •• une tache ocracée pâle vers le mi-
lieu , pas loin de la côte. Vers le bord externe est une ligne
étroite, ondulée, fauve. Ailes postérieures fatives, plus foncées à
Pangleanal.
127. Margaritia polygonalis. Treits? Nouv.-Zél. D»^ Sinclair.
Le seul individu de cette espèce, rapporté par le D' Sinclair,
étant très-abîmé, je ne suis pas sûr de son identité avec la M. po-
lygonalis d'Europe.
128. Margaritia? cordalis Doubl. n, sp. Nouv.-Zél. Mus.
Brit. D^ Sinclair. Exp. al. 1 p. 1 1.
Ailes antérieures subdiaphanes, d'une couleur paille très-pâle,
faiblement parsemées de fauve et de roux ; la base , une tache
cordiforme au delà du milieu, une autre tache carrée sur la côte,
au delà du milieu, et le sommet roussâtre ; la tache apicale bor-
dée intérieurement de fauve. La côte vers le sommet, et le bord
externe marqués de taches fauves. Ailes postérieures subdia-
phanes , avec trois taches fauves , l'une vers le milieu du bord
antérieur, la seconde au dessous, près du bord postérieur, la
troisième près du sommet. Bord externe tacheté et fauve. Jambes
pâles , tachetées de fauve.
129. Crambus ramosellus. Doubl. n. sp. Nouv.-Zél. Mus. Brit*
D' Sinclair. Exp. al. 1 p.
Ailes antérieures acuminées, brunes, avec une ligne argentée
longitudinale se bifurquant avant et après le milieu^ bordée infé-
rieurement, depuis la base des ai les jusqu'au bord externe, d'une
ligne noire un peu interrompue au delà du milieu. Vers le som-
met est une ligne courbe de 6 ou 7 petites taches noires , et sur
le bord lui-même se trouve une pareille série. Ailes fauves, ex-
cepté au sommet. Ailes postérieures fauves , immaculées.
ANALYSES d'O0VR4GES NOUVEAUX. 261
130. Crambus flexua^ellus. Doubl. n. sp. Nouv.-Zél. Mus.
Brit. D"- Sinclair. Exp. al. 101.
Ailes antérieures brunes, marquées un peu au-dessous de la
côte d'une bande argentée faiblement ondulée , atteignant à
peine le bord externe, auquel elle arrive juste au-dessous du
sommet; à cet endroit les cils sont argentés. Sur le disque, im-
médiatement au-dessous de cette bande, sont deux ou trois pe-
tites taches brunes, et sur le bord externe , aussi au-dessous de
la bande, se trouvent quatre taches brunes ; V. Cils, excepté ceux
du sommet, fauves. Ailes postérieures fauves.
131. Crambus vitellus, Doubl. n. sp. Nouv.-Zél. Mus. Brit.
D' Sinclair. Exp. al. 10-121.
Ailes antérieures acuminées , brunes, divisées longitudinale-
ment par une bande argentée s'étendant de la base au milieu du
bord externe. Bord externe très délicatement bordé de noir;
cette couleur s'étendant faiblement le long d'une ou deux ner-
vures inférieures. Côte pâle au delà du milieu. Ailes postérieures
et cils de toutes les ailes fauves. — Cette espèce semble varier
un peu; un individu, que je crois seulement une variété, a la
côte d'un blanc argenté au delà du milieu. Il est même possible
que Ton prouve plus tard que l'espèce précédente est une variété
de celle-ci.
132. Argyrosetia stilbella. Doubl. n. sp. Nouv.-Zél. D' Sin-
clair. Exp. al. 7 1.
Ailes antérieures d'un blanc argenté , faiblement teintées de
jaune le long du bord interne , marquées d'une bande brune
longitudinale s'étendantde la base au sommet, occupant un tiers
de la largeur de l'aile La côte, excepté le milieu, faiblement
bordée de noir, émettant vers le sommet une ligne oblique à la
fascie centrale. Cils longs à l'extrémité , argentés , terminés de
brun. Ailes postérieures fauves
Outre les espèces de lépidoptères décrites ci dessus , je puis
rappeler l'existence des genres Phycita, Aphelia^ Anacampsis,
Depressaria, et je crois d'^Eudorea ; mais malheureusement les
individus rapportés par le D' Sinclair ne sont pas assez entier»
pour pouvoir être décrits avec les détails nécessaires.
262 REVUE zooLOGiguE. ( Jm7/cM8l5. )
Diptères.
Simulium'? Nanm, ou Mouche de sable. Pol. Nouv -Zél. p.
3I9.IIab. laNouv.-Zél.
Très -nombreuse sur les rivages et sur les bords des anses et
des rivières. Yate, Nouv.-Zél. p. 72. — Il faut rapporter à quel-
que genre voisin des Simulium la mouche de sable à laquelle
le passage suivant a trait : Une espèce de petits moucherons
[Tipula alis incumbentibus) devint pendant la mauvaise saison
un tourment remarquable. Ils étaient nombreux sur les lisières
des bois ; ils n'étaient pas moitié aussi gros que des cousins ou
des moustiques, et nos matelots les appelaient mouches de sable.
Leur piqûre était extrêmement douloureuse. Tout le monde, ce-
pendant, n'en était pas également atteint. — Forster, Voy. I , p,
135, 136. Les animaux les plus malfaisants, à la baie Dusky, sont
les petites mouches noires de sable, qui sont très-nombreuses, et
sifatiguantes qu'elles surpassent toutes cellesde lamême famille
que j'aie jamais rencontrées. Quand elles piquent elles causent
une tumeur et une démangeaison tellement insupportable qu'il
n'est pas possible de s'empêcher de se gratter , ce qui à la fin
cause des ulcères comme la petite vérole. — Cook, Voy. sur la
Résol. etl'Avent. I, p. 99.
Culex? Waiwairoa , ou Mosquito, Pol. I. c. 1 , p. 319. Nouv.-
Zél. ( dans les marécages ). Polac.
Les moustiques abondent dans les bois et sur les bords des
ruisseaux, mais ils ont été récemment importés. D'après Cook,
on trouva ces insectes en abondance dans les bois lors de sa pre-
mière visite. Les naturels le nient. Yate, p. 72.
Dans le voyage du lieutenant Cook sur l'Endeavour , on parle
de ces mouches de la^ manière suivante : nous ne vîmes pas
beaucoup de moustiques et de mouches de sable, qui sont à
juste titre regardés comme le fléau des pays où ils abondent :
il y en avait cependant quelques-uns à presque toutes les rives
où nous abordâmes, mais ils nous donnèrent si peu de tour-
ment que nous ne fîmes pas usage des voiles que nous avions
emportés pour la sécurité de nos visages.
133. Thereva bilineafa , F. VViedem. Ausser. Zweifl. Ins. I, p.
2?9. Bibio bilineata, F. Ent. syst. 757 , 3. Nouv.-Zél.
134. Eristalis trilineatus , F. Wiedem. Aus. Zweif. Ins, II,
ANALYSES d'OUVRAGES NOUVEAUX- . 26.1
p. 168. Syrphus Irilineatus, F.E. Syst. 766, 16. Nouv.-Zël. Fa-
bricius. — Le D' Sinclair a rapporté une petite espèce très- voi-
sine de celle-ci, si ce n'est pas la même.
i^S. Fristalis cingulaius , F. Wied. 1. c II, p. 162. Syrphus
cingulatus. F. E. Syst. 767, 23. Nouv.-Zél. Fabricius.
136. Musca ( Sarcophaga) lœmica, White, n. sp. Hab. la
Nouv.-Zél. Mus. Brit. D' Sinclair.
Thorax et écusson noirs, faiblement teintés de blanc . quel-
ques poils allongés, raides, sur la surface qui est couverte de
petits poils. Abdomen en dessus d'un verd obscur métallique,
jaunâtre à certains aspects , ce qui est causé par de petites écailles
et des poils jaunes répandus en quantité : en dessous il est plus
jaune, le vert variant à certains aspects. Les jambes sont jaunes
avec quelques poils obscurs ; les tarses sont d'un brun noirâtre ;
ailes colorées de jaune à la base. ïéte en général jaune , brune
entre les yeux, avec deux lignes longitudinales de poils raides.
Longueur de la femelle 6 1., du mâle 4 3/4. Est très-voisin du
genre Sarcophaga, Meig. Syst. Beschr. Europ. Zweif. Ins. V, p.
14, t. 43, f. I-IO.
LeD"" Sinclair m'apprend que le révérend M. Taylorde Waimaté
a fait de beaux dessins des insectes environnant son établisse-
ment : parmi beaucoup d'autres, il a dessiné les transforma-
tions de la mouche qui attaque la, viande. Il est à désirer que ce
missionnaire publie ses recherches sur l'histoire naturelle de
rîle. On peut rapporter à cette mouche le Gad^fly ou OEstrus cité
par Polack, Nouv.-Zél. 1, p. 320, comme nuisant beaucoup aux
aliments , et les mouches à viande semblables à celles d'Europe
dont parle Hawkesvvorth dans la relation du voyage de Cook sur
l'Endeavour, III, p. 43t^.
Aphaniptères.
137. Pulex. Keha, ou Puce, Fol. 1. c. p. 321. ïniau, DiefT.
Hab. la Nouv.-Zél.
Les naturels disent que les puces ont été introduites par les
Européens, et pour cette raison ils les appellent ordinairement
be Pakeanoninohi, le petit étranger. Diefîenbach.
( La fin au numéro prochain).
264 . REVDE zooLOGiguE. (Juillet 1845.)
III. SOCIÉTÉS SAVAIVTES.
Académie royale des sciences de Paris.
Séance du 7 juillet 1845. — M. Boussingault adresse un
mémoire sur V Analyse chimique deVurine des animaux herbi-
vores. Ce mémoire renferme un fait qui surprendra les chimistes
et les physiologistes : c'est que dans l'urine des herbivores, il y
a du bicarbonate de potasse , et non pas , comme on le croyait ,
du sous-carbonate. En mettant de côté l'urée et l'acide hippu-
rique , on trouve que ces urines ressemblent singulièrement à
une eau minérale alcaline. On pourrait essayer de les employer
pour dissoudre les calculs d'acide urique : je parlerai plus sérieu-
sement, poursuit M. Boussingault, qu'on ne sera peut-être dis-
posé à le croire, en disant qu'un produit sortant de la vessie
d'une de mes vaches m'inspirerait, comme médicament, beau-
coup plus de sécurité qu'une dissolution alcaline préparée par
de très-habiles chimistes.
M. Auguste de St.-Hilaire adresse quelques observations sur
la ressemblance^ dans la conformation physique ^ des Chinois
et des indigènes brésiliens. Dans ce travail , le savant botaniste
voyageur apporte de nouvelles raisons en faveur de l'opinion
que M. Serres a émise , que les Botocoudos ressemblent aux
hommes de la race Mongolique. Il cite divers passages de son
voyage au Brésil , la comparaison qu'il a faite des divers Botocou-
dos et d'un certain nombre de Chinois amenés au Brésil , et il
appuie encore son opinion et celle de M. Serres, en citant un
passage de M. d'Olfers, voyageur prussien qui était arrivé aux
mêmes vues.
M. Serres présente des observations fort intéressantes sous le
titre à^Etude de la race américaine.
M. Is. Geoffroy St.-Hilaire fait hommage d'un travail im-
primé , faisant partie d'une série de mémoires sur les caractères
et la classification des Mammifères , avec description et figure
des espèces nouvelles. Chacun de ces mémoires est suivi de notes
sur diverses questions de zoologie générale qui se rattachent aux
faits particuliers précédemment exposés.
Le présent mémoire a pour sujet les Singes américains , et
I
SOCIÉTÉS SAVANTES. 265
particulièrement le genre Saïmiri déjà indiqué , mais non établi
par l'auteur, et le genre Nyctipilhèque. M. I. Geoffroy termine
son mémoire par une note étendue sur l'application , à la famille
des Singes , des vues émises par lui sur le parallélisme des
séries.
M. Buvernoy dépose un paquet cacheté. AI. Flourens pré-
sente un exemplaire de VHistoire des Insectes^ par M. Blan-
chard. C'est un petit ouvrage faisant partie d'une entreprise de
librairie destinée aux jeunes gens.
M. Jacquinot adresse des observations sur les Américains
Joways.
Séance du i^ juillet. MM. Hombron et Jacquinot présentent
une Note sur le Nasalis larvatus. Ils décrivent avec détail l'es-
tomac de ce Singe.
M. Flourens présente , au nom de l'auteur , M. d'Eichthal ,
un opuscule ayant pour titre : Études sur l'Histoire primitive
des races océanienfies et américaines.
Ces études, dit l'auteur dans sa préface , se rattachent et font
suite à l'origine desFoulahs, publiée dans le tom. V' ou Becueil
de la société Ethnologique. Elles contiennent de nouvelles
indications sur l'existence d'une civilisation primitive qui , dé-
veloppée d'abord dans la polynésie orientale, s'est répandue de
ce point vers l'ouest, à travers l'Oôéanie , jusque dans l'Afrique,
et , à l'est , jusqu'en Amérique.
On savait déjà que les migrations polynésiennes s'étaient
étendues , à l'ouest , jusqu'à l'île de Madagascar ; dans mon essai
sur les Foulahs , j'ai montré moi-même que ce peuple se ratta-
chait d'une manière plus ou moins directe au rameau polyné-
sien. Cette fois j'ai suivi les traces de l'influence polynésienne
jusque chez les Coptes, les Mandingues , et diverses autres
populations africaines D'un côté j'ai signalé les faits qui in-
diquent une ancienne communication , j'ai montré d'autres rap-
ports entre l'Afrique et diverses races aujourd'hui américaines.
Séance du 21 juillet. M. Serres lit des Observations sur
l'application de la photographie à V étude des races humaines.
Cette lecture est faite par le savant académicien pour faire con-
naître les avantages que la science anthropologique pourrait
retirer de l'établissement d'un musée photographique. 11 an-
266 RKvuE ZOOLOGIQUE. ( J^t'/ZeM 845. )
nonce que M. Thiesson vient de faire un voyage en Portugal et
en Italie, qu'il a pris le portrait de 2? individus de la race
africaine ou éthiopique. Cette collection présente un intérêt
scientifique considérable.
Séance du 30 juillet. M. Jacquinot adresse un morceau
ayant pour titre : Des caractères anthropologiques. L'auteur
revient encore sur ce qu'il appelle les caractères zoologiques et
les caractères anthropologiques ; il cherche à défendre l'exacti-
tude des principes qu'il a émis dans ses diverses communica-
tions et qui ont été combattus par M. Serres.
Société entomologique de France.
Séance du ^ juillet 1845. — M. H. Lucas montre à la Société
plusieurs chenilles dwBomhyx [^diinrmdi) cecropia Linné, qu'il a
obtenues d'éclosion le 8 juillet ; les œufs avaient été pondus le
22 juin ; c'est donc dix-sept jours après la ponte que les petites
chenilles ont opéré leur éclosion. Les Bombyx cecropia^ des-
quels M. H. Lucas a obtenu ces chenilles , proviennent de quatre
cocons qui ont été rapportés de la Nouvelle-Orléans Trois fe-
melles et un mâle sont nés de ces cocons; un accouplement
a eu lieu , et c'est de ce dernier qu'on a obtenu 350 œufs en-
viron , dont les trois quarts au moins sont éclos. Ces œufs sont
longs de trois millimètres, ils n'ont pas moins de deux milli-
mètres de largeur , et leur forme est celle d'un ovale qui serait
légèrement déprimé; ils sont blancs, tâchés de roussâtre. La
chenille, longue de 6 1/2 millimètres deux jours après sa sortie
de l'œuf, est entièrement noire, peu agile , couverte de tuber-
cules et ornée de longues épines de même couleur que le corps.
M. H. Lucas rappelle que l'on a cherché à obtenir de la soie du
Bombyx cecropia , et il dit que peut-être y parviendra-t-on plus
tard ; enfin il termine en disant que M. Audouin avait présenté à
l'Institut plusieurs notes sur ce sujet, et qu'il avait fait faire di-
verses planches qui n'ont malheureusement pas encore été pu-
bliées.
— M.^. Lucas donne de nouveaux détails sur VAcridium
peregrinum Olivier , dont il a déjà été plusieurs fois question
SOCIÉTÉS SAVANTK3. 2ô7
dans celte revue ( 1845, p. 1(J0,204 et 236). On se rappelle qii«
jusqu'ici cet insecte n'avait été signalé que comme se trouvant
en Asie et en Afrique. M. Justin Goudot vient d'apprendre à
M. II. Lucas que rette espèce se rencontrait aussi en Amérique
dans les environs de la INouvelle-Grenade , qu'elle s'y montrait
en très-grand-nombre , y dévorait tout ce qu'elle rencontrait de
végétation sur son passage et qu'elle était même considérée par
les indigènes comme un très-grand fléau. Les individus del'^cri-
dium peregrinum que M. Justin Goudot a pris en Amérique ont
la plus grande ressemblance avec ceux d'Asie et d'Afrique , et
n'en diffèrent que par la taille un peu plus petite ; cependant il
faut observer que les sillons traversaux du prolhorax sont plus
petits et moins profondément marqués ; que la carène médiane
de ce même organe est moins sensible , et que les taches noi-
râtres , de forme carrée , que présentent les ély très sont moins
apparentes que chez les individus qui habitent l'ancien monde ;
quoi qu'il en soit, ces légères différences ne peuvent être consi-
dérées comme des caractères spécifiques, et elles ne sont proba-
blement dues qu'aux influences climatériques.
— M. Chevrolat annonce qu'il a observé récemment que les
larves des Chrysomélines porte-fourreaux , dont il avait fait une
famille distincte , sous le nom de Tubifères , dans le Diction-
naire universel d'histoire naturelle, vivent de substances li-
gneuses. On sait maintenant que la larve de la Clythra quadri-
punctata Fabricius vit des amas de bois recueillis par la Formica
fusca ; dernièrement M. Chevrolat a vu sur des bûches des larves
de Cryptocéphales rongeant le bois et se tramant à la manière
des Limaçons. Les larves de ces Cryptocéphales sont très-abon-
dantes dans les feuilles sèches de chênes dans la forêt de Saint-
Germain, et probablement elles y rencontrent de petits morceaux
de bois. M. Chevrolat montrera bientôt des dessins de ces larves,
qui ont des rapports avec celles des Lamellicornes.
— M, Alexandre Brongniart , membre honoraire , fait passer
sous les yeux de la Société une branche de saule qui présente
des altérations considérables causées par des piqûres d'insectes.
Cette branche est très - gonflée , comme boursouflée , d'un
côté , tandis que de l'autre elle est dans son état ordinaire. Plu-
sieurs échantillons, semblables à ceux qui ont été présentés à la
Société , ont été recueillis sur le même saule à une hauteur de
il
268 RKVUK zooLOGiQDK. ( /wt/ZcM 845.)
plus de dix mètres , et cependant l'arbre ne paraissait pas en
souffrir. Cette maladie est probablement produite par les atta-
ques de quelques insectes, selon toute apparence par des Cynips^
dont on a cru reconnaître quelques débris dans les trous que
présentent les branches : c'est en dessous de l'écorce , ou dans
rintérieur de cette partie du végétal , que réside la maladie de
l'arbre; le bois proprement dit n'est nullement attaqué. Cette ob-
servation n'a pu être complétée jusqu'ici; M. Alexandre Bron-
griiart n'a pu se procurer l'insecte qui a dû sortir l'année dernière
des branches de saule attaquées ; mais il se propose de compléter
cette année son observation , et il espère prendre l'insecte qui
produit le dégât sur le saule. C'est à Saint-Éloi , près de Gisors
(Eure) , que cette observation a été faite.
M. jE". Blanchard dit à la Société qu'il ne connaît aucune ob-
servation qui se rapporte entièrement à celle de M. Alexandre
lîrongniart; il ajoute que les Cynips produisent habituellement
des galles de forme légèrement arrondie, et qui forment des es-
pèces de plaies différentes de celles que l'on remarque sur les
branches de saule présentées à la Société; toutefois il pense que
ce sont bien des Cynips qui ont produit cette maladie.
— M. H. Lucas donne lecture d'un travail ayant pour titre :
Notice sur quelques espèces nouvelles d?Ixodes qui vivent pa-
rasites sur les serpents ( Boa constrictor et Python Sebae) et sur
VOrnithorhynque ( Ornithorhynchus paradoxus ). Voici les
phrases dignostiques des espèces décrites par M. H. Lucas :
1" Ixodes flavo-maculatus. Lucas. Long. 3 millim. ; lat. 2
3;4 millim. — Corpore orbiculato , sat fortiter punctato , fusco
rubescente , maculis flavis ornato , his subtilissime fusco-ru-
bescente punctulatis ; capite fusco-rubescente , subtiliter pun-
ctulato ; palpis pedibusque fusco-rubescentibus ^ primis sat
elongalis, crassis , compressis, ultimis exilibus, sat elongatis ;
corpore infra flavo cinerescente. — A été trouvé vivant et fixé
entre les écailles du Boa constrictor Duméril et Bibron , nou-
vellement arrivé du Sénégal.
2*^ lœodes gracilentus Lucas. Long. 2 1;2 millim.; lat. 1 3/4
millim. — Ovatus; corpore flavo-testaceo ; thorace cordiformi^
flavo aurantiaco , rubescente transversim vittato , marginibus
rubris ; palpis pedibusque flavo-rubescentibus. — Se tient fixé
SOCIÉTÉS SAVANTES. 269
sur le Python Sebœ Duméril et Bibron ; et se plaît particulière-
ment dans les intervalles que laissent entre elles les écailles ven-
trales.
Z° Ixodes Ornithorhynchi Lucas. Long., 7 millim. ; lat. , 4
milliin. — Ovato-oblongiis; capite ^ thorace pedibusque punc-
tatis , flavo aurantiacis ; abdomine cinereo flavo aurantiaceo,
subtilissime transversim conferiimque striato , laxe punctatOy
fulvescente-piloso. — Cette espèce vit sur VOrnithorhynchua
paradoœus Blumenbach ; elle se tient particulièrement sur les
parties latérales du ventre, près des régions anale et génitale;
elle se plaît aussi sur la région dorsale du même animal.
Séance du 23 juillet 1 845. — M. Eugène Desmarest fait passer
sous les yeux de la Société un Lucanus cervus maie, chez le-
quel on ne remarque qu'un seul œil, celui du côté gauche ; au
côté droit , non-seulement l'œil manque tout à fait extérieure-
ment, mais encore on voit à sa place une dépression très-mar-
quée : il y a également des différences assez notables entre les
mandibules; celle du côté droit est comme déformée et plus petite
que celle du côté gauche. M. Eugène Desmarest regrette de n'a-
voir pu , lorsque l'insecte venait de mourir , en faire l'anatomie,
et voir si le nerf optique droit était atrophié. Le Lucanus cervua^
dont il vient d'être question , a été pris aux environs d'Alfort par
M. Paul de Saint-Martin.
— M. Bêcher présente à la Société deux individus du Bombyx
dryophaga , lépidoptère nocturne , encore inconnu dans les col-
lections de France ; ce qu'il a de singulier, ajoute M. Becker,
c'est que M. Boisduval et les auteurs allemands qui ont parlé de
ce Bombyx, pensaient qu'il vivait exclusivement sur le chêne,
tandis que le correspondant dont M. Becker tient les deux indivi-
dus en question lui a assuré les avoir élevés sur le cyprès.
A ce sujet , M. Pierret prend la parole et fait observer qu'il
y aura eu sans doute confusion au sujet du Dryophaga avec
quelque autre Bombyx , car il lui paraît impossible qu'une es-
pèce aussi caractérisée puisse vivre en même temps sur le chêne
et sur le cyprès. Ce serait un fait tout à fait exceptionnel et con-
traire à toutes les lois entomologiques. M. Pierret pense que le»
deux Bombyx élevés à Smyrne sur le cyprès par M. Wagner,
qui les a envoyés à M. Becker, n'appartiendraient pas à la même
270 REVUE ZOOLOGIQUE. {JuUkl 1845.)
espèce qui a été découverte en Dalmatie ; ce serait, ajoute-t-ii ,
le seul moyen d'expliquer le fait cité par M. Becker.
— M. Becker montre à la Société un grand nombre de Lépi-
doptères du Brésil , parmi lesquels plusieurs sont nouveaux et
parfaitement bien conservés.
— M. ff. Lucas donne de nouveaux détails sur les chenilles
de Bombyx cecropia , dont il a déjà parlé dans la dernière
séance de la Société , il communique principalement de nou-
velles observations sur le premier changement de peau de cette
chenille et sur les diverses couleurs que présente cette dernière
après s'être débarrassée de son enveloppe du premier âge. Les
observations fort intéressantes de M. H. Lucas seront insérées
dans le Bulletin entomologique de la Société. E. D.
IV. MELAIVGES ET NOUVELLES.
CoNGiiÈs SCIENTIFIQUE DE Fkance , 13"'« Session.
Cette année le congrès se tiendra à Reims. , 11 s'ouvrira du
1" au 10 septembre et durera au moins dix jours, comme les
années précédentes.
Monseigneur Gousset, archevêque de Reims, a été nommé
président de la commission d'organisation par la 1?™° Session
tenue à Nismes en septembre 1844. Les secrétaires généraux
sont MM. A. Bonneville , procureur du roi , H. Landouzy , mé-
decin, et L. Paris, bibliothécaire de la ville. On peut s'adresser
à ces messieurs pour se faire inscrire.
Nouvemx membres admis dans la Société Cuvierienne.
N** 297. M. Arthur Morelet, membre de la commission scienti-
fique d'Algérie , etc. etc. à Dijon.
Présenté par M. Guérin-Méneville.
N° 298. M. Hugh Stricki.and , Esq. à Londres.
Présenté par M. Lowel Beeve.
BUITIEMB ANNEE. — AOUT 1845
I. TRAVAUX INEDITS.
Notice sur le genre Aigle Aquila , par M. 0. Des Murs (1).
Jusqu^à ces derniers temps , la dénomination d'Aigle, Aquila^
a servi à désigner plusieurs espèces d'Oiseaux de proie , recon-
nues appartenir évidemment à des genres tout différents, tels
que les genres Haliœtus, Circaëtus , etc. Sans doute , la famille
des Accipitres étant des plus naturelles , et les nuances qui en
distinguent les diverses tribns des plus fugaces et des moins fa-
ciles à saisir, on a pu hésiter à fractionner les deux grandes di-
visions que Liiinée , avec un instinct si sûr, en avait faites sous
les titres de Fultur et de Falco.
Un moment , et pendant même une assez longue période , on
a cru que le mérite de la création du genre Aquila , ajouté aux
deux genres Linnéens, appartenait à Brisson (2), et c'est l'erre-
mentque, jusqu'à ce jour, avait suivi la science ornithologique.
Depuis peu , cependant , on a reconnu , et avec raison , que ce
genre avait été créé , avant Brisson, par Mœhring (3 , et c'est à
M. G. R. Gray qu'est due cette restitution.
Pourtant, comme avant tout nous tenons à ce qu'en histoire
naturelle, où le public admis à contrôler la science est si rare ,
justice soit rendue à chacun de ceux qui ont contribué à la faire
ce qu'elle est , nous n'hésilerons pas à signaler l'erreur positive
qu'il y aurait à s'en tenir à cette indication de Ihonorable orni-
thologiste anglais , qui a été suivie par M. L. Agassiz dans son
Nomenclator zoologicus. Oui sans doute, Mœhring, qui à peine
a laissé trace de son passage en ornithologie, avait établi le genre
Aquila avant Brisson , c'est-à-dire en 1 752 ; mais un autre na-
turaliste de plus de portée et de valeur que Mœhring , qui l'a
(1) Extraite de l'Iconographie ornithologique, ou Recueil de planches peintes d'Oi-
«eani , faisant suite aux planches enluminées et aux planches coloriées, dont le pros-
pectas et la l'e livraison viennent de paraître chez Fr. Klincksieck, libraire, rue d*
Lille, 11.
(«) Ornithologia, 1760.
^3) Avinm gênera, 1752.
Tome VIII. Année 1845. 1«
272 KF.VUE ZOOLOGIQDK. (Joût 1845.)
souvent cité, l'avait institué avant lui; et ce naturaliste est
Klein.
Dans son Uistoriœ avium Prodomus ^ publié en 1750 , mais
qu'il écrivit , ainsi qu'il le dit lui-même, en 1 745 . date de sa
préface, il a divisé ce qu'il a appelé V Ordre des Oiseaux en fa-
milles , en genres et en tribus^ et, pour avoir une idée du sens
quMl attachait au mot genre, il suffît de savoir que huit de ses
genres composent pour lui l'ordre entier des Oiseaux. Or, lors-
qu'après la division , encore de si fraîche date, des Accipitres de
Linnée en Vautours et en Faucons , Klein vient les subdiviser en
trois tribus , qu'il nomme Aquila , Fultur et Falco , il est bien
évident qu'il n'y a chez lui de changé que le nom des degrés de
son échelle de classification , et que son terme de tribu a une
valeur équipollente à ce que les naturalistes de nos jours sont
convenus d'appeler genre. Et cela devient incontestable quand
on remarque qu'en tête de chacune de ces tribus, il pose une
diagnose des mœurs et des caractères physiologiques distinctifs
des espèces composant la tribu
C'est ainsi qu'en tête de sa première tribu des Accipitres, qui
est celle des Aigles, Tribus Aquila, après avoir défini brièvement
leurs mœurs et leurs habitudes, il exprime en ces termes le ca-
ractère générique principal qu'il leur reconnaît: Tribus Aquila,
inier aves tetradactylos , digilis solutis meretur locum super-
eminenterri; puis , à la fin de cette courte description caracté-
ristique, il ajoute : Plura de aquilis species sunt.
Or, ces espèces d'Aigles sont beaucoup moins mélangées et
confondues chez Klein que chez Mœhring et chez Brisson; pour
s'en convaincre, on n'a qu'à voir quels sont les Oiseaux de proie,
qu'en dehors des Aigles et des Vautours, il relègue dans sa troi-
sième tribu , Tribus Falco : tous les autres Oiseaux de proie ,
sive , dit-\\ y hucusque Accipitres, sive Milvi, sive Buteones,
aut in specie Falcones fuerint appellati.
11 nous paraît donc nettement établi que Klein doit être re-
gardé comme le premier ornithologiste qui, aux deux sec-
tions primordiales de Linnée, en ait ajouté une troisième,^
en créant le genre Aquila adopté depuis par presque tous les
naturalistes , moins Latham , jusqu'à Geoffroy St-Hilaire et
Cuvier.
Car il y a loin de la composition si naturelle, si sage et si me-
ThAVADx i^Rorrs. -273
«urée du genre Aquila^ constitué par Klein, à la composition in-
Ibnne du même genre réalisée par Mœhring : c'est à croire, si
Kes dates n'étaient là pour démontrer le contraire, que celui-ci
a écrit et travaillé bien antérieurement à celui-là. Ainsi, là où
Klein réunissait à peine quelques Pygargues à ses Aigles, avec
lesquels, comme Brisson, il les confondait, Mœhring, lui, com-
prenait pêle-mêle , sous cette dénomination générique , plusieurs
genres hétérogènes qui , pour lui , n'étaient en quelque sorte que
des espèces : Falconis quœdam species, dit-il , Aquilœ , Accipi-
ires , Milvi auctorum !
Quoi qu'il en soit, et pour suivre l'historique du genre qui
nous occupe, Brisson conserva ce même genre Aigle, qu'il nom-
mait Genus Aquilinumy ainsi créé et remanié avant lui ; et à Tin-
star de Klein , mais aussi avec plus de discernement que Mœh-
ring, il y comprit à titre d'espèces plusieurs autres genres tout
à fait distincts des vrais Aigles.
Tous les ornithologistes , jusques et y compris l'illustre auteur
du Manuel des Oiseaux d'Europe et des planches coloriées,
M. Temminck , ont fait de même.
Nous nous trompons; Cuvier (1) qui , lui aussi, a maintenu le
genre Aigle, en lui donnant une consécration toute nouvelle et
unanimement respectée, est le premier de tous les ornitholo-
gistes modernes , et cela dès 1 798 , qui l'ait restreint en le con-
stituant ce qu'il est réellement et ce qu'il restera toujours, aux
espèces ô.'' Aigles proprement dites , en leur attribuant pour ca-
•^ractères « un bec très-fort , droit à sa hase et courbé seulement
« vers sa pointe (caractère commun à ce qu'il appelle la tribu
des Aigles^ comprenant les genres Haliœlus , Pandion, Cir-
caëtus^ Harpya^ etc.), et a des tarses courts et gros, emplumés
» iusqiCà la racine des doigts » (caractère presque exclusive-
ment unique et spécial aux seuls Aigles proprement dits, en un
mot au genre Aquila).
Il était impossible , en effet, quelque faibles et à peine saisis-
sables que fussent les nuances qui , sur certaines limites, sépa-
rent les différents genres composant Tordre des Aquilinés les
uns des autres, de ne pas constituer, des AigU^s proprement dits,
un genre essentiellement distinct et ayant encore ses caractères
^1) Rè|;ne animal, an. t.
274 RETUE ZOOLOGIQUE, (^oût 1845. )
particuliers. Cette doctrine, Cuvier n'a jamais cessé de lui étr«r
fidèle; le célèbre Geoffroy St-Hilaire l'a toujours professée ; c'est
la même encore qu'enseigne depuis longtemps le digne conti-
nuateur de son nom , de sa science élevée et de ses œuvres, dan»
ses cours publics au Muséum d'histoire naturelle et à la Sor-
bonne. Il faut savoir gré à M. G. R.Gray de s'y être sagement
conformé dans son List of the gênera of Birds, et dans son bel
et bon ouvrage de Gênera of Birds, en voie de publication,
malgré l'exemple de l'honorable M. Temminck.
Sous ce rapport, il serait donc vrai de dire que si Klein a créé
la dénomination générique d''Aquila, c'est à G. Cuvier qu'ap-
partient l'honneur d'en avoir fait une saine application.
IVoTiCE sur le genre Pédionome Pedionomus (Gould),
par M. 0. Des ]VIurs(1).
L'honorable M. Gould , avec la bonne foi que tout le monde
savant lui connaît et à laquelle nous rendons le plus sincère hom-
mage , a publié dans les Proceeding Zool. Soc. 1840, comme
créé par lui , le genre Pedionomus qu'il établit sur une fort jolie
petite espèce d'Échassier de l'Australie , dont on lui doit la des-
cription et la figure , sous le nom de P. torquatus. Depuis , et en
1844, le même ornithologiste a décrit une seconde espèce de ce
genre sous le nom de P. macrourus.
Nous comprenons parfaitement que M. G. R. Gray ait admis
la dénomination de ce genre dans son List of the gênera of
Birds 1 841 , mais nous sommes étonné que personne n'ait encore
fait remarquer que cette dénomination de Pedionomus était déjà
ancienne.
En eff'et , Vieillot , en 1 8 1 8 (2) , s'en est servi avec la désinence
du pluriel Pedionomi , et il l'a as-jignée , dès cette époque , à la
famille dont le genre Olis était pour lui le type et le représentant
unique. Il avait eu soin, selon sa louable habitude, d'y joindre
rétymologie de ce mot composé (toôCov Campus , v£tJLO|xat Pas-
(1) Extraite de l'Iconographie ornitbologique oa Recueil de planches peintes d'Oiseani ^
faisant soite aux planches enluminées et aux planches coloriées, dont le prospectas et
ta f* livraison viennent de paraître chez Fr. Klincksieck, libraire, rue de Lille, li.
(») NouT. Dict. d'hist. natnr., tome iU.
TRAVAUX INÉDITS. 275
'Cor) ; et sa caractéristique générique était celle-ci : « Bec droit,
• un peu voûté; les trois doigts réunis à leur base par une mein-
» brane. >
Aujourd'hui que la science ornithologique a unQ tendance bien
marquée à suivre le progrès des autres sciences, à poser des prin-
cipes et des règles non-seulement pour l'étude et le classement
des êtres dont elle s'occupe, mais encore pour la manière d'é-
crire l'histoire de ses hésitations , de ses différentes phases et de
ses efforts afin d'arriver à ce classement, nous avons jugé qu'il
ne serait pas inopportun et que l'on ne nous saurait point mau-
vais gré de remettre en mémoire aux ornithologues ce fait pure
ment historique.
IN'est-ce pas par suite de ses recherches pour parvenir à la dé-
couverte et à la constatation de la vérité en cette matière, que
M. G. R. Gray en est arrivé, après avoir, dans sa première et
dans sa seconde édition de sa List of the gênera of Birds 1840
et 1841, indiqué Brisson comme le fondateur du genre Aquila
en 1 760, à indiquer ensuite comme en étant le véritable auteur,
Mœhring en 1 752? se rapprochant ainsi davantage de l'exactitude
historique, sans cependant l'avoir complètement atteinte, ainsi
que nous l'avons expliqué dans notre notice sur ce môme genre,
puisque nous croyons que c'est à Klein [Historiée avium pro-
dromus 1750) , que doit être attribué le mérite et l'honneur de
cette invention.
N'est-ce pas pour atteindre ce but, toujours digne, de rendre à
nos prédécesseurs la justice qui leur est due , comme aussi pour
répandre un peu de clarté sur la synonymie si compliquée en or-
nithologie, que M. G R. Gray a toujours eu pour principe de
rejeter tous les noms de genres nouveaux ou prétendus tels ,
alors qu'il était certain qu'ils avaient été déjà employés soit avec
les mêmes désinences dans d'autres branches des sciences , soit
dans la même branche avec une désinence différente ? Tels que,
par exemple, le genre Brachypterus (Lesson, Accipitres) qui avait
été précédemment employé avec une autre désinence Brachy-
pleryx (Horsfield, Turdidés) ; le genre Sphenurus (Swainson, Co-
lombidés) déjà précédemment employé en Sphenura (Lichten-
stein, Sylvidés) ; le genre Eudromia (d'Orbigny et Isidore
Geoffroy St-Hilaire , Tinamidés), précédemment employé en Eu-
dromia» (Boié, Charadridés); et le genre Polysticla {ILyioii ^
276 RKVDE zooLCGu^ci:, [Août 1815.)
Analidës) déjà employé en Polysticle (Smith, Bucconidës) , car-
ies exemples seraient à multiplier à l'infini.
D'ailleurs , nous sommes intimement convaincu que l'hono-
lable M. Gould , une fois éclairé sur ce point, pensera comme
nous, que Ton ne comprendrait pas qu'il fût possible de trans-
porter à un genre nouveau une dénomination déjà conférée à
tort ou à raison à un genre tout autre et tout différent. Car, en
définitive , si par suite de la rigueur de ces principes on se trouve
aujourd'hui presque forcé , malgré l'autorité du nom et des ju-
gements de Cuvier, de souscrire à cette sévérité de M. G. R.
Gray, qui lui a fait enlever à cet éminent naturaliste le mérite
de l'application si heureuse au genre Satyra (Lesson^ du mot
Tragupan que les Grecs et les anciens donnaient à un Oiseau
demeuré indéterminé , pour le reporter à Mœhring , qui en avait
fait l'application à un genre de ('alao ; à plus forte raison devra-
t-on souscrire à notre observation sur le genre Fedionomus ,
alors surtout que le fait a été déjà chronologiquement constaté
par M. le professeur L. Agassiz , en 1 842, dans son Nomenclator
zoologicus.
La conséquence de ces réflexions serait le changement du nom
de Fedionomus de M. Gould , le dernier venu.
Nous proposerions de le remplacer par celui de Turnicigralla,
qui indiquerait ses rapports avec le genre Tumix d'une part ,
et les Gralles de l'autre dont il se rapproche par l'absence de
plumes à la base du tibia.
Et alors du Fedionomus torquatus {Gould) nous ferions Tur-
nicigralla Gouldiana , d'abord pour conserver le souvenir et le
nom de l'auteur de la découverte de ce joli genre , et ensuite
parce que la spécifique Torquatus ne saurait sans inconvénient
lui convenir, le mâle du P. macrourus, dont cet estimable orni-
thologiste n'a décrit que la femelle, ayant un collier presqu'en
tout semblable à celui du P. torqualiis : et du F. macrourus ,
nous ferions Turnicigralla macroura ( 0. Des Murs) Gould.
Voici au surplus la caractéristique du mâle de cette dernière
espèce que nous devons à l'obligeance de notre excellent ami
Ed. Verreaux , et qui figurera dans uiie prochaine livraison de
notre Iconographie ornithologique.
Turnicigralla macroura. — (Fedionomus macrourus Gould.)
Mas—nuchael peclore castaneis, collo nigro guttulis albi»
TK4VAUX 1!><ÉD1TS. 277
antice et posticc distincto; gula alba; capite et corpore toto
supra fulve cinerascentibus nigreque vermiculatis ; abdomine,
lateribus ac remigibus primariis fulvis , nigro maculatis;
rostro et pedibus /lavis. Cauda fere nulla; rectricibut
setosis.
Notes sur quelques espèces Madécasses de l'ordre des Écuassiers,
par M. le Docteur Pucheran.
1. Rallidés. — Lorsque nous avons commencé Texamen des
espèces que nous allons décrire, persuadé que nous étions
qu'elles étaient inédites, nous n'avions d'autre but que renon-
ciation de leurs diagnoses diflerentielles. Mais l'obligation dans
laquelle nous nous sommes trouvé de les comparer aux types
déjà connus de la même famille , nous a convaincu de la néces-
sité de créer quelques nouveaux genres , indépendamment de
ceux introduits déjà dans cette partie de l'ornithologie par
Bechstein, Vieillot, et plus récemment par MM. de Lafresnaye
et Gould.
Un premier genre (Aramide, Aramides) comprendra les
grandes espèces de l'Amérique du sud, voisines de Fulica cayen-
nensis , Gm. {Gallinula cayennensis , Lath. — Rallus maximus
Vieill.). Bec allongé, élevé, comprimé; mandibule supérieure
mousse et arrondie à partir du tiers antérieur, plus aplatie
dans tout le reste , se courbant insensiblement de la base à la
pointe; mandibule inférieure droite jusqu'à son tiers antérieur,
où le* goniums se relèvent; narines elliptiques , longitudinales ,
creusées dans une fosse occupant la moitié du bec, sans sillon
qui la continue comme dans les Raies; doigts très-longs, mais
pouce court , surtout par rapport à la taille de l'animal , ce qui
les éloigne des Gallinules. Espèces : Gallinula cayanensis, Lath.
— Gallinula sarracura , Spix. — Gallinula ruficollis, Lath.,
qui ne nous paraît pas différer de Gallinula mangle , Spix.
Un second genre (Rallite , Rallites)^ comprenant les plus pe-
tits individus de la famille, se caractérise par son bec comprimé
égalant la tête en longueur; à mandibule supérieure douée d'une
arête bien marquée , finissant en arrière en pointe émoussée ,
278 REVUE /ooLOGigoK. [/loût 1845.)
mais n'entamant pas le front ; à mandibule inférieure droptc
jusqu'à la partie médiane où les goniums se relèvent ; ses doigts
sont grêles, très-allongés, et le pouce l'emporte en longueur sur
celui du Railas crex et du Rallas porzana , qui cependant sont
de plus grande taille , et dont la conformation rostrale est toute
différente. A ce groupe nous semblent devoir appartenir Rallas
pusillus, Rallus Baillonii, Crex lateralis , Gallinula exilis ,
Rallus fuscus , etc.
Un troisième genre (Pokphyriops, Porphyriops) nous est offert
par les espèces américaines qui présentent un bec presque aussi
élevé qu€ celui des Porphyrions , mais plus comprimé, ce qui
les rapproche de la Marouette, dont les éloigne, au contraire,
l'ampleur de leur pouce. L'individu figuré par M. J. E. Gray,
dans l'édition anglaise du Règne animal de Cuvier, sous le nom
de Fulica crassirostris ^ peut être considéré comme le typé de
cette troisième division.
Un quatrième genre enfin (Biensis , Biensis) nous semble de-
voir être établi pour une espèce madécasse, dont les individus
sont encore très-rares. Le bec est deux fois long comme la tête,
d'une gracilité extrême ; à mandibule supérieure faiblement en-
fléchie à la pointe , présentant une arête aplatie, devenant plus
large sur le méshorinium, et échancrant le front par une plaque
triangulaire, peu profondément excavée en forme de cupule:
la mandibule inférieure se relève un peu vers sa pointe, et forme
en cet endroit un petit crochet ascendant : les narines sont li-
néaires , creusées dans une fosse très-allongée et terminée par
un sillon qui parcourt le bec et ne cesse qu'à un pouce en-
viron de la pointe: les doigts sont grêles, le médius plus long
que le tarse, le pouce assez allongé. L'espèce type {Biensis ty-
piis , Pnch.) est olivâtre en dessus, flammèche de noir, le noir
occupant le centre de chaque plume; la tête est grise, noircis-
sant sur le vertex , le milieu du menton blanchâtre , et le cou ,
aussi bien que le thorax , offre la teinte , mais bien affaiblie , des
parties inférieures du Rallus fuscus ; les pennes des ailes sont
noirâtres en dessous , brunes en dessus ; la taille est à peu près
celle du Rallus crex.
Des deux espèces qu'il nous reste à décrire , l'une appartient
au genre ^a//M5 proprement dit, l'autre au G. Gallinula. La
première est olivâtre en dessus, flammêchée de noirâtre, cette
TRAVAUX INÉDITS. 279
couleur occupant le centre de la plume ; une large tache blanche
formant un parallélogramme occupe , à partir du menton , la
partie inférieure du cou; le thorax et l'abdomen sont de cou-
leur rouge bai ; les tectrices inférieures des ailes sont noires ,
fasciées de blanc; la taille est celle du Ballus torquatus.
C'est cette espèce que Cuvier et M. Lesson ont désignée sous le
nom de Ballus gularis. Mais cette dénomination ayant été au-
paravant appliquée par M. Horsfield au Ballus fuscus , L., nous
croyons convenable de lui substituer celle de Ballus Cuvieri ,
d'autant plus que MM. Jardine et Selby l'ont également donnée à
une espèce américaine qui mérite par cela même d'être autre-
ment baptisée. L'individu dont nous venons de donner succinc-
tement les caractères de Ptilose est le type même de Cuvier, re
présenté par M. Guérin Méneville dans son Iconographie du
régne animal , Oiseaux, pi. 58 , f. 1. : il vient de l'île Maurice ,
et ceux que le Musée de Paris a reçus de Madagascar en diffèrent
par quelques différences de teinte dans la coloration des parties
inférieures et du tlessus de la tête et du cou, sur la valeur des-
quelles notre opinion est loin d'être fixée.
Quant à la Gallinule [Gallinula kioloides), elle a le dessus du
cou et du dos brun olivâtre, le menton blanc ainsi que la gorge ,
le front blanchâtre, de même qu'une grande tache qui passe à
travers l'œil ; le dessous du cou , la poitrine, la partie supérieure
de l'abdomen et les petites tectrices supérieures des ailes sont
rouge brique très-vif, devenant plus sombre sur le croupion et les
pennes caudales ; les pennes des ailes sont brunes et fasciées de
blanc en dessus comme en dessous sur leur bord interne ; la
taille est celle du Ballus crex (1).
2. ScoLOPACiDÉs. — Bécassine de Bernier {Gallinago Ber-
nieriy Puch.). — Espèce très-semblable à la variété indienne du
Scolopax Gallinago par la disposition d'ensemble et la teinte de
ses couleurs , mais s'en distinguant par son bec aussi long que
celui du Scolopax paludosa, dont elle diffère beaucoup par la
taille.
Nous ne connaissons qu'un exemplaire de ce dernier type spé-
cifique : il appartient au Musée de Paris. Quelques individus des
(1) Cette espèce a les plus grands rapports par la forme du bec et des narine» «Tee
n. gularis , Jard. et Selb ; peut être sera-l-il nécessaire den former plus tard un l;p«
générique distinct.
ï
280 REVUE zooLOGiooE. [Aoàt 1845.)
deux espèces plus haut décrites existent également dans notre
collection nationale et dans celle de M. le prince d'Essling.
Description de quelques nouvelles espèces de coquilles fossiles
et vivantes de la Sicile , avec l'addition de cinq nouvelles es-
pèces de Polypiers; par le docteur Pietro Calcara , de Pa-
lerme.
1. Lucina Altavillœ. L. testa magna, solida, orbiculari, pos-
tice subsinuata , striis concentricis , lamelliformibus , lunula
minima cordata , impressione musculari antice longitudinaliter
striata. Cardine , dentibus lateralibus destituta.
Elle est voisine de la Lucina radula Lamk. — Je ne connais
qu'un seul exemplaire trouvé fossile à Altavilla , près Palerme ;
diamètre , 4 pouces 3 lignes.
2. Lima solida. L. testa magna , solida , subovata , depressa ,
antice quasi abscissa , longitudinaliter striato-ustulata , costis
17-18. Pauci sqamulosi, auriculis minimis, foveola cardinali
oblongo-ovata , scabra.
Voisine de la Lima sqamosa. Lamk. — Trouvée fossile dans
le tuf calcaire d'Altavilla; long. 3 li2 , larg. 2 I[3 pouces.
3. Spondylus Friddanii. L. testa magna , oblongo-ovata , lon-
gitudinaliter sulcata et costata , costis magnis , valde quatuor
squamosis ; imbricatis, minimis aculeatis , aculeis acutis vel ob-
tusis squamulosis, valva inferiore area cardinali plana, trigona ,
longitudinaliter sulcata. An. Spondylus crassicosta. Lamk?
Fossile dans le tuf calcaire d' Altavilla ; long. 6 , larg. 4 1/2
pouces.
Je me plais à dédier cette espèce au savant amateur des
sciences naturelles, M. le baron Friddani , de Sicile, en témoi-
gnage de tout mon respect.
4. Dolabella serra di falci. D. testa oblongo-ovata , dilatata ,
tenui , pellucida , albo-cornea , vix obsolète striata , latere pos-
tico coàrctata, attenuata , anterius elongata ; corpore virescente,
oblongo , postice verruculis rotundatis cooperto.
An dolabella unguifera Rang. ?
Bullea ? serra di falci. Calcara, Monografia dei Generi Clau-
TRAVAUX irSÉDITS. 281
silia e Bulime con l'aggiunta di alcune nueve specie di con-
chiglie, etc., p. 44.
J ai trouvé cette précieuse espèce dans la mer de Palerme en
octobre et en novembre ; long. 8 , larg. 4 1 [2 lignes.
5. Hélix assarinensis. II. testa orbiculato-subconoidea, uui-
bilicata , fulvo-castanea , albo niaculata , anfractibus quinque
plane convexis , longitudinaliter oblique striatis , apertura ro-
tundato-depressa , labro simplici.
Affine alla Hélix rupestris. Drap. — Il convient de noter que
les premier et second tours de spire se présefltent lisses. Un seul
exemplaire vivant a été trouvé près d'Asaro, anciennement
appelé Assarina ; diamètre environ 3 lignes.
G. Paludina Porrii. P. testa minuta conico-turrita , acuta ,
lœvi, nitida, rufo-fusca ; anfractibus quatuor convexis, sutura
profunda divisis , apertura rotundata, labro simplici acuto.
liissoa paludinioides. Calcara, Monografia dei generi Spiror-
bis e Succinea con l'aggiunta di alcune specie di conchigliesici-
liane, p. 10.
Habite l'île de Pantellaria et le voisinage de Catane. Elle m'a
été communiquée par mon ami le professeur Andréa Aradas.
Long. 1^2, larg. l24de ligne.
Je dédie cette nouvelle espèce au savant malocologiste, M. le
comte Carlo Porro de Milan , auteur de la Malocologia terrestre
e flaviatile délia proviltcia Comasca, en témoignage de ma
haute estime.
7. Cancellaria costata. C. testa obonga turrita, glabra , lon-
gitudinaliter costulata; anfractibus 5 suturis marginatis , im-
pressis, costellis numerosis obliquis distantibus , in medio sul-
catis , apertura angulata, columella biplicata, labro intus vix
sulcato.
Buccinum costalum. Calcara , Monografia dei generi Clausilia
e Bulime, etc., p. 50.
Les plis de la Columelle, dans l'exemplaire que j'ai décrit
comme Buccinum , étaient encroûtés de calcaire et invisibles.
Fossile de Montepellegrino, trouvé vivant près de Catane.
8. Fusus La Viœ. F. testa oblonga turriculata, a^S^issima
anfractibus 8. subplanis , transverse profunde striatis e/cingula-
tis , apertura ovata, labro simplici , cauda recta. (
Obs. On doit noter que dans cçtte espèce on trouve constam-
b
28âl RKVOK ZOOLOGl^UK. {JoÛt 18^5.)
ment au milieu de chaque tour de spire un pli très- prononcé»
Trouvée fossile à Altavilla. — Long. 6 , larg. env. 3 lignes.
9. Buccinum Lamarckii. B. testa ovato- conica , glabra , an-
fractibus 6. longitudinaliter costatis, costis a suturis nodosis ,
cauda transversim striata , columella longitudinaliter lamel-
losa. — Long. \ p. 4 1., larg. maxima 8.
Fossile d'Altavilla.
Je dédie cette espèce à la mémoire du célèbre naturaliste
Français de Lamarck , en témoignage de mon admiration pour
ce grand génie.
10. Lunulites radiatilis. L. polypario solilario semigloboso ,
crasso , supra convexo , subtus piano aut concavo , toto lamelloso,
radiato. — Diam. 7 à 8 lignes.
1 1. Turbinolia hamosa. T. polypario solitario , turbinato cy-
lindrico. basi acute hamoso, superficie toto longitudinaliter
Btriato , sœpe muricato , Stella verticale rotundata , lamellis inae-
qualibus. — Long. 10. Larg. 4 lignes.
12. Turbinolia aculeata. T. polypario solitario turbinato-cla-
vate subcompresso , basi arcuato, longitudinaliter striato-costato,
costis 8 sublamellosis aculeatis , Stella verticalis ellipsoidea. —
Long. l.Larg. 7 lignes.
13. Turbinolia compressa. T. polypario solitario, compresso
dilatato, prolungate acuto, longitudiniiliter subplicato, plicis no-
dosis, Stella verticali oblonga. — Long. 1 po. 3 lig. Larg. 1 pouce.
14. Turbinolia Bonellii. T. polypario solitario turbinato, sub-
clavato, basi obtuso , subarcuato, longitudinaliter striato, costu-
lato, costulis subundatis scabris, stella verticali rotundata. —
Long. 1 p. 8 lig. Larg. I pouce.
Je dédie cette nouvelle espèce au docteur Nicolas Bonelli, mé-
decin de Nicosie , en témoignage de mon profond respect pour
son mérite.
Ces cinq polypiers ont été trouvés fossiles dans le tuf de S. Gia-
€omo, près Nicosia.
tràtadx inémts. 9Bt
Description de quelqnes-uns des Insectes les plus remarquable»
découverts par M. A. Delegorcue dans les pays des Boschi-
mans , des Ama Zoulous, des Massilicatzi et au Port Natal ,
pendant les années 1838, 39 , 40, 41 , 42, 43 et 44 ; par
H. GUÉRIN Méneville.
Avant de passer à la description du choix d'insectes remar-
quables que nous avons fait dans la belle collection rapportée
par M. Delegorgue , nous croyons devoir donner à nos lecteurs
une idée du voyage périlleux, long et pénible, que cet intrépide
naturaliste a entrepris dans une partie de l'Afrique encore vierge
pour les sciences naturelles.
Parti de France en mai 1838, M. Delegorgue arriva au Cap à
la fin d'août suivant. Il explora d'abord le Versooren Valley pen-
dant plusieurs mois , et , peu de temps après, en partie à cheval
pour se rendre aux frontières du pays des Boschimans. Les con-
trées qu'il parcourut, stériles , ingrates, brûlées par le sel, dont le
terrain est imprégné , et par un soleil ardent , ne lui offrirent
rien de remarquable. Les habitants sont cependant hospitaliers
et ont conservé les mœurs patriarcales telles qu'elles étaient
du temps de Levaillant.
Huit mois après son arrivée au (lap , M. Delegorgue se rendit
par terre au Port Natal , pays neuf du contact des blancs, vierge
d'explorations scientifiques , et qui promettait d'abondantes dé-
couvertes au naturaliste. Ces lieux sont couverts de profondes
forêts, asile d'animaux inconnus, dont M. Delegorgue fit une
ample récolte. En janvier 1840 il fut distrait de ses recherches
scientifiques par une guerre contre les Ama-Zoulous , à laquelle
il prit part, et il ne put les reprendre qu'après deux mois de
campagne. ^
En septembre 1840 il passait un mois entier à chasser les Hip-
popotames. Ce n'était encore que le prélude d'une chasse bien
autrement intéressante, celle des Éléphants , à laquelle il consa-
cra une année entière dans le pays du roi Panda, chef des Ama-
Zoulous. 11 commençait ces chasses le 15 octobre 1841, et les
terminait le 9 octobre 1842.
En mai 1843 il partit pour le pays des Massilicatzi , distant de
255 lieues du Port-Natal , et situé entre 23° 18' et 25° 0' lat. sud,
et entre 27o 0' et 29" 0' long. est. Cette dernière excursion , bril-
i284 KKVUE zooLOGiguE. {^oût 1845.)
lantepar les résultats obtenus, lui coûta plus de 10,000 fr. On
lui vola un chariot avec chargement , munitions , fusils et
bœufs ; il perdit en outre trente-six bœufs de trait, qui succom-
bèrent de maladie ; ses chiens de chasse moururent tous , et ses
gens, tous plus ou moins affectés eux-mêmes, quoique naturels
du pays, ne lui rendaient que peu de services. Il resta trois mois
dans cette fâcheuse position , emprisonné dans le désert , à la
veille d'être dénué de munitions, la seule ressource du voyageur.
Enfin il réussit à en sortir , après avoir failli perdre toutes ses
collections au passage d'une rivière, où les bœufs , entraînés par
un courant rapide, furent sur le point de se noyer. Durant
ce séjour forcé dans le désert, il eut à lutter contre les Caffres ,
gens fourbes et pillards, par qui il aurait été infailliblement as-
sassiné sans la prudence excessive à laquelle il recourut tou-
jours. Du reste , le retour de M. Delegorgue à Natal étonna tout
le monde , car on avait fait courir le bruit de sa mort dans le
pays, et cette nouvelle avait été accréditée par les journaux an-
glais qui l'avaient répandue.
C'est en novembre 1 844 , six ans et demi après son départ, que
M. Delegorgue est revenu en F'rance. Il y a apporté les riches
collections recueillies pendant ce long et périlleux voyage. Du
reste, M. Delegorgue, et un naturaliste suédois, M. Wahlberg ,
qui s'y trouvait en même temps , sont les seuls Européens qui
aient exploré ce pays sous le point de vue de l'histoire naturelle,
et qui soient parvenus à pénétrer aussi avant dans ces contrées
encore si peu connues.
M. Delegorgue aurait pu aller plus loin encore s'il n'avait pas
été embarrassé par ses collections. 11 pense que les ob-
stacles qui empêcheront les voyageurs de pénétrer plus avant ,
sont surtout la disette d'eati, et les dissentions qui existent conti-
nuellement entre les diverses tribus. 11 croit cependant qu'on
pourrait traverser jusqu'à des colonies portugaises restées ignorées
ou oubliées des Européens, et situées à une grande distance dans
l'intérieur. Pour y parvenir il faudrait avoir des ressources autres
que celles d'un particulier : il faudrait l'appui d'un gouverne-
ment éclairé et généreux.
Quoi qu'il en soit , M. Delegorgue a enrichi la zoologie d'un
grand nombre d'objets nouveaux et remarquables. Obligé de ti-
rer parti de ses récoltes pour couvrir une portion minime def
TRATALX INÉDITS. 285
dépenses qu'il a faites pendant ce long voyage , il a placé déjà
dans divers musées une grande partie des animaux qu'il a re-
cueillis. Cependant il lui reste encore un bon nombre de mam-
mifères précieux et plus de deux mille oiseaux, parmi lesquels
se trouvent toutes les espèces décrites par Smyth et beaucoup
d'espèces nouvelles. Ses insectes ont également été vendus à di-
vers amateurs et marchands; ceux que nous allons décrire nous
ont été cédés ou communiqués par lui, et plusieurs étaient
uniques dans sa collection. La majorité d'entre eux offre une
physionomie analogue à celle des Insectes du cap de Bonne-Es-
pérance ; mais, quoique appartenant à des groupes semblables ,
ce sont pour la plupart des espèces différentes et nouvelles.
Quelques-uns semblent se rapprocher de la physionomie de
l'entomologie du Sénégal et des côtes de la Guinée. Enfin il y a
quelques espèces identiques avec celles qui ont été découverte»
récemment en Abyssinie.
1 . Tefjlus fJelegorguei. Niger ; thorace punctato , latiore quam
longiore. Elytrissulcatis , sulcis elevato-punctatis; tibiis extror-
sum longitudinaliter sulcatis. — L. 55. 1. 20 mill. — H. in re-
gione Massilicatzi.
2. Anthia massilicata. Nigra , ovata; labro utrinque emar-
ginato. Elytris octo-costatis , margine albo integroque, angulum
humeralem non attingente. — L. 41. 1. 14 mill. — H. in regione
Massilicatzi.
3. Jnthia cephalotes. Nigra, elongata, parallela ; labro levi-
ter utrinque emarginato; capite magno , supra duabus vittis
longitudinalibus maculaque alba utrinque infra oculos; medio
thoracis lata vitta flava ; elytris elongatis , sulcatis , maculis tribus
(una scutellari ) basalibus fulvo-flavis, posticè albo marginatis.
— L. 31. 1. 9 1/2 mill. — H. in regione Massilicatzi. 1
4. Atïthia graphijpteroides . Nigra, depressa et postice dilatata,
lata vitta longitudinali flava in medio capitis, thoracis et basi
suturae. Elytris basi profunde sulcatis, foveolatisque , duabus
maculii transversalibus obliquisque ultra médium flavis. — L.
28, 1. 9 mill. — H. in regione Massilicatzi.
5. Moluris cuhica. Nigra , laevigata , nitida , subquadrata , fera
plana supra dorsum ; thoracis lateribus rugoso-punctatis ; elytris
sutura costaque laterali elevatis ; pedibus pilis flavis tectis. — L. 23.
l. 13 mill. — H. in regione Massilicatzi.
àéC REVUE ZOOLOGIQUË, {j4oÛt 1845.)
6. Moluris discoidea. Nigra , obscura ; thorace orbiculato , for-
titer cribralo punctis; elytris subtiliter granulatis, dorso ferw
complanatis, lateribus rotuiïdatis , valida laterali carina acuta et
marginis lateralibus infra carinam obliquis ; pedibus squami»
fulvis tectis. — L. 21. 1. 12 mill. — H, in regione Massilicatzi.
7. Moluris variolosa. Obscure- castanea; thorace orbiculato,
fortiter crebre-punctato ; elytris crebre punctatisseu foveolatis,
complanatis, lateribus fere rectis, valida carina laterali acuta et
marginibus lateralibus \nfra carinam obliquis ; pedibus squamis
obscure fulvis tectis. — L. 1 3. 1. 8 mill. — H. Port Natal.
8. Monomma giganteum. Ovatum , nigrum , opacum , punc-
tatum. Elytris subtiliter punctatis, striis punctorum fortiorum. —
L. 13 1/2. 1. 8 mill. — H. Port Natal.
9. Dorcasomus Delegorguei. — Cyaneus nitidus. Elytris laete
flavis ; lœvigatis , apice cyaneis. Pedibus punctatis subvillosis. —
L. 3,6. 1. 11 mill. — H. iri regione Massilicatzi.
10. Polycleis plumbeus. Oblongus,plumbo-colore; elytris sub-
tiliter rugosis , striato-punctatis. Corpore infra cineraceo-albido
pubescente. — L. 21. 1. 9 mill. — H. in regione Massilicatzi.
Nous représenterons la plupart de ces espèces intéressantes
dans un prochain cahier du Magasin de Zoologie en en donnant
une description plus détaillée.
II. ANALYSES D'OUVRAGES NOUVEAUX.
EsERCiTAziONi ACADEMicHE , ctc. Excrcices ùcadémiques des as-
pirants naturalistes de Naples. Juin, 1839 et 1840. Naples,
Ce cahier contient les travaux zoologiques su ivants :
1<> Description de deux nouvelles espèces de Lépidoptère , par
Ach. Costa,
L'une appartient à la famille des Diurnes et au genre Satyrus^
l'autre à celle des Nocturnes et au genre Ornix.
1. Satyrus belzebul.Tah. Il, fig. 1 et 2. S.unicolor , atro
fuliginosus ; alis posticis suhtus aterrimis; antennarum clava
parvula , inferne albida.
11 a quelques rapports avec VAlecto d'Ochsenneimer; mais il
ANALYSES d'ouvrages NOUVEAUX. 287
«st plus pelit ; il n'a pas comme lui des zones à la face inférieure
des ailes, et la massue des antennes est bien plus petite ; la forme
des ailes n'est pas non plus la même. II a été pris sur le Monte-
corno , en Italie ; il volait le 2 août au-dessus d'un vaste champ
de neige glacée.
2. Ornix columbœpennella. — Tab. 11 , fig. 3.— O. j4lis an-
ticis margaritaceis , maculis trigonis margivalibus plumbeo-
auralis , fuscoque irroratis^ punctisque nigricanlibus majori-
bus; capite^ palpis , pedibusque margaritaceis ; oculis fuscis.
11 a été pris sur la dernière crête du Montecorno^ immobile et
accroché contre un rocher.
2» Catalogue de la Faune entomologique des environs de
lieggio, par P. Corigtiano.
On y remarque, entr'autres Lépidoptères, la Pyrale du Dat
tier , qui , quoique originaire d'Afrique , peut cependant vivre
dans les environs de Reggio , en mangeant d'autres fruits su-
crés, mais un peu modifiée quant à la taille et à la couleur , à '
cause de la différence du climat.
L'auteur donne une description détaillée de Vinsecte parfait ,
de la nymphe et de la larve ^ tels qu'ils les a vu se développer ,
fcn faisant éclore des œufs venus d'Afrique dans une caisse de
Dattes.
3° Nouvelles recherches sur l'organisation des Reptiles (avec
figures) , par S. Tommasi et Ant. de Martine.
Voici les faits nouveaux contenus dans ce mémoire.
Art. L Viscères abdominaux. — On trouve chez les Lacertiens
un corps cylindrique qui part de la face concave de la rate , se
porte à droite pour s'unir presque à angle droit au pancréas. Il est
formé d'un faisceau de petits vaisseaux parallèles entre eux. 11
commence vers la rate par un renflement sphérique, se rétrécit en-
suite , puis se porte vers l'extrémité du pancréas sans changer de
calibre. Ce renflement n'est pas immédiatement appliqué contre
la rate, mais seulement situé près d'elle; tandis qu'il a un intime
rapport avec la substance du pancréas. Lisse à la superficie à
l'oeil nu , à la loupe il présente un grand nombre de replis
semblables à ceux que forment les conduits spermatiques. 11 est
blanc grisâtre; son parenchyme, vu au microscope , est iden-
tique à celui du pancréas.
Cette disposition établit une analogie de rapport , de la rate
Tome Vlll. Année 1845. 19
I
?88 RKVDE ZOOI.OGiyiJE. [Août 1845.)
avec le pancréas , entre les Lacertiens et les Ophidiens ; cher ce»
derniers, en effet, il y a adhérence intime desdenx organes. Serait-
ce un canal destiné à conduire une substance élaborée dans la
rate? On ne peut le dire. Seulement les usages accordés à la
rate des Mammifères par quelques auteurs ne semblent pas être
les mêmes chez les Reptiles.
Les auteurs ont constaté que le conduit cholédoque passe dans
le tissu cellulaire qui sépare les deux lobes du pancréas de la
Coluber atrovirens et de la Nalrix torquata , pour se jeter dans
le duodénum sans contracter de communication avec la sub-
stance de cette glande.
Art. II. Sur les organes génitaux des Lacertiens. Ces anato-
mistes décrivent en outre un organe qu'ils pensent avoir dé-
couvert les premiers. C'est un petit corps ovoïde , allongé ,
d'un roux jaunâtre, de quelques lignes de long. Il existe dans
les deux sexes , chez les femelles à la partie supérieure et
interne de l'ovaire ; chez les mâles entre le testicule et l'épidi-
dyme.
Chez les femelles surtout, l'uretère qui le traverse pour aller
à l'ovaire correspondant , est très-visible , et son diamètre est
plus considérable que ne semblerait l'exiger le volume de l'or-
gane. Leur identité dans les deux sexes porte à penser qu'ils
ont le même usage , lequel est inconnu. Serait-il destiné à faire
subir au sang une modification qui le rendrait plus convenable
aux sécrétions des organes génitaux ?
4" De Vorgane auditif des Reptiles (par les mêmes).
Situation chez les Lacertiens. — L'organe auditif est creusé
non -seulement dans le Rocher, comme dans les autres Reptiles,
mais encore dans Voccipital latéral , qui renferme un limaçon
rudimentaire avec la fenêtre ronde correspondante. Le Rocher
est fort développé ; ce qui détermine le grand développement
de la région temporale des Lacertiens.
Conduit auditif externe. — Un conduit auditif externe rudi-
mentaire commence à apparaître dans cet ordre. 11 a environ un
tiers de ligne de profondeur ; il est elliptique ; son plus grand dia-
mètre est perpendiculaire au corps de l'animal. Il est constitué
en avant par Varc Sigmoïde de l'os tympanique ., en bas par
l'apophyse du maxillaire inférieur ; au fond est tendue la mem-
brane du tympan, brillante, comme micacée. La partie posté-
ANALYSES u'oOVRAGliS NOUVBADX. 289
«•ieure de la circonférence externe du conduit est un peu plus
«levée, et la peau forme un espèce de repli susceptible d'être
tiré en avant et retiré en arrière à l'aide des muscles sous-cuta-
nés et par les mouvements de la tête. De cette manière il peut
fermer le conduit externe à la manière d'une valvule; et, en
outre, influer par sa tension ou son relâchement sur la tension
ou le relâchement de la membrane du tympan qui en est une
continuation.
Membrane du tympan. — Elle est excessivement mince , mais
dénature cornée, ce qui lui donne de la résistance en même
temps qu'une grande élasticité, qui donne une grande finesse à
leur sens de l'ouïe. Elle est formée de deux feuillets membraneux
très-minces , unis par leurs faces opposées à l'aide d'un tissu
cellulaire très-délié. Le feuillet externe est une modification de
la peau qui pénètre dans le conduit auditif. L'interne est la con-
tinuation de la muqueuse du pharynx qui pénètre par la trompe
d'Eustache. 11 n'y a pas de membrane propre entre ces deux-là,
Les auteurs donnent le nom d^apophyse centroïde à une apo-
physe de la mâchoire inférieure, déjà notée par quelques au-
teurs, et qui est un prolongement de l'apophyse condyloïde de
la mâchoire inférieure. Elle forme le tiers inférieur du cercle
auquel s'attache la membrane du tympan. Comme elle est située
en arrière de l'articulation de la mâchoire, il en résulte que
lorsque la bouche s'ouvre, l'apophyse précédente relâche la
membrane du tympan , et la tend quand elle se ferme. Cette
particularité physiologique, disent ces auteurs, n'avait pas en-
core été notée avant eux. Ils ont constaté aussi que la partie pos-
térieure du cercle , auquel s'attache la membrane du tympan ,
est formée par un tissu ligamenteux ( et non cartilagineux ,
comme le dit VVindischmann) qui se prête aux mouvements im-
primés à la membrane du tympan.
11^ volume. — 2' partie.
r Observations anatomiques sur la Lamproie, Petromizon ma-
rinus , par MM. Tommasi et de Martino. Mémoire lu le 31
mai 1840.
Les auteurs de ce travail se sont proposé de rechercher s'rl
n'existerait pas sur les autres Poissons cartilagineux des ves-
tiges de l'appareil électrique des Torpilles,
290 REVUE ZOOLOGJQUE. {^oûl 1845.)
Ils ont remarqué derrière la cavité nasale du Petromizon ma-
rinus un petit corps mou et roussâtre qui apparaît au travers
de la peau , très-mince en cet endroit. C'est une masse gélati-
neuse d'un bleu clair rosé. Au microscope il présente des cylin-
dres repliés sur eux-mêmes. 11 est enveloppé d'une membrane
très-ténue , et séparé des muscles occipitaux dorsaux , entre les-
quels il est placé, par un tissu cellulaire, qui lui sert comme de
capsule. De sa partie postérieure partent en divergeant plusieurs
faisceaux musculaires , constitués par autant de fascicules très-
petits disposés obliquement comme les dents d'un peigne.
La base de ce petit corps se continue avec la paroi supérieure
du crâne , et pénètre dans sa cavité au niv.eau du sommet des
lobes antérieurs; cependant il n'est pas en contact immédiat
avec eux. Un filet nerveux part de la partie antérieure de ces
lobes, l'autre de la partie postérieure. L'antérieur, très -fin ,
semble aller vers l'oreille ; le postérieur s'identifie avec le petit
corps dont il s'agit. Ils le considèrent comme doué de la faculté
électromotrice, par conséquent analogue à l'appareil électrique
des Torpilles ; et à cause de son voisinage avec le cerveau , comme
un organe de sens ou de tact exquis.
Quant à l'oreille , la membrane interne de son sac vestibu-
laire présente trois plis qui sont les rudiments des canaux demi-
circulaires. Cet organe auditif se rapproche beaucoup de celui
des Céphalopodes.
lis décrivent en outre un petit corps situé au-dessous de l'estomac
entre les deux ovaires. Il est lobule, calleux, réniforme, long de
2 lignes et demie et large de 2. 11 est recouvert par le péritoine ;
il se prolonge à chaque extrémité en forme de canal , qui ne pa-
raît avoir aucun rapport avec les oviductes. Ceux-ci, injectés
au mercure, se replient sur les ovaires à leur sommet , tandis
que par l'autre bout ils s'ouvrent dans le cloaque. 2® Au milieu de
l'ovaire et des vaisseaux veineux de l'abdomen ils ont vu un
corps glanduleux. Il commence au-dessous de l'estomac et va se
terminer dans un appendice du mésentère, 2 pouces avant le
cloaque. 11 ressemble à un corps glandulaire. Un pouce avant sa
terminaison il présente un appendice vermiculaire , blanc gri-
sâtre, long de 4 lignes, qui s'en sépare à angle droit et se porte
vers sa face postérieure qui adhère à la colonne vertébrale. Au
même niveau que cet appendice , sur cette face postérieure , on
ANALYSES d'oUVRAGES NOUVEAUX. 291
voit un corps cylindrique du calibre et de lu couleur de l'ap-
pendice précédent. î>a surface est parcourue par deux capillaires
flexueux. Il se prolonge en arrière pour adhérer à la colonne
vertébrale.
L'appendice , examiné au microscope , a paru tout à fait vas-
culaire. L'usage de ce corps est tout à fait inconnu.
2° Sur les Forficules des Deux-Siciles , par Ach. Costa.
M. Costa , passant en revue les espèces du genre Forficule qui
appartiennent au royaume de Naples , et en possédant un grand
nombre d'individus , a rencontré des variétés intéressantes de
dix espèces de ce genre , et les décrit avec détail ; elles appar-
tiennent aux espèces suivantes : 1. Forficula gigantea (Fabr.).
2. marginella (Costa). 3. maritima (Bon.). 4. auricularia (Linn.).
5.biguttata (Lutr.). 6. minor (Linn.). 7. prsinii (Gen). 8. pedes-
tris (Bon.). 9. decipiens (Gen.). 10. acanthopygia.
3® Sur l animal de la Janthine et sur ses diverses espèces ,
par Ach. Costa. Lule X'^'' janvier 1841.
Ce travail contient une description détaillée de \a. Janthina
bicolor, dans laquelle l'auteur rectifie plusieurs imperfections
des travaux de ses devanciers, surtout quant à l'appareil flot-
teur de ce Mollusque ; il a recherché expérimentalement quels
pouvaient être ses usages. De cette partie du mémoire il résulte,
1° que les attaches du pied avec l'appareil flotteur sont intimes,
les fibres et les vaisseaux qui constituent la partie postérieure du
pied se divisant en autant de rameaux qu'il y a de divisions à
l'appareil ; 2° que , contrairement à ce que dit Bosc, l'animal ne
peut pas resserrer ou dilater à volonté cet appareil , ni l'intro-
duire dans l'ouverture de sa coquille ; 3" enfin, que les cellules
sont persistantes , sans communications entre elles, et altérables
seulement par rupture.
L'auteur donne en outre l'anatomie de tous les autres organes,
déjà décrits par Cuvier, Forskal , etc..
Mais il énonce plusieurs faits nouveaux à propos du mode de
propagation de ces animaux, 1" les Janthines mettent au monde
des petits munis d'une coquille semblable à celle de la mère ; au
microscope elle est d'un jaune doré , et d'un violet pâle à l'œil
nu; mais elles n'ont pas une matrice située au cou, comme le
veut Forskal. 2"^ Dans le premier âge, ils sont munis de deux
faisceaux de tentacules vibratiles, disposés en éventail et repliés
292 REVUE zooLOGîQUr;. {Joût ÎS45.)
en sens opposé sur les côtés qui remplacent, chez les jeunes^
Tappareil flotteur des adultes; leurs vibrations sont rapides r
semblables à celle des Trichodes , et l'animal s'en 'sert comme
d'un moyen de progression. 3" La coquille, d'abord rudimen-
taire, presque conique, à, base oblique, acquiert peu à peu la
forme spirale; dans cet état, elle a deux tours de spire et n'a
qu'un centième de ligne. 4" Il est vrai, comme le dit Goates ,
que sous l'appareil flotteur des adultes, on trouve attachés de
petits sacs pyriformes à plusieurs compartiments , remplis de pe-
tits œufs: ces œufs, suivant M. Costa, appartiennent à un autre
genre de Mollusque marin, qui les dépose et les attache à cet
appareil , sur lequel ils restent à l'état de parasites jusqu'à
l'entier développement. Observés au microscope, ils présentent
des formes rudimentaires assez différentes de celles des Jan-
thines. 5° Carburio rapporte, sans la discuter, l'opinion populaire
qui veut que les Janthines soient mères des Valelles. 11 est de
fait que souvent on trouve une Janthine attachée à une Valellc
Uii examen attentif montre que la Janthine tient la Val elle à
peine attachée avec sa bouche , ou à moitié avalée , et il n'est pas
rare d'en trouver de petites entières dans l'estomac des Janthi-
nes. C'est ce qui a fait croire aux marins que les unes sont en-
gendrées par les autres.
Dans une deuxième partie , l'auteur donne une synonymie
complète des espèces , afin de faire éviter la confusion qui s'est
glissée dans les descriptions , faute de la connaître suffisamment.
Il décrit dans cette synonymie deux variétés de la /. communis
(Lamk.),qui portent à penser qu'il ne faut pas trop tenir compte
de l'allongement ou de la dépression de la spire et de l'axe,
comme caractères différentiels des espèces.
40 Note sur le Petromizon marinus, par M. Costa.
Cette note a été écrite pour ajouter quelques faits à la descrip-
tion de MM. Tommasi et D. Martino; elle traite seulement des
points suivants :
l " Les appendices qui , sous forme de frein , attachent l'intestin
à là paroi dorsale de l'abdomett , ne Sont pas tous quatre vascu-
laire* ; le supérieur est un nerf qui part du rachis et va se ré-
pandre sur les tuniques de l'intestin; il est accompagné de vais-
seaux sanguins. Le second est un filet nerveux frangé , avec de»
vaisseaux plus gros et plus nombreux que pour le précédent. Le
ANALYSES d'ouvrages NOUVEAUX. 293
troisième est une artère entourée de veines et de lymphatiques.
Le quatrième est une veine.
2<» Près de l'anus est un court mésentère , qui part de la ligne
médiane antérieure et inférieure, se replie sur les côtés des
parois abdominales, et fixe le canal alimentaire au reste du
corps.
3° Les vaisseaux sanguins nombreux qui sont réunis à la par-
tie interne de l'intestin, près du cloaque , s'anastomosent avec
ceux des autres parties du corps dans le voisinage de l'anus.
6® Recueil des espèces les plus intéressantes des Hémiptères -
hétéroptères recueillies en Sicile , et description de quelques
espèces nouvelles des environs de Pa/cr me, par Ach. Costa.
L'auteur a remarqué que le Prostemma brachelytrum (Du-
four) n'est pas plus développé sous le climat chaud de la Sicile
qu'ailleurs; les ailes et les élytres sont rudimentaires, tron-
quées , et laissent voir à découvert une partie de l'abdomen.
Après avoir présenté quelques autres observations , l'auteur
décrit les espèces nouvelles suivantes : 1 . Nabis major ^ 2. Syro-
mastes longicornis , 3 Pachyconis hirtus , 4. et une espèce
nouvelle formant un genre nouveau qu'il appelle Acanthotho-
rax. Son A. siculus est une petite Punaise longue de trois lignes,
assez rare à Palerme.
M. A. Costa termine son mémoire en donnant le catalogue des
Hémiptères hétéroptères récoltés en Sicile.
iî" Observations sur le développement des œufs du Rhizostome
bleu (Cuv.), par M. Salvator Tommasi. {Lues le 3 mars 1842.)
H résulte de ce travail , 1" que dans le Rhizostome, les ovaires,
représentés par de simples interstices cellulaires , n'étant pas
pourvus d'oviductes, il faut que les œufs se fassent route dans le
tissu cellulaire de l'ovaire même , et de là passent dans les par-
ties voisines.
2» Ces organes générateurs des œufs dans les Méduses, que
l'on sait être situés à la base des ouvertures qui pénètrent dans
la cavité centrale , sont des Sporigènes permanents , et non de
vrais ovaires ; car ces œufs ne sont formés que par une substance
globulaire outre la membrane extérieure, laquelle substance
prend ensuite les formes spéciales et propres à l'animal auque
elle appartient ; mais on n'y verrait pas la vésicule proligère et la
tache germinalive, ainsi que l'avance Wagner.
29^4 RtvoE zooLOGiyUK, [Août 1845.)
3° L'auteur a trouvé les œufs du Rhizostome dans le chapeau,
vers sa face inférieure; logés, soit dans les canaux longitudi-
naux, soit dans ceux qui, du centre de ce chapeau, vont à sa
circonférence , ou dans ceux qui sont disposés transversalement
autour du chapeau même.
4° Il a vu un œuf arrivé presqu'à son complet développement
dans le chapeau , et , en général , les œufs trouvés dans cette par-
tie de l'animal sont d'autant plus développés qu'on les trouve
plus près du centre. Chaque œuf avait autour de lui des globules
présentant des mouvements très-distincts; tandis que l'œuf était
tout à fait immobile. L'auteur ne sait pas si ces globules doivent
être considérés comme parîie intégrante de l'œuf, ou apparte-
nant à la substance propre de la Méduse au milieu de laquelle
l'œuf se trouvait.
5° Quant au développement successif des parties , on aperçoit
d'abord dans l'œuf une substance fluide qui n'a pas encore pris
la forme globulaire. Elle est enveloppée dans le chorion , en
dedans duquel on aperçoit bientôt un autre trait qui semble
être une membrane concentrique à la première, mais que l'auteur
regarde comme un vaisseau apparaissant d'abord à la périphérie ;
puis au centre apparaît bientôt l'embryon en forme de cloche ;
il est entouré de globules ovoïdes et elliptiques qui se portent
d'un point à l'autre , et qu'il considère comme le rudiment d'au-
tant de vaisseaux longitudinaux, allant de la périphérie vers le
centre ; c'est cette opinion qui a engagé l'auteur à penser que la
limite concentrique au chorion n'est qu'un vaisseau circulaire
qui , d'abord, établit des anastomoses avec les globules ovoïdes.
Viennent ensuite les rudiments des bras, qui se partagent en
quatre parties, et la continuation de la double limite du chapeau
au pédoncule, établie par la communication entre les vaisseaux
transverses ou périphériques de la surface inférieure du chapeau
et ceux des bras. Plus tard , la sphéricité du chapeau est parfaite,
la double limite constante, et on voit huit vésicules pédiculées
qui s'insèrent au-dessous du centre du chapeau, qui ne sont
autre chose que les huit appendices triangulaires, deux pour
chaque bras , et font, comme le dit Garus , de véritables organe»
respiratoires.
1"* Note sur la Noctiluca tintinnabulum , avec quelques obsef"
valions relatives à ce genre, par P. 0. G. Costa.
ANALYSES d'ouvrages NOUVEAUX, 295
Cet article contient une description minutieuse de respèce,
avec quelques remarques sur sa structure , et une revue critique
de ce qui a été écrit jusqu'à ce jour sur le genre Noctiluca.
(Ch. Robin.)
Bulletin de l'Académie des aspirants naturalistes de Naples ,
pour 1843; in-8*.
Dans le bulletin du mois d'avril on trouve une note de M. Do-
rotea sur un cas de moisissures floconneuses et vertes dévelop-
pées dans le mésentère d'une perdrix, réduite à une émaciation
extrême par suite d'une mauvaise nourriture.
AI. de Maria fait connaître une tumeur trouvée dans la cavité
thoracique d'une poule, entre les muscles intercostaux. Elle
était remplie de plumes, les unes rudimentaires, les autres
bien développées, toutes étaient implantées dans la membrane
interne du kyste , qui dans le reste de son étendue était rempli
d'une substance huileuse.
Dans les bulletins de la même année, M. Ach. Costa donne
une série de notes sur l'époque de l'apparition des insectes après
l'hiver. Ces notes contiennent la diagnose latine avec des re-
marques, sur plusieurs espèces d'insectes qu'il a découverts dans
'Ces recherches , ce sont ;
1° Vin^Anthicus qu'il décrit, mais qu'il ne nomme pas,
page 55.
2° VApate cylindrica Costa , page 125.
3° La Lemavitligera Costa, page 125.
H donne aussi les différences sexuelles des Leptura hastata
et Leptura cruciata, page 97. (Cn. Robin )
Ornitologia Powszechna, etc. Tyzenhauza. Vilno , 1843. — Or-
nithologie générale; par M. Koustantego Tyzenhauz. In-S*».
Vilna, t:
Depuis longtemps nous nous proposons de rendre compte de
cet ouvrage remarquable à tous égards ; et nous nous empressons
aujourd'hui de remplir ce que nous considérons à plus d'uri
fiM REVUE ZOOLOGigUE. [Août 18^5.)
titre comme un devoir , nous dirons même mieux , comme une
justice.
En effet, il y a bien des années , pour ne pas dire plus d'un
siècle, que la Pologne, cette antique et brave nation , si féconde
en esprits intelligents et en âmes vigoureusement trempées ,
n'avait fait acte d'existence dans les sciences naturelles ; il faut
remonter jusqu'à Rzaczynsky pour trouver trace de son tribut
scientifique, c'est-à-dire à 1 721 pour la zoologie. Non que nous
voulions dire que la Pologne ait été stationnaire sur ce terrain
depuis cette époque j car M. Tyzenhauz est venu nous prouver
le contraire par ses notes de Bibliographie Ornithologique ; mais
enfin ces travaux n'ont eu que peu d'écho et de retentissement
hors du pays qui les vit naître.
C'est un tribut de ce genre que M. Gr. K. Tyzenhauz vient
apporter à sa patrie, en mettant au jour et en publiant une or-
nithologie générale. Certes l'entreprise est considérable, mais
elle n'est pas au-dessus des forces de son auteur, d'après ce
qu'en donnent à juger et son manuel ornithologique et son pre-
mier volume d'ornithologie.
L'auteur a judicieusement compris d'abord , que pour initier
ses compatriotes à la science des Oiseaux, il fallait avant tout
leur présenter comme un corps de doctrine où ils pussent pui-
ser, en même temps que les vrais et sains principes de la science,
les règles établies pour la classification , ainsi que la technologie,
ou l'emploi discret des termes de convention adoptés. Il a donc
commencé par rédiger une espèce de manuel , dans lequel , à.
l'instar de Buffon , de Mauduyt, de Latham et de Daudin, il a
réuni tout ce qu'il est indispensable de connaître pour bien ap-
prendre et bien étudier cette classe si intéressante de vertébrés.
Non content d'indiquer dans sa langue nationale les termes ap-
pliqués à chacune des pièces de lostéologie des Oiseaux, et à
chacun des détails de leur physiologie , il a encore poussé le
scrupule jusqu'à dresser un tableau fort complet et enluminé ,
de toutes les combinaisons de couleurs admises , à chacune des-
quelles il a donné son nom latin, de manière à faciliter le tra-
vail de tous ceux qui voudraient faire en langue latine la des-
cription exacte d'un Oiseau. C'est le tableau synoptique de
tous les systèmes de classification , depuis celui de M. Duméril ,
Ï80G , jusqu'à celui de Cuvier, 1817 , et celui bien plus récent
ANALYSES d'oOVRAGES NOUVEAUX. 297
encore de notre savant professeur M. Isidore Geoffroy Saint-Hi-
laire , basé sur la conformation de l'aile, qui compose ce que
nous appellerons le manuel de M. Tyzenhauz, qu'il a fait pa-
raître en 1841 , sous le titre de Zasady Ornitologii , et qu'il a
divisé en ïaxonomie, en Glossologie et en Terminologie.
Ces prolégomènes ont d'autant plus d'importance qu'ils sont
à eux seuls toute une création de l'auteur qui a éfé obligé ,
nous ne dirons pas seulement d'exhumer, mais encore de créer,
pour les parfaire, une espèce de glossaire ornithologiqufe, dont
manquait en quelque sorte jusqu'à ce jour la Pologne , malgré
les rares travaux de ses naturalistes ; car nous devons ajouter à
réloge de M. Tyzenhauz qu'il a pris à honneur de restituer aux
naturalistes Polonais qui ont écrit depuis Razczinal^y, la place
qui leur appartient dans la science. C'est ainsi qu'il cite à leur
rang de date les noms de Czenpinskiego en 1789 , de Kluka en
1 797 , de Beseke , qui a écrit sur les Oiseaux de la Courlande , de
1792 à 1800, de Jundzilla, en 1807 , de MM. les professeurs Ja-
rockiego, en 1821, Rustema , Kumelskiego et Gorskiego , en
1836 et 1837, etc.
Le 1" volume de l'ornithologie, publié en 1843, est tout en-
tier consacré à une ornithologie générale, telle que l'avait
conçue il y a quarante ans Daudin , ou description de tous les
oiseaux connus , d'après la méthode de Temminck ; chaque fa-
mille , chaque genre sont précédés de l'indication de ses carac-
tères, chaque description vient ensuite, précédée d'une syno-
nymie latine et d'une courte diagnose en langue polonaise. Ce
1" volume s'arrête au genre ^nt^MS inclusivement , ce qui en
fait supposer encore trois autres, que nous désifons impatiem-
ment voir bientôt publiés.
Nous avons parcouru avec attention cette première partie , et
nous n'avons que des éloges à y donner. Nous y avons remarqué
de bonnes réflexions générales , soit sur la composition et l'éta-
blissement de divers genres , tels que les genres Corvus, Myio-
thcra, Lanius , Sylvia, soit sur la synonymie de quelques es-
pèces , telles que le Striœ Lapponica , que l'auteur a cru devoir
nommer S. microphlhaïma , ainsi que sur la MolaciUa flava
i qui prêtera encore long-temps à bien des commentaires, et
dont l'honneur du dernier mot appartiendra sans doute à M. le
prince de Mnsignano).
298 REVUE ZOOLOGKJUE. [Août 18^5.)
Nous engageons cependant l'auteur, en revoyant son livre qui,
nous l'espérons, jouira de plus d'une édition, à le compléter
sous le rapport de quelques espèces dont il n'a point fait men-
tion , quoique acquises à la science depuis bien des années, dans
les genres Aquila , Icterus , Sylvia , etc. Nous ne saurions lui
faire un reproche de ces omissions qu'il suffira d'indiquer pour
les voir réparer , car le nombre considérable des ouvrages cités
et consultés par cet ornithologiste Polonais donne la mesure de
l'étendue de ses connaissances et de la profondeur de ses études
en histoire naturelle.
Cet ouvrage , nous le disons avec conviction , outre son carac-
tère éminemment national , fera dans la science un beau nom à
M. Tyzenhauz, que nous excitons fermement à persévérer dans
son honorable tâche. Et nous ne serions pas étonné , grâces à cet
élan qu'il vient d'imprimer à cette partie de l'histoire naturelle
en Pologne, de voir ses compatriotes , dont l'intelligente acti-
vité ne demande qu'un aliment , se jeter à sa suite dans l'étude
de l'ornithologie , et lui taire faire des progrès rapides. C'est au
surplus un vœu sincère que nous formons et qui sera partagé par
tous nos collègues , comme par ceux qui auront occasion de par-
courir l'œuvre si consciencieuse de M. Tyzenhauz.
0. DES Murs.
Catalogo metodico, etc. — Catalogue méthodique des Cypri-
nides d'Europe , suivi de remarques sur le volume 1 7® de VHis-
toire naturelle des Poissons , de M. Valenciennes; par le prince
Ch. -Lucien Bonaparte. — In-4°. Milan, 1845.
Ce catalogue , traité avec le soin , la conscience et le talent
que le prince Bonaparte apporte à tous ses travaux , sera d'une
grande utilité aux zoologistes, et il serait à désirer que toutes les
familles des Poissons fussent ainsi arrangées dans des catalogues
aussi bien faits. Le prince Bonaparte ne s'est pas borné à ranger
chaque espèce sous son nom de genre ; il a cité le principal au-
teur qui a le mieux décrit ces espèces , ainsi que l'ouvrage où se
trouvent ces descriptions , et il a donné la formule dentaire de
toutes les espèces. Nous ne pouvons donner qu'un court extrait
de cet intéressant travail et des remarques dont il est suivi.
ANALYSES D'oUVftiGES NOUVEAUX. 299
Le sarant roologiste divise les Cyprinides d'Europe en deux
sous-familles, les Cyprinini et \es Leuciscini. La première com-
prend 7 genres, et la seconde 13. Dans ces 20 genres sont ré-
parties 12f) espèces propres à l'Europe.
Viennent ensuite les remarques du prince , sur le i 7™' volume
de M. Valenciennes. Ce travail élant peu susceptible d'analyse ,
nous le donnons presque en totalité.
Je me réjouis en premier lieu , dit son auteur, de ce que, dan»
Tavertissementau commencement du volume, M. Valenciennes a
soutenu uneopinioncontraireàcelle qui voudraitdiviserultérieu-
rement le genre Leuciscus de Cuvier ; je cite, comme devant être
respectés autant que ce genre dans leur division, \esMuscicapa,
Motacilla et Turdus, qu'aujourd'hui nul zoologiste exprimenté ne
voudrait laisser dans leur intégrité primitive. Quel est , en effet ,
le naturaliste qui ne distinguerait aucune diversité générique
entre les Goujons et les Tanches , et à qui il vînt dans l'esprit de
réunir aux Leucisci l'excellent genre Ahramis de son immortel
maître; il respecte beaucoup moins les genres Bhodeus, Rhoxi-
nus et Aspius d'Agassiz , et beaucoup moins encore mon genre
Scardinius , que je m'applaudis cependant tous les jours davan-
tage d'avoir établi.
Je passe sous silence tout ce qu'il dit de ses espèces du genre
Ahramis , parce que l'Italie ne les possède pas.
Il répète plusieurs fois dans son livre qu'à la fin de 1822 les
espèces italiennes des Leuciscini furent classées et nommées
dans le Musée de Paris ; mais je ne juge nullement d'après le
même volume dans quel sens cela est vrai.
C'est précisément parce qu'il a une seule série de dents pha-
ryngiennes , chose encore observée par M. Valenciennes , que le
Leuciscus rutilus est placé dans un genre différent de Very-
throphthalmus ^ lequel en a deux. Si pourtaqkt cette observation
très-juste dévoile une erreur d'Agassiz, elle encourage en même
temps les règles des autres qui en ont perfectionné les idées.
Je crois désormais que le L. erythrophthalmus du Milanais
et du Piémont , c'est-à-dire celui de ma Faune , est une espèce
distincte , que Heckel a déjà appelée Scardinius hesperidicus ,
mais on ne le trouve pas à Rome.
Les exemplaires que j'ai dit lui avoir envoyés de Rome (d'où je
pourrais encore lui avoir envoyé un Poisson américain) , seront
h
300 REVUE ZOOLOGIQDE. {AoÛi 1845.)
certainement des exemplaires que je recevais du Piémont , si
pourtant ce ne sont pas des exemplaires de Scardinius scardafa.
Mais comment expliquerons-nous , d'autre part , qu'il enregistre
à mon scardafa ce synonyme de Verythrophthalmus , si, immé-
diatement après, il l'enregistre lui-même pour bonne espèce ?
Le Leuc. decipiens (Agassiz), vrai Leuciscus , a les dents
unisériales ; il n'a que faire avec le Se. erythrophthalmus , ni
avec le Se. rubilio, qu'il soit ou non une bonne espèce.
11 se trompe beaucoup quand , à la page 124 , il croit que les
variations d'une espèce à l'autre sont trop grandes pour pouvoir
en juger par induction. Je puis, par exemple , lui assurer que le
Se. scardafa est semblable par les dents à Verythrophthalmus.
Je ne sais ce qu'il entend par les lacs de Venise , où il dit qu'il
se trouve ; ce, n'est certainement pas dans les lagunes. M. Valen-
ciennes observe très-bien qu'il ne peut pas se confondre avec le
L, ruhilio {Leucos} , qui n'est pourtant pas congénère du dobula
(Squalius).
Le L. marrochius ( Val. ) est une confusion inextricable. Le
marrochius (Costa), que je ne connais pas, mais que d'après la
figure je pourrais croire le Se, scardafa , est un Poisson napoli-
tain , qui ne se trouve certainement pas à Turin , où l'on pêche,
au lieu de lui , le Se. hesperidicus de Heckel (Scaverde). Ce qu'il
dit de la Faune italienne , relativement à ce nom Scaverde, est
totalement inexact.
Le L, scarpetta (Val.) , du lac Trasiménique , n'est autre chose
que mon Se. scardafa. On l'appelle, par mépris et avec d'autres
noms grossiers, Scarpata , Scarpettaccia; je ne me serais ja-
mais douté de ce que serait le Scarpetta. Si le Squalius albus
lui a été envoyé de Pérouse sous le nom de Scarpata , ce fut cer-
tainement par erreur , carie 5g. albus est appelé uniquement
alho dans le Trasimène.
Le L. lasca (Costa) est une espèce mal établie. Mais M. Va-
lenciennes a raison d'avertir que le nom de Lasca est générique ,
le vulgaire le donnant à beaucoup de Leuciscini.
Le L. rutilus (Val.) ( Gardon ) , est certainement un Leucos.,
comme cela se voit encore d'après la description; et, après con-
frontation faite, je ne sais pas le reconnaître différent du Leucos
iTUtilus de l'Europe septentrionale et orientale.
ANALYSES DOUVRAGES NODVEADX. 301
Le L. aula est encore un Leucos qui vit également dans le
Piémont.
L. Fucini{hp.). C'est une assertion gratuite et certainement
erronée que ce Poisson ait été déterminé d'après les observations
deSavigny. Il est petit, très-ressemblant au Leuc. trasimenicus
( et non au rutilus); mais le Leuc. trasimenicus est propre au
lac de Pérouse , tandis que celui-là semble particulier au lac
de Fucino.
Le L. roseus ( Bn. ) est du Piémont et non de la Lombardie ;
bien loin d'être détruite par l'action de l'alcool , sa couleur se
maintient toujours , si toutefois elle n'est pas produite par lui.
C'est à tort pourtant que M. Valenciennes lui rapporte le pigo
( Leucos pigus ) de couleur obscure, dont les individus d'au-
tomne , sinon les femelles , s'appellent encore encobia en Lom-
bardie. ÎSotez ensuite que le singulier Carassius qui me fut
envoyé de Milan pour indigène de ses lacs , puis reconnu pour
une variété du C. auratus , ne s'appelle pas Ancobia, comme
on me l'a écrit par erreur. Le L. pigus pourtant et le roseus ne
vivent pas dans le midi de l'Italie , ni en Toscane ni à Rome ; il
convient donc de dire que M. Valenciennes n'a pas fait attention
aux figures que je lui envoyais moi-même dans une lettre ,
quand il écrit sur le roseus , certainement piémontais, qui lui
fut envoyé de Rome d'où il pouvait recevoir des objets amé-
ricains ou chinois.
Le L. rubella (Bp.) est un Leucos de Heckel , différent de
celui que nous appelons ainsi; et pour cette raison il devra
changer son nom pour le second. Les jeunes du Pigo peu-
vent ressembler au Poisson romain , mais ne sont pas cer-
tainement identiques avec lui ; et il est hors de doute que
les exemplaires de Pentiand et de Ricketts fussent de petits
Pigus , d'autant plus que M. Valenciennes ne pouvait les con-
fronter avec les figures de Salviani et de Rondelet. II se
trompe encore quand il dit que les différents noms de la Rovella
font allusion à sa couleur rosée , parce qu'au contraire le Pois-
son est noirâtre , ces noms se rapportent au roux dont sont
teintes les nageoires.
Le L. Genei (Val.), prétendue découverte de Savigny , n'est
pas mon poisson , mais un des nouveaux Leucos Lombards du
docteur De Filippi ( TroUo), im peu modifié par la compilation ,
à
302 REVUE zooLOGitDE. {Août 1845.)
pour le faire cadrer avec celui de la Faune , qui au lieu de cela
est un Chondrosioma très-évidemment ( Strigon des Vénitiens,
Fressa des Piémontais , Stricc des Lombards) , type du genre
Chondrorhynchus de Heckel ( lequel l'a échangé avec mon Ch.
Sœtta) , poisson très-bien décrit par le docteur De Filippi sous le
nom de Chondrosioma jaculum.
Je n'ai rien à dire touchant les Leucisci Dobula qui sont de
vrais Squalius normaux et Jeses , appartenant au genre Idus de
Heckel , selon mes récentes observations , qui pourtant se rap-
portent à un Cyprinoide dont la nageoire dorsale est placée en
arrière des ventrales , puisque ni l'un ni l'autre ne sont Italiens;
mais je ne peux faire moins que de désapprouver le système suivi
pour éclaircir le genre Squalius des anciens, que M. Falenciennes
mêle ainsi avec les Leuciscini des autres genres. Nul ne doute ,
d'autre part , que le Squalo du Tibre et le Lasca de l'Arno ne
soient la même espèce. Plût au ciel que le travail de l'auteur sur
les Cyprins d'Europe fût comme celui où il traite des espèces de
Mugils, qui lui fait tant d'honneur, et qui serait digne de Cuvier !
L. squalius B p. (toujours, quoique parla on entende Squa-
lius tyberinus B p.). Mon genre Squalius est très-naturel en tant
qu'il se compose, non de toutes les espèces que Heckel y a accu-
mulées, mais des seuls élégants Leuciscini à deux séries de dents
pharyngiennes et à bouche entièrement terminale.
L. albus (B p.) à présent Squalius albus. L'auteur aurait pu
enrichir son article de quelque érudition sur ce qui regarde VAlbo
propre au lac de Perouse. Une preuve évidente de la rapidité
avec laquelle il a écrit (ceci soit dit pour sa justification) , c'est
qu'on lit à la page 193, que le seul exemplaire qu'il ait vu lui fut
envoyé par moi, tandis qu'à la page 127 lui-même avait dit en
avoir reçu un autre sous le nom de Scarpata.
L. Rubilio et non Rubelio (B p.l. Ce n'est pas un Squalius
comme les précédents, mais un vrai Leucos à dents unisériales,
dont l'auteur ne mentionne nullement la localité.
L. Trasimenicus (B p.). C'est encore un Leucos de Heckel à
dents unisériales et bouche terminale, dont notre auteur aurait
pu dire quelque chose de plus.
L. cavedanus (B p.). C'est un Squalius tellement typique que
plusieurs bons zoologistes ne veulent pas qu'il soit distinct du
Squalius tyberinus. Dans ce cas , pour ceux qui adopteront 1«
A'SUYSKS b'()L\liA(;KS >t)L'VK\UX 303
îïenre Squaiius . l'espèce devra <kie appelée Sqtiaiiiis caveda-
nus. 11 n'en sera pourtant pus ainsi dans la nianièie de voir des
zoologistes qui ne l'adoptent pas, et qiii alors devront l'appeler
//. squaiius au lieu de L- cavedanus Je suis rassuré en voyant
que cette espèce, qui n'est pas celle qu'on trouve aux environs
de Rome , soit admise par M. Valencienues ; puisqu'on doute tou-
jours plus si l'élévation du corps et la rétro position de la naireoire
dorsale peuvent mériter une distinction spécifique.
L. ryzda i^Val.). Sous ce nom l'auteur décrit évidemment le
Pigo ^ dont il vient ainsi confirmer l'exi-tence sans le voiUoir.
Ceci admis, il est naturel qu il ne veuille pas qu'il soit éloigné
du L. lioseus ; m-d'is mon Chondrosloma ryaela^ ou pour mieux
dire Ch. soelta , est sans aucun doute un Chondrosloma , type
du genre 6ViO«dror/iî/wc/m5d'Heckel, qui ayant à tort appliqué le
nom de Soella au Chondosloma Genei y l'appela Ch. nasicus:
tandis que De Filippi le rapporte au Ch. nasus , au mépris du
nom vulgaire, de l'élévation du corps, et du nombre différent des
dents, qui a continué d'être presque toujours sept d'une part*,
six de l'autre , et quelquefois sept chez l'un et l'autre. J'aban-
donne à M. Valencienues la figure de la Faune italienne,
qui, quoiqu'il l'appelle excellente , est peut-être la pire de toi:t
l'ouvrage ; mais s'il s'était donné la peine de lire ma description ,
il ne demanderait plus pourquoi j'ai comparé ce Poisson au Cy
prinus nasus. Il est étrange que d'un côté on me dise que le
Poisson en question n'est pas du genre du Nasus , et de l'autre
De Filippi l'y réunit spécifiquement. Il est certain néannioin^
que le Ch. Soelta appartient à ce genre, et cette espèce
était nouvelle quand je la publiai. Il est également certain que
je Poisson rapporté d'une manière erronée au mien, par M. Va-
lenciennes, est un Leucos très-voisin du lioseus et de son sup
posé Genei^ mais non de mon Genei,, qui (je ne le répéterai
jamais a-sez) est un Chondrosloma , de même que le .\asus et le
Soella.
L. lleegeri. Je me confirme toujours davantage dans l'idée d'é-
lever ce l'oisson à la dignité de genre sous le nom de IleegeriUs
typus , parce que , au tranchant de la bouche et à la dentition du
Scardinius ,, il réunit la forme de corps d'un irès-svelte Squa-
iius ; et cela soit dit pour rclahlir le texlf de ma Faune estropié
f)ar M. Valenciennes.
Touie Vm. Année 184.'). 20
304 HKVDK zo()i,()c;i(jUK. {Août 18i.'>.)
L. altUS B p. . La description ne met pas le lecteur dans le
cas de reconnaître quel est le Poisson envoyé à M. A^alenciennes,
par M. le comte Borroriiëe. Le nom vulgaire de Cavazzino le
rapporterait au Squalius cavedanus, mais penchant plutôt à le
croire un des trois Leucos nouveaux du docteur De Filippi, un
desquels (le Pagellus), je verrais avec déplaisir céder le nom à
mon L. elalus^ non altus.
L. Savignyi. Attaqué de tous les côtés, et comme espèce et
comme genre , mon Telesies Savignyi pourra difficilement se
soutenir. Quant à Fespéce , le docteur De Filippi la veut absolu-
ment identique à mon T. mutieeîlus , ce dont je ne doute pa»
moi-même, quant aux exemplaires envoyés à M. Valenciennes ,
par Savigny, sous le nom de Cyprinus aphya. Le genre est battu
en brèche, tant par les réunisseurs , tels que M. Valenciennes,
que par les subdiviseuns ^ comme M. Jlecket ; la récente résipis-
cence de ce dernier ne vaut rien , puisqu'elle est fondée sur une
anouialie des dents pharyngiennes, qui normalement sont dans
les Telesies précisément comme dans mes Squalius et dans mes
Leucisci (malheureusement pas ceux de M. Heckel ). Leurs dents
au nombre de 5. 2 = 2. 5 dans tous , sont bisériales dans les trois
genres, ce que j'ai dit des Squalius dans une Faune , et quoique
M. Valenciennes encourage en partie Terreur que je confesse , je
persiste toutefois à conserver mon genre Telestes , dans son inté-
grité et non modifié comme le veut De Filippi, lequel y réunit
des Leucos à dents unisériales.
L. mutieeîlus. Ce Poisson ne peut pas s'appeler La sca du Ti-
bre , à Pérouse . puisqu'il ne vit pas du tout dans le fameux fleuve
romain. On donne ce nom au Squalius lyberinus pour le distin-
guer du Z«. trasimenicus. Les autres dénominations vulgaires du
même Poisson sont barbarement estropiées. Ici devrait suivre ia
description que l'auteur annonce du Cyprinus aphya d'Agassiz,
qui est encore un de mes Telestes.
la. sardella (Val.). Nom imposé aveuglément au supposé Z.
dobula , du professeur Costa , qui ressemble tant à mon Leuco&
rubella.
L. cornes , L. albidus , L. brutius , L. vulturius. Ce sont des
espèces de Costa, jusqu'alors trop obscures , pour pouvoir en
porter ici un jugement.
L. ochrodon. C'est maintenant une chose reconnue de tous les-
ANMASRr» l)"()UN KAdKS NUUVKAtX. 3(Jii
^chfhyo logis les que VAsyiua ochrodon ( Agassi/ ; ifest autre
chose qu'un Alburnus coinuiuu dont les dénis sont devenues
jaunes. Il est pouilant vrai que j'ai cru encore découvrir quelque
différence dans V Alburnus que je péchais à Breslavia. Je ne
sais ensuite, comment le nom de L. ochrodon peut réclamer
des affinilés avec le Cyprinus alburnus.
le vrai Alburnus bipunctaius ^ non-seulement ne vit pas en
Italie, mais je ne crois pas même qu'il se pèche dans les lacs de
1a Suisse , où ce nom fut donne à un lout antre Poisson ( Leucos
pigtllus B. p.), rtîmarquable par ses dents unisériales à chaque
mâchoire, excellente espèce que je reçus de M. Valenciennes,par
lequel je la vois avec peine abandonnée. Je ne connais pas son
Z. Baldneri.
L. aspius. Type et seule espèce européenne du genre Aspius ,
lel qu'il se trouve justement restreint par Ileckel.
L. Alburnus. V Alburnus lucidus [ll^cVeX)^ qui aurait pu être
appelé plus élégamment, avec Gesner, /4 . Ausonii., paraît cer-
tainement être une espèce distincte, quoique Irès-voisine de
notre A. Albortlla., comme je le soupçonnais, et comme l'assure
De Filippi. VAlborella de ce zoologiste n'est heureusement pas
distinct du mien ^ et les différences qu'il a indiquées provien-
nent du peu d'exactitude de la figure de la Faune italienne.
Cette espèce se trouve tant dans ^ie Piémont que dans toute la
Lombardie. J'ai comparé avec beaucoup de so\nVAlburnus de
la Seine avec ceux du Hhône , du Belgio et des fleuves de l'Alle-
magne occidentale et méridionale , et je les ai tous retrouvés
parfaitement semblables. J'ai pourtant à ajouter deux espèces
vénitiennes à l'élégant genre dont je traite. L'une est V Albur-
nus avola [h p.), qui ne doit pas être confondue avec le Leucos
«fw/a figuré dans la Faune italienne; l'autre espèce, que j'ap-
pelle A. strigio, est très-singulière dans sa petitesse par la
haute gibbosite du corps, et le petit nombt e des rayons de son
anale, qui permettraient à peine d'en faiie un Alburnus. Le
professeur Savi pourra seul nous dire quel caractère le rapproche
du Leuciscus cordilla, auquel j'aurais rapporté le poisson de ma
dernière espèce, si je ne le supposais pas toscan.
Avant de terminer la revue des erreurs commises par M. Valen-
^cieuues relativement aux Lt'.ucisci italiens, je proteste de nouveau
•contre l'exclusion du Pigus du catalogue des es[>èces , et ceU
<en réponse à ce qu'on lit. aux pages 377 et 378.
306 REVUE zooLOGiguE. (Août \S\b.)
Chondrostoma nasus. 11 ne peut pas se faire que M. Vaîen-
ciennes l'ait eu du Tibre, puisqu'il n'existe aucun Chondrostoma
dans ce fleuve. Trois espèces pourtant vivent dans le Pô, où je
ne puis assurer que le Nasus n'ait été pcché par Saviç^ny.
Ch. rysela. Je ne puis que répéter ici ce que j'ai dit autre
part , c'est-à-dire ne pas connaître cette espèce et n'avoir jamais
pu trouver le nom. àa Rysela dansGesner; et mon ami M. Agassiz,
que j'ai interrogé à cet égard , m'a assuré être toujours resté
dans le plus profond silence sur cette espèce.
Ch. seva. (Val.) Je me borne à répéter ce que j'ai dit à propos
du Leuciscus rysela^ laissant au professeur Gêné déparier de ce
Poisson du Pô , qui , s'il est bien décrit par M. Valenciennes, n'est
ni le Ch. soetta , ni le Ch. Genei^ desquels il n'a pas la dentition,
et surtout de la seconde, duquel il aurait la légèreté du corps
(sveltezza). Que M. Valenciennes ne craigne pas qu'il y ait la
moindre inversion dans le manuscrit de la Faune; si ma figure
du Ch. rysela., qii'W a roulu louer, est au-dessous de la critique,
ma description est telle qu'elle pourrait faire reconnaître un
Chondrostoma à un aveugle. Bien loin de décrire dans mon
Spelta un Leuciscus pour un Chondrostoma , je suis tombé dans
l'erreur contraire en décrivant, comme je l'ai répété à satiété,
le Chondrostoma Genei pour un Leuciscus
Quoique je me sois restreint ici à parler des Poissons italiens ,
je ne prétends pas pour cela qu'on doive en inférer que les ar-
ticles sur les Poissons du reste de l'Kurope , et même de la Seine
elle-même, soient exempts d erreurs ; au contraire , je pourrais
en relever plusieurs dès à présent , et noter d'importantes omis-
sions. Je laisse ce travail à qui mieux que moi le pourra faire ,
c'est-à-dire à un Mûller, à un Agassiz , et surtout à un Heckel ,
qui , non moins que moi , dans l'intérêt de la science, déplore-
ront la publication d'un volume que notre savant ami devrait
entièrement refondre , etc., etc.
Description des Mollusques terrestres et fluvialiles du Por-
tugal, par M. Arthur Morelet , 1 vol. in-8° de 1 1 G pages de
texte, avec 14 planches coloriées, Paris 1845.
S*>us ce titre, M. Morelet, savant plein de zèle et d'instruc-
ANAI.YSIS U'OL'VIUGKS NODVEATJX. 307
lion, a réuni les résultats de ses rerlierches sur les mollusques
terrestres et fluvialiles du Portugal , à la suite d'un voyage de
quatre mois d'exploration.
Ce pays, tout à fait neuf pour les conchyliologueSjdevaitfournir
un vaste champ à des observations précieuses pour la science
que l'auteur cultive avec succès. Kt, en effet, son livre prouve
qu'en peu de temps on peut faire une abondante récolte. Les
amis de la science verront donc avec plaisir s'étendre au loin
les nouvelles conquêtes faites au profit de l'histoire naturelle
des Mollusques.
On trouve dans l'introduction i" un exposé abrégé de la na-
ture physique de ce royaume , dont près d'un quart du sol est
privé en très grande partie de ces animaux, ainsi que quelques-
unes de ses rivières. 2» Une histoire très-abrégée de la conchylio-
logie du Portugal. Aucun naturaliste, aucun musée, n'ont
offert à l'auteur de collection particulière des mollusques ter-
restres et fluviatiles du pays, seulement il a pu se procurer
chez un amateur et obtenir dun savant deux coquilles fort
rares à ce qu'il paraît, puisqu'il n'a pu les retrouver lui-même
dans ses explorations ; ce sont la Paludina vivipara et VCJnio
irolivichii. Les bibliothèques du Portugal ne lui ont fourni
que les documents suivants, contenus dans un ouvrage ayant
pour titre : Spécimen FACNiE et FLORiE LUSiTANiCiE, aut. Domin.
Yandelli 1797. La faune de cet ouvrage renferme cette seule
indication. 1° Mollusca ( Limax ater, L. agreslis ). 2° Testacea
{Ifel lapicida. Hel. nemoralis, Hel. decoUata , Hel pomalia,
Ilel. albella , Hel. grisea ). Parmi ces dernières, les trois qui ter-
minent la série n'ont pu être retrouvées par M. Morelet. 3" Un
aperçu sur les rapports existant entre les mollusques du Por-
tugal et ceux de la France et des îles occidentales de l'Afrique.
C'est un fait assez curieux à connaître que les mollusques du
Portugal se rapprochent plus par la forme de ceux du littoral
méditerranéen de la France et de l'Algérie que du littoral du
n)idi de l'Espagne. En effet, sur 77 espèces propres à la France,
?8 seulement se trouvent sur le littoral de l'Espagne. Mais on
conçoit que la comparaison établie avec celles de cette dernière
localité ne suffit p;«s pour obtenir une conclusion rigoureuse -f.
car on ne connaît des mollusques de l'Espagne qu'une porfioik
seulement du littoral voisin de la France et de l'Afrique.
308 REVDE ZOOLOGiyUK. {AoÛt iS%0.)
Le texte comprend la citation de 118 espèces ( juste aixiant
que dans le département deTIIérault) Sur ce nombre/? se-
trouvent etapparliennent au littoral méditerranéen de la France;
3 se rattachent spécialement aux îles occidentales de l'Afrique ,
et 38 ou plutôt 40 ( 2 sont signalées, mais non complètement-
décrites ) sont tout à fait nouvelles et particulières au royaume
du Portugal.
Les dernières seules se font connaître par de bonnes dia-
çrnoses , d'utiles renseignements, et par des figures coloriées qui
ne laissent rien à désirer. Au nombre de ces. espèces nou»
c-onjptons 8 Limaces (dont 3 Arions ). ï Parmacelle, 3 Ambreltes.
7 Hélices, 2 Auricules, 1 Limnée. 3 Ancyles . 4 Néritines fort
singulières, 1 Mélanie , 4 Anodontes et 4 Unios. Après avoir
décrit \a. Parmacella f^alenciennesii, M. Morelet a ajouté à la-
suite les autres espèces du genre, telles que la Parm- OJivieri y
Cuv. P.palliolum, Fev. P. Aleœandrina,Ehv. Parm. ambigua,
Web et Bert. P. nov. Spec. de l'Algérie, et enfin P. Mauritii
[ en supplément à la page !!<>)' sur lesquelles il fait des obser
valions intéressantes. C'est une sorte de monographie synop-
tique de ce genre, qui compte maintenant sept espèces Parmt
celles qui sont propres aux îles Occidentales . nous trouvons
la Testacella Maugei { la T. fiaiioloidea ne vit point en Por-
tugal ) , VHelix barbuLa et VAncylus siriatus.
Four les autres espèces déjà connues, l'auteur s'est abstenu
d'en donner une description soit générale , soit synoptique ; it
s'est contenté de citer le nom de son auteur. La plupart de
celles ci ne sont suivies que de l'habitat , les autres sont ac-
compagnées d'observations judicieuses et de renseignements
utiles à connaître et qui prouvent que l'auteur a beaucoup vu
et beaucoup comparé Ainsi, par exemple, en parlant des
Auricules( section des Carychium) y genre de Mollusque qui
fréquente plus volontiers le voisinaiie des eaux que leur milieu,
M. Morelet fait remarquer que ces animaux vivent tantôt sur la
terre, tantôt dans l'eau douce, saumàtre ou salée. En effet,
l'auteur rapporte qu'il a rencontré V AuriciUa myosotis fixée
aux pierres et à une certaine profondeur , dans le ruisseau de
Dardenne, près de Toulon, également en Afrique dans l'eau
salée d'une anse sablonneuse où il n'existe pas de filet d'eau
♦louce. Il en a recueilli une nouvelle espèce en Portugal, d'ft-
ANALYSKS U OUVRAGES jNOUVKACX. 309
bord assez loin de la mer et ensuite dans les lagunes sauinatres
des environs de La^os. Les Carychium sont donc des Mollusques
amphibies.
On sait qu'il n'existe d'autre caractère pour différencier
VIfe/ix lactea de Muller de VHel. hispanica de Parlsch , que la
coloration du péristonie. En effet. Tune Ta d'un noir profond
et nettement tranché , tandis qu'il offre , dans la seconde , une
nuance plus claire , qui se fond sur la columelle avec le ton
général du test. M. Moreletne voit là , et avec juste raison, lors
même que ce caractère serait constant , la forme étant la même
8ur toutes les deux, qu'une variation du tonde couleur due
à la localité. 11 s'appuie , pour la fusion des deux espèces, sur
deux autres variétés qui forment les deux extrêmes de la colo-
ration de cette coquille. L'une, qui est la limite dans l'inten-
sité des couleurs et qui vit à Gibraltar, a ses fascies mieux
caractérisées que sur Vhispamca ; \si seconde est une coquille
d'Oran , découverte par M. Durieu , semblable aux trois autres
par la forme, sans fascies, uniformément blanche, sans
nuance au péristome et constante dans son anomalie. Amsi en
partant de celle-ci , ajoutant ensuite celle du midi de la France,
celle d'Espagne , et enfin celle de Gibraltar, on obtient le pas-
sage des diverses variétés qui sont propres à VHelix lactea de
Muller.
M. Morelet s'est convaincu par l'étude de l'animal, et en faisant
usage de la loupe , que le Pupa angiica Férussac ( Turbo sex
denfalus, Montagu ), devait être ramené au genre Pupa et non
aux Carychium. En effet, l'animal observé par cet auteur était
pourvu de 4 tentacules , 2 supérieurs oculifères et 3 infé-
rieurs très-petits , mais parfaitement distincts sous la lentille,
Si cette observation venait à se confirmer par l'étude des
autres petites espèces, le genre Carychium devrait être rayé du
nombre des genres, conmie la remarque de M. Morelet tendrait
à le faire croire.
En traitant de la Limnée voyageuse { Limnea peregra) de
Draparnaud , l'auteur fait encore remarquer que la variété qui
vit en Portugal , dans les nombreuses fontaines de Cintra , a le
sommet de la spire tellement rongé, qu'elle ressemble à une
néiitiiie. Cette circonstance maladive, dit M. Morelet, se re-
trouve dans les fossés de l'abbaye de Cileaux , en Bourgogne.
310 BEVUK ZOOLUCIOUK. [AolU 184»5.)
On sait qu'elle se manifeste stir des navicelles, des nérilines ei
et d'autres coquilles fluviales. Doit-elle être attribuée à une
maladie de l'animal , à l'action particulière de certaines eaux ,
aux dépôts vaseux qui forment une incrustation solide et tenace
sur plusieurs de ces coquilles , ou bien à l'attaque de quelque
animal aquatique? La corrodation de la spire de quelques né-
rites fluviales présente souvent des enfoncements nettement
sculptés et qui sembleraient faire pencher vers cette dernière
opinion. Ce qui nous paraîtrait la fortifier, c'est que dans notre
propre pays, aux environs de Nantes , par exemple, il existe
selon M. Caillaud , conservateur du cabinet de cette ville , des
Cyclades dont le test est perforé de la même façon que les bi-
valves marines le sont par les Tritoninm de Muller , les Buc-
cins , les Pourpres, etc. D'autres ont les valves labourées de
laies profondes, comme le ferait le frottement d'un poinçon.
11 y a donc, dans les eaux douces , des animaux destructeurs
des coquilles couime dans la mer. Du reste , que l'on adopte
l'une ou l'autre de ces opinions , ce fait doit nécessairement
attirer l'attention des observateurs afin d'en connaître la cause.
S'il appartient à un animal, ce fait serait utile à constater pour
l'histoire de ses mœurs ; mais s'il est dû à une autre circon-
stance, il ne serait pas sans intérêt de se livrer à sa recherche.
Une autre observation de M. Morelet a trait au Cyclostomum
truncalulum , de Draparnaud [TruneateUa truncatulum) ,
qu'il serait plus exact de ranger sous le titre générique de
Choristoma , car une seule espèce connue est tronquée, tandis
que les autres sont entières. Contrairement à l'opinion admise
par M. Michaud , mais conformément au doute émis par Dra-
parnaud et rendu affîrmatif par M. Risso , ce Mollusque n'est
point terrestie et par conséquent pulmoné, mais appartient
aux Peclinibranches, puisqu'il vit dans Peau salée. L'auteur l'a
recueilli dans les Lagunes qui avoisinent Lagos. Il vit aussi en
France, dans les étangs salés dEstarac , près de Narhonne ,
avec une Syndosujye, une Paludineet VOdoslomia interstincta
de Fleming.
iNous avons dit plus haut que deux Mollusques nouveaux ne
figuraient point dans le total des 1 18 nommés dans le catalogue;
seulement l'auteur nous paraît les avoir suffisamment signalés
aux recherches des naturalistes et des voyageurs futurs dans ce
ANALYSKS DOUVRAGKS NOCVKAUX. 311
royaume, pour qu'il soit facile de les retrouver. Telle est une
sorte de Limace, de la section des Arions, dont elle a la forme;
son dos est cylindracé avec l'extrémité postérieure arrondie et
terminée par un pore muqueux ; sa cuirasse petite protège des
concrétions calcaires irrépjulières et nombreuses; sa cavité bran-
chiale est un peu en avant. Celte Limace d'un brun enfumé ,
ornée de deux bandes latérales plus claires, est remarquable
par son plan locomoteur séparé de la tête par une solution de
continuité , et dont le côté antérieur forme un sac dans lequel
la tête vient s'engager dans sa contraction ; ce plan est orangé.
Bien que ce Mollusque ait été écrasé par un autre corps avant
que M, Morelet ait pu l'étudier plus amplement , nous pensons
que ce qui précède est bien suffisant pour le faire distinguer
nettement et dès ù présent de toutes les Limaces connues. 11
pourra sans doute donner lieu à une nouvelle section dans le
genre Limace; mais, en attendant, nous pensons qu'il serait
utile de lui donner un nom, et celui de l'auteur de la découverte
nous paraît lui être justement acquis. Nous proposons donc de
nounner cette espèceLimax M orel et i.V auteur l'arecueillie aux
environs d'Abrantès, de l'autre côté du Tage , sur les murs d'un
jardin circonscrit par la petite rivière d'Alvega. Tel est encore
un Planorbe 1res petit , déprimé , caractérisé par une série
(VaiguiUons qui courvnve sa carène et recueilli dans les eaux
d'Azambuja. L'auteur a eu le désagrément de le perdre pen-
dant son voyage, et sa méuioire ne lui a pas permis d'en donner
une description plus détaillée.
Quelques noms nous paraissent avoir été fabriqués con-
trairement aux règles de la nomenclature, nous citerons Vilelix
Ponenlina qu'il eût mieux valu nommer Hel. occidentalis ,
car celui imposé par l'auteur n'est pas latin ; Neritina Guadia-
nensis qu'il est indispensable de reuiplacer par celui de Nerila
ou Neritina Anatù , pour le même motif. — U existe déjà une
JSeritina violacea dans Gmelin, coquille que Lamarck a eu le
tort de nommer Ciepidularia , nom qui doit disparaître ainsi
que celui donné par M. Morelet; nous proposons de lui substi-
tuer le nom i\e Nerita Moreleti. Le Parrnaceltd Falenciennii
devrait, pour être plus exact, s'écriie d'après l'orthographe
connue Parmacella ralenciennesii. Ancylus vitracens^ c'est
probablement ."/ncijlus i'itreu.'< que l'auleur n voidu dire.
312 REVUE zooLOGiguK. (Août 1845.)
lAmnea Catalonica nous paraît moins propre que Limnea
Golhalariica. Mais ce sont là de ces erreurs involontaires dues
sans doute à une trop grande précipitation et qu'une nouvelle
édition fera disparaître.
Malgré l'étendue de cet article, nous n'avons encore donné
qu'une bien faible analyse de l'histoire abrégée des Mollusques
terrestres et fluviatiles recueillis en Portugal par M. Morelet ;
c'est en lisant attentivement l'ouvrage qu'on se fera une juste
idée de son mérite et de celui de l'auteur.
C. Récluz.
Kfxhekches sur le développement et les métamorphoses d'une
ï)etite Salicoque d'eau douce , ( Caridina Desmarestii. Joly )
(flippolyte Desmarestii. Millet). Par M. iN. Jol\ , in-8«. Tou-
louse, 1843.
Ce travail contient dans une l'« partie , une revue critique des
opinions émises jusqu'à ce jour sur l'existence ou la non exis-
tence d'une métamorphose chez les Crustacés ; les observations
de l'auteur le font pencher pour la première de ces opinions.
L'espèce qu'il a observée à l'état adulte et dont il a suivi le
développement , est un Décapode Macroure de la tribu des Sali-
coques , qui habite les eaux douces (Adour et (^anal du midi).
Après en avoir donné une description détaillée, l'auteur est
conduit à retirer cette espèce du genre Hippulyle dans lequel
jMillet l'avait placé sous le nom de//. Desmarestii^ et il le fait
rentrer dans le genre Caridina^ tout en lui conservant la même
dénomination spécifique. Voisin des Pandales , il s'en distingue
par ses deux pattes antérieures qui sont didactyles, au lieu
d'être monodactyles comme chez ceux-ci. Il se distingue des
Hippolytes parce qu'il n'a pas le carpe multi-articulé, ni la main
de la 2« paire de pattes très- petite. De plus les Pandales et les
Hippolytes vivent dans les eaux de la mer.
La 3« partie de ce travail est la plus importante; elle traite du
développement de l'œuf et des métamorphoses de la Caridina
Desmarestii^ suivis jour par jour. Les détails en sont trop im-
portants pour qu'il soit possible d'en donner une analyse suc*
cincte. L'éclosion se fait après 20 à 21 jours d'incubation; l'on
voit alors le chorion se déchirer, et l'embryon sortir brusque-
ANALYSES d'oDVRAGKS NODVKADX. 313
lïient, encore enveloppé d'une lunique membraneuse , transpa-
rente, assez élastique pour se prêter aux mouvements de l'ani-
mal , qui la brise quelques minutes après la rupture du chorion.
Pendant le développement, tous les organes qui plus lard
occuperont la face dorsale du corps (yeux, antennes, etc.) se
forment à la face ventrale. Les appendices conservent encore,
longtemps après leur apparition, une ressemblance frappante
avec ce qu'ils étaient à ce premier moment. La formation de
l'abdomen est de beaucoup antérieure à celle des mandibules,
du labre et des antennes , chez VEcrevisse elles apparaissent en
même temps. Les organes manducaleurs de VEcrevisse appa-
raissent avant ses pattes ambulatoires, c'est le contraire chez
cette Salicoque. Tous les appendices masticateurs sont au com-
plet dans l'embryon de VEcrevisse ^ il n'y en a que trois dans
celui de la Caridine. Les pattes (ou organes qui en tiennent lieu)
sont bifides et tout à fait diflerentes de celles de l'adulte, et au
nombre de 3 paires seulement: chez l'Écrevisse il y en a 5 paires,
rt enlièrement formées comme chez l'adulte. Knunmot, la
Caridine acquiert un grand nombre de parties nouvelles et
subit des modifications assez importantes, pour mériter le nom
de vraies métamorphoses; l'Écrevisse au contraire, d'après
Rathke , naît avec la forme et les organes qu'elle aura loute sa
vie, sauf ceux de la génération.
Un 4» chapitre est consacré à la description de la larve et à
sa comparaison avec l'adulte, il en résulte, « I" que les 3 paires de
pattes bifides de l'animal au sortir de l'œuf se changent plus tard
en mâchoires auxiliaires. » « 2" Que les pattes thoraciques, dont
l'apparition est plus tardive , commencent elles-mêmes à être
bifurquées ; » « 3" en'in qvie le palpe des trois paires posté-
rieures s'atrophie par les progrès de Page, tandis que celui des
pattes didactyles subsiste jusqu'à la fin de la vie de l'individu,
comme un indice du mode de formation identique de ses organes
locomoteurs. »
La comparaison des organes internes de l'adulte à ceux de la
larve est faite dans une 5« partie de ce mémoire, et montre
qu'au sortir de l'œuf celle-ci n'a pas de branchies , ou du moins
elles ne sont que rudimentaires Elles se montrent quand il a
3 millim. 5 de longueur, sou» forme de simples lamelles échan-
créc'S et festonnées ; elles arrivcTil à la ff>rnie compliquée qu'elles
3t4 RKVDK ZOOLOGIOUK. {JuÙt 1845 )
ont plus tard, par addition successive de nouvelles lames.
L'animal offre déjà une si çjrande ressemblance avec l'adulte que
l'on n'en voit encore que 4 paires au lien de 7. Elles sont d'au-
tant moins développées qu'elles sont situées plus en arrière,
et la dernière patte de chaque côté en est tout à fait dépourvue.
Ainsi, la formation des pattes ambulatoires a lieu d'avant en
arrière , et s'accompagne d'un développement proportionnel
dans la partie thoracique de l'animal. La première mue a lieu
3 jours après l'éclosion, elle diffère principalement de la mue
de l'adulte, en ce que l'animal ne quitte sa carapace qu'après
s'être débarrassé du reste de ses anciens téguments. Tous les
détails précédents, et quelques autres nmins, importants que
nous avons omis volontairement, semblent suffisant» à M. Joly
pour l'autoriser à conclure que sa Corîdina Desmareslii passe,
avant d'arriver à l'âge adulte, par une série de modifications
auxquelles on ne peut refuser le nom de vraies métamorphoses.
En effet, les phénomènes étudiés plus haut se rapportent aux
trois modes de changements que comprend l'opération complexe
appelée métamorphose, savoir : « 1» Développement, transfor-
mation simple, évolution, que subissent les antennes, les yeux
<iui de sessiles deviennent [)édonculés.
» 2° Formation de nouvelles parties ; branchies, pattes abdo-
minales; pattes thoraciques vraies, armure stomacale, etc..
» 3° Disparition de parties qui existaient d'abord, atrophie
des palpes situés à la base des pieds ambulatoires. »
11 y a donc ici tout à la fois destruction , formation et modifi-
cation, par conséquent vraie métamorphose, beaucoup plus
complète que celles qu'éprouvent les insectes orthoptères ,
hémiptères et certains névroptères. (Ch. Robin.)
Faune de la Nouvelle Zélande (Suite etfin, Voy. p. 268).
Supplément aux animaux rayonnes et annélides , trouvés à la
Nouvelle-Zélande, décrits par M. J. E. Gray, esq.
Famille Flustradées.
138. Membranipora pilosa. .lohn's, Brit. Zooph. (. ?4 , f, 10^
12. Nouv.-Zél. sur les Fucus. D' Sinclair.
.WAI.YSKS DOUVIU(;t> NOL'VKAUX- 3|.'»
139. Menipea cirrala. Ellis, Zooph. t. 4, f. 1. Nouv.-Zél. D--
Sinclair. Tricellaria de Fleming et 6Yj*'sm Iricythara. Laui.
Pol.flex. t. :i, f. 1, appartiennent à ce ^eni e, et AJenipea hyalœa,
Lam. Pol. flex. est une Catenicella.
140. Acamarchis prismalica. JNouv.-Zél. D'. Sinclair.
Tolypier d'un brun rougeatre, avec des reflets prismatiques.
les cellules à deux rangées, allongées; cellule à ovaire globu-
leux , d'un blanc lisse.
141. Selbia zelandica. Gray. Nouv.-Zél. D' Sinclair.
Le polypier de ce nouveau genre est rameux , fourchu ; les
cellules sont ovales . alternes , formant deux rangées sur la sur-
face supérieure de la fronde, et munies chacune d'un poil raide
comme une soie : l'autre surface de la fronde possède un sillon
central et des fossettes divergentes. II ressemble beaucoup aux
Cabera et Canda de Lamouroux, deux genres très-mal décrits
et figurés par cet auteur : il diffère du premier en n'ayant que
deux rangées de cellules au lieu de quatre ou six. et du g. Canda
par ses poils libres et raides, au lieu de poils épais qui vont de
branches en branches, donnant au polypier la forme d'un ar-
buste largement résilié.
\f\2. Halophila Johnstonœ. Gray. Nouv.-Zél. Nèv. W. Yate.
Polypier sillonné, droit, couleur de corne; ce genre est cu-
rieux à cause de sa consistance cornée ; il a deux séries alternes
de cellules coriacées, semi-ovales, toutes placées d'un côté, et
formant une fronde linéaire continue. 11 diffère du g. Selbia
par le manque de soies et par les cellules plus séparées. H res-
semble encore plus au g. Bicellaria, mais il n'est pas calcaire,
circiné, ni articulé. Dédié à M"*® Johnston.
Famille Cblleporidées
143. Elzerina Blainmllii. Lam. Pol flex. 123, t. 2,f. 3. Très-
mauv&is. lilain. Man. Actin. Nouv.-Zél. D' Sinclair.
La figure de Lamouroux représente très-incorrectement cette
espèce. Les cellules sont trop nombreuses et d'une forme in-
exacte. On peut le décrire ainsi : polypier corné, flexible, ra-
meux, fourchu, subquadrangulaire , non articulé, formé de
quatre séries de cellules ovales, convexes , avec la bouche oblon-
gue , rebordée et parsemée de soies flexibles.
144. Margaretta cereoides. Gray. Cellaria cereoides. Ellis,
316 RFA'DK ZOOLOGiyOE. {j4oÛt 18i5.)
Zooph.t. 5, f. G. 6\ hirsuta. Lam. Pol. flex. t. 2, f. 4. Noiiv.-
Zël. D"^ Sinclair.
Fronde subcylindrique , cellules blanches, admirablement
marquées de petites taches pel lucides : axe brun quand il est
sec. Ce polypier forme un genre que 1 on peut caractériser
ainsi: Polypier subcylindrique, fourchu, articulé, coriace,
pellucide , formé de quatre ou six séries de cellules ovales , avec
une bouche subcylindrique , subtubulaire, ayant des soies allon-
gées. Je ne vois aucune différence entre les individus rapportés
de la Nouv.-Zélande , et ceux du cap de Bonne espérance que
j'ai rieçTis du D' Kraus. On dit qu'on le trouve aussi dans les
mers d'Europe. Le g. Salicornaria diffère de celui-ci par le
manque de soies et par les cellules qui sont hexagonales avec
uhe bouche enfoncée.
Famille Crissiadées.
145. Catenicella bicuspis. Gray. Nouv.-Zél. D' Sinclair.
Polypier blanc perlé : cellules demi-ovales, tronquées, avec
une petite pointe comprimée de chaque côté, bouche arrondie.
Le polypier est rameux, fourchu, circiné: chaque article est
formé d'une seule cellule, avec toutes les bouches placées du
même côté ; l'article où se bifurquent les branches est formé de
deux cellules réunies.
146. Emma crystallina. Gray. Nouv.-Zél.
Le polypier de ce nouveau genre est circiné, rameux, fourchu,
articulé : les cellules sonttoutesdumêmecôté, placées par paire?,
formant un article cordiforme frangé sur les côtés , et séparées
l'une de l'autre par une articulation cylindrique très-étroite. Le
polypier est vitreux, et presque transparent.
Famille Sertulakiées.
147. Dynamene bispinosa. Gray. Nouv.-Zél. D»^ Sinclair.
Polypier mince, rameux: les cellules écartées, petites, par
paire ; la bouche est tubuleuse, obliquement tronquée, terminée
par deux petites épines; vésicule large, ovale, oblongue, avec
«ne petite dent de chaque côté près du sommet; voisine de la
jD. opercuJata.
148. D. abietinoides. Gray. Nouv.-Zél. D' Sinclair,
l^olyper mince, rameux, branches pinnées, c©mj»rinaëés ,
AINALTStS n'oUVHAGKS ?<()l3VliADX. 317
simples; cellules fermées, subopposées, ovales, tabulaires, ù
bouche denticulée ; vésicules larges, oblongues, ovales, avec uti
long appendice de chaque côté de la bouche. — Ressemble à la
D. abielini^ mais la vésicule avec deux longs appendices comme
des cornes, et la bouche des cellules dentée.
149. Serlularia Johnstoni. Nouv.-Zél. D' Sinclair.
Polypier mince, rameux ; cellules petites , distantes, alternes,
tubulaires , courtes, obliques , avec trois ou quatre dents autour
de la bouche; vésicules larges, oblongues, renflées transversa-
lement, ridées. Ressemble à la Sertularia rugosa. Les vési-
cules rappellent les figures des cellules de cette espèce (Johns.
Brit. Zool. t. 8, f. 4 , 6 ). Les vraies cellules n'auraient- elles pas
besoin d'être vérifiées?
150. Plumularia Banksii. Gray, Baie Dusky, Nouv. Zél. Sir
Jos. Banks.
Tige composée , rameuse; branches simples, opposées, piti-
nées, unilatérales, couibées: cellules fermées, pressées, enfornfie
de cloche, dentées à la bouche; vésicules? — Voisin de P. my^
riophyllum (Johns. Brit. Zool. 145, t. 2î), f. 4 et 8), mais plus
rameux.
151. Thuiaria Zelandica, Nouv.-Zél. D' Sinclair.
n'un brun pâle, droit, branches opposées pinnées : cellules
petites, exactement opposées, triangulaires, bouche tronquée,
avec une petite dent centrale. — Diffère de Th. articulata
{ Johns. Brit. Zool. f. 3, 4 ) dans la forme des Cellules II n'y a
pas de vésicules dans mes individus.
Famille Tdbuliporidées.
152. Tubulipora patellata. Lamx. Hab. la Nouv.ZëL D' Sin-
clair.
Famille Serpulidées.
'S'i. Spirorbis Zelandica. Gray. Nouv.-Zél. Ile de la Grande-
Barre , .lur la Patella Hookerii.
Coquille enroulée, à deux ou trois tours, s'agrandissant rapi-
dement : le deiTsier avec trois stries spirales, l'arête du milieu
étant plus forte.
Famille $P0KIGIA^ÉE8.
154. Spongia Sinclairi. Gray. INouv.-Zél.D» Sinclair.
Rameuse, branches cylindriques, fourchues; sommets coBi-
318 KKvuK /.ooLOGiyuE. [Août 1845 )
ques, jaunes, surface avec des sillons subcylindriques se rami-
fiant, des taches sur quelques-uns ; ostioles petites , nombreuses,
— Var. : branches allongées, cylindriques, libres. — Var. : bran-
ches courtes , fourchues plusieurs fois ; sommets s'anastomosa nt
souvent.
155. Spongia ramosa. Gray. Nouv.-Zél. D"^ Sinclair.
D'un brun pâle, molle, flexible, rameuse; branches allon-
gées subcylindriques, molles, d'une texture très-fine, uni-
forme, avec quelques petites ostioles parsemée-; sur une ligne de
chaque côté; fibres cornées très-minces. Var. : branches modéré-
ment allongées, s'anastomosant de temps en temps. Var. : bran-
ches très longues , libres.
156. Spongia varia. Gray. Nouv.-Zél. D-^ Sinclair.
D'un brun pâle, molle, flexible, rameuse; branches allongées,
subcylindriques, molles , d'une fine texture, avec de grandes
ostioles parsemées ; sommets des branches subclaviformes, quel-
quefois réunis les uns aux autres, comme la dernière, mais
d'une plus grande taille, d'une texture plus lâche , et avec de»
ostioles plus grandes.
SUR les coquilles fossiles de la Nouvelle-Zélande ,
par J. K. Gray, esq.
A l'article Pectunculus^yaï parlé de quelques coquilles fossiles
que le D"^ Sinclair a rapportées du cap Est de d'île du Nord : depuis
que cette notice a été imprimée , le D"^ Dieffenbach m'a montré
quelques individus de la même localité, de Parenga-Rengadans
l'île du Nord, de Kawia et de Waingaroa, et de l'île Chatham.
Les échantillons du cap Est. outre les Pectunculi ^ rapportés par
le D' Sinclair, contiennent une Natic i^ quelques fragments d'un
grand Dentalium ^ un individu de Pyrula, ressemblant à la F
Smithii, mais plu-^ petite, plusieurs individus de Fasus et d'An
cillaria avec un sommet très-calleux Tous ces indivîJus les-
semblent tant pour la forme, l'état, et les caraclères de leur
gîte , aux coquilles trouvées à Bognor , en Susscx, qu'on pour-
rait facilement les prendre pour des fossile-* venant de cette der-
nière localité. Les échantillons de l'île Chatham consistent en
deux valves inférieures d'une grande Osirea, à très-grande im-
pression, voisine de O.gigeanteaoaO. expansa, et ayant le dépôt
calcaire du muscle abducteur détruit par la fossilisation, de la
ANALYSES DOUVKAGKS NOOVBADX.
•319
même manière que Pindividu de VO, expansa, figurée par M, So-
werby , t. 238 , f . 1 ; et en plusieurs échantillons de la valve con-
vexe d'une Gryphœa renflée, près de la G» columba. Us parais-
sent appartenir à la formation du sable vert. Les échantillons
Parenga-Kenga sont dans un conglomérat, et consistent tous en
fragments d'une espèce de Turritella, avec les tours lisses, fine-
ment striés en spirale, l'animal remplit la cavité du dernier
tour de la coquille.
Les échantillons de Kawia et Waingaroa consistent en une
Ostrea très-épaisse et très-lourde , trois individus de Terebra-
tula, un Pecten, ressemblant au P. japonica, et un Spatangus.
Ils sont dans une matrice de pierre calcaire.
En terminant la publication de ce trarail , nous croyons deroir adresser de noureaa
nos remerciements à notre ami M. Léou Fairmaire , qai a bien touIu nous donner cette
longue traduction G. M.
Annales de l'Académie des aspirants naturalistes , l®"" volume,
1", 2« et 3' cahiers, in-8^ Naples, 1843.
Ces Annales contiennent plusieurs mémoires intéressants sur
diverses branches des sciences naturelles , ceux qui traitent de
la Zoologie sont les suivants :
1° Note sur un Diptère nuisible à l'homme, Flebotomus
Papatasii. Rond. Ciniphes molesta. 0. Costa. (Par Joseph
Costa.)
Cette note est écrite pour établir quelques différences entre
la description de cet animal donnée par l'auteur et celle donnée
par M. C. Rondani de Parme, qui écrivit en même temps que
M. Costa , sans que l'un connût les travaux de l'autre.
2° Examen de deux fragments fossiles trouvés dans le Pla-
centin et appartenant à des corps organiques ; par Ach,
Costa.
Il résulte de cet examen : 1° Que l'un de ces fragments appar-
tient à un Ophidien , mais que son organisation présente plu-
sieurs particularités (elles sont décrites dans ce mémoire) qui
ne s'accordent pas avec celle des Ophidiens vivants, surtout en
le rapprochant de ceux dont il a les dimensions, c'est-à-dire des
Coluber elaphis ou C. trilineatus ; 2® quant au deuxième frag-
Totne VIII, Année I84.S. 21
32(f REVDE zoOLtxîiyoK. {Août 1845.)
ment , on ne peut pas assurer à quel genre d'animal il a appar-
tenu.
3* Exposition sommaire des observations recueillies pendant
Vannée 184? sur le développement et V apparition successive
des insectes des environs de Naples; par Ach. Costa.
Ce travail , très-étendu , contient un grand nombre de remar-
ques intéressantes sur plusieurs insectes de tous les ordres, ce
qui le rend difficile à analyser. L'auteur termine en disant que
sans pouvoir rien conclure de général , d'après les observations
d'une seule année , on peut du moins affirmer que pour ce qui
regarde les Coléoptères, chaque mois est marqué par l'appari-
tion prédominante des espèces d'une famille , à l'exception
toutefois des mois du printemps pendant lesquels on trouve quel-
ques insectes de toutes les races.
4* Insectes recueillis dans les environs de Palerme pendant
le mois de décembre ; par A. Costa.
Ce catalogue contient la description d'une espèce nouvelle de
Coléoptères, Pedœrus filiformis Costa, et d'un HéiDiptère égale-
ment nouveau, Pachymerus rhombimacula A. Costa, ainsi que
plusieurs remarques sur différents insectes.
5o Histoire d^un fœtus monstrueux accouché par une femme
de 26 ans , déjà mère de trois enfants sains et bien portants ,
et ne pouvant donner pour cause d'un si étrange événement
qu'une grande frayeur ; par Nicolas Pasanisi.
Cette observation est précieuse par les détails anatomiques
donnés sur le fœtus dont il s'agit, et qui était un monstre
Symélien. Elle est suivie d'un rapport étendu fait par L. Dorotea.
6' Considérations physiologiques sur les formes primitives
et générales des êtres organisés, globules et vaisseaux ; par
S. Tommasi.
Ce mémoire est suivi d'un rapport par L. Dorotea; l'un et
Pautre appartiennent à la physiologie philosophique et se prê-
tent peu à l'analyse.
7^ Note sur VOmalisus sanguinipennis Dèjean; par Ach. Cos-
ta. Cette note a pour but de donner une description détaillée
et exacte de cet insecte que M. Dejeàn avait désigné seulement
i>àr un nom dans son catalogue. ( Cù. RoBiî*.)
tsor.iif/ri:s savantks. 321
III. SOCIÉTÉS SAVAIVrES.
Académie royale drs sciences de Pauis.
Séance du 4 août 1845. — L'Académie a procédé à la nomi-
nalion d'un correspondant dans la section de Zoologie et d'Ana-
iomie comparée, en remplacement de M. Provençal. Elle a élu
M. Muller, de Berlin , savant digne ,* sous tous les rapports , de
cette haute distinction.
On se rappelle qu'à la précédente élection , la section avait
formé une liste composée de savants s'occupant plus spéciale-
ment de Zoologie, et que le prince Ch. Lucien Bonaparte fut élu.
Cette fois elle a composé sa liste avec les noms des savants qui
se sont plus spécialement occupés d'Anatomie comparée, dans
rinfention formelle d'appeler, également et alternativement, des
zoologistes et des anatomistes pour répondre à son titre de Sec-
tion de Zoologie et d'Anatomie comparée.
Si nous sommes bien informé de ce qui s'est passé dans le sein
du comité secret , il a été convenu que la liste contiendrait cette
fois des noms d'anatomistes , et que la prochaine serait formée
avec des zoologistes. C'est donc à tort que l'organe d'un anato-
miste qui voudrait se poser en chef d'école , a dit que la section
n'avait pas voulu admettre de zoologistes, quel que pût être
leur mérite dans cette voie aujourd'hui surannée. C'est une er-
reur que MM. Duméril , Savigny, de Blainville et Is. Geoffroy
Saint-Hilaire , auraient le droit de prendre pour autre chose,
car ils s'occupent tous de cette zoologie , comme les Lamarck,
les Cuvier , les Latreille, etc. , dont les travaux ont plus fait
pour la science que toutes les élucubrations de ces soi-disant
naturalistes , qui se jettent bien vite dans l'observation de
la structure intime des êtres, parce qu'ils ne se sentent pas ca-
pables de faire de la bonne zoologie.
Nous sommes cependant loin de professer pour les études
anatomiques et physiologiques le superbe mépris dont ces sa-
vants d'hier accablent les travaux des hommes éminents que
nous venons de nommer , ou de ceux qui suivent leurs traces.
Nous savons que toutes les fois qu'elles ont été bien faites, les
observations anatomiques et physiologiques sont venues confir-
mer les lois naturelles que le génie suranné de ces savants
avait trouvées sans le secours de Vaiiatomie intime; mais nou*
322 KEVDE ZOOLOGiyUE. {^oût 1845.)
croyons^ avec tous les naturalistes vraiment dignes de ee titre,
que si la Zoologie est appelée, comme les autres sciences, à
rendre des services à l'humanité par l'application qu'on en
pourra faire à ses besoins , ce n'est pas par l'étude de la struc-
ture intime de quelques êtres inutiles, inoffensifs, encore mal
connus et mal classés , mais bien au moyen de travaux faits
par des savants consciencieux qui, après de longues et pénibles
recherches , arriveront à la connaissance des diverses phases de
l'existence des animaux, ainsi que de leurs mœurs , au moyen
de l'étude bien entendue de leurs caractères extérieurs et inté-
rieurs , qui se traduisent mutuellement quand ils sont bien
observés.
Si l'Académie venait à perdre les zoologistes surannés qui lui
restent , et si leurs places étaient prises pas des adeptes de la
soi-disant nouvelle école, ce corps illustre perdrait bientôt la
haute position qu'il occupe dans le monde savant , et serait
exposé à voir souvent sa section admettre comme une classe, une
famille ou une espèce nouvelle , quelques petits vers ou sangsue»
décrits et figurés par les auteurs les plus anciens; il pourrait
même voir ces singuliers travaux loués à outrance dans des rap-
ports très-favorabîes\, ce qui, Dieu merci , n'a pas encore eu lieu
dans son sein.
Séance du 1 1 août, — M Bory de Saint- Vincent présente,
au. nom de M. Carbonnel , un mémoire ayant pour titre : Sur
IHuitre des côtes de France , sur V amélioration des parcs où
on Vélève, et sur la certitude d'en établir à volonté des bancs
artificiels.
« L'auteur commence par présenter quelques considérations
sur l'épuisement progressif des bancs d'huîtres de nos côtes et
sur la nécessité d'empêcher la destruction totale de ces Mollus-
ques, objets d'une industrie assez importante, au moyen de me-
sures législatives du genre de celles qui ont été prises pour la
conservation du gibier. 11 fait remarquer d'ailleurs que la con-
sommation des huîtres tendant à s'accroître constamment et
dans un rapport qui deviendra plus rapide à mesure que les
chemins de fer rendront plus faciles et plus promptes les com-
munications entre les côtes et l'intérieur du pays , il ne suffirait
pas de régulariser le mode d'exploitation , et qu'il était surtout
désirable de trouver les moyens de favoriser la reproduction sur
SOCIÉTÉS SAVANTES. 323
d'anciens bancs ou d'en créer de nouveaux. Pour arriver à ce
résultat il est nécessaire de bien étudier les habitudes des huîtres,
de connaître les lieux où elles se plaisent, ainsi que les circon-
stances qui aident à leur prompt développement. L'auteur
entre à ce sujet dans des détails très étendus, et en tire diverses
inductions dont la principale est qu'il est parvenu à établir des
bancs artificiels inépuisables. Une des dernières questions qu'il
examine est celle qui a rapport à Tintroduclion d'une certaine
proportion d'eau douce dans les parcs , introduction qui a sou-
vent été présentée comme nuisible à ces Mollusques et comme
pouvant même , dans certains cas, en rendre la chair malsaine.
Les observations et les expériences de M. Carbonnel lui ont
prouvé que ces assertions , et surtout la dernière , étaient sans
fondement. 11 a reconnu de plus que , pour conserver les huîtres
€n santé , il n'était pas nécessaire de renouveler très-fréquem-
ment l'eau des bassins artificiels dans lesquels on les fait vivre.
11 dit avoir établi plusieurs fois à Agen de ces petits bassins d'ex-
périence dans lesquels il a conservé longtemps des huîtres qui
ne perdaient rien de leur goût délicat, comme ont pu s'en
assurer beaucoup de personnes qui en ont mangé chez lui.
Nous donnerons le mémoire de M. Carbonnel dans la cinquième
livraison du Magasin de Zoologie.
Séance du 18 août. — M. I. Geoffroy Saint-Hilaire lit une
note Sur un Bouc à mamelles trèfi-développées et lactifères.
« Aristote nous a transmis quelques détails sur un bouc qui
vivait à Lemnos , et dont les mamelles sécrétaient un lait assez
abondant pour qu'on en fît de petits fromages. Ce bouc avait
d'ailleurs tous les attributs de son sexe , et il devint père d'un
autre individu maie que l'on dit avoir été de même lactifère.
La Grèce entière s'occupa de ces singularités , dans lesquelles
on vit, sur la foi d'un oracle, le présage d'une prospérité ex-
traordinaire.
» Un individu présentant la même anomalie, un autre bouc de
Lemnos , existe en ce moment à la ménagerie du Muséum d'his-
toire naturelle. Elle l'a reçu, il y a quelques jours, de M. Van
Goppenael , qui, ayant eu occasion de voir ce bouc lactifère, s'est
empressé de l'acquérir dans l'intérêt de la science, et de l'offrir
à M. Serres pour la ménagerie du Muséum.
» C'est un individu de la variété sans cornes , d'une taille con-
324 REVUK zooLO(;iouK. {^oût 1845.)
aidérable, ayant les formes et exhalant fortement Todeiir carac-
téristique du sexe mâle dans son espèce. Le pénis , que noud
n'avons pu voir toutefois que dans son fourreau , et les testicules,
présentent la disposition et les proportions normales. L'animal
offre donc tous les caractères extérieurs du mâle. On assure qu'il
a été employé comme étalon avant d être donné à la ménagerie,
et cela à une époque où il avait déjà du lait.
» Les mamelles , au nombre de deux , sont placées immédiate-
ment au devant des bourses , et sont pendantes comme dans la
chèvre en lactation. On peut juger de l'énorme développement
de ces mamelles par une figure de grandeur naturelle qui a été
dessinée par M. Florent Prévost, aide-nituraliste au Muséum,
et que je mets sous les yeux de l'Académie. Voici d'ailleurs les
dimensions des mamelles, et aussi, comme terme de comparai-
son, celles des bourses, telles que j'ai trouvé ces parties lors
de l'arrivée de l'animal à la ménagerie :
Circonférence de la mamelle droite 0™ , 25.
Longueur 0 tC.
Circonférence de la mamelle gauche 0 19.
Longueur 0 13.
Circonférence des bourses . . 0 29.
Longueur 0 14.
» La mamelle droite offre , comme on le voit, un développe-
ment beaucoup plus considérable que la mamelle gauche.
» La quantité de lait donnée par ces mamelles est variable
d'un jour à l'autre; elle va de { litre à environ 2 décilitres.
Les Y de la quantité totale sont fournis par le côté droit. Quand
l'animal est trait , les mamelles ne diminuent que peu de vo-
lume. Le tissu de la glande mammaire est remarquablement
ferme et presque dur. Cette particularité paraît exister assez
fréquemment chez les mâles lactifères, ce qui n'avait pas échappé
à Aristote.
» Le lait du bouc de la ménagerie a l'apparence du lait de
chèvre : il est toutefois beaucoup plus salé. M. Chevreul a bien
voulu se charger de l'analyser, et le résultat de son examen sera
publié plus tard , comme complément de cette note.
» Le bouc n'est pas le seul animal mâle chez lequel la sécré-
tion du lait ait été observée. Wartin Schurig, dans sa Syllepsilo-
* SOCIÉTÉS SAVANTES. 325
gie, Haller, dans ses Eleinenta physiologiaî , ont extrait des
ouvrages et recueils du xvi<', du xvii» et du xviir siècle, des
observations analogues faites chez le chien , le chat , le taureau ,
le bélier. Il est vrai que quelques-unes de ces observations,
rapportées par les auteurs d'une manière fort succincte , pour-
raient bien avoir pour sujets non de véritables mâles , mais des
individus hermaphrodiliques, essentiellement femelles en réa-
lité
« La sécrétion du lait a été aussi plusieurs fois observée chei
l'homme lui-même. Aristote en cite déjà des exemples, et plu-
sieurs autres ont été recueillis par les modernes. J'ai rappelé ,
dans mon histoire générale des anomalies, non - seulement
ceux que citent Schurig, Ilaller^dans leurs ouvrages, et Schacher
dans une dissertation spéciale ; mais aussi un autre cas beaucoup
plus remarquable, dont la connaissance estdue à M. de Humboldt.
Celui-ci , recueilli par notre illustre confrère dans son voyage
aux régions équinoxiales , a pour objet un homme qui , non-
seulement était lactifère, mais qui avait assez de lait pour avoir
pu nourrir lui-même son enfant pendant cinq mois. Ce sont,
sans nul doute, des faits de ce genre , généralisés par la crédu-
lité et l'exagération des voyageurs, qui ont donné lieu à cette
absurde assertion de l'un d'entre eux, qu^au Brésil, ce sont les
hommes , et non les femmes , qui allaitent leurs enfants.
M.Dubreuil^ professeur à la Faculté des sciences de Mont-
pellier, adresse un travail Sur les caractères crâniens des habi-
tants des îles Marquises. Cet intéressant mémoire est renvoyé à
l'examen d'une commission.
M. Berthold adresse une Note sur la pairie des Cinixys. La
patrie de ce genre de reptiles est encore indéterminée : plusieurs
auteurs le disent africain , les autres le regardent comme origi-
naire d'Amérique. Cette dernière opinion a même paru préva-
loir dans ces derniers temps. M. Berthold , professeur à l'uni-
versité de Goettingen, établit par un fait authentique, que l'une
des espèces, au moins, le Cinixys homeana , habite l'Afrique
occidentale , particulièrement le Delta du Niger.
Séance du 25 août. — M. Flourens présente les résultats de
Nouvelles expériences sur la résorption de Vos. Voici les con-
clusions auxquelles il est arrivé :
J'ai [>rouvé , par de précédentes expériences ,
I
326 REVUE zooLOGiyuE. [Août 1845.)
1» Que l'os croît en longueur par lames terminales et juxta-
posées ;
2° Qu'il croît en grosseur par lames externes et superposées ;
3» Que le canal médullaire croît ou s'agrandit par la résorp-
tion des lames intérieures , des lames anciennes de l'os.
« Cette résorption intérieure de l'os est le fait sur lequel j'ap-
pelle une fois encore l'attention des physiologistes; mes nouvelles
expériences me paraissent le démontrer d'une manière com-
plète.
» Duhamel avait placé un anneau autour du tibia d'un
pigeon. Au bout de quelque temps l'anneau , dont il avait en-
touré l'os, se trouva dans l'intérieur de l'os, dans le canal mé-
dullaire. Comment cela s'était-il fait? Selon Duhamel, l'os s'é-
tait distendu, il s'était rompu dans les points pressés par Pan-
neau, et ces points rompus s'étaient ensuite rejoints par dessus
l'anneau.
» J'ai répété bien des fois l'expérience de Duhamel ; j'en ai
présenté les résultats à l'Académie , et j'ai toujours conclu , con-
trairement à Duhamel , que l'os ne se distend point, qu'il ne se
rompt point , etc.
» En un mot, Duhamel explique l'agrandissement du canal
médullaire par l'extension de l'os, et je l'ai toujours expliqué,
avec J. Hunter, par la résorption de l'os.
» Cependant une expérience qui a pu se prêter à deux inter-
prétations si différentes, n'est pas l'expérience qu'il faut; it
faut une expérience qui décide , tranche ; je crois l'avoir
trouvée.
» Au lieu d'un anneau qui presse, qui résiste, qui peut rompre
l'os, j'ai employé une très-petite lame de métal , de platine
(de 4 millimètres de long sur 2 de large) , si mince qu'elle n'a-
vait presque pas de poids (le poids d'ailleurs ne porterait pas
sur l'os ; la lame n'est pas sur le tibia, sur l'os, elle est au devant
de l'os ) , et qui , d'ailleurs , étant isolée , libre , ne pouvait offrir
à l'os aucune résistance.
» J'ai placé cette lame sous le périoste, et voici ce qui est arrivé.
Les pièces que je mets sous les yeux de l'Académie suffisent pour
montrer la marche du fait dans tous ses progrès.
» La pièce n° 1 est le tibia gauche d'un jeune chien (c'est sur les
tibias de jeunes chiens que toutes ces expériences ont été faite»)
SOCIÉTÉS SAVANTES. 327
âgé d'un mois. On y voit le périoste incisé , et la lame de platine
placée sous le périoste. Cette pièce représente Texpérience qui
vient d'être faite.
» La pièce n» ? est le tibia droit d'un jeune chien du même âge
que le précédent , opéré de même , et tué cinq jours après l'expé-
rience. Le périoste incisé s'est réuni, et recouvre la lame de
platine.
» Dans la pièce n" 3 (pour mieux faire voir la position de la
lame , on a scié l'os en long , dans cette pièce comme dans les
suivantes), la lame est déjà recouverte par des lames osseuses.
» Ces lames osseuses sont plus nombreuses dans la pièce
no 4.
1» La lame de platine est au milieu des couches de l'os dans les
pièces n" 5 et 6.
» Elle est presque entièrement dans le canal médullaire , sur
la pièce n° 7. '
» Elle y est tout à fait sur la pièce n° 8.
» Pour ces 2 dernières pièces, l'expérience a duré trente-six
jours; elle en avait duré vingt pour les pièces 5 et 6; douze
pour la pièce 4 , et huit pour la pièce 3.
» Ce qui arrive à l'anneau arrive donc aussi à la lame.
» La lame est , comme l'anneau , successivement recouverte
par le périoste , par des lames d'os , par des lames d'os de plus
en plus nombreuses ; on la trouve , enfin , dans le canal médul-
laire.
« Et pourtant la lame n'a point résisté , la lame n'a rien rompu.
L'os qui , primitivement, était sous la lame , est maintenant sur
la lame. C'est qu'un os ancien a disparu , et qu'il s'est formé
un os nouveau. L'os qui existe aujourd'hui n'est pas celui qui
existait quand on a mis la lame , il s'est formé depuis ; et l'os qui
existait alors n'est plus , il a été résorbé. La résorption de l'os est
donc un fait démontré , un fait certain.
» Buflbn avait donc raison quand il proclamait le moule, la
forme , plus invariable que la substance.
» Cuvier avait raison quand il définissait la vie : un tourbillon .
■ Leibnitz a pu dire que notre machine est dans un flux
perpétuel.
» Tout, dans nos organes, se renouvelle, change, s'écoule;
328 REVUE zooLOGiyuE. {Août 1845.)
€t, considérée sous ce point de vue , la vie n'est que 1» mutation
<;ontinuelle de la matière.
» Je me borne ici à cet exposé sommaire de mes nouvelles
études; on les trouvera plus développées dans l'ouvrage que je
fais imprimer en ce moment, sous le titre de Théorie expérjinen-
tale de la formation des os. »
51M. Joly et Lavocat , de Toulouse, adressent un travail
intitulé : Recherches historiques ^ zoologiques , analomiques et
paléontologigues sur la Girafe. « Ce travail est divisé en quatre
parties :
a Dans la première , qui est entièrement historique et biblio-
graphique , nous nous occupons des monuments sur lesquels
la Girafe a été représentée, et nous signalons: 1° le temple
d'Hesmonthis , (Haute-Egypte), où son image a été découverte
par M. Jomard ; 2° le Typhonium de Dar-el-Wali , près de
Calabsché (Basse-Nubie), où elle est indiquée par MM. Burckhardt,
Beizoni et Gau; 3° la Mosaïque de Palestrine , où on la trouve
figurée deux fois; 4<» enfin, les fresques de Poggio Cajano ,
palais des ducs de Médicis. Après avoir ainsi tracé l'histoire
monumentale de la Girafe , nous nous occupons de son histoire
littéraire et bibliographique.
« Description zoologique de la Girafe. La 2« partie', toute
zoologique, ne pouvait, on le concevra facilement , renfermer
beaucoup de détails vraiment neufs, après les descriptions si
complètes et les réflexions si éminemment philosophiques dont
l'histoire de la Girafe a été l'objet de la part des Goelhe, des
Cuvier, des E. et Is, Geoffroy St.-Hilaire , etc.
« Anatomie. — Comme on devait s'y attendre , cette anatomie
présente de nombreux points de ressemblance avec celle de
nos grands animaux ruminants domestiques, et plus encore
avec celle des Cerfs Par plusieurs traits de son organisation ,
la Girafe se rapproche même beaucoup des Monodactyles ou
Solipèdes ; enfin, par quelques autres, elle forme un animal à
part, aussi curieux dans sa structure que singulier dans ses
mœurs , dans sa démarche et dans tout son aspect extérieur.
« Dans cette partie de notre Mémoire, nous avons fait de
nombreux emprunts aux beaux travaux de MM. G. Cuvier,
Laurillard , Duvernoy, Is. Geoffroy St.-Hilaire, Pander et
l>alton, et surtout aux deux importantes publications dont
MÉLANGES ET NODVELLES. 329
M. Kichard Owen a enrichi les Transactions de la société zoulo-
gique de Londres. Ces emprunts devenaient nécessaires dans un
travail que nous désirions traiter monographiqueinent; ils ne
sont, d'ailleurs , que la reproduction presque toujours exacte de
ce que nous avons vu nous-mêmes, eu étudiant Torganisation
intérieure de la Girafe , après tous ces célèbres analomistes.
Après ces préliminaires les auteurs passent en revue la splan-
chnologie , l'ostéologie , les appareils ligamenteux, le système
musculaire et le système nerveux de la Girafe et présentent des
observations très-intéressantes sur ces divers sujets.
Ce beau mémoire est accompagné de 10 planches in-4o.
IV. MELANGES ET NOUVELLES.
i
Note sur la découverte faite par M. Crespon (de Nîmes), du
mode de reproduction de VOscinis oleœ.
M. Crespon , qui étudie sérieusement la Zoologie depuis une
vingtaine d'années , a formé une collection considérable de toutes
les classes du règne animal , contenant surtout les espèces qui se
rencontrent dans le midi de la France.
Il a publié en 1840 une Ornithologie du Gard, ouvrage
original , rempli des observations directes qu'il a faites sur les
mœurs des oiseaux du midi de la France.
En 1844, il a publié sa Faune méridionale y dont les deux
volumes déjà parus comprennent les animaux vertébrés. Cet
ouvrage sur lequel M. Gerbe a donné un article dans cette Revue,
1845, p. 213 , contient la description d'un grand nombre d'es-
pèces nouvelles pour l'Europe, dont plusieurs étaient mên.e iné-
dites . et il y a surtout de nombreux et intéressants détails sur le»
mœurs de beaucoup d'animaux. Ces détails sont écrits avec sim-
plicité et clarté ; l'auteur n'a pas cherché à faire des morceaux
de style et de littérature , mais il a donné ses observations per-
sonnelles sur les animaux qu'il a pu étudier à force de soins et
de persévérance pendant plusieurs années consécutives.
Depuis quelque temps ^ M. Crespon s'occupe de l'étude des
insectes nuisibles ii l'agriculture. On trouve des articles très-in-
téressants de lui dans les journaux de la localité, et il a été sou-
330 REVDR ZOOLOGIQOE {ÀOÛt 1845.)
vent consulté par les agriculteurs qui lui demandaient des moyeni
de destruction contre des espèces nuisibles à leurs récoltes.
Dernièrement la Société d'Agriculture du Gard l'a chargé
d'aller au Vigan , dont les pommes sont si renommées , pour y
étudier un infecte qui nuit considérablement à ces fruits. Depuis
1 5 ans ces récoltes manquaient très-souvent à cause de la présence
de Vffyponomeuta padella, dont la chenille dévorait les feuilles
des arbres à leur naissance et les enveloppait comme d'un
vaste réseau soyeux. Il a étudié les diverses phases de l'existence
de cet insecte, afin de chercher le moment où l'homme pour-
rait l'attaquer avec succès, et il est arrivé à recommander des
procédés simples et peu coûteux , qui ont été mis en pratique
par un grand nombre de propriétaires du Vigan , lesquels ont
obtenu , depuis ce temps , des récoltes abondantes. Le rapport
qu'il a fait sur cette mission, pour être soumis au préfet, a été
inséré dans les mémoires de la société du Gard , et cette société
a fait les frais de l'exploration de M. Crespon.
Questionné de tous côtés , témoin des plaintes que les pro-
priétaires d'oliviers élèvent continuellement, et des pertes qu'ils
éprouvent dans leurs récoltes d'huile par la présence de VOscinis
oleœ , M. Crespon s'est livré à l'étude des mœurs de cet insecte ^
et il est parvenu à découvrir le premier, comment il se reproduit
d'une année à l'autre.
Dans un article inséré au Courrier du Gard et dans \dL Gazette
du Bas-Languedoc , journaux publiés à Nhnes, et dans une ré-
ponse à quelques observations critiques de M.Blaud, de Beaucaire,
M. Crespon a fait connaître le fait le plus essentiel de la vie de
VOscinis oleœ , le séjour d'un grand nombre de ses pupes dans
la terre , au pied des oliviers où elles passent l'hiver et la ma-
jeure partie de l'année suivante , pour se transformer en mou-
ches vers la fin de l'été , au moment où les olives sont assez
gro.sses pour recevoir et nourir les œufs que ces mouches vont
pondre sur chaque fruit. Voici la lettre que M. Crespon a adres-
sée au rédacteur du Courrier du Gard, le o fév. 1845.
Monsieur,
En réponse à l'article sur VOscinis oleœ que j'ai publié dan*
votre journal et dans la Gazette du Bas- Languedoc ^ M. César
MÉLANGES ET (NOUVELLES. 3Sl
Blaud , de Beaucaire , m'adresse une vive réponse qui taxe d*in-
exactitude tout ce que j'ai dit relativement à cet insecte.
Je veux être bref autant que possible dans la réponse que je
dois lui faire dans l'intérêt de l'agriculture comme dans le mien.
D'abord , je n'ai pas voulu traiter de la petite chenille qui atta-
que quelquefois l'olive et en détruit l'amande, et dont l'insecte
parfait est un lépidoptère nocturne de la famille des teignes ( je
passe ici sur les synonymies et les dénominations latines de cet
insecte , puisqu'il est bien connu) ; mais je ne l'ai pas confondu
avec VOscinis oleœ , comme le pense M. Blaud. Toutefois, j'ai
dû m'étonner de voir, le 30 novembre dernier, dans la Revue de
Paris, un article très-remarquable qui traitait des ravages que
cette chenille cause à nos oliviers et des moyens de la détruire ;
je pus croire alors que quelque correspondant du midi avait
voulu signaler à M. Guérin-Méneville le seul insecte qui fait réel-
lement tort à nos oliviers , VOscinis, d'autant plus que l'écrit du
savant entomologiste paraissait au moment même où une riche
récolte s'anéantissait par les ravages des larves de ÏOscinis oleœ
et que personne, encore cette année , ne s'était plaint des maux
causés par la Tinea olivella dont il parle , et qui , du reste ,
ne sont jamais bien considérables. Voilà ce que j'ai entendu dire.
M. Blaud doute que les larves de VOscinis descendent à terre
pour s'y cacher et s'y transformer en chrysalides. Je vais tout à
l'heure le lui prouver d'une manière irrécusable.
En suivant la vie de VOscinis oleœ pendant plusieurs mois con-
sécutifs, j'ai , en secouant les branches des oliviers, reçu dans
un parapluie que je tenais ouvert et renversé au-dessous des ra-
meaux , plusieurs larves , et j'en ai trouvé aussi le long du tronc
des oliviers ; or, donc , il y en a qui abandonnent l'olive pour des-
cendre à terre.
J'ai ouvert plusieurs centaines d'olives , j'ai conservé longtemps
des rameaux d'oliviers chargés de leurs fruits , et j'ai trouvé quel-
quefois une chrysalide placée entre le noyau de l'olive et son épi-
derme. J'ai vu d'autres fois une mouche à demi sortie par le
trou de l'olive. Je possède encore tous ces matériaux dans mon
cabinet.
Mais il s'en faut de beaucoup que cette marche soit suivie par
tous ces insectes , et c'est ce qui rend leur vie plus difficile à
étudier.
332 KtvuE zooLOGiyuE. [Août 18i5.)
On trouve encore dans les champs , soit sur les arbres, soit à
terre, assez d'olives qui ont été oubliées ; on peut en ouvrir plu-
sieurs , et l'on ne verra chez les unes que l'enveloppe de la nym-
phe, tandis que la majeure partie , malgré leur piqûre , n'en
renferme aucune trace. Demander comment cet insecte peut se
transformer en mouche tantôt dans l'olive , tantôt dans la terre,
c'est demander à la Providence un de ces mystères qu'elle cache
à notre intelligence. Mais il est permis de penser que c'est là une
prévoyance pour la conservation de l'espèce.
Pour être sûr d'ailleurs que VOscinis se change en nymphe
autre part que dans l'olive, n'a-t-on pas vu dans toutes les mai-
sons où l'on avait déposé des olives, après la cueillette , des mil-
liers de chrysalides sur le sol auprès de ces olives , ainsi que
beaucoup de mouches que la fermentation et une température
plus chaude qui régnait dans les appartements avaient fait éclore
avant le temps?
Mais le point capital de la question doit être celui-ci : Quels
sont les moyens de reproduction que VOscinis se ménage pen-
dant l'hiver?
M. Blaud ne le dit pas, et c'est ce que je me suis appliqué à
chercher et ce que j'ai été heureux de trouver.
Je répète donc qu'en ce moment les chrysalides de VOscinis
oleœ , le seul germe que cet insecte ait laissé pour ses généra-
tions futures, sont cachées dans la terre de deux à cinq centi-
mètres de profondeur. Kt pour donner plus d'autorité à celte
assertion, j'ai dû , pendant les cinq jours qui viennent de s écou-
ler depuis la réfutation de M. Blaud, j'ai dû, dis-je , prier des
personnes qui s'occupent spécialement des améliorations que
l'on peut apporter à notre agriculture , et parmi lesquelles se
trouvent des entomologistes distingués , de venir avec moi dans
les olivettes s'assurer par elles-mêmes des faits que j'avais avan-
cés. — Au nombre de celles qui ont bien voulu m'accompagner,
je citerai MM. Liotard père, Edouard Boyer, pharmacien, Adolphe
Bruguière, Margarot-Pauc , Viviers (de la Bastide), Mourgue ,
pharmacien, Prophète fils, Boyer, horticulteur, et Miller, chef
de bataillon au 26« de ligne. Toutes ces personnes m'ont vu
trouver des chrysalides de VOscinis , et en ont ramassé elles-
mêmes.
Quant à l'emploi de la chaux comme remède, il est bien re-
MPriNGtS KT INOITVKLLÉS. 5^3
connu par tous les agriculteurs qu'elle améliore la terre et cjue,
loin de brûler les petites racines des oliviers, comme M. Blaud
le prétend, elle ne peut, au contraire, que faire fructifier ces
arbres.
Si M. Blaud doutait encore de l'existence de ces chrysalides,
et même de quelques larves qui n'ont pas encore achevé leur
métamorphorse, je le prierais alors de s'en assurer par lui-même^
ou bien de venir à Nîmes, où j'aurais l'honneur de lui démontrer
que cela n'est point une fable, mais une réalité qui doit vivement
attirer l'attention des personnes chargées de veiller aux soins de
notre agriculture.
M. Blaud désire qu'un concours soit établi pour aviser aux
moyens de destruction à employer contre cet insecte nuisible ;
j'ai aussi prié M le président de la Société d'Agriculture du Gard
de vouloir bien nommer une commission à cet effet, ce qu'il m'a
promis de faire au plus tôt. J. Crespon.
Nota. Comme on le voit , M. Crespon semble affirmer que les
ravages faits par la Tinea olivella ne sont jamais bien considé-
rables. 11 n'en est pa>* de même dans d'autres localités , comme
je m'en suis assuré pendant ma tournée, et M. Crespon , que j'ai
eu l'honneur de voir à mon passage à Nîmes, partage mon opi-
nion et m'a dit qu'il n'avait entendu s'occuper que de ce qu'il a
observé dans le département du Gard. Au reste , dans une excur-
sion que j'ai faite avec lui près de Nîmes , nous avons trouvé
quelques Tinea olivella voltigeant dans les rameaux d'oliviers
que nous avions agités pour voir si les Oscinis étaient écloses.
G. M.
Nous avons annoncé (1844, p. 367) la mise en vente de la
belle collection d'Insectes Coléoptères de M. H. Gory, qui con-
tient , entre autres objets précieux , tous les types des Monogra-
phies que cet entomologiste a publiées sur les genres Cetonia^
Buprestis , Clytus , etc. Nous croyons devoir informer nos lec-
teurs de la résolution prise par M. Gory de céder séparément les
diverses familles. Déjà M. le baron de Chaudoir est devenu pro-
priétaire de la famille des Carabiques , et des entomologiste»
de divers pays ont écrit pour s'entendre avec M. Gory au sujet
de quelques autres.
3S4 HEVOB zooLOGiQDE. {^aàt 1845.)
Voici le tableau des familles qui composent cette collection ,
du nombre d'espèces qu'elles contiennent et de leur prix.
PRIX.
650 fr.
1,000
6,500
1,000
500
1,100
300
5,500
3,500
2,500
400
400
500
250
500
100
4,500
1,000
3,500
3,500
450
100
Un de nos confrères nous prie d'annoncer qu'il désire céder
une magnifique série de Coléoptères hétéromères , de plus de
2,000 espèces, formant un total d'environ 3,500 individus en
bon état de conservation. Cette collection , qui a été soigneuse-
ment comparée et nommée sur celle de M. Dejean et sur les
plus importantes de la capitale , renferme un grand nombre de
genres très-rares et qui manquent encore à bien des musées.
S'adresser, pour les conditions et de plus amples renseigne-
ments, au bureau de la Bévue zoologique (écrire franco).
FAMILLES.
ESPÈCES.
Hydrocanthares.
416
Brachélytres.
655
Sternoxes.
1,984
Malacodermes.
512
Térédiles.
288
Clavicornes.
704
Palpicornes.
168
Lamellicornes.
2,672
Cétoines.
720
Mélasomes.
1,184
Taxi cornes.
263
Ténébrionites.
236
Helopiens.
288
Trachélides.
160
Véssicants.
338
Sténélytres.
64
Curculionites.
2,736
Xylophages.
615
Longicornes.
1,554
Chrysomelines.
2,336
Tri mères.
312
Dimères.
50
S'adresser (franco) au
bureau de la j
eaux-Arts, 4.
Nouveau membre admis dans la Société Cuvierienne.
N*» 299. M. Bonaventure Gravina, membre de diverses sociétés
savantes, etc.
Présenté par M. Signorel.
HUITIEME ANNEE. — SEPTEMBRE 184S
I. TRAVAUX IIVEDITS.
Description de quelques Mammifères Américains par le M. !«
Docteur Pucheran.
P Cebus versicolor, Puch. — Dessus et côtés delà téle,jusques
en arrière des oreilles , couverts de poils blancs, ainsi que le
menton et la partie inférieure du cou. Région inter-apriculaire
noirâtre foncé ^ et la tache aussi foncée , avance pour finir en
pointe sur le blanc du vertex, tandis qu'elle se nuance de brun
sur la région supérieure du cou. Le milieu du dos est blond
foncé passant au roussâtre sur le croupion , et se change en gris
brun foncé sur les flancs. Le thorax, l'abdomen sont roux vif,
ainsi que les faces interne et externe des quatre membres ; les
poils qui couvrent les mains , en avant comme en arrière, sont
noirs. La queue est , à sa racine, de la teinte du croupion , elle
devient ensuite gris brun foncé dans son tiers médian et
blond très-clair dans son tiers terminal (1).
Cette espèce, originaire de Colombie (Santa-Fé de Bogota) est
très- voisine ônCehus chrysopus, Cuv. , dont elle se distingue
(1) Paisquo nous sommes à parler de quelques primates , nous saisirons cette occasion
de rectifier Ici l'assertion que nous avons émise dans notre article Cynocéphale du dic-
tionnaire de M. d'Orbigny, en annonçant que, dans son beau travail de 1812, sur les qua-
drumanes, GeolTroy-Saint-Hilaire avait commencé par les Hurleurs la série des singes
platyrhlniens. Ce sont les Atèles que ce savant célèbre, à la mémoire vénérée duquel
nous dédions l'une de nos espèces d'Ouistiti, mil à la tète des Primates américains. Nous
sommes d'autant plus surpris de notre lapsus calami a ce sujet , que les notes que
nous avions prises pour ce travail étaient très-étendues et très-circonstanciées. Nous
profilerons de la même occasion pour décliner notre responsabilité de la fin du paragraphe
relatif aux mœurs de l'Hamadryas et aux exercices que les bateleurs d'Orient lui font faire.
L'écrivain , qui, sur notre dernière épreuve, se livra, à notre insu, à cette addition,
désirait rendre noire style plus pittoresque. C'est dans un autre but que nous l'aurions
dispensé de conclure qne l'hilarité des spectateurs en présence des scènes dont ils sont
témoins, prouve que les idées de pudeur ne sont pas les mêmes chez ces peuples que
chez nous. En terminant l'exposition des mœurs du Chacma à l'état sauvage, notre trop
bienveillant correcteur a été assez malheureusement inspiré pour nous faire écrire le
contraire de ce que nous pensons, en prétendant que Kolbc, dont le témoignage est assez
souvent équivoque pour mériter confirmation , peut , dans la circonstance dont il
s'agit, être cru sur parole. C'est à regret que nous nous voyons obligé d'occuper les
lecteurs de la Revue de rectifications qui nous sont personnelles : mais comme notre
nom se trouve au bas de l'article en question . il nous semble juslo et bonnète de ne pas
prendre la responsabilité d'assertions auxquelles nous sommes totalement étranger. Nous
3e3 rendons à leur auteur, qu'on nous dispensera de nommer.
Tome Vin. Année 1845. 22
336 REVUE ZOOLOGIQUE. {Septembre 1845.)
au premier coup d'œil par le noir de sa nuque et de ses quatre
pattes.
2° 'Hapale Geoffroyi^ Pach.— Face et tète en entier cou-
vertes de poils blanchâtres, devenant plus allongés sur sa partie
médiane de la tète et formant là une tache longitudinale.
Nuque et dessus du cou roux marron. Dessus du dos et flancs,
face externe de la moitié supérieure des bras et des cuisses,
de couleur noire ofî'rant çà et là des espaces occupés par des poils
blonds. Queue colorée par places de rouge pourpré et de noir à
sa base dans une très-petite étendue, noire dans le reste.
Cette es{)èce est très-voisine du Simia œdipus dont elle se
distingue par l'absence de sa crinière blanche, parla coloration
différente de la face externe du bras et des cuisses, par l'exis-
tence du rougeâtre de la nuque et du dessus du cou , par la
moindre étendue du rouge de la queue , dont la nuance est
différente et n'occupe pas dune manière uniforme tout le pour-
tour de l'organe.
3» Hapale Illigeri, Puch. — Tête noire, ainsi que la face :
lèvre supérieure couverte de poils blancs. Dessus du cou
et nuque, membres antérieurs sur leurs faces interne et externe
(jusques aux mains) , rougeâtres ainsi que tout le dessous du
corps. La couleur rousse règne sur les membres postérieurs, ainsi
que sur la partie inférieure de la queue à sa base, dans quel-
que pouces d'étendue. Les quatre mains sont noires tiquetées
de roux, assez obscurément en avant, mais très-visiblement en
arrière
Cette espèce, très-semblable au Midas labratus^ Geoflf. St. H.,
s'en distingue par la coloration différente de la face externe des
quatre membres et du dessus du cou. Nous la croyons origi-
naire de Colombie, tandis que l'Ouistiti de Geoffroy nous est
venu de Panama. L'individu que nous avons décrit a vécu quel-
que temps à la ménagerie du Muséum : il nous fut donné par
M. l'ingénieur Courtine. Par les désignations spécifiques que
nous avons choisies, nous avons voulu rappeler à la mémoire
des mammalogistes les deux savants célèbres qui , les premiers,
ont bien apprécié les caractères des Ouistitis.
4° Sciurus rufoniger. Puch. — Roux sur les flancs ; ligne
noire régnantsurla partie médiane du dos bien marquée, surtout
à partir de l'intervalle des épaules , et régnant jusques à la base
TRAVAUX INÉDITS. 337
<le la queue. Menton t^ris , ainsi que Tabdomen, qui devient
un peu jaunâtre tandis que la poitrine est jaune. Queue distique, Ky^L
couverte de poils alternativement annelës de roux et de noir , i . i ,^
avec deux pointes blanches. Taille du Guerlinjijuet. (Ç^^^ ^ *
Habite la Colombie (Santa-Fë de Bogota). -^ukt. )
5" Sciurus chrysuros Puch. —Dos, tête , flancs , membre pré-
sentant la teinte générale du Guerlinguet, mais plus foncée;
queue ronde, offrant à sa base la coloration du dessus du corps,
roux doré dans le reste de son étendue. La gorge est jaunâtre,
le reste des parties antérieures offre , mais d'une manière très-
effacée, la couleur de la queue. Dans cette espèce , intermédiaire
par sa taille entre le Guerlinguet et l'Écureuil nain, les oreilles
sont si petites , qu'elles ne s'élèvent que de quelques lignes
au-dessus du poil du reste de la tète.
Habite la Colombie (Santa-Fé de Bogota).
Desckiption de quelques oiseaux nouveaux ,
par M. F. de Lapresnaye ,
Fam. CERTHlADyE. — S. Fam. Trogloditin^e. Gen. Thriotho-
Rus Vieillot.
!• T. fasciato-ventrisJ — Thriot. supra obscure brunneus, re-
migibus tertiariis fusco vixconspicue maculatis, pileo obscuriore ,
loris et macula post-oculari nigris, vitta superciliari a naribus ad
nucham , mento , collo antico et laterali pectoreque supremo ni-
veis; pectore abdomine crissoque vittis irregularibus nigro-fuscis
et albisfasciatis; vittis nigris latioribuscauda dorsi concolore sed
nigro fasciata; alfe tectricibus inferis albis fusco-punctatis; ros-
trum et pedes plumbei , illius apice et tomiis passidis. Longit. tota
14 cent. 1/2. Habitat ad Bogotam. ;
2° T. rufalbus. — Thriot. supra vivide ferrugineus , cauda
vittis nigris angustis undulatis et distantibus fasciata , vitta su-
perciliari et post-oculare nivea nigro marginata ; genis albis
nigro variegatis ; remigibus primariis, duabus prioribus exceptis,
remigibus secundariis et tertiariis lineis nigris angustis et dis-
tantibus zonatis ; subtus totus niveus , hypochondriis tibiisque
rufescente-griseis, subcaudalibus albis, maculis aliquot latis
îransverse notatis ; rostrum corneum ( mandibula albicante)
robustum uti in thriothoro longirostri sed brevius; pedes pal-
338 REVUE ZOOLOGIQUE. [Septembre 1845.)
lide fuscescentes. Longit tota 1.3 cent. 12. Habitat, in Mexico,
3" T. leucotis. — Thriot. supra griseo-murinus , cauda parum
rufescente vittis nigris latis fere rectis striata ; remigibus totis
earumque tectricibus iisdem vittis sed multo angustioribns et
numerosissimis zonatis ; vitta angusta superciliari ; linea dorsi
concolore subtus limbata ; gula, genis colloque antico albis, pec-
tore rufescente parum tincto; abdomine , ano et subcaudalibus
rufescentibus, unicoloribus ; rostrum modicum, pallide corneum,
mandibula pallidiore; pedes plumbei. Habitat in Colombia aut
Mexico.
De la taille du Thriothore à long bec et de notre T. rufalbin,
il diffère de ce dernier par sa coloration toute différente et par
son bec plus faible. Le Troglodytes (Thriothorus) leuco-gastrade
Gould , qui a tout à fait le même fonds de coloration dessus et
dessous , en diffère néanmoins en ce que de toutes les plumes de
l'aile, les rémiges tertiaires seules sont barrées de noir, mais si
faiblement qu'on à peine à les distinguer, en ce que les joues,
au lieu d'être toutes blanches , sont variées de brunâtre , et en
ce que ses proportions sont d'un quart plus faibles. Il est du
Mexique.
4° T. maculipectus. — Thriot. supra rufescente-murinus ,
pileo saturatius rufo ; cauda vittis distantibus nigris striata , alis
vittis similibus sed multo minoribus et obscurioribus , vix con-
spicuis notatis ; vitta superciliari guttureque niveis; capitis la-
teribus , collo antico , pectore medioque abdomine et flexura
alae albis , striis et maculis nigris notatis ; hypochondriis ano-
que dorsi concoloribus ; subcaudalibus sordide albis nigro fas-
ciatis; rostrum pedesque plumbei. Longit. tota 12 cent. 1/2. Habit.
Mexico.
5° T. striatulus. — Thriot. supra umbrino-murinus , uni-
color, alis totis caudaque nigro-fusco dense et stricte striatis,
striis caudae angustissimis et irregularibus ; subtus pallidior, lae-
viter ochraceo tinctus, plumis laevissime et vix conspicue fusco
fimbriatis ; rostrum nigro-fuscum, mandibula basi albicante ; lon-
git. tota 12 cent. Habit, ad Bogotam.
Genus Campylorhynchus, Spix (1824); Gray, List of gênera , 20 ;
Picolaptes Lesson.
M. Gray, dans sa List of the gênera ofbirds, ayant cru devoir
restituer comme plus ancien le nom générique de Campylo-
TRAVADX INÉDITS. 339
rfiynchus Spix, à une partie des espèces désignées par M. Lesson
sous celui de Picolaptes (grimpic) , nous croyons devoir nous-
mèiiie adopter ce changement basé sur l'ancienneté , et nous
allons décrire, sous le nom générique de Campylorhynchus,
quelques-unes de ces grandes espèces de Thryothores à longue "^
queue, à plumage couvert de zones, presque généralement, ayant
pour types le Grimpic zone {Picolaptes zonatus Lesson, Centu-
rie, pi. 70, et Traité, p. 313), ainsi que quelques autres espèces
que nous avons décrites et figurées nous-même sous ce nom de
Picolaptes, dans le Magasin de zoologie,
S° C. rufinucha. — Camp, pileo vittaque per oculos transeunte
atris, nucha , collo supero dorsoque supremo et medio rufis, sca-
pularibusdorsoqueimostriisalbis angustis nigro limbatisnotatis;
alis totis maculis fuscis rufesçentibus et albis variegatis ; cauda ro-
tundata , rectricibus totis qualuor mediis exceptis, vittis albis et
nigris zonatis ; ultiina alba latiore fusco terminata ; stria lata
superciliari , subtusque totus albus, pectore et abdomine punctis
parvis fuscis sparsis notatis ; rostrum forte elongatum arcuatum
plus quam in Picolapte zonato Lessonii. Longit. tota 22 cent.
Habit. Mexico.
W" C. brevirostris. — Camp, rostro breviore quamvis basi
œque lato, inter alias distincta hœc species. Supra pileo toto nu-
chaque fusco-nigris , vitta lata postoculari sordide alba , collo
dorsoque supremo rufescente-fuscis maculis rotundatis sordide
albis, notatis; alis caudaque fusco nigris vittis albido-rufescen-
tibus zonatis. Subtus gutture , collo pectoreque albidis, maculis
parvis transversis fuscis, abdomine anoque pallide rufesçentibus
maculis aliquot fuscis vix conspicuis notatis ; maxilla cornea,
mandibula pallida aut flava, pedibus fuscescentibus. Longit. tota
16 cent. Hab. ad Bogotam.
^^ C. me galop ter us, — Camp, supra subtusque totus fusco-
nigricante alboque sordido variegatus; pileo laleribusque capitis
striis angustis fuscis et rufesçentibus, collo iisdem sed latioribus
et albescentibus, dorso, alis caudaque vittis latisaeque coloratis
distincta hœc species Subtus totus albescens maculis fuscis undi-
que notatus, rostrum magnum , iraxilla cornea , mandibula pal-
lida, pedibus fnsçis. Longit. tota 21 cent. Habit. Mexico.
Cette espèce ne peut être confondue avec le Grimpic zone de
Lesson du même pays ; car outre la différence de coloration, qui
340 REVUE zooLOGiQDE. {Septembre 1845.)
d'ailleurs pourrait être attribuée à la difïérence d'âge, il s'en dis-
tingue par des proportions plus fortes et surtout par ses ailes beau-
coup plus longues.
Nota. Nous possédons plusieurs individus de ce genre Cam-
pylorhynque différant par leur coloration du Campyl. i<colo-
paceuSj type du genre, du Campylorhynchus zonatus , Lesson ,
et de toutes celles que nous avons décrites , mais ayant presque
les mêmes formes et proportions, ce qui nous fait supposer que
ce sont des jeunes en différentes livrées , car nous pouvons cer-
tifier que chez quelques espèces la couleur des ailes est dans la
première livrée de teinte plus pâle et dépourvue des taches ou
bandes foncées de l'âge adulte ; mais nous n'avons pu recon-
naître cette différence, que sur les ailes et aussi quant à la cou-
leur rousse de l'abdomen commune à la plupart des espèces qui
est beaucoup plus pâle chez les jeunes Mais nous ne pouvons
affirmer que la coloration totalement uniforme gris brunâtre en
dessus , blanc-jaunâtre en dessous, comme chez les individus
rapportés de Guarayos, par M. A. d'Orbigny^ soit une livrée de
jeunesse du Campyl. scolopaceus , comme nous l'indiquâmes
dans le Synopsis avium Americae, ou qu'elle en constitue peut-
être une espèce distincte. Les voyageurs naturalistes et les di-
recteurs des musées public , qui reçoivent souvent un grand
nombre d'individus de chaque espèce, sont seuls à même de faire
des observations certaines et de donner sur les différentes livrées
des Campylorhynques des éclaircissements positifs.
Fam. TURDID^.— S.fam. For.MrcARiN^. G. R. Cray, List of gê-
nera.— Genus Thamnophilus.
9° T. immaculatus . — Tham. supra subtusque totus intense
ater , immaculatus, rostro pedibusque ejusdem coloris (mas). —
Long, tota 16 cent.
T. supra subtusque brunneo-cinnamomeus , fronte , loris,
gutture , genis caudaque totis nigro-ardesiaceis ; rostro pe-
dibusque nigris, mandibula albicante (fœmina ). Habit, ad Bo-
gotam.
Cette nouvelle espèce se distingue parmi celles à plumage noir
non-seulement parce qu'elle n'offre pas la moindre tache blanche
à l'extérieur, mais parce que ses plumes dorsales n'en offrent pas
le moindre vestige intérieurement à leur base.
f TRAVAUX INÉDITS. 341
Genus Myioturdus. Boie.
10" M. fuscater. — Myiot. supra capitisque lateribus totusfus-
cater, pileo nigro ; subtus griseus, gutture medioque abdomine
albicantibus; rostro pedibusque flavis, maxilla fusca. Longit, tota
15 cent. Habit, ad liogotam.
Cette espèce très-voisine de taille et de forme du Myioturdus
colma, en diffère principalement par un bec plus faible et sensi-
blement plus court et par une coloration noirâtre et grise sans la
moindre nuance de brun ou de roux.
^ Fam. MUSCICAPID^. S. fam. Muscicapin^.
Genus Tyrannula , Swainson.
11» T. icterophrys. — Tyr. supra viridi olivacea fronte,
vitta lata superciliari , semi-torque nuchali , corporisque parte
infera tola vivide flavo-ranunculaceis ; loris, genis, lateribusque
colli et pectoris olivaceis (rostro lato, forti , modice compresso).
Long, tota 15 cent. Habit, ad Bogotam.
Cette jolie espèce d'après la forme élargie et robuste de son
bec se rapproche un peu des Platyrhynques et surtout du Mus-
cicapa querula de WiWson , pi. 13, f. 3. — Platyrhynque ver-
doyant, Plat, virescens, Vieillot. Dict., vol. 27, p. 22.
Genus Tyrannulus. Vieillot.
12" T. nigro-capillus. — Tyr. supra olivaceus , pileo nu-
chaque nigris , superciliis pallide flavicantibus ; tectricibus alae
maculis latisejusdem coloris terminatis, duas vittae obliquas for-
mantibus; remigibus totis, duabus picoribus exceptis, flavo-mar-
ginatis; subtus olivaceo-flavus , gutture albicante , collo antico
et laterali pectoreque viridi colore intermixtis. Long, tota 10 cent.
Habit, ad Bogotam.
Voisine du Tyranneau huppé de Vieillot, cette jolie espèce en dif-
fère par une taille un peu plus forte, par l'absence totale de jaune
doré sur la tète et la distribution des couleurs.
Fam. PARiDiE. G. — Genus Hylophilus, Temminck.
13o H. semi-brunneus. — Hyl. olivaceus , capite , collo , dor-
soque summo olivaceo-brunneis ; subtus pallide olivaceo-flaves-
cens , gutture , flexura alœ , medioque abdomine albescentibus ;
rostro pallide brunneo^ pedibus plumbeis. Habit, ad Bogotam,
longit. tota 11-12 cent.
Voisine de VHylophile oreillon tacheté de Temnmick, pi, col.,
I
342 REVDE zooLOGiQDE. {Septembre 1845.)f
1 73-2, cette espèce en diffère par un bec notablement plus grand
et par la couleur brune qui chez elle s'étend sur les oreilles, le
cou entier et le haut du dos.
l-i^ H, flavipes. — Hyl. supra grisescente olivaceus, pileo
parum obscuriore, subtus pallide ochraceo-flavescens gutture
albicante, pectore sordide pallescente, rostro pallide brunneo,
pedibus flavescentibus. Longit. tota 11-12 cent. Habit, ad Bo-
gotam.
Notes Ornituologiques , par le D*^ G. Hartlaub, de Brème.
La littérature ornithologiqne des dernières années a été enri-
chie par deux ouvrages importants destinés à donner Ténuméra-
tion de tous les genres d'oiseaux publiés depuis 1752 (Mœhring)
jusqu'à nos jours , savoir la « List of the gênera of birds » de
M. G. R. Gray , et le «Nomenclator zoologicus » de M. Agassiz.
Ces auteurs ont cherché avec un grand succès à rendre leurs
catalogues respectifs aussi complets que possible. Cependant
mes études bibliologiques . m'ont fait rencontrer quelques
dénominations génériques , dont l'existence a échappé aux
recherches de ces savants et dont la reproduction me semble
d'un certain intérêt scientifique , d'autant plus qu'il s'agit ,
comme on le verra, de la priorité. Ces genres sont les suivants :
1. JMyrmornis , Genre d'oiseaux établi par J. Hermann
de Strasbourg , dans son ouvrage « Tabulae affinitatum ani-
malium, Argentor 1783 » p. 188, pour les * Fourmiliers »> de
Buffon. Ce genre serait donc contemporain avec le genre For-
micarius, créé par Boddaert pour les mêmes oiseaux.
2. Rhimamphus , genre établi par M. C. S. Rafinesque ,
dans le Journal de physique, de chimie, d'histoire naturelle et
des arts, par M. Blainville, Paris 1819, tome 88 , p. 417. Sous
la description de l'espèce donnée comme type et nommée H. ci-
trinus ^ je crois reconnaître avec certitude la Motacilla œstiva
des auteurs, et par conséquent ce genre Rhimamphus serait
identique avec le genre Sylvicola de Swainson, formé en 1827.
3. Helmitheros j Genre publié par Rafinesque, loco citato.
L'espèce typique , H. migratorius , Raf . , est déclarée par ce na-
turaliste même comme identique avec la Sylvia vermivora de
Latham, pour laquelle Swainson et Audubon ont créé leurs
genres Vermivora et ffelinaea (1827 et 1839). Je crois devoir
ANALYSES DODVRAGES NODVEADX. 343
réclamer la priorité pour la dénomination de ce genre et du
suivant, en faveur de Rafinesque , zoologiste très-zélé, Irès-
productif et en même temps singulièrement infortuné , car
ses travaux scientifiques sont restés en partie inconnus au monde
savant , en partie ils ont éprouvé le sort fatal et non mérité
d'être oubliés presque par tous les naturalistes.
4. Symphemia ^ Genre établi par Rafinesque, 1. c, pour le
Scolopax semipalmata, Gmel. espèce bien connue et type du
genre Catoptrophorus de Bonaparte (18?8). M. Rafinesque a
nommé cet oiseau S. atlantica.
II. ANALYSES D'OUVRAGES NOUVEAUX.
Annales des sciences physiques et naturelles , d'agriculture et
d'industrie, publiées par la Société royale d'agriculture , etc. ,
de Lyon, tome VI , 1848 , grand in-S®. Lyon.
Cette utile publication, arrivée à son sixième volume, contient
une foule de documents importants dus à des hommes, instruits et
zélés. On peut dire que c'est le plus beau recueil publié par une
société savante en France , car chaque volume est imprimé dans
un format grand in-8" sur très-beau papier , et accompagné de
nombreuses planches, souvent coloriées et en général très-bien
exécutées.
L'importance de cette société , l'une des premières de nos dé-
partements, devient tous les jours plus grande par la publicité
donnée à ses travaux, et c'est la publication périodique de ses An-
nales qui a puissamment contribué à lui assurer une place émi-
nente dans la science et dans l'industrie. Nous aurions voulu
donner une idée complète des excellents travaux que l'on trouve
dans ce recueil, mais le plan de la Revue zoologique ne nous
permet de parler que des travaux zoologiques insérés dans ces
annales. Comme les observations contenues dans les cinq pre-
miers volumes sont déjà bien connues des savants , nous nous
bornerons à indiquer celles que l'on trouve dans le sixième, plus
récemment publié.
I . Descriptions et figures de plusieurs espèces nouvelles d* Oi-
seaux-mouches , par MM. J. Bourcier et E. Mulsant.
Les espèces décrites avec soin par ces deux naturalistes sont nu
nombre de seize ; eu voici les noms ;
I
Au
344 REVUE zooLOGiQUE. [Septembre 1845. )
I. Trochilus Prunellii , ?.. T. Geoffroy i , 3. T. Guimeti,
4. T. Poortmanni, 5. T. Prevostii, G. T. Chrysogaster, 7. T.
cyanotus , 8. T. viridig aster ^ 9. T. cyanifrons^ 10. T. Zead-
bateri y n. T.fallax, 12. T. Riefferi , i5. T. cupripennis ^
i4.T. Goudoti y i5, T. anthophilus , 16. T. Barroti. — On
ne connaît pas la patrie de cinq de ces espèces, mais toutes les
autres proviennent de la Colombie. Six de ces espèces sont repré-
sentées dans de belles planches gravées et coloriées.
2. Description de quelques Coléoptères inédits^ par M. E. Mul-
sant.
L'auteur décrit six espèces comme nouvelles ; trois appartien-
nent à la France et trois à l'Algérie. Voici les noms de ces es-
pèces :
1. Hydroporus Aubei , de la Grande-Chartreuse ; 2. Apho-
dius paralielus, de Nîmes ; 3. Bolboceras fissicornis , d'Alger.
(C'est \e Bolboceras Bocchus d'Erichson , représenté dans le Ma-
gasin de Zoologie, 1841 . 1ns. pi. 7 1 , f. 1) ; 4. Geotrupes denti-
frons , d'Alger. (C'est le Geotrupes Douei Gory, Mag. zool. ,
ibid., pi. 71, f- 2); 5. Stenidea Troberti , d'Alger; 6. Phytœcia
flavescens , des environs d'Hyères.
3. Rapport sur un nouveau procédé d'échaudage de la vigne ,
pour la destruction de la Pyrale , par M. Sauzey.
On sait qu'un agriculteur des environs de Lyon , M. Raclet , a
trouvé un moyen aussi efficace que peu coûteux de faire périr les
jeunes chenilles de Pyrales , qui passent rhiver sous les écorces
des vignes. Ce moyen consistait à verser de l'eau bouilTànte sur
les pieds de vignes , laquelle pénétrait dans toutes les fissures et
allait rôtir les jeunes larves. Le rapport de M. Sauzey est destiné
à faire connaître à la Société un perfectionnement de cette pra-
tique. Le nouveau procédé consiste à réduire de l'eau en vapeur
et à projeter celle-ci sur les ceps attaqués. L'appareil que M. Sau-
zey signale à la Société consiste en un cylindre à double fond, au
centre duquel est un fourneau. La vapeur produite est dirigée sur
les ceps à la volonté de 1 ouvrier , et pénétrant dans les plus pe-
tites cavités de l'écorce, va brûler les larves jusque dans leurs re-
traites les plus cachées. M. Sauzey a fait connaître le prix de l'ap-
pareil , li. dépense en combustible et en eau , ainsi que celle de la
main-d'œuvre, et il arrive à constater une économie considé-
rable. G. M.
AINALYStS DOCVRAGKS iMOUVEACX. 345
Iconographie ORNiTHOLOGiQUB, nouveau recueil général deplan-
ches peintes d^oiseaux, destiné à servir de suite et de com-
plément aux planches enluminées de Buflfon, et aux planche»
coloriées de MM. Temminck et Laugier de Chartrouse; par
M. 0. Des Murs.
La première livraison de cet important ouvrage vient de pa-
raître ; elle contient six planches qui représentent : 1*^ VAquila
Isidori , Des Murs ; 2° le Neomorpha Gouldii, Gray ; 3° le Poe-
phila mirabilis, MM. Hombron et Jacquinot; 4o La Columha Ri-
volii , FI. Prévost ; 5° La Merganetta chilensis , Des Murs ;
6" et la Merganetta colombiana , Des Murs. La deuxième li-
vraison paraîtra au mois de novembre, et les autres se succé-
deront sans interruption. <#
L'auteur de cet ouvrage, bien connu par les excellents travaux
qu'il a déjà donnés à l'Ornithologie, et par la manière savante
et surtout très-consciencieuse dont ces travaux sont traités . doit
inspirer une grande confiance aux zoologistes. Ils seront sûrs de
tarouver dans son livre des notices exactes sur les oiseaux nou-
vellement découverts, des descriptions complètes , une synony-
mie sérieusement établie des espèces mal connues , et d'excel-
lentes figures. G. M.
Knumération dfes insectes Lépidoptères delà Belgique, par Edm.
DE Selys-Longchamps, membre de plusieurs académies et socié-
tés savantes. (Extrait du too^e 3 des Mémoires de l'Académie
Royale des sciences de Liège.)
Sous ce titre, l'auteur publie le catalogue des Lépidoptères
découverts jusqu'à ce jour en Beliiique , et dont le nombre s'é-
lève à 102I, non compris 5o espèces environ répandues dans les
collections sans être déterminées. Voici la récapitulation par fa-
milles de celles qui le sont , savoir :
Espèces.
IPapilloiiidées. 36
Nymphalidées, 89
Hespéridées. >3
R.porl. ... 88
346 HEVDE zooLOGiQUË. (Septembre 1845.)
Report. ... 88
Sphingidëes. 36
Bombycidëes. /^,_^ A^ 104
Noctuidées. ;pl| 214
iPhalénidées. ' 217
Nocturnes. .... . (Pyralidées. 61
Tortricidées. 140
(Crambidées. 36
Tinéidëes. io8
Ptérophoridées. 17
'' Total. ... 1,021
Ainsi que l'auteur l'annonce dans sa préface, il a suivi pour la
classification des sept premières familles le dernier index de
M. Boisduval , qui ne va pas au delà des Phalénidées, et pour
celle des cinq dernières , qui correspondent aux Microlé|)idop-
tères des Allemands , il a adopté les tribus et les genres que j'y
ai établis dans l'histoire des Lépidoptères de France. On voit d'a-
près cela que la partie systématique de son catalogue ne lui ap-
partenant pas , nous n'avons rien à en dire, si ce n'est que pour
régulariser le nom des familles et des tribus, il a adopté la ter-
minaison idées pour les premières, et la terminaison ina pour les
secondes. Quant à la nomenclature des espèces que ce catalogue
renferme , nous l'avons parcourue avec attention, et voici les ob-
servations qu'elle nous a donné lieu de faire : uous avons remar-
qué que ces espèces, à un petit nombre près, sont les mêmes que
celles qu'où trouve dans nos départements du Nord , de l'Aisne,
des Ardennes et de la Meuse , ce qui n*a rien d'étonnant , puisque
ces quatre départements sont contigus à la Belgique. Mais ce qui
nous a surpris, c'est de voir figurer parmi elles : i** le Polyorn-
matus helle , qui est une espèce du centre de l'Allemagne ;
20 VFrebia médusa^ propre aux montagnes sous-alpines, et
qui doit être bien dépaysée dans une contrée où les collines les
p!us élevées qui bordent la Meuse n'excèdent pas i5o mètres de
hauteur; 0° la Syntomis phegea, Zygenide tout à fait méridio-
nale et que j'ai trouvée en quantité dans les environs de Rome ;
4*» Vj^plecta occulta d'Autriche ; 5° VHeliothis peltigera du midi
de la France ; G° enfin la Chrysoptera concha , Pluside propre à
la Suisse.
D'un autre côté, nous n'avons pas été moins étonné de voir
ANALYSES d'oDVRAGES IfODVEADX. 347
que le G. JVonagria, dont les chenilles vivent dans les roteaux
et autres plantes fistuleuses des marais, manquait dans le cata-
logue de M. de Selys , bien que ces plantes doivent être plus com-
munes en Belgique que dans les environs de Paris , où l'on trouve
cependant plusieurs espèces de ce genre qui s'en nourrissent.
Au reste , tout porte à croire que quelques-unes de ces espèces
et beaucoup d'autres viendront augmenter par la suite la liste de
celles indiquées par l'auteur, et que ces augmentations porteront
principalement sur les Microlépidoptcres , famille sans doute
aussi négligée en Belgique qu'en France, et dont les amateurs^
finiront par s'occuper, quand il ne leur restera plus de grandes
espèces à découvrir.
M. de Selys évalue à loo le nombre des Microlépidoptères non
encore découverts parmi ceux qui existent dans son pays; je crois
(]uece nombre peut être doublé d'après relui que produit la
France. Ce qui, joint aux 80 non déterminés dans la collection ,
porterait à i,3oo, au lieu de 1,500 conune il le dit , le total des
Lépidoptères de la Belgique.
En attendant, ses compatriotes les Lépidoptérophiles doivent
lui savoir bon gré de leur avoir donné une Jiste exacte des espèce»
trouvées jusqu'à ce jour ; elle leur servira de base, soit pour cher-
cher celles qui leur manquent , soit pour en découvnr de nou-
velles.
M. de Selys annonce que le catalogue dont nous venons de
rendre compte n'est que le prodrome de celui qu'il se propose de
donner plus tard , et qui renfermera des détails sur les mœurs
des espèces, les localités où elles se trouvent, l'époque de leur ap-
parition, etc. ; nous ne pouvons que l'engager à réaliser sa pro-
messe le plus tôt possible.
Quant aux espèces présumées nouvelles et aux variétés remar-
quables dont il donne la description dans son Catalogue , nous
n'en dirons rien , attendu qu'il nous faudrait les ravoir sous les
yeux pour nous prononcer avec cQirtitude sur chacune d'elles;
nous nous bornerons à rapporter ici les noms qu'il leur donne.
ESPÈCES NOUVELLES. ^
^'' I . Euholia obliterata , intermédiaire entre la Ligustraria et
la Ferrugaria. *
2. Anaitis Donckieraria , de Selys.
348 BEVUE ZOOLOGIQUE. {Septembre 1845.)
3. Éydrocampa obscuraMs , deSelys.
4. Pterophorus hemidactylus^'id.
IS** I. Pieris napi, var. nigro-venosa , de Selys, intermédiaire
entre la P, napi et la P. Brioniœ. 1/auteur a remarqué que le
mâle de la P. napi a une odeur très-forte de serpolet , et s'é-
tonne qu'aucun entomologiste n'ait mentionné ce fait qui est
constant.
2. Colias Hyale , var. Heliceoidea , de Selys, Si les Hybrides,
dit il, n'étaient pas si rares, on pourrait supposer quecette variété
provient de VHyale et de l'Edusa, ou , ce qui revient au même,
de VHyale et de Y Hélice.
3. Vanessa urticœ, var. Ichnusioides , de Selys, se rapproche
de VIchnusa de Corse.
4. Melitea Athalia , var. Navarina , de Selys.
5. Melitea Athalia., var. Hysopa, id.
(i. Licœna Amyntas^ var. Myrmidon, Engram.
7. Zigœna trifolii , var. Minioides , de Selys.
8. Bombyx neustria , var. Quercina , id.
9. Bombyx neustria , var. Confluens, id.
10. Catocala sponsa , y nr. Desiderata.
1 1 . Ephyra punctularia, var. Hybridaria, id.
1 î. Eupistheria pulverulentaria ^ de Selys, prise au pied de
l'aqueduc deCaserte, près de Naples , à la mi-mai. M. Boisduval,
à qui l'auteur l'a fait voir, pense qu'elle constitue une espèce nou-
velle.
10. Lycœna Arion, var. Aldrovandus, de Selys, plus grande
que Violas , intermédiaire entre V Arion et VErebus. Prise au
pied du Vésuve , près de Résina , au commencement de mai , en
|838. (DUPONCHEL.)
M
m. SOCIETES SAVAIVTES.
ACADÉMIE ROYALE DES SCIENCES DE PARIS.
Séance du V^ septembre 1845.— M. Falenciennes lit de Nou-
velles observations sur les feuillets branchiaux des Mollusques
acéphales lamellibranches. — Cette petite note portant sur un
i
SOCIÉTÉS SAVANTES. 349
fait bien connu et revu , il y a peu de temps, par M. Duvernoy,
a été considérée, par quelques aniiset ^llèj^uesdeM.Valenciennes,
comme renfermant une grande découverte qui intéresse les prin-
cipes mêmes de la Zoologie. Nous nous serions arrêté un instant
sur ce sujet et aous aurions cherché la valeur réelle de l'ob-
servation de M. Valenciennes , si nous n'avions pas craint de
paraître hostile à cet auteur. En effet, après les éloges extra-
ordinaires que l'on a fait donner à celte note, une appréciation
<'onsciencieuse et un éloge raisonnable, ne pourraient que faire
ressortir ce qui ressemble à une cruelle ironie dans cet article,
dont il est difficile de deviner la vraie signification.
Quant à Vimmense travail sur les Mollusques , dont on affirme
que M. Valenciennes s'occupe, les savants n'en avaient jamais
entendu parler, car son auteur avait évité avec un soin scrupu-
leux d'en compromettre les importants résultats par la com-
munication de notes détachées. Puisque le voile est déchiré et
que l'auteur s'est décidé à rompre un si prudent silence , il faut
espérer que le monde ne sera pas privé plus longtemps de ces
résultats si importants.
Nous devons ajouter que le rédacteur a commis au moins une
erreur , quand il imprime que c'est à M. Valenciennes que l'on
doit la création d^une collection de Mollusques au Muséum.
L'auteur a sans doute oublié la coopération de l'illustre Lamarck
et surtout celle de M. de Blainville, à la formation et à la direc-
tion , pendant 3o années , de cette partie importante des collec-
tions zoologiques.
M. de Quatrefdges lit des Observations sur le système ner-
veux et sur ihistologie du Banchiostome (Costa) ou Amphioxus
( Yarrel ). Cet animal singulier a été étudié par les zoologistes et
les anatomistes les plus éminents, et les travaux de MM. MuUer,
Retzius. Kôlliker, Costa , Yarrel, etc., ne laissaient que peu de
« hose à découvrir sur son organisation. M. de Quatrefages a ce-
pendant su trouver matière à de nouvelles observations, eC son
mémoire offre les résultats de l'examen qu'il a fait du système
nerveux et de la structure intime des divers tissus du Brau-
chiostome. Cette étude a conduit l'auteur à la confirmation des
vues émises par les célèbres anatomistes que nous avons cités
plus haut. Ayant examiné à l'aide du microscope les parties
squélétiques de cet animal , il a vu qu'elles se composaient de
350 REVUE ZOOLOGIQUE. {Septembre 1845.)
deux sortes de tissus : le tissu fibreux et le tissu celluleux (i). La
peau , vue au microscope , lui a présenté les caractères d'un simple
épithelium recouvrant une couche complètement amorphe. M. de
Quatrefages n'a pas trouvé à cet animal de tissu cellulaire pro-
prement dit, mais bien un tissu fort singulier, formé en partie
de cellules à parois propres très-distinctes, et en partie de glo-
bules ou de cellules à parois non distinctes , isolées et laissant
entre elles des lacunes ramifiées. La plupart des fibres muscu-
1. lires, examinées de la même manière , ne lui ont pas présenté
de stries transversales, au moins dans l'état de relâchement;
enfin les derniers ramuscules nerveux , très-faciles à suivre , ne
se terminent jamais en anses.
Ces observations microscopiques, en complétant l'histoire de
son organisation , semblent terminer la série de recherches que
l'on peut faire sur un animal : à moins qu'un micrographe patient
n'ait l'idée de soumettre à un excellent microscope quelques
produits de ses sécrétions, de sa digestion , etc. Peut-être trouve-
rait-il dans cette étude un vaste champ de découvertes , qui amè-
neraient une révolution salutaire dans la Zoologie, en la retirant
de la voie surannée où l'ont mise ces zoologistes roiitmiers , qui
consacrent tout leur talent à l'étude des rapports que les animaux
ont entre eux et avec le reste de la création , ou des différences
qui les caractérisent, pour arriver ainsi à un arrangement natu-
rel , en rap{)ort avec leur organisation extérieure et intérieure, et
surtout avec leurs mœurs.
Le travail de M. de Quatrefages est renvoyé à l'exairten de
MM. Milne-Edwards et Valenciennes.
Séance du 8 septembre. — M, Bourgery lit un Mémoire sur
les nerfs des membranes séreuses en général , et sur ceux du
péritoine en particulier chez Vhomme.
Ce travail remarquable est renvoyé à l'examen d'une commis-
sion. En attendant le rapport nous dirons que les principales
conclusions que l'on peut déduire de ce beau mémoire , sont :
(1) Nous demanderons à l'auteur s'il entend par tissu celluleux la décou?erte d'un
tissa nouveau (histologiquement parlant ) ou si ce tissu celluleux ne serait pas sim-
plement le tissu cartilagineux qui , ainsi qu'on le sait , est formé en grande partie de
cellules ayant un aspect tout spécial, et d'autant plus rapprochées les unes des autres
qu'on les étudie chez un animal plus jeune (le têtard, par exemple) et, très-probable-
ment, chez les Poissons à l'état fœtal et chez ceux des dernières classes. Ainsi les parties
squélétiques des Chondroptérygiens sont formées de ce tissu cartilagineux , caractérisé
par ses cellules propres.
SOCIÉTÉS SAVANTES. 351
1» Que les membranes séreuses , dans lesquelles on n'a jamais
connu de nerfs , et que tant d^anatomistes des plus distingués en
ont supposé complètement dépourvues, sont, en anatomie, le
tissu qui en contient le plus.
2" Que les nervules des membranes séreuses, de 1/10 à 1/50 de
millimètre de diamètre, y forment un canevas, en général à
plusieurs plans superposés, partout anastomoses à courtes dis-
tances, et interceptant de petits espaces polyédriques irréguliers
qui n'excèdent guère l/ô à 1/10 de millimètre.
3" Ces nervules sont renfermés dans des enveloppes de tissu
ligamenteux élastique , qui les contiennent, les protègent , et,
par l'intrication de leurs fibrilles microscopiques, déterminent
leurs jonctions mutuelles , sans solution de continuité de la sub-
stance nerveuse ; de sorte que l'ensemble offre l'aspect d'un
simple réseau fibreux. C'est à ce canevas, qui forme la charpente
de la membrane, que celle-ci doit son reflet nacré, sa résistance
et son élasticité.
40 Les nerfs d'originfe sont indifféremmen^e deux sortes, gan-
glionnaires et cérébraux spinaux. L'espèce de nerfs qui s'épa-
nouit dans une région déterminée d'une membrane séreuse ,
dépend de ceux de la paroi sur laquelle elle s'applique. Ainsi
les nerfs sont fournis par les rameaux rachidiens sur les parois
musculaires du tronc, par les plexus extraviscéraux sur la
paroi rachidienne,'par les uns et les autres dans les espaces in-
termédiaires communs , où existent les deux espèces de nerfs ,
et, par exemple, dans les gouttières dorsales et lombaires, les
médiastins, le diaphragme, la paroi abdominale antérieure et le
contour du bassin.
5® L'aptitude organique des membranes séreuses à s'ap-
proprier ou absorber toute espèce de nerfs, ce que l'on pourrait
appeler en quelque sorte leur capacité nerveuse, est telle,
qu'aucun nerf, quel qu'il soit, cérébro-spinal ou ganglionnaire,
et quelle que soit sa destination ultérieure , ne passe au voisi-
nage ou en contact d'une membrane séreuse sans lui fournir des
filets. Quand des nerfs différents sont voisins , ils en fournissent
de concert , mais à ce que j'ai cru reconnaître , sans s'être anas-
tomosés avant leur entrée dans la membrane.
Nous regrettons que l'espace nous manque pour reproduire
d'autres détails donnés par l'auteur sur sa belle découverte; du
Tome Vin. Année 1845. 2 G
352 REVUE ZOOLOGIQUE. {Septembre 1845.)
reste ils sont imprimés dans les comptes rendus de l'Académie
des sciences et dans tous les journaux scientifiques, et chacun
pourra les y consulter. Nous terminerons en disant que les
observations de M. Bourgery sont le fruit de longues études et
d'un travail de plusieurs années, et que par cela même, et in-
dépendamment de la belle réputation de leur auteur, elles
doivent inspirer une grande confiance aux anatomistes.
M. Chassaignac présente un mémoire ayant pour titre : De
la solidité des os , de leur mode de résistance aux violences
extérieures.
Parmi les conclusions que tire l'auteur des recherches expo-
sées dans son mémoire , voici celles qui se rapportent aux chan-
gements produits par l'âge.
Trois causes , dit M. Chassaignac, déterminent la friabilité des
os dans la vieillesse.
l** La résorption intersticielle du tissu osseux.
2° La prédominance relative du phosphate calcaire pendant
un certain laps de temps.
3° Et dans une période encore plus extrême , la résorption
partielle du phosphate calcaire lui-même, dernière cause qui
n'avait pas encore été signalée.
AI. Owen , en présentant à l'Académie un fragment de mâ-
choire fossile appartenant à une espèce de genre Macaque , dé-
pose la note suivante qui est lue par M. Flourens.
«Une petite collection de restes fossiles de mammifères me fut
apportée , le 12 août 1845 , par M. Bail , qui les avait lui-même
pris sur place. J'y reconnus les débris de VElephas primigenius,
du Rhinocéros leptorhinos, et d'un animal appartenant au
genre Bos ; mais la pièce la plus intéressante était un fragment
de mâchoire avec une dent molaire , que M. Bail croyait être
une dent d'homme. Cette pièce , par les changements de texture
qu'elle avait subis , par sa couleur , sa propriété de happer à la
langue , présentait tous les caractères qui appartiennent aux
débris fossiles d'espèces perdues de mammifères. La couche
dans laquelle tous ces os avaient été trouvés, est un lit d'un sable
jaunâtre compris entre deux lits de terre à briques. C'est une
formation d'eau douce qui appartient à cette division du terrain
tertiaire que M. Lyell désigne sous le nom de nouveau pliocène;
«lie est située près du village de Gray's Thurrock, dans le comté
SOCIÉTÉS SAVANTES. 353
d^Essex. La pièce sur laquelle j'appelle aujourd'hui l'attentiou
ile rAcadémie fut prise par M. Bail lui-mèuiedans la couchesablon
neuse où elle se trouvait à une profondeur de 15 pieds au-des-
sous du niveau actuel du sol. Pour ne pas abuser des moments
de l'Académie , je supprimerai le détail de tous les caractères
qui prouvent que la dent molaire n'a pu appartenir ni à un être
humain , comme Pavait pensé M. Bail , ni à un carnassier . et je
ine contenterai de dire qu'une comparaison avec les pièces ana-
tomiques conservées dans la collection llunterienne de Londres,
montra qu'elle appartenait à un animal de l'ordre des quadru-
manes et du genre Macaque. C'est la pénultième vraie molaire
supérieure droite , et le fragment de l'os maxillaire dans lequel
elle est encore enchâssée offre la base de l'apophyse molaire qui
prend naissance à 4 lignes environ au-dessus du bord libre des
alvéoles.
J'ai pu depuis , grâce à l'obligeance de mon savant collègue ,
M. le professeur de Blainville, comparer cet intéressant fossile
avec les pièces conservées dans la belle galerie d'anatomie du
Jardin-du-Roi , et j'ai confirmé l'exactitude de la détermination
que j'en avais faite à Londres. Les caractères extérieurs de ce
morceau , parfaitement d'accord avec le témoignage de M. Bail ,
qui l'a pris dans sa gangue, établissent donc ce fait , qu'il exis
tait en Angleterre, des animaux du genre macaque, à l'époque
où y vivaient aussi le Mammouth , des Rhinocéros tichorrynus
et îeptorhimis , et autres espèces perdues de mammifères , c'est-
à-dire à l'époque de la formation du nouveau pliocène.
Jusqu'à présent, les restes fossiles de quadrumanes trouvés en
Europe , l'avaient été dans le terrain le plus ancien P^ocène) ,
comme àKyson en Sufifolk, ou dans le tertiaire moyen (le Mio-
cène), comme à Sansan, département du Gers. M. Kaup m'ap-
prend que des restes de quadrumanes ont été aussi trouvés dans
les sables de la formation miocène d'Kppelsheim. Le Semnopi-
thèque fossile associé avec l'Hexaprotodon et le Sivatherium
dans les dépôts tertiaires du Swalik , appartient probablement à
la période myocène ; mais le grand singe platyrrhinin, dont les
débris fossiles ont été découverts par M. Lund dans une caverne
calcaire au Brésil , peut avoir été contemporain du Macaque du
nouveau pliocène du comté d'Essex.
Le rapprochement des faits que je viens de rappeler, confirme
354 RF.vrJE zooLCGiQDK. (Septembre 1845 )
l'observation qui a déjà été faite sur l'étroite et intéressante cor-
respondance qui existe , pour chacun*^ des grandes divisions na-
turelles du globe . entre la faune des dernières époques tertiaires
et la faune actuelle, correspondance qui montre que, pendant
la période pliocène , les lois de la distribution géographique des
mammifères terrestres étaient déjà ce qu'elles sont aujourd'hui.
Dans les remarques que j'ai faites sur ce sujet, dans le rapport
fait en 1844 à l'association britannique, j'ai fait voir que l'Eu-
rope, l'Asie, et probablement l'Afrique, devaient, pour ce qui
concerne la distribution géographique des mammifères, être
considérées comme une grande province naturelle. Maintenant,
une espèce du genre Macaque vit et se propage , encore aujour-
d'hui , sur le rocher de Gibraltar et une autre est originaire du
Japon , tandis que de nombreux genres et espères de singes
Catharrhiniens se trouvent dans l'Asie méridionale. Nous ne
devons pas , d'après cela , être surpris quand il nous arrive les
preuves que des quadrumanes du genre Macaque , que des Pa-
chydermes des genres Éléphant, Rhinocéros, Hippopotame,
que des carnassiers du genre Hyène , aient été autrefois , à une
époque où la Grande-Bretagne tenait encore à la terre ferme ,
plus largement répandus sur le continent Europeo-Asiatique
qu'ils ne le sont aujourd'hui.
M. Gannal adresse la note suivante sur un procédé qu'il a
imaginé pour la conservation des objets d'histoire naturelle.
J'ai fait établir , dit-il, une caisse en volige de sapin, de H
millimètres d'épaisseur , la caisse ayant I m. 50 de longueur,
1 m. de largeur et 1 m. de hauteur. Cette caisse, extrêmement
légère pour son volume , est entièrement recouverte de papier
collé avec la colle de pâte. Pour poser la caisse j'ai fait faire un
double fond en tôle mince, avec un re|)prd de 8 centimètres.
Sur le fond de cette plaque de tôle j'étale une couche de 3 cen-
timètres de sable fin , humide, puis je pose ma caisse et je
verse du sable jusqu'à ce que les bords du double fond en
soient entièrement recouverts. L'ensemble de cet appareil re-
pose sur deux petits tréteaux , et au-dessous du milieu du
fond de fer , je pose le fourneau qui servira à chauffer l'ap-
pareil .
Lorsque tout est ainsi préparé , je mets dans la caisse la quan-
tité d'animaux , quadrupèdes , oiseaux , insectes que je purifie ,
SOCIÉTÉS SWAINTES. 355
puis je pose le couvercle , que je fixe par ûes bandes de papier
collé à la colle de pâte.
La caisse est percée de trois trous ; un premier à la partie la-
térale et inférieure, auquel j'adapte une cornue eu verre de la
capacité de deux litres. Cette cornue , tubulée , contient environ
1 kilogramme de verre grossièrement pilé; un tube droit,
adapté à la tubulure , plonge jusqu'à 3 centimètres du fond de la
cornue, qui , elle-même , est fixée dans un bain de sable posé
sur un fourneau.
Sur le couvercle je fais deux trous , l'un pour fixer un thermo-
mètre qui plonge pour moitié dans la caisse ; l'autre trou reste
ouvert pour permettre à l'air de la caisse de s'échapper sans
pression. Tout étant bien disposé j'allume le feu sous le double
fond en fer battu, et, lorsque le thermomètre commencée
monter, je chauffe le bain de sable.
Quand la température de la caisse est montée à 40 degrés , je
pousse le feu du bam de sable, et j'introduis par le tube droit,
et par petites portions , de l'essence de térébenchine , et succes-
sivement jusqu'à ce que , dans l'espace d'une heure et demie ou
deux heures, j'en aie distillé le volume de 1 litre à 1 litre 50,
suivant la quantité et la grosseur des objets contenus dans la
caisse. J'ai grand soin de conduire l'opération de manière à ce
que le thermomètre ne dépasse pas 70 degrés.
Quand je juge que l'opération est terminée , ce que m'indique
l'odeur d'essence qui sort par le trou resté ouvert , je bouche ,
avec des bouchons ordinaires, le trou du haut et celui de la
cornue , que je retire , ainsi que les fourneaux , puis je laisse la
caisse dans le même état pendant 48 heures. Au bout de ce
temps , j'enlève le couvercle , je retire les objets et je puis immé-
diatement les replacer dans les armoires.
On conçoit aisément que la température de 60 à 70 degrés doit
détruire toutes les larves, les animalcules, les œufs qui sont
dans les objets préparés. D'autre part, à cette température,
les pores de la laine, des plumes, du poil , s'ouvrent et s'imprè-
gnent d'essence qui y reste fixée après le refroidissement , et
suffit pour la préserver d'une nouvelle attaque. D'ailleurs la
quantité d'essence est si faible , qu'il est absolument impossible
de reconnaître qu'un oiseau, un papillon, même le p^s dé-
licat, a été soumis à cette opération.
I
356 REVUE zooLOGiyuE. {Septembre 1845.)
Séance du 15 septembre. — M. Serres lit une note Sur le
monument et les ossements celtiques découverts à Meudon en
juillet 1845.
Après avoir fait ressortir tout Tintérêt qui s'attache aux habi-
tants primitifs de la Gaule , après avoir dit que la race gauloise
s'était toujours montrée à la hauteur des événements contre les-
quels elle avait à lutter, malgré les vicissitudes saiîs nombre
qu'elle a eues à subir, après avoir enfin dit que la vraie cause de
ces résultats doit être cherchée dans l'organisation physique de
la race gauloise même, le savant académicien, en présentant le
plan du monument celtique, y a joint la description qu'en a faite
M. le docteur Eugène Robert, géologue de l'expédition scientifi-
que du nord , auquel en est due la découverte. Indépendamment
delà description du monument, poursuit M. Serres, celle de
M. Robert offre l'avantage , bien rare en archéologie, de pré-
senter un aperçu sur les ossements humains qui l'environnaient ,
sur les ossements des animaux qui s'y trouvaient mélangés, sur
les instruments celtiques qu'on y a rencontrés, ainsi que sur
les deux ordres de poteries qui accompagnaient tous ces débris.
Cette description est trop étendue pour trouver place ici , mais
elle a été reproduite en entier , à cause du grand intérêt qu'elle
présente, dans les comptes rendus de l'Académie des sciences II
en résulte que ce monument, formé avec plusieurs grandes
tables de grès de 2 à 3 mètres de longueur sur 1 mètre 1/2 de
largeur, pouvait avoir de 11 à 12 mètres de longueur sur 5à6
de largeur et 1 1/2 de profondeur ; qu'il contenait de 150 à 200
cadavres, et quil remonte aux premiers temps des Celtes.
M. Robert, qui possède le plus beau choix possible d'ossements
trouvés dans ce monument , y a reconnu deux types distincts, et
les observations de M. Serres viennent confirmer ces vues. Le
savant professeur d'anthropologie a constaté que ces deux types
de la race gauloise appartiennent aux Gais et aux Kimrys. Ils
occupaient des rangs différents dans le monument. Le type Gai
était situé plus profondément. On a trouvé des os appartenant
aux deux sexes et à des enfants. Il y avait avec ces ossements
humains, beaucoup d'ossements d'animaux, qiie M. Robert rap-
porte au bœuf, au cerf, à la chèvre, au sanglier, au porc, au
chien ou au loup, au renard , au lièvre, à un autre petit rongeur
(peut-être un campagnol), à des oiseaux de la taille du merle , etc.
SOCIÉTÉS SAVANTES. 35T
Il y a trouvé aussi plusieurs coquilles de mollusques appar-
tenant aux espèces que l'on trouve encore actuellement vivantes.
Quant aux objets d'art ou d'industrie trouvés avec ces osse-
ments , ce sont des haches en silex pyromaque et silex meulière,
des silex taillés en forme de dards pour des lances ou des jave-
lots. Des lames étroites, courbes et triangulaires de même na-
ture servant de couteaux et de tranchants de flèches, etc., etc.;
tous ces objets sont bien évidemment des témoignages irrécu-
sables de l'origine celtique de ce monument.
Beaucoup de ces ossements présentent des traces de galeries
superficielles qui se croisent en tous sens , et que l'on ne peut
mieux comparer qu'à celles dont les Scolytes couvrent les bran-
ches et le tronc des arbres qu'ils ont envahis. Ces galeries sem-
blent avoir été creusées par des larves d'insectes ou par des An-
nelides du genre Nais , ou bien par d'autres vers analogues qui
auraient eu la propriété de dissoudre les substances calcaires.
M. E. Robert continue ses recherches sur ce fait curieux.
Séance du 2? septembre. — M. Payen lit une Troisième note
sur les altérations des pommes de terre. Il n'entre pas dans le
plan de notre recueil de nous occuper des intéressantes observa-
tions que M. Payen a faites sur ce sujet , car elles appartiennent
à la botanique ; nous devons dire seulement , qu'à la fin de sa
note il signale, comme une des causes accessoires de la destruction
des pommes de terre , quelques insectes dont M. Rayer a envoyé
les dessins à la société royale d'agriculture , et que cette société
nous avait chargé de déterminer zoologiquement. Nous avons
reconnu que l'un de ces insectes est VIulus (Blaniulus) guttu-
latus des auteurs , petit myriapode qui attaque tous les fruits et
divers produits végétaux ; qu'un autre semble être la larve de quel-
que petit coUoprèref u.ngico\e {Cryptophagus , Mycetœa , Holo-
para mecus, Trichopteryx , eic), dont les nombreuses espèces vi-
vent exclusivement de cryptogames , et qu'enfin le troisième ne
peut être qu'un coléoptère Brachelytre , venu là pour se nourrir
des insectes qui se développent dans les cryptogames.
M. le docteur Rayer, avec la grande habitude qu'il a des obser-
vations délicates et microscopiques , a trouvé dans les pommes
de terre malades, plusieurs autres petits vers et même des
insectes parfaits , ainsi que deux acarides. 11 a bien voulu nous
358 KEVUK zooLOGiyuE. {Septembre i8i5.)
comiiiLiniquer ces petits animaux pour que nous cherchions à les
déterminer, et nous ferons bientôt connaître le résultat de nos
recherches à leur sujet. En attendant , et pour terminer, nous
devons dire , com.ue nous l'avons déclaré à la Société Royale
d'agriculture , que tous ces insectes ne sont pas la cause de la
maladie des pommes de terre , mais qu'ils se sont développés sur
ces tubercules parce que ceux ci leur ont offert un sol convena-
blement approprié à leurs mœurs , et garni de cryptogames dont
ils se nourrissent, etc. Nous avons désiré donner de la publicité
à cette remarque , pour que des observateurs peu versés dans
l'étude de la Zoologie ne s'empressent pas trop d'attribuer la ma-
ladie des pommes de terre à la présence de ces insectes.
M. /. Geoffroy-St.-Hilaire , lit, au nom d'une commission, des
Instructions pour le voyage de M. Félix Darcet au Brésil et
au Mexique.
M. Gruby adresse une note intitulée : Recherches sur les
Acarus^ les Annélides , les Cryptogames et la coloration
noire qui constituent la maladie épidémique des pommes de
terre.
Ce micrographe a trouvé, comme M. Rayer : 1° des Acarus
qu'il dit avoir beaucoup d'analogie avec l'Acarus de la gale des
animaux ; et 2° des vers de deux sortes, que M. Gruby nomme
des Annélides.
Quant à l'Acarus que M. Gruby trouve analogue aux Acarus
de la gale des animaux, il nous semble, par cela même, ne pas
différer de celui dont M. Rayer a fait un excellent dessin, et que
nous avons reconnu appartenir au S. -G. Glyciphagus de Hering.
L'espèce observée par M. Rayer est très-voisine du Glyciphagus
prunorum de Hering , mais elle s'en distingue par les ventouses
de ses huit pattes, lesquelles sont beaucoup plus petites, et sur-
tout par l'absence d'un petit appendice caudal qui caractérise
l'espèce des prunes. Nous nous proposons de nommer cette nou-
velle espèce Glyciphagus feculorum.
Quant aux petits vers que M. Gruby nomme des Annélides^
nous ne savons à quels insectes les rapporter, ne les ayant pas
vus. Cependant nous devons dire que ceux qui sont visibles à
l'œil nu pourraient bien n'être que des larves de quelques très-
petits diptères, semblables à celles que M. Rayer nous a adressées
SOCIÉTÉS SAVANTES. 359
et que les plus petits, les iiiicroseopiques , doivent appartenir à
ce groupe immensément nombreux que l'on désigne sous le nom
d'animaux microscopiques ou infusoires.
Séance du 29 septembre. — M. Milne Edwards présente un
travail de son aide naturaliste ayant pour titre : Recherches
anatomiques et zoologiques sur l'organisation des insectes et
particulièrement sur leur système nerveux. 1" partie: Les Co-
léoptères], par M. E. Blanchard.
Ce mémoire est accompagné d'immenses planches sur de
grands cartons de plus d'un mètre carré , et que e savant aca-
démicien a peine à soulever pour les mettre sur le bureau.
Comme'nous savons que ce travail a été fait en très-peu de temps,
nous n'osons en garantir, comme nous le voudrions , toute
l'excellence. En effet , de retour d'un voyage en Sicile depuis
neuf ou dix mois à peine, comment M. E. Blanchard a-t-il trouvé
le temps de faire un superbe mémoire sur le système nerveux
des mollusques, de classer et déterminer les 2,000 espèces d'in-
sectes qu'il a découvertes en Sicile, d'aller tous les jours de dix
à trois heures au laboratoire d'entomologie du muséum , pour y
classer les nombreuses collections, préparer le cours de son pro-
fesseur, organiser et nommer les collections que le musée royal
envoie aux musées des départements, et de faire les longues re-
cherches dont on présente aujourd'hui le résultat. Ceci est beau,
très-beau, merveilleux même, et il est certain que , dans le cas
où la commission trouverait quelques portions moins remar-
quables que les autres dans ce mémoire , elle tiendra compte à
son auteur de la rapidité qu'il a dû mettre à le composer, et de
la peine qu'il a dû avoir pour trouver le temps de l'exécuter. Du
reste nous sommes à une époque où la valeur n'attend pas le
nombre des années , et où les plus grands résultats peuvent être
produits par les plus petites causes , comme l'a montré VEcole
physiologique. — Ce travail est renvoyé, je crois, à l'examen de
MM. Duméril , de Blainville et I.-Geoffroy-St.-Hilaire.
Société entomologique de France.
Séance au 13 août 1845. —M. H. Lucas fait passer sous les
yeux de la Société une boîte renfermant une Éphippigère vi-
vante , que cet entomologiste a reçue d'Algérie ; cette espèce qui
est nouvelle, et que M. H. Lucas nourrit chez Jui depuis trois se-
3t)0 RKVDE ZOOLOGIQUE. (Septembre 184a.;
mailles, porte le nom de Ephippigera costaticollis , à cause
d'une côle en saillie très-prononcée que l'on voit de chaque côté
du corselet. M. H. Lucas a fait figurer cette espèce , et il montre
à la Société une planche sur laquelle elle est représentée avec
quelques autres Éphippigères nouvelles que l'auteur a nommées
F. pachygaster, laticollis et nigro-marginata.
— M. //. Lucas donne de nouveaux détails sur les divers
changements de peau que subit la chenille du Bombyx {Satur-
nia) cecropia , avant de se changer en nymphe.
— !\1. B. Desmarest lit une note de M. /, Bigot, sur les dif-
férences sexuelles que présente la Folucella bombylans.
— M. Guérin-Méneville donne lecture de la note suivante ,
relativement à la mission entomologique qu'il vient d'accomplir :
a Le voyage que je viens de faire dans le midi de la France a
été motivé par la mission que m'a confiée M. le ministre de l'agri-
culture et du commerce. Il m'avait chargé d'aller étudier un
insecte qui cause de grandes pertes aux cultivateurs des environs
de Barbezieux , en faisant tomber un sixième , un cinquième et
quelquefois un quart des épis de blé d'un champ.
» Cet insecte est VAgapanthia marginella des auteurs , figu-
rée par Creutzer sous le nom de Saperda gracilis , mais dont on
ne connaissait pas les mœurs. Voici en deux mots l'histoire de
cet insecte.
» VJgapanthia marginella éclot vers le milieu de juin , au
moment où les blés viennent de fleurir et où leurs épis sont bien
sortis de la gaîne qui les enveloppait. La femelle se place au haut
de la tige, à une faible distance de l'épi , la tête en bas : elle
ronge la tige avec ses mandibules , y pratique un petit trou au
côté opposé au vent régnant, avance quelques pas çn descen-
dant et introduit un œuf dans cette ouverture.
» Au bout de huit à quinze jours, l'œuf, qui est descendu par
son poids ou par un travail de la végétation jusqu'au premier
nœud du chaume ( souvent à près de deux pieds du point où il a
été déposé), éclot, et la jeune larve se nourrit des parois ex-
ternes du chaume , remonte jusqu'à l'épi , ronge l'intérieur à un
pouce ou deux de l'épi , et affaiblit considérablement et circulai-
rement plusieurs points de la tige en cet endroif . Quand elle a
acquis assez de force , elle descend , ronge et traverse le premier
nœud , puis le second , le troisième et ainsi de suite , jusqu'à ce
SOCIÉTÉS SAVANTES. 361
qu'elle soit arrivée au dernier, qui précède la racine. Arrivée à
cet endroit , à l'époque de la moisson , elle a acquis tout son dé-
veloppement, et elle attend l'année suivante en s'entourant de
détritus , de copeaux qu'elle fait avec ses mandibules et dont
elle construit des bouchons au-dessus et au-dessous de l'endroit
où elle désire rester tranquille.
» Le blé arrivé à maturité , tous les épis dont la tige est rongée
circulairement en dedans par la jeune larve , cassent à cet endroit
et au moindre vent ils tombent ; la tige reste droite à côté de tous
les épis intacts qui se sont courbés par leur poids , et l'on appelle
ces tiges des aiguillons; les blés qui en contiennent sont appelés
hlés aiguillonnés , et l'insecte porte le nom à^aiguillonnier.
» Cette larve passe l'hiver et tout le printemps suivant dans
son tube; elle a soin de remonter assez haut pour n'être pas in-
commodée par l'humidité , mais elle a besoin que le chaume
dans lequel elle est logée tienne à la terre. Elle ne se métamor-
phose en chrysalide que peu de jours avant sa dernière transfor-
mation.
» Pour sortir d'un chaume qui n'a pas été coupé, 1 insecte
parfait perce un trou sur le côté du tube : je l'ai vu opérer, ce qui
est l'affaire d'un instant.
j> Ayant enfermé plusieurs individus dans un bocal, ils sont
venus ronger le bouchon pour chercher à sortir Je leur donnais
des épis de blé fleuri , et je les ai vus souvent manger les
étamines.
» Quand on en laisse.plusieurs dans le même bocal , ils se
battent et se coupent surtout les antennes. Si l'on expose le bocal
au soleil , les deux sexes se réunissent aussitôt. Je les ai vus s'ac-
coupler jusqu'à douze ou quinze fois de suite , ce qui montre que
le mâle ne laisse pas l'organe fécondateur dans le corps de la
femelle.
» Je prépare un mémoire étendu sur l'histoire naturelle de
cet insecte intéressant ; j'espère que la connaissance de ses mœurs
montrera que les moyens que je propose d'employer pour dimi-
nuer sa propagation dans nos champs , sont faciles à mettre en
pratique, et applicables en grand. »
— M. Guérin-Méneville donne des détails sur les ravages
considérables causés à la vigne dans les départements de l'Aude,
des Pyrénées-Orientales, du Gard , de l'Hérault, etc., par la larve
362 REVDE zooLOGiQDE. {Septembre 1845.)
d'une Âltica verte, que l'on a rapportée à VJ. oleracea. L'au-
teur fait connaître les métamorphoses de cet insecte ; il dit que
la larve passe l'hiver dans la terre au pied des vignes, que ce
n'est qu'au printemps qu'elle se transforme et vient faire de
grands dégâts dans les plantations de vignes , et il donne quel-
ques procédés pour diminuer les pertes causées à nos vignerons
par cet insecte.
— M. Guérin-Ménemlle parle des insectes qui attaquent l'o-
livier, et il s'occupe particulièrement de VOscinis ou Dacus oleœ.
L'auteur semble croire, avec M. Grespon , que les larves de cet
insecte passent aussi l'hiver en terre, et qu'elles y éprouvent leurs
métamorphoses. En effet, il a vu chez M. Grespon , à INîmes , des
pupes recueillies au pied des oliviers et en terre , par ce natura-
liste , en présence d'une commission nommée à cet effet par la
Société d'Histoire naturelle , etc. du Gard , et ces coques lui ont
paru en tout semblables aux pupes du Dacus oleœ. r
— M. Guérin-Méneville parle des métamorphoses des Mor-
delles, que l'on ne connaissait jusqu'ici qu'imparfaitement, et il
fait connaître les diverses transformations qu'éprouve la larve
d'une espèce de ce genre, qu'il rapporte avec doute à la Mordella
aculeata. Cette larve vit dans les tiges de l'Euphorbe.
— M. Guérin-Méneville donne de nouveaux détails sur des
larves qu'il a trouvées dans des tiges de saule qui lui avaient
été communiquées par M. Blisson , et qu'il avait rapportées avec
doute au genre Cecidomyia^ ainsi que sur des chrysalides qu'il avait
rapportées au groupe des Chalcidites ÇHevue zoologique ^ 1845 ,
pages 203 ei 237 ). Aujourd'hui il peut faire savoir que ces chry-
salides appartiennent bien à des Ghalcidites ; elles ont éclos pen-
dant son absence , et il a trouvé plusieurs individus parfaits, mais
morts, dans le bocal renfermant les fragments de ces écorces,
qu'il avait isolés parce qu'ils conti naient de ces chrysalides. Si le
temps le lui avait permis , il aurait fait les recherches nécessaires
pour déterminer les deux espèces en question. En terminant
cette communication, M. Guérin-Méneville fait remarquer le
rapport qu'il y a entre celte observation et celle que M. Alexandre
Brongniart a présentée à l'une des dernières séances de la So-
ciété {Revue zoologique , 1845, page 267 ).
Séance du 27 août 1845. — On annonce à la Société la mort
de trois entomologistes ; deux lui appartiennent comme mem-
SOCIÉTÉS SAVANTES. 363
bres, MM. le comte Lepelletier de Saint-Far geau et Alexis
Tesseire , de INice et un autre qui lui était étranger, M. Meigen ,
d'Augsbourg , le célèbre diptérologiste.
— M. //. Lucas lit une nouvelle noie : Sur les derniers chan-
gements de la chenille du Bombyx (Saturnia) cecropia.
— M. Pierret annonce à la Société qu'il a trouvé , le 1" août
dernier, à Lardy, à onze lieues de Paris, VAscalaphus italicus;
puis il donne de nombreux détails sur les Lépidoptères qu'il a
recueillis dans la même localité de Lardy.
— M. Duponchel annonce qu'il y a près de quarante ans ,
il a vu prendre par M. le docteur Bretonneau, de Tours,
dans les carrés du Muséum d'Histoire naturelle de Paris ,
VAscalaphus italicus , et que le même insecte a été trouvé , il y
a six ans , près de Nemours, par M. de Villiers.
— M. Pierret donne de nouvelles observations relatives aux
f^anessa levana et prorsa. Cette communication sera insérée au
Bulletin de la Société.
Séance du 10 septembre 1845. — M. Duponchel lit une lettre
de M. le colonel Goureau, dans laquelle le président de la So-
ciété donne de nombreux détails sur l'entomologie des environs
de Cherbourg.
— M. H^Lucas fait passer sous les yeux de la Société un Er-
gates faber vivant , chez lequel les élytres sont avortées et très-
écartées à leur base , et dont le côté gauche est sensiblement
plus long que le côté droit : cet avortement s'est présenté égale-
ment dans les organes de la locomotion de ce Longicorne.
— M. H. Lucas donne quelques détails sur des cocons bissexuels
de ver à soie Bombyx [Sericaria) mori, qu'il a été à même
d'obseri^er. Le premier cocon qu'il a étudié , et qui contenait
deux chrysalides, lui avait été donné par M. Nivay , qui élève à
Alger un grand nombre de vers à soie ; trois autres cocons , à
peu près semblables, lui ont été communiqués dernièrement par
M. E. Blanchard, Dans un de ces derniers cocons , les deux chry-
salides ont pu se développer, et les insectes parfaits sont sortis
librement ; dans les deux autres cocons, les papillons ne sont pas
sortis . et M. H. Lucas les ayant ouverts , y trouva des papillons
mâles et femelles ; les femelles étaient mortes et les mâles encore
vivants : dans un de ces cocons, l'auteur a trouvé des œufs, mais
non fécondés.
364 REVDE zooLOGiQUE. {Septembre 1845.)
M. Pierre^ dit avoir observé, chez M. Ronsin, garde forestier
à Livry , un fait à peu près semblable dans le Bombyx
everia.
M. Duponchel cite également un fait analogue : il dit que les
chenilles de la Callimorpha dominula, lorsqu'elles vont se trans-
former en chrysalides , se réunissent et qu'elles forment une
coque commune ; mais cette coque n'est pas compacte comme
dans les exemples cités par M. H. Lucas , elle est , au contraire ,
assez lâche et son tissu est peu serré.
Séance du 24 septembre 1845. — M. H. Lucas, continuant ses
observations sur les divers changements de peau que subit la
chenille du Bombyx ( Saturnia ) cecropia aVant de se métamor-
phoser, communique une note sur la maladie qui a fait périr un
grand nombre de chenilles de ce Bombyx et sur les cocons qu'il
a obtenus. Ces diverses notices de M. H. Lucas sur le Bombyx
{Saturnia) cecropia^ seront toutes imprimées dans le Bul-
letin entomologique du 3® trimestre des Annales de la Société
pour l'année 1845.
— M. L, Buquet montre à la Société plusieurs Coléoptères
nouveaux provenant du Brésil. On remarque particulière-
ment une espèce de Butela d'un beau vert métallique et toute
tomenteuse.
— M. Guérin-Ménemlle parle à la Société de la maladie qui
règne depuis quelque temps sur les pommes de terre. Plusieurs
personnes ont attribué à tort cette maladie à des insectes , tandis
qu'il est démontré aujourd'hui qu'elle est produite par une ma-
ladie de la plante, causée par les froids qui se sont fait sentir à la fin
du printemps et par l'humidité extraordinaire de l'année, ce qui
a favorisé la production d'un cryptogame qui se développe
<3n grand nombre dans chacune des cellules de la pomme de
terre. Les insectes et les larves que l'on a trouvés dans ces tuber-
cules gâtés n'y sont venus que lorsque la pomme de terre a été
en partie décomposée par les champignons , et l'on ne peut nul-
lement les regarder comme ayant causé la maladie. Quoi qu'il en
soit , on rencontre souvent dans les pommes de terre gâtées le
Blaniulus guttulatus et quelques autres insectes : une douzaine
de larves ont été prises dans ces tubercules par M. Rayer, qui en
■a adressé les dessins à M. Guérin-Méneville ; trois de ces larves
appartiennent à des coléoptères; l'une probablement à une espèce
SOCIÉTÉS SAVANTES. 365
de Cryptophagus ou d'un groupe voisin de ce genre , une autre
à un Taupin ; quelques-unes se rapportent à des Diptères ; mais
ce qu'il y a de plus remarquable , c'est que M. Rayer y a vu
aussi deux espèces d'Acarides , dont Tune est très- voisine des
Sarcoptes , et l'autre peu différente des Tyroglyphus siro et
farinœ. La première espèce appartient évidemment au sous-
genre Glyciphagus de Hering (Nov. act. nat. cur. , tome XVIII ,
p. 619), et semble très- voisine, si ce n'est pas elle , du Gly^
i;iphagus prunorum de cet auteur.
— M. Guérin-Méneville montre à la Société des os prove-
nant du tombeau celtique que M. Eugène Robert a découvert ré-
cemment à Meudon : ces os pr» sentent à leur surface des sillons
en tout semblables à ceux que l'on voit souvent sur le bois et qui
sont produits par des insectes. M. Guérin-Méneville dit qu'un
grand nombre de ces os de Celtes sont creusés de la même ma-
nière, et que quelques-uns sont perforés de part en part. Qui a pu
faire ce travail? Pourquoi des insectes seraient-ils venus, à une
profondeur assez grande, percer ces os ? Et dans le cas probable
où ces sillons et ces trous auraient été faits par des insectes, quels
seraient ces insectes? D'après le diamètre des sillons , ce ne peut
être des Apates qui, comme l'a, démontré M. E. Desmarest,
perforent des métaux , et à plus forte raison peuvent percer des
os. Les traces sont aussi trop étroites pour que l'on puisse croire
qu'elles ont été produites par des Dermestes : mais ne seraient-ce
pas des larves de Corynetes qui auraient fait ces sillons et ces
trous ?
— M. H. Lucas fait connaître deux nouvelles espèces d'Ixodes^
qu'il a trouvées sur des Reptiles dans la Ménagerie du Muséum
d'Histoire naturelle de Paris. Voici les phrases diagnostiques
de ces deux espèces.
lœodes pulchellus , Lucas. I. ovatus; capite palpisque fusco
rubescentibus ; thorace (in mare maximo , abdomen superante,
in fœminâ parvo) flavo cupreo , sat fortiter fusco maculato ; vittis
fusco rubescentibus ornato , infrà virescente, transversim fortiter
rugoso, val vis analibus fusco -rubescentibus ; pedibus sat elonga-
tis, subfusco rubescenti tinctis albicante aurelatis. Maie ; Long. 5
mill. Lat. 3 mill. Femelle : Long. 5 1/2. Lat. 3 1/4 mill. Trouvé
sur une espèce de Couleuvre ( Spilotes variabilis , Dam. et Bil.)
I
366 REVUE zooLOGiQUE. {Septembre 1845.)
qui provient de Cayenne et plus récemment sur une espèce de
Batracien.
Ixodes eœilipes , Lucas. I. subo valus; capite , palpis thorace-
que rubescentibus ; ultimosubtilissimè punctato fusco-rubescenti
rnarginato ; corpore subtilissimè transversim rugoso, infrà Isevi-
gato , flavo cinerescente plus minùsve fusco seriato ; pedibus exi-
libus, sat elongatis, testaceo-rubescentibus. Long. 3 mill. Lat.
2 mill. Cette espèce a été trouvée sur un Lacer ta ocellata qui a
été pris aux environs d'Alger par M. Henri Bertboud.
(E.D.)
IV. MELANGES ET AOUVELLES.
Note sur la Monographie du genre Ficumnus. Tem. pi. col. ;
par M. F. de Lafresnaye.
Dans un essai de Monographie des Picumnes^ Rev. zool. 1845,
page 1, j'ai omis de citer VAsthenurus rufiventris (Bonap.)
Proceedings, 1837, page 120, dont voici la Diagnose : « Fuscus
subtus cum genis rufis : pileo nigro, rubro maculato ; » on recon-
naît facilement que cette espèce doit être voisine de notre Pi-
cumnus cinnamomeus , Rev. zool. , 1845, page 7, mais elle en
diffère essentiellement par la coloration de la tête , noire ponc-
tuée de rouge , tandis qu'elle est noire avec des taches linéaires
jaunes sur le vertex et des taches blanches sur la nuque chez
notre P. cinnamomeus. C'est donc une dixième espèce à ajouter
à notre monographie sous le nom de P. rufiventris (Bonap.)
Proceedings, 1837, p. 120 ; il est du Chili.
Errata du n" 8,
Pages 228, lignes 19 ; rayez le mot surtout.
— 292, — te, 17 et \S,va\e\\es; Visez velelles,
— 313, — 37, quand il ; lisez quand cWe.
HUITIÈME ANNÉE. — OCTOBRE 1845
I. TRAVAUX INEDITS.
Descbiption de quelques nouveaux oiseaux de l'Inde, par M. de
Lafresnâyb.
Fam. TURDIDiE. — S. fam. Brachypodin^ , Sw. — Genus
HiEMATORNis, Swainson.
l" //. chrysorrhoïdes. — Haemat. supra brunneo - griseus ,
dorsi et colli postici plumis, tectricibusque alae mediis in medio
fuscis; alis caudaque basi ejusdem coloris, hac apice saturatiore,
rectrice quaque macula quadrala alba terminata , duabus mediis
hoc colore tantummodo marginatis, capite , nucha guttureque,
atris, genis, coUo antico, subtusque totis cinereo-albescentibus,
subcaudalibus autem sanguineo-rubris, rostro pedibusque nigris.
Longit. tota 21 cent. Habit, Macao.
Maxime afRnisTurdo chrysorrheo, haec speciesdiffertabillo ano
rubro,non aurantio-flavo, cauda longiore, ejusque maculistermi-
nalibusalbis majoribus et magisquadratis.
Genus Triciiophorus, Temm. pi. col.
2** T. caniceps. — Trie, supra olivaceus , pileo nuchaque
intense griseis; alis parum brunneo tinctis ; cauda olivaceo-
brunnea ; subtus vivide flavus ; gula tota alba , genis pallide
griseis; pedibus albido flavescentibus. Longit. tota 17 cent. Habit,
in Indiis.
Cette espèce, très- voisine du Trichophorus flaveolus, Gould,
Proceedings, 1 836, p 6, en diffère par une taille plus petite, par la
couleur grise de sa tête, l'absence de huppe, etc. Ce dernier nous
paraît synonyme de la Piegrièche Brès , Lanius Brês, Lesson ,
Voyage aux Indes, par Bellanger, Zool. ois. p. 25S.
Genus Trichixos, Lesson, Rev. zool. 1 839, 167 .
3° T. pyrropijga? Les>. , Rev. Zool. 1839, 167.— Trich.
corpore supra capitisque lateribus fusco-ardesiacis, vitta brevi
super oculari superciliariforme niveo-sericea , dorso imo , uro-
pygio , caudaque vivide rufis , hac vitta lata nigra cum maculis
rufis apicalibus terminata ; subtus pallide rufescens , abdomine
medio albo, collo antico et pectore supremo griseo ardesiacis ;
rostro longo , recto , compresso , apice subito adunco uncinatf
Tome VllI. Année 1845. 24
368 KEVDE zooLOGiQUK. [Octobrc 1845.)
ilius basi aut capistro toto setis pilisque rigidis et densis prœ-
dito , pedibus lividis, tarsis brevibus, sedvalidis, ita utdigiti
hoc postico ungue forti munito. Longit. tota 19 cent. Habit, in
Bengala.
Quoique nous présumions que cet individu , que nous possé-
dons, soit identique avec le Trichixos pyrropyga de Lesson, il
en diffère sous quelques rapports, en ce qu'il n'a pas comme lui
les joues noires, elles sont de la même teinte que le dessus
du corps ; en ce qu'il n'a pas le dessous roux canelle comme la
queue , mais roux pâle avec le milieu blanc; les pieds sont bru-
nâtres livides et non couleur de chair. Enfin si notre oiseau
n'est pas une espèce distincte , c'est au moins une livrée différente»
Il sera figuré ainsi que le Crinon à tête grise dans le Magasin
de Zoologie.
4° Gallinula eurizonoïdes. — Gai. capite , colle , pectoreque
totis rufo-cinnamomeis , dorso, alis et cauda brunneo-olivaceis ;
ventre, hypochondriis, abdomine ano alisque subtus vittis albiset
nigris zonatis , nigris autem latioribus ; rostrum flavido-viride ;
pedesfusci. Long, tota 23 cent.
Au premier abord cette espèce paraît être identique avec la
poule d'eau large bande, Gallinula euri Zona Tem., col. 417 de
Java , mais en la comparant avec elle, elle offre les différences
suivantes.
Au lieu d'avoir comme elle toutes les couvertures supérieures
alaires et les rémiges zonées de noir et de blenc en-dessus, elle a
toutes ces parties du même brun olivâtre que le dos ; le roux-
cannelle du dessus du cou , au lieu de se fondre insensiblement
dans la nuance du dos, se termine plus brusquement au bas du
cou; les zones blanches ventrales, au lieu d'être égales aux noires
sont plus étroites, et les rémiges n'ont de bandes blanches que
sur la portion cachée de leurs barbes internes. — L'espèce est
plus forte , le bec plus grand , mais les tarses paraissent un peu
plus courts et noirâtres au lieu d'être couleur de chair ou blanc
jaunâtre. Nous sommes d'autant plus portés à regarder cette es-
pèce comme distincte de la Gallinula eurizona, que dans chaque
continent ou portion de continent on rencontre souvent des
groupes d'espèces qui , quoique réellement distinctes, offrent
entre elles un système de coloration des plus analogues. Tels
sont dans la même famille ces petits Râles Africains à plumage
TRAVAUX INÉDITS. 369
mi-parti roux et noir strié de blanc dont le Rallus dimidiatus
est le type.
Observations sur le Rollier d'Angole {Coracias caudala.L.)
par M. le docteur Pucheran.
L'espèce à laquelle nous consacrons cet article , est une de cel-
les que les hommes les plus compétents en ornithologie pensent
devoir être rayée du Catalogue des êtres créés. Décrite pour la
première fois par Brisson, en 1760 (Orn. vol. 2 , p. 72 , n*' 3 ,
pi. 7 , fig. 1.) d'après un individu qui avait été envoyé de la côte
d'Angole à Réaumur , elle fut, en 1766 , introduite par Linné
dans le genre Coracias^ sous le nom de Coracias caudata,
lorsque ce savant célèbre publia lui-même la 12* édition du Sys-
tema naturœ. Mais comme si elle était destinée à n'être que dif-
ficilement bien comprise et bien isolée de ses congénères , Linné
lui rapporta la pi. 327 du troisième volume des Glanures d'Ed-
wards , que Gmelin et ses successeurs ont si justement regardée
comme représentant le Coracias senegalensis.
Gmelin et Latbam ne méritent aucune critique, relativement
à l'histoire qu'ils ont donnée de notre espèce , quoiqu'ils eussent
devant les yeux l'exemple de Buffon , qui dans le troisième vo-
lume de la partie de son Histoire naturelle consacrée aux Oiseaux,
a considéré le Rollier cuit comme étant la même espèce que le
Rollier d''Angole. C'était évidenïment trop exagérer l'impor-
tance de l'analogie qu'ont ces deux types entre eux , sous le
point de vue de la coloration de quelques-unes de leurs parties*
Est venue ensuite l'opinion de Vaillant , qui dans son travail
si remarquable sur les Rolliers (1805) , annonce (p. 105) , que ,
après avoir examiné le Rollier d'Angole qui a servi de type à
Buffon , il s'est convaincu que ce n'est point autre chose qu'un
Rollier d'Abyssinie sur lequel ont été entés une tête et un cou
de Rollier de Mindanao. Le jugement de Vaillant a entraîné à ce
sujet toutes les convictions de Cuvier , qui dans les deux éditions
du Règne animal , a hautement avancé que le Coracias caudata
reposait sur un individu de Cor. abyssinica , défiguré par l'ad-
dition de la tête du Cor. bengalensis (Règ. an., vol. I , lr« éd.,
p. 401, 2'' éd.. p. 425).
Les assertions de ces deux grands maîtres ne pouvaient man-
quer d'avoir une grande influence sur les déterminations de leurs
370 RKVDE zooLOGKjUE. {Octobre \S\5.)
successeurs. C'est aussi ce qui a eu lieu. Il est bien vrai que Daw-
din , dans son Traité d'ornithologie (t. 2, p. 260), Shaw (Gen,
zool. 7, p. 394), et Latham ont pensé autrement que leurs
contemporains, mais à l'époque où Daudin a écrit, Vaillant
n'avait point encore formulé contre Buffon le jugement ci-dessus
énoncé , jugement que Shaw ne connaissait probablement pas
non plus en 1809. Quant à Latham , son opinion se trouve modi-
fiée par celles des deux savants français : loin de considérer le
Rollier d'Angole comme une espèce bien tranchée , ainsi qu'il
l'avait fait dans la première ëd tion du General Synopsis of
Birds, il le regarde, dans la seconde, comme pouvant n'être
qu'une variété d'âge du Cor. Bengalensis.
Quant à Vieillot et à M. Georges Robert Gray , leur opinion
est on ne peut plus explicite. Dans le 29' volume du Dictionnaire
d'histoire naturelle ( article Rollier ) , Vieillot se rattache (p. 430) ,
à l'opinion de Vaillant, et plus bas (p. 433) , il décrit sous le
nom de Galgulus caudatiis , le Coracias abyssinica de Gmelin.
Dans l'Encyclopédie (p. 869), la synonymie qu'il donne est tout
aussi significative , et sa description latine reproduit d'ensemble
des traits caractéristiques empruntés aux deux espèces. M. G.-R.
Gray, enfin , dans le quatorzième fascicule (juin 1845), du beau
travail qu'il publie en ce moment , a réuni Coracias senegalen-
sis et Cor. abyssinica à Coracias caudata , indiquant ce dernier
nom comme devant être préféré, attendu qu'il est le plus ancien.
Malgré la grande importance que nous attachons aux juge-
ments portés par les savants célèbres dont nous venons de rap-
peler les noms, nous pensons que le Rollier d'^Angole [Coracias
caudata L,), doit reprendre sa place en ornithologie, dans le
catalogue des espèces. Que Buffon ait été trompé , cela se peut ,
et personne plus que nous n'ajoute foi et confiance aux asser-
tions de Vaillant. Mais , comme nous possédons dans le Musée de
Paris un individu reproduisant d'une manière complète les traits
de la figure 88 de Buffon; comme cet individu est dans un par-
fait état de conservation ; comme loin d'être venu par la voie
du commerce , il a été envoyé de l'Afrique australe à notre col-
lection nationale par la Société des missions protestantes que
personne , nous l'espérons du moins , ne soupçonnera d'une su-
percherie , on ne s'étonnera pas que nous osions émettre une
opinion différente de celles de tant de zoologistes éminents.
TRAVAUX IINKDITS. 371
Pour mettre au reste les Ornithologistes en mesure de se pro-
noncer , nous nous bornerons à copier la description si parfaite
donnée par Brisson (Ornilh. vol. 2, p. 72). Sauf une petite rec-
tification que nous nous sommes permis de faire , nous pensons
qu'il est trés-diffîcile de décrire aussi bien , et impossible de dé-
crire mieux. D'ailleurs , nous ne devons pas oublier que le tra-
vail de Brisson a servi à Linné pour établir Tespèce en faveur de
laquelle nous demandons le droit de cité. Voici en quels termes
s'exprime Brisson :
« Superne ftilvus^ ad olivaceum inclinans , inferne cœruleo-
» beryllinus; collo inferiore violaceo : rectricibus lateralibus
» cœruleis , excepta exlima longissima et apice nigricante.
» Il est à peu près de la grosseur d'un geai... les parties supé-
» rieures de la tête et du cou sont vertes. La partie supérieure
» du dos et les plumes scapulaires sont d'un fauve mêlé de vert,
» ou plutôt d'un fauve changeant en vert d'olive , selon les diffé-
» rents aspects sous lesquels elles se présentent. La partie infé-
■» rieuredu dos, le croupion et les petites couvertures du dessus
» des ailes sont d'un beau bleu. Les couvertures du dessus de la
» queue sont variées de bleu et d'aiguë marine. La gorge ,
TD la partie inférieure du cou et la poitrine sont violeites , et cha-
» que plume de la gorge et de la partie inférieure du cou a
» dans son milieu une ligne blanche qui s'étend selon la lon-
» gueur de sa tige. Le ventre , les côtés, les jambes , les couver-
» tures du dessous de la queue et celles du dessous de l'aile sont
» d'un bleu d'aiguë marine. Les grandes couvertures du dessus
» de l'aile sont variées de bleu , d'aiguë marine et de vert. Les
» plumes de Taile sont d'un bleu d'aiguë marine, depuis leur
» origine , jusque vers la moitié de leur longueur ; le reste est
» en dessus d'un bleu très-foncé du côté extérieur et noir du côté
» intérieur , et au contraire, en dessous, il est noir du côté exté-
» rieur, et d'un bleu très-foncé du côté intérieur (1) ; de plus, la
» tige de chaque plume est noire dans toute sa longueur. La
» queue est composée de douze plumes : les deux du milieu sont
» d'un vert sombre ; les latérales sont d'un bleu d'aiguë marine
» et terminées de bleu foncé , excepté la plus extérieure de cha-
» que côté , dont la partie qui excède la longueur des autres est
(1) Notre indiyidu présente du noir le long de la tige , 5ur telle luoitié iiilerne d«
<îa penne.
b
372 RKVUK zooLOGionK. {Octobre 1845.)
» noire. La tige de chaque plume est de cette dernière couleur
» dans toute sa longueur, etc »
Les dimensions de l'individu sur lequel nous avons constaté
Pexistence des caractères indiqués ci-dessus , sont les suivantes :
1° Du bout du bec à l'extrémité des pennes médianes de la
queue (en ligne droite) (i) 0,26
20 Longueur des pennes médianes de la queue (mesurées
en dessus) 0,>i
30 Longueur de la partie excédante des pennes caudales
externes 0,95
4° Longueur de la partie nue du tarse (jusqu'aux doigts. . . 0,02
50 Longueur du doigt médius (l'ongle y compris) 0,03
6° externe (l'ongle y compris) o,025
70 interne (l'ongle y compris) 0,0i8
80 du pouce (l'ongle y compris) 0,014
90 Longueur du bec (depuis la commissure jusqu'à la pointe). 0,032
.tflo Longueur de l'aile 0,17
Présentement , si nous comparons cette espèce avec le Rollier
d'Abyssinie , indépendamment de celles qui sont fournies par la
coloration différente de la gorge , de la partie inférieure du cou
et du thorax , nous trouvons les différences suivantes :
1° La teinte du dessus de la tête et de la région dorsale est plus
olivâtre , plus nuancée de vert-pré dans le Coracias caudata.
Les couvertures supérieures de la queue, au lieu d'être bleues ,
sont variées de bleu et d'aiguë marine , mais cette dernière teinte
est prédominante.
2° Dans le Coracias caudata , en dessus , les pennes de l'aile
dans la dernière moitié de leur longueur , sont d'un bleu très-
foncé en dehors, et noires en dedans. Dans le Cor. abyssinica ,
le côté interne de la penne présente du bleu foncé tout le long
de la tige. Dans le Cor, abyssinica, les pennes médianes de la
queue sont plus foncées , plus brunes que dans le Cor. caudata ,
et les pennes latérales ne sont pas , comme dans cette dernière
espèce (sauf la tache bleue de l'extrémité) de couleur unifor-
mément aiguë marine.
Il est impossible , enfin, de confondre le Rollier d'Angole avec
le Cor. bengalensis, car, indépendamment du mode de colora-
tion différente présenté par les ailes et la queue , le bec de l'es-
pèce indienne est plus fort et plus développé que celui de l'es-
pèce africaine.
(1) Notre exemplaire est monté à tète tournée à gauclw , lorsqu'on a les parties infé-
rieures par derant soi.
TUWAUX INKDITS. 373
11 nous semble dès lors utile et nécessaire de réintégrer dans
le système ornithologique, Tespèce méconnue par Vaillant, Cu-
vier, Vieillot et M. G.-R. Gray , et d'établir comme il suit, sy-
nonymie.
r Rollier d'Angole.
Coracias caudata , L. (12« éd., vol. 1 p. 160, n» 6).
Coracias caudata , Cm (I , p. 380 , n» 6).
Coracias caudata , Lath. ( Index , p. 69 , n° 3).
Galgulusangolensis,Briss.(Ornith. 2, p. 72, n» 3, pi. 7,f. 1).
Le Rollier d'Angole , Buff. 3 , p. 144 , eul. 88.
LongtailedRoller,Lath.(l'«éd.1,p.409,et2'éd.3,p.74.
Rollier d'Angole, Daudin (Ornith. vol. 2 , p. 260 j.
Coracias angolensis , Shaw (Gén. zool. 7 , p. 394 , pi, 51 ,
2® Rollier d'Abyssinie.
Coracias abyssinica , Gm. 1 , p. 379 , n® 7).
Coracias abyssinica, Lath. (Index, p. 169, n* 5).
Rollier d'Abyssinie , Buff. 3 , p. 143, eul. 626.
Abyssinian Roller , Lath. (l"* éd. 1 , p. 408, et 2'' éd. 3, p. 76).
Rollier à longs brins d'Afrique, Vaill. (Roll. pi. 25).
Coracias abyssinica, Daud. (Ornith. 2 , p. 260 , 5).
Galgulus caudatus , Vieill. (Dict. t. 29 , p. 433.
Maintenant , le Coracias senegalensis de Gmelin , reposant
sur l'individu de la planche enluminée de Buffon qui porte le
nP 326 , doit-il être considéré comme une espèce distincte , ou
simplement comme une variété du Corac. abyssinica , comme
le prétendent les auteurs et entre autres Shavtr, qui les décrit l'un
et l'autre sous le nom commun de Coracias albifrons? Là-des-
sus, notre opinion est bien loin dêlre arrêtée : les individus du
Sénégal que nous avons vus jusqu'ici ne présentant point le
caractère différentiel signalé par Buffon , et ceux qui ont partagé
son opinion , et ressemblant par cela même à l'espèce du nord-est
de l'Afrique , on nous pardonnera , nous l'espérons du moins , la
réserve que nous nous permettons de garder à ce sujet.
Description de trois espèces nouvelles du genre Picus , Linné ,
par M. Alfred Malherbe.
1. ^. ( Leuconotopicus ) Stricklandi. — Fœm. — Supra fusco-
nigro , dorso albo striato ; regione parotico et supra oculos ,
colla ivfra , albis ; gutture, pectore et abdomine albis , fusco-
374 REVDE zooLOGiQOE. {Octobve 1845.)
nigro striolatis ; alis longissimis caudœ ferè œqualibus.
Bec presque droit , brun de corne', front brun roussâtre ; bande
sourcillère blanche ; vertex . occiput , tectrices alaires d'un brun
de suie, sans taches; de chaque coté de l'occiput, un demi-
collier d'un blanc pur ; dos et croupion rayés de bandes transver-
sales blanches et brunes; tectrices caudales supérieures d'un
brun de suie plus foncé , rémiges d'un brun de suie plus clair ;
les primaires portent sur leur rebord externe de petites taches
blanches de forme carrée , et de larges taches blanches arrondies
sur leur partie interne , tandis que les rémiges secondaires n'ont
de taches blanches que sur leur partie interne ; côtés de la tête
brun de suie avec un espace blanc sale à la région parotidée ;
toutes les parties inférieures blanches avec des mèches longitu-
dinales d'un brun foncé sur la gorge et la poitrine , et des bandes
transversales d'un brun moins , foncé sur l'abdomen. Les
deux rectrices extérieures de chaque côté sont d'un blanc sale
avec des bandes transversales d'un brun roussâtre. La troisième
rectrice n'a de blanc que sur son rebord extérieur ; les autres
rectrices sont d'un brun foncé.
Ce Pic a cela de remarquable que la queue ne dépasse presque
pas les ailes ployées, qui sont d'une longueur extraordinaire
pour la taille de l'oiseau.
Long, tôt., 16 cent., 8 mil. — Du bec , depuis l'angle , 2 cent.,
1 mil . — De l'aile ployée , 1 1 cent. 6 mil. — De la queue , 6 cent.
— De la partie de la queue excédant les ailes ployées, 2 mil. seu-
lement. — Du tarse , 1 cent. 8 mil.
Le sujet que je possède et le seul que j'aie encore vu de cette
espèce , a été rapporté du Mexique et m'a été gracieusement offert
pendant mon dernier séjour à Londres , par le savant ornitholo-
giste M. H. E. Strickland , auquel j'ai voulu le dédier.
2. P. (Leuconotopicus) Jakdinii. — Masc. jun.? — Corpore toto
supra nigerrimo , vertice coccineo variegato ; ter go cinereo
striato , gutlure , pectore et abdomine albo-fusco.
Mâle jeune? — Bec presque droit , front et occiput d'un noir
profond , vertex varié de rouge vif, bande sourciliaire blan-
châtre , tectrices alaires noires ; rémiges noires; les primaires
ont quelques taches blanches sur chaque rebord , et les secon-
daires n'en ont que sur le rebord interne. Les deux rectrices
externes de chaque côté , d'un blanc sale avec des taches noires j
TRAVAUX INÉDITS. 375
la troisième rectrice noire dans sa partie interne et blanche avec
des taches noires dans la partie externe. Les autres rectrices in-
termédiaires noires ; couvertures inférieures des ailes d'un blanc
sale ; toutes les parties mférieures , les côtés du cou et la tête
d'un gris roussâtre avec une moustache noire et étroite, à partir
de la mandibule inférieure jusqu'au bas du cou; quelques
mèches noires de chaque côté de la poitrine.
Le sujet que je possède m'a été donné par M. Strickland, je
crois que c'est un jeune mâle en mue. La queue ne me paraît
pas avoir acquis tout son développement.
Long, tôt., 16 cent. 8 mil. — Du bec depuis l'ongle, 2 cent.
3 mil. — De l'aile ployée , 10 cent. — De la queue, 5 cent. — De
la partie de queue excédant les ailes ployées, 1 cent. 6 mil. —
Du tarse , 1 cent. 7 mil. — Du Mexique.
3. P. (Leuconotopicus ) Numidicus (Dendrocopus Swains ; Picus .
G. R. Gray). — Leuc. masc. ad. — Non cristatus, pileo toto,
dorso , uropygio^ nigris ; fascia occipitis , abdomine . cris-
soque coccineis; capite ad latera , macula utrinque ad colli
postici latera scapularibusque pure albis ; corpore subtus
albo ut plurimum sordide sufo lavato ; vitta utrinque versus
colli latera ducta nigra ; duplici cingula pectoris nigro coc-
cineoque iincta. — Fœm. — Mari simillima nisi absque
fascia occipitali coccinea. Picus Numidicus (Malherbe , 1842,
Mémoires de l'Académie royale de Metz , vol. 2 , p. 242 ).
Le pic Numide remplace dans le nord de l'Afrique le Major
( Linn.) ou Épeiche , avec lequel il a beaucoup de rapports, et
plusieurs sujets que je possède dans ma collection m'ont été en-
voyés en 1842 de la province de Bône, où ils paraissent peu
nombreux. La description que j'en ai publiée à cette époque ne
me paraissant pas encore assez complète , je crois devoir la re-
produire avec quelques additions.
Mâle adulte. — Bec généralement plus long que celui du
Major Linn. ) , droit et d'un brun de corne ; bande frontale de
six millimètres environ de large , d'un blanc plus ou moins pur;
une étroite moustache noire partant de l'angle du bec , s'étend
de chaque côté du cou; puis, se bifurquant, l'une des raies
noires sépare , aux trois quarts de sa longueur , la plaque blanche
qui couvre toutlecôtédes joues jusqu'au-dessus de l'œil, et elle va
rejoindre la large bande d'un noir bleuâtre qui règne derrière le
370 HtvuK ZOOLOGIQUE. {Octobrc iS^Ô.)
cou et se confond avec lenoii' bleuâtre du dos , tandis que la se-
conde raie noire s'avance de chaque côté de la poitrine en s'é-
largissant et forme un large hausse-col noir , non interrompu ,
d'environ vingt millimètres de hauteur chez les mâles et de dix
millimètres chez une femelle. Ce noir est recouvert d'un hausse-
col cramoisi ayant un peu moins d'étendue en largeur , quelques
plumes noires descendant plus bas que le rouge. Tête et dos
noirs; à l'occiput, une bande étroite d'un rouge vif, composée
de plumes d'un cendré noirâtre à leur base et rouges vers leur
extrémité.
Devant du cou , épigastre et flancs d'un blanc plus ou moins
sale ; ventre et couvertures inférieures de la queue d'un cra-
moisi plus vif que chez le Pic épeiche ; cette couleur s'étend sur
le milieu du ventre, et s'avance quelquefois chez les mâles
jusqu'à deux centimètres du ceinturon rouge de la poitrine. Le
blanc qui se trouve sur la partie latérale du cou, occupe une
étendue bien moindre que chez l'Épeiche ; le blanc des scapu-
laires , des moyennes couvertures et les taches blanches des ré-
miges ont aussi moins d'étendue.
Les pennes latérales de la queue , y compris leur extrémité ,
étaient dans un mâle, d'un cendré brun avec de légères bandes
transversales d'un brun pâle, et dans d'autres sujets des deux
sexes , d'un blanc roussâtre avec des bandes noirâtres , comme
cela arrive souvent , au reste , chez le Major:
La femelle. — Diffère du mâle par l'absence de rouge à l'oc-
ciput.
Les Pics numides mâles m'ont offert 14 millimètres de moins,
en longueur, que le Pic épeiche ; sur des sujets femelles, cette
différence s'élevait jusqu'à 35 millimètres ; mais je doute qu'elle
soit toujours aussi grande, parce que les deux sexes, dans les Pics
et dans le Major surtout, sont ordinairement de même dimen-
sion.
Les jeunes. — Un mâle presque adulte que je possède , a
deux plumes rouges sur le sommet de la tête , avec la bande
rouge à l'occiput; c'est un plumage de transition et qui prouve
que dans cette espèce, comme dans l'Épeiche , le jeune a tout le
sommet de la tête rouge ; dans cet état , l'occiput doit être noir.
On reçoit quelquefois de l'Algérie des Pics ayant les parties
inférieures d'un brun noirâtre ; mais cette couleur provient de
TRAVAUX INÉDITS.
377
l'habitude qu'ont ces oiseaux de grimper le long des troncs de
chênes-liéges dont l'écorce est charbonnée , lorsque, à l'autonine,
les Arabes mettent le feu aux broussailles.
Longueur totale
— de l'aile ployée. . . .
— du bec depuis l'angle.
— de la queue
— de la partie de queue
dépassant les ailes
ployëes
— du tarse
3 Mâles.
cent. mil. cent. mil.
24 2 et 24 5
13 et 13 2
3 2 et 3 4
9 » et î) 7
4 » »
2 2 et 1
1 Femelle.
cent. mil.
23 2
12 2
3 I
9 »
3 8
J'ai vu au Muséum de Paris un exemplaire du Pic numide ,
sous le nom de Ficus Jaballa. L'auteur de cette dénomination ,
que je présume être l'honorable M. Le Vaillant , membre de la
commission scientifique de l'Algérie, ignorait très-probablement
que j'eusse antérieurement publié la description de la même es-
pèce sous le nom de Numidicus.
Ce Pic se trouve aussi dans la belle collection de M. le prince
d'Essling.
{La suite au numéro prochain).
Monographie du genre Ligule , Ligula , par C.-A. Recluz , phar-
macien à Vaugirard.
l'' partie.
Dans nos études sur les coquilles des mers de la France , nous
avons été amené à nous rendre compte du classement de plu-
sieurs espèces. L'examen attentif de leur charnière et les carac-
tères particuliers qu'elles ont offerts à notre observation , nous
ont déterminé à proposer plusieurs genres nouveaux. Parmi ces
genres, celui des Syndosmyes a paru, à un savant conchyliologue
anglais, ne pouvoir être adopté , par le motif que les espèces
qui le composent , doivent représenter le genre Ligule de Mon-
tagu. Bien que l'opinion de ce conchyliologue fût tout à fait con-
fidentielle et quoique convaincu qu'elle était erronée , nous
n'avons pas cru cependant inutile de la discuter. Si nos argu-
ments paraissent décisifs, nous nous applaudirons d'avoir éclairé
une question qui semble n'avoir pas été bien comprise des con-
378 RKVUE zooLOGiQDE. [Octobvc iS45.)
chyliologues ; dans Iç cas contraire, on nous saura gré, nous
osons du moins l'espérer , d'avoir provoqué une discussion qui
ne peut être sans profit pour la science.
Nous avons jugé nécessaire d'ajouter quelques notes qui paraî-
tront peut-être superflues aux uns, et de quelque utilité, pour le
sujet que nous traitons, aux autres. En cela, nous avons été
guidé , d'un côté , par le désir d'étayer notre raisonnement de
certaines preuves, et de l'autre, par celui de faire connaître
quelques rectifications de nomenclature , appuyées sur la con-
naissance approfondie que nous avons faite de quelques espèces
encore peu répandues.
Partageant l'opinion des savants qui veulent qu'on n'annule
jamais un genre décrit par son auteur, sans lui laisser un re-
présentant pris dans l'espèce qui se rapproche le plus des carac-
tères génériques de ce même genre , parce que c'est un juste
hommage à rendre aux travaux de nos prédécesseurs , nous avons
voulu rechercher laquelle des espèces de Ligules de Montagu ,
se rapportait le mieux à la description donnée par cet auteur.
Cette recherche faite pour la deuxième fois , d'abord lors de l'in-
stitution de nos Syndosmyes, et aujourd'hui , pour répondre à
l'objection du savant anglais, nous ayant conduit par deux voies
différentes à la même conclusion, nous avons dû en publier le
résultat. Il justifie , nous le pensons , la création du genre Syn-
dosmye , et démontre que le genre de Montagu , quoique démem-
bré avec raison, n'est point annulé pour cela, qu'il existe encore ,
mais qu'il doit être rectifié dans ses caractères.
Montagu , traitant de sa Mya distorta , dans ses Testacea bri-
tannica, t. 1 , p. 42 , (1803), s'exprime ainsi, après la descrip-
tion de cette coquille.
« Quoique cette espèce et les deux précédentes {Mya pubescens
et Mya prœtenuis) , n'appartiennent peut-être pas au genre
Mya , elles ne peuvent cependant pas être classées plus convena-
blement dans aucun autre des genres de Linné. Le docteur Pul-
teney nous apprend que si le docteur Solander eût assez vécu
pour terminer la description systématique du cabinet de Port-
land , il avait l'intention de constituer un nouveau genre , dans
lequel devaient être compris les Mya pubescens , prœtenuis , le
SolenbuUatus ^ et d'autres coquilles de ce cabinet. Si ce nouveau
genre eût été formé , il n'y a aucun doute que cette espèce [Mya
TRAVAUX INKDITS. 579
distorta) n'y eût été placée ; malgré cela , nous ne nous croyons
pas autorisé à faire une telle addition pour une ou deux espèces
purement locales. »
Dans le supplément à cet ouvrage ( 1808) , Montagu revient à
un autre sentiment, et constitue avec ces espèces et quelques au-
tres nouvellement découvertes, un genre qu'il nomme Ligula.
Voici les motifs qu'il en donne.
« On a déjà remarqué ailleurs (à la description de \a.Mya diS'
torta) que ce fut l'intention du docteur Solander , s'il eût vécu ,
de former un genre nouveau de ce groupe ( Family) de coquil-
les qui , divisées entre les genres Mya et Mactra , ne se rappor-
tent ni à l'un ni à l'autre , selon le système de classification ré-
sultant de la structure de la charnière. Le Docteur Petiver (Gazo-
phylacium, t. 94, fig. 4, Mya prœlenuis ^ cardine cochleato
porrectiore ) , a judicieusement dénommé une des espèces char-
nière en cuiller (Shell white^ Spoon-hinge) , par le motif que
la dent étant concave, ressemble un peu à un cuilleron. Dans
une autre circonstance _, nous n'avons pas cru qu'il fût nécessaire
de former un nouveau genre pour le petit nombre de coquilles
d'Angleterre considérées alors comme appartenant véritable-
ment à ce groupe (Family); mais, depuis lors, une étude plus
minutieuse de la structure des charnières et par suite de nouvel-
les découvertes, nous avons été convaincu du classement im-
propre de plusieurs espèces avec d'autres genres , ce qui a dû
nous amener à les classer plus convenablement par elles-mêmes ,
et. à mettre ce nouveau genre près des Myes. C'est ce que nous
faisons ici, et nous demandons que les coquilles suivantes soient,
selon notre première classification , rapportées dans ce nouveau
genre , savoir : Mya prœtenuis , pubescens , distorta; auxquelles
nous joignons les nouvelles et intéressantes espèces Mactra com-
pressa, tenuis, Boysii et prismatica. »
Les caractères qu'il donne à ce genre sont les suivants :
« Genre Ligula. — Coquille bivalve , équivalve ; charnière
pourvue d'une grande dent sur chaque valve projetée en dedans
( projecting inwards), et pourvue d'un creux ou cavité pour re-
cevoir le ligament cartilagineux \ sur quelques espèces, une pe-
tite dent droite. »
La réunion des coquilles comprises par Montagu dans ce genre, a
dû paraître peu homogène aux auteurs qui se sont occupés , après
380 RKVDK ZOOLOGIQUE. (Octobre 1845.)
lui , du classement de ces mêmes dépouilles de mollusques. En
eflFet , la forme donnée à cette description générique , démontre
à l'instant même que l'auteur a voulu joindre ensemble deux
groupes distincts par la constitution de leur charnière : l'un pour-
vu d'uncuilleron seulement , et l'autre , d'un cuilleron accompa-
gné d'une petite dent (cardinale) droite. Mais si, sans nous arrêter
à la phrase de Montagu , nous analysons avec soin la charnière de
chacune des espèces réparties dans ce genre , nous arrivons à y
découvrir quatre groupes distincts, savoir :
!«' groupe. Charnière pourvue d'un cuilleron horizontal va-
riable dans ses dimensions et sa manière d'être , selon les es-
pèces, large ou étroit , bien creux ou à cavité superficielle ,
linéaire, oblong ou triangulaire^ faisant corps avec le bord car-
dinal ou un peu détaché de ce bord , et dont le creux est dirigé ,
presque toujours , vers le haut. Point de dents subapiciales ni
latérales. Ex. Mya pubescens^ distorta , Montagu.
On conçoit que, parla position particulière et la conformation
du cuilleron de ces espèces , la description des caractères du
genre Ligule ne pouvait s'appliquer à celles-ci , et que , donnant
lieu à une exception trop grande , Leach a eu raison de les
prendre pour types d'un genre nouveau , puisque aucun autre
connu ne présentait un cuilleron ayant une pareille direction.
Ce groupe constitue maintenant le genre Thracie, Leach.
2* groupe. Charnière formée par un cuilleron détaché du bord
cardinal par ses côtés, dirigé obliquement en avant vers l'inté-
rieur des valves. Point de dents subapiciales ni latérales. Ex.
Mya prœtenuis.
Ce groupe est donc pour nous le type du genre Ligule.
Il est évident que c'est à cette espèce que se rapporte principa-
lement la première partie des caractères génériques des Ligules,
comme nous le démontrera la suite de ce mémoire.
3^ groupe. Charnière ayant un cuilleron juxta-posé sur le bord
cardinal ou creusé dans son épaisseur; une dent subapiciale sur
une valve , et deux sur l'autre. Point de dents latérales. Ex.
Mactra compressa, Montagu. 11 ressort, ce nous semble, de
ces caractères , que c'est plus spécialement à ce groupe qu'au
suivant, que doit s'appliquer la 2« partie delà description du
genre de notre auteur, comme cette partie de la description géné-
rique le prouve : asur quelques espèces , une petite dent droite. »
à
TKAVAUX liXÉDITS. 38 1
4« groupe. Charnière composée d'un cuilleron juxta-posé sur
le bord cardinal ou creusé dans son épaisseur; une dent subapi-
ciale sur une valve , et deux sur l'autre , accompagnée de deux
dents latérales. Ex. Mactra tennis. Boysii.prismatica, Montagu.
Nous ne voyons pas en quoi les caractères de la charnière de
ce groupe, peuvent se rapporter à la première et à la deuxième par-
tie de la caractéristique des Ligules de Montagu, et dès lors servir
de base pour représenter le genre. C'est donc avec raison que nous
en avons réuni les espèces sous le titre générique de Syndosmya.
D'après ces caractères , donnant naissance à quatre sections
bien tranchées, il n'est pas étonnant que jusqu'à présent, les
conchyliologues n'aient pas été d'accord sur ce que l'on doit en-
tendre par Ligule , on plutôt sur les espèces qui doivent être plus
particulièrement attachées à ce genre; delà,lesopinionssuivantes:
1" M. Deshayes , dans ses Annotations à la nouvelle édition de
V Histoire naturelle des animaux sans vertèbres de Lamarck ,
pense qu'il faut ranger dans les Ligules la Lutraria compressa^
Lamk., et sa variété Lutraria piperata , ainsi que quelques au-
tres coquilles de la 2« section des Lutraires de cet auteur.
On a vu plus haut (3^ groupe) de quelle nature pouvait être
l'affinité delà Lutraria compressa avec les Ligules, et nous
avons fait connaître (Monographie du G. Lavignon) celle des
autres espèces de Lutraires de la 2® section , dont aucune n'ap-
partient aux Ligules.
2° M. Gray, directeur du Muséum d'hist. nat. de Londres , et
zoologiste distingué, veut que les Ligula tenuis, Boysii ^prisma-
tica et autres congénériques , composent le genre Ligule de
Montagu. M. Philippi, savant conchyliologue prussien, dans son
Supplément ou Deuxième partie de son J^numeratio, sive Fauna
molluscorumutriusque Siciliœ, partage le sentiment de M. Gray.
C'est ce qui ressort de la phrase suivante, extraite du vol. 2,
p. 8. « G. Erycina Lamarck (!) Deshayes. — G. Ligula Mon-
tagu 1808) , quantum absque inspectione speciminum judicare
possum{i), idem genus mihi essevidetur{VA). A coup sûr, on
(1) Cependant, M. Philippt a recueilli et décrit plusieurs espèces de Ligules de Mon-
tagu , par exemple: Thr. pubescens , Phil. (Ligula pubescens , Montagu), Scrobicu^
laria piperata Pbil. {Ligula compressa Mont.). En outre, il est Indubitable que M. Phi-
lippi a dû connaître la Li^u/a prcetenuts Montagu, puisque , en traitant de sa Thracia
p/iaseohna, il ajoute : c obs. Mya prœtenuis Mont., p. 41. Valde affinis sed extre-
mitas postica angustior et cardo alienus dente cochleariformi Se- instructus. Enu«
meratio , vol. 2, p. 16 , sub , n** 3). Nous ferons remarquer que , sous le nom de Scro-
bicularia tennis . M. Philippi décrit et figure une Syndosmye.
382 REVDE zooLOGiQDE. [Octobve 1845.)
ne se serait pas douté que les Ligules de Montagu eussent la moin-
dre analogie avec les Érycines de Lamarck. Pour comprendre
l'erreur dans laquelle est tombé M. Philippi, il faut dire que,
s'appuyant sur une opinion proposée par M. Deshayes, mais que ce
savant a abandonnée depuis , et qui avait pour but de prendre
pour type des Érycines de Lamarck la Tellina pusilla de cet au-
teur, laquelle est une espèce fossile de Syndosmye, sans recher-
cher si cette opinion de M. Deshayes était fondée , a classé sous
ce titre de Lamarck les espèces de Syndosmyes qu'il avait recueil-
lies en Sicile. Par la composition des caractères de la charnière
du 4^ groupe ci-dessus . on pourra s'assurer si l'opinion de ces
deux naturalistes est fondée. En consultant notre monographie
des Érycines, on verra également si les espèces de ce genre
de Lamarck ont la moindre analogie avec les Ligules de
Montagu.
Lamarck , Turton , MM Macgillivray, Fleming et autres sa-
vants conchyliologues , peu satisfaits sans doute de la singulière
composition de ce genre Ligule, ne l'ont pas adopté et en ont ré-
parti les espèces dans d'autres. Mais , à part une , l'association
qu'ils ont fait subir aux autres n'est pas plus satisfaisante. Les
trois premiers les ont placées dans les Anatines et les Amphi-
desmes , dont elles sont bien distinctes ; M. Fleming leur enlève
le nom de Ligule pour les couvrir de celui d'Amphidesme. Puis-
que ce' changement n'apportait aucune amélioration , autant va-
lait-il accepter le genre de Montagu.
Si ces classements n'ont pas reçu l'approbation des auteurs ,
d'autres savants ont essayé avec plus de succès de porter la
lumière dans l'appréciation des caractères des coquilles de
Ligule.
Leach , le premier, comprit parfaitement bien que les Ligula
pubescens et distorta devaient être séparées des autres Ligules,
parce que les caractères de forme et de position du cuilleron
sur la coquille ne correspondaient en aucune façon à ceux que
l'auteur attribuait à son genre, c'est pourquoi il les réunit sous
le nom de Thracie , admis par tous les auteurs. Il comprit aussi
que la conformation et la position du cuilleron dans les Ligula
compressa, Boysii, tennis et prismatica , accompagné^ non
pas seulement d'une dent, mais d'une sur une valve , de deux
sur l'autre , et , sur le plus grand nombre, de dents latérales non
TRAVADx iNKurib, ivî^. 383
mentionnées dans la caractéristique de iMonlagu, ne permettaient
pas de Jes laisser plus longtemps associées aux Ligules , et en
composa son genre Abra,
Bien que ce nouveau genre de Leach n'ait pas été adopté , il
ne faudrait pas en conclure que les conchylioîogues aient voulu
considérer les espèces qui en faisaient partie comme représen-
tant les véritables Ligules , après l'exclusion de celles formant le
genre Thracie ; car ce serait encore une erreur. Les véritables
motifs de cette non-acceptation sont : l^que Leach n'en a publié
les caractères autrement que dans un manuscrit conservé pro-
bablement dans quelque endroit secret du Musée de Londres;
2° et ensuite, parce qu'il y associait deux groupes génériques,
distincts par les coquilles et les animaux. Ainsi , par exemple,
Lamarckqui a mentionné pour la première fois ce nom d^Ahra ,
classe une des espèces dans la seconde section de ses Lutraires ,
et les autres dans ses Amphidesmes.
Cuvier n'adopta pas ce même genre Abra , et ne crut pas que
la Ligula compressa fût le type du genre Ligule de Montagu ;
au contraire, il la fit servir de type à ses Lavignons. Ce genre de
Cuvier, caractérisé par la coquille , et au moyen de quelques
particularités remarquables de l'animal, particularités qui le rap-
prochent des Tellines, circonscrit dans des limites plus exactes ,
méritait d'être adopté. Ce qui justifie encore que la Ligula com-
pressa ne devait pas être inféodée invariablement au genre de
Montagu , c'est que , depuis la publication du supplément de
l'ouvrage de cet auteur, d'autres l'en ont séparée. De ce nombre
sont ; 1" Schumacher, qui peu de temps ou en même temps que
Cuvier, proposa le nom générique de Scrobicularia pour classer
cette coquille de Montagu. Ce genre a été adopté par M. Phi-
lippi ; mais la dénomination ne saurait être reçue par les motifs
que nous avons Tait connaître ailleurs. 2® Turton proposa à son
tour, et dans le même but , le nom de Listera. 3" Partisans des
droitsde Cuvier, M. A. dOrbigny et Nous avons adopté le nom de
Lavignon , que nous avons rendu en latin par Lavigno ; de leur
côté , xMAI. Potiez et Michaud ont nommé le genre Lavignontis.
Quelle que soit celle de ces dénominations qu'on préférera par
la suite, il nous paraît certain que la Ligula compressa de Mon-
tagu ne peut servir de type au genre de ce dernier auteur.
Les Ligula L'oysii , tenuis et prismatica ayant , comme nous
Tome VIII. Année 184 5. 25
384 REVDK zooLOGiguE. {Octobre 1845.)
l'avons vu plus haut , la charnière plus compliquée que toutes les
autres espèces de Ligules rassemblées par Montagu dans son
genre , nous avonsdii les en extraire ainsi que des Ahra^ et les
grouper sous un titre nouveau, celui des Syndosmya.
Quant à la Ligula prœtenuis , nous ne sachions pas que Leach
ait songé un seul instant à la détacher du genre Ligule. Ne se-
rait-ce pas parce quMl la considérait comme possédant, seule et
mieux qu'aucune autre, le caractère principal du genre, la dent,
creuse ou cuilleron faisant saillie à l'intérieur des valves? Ce
qui vient encore nous confirmer dans cette opinion , c'est que :
l'» Montagu l'ayant placée en tête de son genre, semble avoir voulu
la mettre ainsi plus en relief que les autres , dans le but de faire
comprendre qu'il la prenait pour type de ses Ligules ; 2° et en-
suite, la périphrase suivante, inscrite par l'auteur dans le»
préambules de son genre. « Le docteur Petiver a heureusement
dénommé une des espèces charnière en cuiller ; » et , véritable-
ment, aucune autre n'a la dent en cuilleron correspondant mieux
à cette expression de charnière en Spoonshaped inventée par
le savant pharmacien et auteur du Gazophylacium naturœ et
artis , que la Chama prœtenuis de Petiver (Zf^w^a prœtenuis
Montagu). En effet , cette dent s'étend plus à l'intérieur des
valves , et se détache mieux du bord cardinal que sur aucune
autre Ligule, et, en cela, justifie parfaitement l'expression dont
on s'est servi pour la caractériser.
En résumé , il nous paraît résulter de ce qui précède : l® que
dans l'état actuel de la Conchyliologie , le genre Ligule de Mon-
tagu devait être réformé aprèsexamen ; 2° qu'en voulant conser-
ver un genre Ligule , il était nécessaire de prendre pour type,
après l'avoir démembré, l'espèce la plus en rapport avec la pre-
mière partie de la caractéristique de Montagu , et non de la se-
conde, qui est moins importante. En admettant ces conclusions ,
il devient hors de doute que , comme parmi les espèces de
Ligules , les unes ont servi à former les genres Thracie et Lavi-
gnon , on ne pouvait opter qu'entre la Ligula prcptenuis et celles
dont nous avons formé le genre Syndosmye. Or, nos Syndosrayes
s'éloignent tellement des caractères du genre Ligule, qu'elles ne
pourraient en aucun cas le représenter à la pensée, tandis que la
Ligula prœtenmn rappellera toujours non-seulement.le princi-
pal caractère de ce genre , mais encore qu'elle lui a servi de type.
ANALYSES DOUVRAGES ÎSOCVEADX. 385
C'était^ comme nous l'avons déjà dit, l'opinion de Leach, autant
qu'on peut en juger par le silence qu'il a gardé sur cette espèce,
en isolant les autres ; et c'est aussi la nôtre ; 3° Enfin . qu'en
adoptant une opinion contraire à celle qui découle naturelle-
ment de l'exposition des faits, MM Cray et Philippi n'avaient
probablement pas étudié suffîsamiiient la question, et s'étaient
plutôt détermin< s à ce choix d'une façon en quelque sorte arbi-
traire , que par des motifs appuyés sur des preuves.
Ce genre ne se compose jusqu'à présent que des Ligula prœ-
tennis, Montagu [Chama prœtenuis Petiver) , Mya declivis
Mont {^nalina declivis Turton), et de VAnatina oblonga, Phi-
lippi.
(La suite auprochain numéro.)
II. ANALYSES D'OUVRAGES NOUVEAUX.
Anatomie de V Ampullaria urceus et sur le genre Lanistes
(Montfort) , par le docteur F. -H. Troschel. ( Archiv fiir Na-
turgeschichte, vonW. F. Erichson. Berlin, 1845, p. 197.)
On sait que les Ampulîaires vivent dans les fleuves des pays
chauds, et que. dans la saison chaude, pendant laquelle ces
fleuves sont tout à fait desséchés, elles restent enfermées des
mois entiers dans la vase endurcie , sans avoir une goutte d'eau.
Pourtant elles continuent de vivre enfermées dans leur coquille
qui est munie d'un opercule.
Elles doivent cette propriété à ce qu'elles jouissent d'une
double respiration , branchiale et pulmonaire; ce qui a déjà été
démontré par MM. d'Orbigny et Quoy et Gaymard.
I. Notions anatomiques. — 1" Tentacules ; pédicule oculaire.
— A la tête on trouve une masse musculaire ayant à son centre
une ouverture qui conduit dans la bouche. De chaque côté s'é-
tend un prolongement conique dont la pointe paraît être un peu
mobile ; quelques naturalistes regardent ces pointes comme une
paire de tentacules ; chacune d'elles , en eff'et , reçoit son nerf du
ganglion supérieur de la commissure buccale. Derrière ces pro-
longements sont situés les palpes véritables, recevant aussi leur
nerf du même ganglion. Ils sont coniques, pointus, rétractiles,
mais ne se reployent pas en doigt de gant. A la base de chacun
de ces palpes on trouve un tubercule arrondi , pins volumineux.
386 REVUE ZOOLOGIQUE. [Octobve 1845. )
supportant un œil noir, couvert par la peau. A côté et en dehorîf
du palpe gauche est situé un appendice musculaire , dont les
bords aplatis sont repliés vers le haut, de manière à se toucher
presque : c'est là le tube respiratoire contracté. Ce tube respira-
toire manque complètement à quelques espèces de l'Amérique
du Sud. (D'Orbigny.)
Du côté droit, au point qui correspond à celui-ci , il n'y a pas
de tube respiratoire, mais une large échancrure peu profonde,
qui peut être considérée comme une indication d'un tube ; l'anus
s'ouvre directement sur cette échancrure que Guilding consi-
dère comme chargée de l'introduction de l'eau et de l'expulsion
des excréments. Au côté droit, dans la cavité branchiale est un
organe ayant la forme d'un appendice musculaire creusé d'une
rigole enveloppant un cordon blanc qui est le pénis. Les organes
de la génération étant peu développés , l'auteur ne s'en occupe
pas davantage.
2" Cavité branchiale et branchies. — Transversalement au-
dessus de la tète , se voit le bord libre du manteau ; il correspond
en même temps au bord libre de la coquille, et limite en haut
rentrée de la cavité branchiale, qui est une large ouverture entre
la tète et le bord précédent du manteau. Au fond de la cavité
branchiale , à partir de la base du pénis , est étendu transver-
salement de droite à gauche un seul feuillet branchial. Il est
formé de lamelles foliacées.
3 " Cavité pulmonaire. — Du côté gauche , au plafond de la
cavité branchiale , au-dessus du tube respiratoire gauche , existe
uïie grande ouverture entourée d'un bourrelet membraneux.
Cette ouverture conduit dans une large cavité qu'on trouve dans
le plafond de la cavité branchiale. Devant cette ouverture existe
une épaisse valvule musculeuse , presque triangulaire, qui sert
évidemment à fermer l'ouverture. Son bord libre est garni d'une
rangée de petites folioles fines qui lui donnent un peu l'aspect
d'une branchie ; aussi Quoy et Gaymard l'ont appelé 2* branchie
rudimentaire. La cavité même dans laquelle conduit cette ou-
verture est peu profonde , mais presque aussi longue et aussi
large que la cavité branchiale. Sur ses parois supérieure et infé-
rieure se ramifient des vaisseaux, comme dans la cavité pulmo-
naire des Lynnées : c'est la cavité pulmonaire.
4o Péricarde , cœur et vaisseaux. — Au côté gauche de l'ani"
ANALYSES d'oUVRAGES NODVEADX. 387
mal , derrière et à côté de la cavité branchiale , au-dessus d'un
large œsophage , est situé \c péricarde. Il renferme le cœur, qui
est fixé seulement sur ses deux extrémités: l°à l'oreillette par un
conduit court et étroit; 2^ à l'aorte, qui se détache de sa pointe.
Dans l'oreillette se déchai-gent deux troncs veineux principaux.
L'un fait presque tout le tour de la cavité branchiale , il est très-
large ; et immédiatement au-dessous de lui se trouve la branchie
dont il reçoit tous les vaisseaux. C'est par conséquent la veine
branchiale. Néanmoins il reçoit en outre des vaisseaux des parois
supérieure et inférieure de la cavité pulmonaire.
La paroi inférieure de la cavité pulmonaire est traversée par
un gros tronc, dans lequel se réunissent les vaisseaux volumi-
neux qui rampent dans cette paroi. C'est la veine pulmonaire.
Elle va s'ouvrir dans l'oreillette, à côté de la veine branchiale.
Les vaisseaux qui s'abouchent dans la veine pulmonaire ont aussi
des communications immédiates avec la veine branchiale , de
sorte que la veine branchiale se laisse remplir par l'air soufflé
dans la veine pulmonaire. Une fente conduit de l'oreillette dans
le ventricule; elle est munie de deux valvules saillantes dans le
ventricule, qui empêchent au sang de rentrer dans l'oreillette au
moment de la systole ventriculaire ; elles empêchent même le
reflux de l'air qu'on pousse dans le ventricule.
L'aorte se bifurque presque immédiatement après sa nais-
sance ; ses deux branches se dirigent en sens inverse ; de sorte
qu'elles figurent un large vaisseau transversal, communiquant
avec le cœur par un canal très-court. A l'origine de ce canal se
trouve une valvule qui empêche la rentrée du sang dans le cœur.
La branche de Paorte qui se dirige à droite se renfle en une
vésicule assez consistante qui est aussi renfermée dans le péri-
carde ; sa paroi interne est lisse en bas et mamelonnée vers le
haut. Ses fonctions sont inconnues. Les branches de l'aorte ne
peuvent pas être poursuivies très-loin.
5" Hein. Cet organe est situé dans la cavité branchiale tout
près du cœur, à côté de la veine branchiale dont il reçoit im-
médiatement un grand nombre de petits vaisseaux.
L'auteur ne dit pas si ces vaisseaux portent le sang artériel de
la veine branchiale dans l'organe, dans ce cas ils représenteraient
des artères ; ou bien s'ils versent dans la veine branchiale du
sang veineux venant de l'organe en question . La première opinion
388 RKVDE zooLOGiQUE. {Octobre 1845.)
semble la plus probable , si l'on se rappelle que, d'après Trevira-
nus, chez les Limax et Hélix, une partie du sang des veines pul-
monaires, avant d'atteindre l'oreillette , va gagner l'organe sécré-
teur de l'acide urique [saccus calcareus) . Ces faits méritent d'être
rapprochés de celui qui a été signalé par Bojanus dans les Acé-
phales testacés ; chez eux , en effet, tout le sang veineux arrive
aux branchies ; mais , avant d'y arriver il traverse un organe
creux situé près de l'oreillette ; puis au sortir de cet organe , le
sang va en très-grande partie aux branchies , mais cependant une
très- petite portion va directement à l'oreillette sans aller aux
branchies. Cet organe creux que Bojanus regardait comme un
poumon est considéré maintenant comme un rein , parce qu'il
est muni d'un conduit excréteur.
Le rein des Ampullaires est traversé dans le sens de sa lon-
gueur par un conduit , à la face interne duquel sont soudées
beaucoup de lamelles régulières. L'auteur de ce mémoire dit
qu'il est très facile de poursuivre le conduit excréteur de cet or-
gane , à cause de la grosseur de l'animal ; il chemine le long du
rectum et s'ouvre à côté de l'anus ; mais il ne dit pas si ce con-
duit excréteur fait suite à celui qui traverse le centre de l'or-
gane. Cuvier considère cet organe comme organe muqueux, mais
on y a nouvellement démontré la présence de l'acide urique ; il
doit donc être considéré comme un rein. Troschel est porté à
croire qu'il secrète le mucus qui enduit les Gastéropodes , mais
que ce mucus est identique par sa composition chimique à l'urine
des autres animaux.
6° Système nerveux. Il est très-développé. De chaque côté de
la masse buccale se trouve un ganglion principal ; par en haut
ils sont unis entre eux au moyen d'un gros cordon qui passe par-
dessus la masse buccale. En bas ces ganglions communiquent ,
par deux gros et plusieurs petits filets , avec deux ganglions vo-
lumineux situés près l'un de l'autre sous le pharynx. Ces deux
derniers ganglions communiquent entre eux par de nombreux
filets. Ces quatre ganglions et leurs filets de communication for-
ment le premier anneau pharyngien. Un deuxième anneau ner-
veux exi'ste autour du pharynx , au niveau des glandes salivaires ;
il communique au-dessous du pharynx avec des nerfs qui pro-
viennent de l'anneau pharyngien le plus antérieur.
Les ganglions supérieurs du premier anneau donnent chacun
ANALYSES d'oDVHAGKS ^OL■VEAUX. 389
trois filets : un pour le tentacule antérieur, un pour le tentacule
postérieui-, et le troisième pour l'œil. Des ganglions- inférieurs du
premier anneau pharyngien part de chaque côté en arrière un
filet nerveux. Ces filets , celui de droite comme celui de gauche,
peuvent être suivis dans l'épaisseur de la couche musculaire qui
limite en bas la cavité du corps, et aboutissent à un ganglion
situé près du cœur. Le nerf de gauche donne dans ce trajet un
filet au tube respiratoire, et un à la valvule qui ferme la cavité
pulmonaire. D'autres filets insignifiants s'en détachent çà et là ;
il en est de même à droite. Enfin il naît encore du ganglion in-
férieur droit de l'anse pharyngienne un gros nerf, dont une
branche va dans l'organe qui loge le pénis , et l'autre se perd à
la base du pénis même.
7» Masse buccale et langue. Derrière l'ouverture extérieure
de la bouche est située la masse buccale charnue (masse charnue
de Cuvier). En avant et au dessus d'elle est située une mâchoire
cornée d'une grosseur remarquable. La forme de cette mâchoire
s'écarte complètement de celle de la plupart des Gastéropodes
pulmonés munis de mâchoire , et rappelle davantage celle des
Gastéropodes turbines (Trochoïdes).
La présence de cette mâchoire chez les Ampullaires les éloigne
beaucoup des Paludines et des Valvées , qui n'ont que deux mâ-
choires rudimentaires latérales microscopiques, composées par
de petites écailles.
Au-dessous de cette mâchoire est située la partie antérieure de
ce qu'on appelle la langue. Elle existe chez tous les Mollusques
céphalés et manque chez les Acéphales. Ici , comme chez tous les
Mollusques où elle existe , elle repose sur deux cartilages mobiles
placés l'un à côté de l'autre; ils sont unis entre eux par une mem-
brane et par beaucoup de muscles.
La langue est très-grosse chez les Ampullaires , et se rapproche
pour sa forme et son armure de celle des Paludines ; mais elle
diffère beaucoup de celle des Pulmonés. Sa surface est munie de
dents aplaties, placées en séries transversales et longitudinales
très-régulières. Chaque série transversale est tellement identique
à celle qui la suit ou la précède, qu'il suffît d'en connaître une
pour avoir une idée de toute la langue. Chaque série transversale
est formée de sept plaques dentaires pointues , de sorte que
l'ensemble de la langue présente sept séries longitudinales
390 REVUE ZOOLOGIQUE. {Octobrc 1845.)
de plaques dentaires. Celle du milieu (plaque moyenne) est
la plus large ; elle appuie par son extrémité postérieure sur
la portion membraneuse de la langue , et elle est recourbée de
telle sorte que son bord supérieur libre est dirigé en bas. Ce bord
présente une grosse pointe moyenne et de chaque côté deux plus
petites. A droite et à gauche de la plaque moyenne, s'en trouvent
deux autres ( plaques intermédiaires) ; elles sont plus étroites, se
recourbent de même en arrière , mais en même temps aussi en
dedans ; elles ont également vers leur bord libre trois saillies
arrondies , dont la moyenne est la plus grosse , et la plus exté-
rieure la plus petite. Les deux séries les plus externes ( plaques
latérales) sont plus étroites ; elles sont couchées presque trans-
versalement, de manière que la plus externe couvre en grande
partie celle qui est à son côté interne , et celle-ci couvre en par-
tie la plaque intermédiaire sa voisine ; leur pointe est obtuse et
recourbée en arrière.
8° Intestins. Derrière la masse buccale , qui renferme l'or-
gane masticateur dont il vient d'être question, se trouve l'œso-
phage. 11 est étroit d'abord , très-large ensuite, et forme deux
dilatations avant d'arriver à l'estomac. Derrière la masse buccale,
à Torigine de l'œsophage , s'abouchent les deux glandes salivaires,
par des conduits excréteurs très-courts. L'estomac estsphérique,
mince, mais résistant. L'intestin s'en détache près de l'endroit où
s'abouche l'œsophage, de là il forme de nombreuses circonvo-
lutions dans le foie , s'élargit pour former le rectum , qui suit le
trajet de la branchie et s'ouvre dans l'anus à côté du pénis. L'in-
testin et l'estomac adhèrent fortement au foie , au moyen des
nombreux canaux biliaires que ce dernier leur envoie.
II. Classification. Cuvier s'est surtout servi des modifications
des organes respiratoires pour classer les Gastéropodes. D'après
cela , on devrait considérer les Ampullaires comme faisant la
transition entre les Gastéropodes pulmonés et les Pectinibran-
ches , puisqu'elles respirent à la fois par des poumons et par des
branchies. D'autre part, le reste de leur organisation les rap-
proche des Pectinibranches. Ainsi , ils ont un opercule , les
sexes séparés , et leurs parties buccales s'éloignent tout à fait du
type des Gastéropodes pulmonés , tandis qu'elles se rapprochent
davantage de celles des Paludines.
Parmi les Gastéropodes pulmonés, il y a aussi une forme de
ANALYSES d'oDVRAGES NODVEATIX. 391
transition , ce sont les Cyclostomes ; il est vrai qu'ils n'ont que
des poumons et pas de branchies ; mais ils ont aussi un oper-
cule , les sexes séparés , et leurs parties buccale^ ressemblent à
celles des Pectinibranches. Rang, dans son Manuel , séparait les
Hélicines et les Cyclostomes comme ordre particulier , Pulmonés
operculés ( Férussac ) , et d'Orbigny, reconnaissant l'affinité des
Ampullaires et des Cyclostomes , mettait les Ampullaires parmi
les Pulmonés.
Le genre Cyclostome trouble les idées qu'on se fait des Pulmo-
nés et des Pectinibranches, car il a les poumons des premiers ,
mais déjà modifiés , puisque la forme de son ouverture se rap-
proche de celle de la cavité branchiale des Pectinibranches ; pour
tout le reste, au contraire, il appartient aux Pectinibranches.
Les Ampullaires, de leur côté, à cause de leurs poumons et de
leurs branchies réunis , troublent la distinction tranchée des Pec-
tinibranches et des Pulmonés , puisqu'elles ont les poumons de
ces derniers et l'organisation des premiers pour tous les autres
organes.
Ces raisons rendent indispensable la réunion des Cyclostomes
et des Ampullaires en Un sous-ordre particulier, qui sera placé
entre les Pulmonés et les Pectinibranches. Pour ne pas créer de
noms nouveaux, Troschel leur laisse la dénomination de Férus-
sac :
Sub ordo. Pulmonata operculata.
Tous ont une respiration aérienne dans une cavité pulmonaire
particulière ; coquille contournée , operculée ; parties buccales
disposées d'après le type des Pectinibranches.
Familiœ.
1. CyclostomiD;E. Ils vivent sur terre; respiration purement
aérienne ; sexes séparés ; possèdent deux tentacules, à la base et
en dehors desquels se trouvent les yeux. Elle renferme les genres
Cyclostoma (Lam.) ; Steganotoma (Troschel) ; Pupina (Vign.) ;
Ilelicina (Lam.).
2. Ampullacerid^e. Ils vivent dans l'eau; respiration pure-
ment aérienne ; hermaphrodites ; pas de tentacules ; les yeux ne
sont pas pédoncules. Cette famille ne renferme que le genre
AmpuUacera (Quoy). Cette famille est douteuse , l'hermaphro-
disme les éloigne de cet ordre ; l'opercule les place ici. Quoy et
Gaimard ne font pas mention des organes buccaux.
392 REVUE ZOOLOGIQUE. {Octobve 1845.)
3. Ampullariad^. Vivent dans l'eau ; respiration à la fois pul-
monaire et branchiale ; sexes séparés ; quatre tentacules ; les
yeux sont à la base et en dehors du tentacule postérieur. Genre
Ampullaria (Lam.).
III. Sur le genre Lanistes (Montf'ort). Parmi les Ampullaires
envoyées de la Mozambique par Peters , on en trouve une con-
tournée à gauche. Les dissections qu'en a faites Peters montrent
une différence anatomique qui doit la séparer des Ampullaires
vraies. Elle a bien des poumons et une branchie faits d'après le
même type; mais la branchie , au lieu de s'étendre transversale-
ment au fond de la cavité branchiale , comme chez les Ampul-
laires, se dirige d'avant en arrière, adhérant au milieu de la
paroi supérieure de la cavité branchiale. L'entrée dans la ca-
vité pulmonaire est à gauche , comme dans l'Ampullaire , quoi
que , d'après le contournement de la coquille vers la gauche ,
on devrait la soupçonner à droite.
La langue est composée de sept séries longitudinales de plaques
dentaires , dont la moyenne et les intermédiaires sont crénelées,
quoique un peu différentes de celles de l'Ampullaire ; mais cha-
cune des quatre plaques latérales se termine par deux pointes ,
dont l'interne est plus petite que l'externe. Ces détails peuvent
suffire pour démontrer ici la nécessité d'une division générique.
Cette nouvelle espèce de Peters est contournée à gauche et a
un opercule corné.
VAmpullaria guina/ica (Lam.j, pareillement contournée à
gauche, est très-semblable à VAmpullaria carinata Lam. ( La-
nistes carinata Montfort) , par sa spirale moins allongée; de
sorte que ces trois espèces doivent évidemment appartenir à un
même genre. Le nom de Lanistes leur appartient naturellement,
et Troschel croit devoir y placer toutes les Ampullaires tournées
à gauche ; de sorte que le genre Lanistes se rapporte au genre
Ampullaria comme le genre Physa au genre Lymneus. Au
genre Lanistes Montf.) appartiennent les espèces suivantes :
1. Lanistes carinata, Montf. Ampullaria carinata, Lam.,
Deshayes, t. VIII, p. 536. Lanistes carinata, Montf., Con-
chyl. 11. — Elle se distingue par ses trois carènes ; l'une est rap-
prochée du large et profond ombilic ; la deuxième suit le milieu
des contours , mais se perd presque tout à fait sur la dernière ; la
troisième n'est visible que sur les contours de la spire , et est
ANALYSES d'oDVRAGES NOUVEAUX. 393
proche du raphé. Cette espèce a la spire la moins étendue de
toutes, et Tombilic le plus large. Son diamètre transversal sur-
passe de beaucoup le diamètre longitudinal. Habite l'Egypte dans
le Nil.
2. Lanistes nilotica, Troschel. AmpuUaria nilotica, Swain-
son, Zool. 111. Sec. ser., Vol. I, PI. 38, Fig. 2. — Elle est très-
voisine de la précédente , à cause de son ombilic ouvert, pour-
tant un peu plus étroit , dont le bord est , dit-on , obtusément
caréné. Aucune carène n'est accusée au dehors. Le diamètre
transversal , d'après la figure, ne dépasse pas beaucoup le dia-
mètre longitudinal. L'embouchure occupe les trois quarts de la co-
quille. Elle est d'un vert olive. Habite le Nil.
3. Lanistes guinaica, Troschel. Ampullaria guinaica, Lam.,
Desh., t. VIII ^ p. 535. — Elle n'a pas trace de carène. Son om-
bilic , quoique encore grand , est un peu plus étroit que dans
l'espèce précédente , et la spire est plus allongée , de sorte que
l'embouchure occupe les deux tiers de la longueur de la coquille ;
cette dernière est largement arrondie à sa base. L'opercule a ,
comme dans les autres espèces, exactement la forme de l'em-
bouchure ; il est chargé de stries concentriques à la columelle ;
il est mince , d'aspect corné , transparent. Le diamètre longitu-
dinal atteint de près le diamètre transversal.
Couleur verdâtre , avec une large bande brune peu marquée
sur le milieu des contours. A la loupe on voit que la coquille est
parsemée de petits points saillants. Grandeur, 1 pouce 1/2. Habite
la Guinée , d'après Chemnitz et Lamarck.
4. Lanistes subcarinata , Troschel. Ampullaria subcarinata^
Swainson, Zool. 111. Sec. ser., t. l, p. 38 , fig. 1. — Diffère des
autres par sa forme sphérique ; sa bouche arrondie, peu courbée
à la base , qui occupe plus des trois quarts de la longueur de la
coquille. Ombilic plissé, étroit , et plusieurs lignes brunes étroites
sur lé milieu des contours. Habite le Congo.
5. Lanistes ovum , Peters. Nov, sp. — Spire très-allongée , de
sorte que le diamètre transversal égale à peine les quatre cin-
quièmes du diamètre longitudinal. Elle est à peu près oviforme.
Ombilic plus étroit que dans l'espèce précédente ; néanmoins il
est encore très ouvert. Du reste, la coquille est tout à fait sans
carène , lisse et brillante. Opercule un peu plus étroit que dans
la Guinaica. Couleur d'un vert olive, sans bandes. Grandeur,,
394 REVUB zooLOGiQDE. {Octobve 1845,)
1 pouce 3/4. Habite Mozambique. Découverte par le docteur
Peters.
6. Lanistes intort a , Troschel. Amyullaria intor t a, Lam.^
Desh., t. VIII, p. 541. — Elle diffère de la précédente par ses
bandes évidentes et son moindre volume. Longueur 9 lignes.
Patrie inconnue. Africaine probablement.
7. Lanistes purpurea, Troschel. Ampullaria purpurea
(Jonas) Wiegm. Archiv., 1839, p. 342, pi. x, fig. 1. Bulimus
iristis (Jay) Catal. et. New-York, 1839, pi. 7, fig. 1, p. 121.— C'est
celle dont la spire est la plus allongée , de sorte que la largeur
est à la longueur : : 2 : 3. Sa forme est semblable à celle des
Bulimus. L'ombilic est très-petit et se restreint à une fente étroite.
Pas de carène. Opercule plus étroit que dans le L- ovum. Cou-
leur brune , pourprée à l'intérieur de l'embouchure. Longue de
plus de 2 pouces. Habite Madagascar. (Ch. R.)
III. SOCIETES SAVANTES.
ACADÉMIE ROYALE DES SCIENCES DE PARIS.
Séance du 6 octobre 1845. —M. Muller, en remerciant l'A-
cadémie, qui l'a nommé correspondant , adresse l'extrait d'un
mémoire sur les différences fondamentales qu'il a trouvées dans
la structure du larynx de divers genres et familles d'oiseaux de
l'ordre des passereaux ou oiseaux chanteurs , observations qui
ont un intérêt varié sous les points de vue anatomique , physio-
logique et zoologique. La classification des passereaux n'étant
pas encore basée sur la connaissance des familles naturelles et
des caractères anatomiques des genres , les différences typiques
de l'organe de la voix , dont je donne connaissance , pourront
servir à établir les vraies familles et leurs affinités naturelles.
M. P^ogt adresse quelques Observations sur l'embryologie des
Actéons. — Il a vu l'accouplement de ces mollusques ; il a as-
sisté à leur ponte , et a suivi d'heure en heure les changements
qu'éprouve l'œuf pendant la durée d un mois. Après avoir indi-
qué la forme des divers organes à mesure de leur apparition ,
M. Vogt dit que , presque trente jours après la ponte , ces em-
bryons n'ont pas encore de cœur. Ceci est souligné avec soin
dans la communication.
M. Vogt a vu la ponte d'une Balane qu'il avait placée vivante
SOCIÉTÉS SAVANTES. 395
dans un bocal plein d'eau de mer. Cet animal a pondu ,80us ses
yeux , une quantité prodigieuse de petits qui sortaient avec le jet
d'eau que la Balane poussait dans le moment de chaque expi-
ration. Les jeunes Balanes avaient un seul œil frontal et trois
paires de pattes à rames natatoires, dont les deux dernières
paires étaient divisées chacune en deux branches. Elles ressem-
blaient entièrement à des Crustacés du prenre Cyclope.
Séance du 13 octobre. — M. /. Geoffroy Saint-HUaire lit
un Rapport sur un ouvrage de M M. Joly et Lavocat , intitulé :
Recherches historiques, anatomiques et paléontologiques sur la
Girafe.
Comme nous avons donné une idée de cet important ouvrage
dans un précédent numéro de cette Revue , nous nous borne-
rons à dire que le rapport du savant académicien est favorable
et fait réloge du travail des deux naturalistes de Toulouse.
M. Geoffroy Saint-Hilaire a fait ressortir, avec tout le talent qu'on
lui connaît , l'importance et la valeur des travaux qui ont été
soumis à son examen.
M. Guérin-Méneville lit une Note sur les Acariens , les Myria»
podes, les Insectes et les Helminthes observés jusquHci dans les
pommes de terre malades.
Nous avons été chargé , par la Société royale et centrale d'a-
griculture d'étudier les animaux que M. le docteur Rayer a
trouvés dans les pommes de terre malades , afin de rendre plus
complets les documents que M. le ministre du commerce et de
l'agriculture a demandés à cette Société relativement à la mala-
die qui règne cette année sur les pommes de terre. Nous pensons
que la présence de ces animaux n'est que la conséquence de
l'altération des pommes de terre et non sa cause : ils se sont dé-
veloppés dans ces tubercules parce que ceux-ci et la plante en-
tière , rendus malades par les froids du printemps et l'humidité
constante qui a régné cette année , leur ont offert un sol conve-
nablement approprié à leuis mœurs , un sol garni de crypto-
games dont ils se nourrissent , présentant un connnentement
de fermentation propre à faciliter le développement de leurs
germes, etc.
■Les Acarides appartiennent à deux genres distincts et forment
deux espèces nouvelles que nous nommons Glyciphagus fecu-
lorum et Tyroglyphus feculœ. Nous les avons établies d'après
les dessins de M. Rayer que nous croyons très-exacts.
396 lŒvuE ZOOLOGIQUE. {Octobve 1845.)
Nous avons déterminé un Myriapode, VIulus (Blaniulus) gui-
tulalus , un Coléoptère brachélytre du genre Calodera , une
larve de Brachélytre , une larve de Coléoplère fongicole encore
inconnue, un Trichopteryx rugulosa ^ une \aLi\e de Taupin ,
découverte par M. Royer, inspecteur d'agriculture ; un Diptère
nouveau , la Limosina Payenii , deux larves de iMuscides , une
larve de diptère , peut être d'une Tipulaire , et un Helminthe
du genre Rhàbditis qui , d'après les dessins de M. le docteur
Kayer, doit former une espèce nouvelle que nous nommons
Bhabditis feculorum.
Séance du 20 octobre. — M. Coste lit la première partie d'un
mémoire ayant pour titre: Recherches sur les premières modifi-
cations de la matière organique et sur la formation des cellules.
C'est un travail très-important à nos yeux , car il tend à
mettre un terme à cet esprit aventureux qui guide certains na-
turalistes de notre époque, et leur iàit découvrir , sans le se-
cours de l'observation directe, de ces lois naturelles qui fe-
raient la gloire d'un savant , si elles étaient le fruit de re-
cherches consciencieuses et par conséquent l'expr-ession de la
vérité.
Nous ne savons comment qualifier ces hommes hardis qui
croient avoir du génie quand ils ont une idée extraordinaire, à
l'aide de laquelle ils viennent imperturbablement expliquer les
phénomènes les plus cachés de la vie des êtres. Beaucoup , il est
vrai , sont mus par un esprit de charlatanisme qui les pousse à
produire de l'effet à tout prix , et ils arrivent promptement à
une position qu'on ne peut plus leur retirer , quand on reconnaît
qu'ils ont trompé le public savant. D'autres, non moins nom-
breux , surtout en Allemagne , et qui sont probablement de
bonne foi , appliquent à un règne une loi naturelle bien consta-
tée dans un autre , et partent de là pour asseoir une théorie
nouvelle très-générale surtout , à l'aide de laquelle ils expli-
quent avec la plus grande facilité des choses que l'on regardait
comme les secrets de la nature. Nous pensons que cette classe
de savants est plus à plaindre qu'à blâmer, car il est évident
que ces hommes ont travaillé sous l'influence d'une surexcitation
cérébrale, et que ce qu'ils croient du génie est, chez eux , un état
du cerveau qui peut être considéré comme intermédiaire entre
la santé et la maladie.
SOCIÉTÉS SAVANTES. 397
C'est une de ces conceptions dites ingénieuses que M. Coste
s'est attaché à vérifier ; il a prouvé par le raisonnement et sur-
tout à l'aide de l'observation , que la théorie allemande, dont le
caractère fondamental consiste dans la succession de quatre pé-
riodes distinctes qui devraient toujours composer l'évolution
de chaque cellule animale, n'est pas confirmée par l'observation.
Il démontre que lorsqu'on cherche les faits qui servent de base à
une théorie si radicalement exclusive , on éprouve le double
étonnement de ne rencontrer dans les auteurs qui l'ont conçue
aucun exemple dont on ne puisse sérieusement contester la va-
leur, et de ne point trouver dans la nature ces preuves abon-
dantes qui font prévaloir un système ou laissent du moins sub-
sister sa formule , comme la fidèle expression de la plus nom-
breuse catégorie.
Il nous est impossible , à cause de l'espace limité dont nou»
pouvons disposer dans cette Revue . de reproduire le travail de
M, Coste, travail rempli de sagesse scientifique , appuyé sur des
observations directes, et exposé avec une grande clarté ; nous ren-
voyons donc nos lecteurs aux comptes rendus de l'Académie des
sciences , dans lesquels la première partie de ce mémoire a été
insérée en entier.
M. Isidore Geoffroy Saint-Hilaire présente , au nom de M. le
docteur Pucheran^ aide-naturaliste de Zoologie au Muséum, un
mémoire sur les caractères généraux des mammifères aqua-
tiques.
Dans ce travail , l'auteur, après avoir exposé les résultats
auxquels sont arrivés sur le même sujet MM. de Blainville et
Isid. Geoffroy Saint-Hilaire, présente un tableau très-détaillé
des observations générales qui lui sont propres sur le nombre
des doigts , le pelage et autres dépendances du système cutané.
1) réserve pour des communications ultérieures l'exposition des
notions qu'il a recueillies sur l'état du squelette, de l'encéphale
et des organes des sens chez ces mammifères palmipèdes.
Le mémoire de M.Pucheran est renvoyé à l'examen de MM.Du-
méril, de Blainville et Isid. Geoffroy Saint-Hilaire.
M. Strauss adresse une réclamation au sujet d^un mémoire
sur le système nerveux des Insectes, présenté dans la séance pré-
cédente par M. Milne-Edwards.
Séance du 27 octobre. — M. Blanchard répond aux observa-
398 RKVDE zooLOGiQDE. [Octobre 1844.)
lions que M. Strauss a faites sur son travail. On sait que les
adeptes de l'école physiologique répondent toujours.
M. Isidore Geoffroy Saint-Hilaire en présentant , au nom de
l'auteur, M. Desmurs, la première livraison de l'/cowo^rap/iie Or-
nithologique, ou Nouveau recueil de planches peintes d'oiseaux
pour servir de suite et de complément aux planches enluminées
de Buffon, et aux planches coloriées de MM. Temminck et
Laugier, donne une idée du but et du plan de ce bel ouvrage ,
dont nous avons entretenu nos lecteurs dans un précédent nu-
méro , en leur en adressant le prospectus.
Cette première livraison montre que l'auteur veut tenir ses
promesses et même aller au delà. Du reste on sait que M. Des-
murs est un naturaliste aussi consciencieux que savant ; qu'il ne
fait pas cet ouvrage dans un but de spéculation de librairie , ce
qui est une garantie pour le public savant.
Errata.
P. 335 , 1. 8 ; au lieu de , la tache aussi foncée , avance; lisez :
la tache ainsi formée s''avance.
— 1. 19; au lieu de, Cuv., lisez : Fr. Cuv.
— 1. 24 ; au lieu de, Platyrhiniens , lisez : Platyrhinins.
1. 33; au lieu de ., chez ces peuples, Visez: dans ces
contrées.
P. 336, 1. 4 ; au lieu de , blanchâtre , lisez : blancs.
— 1. 7 ; effacez bras et
— 1.13; effacez du bras , et
— 1. 14; au lieu de , rougeâtre , lisez : rou:^ marron.
— 1. 27; au lieu de, labratus, lisez : labiatus.
P. 337 ,1. 1 ; au lieu de , gris , lisez : gris jaunâtre.
— 1. 1 et 2 ; effacez qui devient un peu jaunâtre.
— 1. 4 ; au lieu de, avec deux , lisez : avec leurs.
— 1 . 9 ; au lieu de , jaunâtre , lisez : blanc jaunâtre.
— 1. 1 0 ; au lieu de, antérieures, lisez : inférieur s.
P. 365,1. 33; fuscomaculato ; Msex : fusco-maculato ,
— 1. 36 ; rubescenti , lisez : rubescente. — aurelatis., lisez :
annulatis.
P. 366, 1. ^', rubescentibus,']\sez:rubescentibus, — rubescenti,
lisez : rubescente.
— 1. 6; seriato, lisez : tincto.
HUITIBMB AXVMÉB. — NOVEMBRE 184S
TRAVAUX II\EDITS.
Description de sept espèces nouvelles du genre Ptcu^, Linné ^
par M. Alfred Malherbe.
1. P. ( Chloropicus) Pyrrhog aster. — Fœmina? — Fronte ,
vertice, occipite et caudanigris ; pectore , epigaslrio medio ,
ventre medio , uropygioque , sanguineo rubris ; hypochon-
driis, crissoque olivaceo-fusco , albido striato tergo , tectri-
cibusque olivaceo nigricante.
J'ai vu au Muséum britannique un sujet monté de cette espèce
provenant de l'Afrique méridionale et que je crois nouvelle; ce
Pic m'a paru être une femelle.
Bec droit , brun jaunâtre de corne , pieds bruns , tout le dessus
de la tête noir; du haut de l'œil descend une bande blanche qui
va en serpentant jusque sur les flancs ; derrière l'œil et de chaque
côté du menton partent des traits noirs qui sont séparés par une
moustache blanche et qui se réunissent de chaque côté du cou,
puis forment au devant un cercle noir qui borde le blanc du
menton et du cou. La poitrine , tout le milieu de l'épigastre et
du ventre ainsi que le croupion sont d'un beau rouge. Les flancs
et les couvertures inférieures de la queue d'un brun olivâtre
foncé , varié de blanc pur , queue noire ; dos et couvertures des
ailes d'un brun olivâtre , avec quelques légères taches cendrées
sur les tectrices ; rémiges brunes avec des taches blanches assez
étroites sur le rebord externe qui est olivâtre dans les rémiges
secondaires , et de grandes taches blanches sur le bord interne
qui est brun.
Long, tôt., 21 cent. 3 mill. — Du bec , depuis l'angle, 3 cent.
2 mill. — De l'aile, II cent. 7 mill. — De la queue, 8 cent.
— De la partie de queue excédant les ailes, 3 cent. — Du tarse,
1 cent. 9 mill.-
Il existe dans la collection de l'université d'Upsal , en Suède ,
un Pic non décrit jusqu'à ce jour , et que je crois être le mâle de
mon pyrrhogasier, d'après la description et le dessin que M. Sun-
devall , directeur du Muséum de Stockholm , a eu l'obligeance
Tome VIU. Année 1845. 26
400 REVUE zooLOGiQOE. [Novcmbre 18i5.)
de me transmettre. Ce Pic , recueilli à Sierra Leone, en 1794,
par M. Afzelius , diffère de la description que j'ai donnée , en ce
qu'il a le sommet de la tête rouge.
2. P. (Brachypternopicus) Rubropygialis. — Yœm.--Pileo toto ,
nucha, caudaque nigerrimis, pileo rufo-albo parvulum
striato ; tectricibus olivaceis ; auchenio , ter go olivaceù ,
rubro-aurantio saturatis; uropygio cinnamomeOy pectore ,
abdomine nigris , albo-rufo maculatis.
Bec noir , mandibule supérieure légèrement recourbée ; pieds
noirs, front , vertex , occiput et huppe d'un noir profond , mais
les plumes de la tête ayant dans leur milieu une fine raie longi-
tudinale d'un blanc roussâtre ; dos olive , lavé de rouge orangé
et croupion d'un rouge vif; couvertures supérieures de la queue
et queue d'un noir profond; tectrices alaires olivâtres; rémiges
primaires noires , rémiges secondaires olivâtres à leur partie ex-
terne et noires dans leur partie interne et à leur extrémité ; quel-
ques larges taches blanches sur le rebord externe de toutes les
rémiges ; rebord du poignet de l'œil noir ; menton , gorge et
côtés de la tête cendrés ; mais après l'œil , une large bande noire
descend jusqu'à l'aile ; de l'angle du bec part une moustache
noire qui est séparée de la bande noire ci-dessus par une bande
d'un cendré blanchâtre , au milieu de la gorge descend une
étroite bande noire. Lapoitrine et toutes les parties inférieures sont
tapirées de noir profond et de blanc roussâtre , variant de place
sur les plumes.
Long. tôt. d'une femelle montée, 21 cent. 6 mill. — Du bec
depuis l'angle , 3 cent. — De l'aile , 12 cent. 7 mill. — Delà queue,
9 cent. — De la partie de queue dépassant les ailes, 3 cent. —
Du tarse , 2 cent.
Ce Pic a quelque rapport avec le Tiga , mais il est plus petit.
J'ai vu un sujet femelle de cette espèce , que je Vrois nouvelle ,
dans le Muséum Britannique, il provenait du Bengale.
Le mâle a probablement le front , le vertex et l'occiput rouges.
3. P. ( Chloropicus ) Kirkii. — Masc. — Fronte, vertice, occi-
pite et uropygio cinnamomeis ; nucha flavo circum margi-
nata; gutturefusco , albo striato; cor pore toto subtus viridi-
fusco, albo-rufo transversim striato , interscapulio , tergo,
olivaceo-aurato , rubro parvulum striolatis.
Mâle. — Bec droit; front , vertex , occiput , croupion et cou-
TRAVAUX INEDITS. 40t
vertures supérieures delà queue (i'un rouge vif; occiput et côtés
de la nuque bordés de jaune ; région parotidée d'un brun sans
taches; gorge brune avec des mèches blanches, une très-étroite
moustache noire part de la mandibule inférieure et se dessine
sur la teinte blanchâtre qui s'étend jusqu'au-dessous de l'œil.
Toutes les parties inférieures d'un vert brun , chaque plume
ayant dans son milieu une bande transversale d'un blanc rous-
sâtre ; dos et parties supérieures d'un olive à reflets dorés; le dos
rayé longitudinalement de quelques mèches rouges; ailes d'un
brun foncé ; presque toutes les rémiges olivâtres sur leur rebord
externe , et brunes intérieurement , avec des taches blanches ;
couvertures inférieures des ailes blanches , et sur le brun cendré
du dessous des rémiges , on voit de grandes taches blanches, sur
les tectrices petites des ailes, se trouvent une douzaine environ de
petites taches d'un jaune rougeâtre et plusieurs taches rouges;
queue brune , les rectrices du milieu d'un brun noirâtre.
Un sujet, que je crois plus jeune, avait seulement des taches
jaunâtres, sans rouge sur les petites tectrices, et les trois pre-
mières rectrices de chaque côté de la queue avec des taches rous-
sâtres sur leur rebord interne.
Long, tôt., 18 cent. 5 mill. — Du bec depuis l'angle , 2 cent.
5 mill. et 2 cent. 6 mill. — De l'aile , 9 cent. 1 mill. et 9 cent.
5 mill. — De la queue, 6 cent. 3 mill. et 6 cent. 8 mill.— De la
partie de la queue excédant les ailes, 2 cent. 4 mill. — Du
tarse, 1 cent. 5 mill.
J'ai vu au Muséum Britannique deux exemplaires de cette es-
pèce , et je crois que ce sont deux mâles ; ils ont été envoyés de
Tobago par M. Kirk , amateur zélé et instruit. Je leur ai
donné son nom, sur la demande de M. Strickland.
4. P. ( Chloropicus ) Rufoviridis. — Fœm. — Front e et ver tic e
nigris, rufo punctulatis ; occipite , gutture fuscis, nigro
punctulatis , pectore et abdomine^ transversim, nigro, rufo-
viridi etolivaceo slriatis ; cauda nigra ; dorso et teciricibus
alarum viridi-olivaceo fuscis.
Voici la description de deux sujets que j'ai vus au Muséum
Britannique, et qui sont, je crois, des femelles de cette nou-
velle espèce provenant de l'Amérique méridionale.
Fem. — Mandibule supérieure légèrement courbe ; front et
vertex noii-s avec de très-petits points d'un rouge marron, tous
402 HhvuE ZOOLOGIQUE. {Novembrc 1845.)
les côtés de la tète et du cou , l'occiput , la gorge et le devant du
cou d'un roux marron pointillé de noir ; poitrine et parties infé-
rieures rayées de noir , de roux verdâtre et de vert jaunâtre ,'
chaque plume ayant trois bandes noirâtres séparées par deux
bandes d'un roux verdâtre clair et étant frangée de vert jau-
nâtre ; dos et couvertures des ailes vert olive foncé. Les rémiges
primaires brunes avec le rebord externe olive et des taches d'un
blanc roussâtre des deux côtés. Les rémiges secondaires , qui
sont couleur olive sur leur rebord externe et brunes sur leur
interne, n'ont de taches blanchâtres que sur cette dernière
partie. Queue noire; tiges des rectrices en dessus d'un brun
rougeâtre à leur base et noires dans le reste ; tiges des rec-
trices et des rémiges d'un jaune blanchâtre en dessous , cou-
vertures inférieures des ailes d'un blanc roussâtre.
Long, tôt., 17 cent, et 18 cent. 5 mill. — Du bec depuis
l'angle, 1 cent. 9 mill. — De l'aile, 10 cent. — De la queue,
6 cent. 9 mill. et 7 cent. 2 mill. — De la partie de la queue
dépassant les ailes, 2 cent. 2 mill. et 2 cent. 7 millim. — Du
tarse , 1 cent. 5 mill.
5, P. (Chloropicus)XANTHODERUs. — Masc. — Fronte , vertice,
occipite, vittaque malari coccineis; interscapulio , tergo et
alarum tectricibus virescenti-fuscis ; uropygio viridi-oli-
vaceo; corpore subtus fuse o-vir esc ente. — Fœm. — Fronte
et vertice fusco-nigro ; occipite coccineo.
Le mâle de cette espèce qui a quelque rapport avec le Nepau-
lensis (I) , avait le bec brun , tandis que chez la femelle il était
en partie bleuâtre foncé et jaune de corne dans le milieu de la
mandibule inférieure ; front , vertex , occiput et moustaches
rouges; de l'occiput part une bande jaune verdâtre qui descend
jusqu'au dos ; joues, côtés du cou, et toutes les parties infé-
rieures d'un brun verdâtre; mais le menton et le devant du cou
sont variés de blanc cendré ; sur les côtés de la poitrine , ainsi
que sur les flancs et sur les couvertures inférieures de la queue
existent aussi des taches d'un blanc cendré ; tectrices et dos d'un
vert foncé , chaque plume étant finement lisérée de cendré; ré-
(1) Non avec le P. Nepaulensis de la planche 31 , fig. i des illustrations de zoologie
indienne, qui est représenté sous des couleurs inexactes , imais arec le véritable Nepau-
lensis que M. Terdou (Madras Journal, avril 1840, p. 214, n. 211) décrit bien tout en
l'indiquant, avec doute , il est vrai , soit comme un P. Mentalis , soit comme un Jeune
Chlorolophu$ ( Viellot ).
TRAVA.DX IINÉDITS. 408
miges brunes avec quelques taches blanches sur leur rebord ex-
terne. Les rémiges primaires ont leur rebord externe d'un rouge
brun , bordé d'oIivàtre, et sur leur partie interne qui est brune ,
on voit de grandes taches blanches; croupion vert olive ; queue
d'un brun noirâtre , lavé d'olivâtre dans le haut des rectrices.
La femelle a le front et le vertex d'un noirâtre qui s'étend
vers le rouge de l'occiput en forme triangulaire , point de mous*
taches.
Deux sujets mâle et femelle ont été rapportés de Madras et
donnés au Muséum britannique par M. Hodgson auquel la faune
de l'Inde doit déjà tant de découvertes.
La Femelle.
Long, tôt
— Du bec depuis l'angle.
— De l'aile
— De la queue
— De la partie de queue
excédant les ailes.
— Du tarse
Le Mâle. |
cent.
mill.
25
5
2
5
11
7
8
5
4
»
1
7
cent, mill.
24 6
2 5
n 7
8 »
3 8
1 7
Dimensions des exemplaires en peau du Muséum britannique.
6. P. (Chrysoptilopicus) Smithii. — Masc, — Fronte coccinea], ni-
groque chalybeo punctulata ; vertice , occipite , nucha cris-
tata et vitta malari coccineis; auchenio, tergo virescen-
tihus, albo-olivaceo maculatis , gutture ^ pectore nigris ,
alboflavo maculatis , cauda nigro-olivaceo , fusco (iaves-
cente transversim maculata.
Voici la description d'un sujet mâle que j'ai vu dans la collec-
tion du Muséum britannique à Londres. Bec noir et droit ; pieds
d'un noir bleuâtre , front pointillé de rouge vif et de noir
bleuâtre; vertex , occiput, huppe et moustaches d'un rouge vif
pur. L'œil entouré d'un cercle finement pointillé de noir et de
blanc ; au-dessous de l'œil , part une bande blanche qui s'é-
largit en descendant sur le côté du cou dans la moitié de sa lon-
gueur, et qui est surmontée d'une ligne noire entourant le
rouge delà tête; gorge, cou et poitrine noirs , chaque plume
étant entourée d'un cercle blanc jaunâtre et ayant au milieu une
tache de même couleur. Le reste des parties inférieures d'un
blanc verdâtre avec des mèches longitudinales noires ; dos et
I
404 REVUE zooLOGiQDE, {Novembre 18i5.)
tectrices alaires d'un vert pâle , chaque plume ayant plusieurs
taches d'un blanc olivâtre ; ailes brunes ; rebord externe oli-
vâtre, avec de petites taches d'un blanc jaunâtre; rebord in-
terne brun avec de grandes taches blanches. Les dernières ré-
miges secondaires sont rayées transversalement de blanc jaunâtre
sur un fond brun olivâtre ; croupion d'un vert plus clair , rayé
transversalement de brun verdâtre et de cendré jaunâtre.
Tiges des rémiges jaunes en dessus et en dessous; queue d'un
brun olivâtre rayé de brun jaunâtre clair ; tiges des rectrices
d'un jaune doré très-vif en dessiis et pâle en dessous ; couver-
tures inférieures des ailes d'un blanc-jaunâtre clair ; rectrices
rayées inférieurement de bandes brunes transversales sur un
fond chamois , passant au jaunâtre vers le rebord externe des
pennes.
Dimensions d'un mâle monté. Long, tôt., 23 cent. — Du bec
depuis l'angle , 3 cent. — De l'aile , 12 cent. — Du tarse , 2 cent,
— De la queue, 7 cent. 7 mill. — De la partie de queue excé-
dant les ailes , 3 cent.
Ce pic se trouve dans l'Afrique méridionale.
7. P. (Brachyternopicus) Chrysonotus (Lesson ). — Masc. ad. —
Fronte , vertice et occipite coccineis ; ter go et alarum tectri-
cibus flavo-aurantio , cinnamomeo striatis ; gutture , pectore
nigerrimis ,,albo striolatis; cauda nigerrima , uropygio
nigro. — Fœmina. — Mari simillima , eœceptis fronte ver-
ticeque nigris^ albo variegatis. — Jun. — Ter go et alarum
tectricibus flavo-aurantio sed absque cinnamomeo. — Picus
chrysonotus., Lesson ornith., p. 220; et compl. à BufFon ,
vol. 9, p. 304. La jeune femeWe. — Brachypternopicus punc-
ticollis. L'adulte Malherbe. — Brachypternus (Strickland;
G. R. Gray ). Brachylophus Swains.
Ce Pic , longtemps confondu avec le Bengalensis auquel il
ressemble beaucoup dans le jeune âge , est assez répandu au
Bengale et probablement dans toute l'Inde. M. Lesson, qui le
premier l'a fait connaître , le décrit ainsi : « Dos et parties su-
» périeures des ailes jaunes ; front et gorge noirs , avec des
» flammèches blanches. L'occiput et la huppe rouge de feu : le
5» dessous du corps blanc avec des stries brunes , queue noire, p
Mais cette description ne peut .s'appliquer qu'à quelques sujets
femelles en livrée de jeune âge. C'est par ce motif qu'en exa-
ï
TRAVAUX INÉDITS. 405
minant, dans la collection du Muséum britannique et dans celle
de la société zoologique de Londres , plusieurs sujets adultes de
cette espèce, j'avais cru pouvoir les regarder comme constituant
une nouvelle espèce non décrite que j'avais nommée Puncti-
collis. Depuis peu, j'en ai acquis cinq autres sujets qui forment
le passage de la livrée du jeune âge à l'âge adulte dans les deux
sexes , et je me suis convaincu , malgré la dissemblance qui exis-
tait , que tous ces oiseaux étaient des Pics chrysonotes , dont on
n'avait encore décrit que la jeune femelle , très-diflfé rente de
l'adulte et du mâle.
Maie adulte. — Bec brun de corne et pointu; mandibule su-
périeure légèrement recourbée ; mandibule inférieure échancrée
en dessous dans plus de la moitié de sa longueur et formant alors
un angle saillant pour aller rejoindre la mandibule supérieure"
à son extrémité; pieds bruns; front, vertex , occiput et huppe
d'un rouge sang , la base des plumes étant noire. Une bande
sourciliaire blanche s'étend jusque près de l'occiput ; au-dessous
de cette bande ; et à partir de l'œil , règne une bande d'un noir
profond , varié de quelques stries blanches sur la région paro-
tidée , laquelle va se réunir à la large bande noire qui couvre la
nuque ; puis une seconde bande blanche , qui commence à la
base de la mandibule supérieure , descend sur le côté du cou et
contournant l'aile , va se fondre avec les écailles blanches qui
couvrent les parties inférieures. Le dos et les tectrices alaires
sont d'un jaune orangé lavé de rouge vif. Les plumes de ces
parties sont olivâtres à leur base avec an petit point orangé pâle
au milieu , puis lavées de jaune orangé , et terminées d'un rouge
à reflets qui borde aussi la moitié de la plume. Croupion noir
lavé d'olivâtre ; queue noire ; gorge , devant du cou et poitrine
d'un noir profond avec de nombreux petits points noirs trian-
gulaires. Le reste des parties inférieures d'un blanc plus ou
moins roussâtre , avec une large bordure noire autour de chaque
plume ; rémiges primaires d'un brun foncé lavé d'olivâtre sur le
rebord externe de quelques pennes , et portant des taches d'un
blanc roussâtre. Des deux côtés de la tige , rémiges secondaires
olivâtres sur leur rebord externe , et d'un brun foncé avec des
taches blanches sur leur rebord interne ; petites tectrices alaires
d'un jaune olivâtre avec des taches lancéolées d'un blanc jaunâtre j
moyennes et grandes tectrices terminées et entourées de rouge.
4-06 REVDK zooroGiQUE. [Novcmhrc 1845.)
Femelle adulte. — Diffère du mâle en ce qu'elle a tout le front
et le vertex d'un noir profond parsemé de petits points blancs
lancéolés. L'occiput et la huppe , le dos, ainsi que les autres par-
ties, sont comme chez le mâle.
Jeunes. — Tout le devant du cou d'un noir profond sur lequel
on voit à peine quelques points roux. Le blanc des taches du
menton , de la poitrine, des flancs et de l'abdomen ainsi que des
couvertures inférieures des ailes, est d'un roux plus ou moins
vif; le dos et les tectrices claires sont d'un jaune orange, mais
sans que le rouge ait encore paru.
C'est dans cette livrée qu'on l'a souvent confondu avec le P.
Bengalensis.
Plusieurs des sujets que je possède dans ma collection pro-
viennent des montages des Nilgeries.
Long, tôt., 29 cent., et jusqu'à 31 cent. — Du bec depuis
l'angle, 3 cent. 6 mill. à 4 mill. — De l'aile, 12 cent. 8 mill.
à 15 cent. — De la queue, 9 cent, à 10 cent. — De la partie
de queue dépassant les ailes, 4 cent. 2 mill. à 5 cent. 3 mill.
— Du tarse, 2 cent.
Description de trois nouvelles espèces d'oiseaux ,
Par M. Hartlaub.
1. Muscicapa (Muscicapula, Blyth.) tricolor, Corpore supra ,
alis caudaque nitide nigris, tergo, uropygio corporeque subtus
ex aurantiaco flavis, pectore laetius tincto; superciliis, macula
aise médise longitudinali , subcaudalibus et tectricibus aise inter-
njs pure albis; rostro et pedibus nigris. — Matacca? — Long.
4» 8'"-
2. Ilyphantornis flavigula. — Corpore supra , alis caudaque
pallide flavescente olivaceis ; fronte magis flave^cente , super-
ciliis corporeque inferîore toto citrino flavis ; stria breviuscula a
basi maxillae per oculum ducta nigerrima ; rostro nigro, pedibus
fuscis. — Accra, Côte-d'Or, — Long. 5" 5"'.
Cette espèce doit être placée dans le système tout près du
H. Guerini Gray. {Ploceus melanotis, Guérin.)
3. H. modestus. Supra obsolète brunnescens, plumarummar-
gine pallidiore, pileo et nucha ex olivaceo flavidis, plumulis
omnibus medio fuscescentibus ; (ectricibus alœ remigibusque
TRAVAUX INÉDITS. 407
margine exlerno angustius, interno versus basin late flavo lii^i-
batis , rectricibus supra dorso concoloribus, subtus flavidis, mar-
gine flavescentibus, mento, gutture et cruribus dilute citrino-
flavis, corpore inferiore reliquo pallide brunnescente , medio
albido , rostro robusto pedibusque brunneis , mandibula palli-
diore. — Sénégambie , Abyssinie. — Long. 5" 1/2 rostr. à fr. 8"\
J*ajoule une notice synonymique. Dans mon catalogue des
oiseaux du musée de Brème (1844) , j'ai décrit comme nouvelle
une belle et curieuse espèce de Zoothera, sous la dénomination
de Z. meîanoleuca. Je ne savais pas alors que cette espèce était
bien décrite en 1842 par M. Blyth dans le Journal of the Asiat.
soc. of Bengal, XI, p. 882, et nommée Turdus Wardii Terdon.
Ce dernier naturaliste l'a figurée tout récemment dans la pre-
mière livraison de ses Illustrations of Indian Ornitbology, pi. 8.
L'exemplaire décrit par Blyth provenait de Mysore. Cependant
ce n'est pas un Turdus, mais une véritable Zoothera, caractérisée
par son bec allongé, grêle, par la queue très-courte, etc.
Une troisième espèce de ce genre c'est le Myiothera Andro-
medcBy Tem. dont Phabitus externe est tout à fait semblable à
celui de Zoothera Wardii.
Monographie du genre Ligule, Ligula, par C.-A. Recluz ,
pharmacien à Vaugirard.
2tne partie.
En discutant de la valeur du genre Ligule et de sa composi-
tion , nous sommes arrivé à le trouver formé de quatre groupes
bien distincts, dont trois constituent maintenant des genres par-
faitement homogènes. Un seul , représenté, par une espèce indé-
pendante de toutes celles avec lesquelles Montagu Pavait réunie,
nous a paru jouir des caractères les plus propres à continuer le
genre Ligule. Cette espèce, que Leach n'a pas séparée de ce der-
nier, a été, cependant, transportée dans un genre Anatine de la
façon de Turton , mais qui n'a pas de rapport avec ce que l'on
entend aujourd'hui par ce même nom ; néanmois M.Macgillivray
{MolL Aberdeen) a suivi le même sentiment. M. Fleming {Bri-
tish animais) a choisi un autre classement en comprenant cette
coquille de Montagu, dans les Amphidesnies , auxquelles elle
408 REVUE zooLOGiQDE. {Novembre 1845.)
est autant étrangère que toutes celles qu'il y a réunies; enfin,
M. Gould l'a rangée dernièrement dans le genre Cochlodesma
de M. Couthouy.
Avant de décrire le nouveau genre Ligule, c'est-à-dire, ce
genre de Montagu réformé d'après lés caractères des coquilles
qui doivent lui servir de type , nous pensons qu'il n'est pas hors
de propos de démontrer en quoi celles-ci diffèrent des Anatines,
des Amphidesmes et des Cochlodesmes.
La Chama prœtenuis^ Petiver, qui est la même espèce que la
Ligula prœtenuisde Montagu, est une coquille équivalve, subé-
quilatérale, transverse, ovale-oblongue , mince, à peine bail-
lante au coté antérieur; recouverte, dans l'état de vie, d'un
épiderme mince et chagriné , à crochets peu saillants , petits ,
aigus et très-entiers. Sa charnière est formée par une seule dent
sur chaque valve , oblongue ou ovale , semblable , en forme de
cuilleron, saillant obliquement en avant et à l'intérieur des
valves ; sans trace de lame , ni de côte au-dessous.
Les valves de cette coquille sont retenues par deux ligaments :
l'un interne, cartilagineux, fixé dans les cuillerons; l'autre exter
ne, très-étroit et fibreux, placé sur lamarge cardinale extérieure
et postérieure. Elle a deux impressions musculaires dissimilai-
res : V antérieure oblongue, oblique, étroite , arquée, atténuée
au sommet et écartée du cuilleron ; la postérieure arrondie, rap-
prochée de la charnière. Son excavation palléale est oblongue,
arrondie en avant, horizontale ; Vangle palléal est triangulaire,
allongé et aigu.
Les véritables Anatines , celles que l'on s'accorde à considérer
maintenant comme devant appartenir à ce genre et seules le
composer, ont pour limites les caractères suivants : coquille
transversale , oblongue ou ovale, subéquivalve , inéquilatérale ,
très-mince , fragile , vitrée, rude au toucher , très-baillante au
côté postérieur, ayant les crochets protubérants et fendus. Sa
charnière est formée par une dent en cuilleron ovale ou oblong,
obliquant fortement en avant, semblable sur chaque valve,
soutenue par une lame mince, falciforme, disposée en arc-bou-
tant , prolongée en dedans du centre des valves et dont le
tranchant est opposé l'un à l'autre ; une seconde lamelle ou
costule linéaire , souvent obsolète, faisant toujours peu de saillie,
borde, à l'intérieur, la partie postérieure de la fente des som-
TRAVAUX INÉDITS. 409
mets , et se prolonge plus ou moins sur le disque des valves.
Ligament double, l'un interne cartilagicux , reçu dans les
cuillerons, l'autre externe et très-mince ; quelquefois en avant
des cuillerons , on trouve un osselet changeant de forme, selon
les espèces , soutenu par le ligament cartilagineux. Impression
musculaires, similaires, ovales, Tantërieure ordinairement plus
éloignée des crochets que la postérieure. Excavation palléale
très-superficielle , souvent effacée , très-profonde , horisontale et
arrondie en avant. Vangle palléal allongé et étroit (l).
En présence de caractères aussi tranchés , est-il possible de
confondre dans un même genre la Ligula prœtenuis et les
Anatines? Ne doutant pas de la réponse de nos lecteurs , nous
allons établir la même comparaison avec les véritables Amphi-
desmes , c'est-à-dire, avec celles que nous croyons devoir seules
appartenir à ce genre , d'après les limites posées dans notre dis-
cussion relative à l'établissement du genre Syndosmye.
Les Amphidesmes ont une cogue7/c orbiculaire ou transversale,
à crochets peu saillants, munie d'un faible pli vers le côté pos-
térieur , Lunule lancéolée étroite , profonde. Leur charnière se
compose de deux dents cardinales , saillantes, presque parallèles
et lamelleuses, sur chaque valve : L'antérieure sur la valve droite
et la postérieure sur la valve gauche, ordinairement plus petites
ou obsolètes; d'une fossette très-allongée, obliquant fortement en
arrière, creusée sur un bord cardinal très-calleux , très-saillant
en dessous et sur le bord médian inférieur ; enfin , de deux dents
latérales , robustes, voisines des cardinales , sur chaque valve :
celles de la droite dédoublées pour recevoir les dents correspon-
dantes et simples delà valve g&uche. Ligament double •■ L'interne
très-épais, cartilagineux remplissant la cavité de chaque fossette; à
y externe linéaire, s'étendent des crochets derrière les dents laté-.
raies postérieures. Impressions musculaires similaires , ovales-
oblongues, verticales : la postérieure rarement ou à peine un
(1) Nous ne rapportons à ce genre que les espèces suiTantes:
a Espèces pourvues d'un osselet connu , tricuspide ou en forme de deux arcs réunis
par les extrémités.
Anatina truncata L&m. Anat.papyracea, Gould.
b. Espèces dépourvues d'osselet ou doat celui-ci est encore inconnu.
Anatina Lanterna et subrostrala (Anat. Olor. Valenc.) Lam. , elliptica. Beck (ex fide
Petit). Anat. Ueutaudt , Miltre , Anat. prismatica , Sowerby , etc. Les autres espèces
décrites nous sont inconnues, à l'exception d'une du Brésil et dont le nom nous échappe
(Col. de U. Petit).
410 REVUE ZOOLOGIQUE. (Novembre 1845. )
peu plus allongée. Excavation palléale bien empreinte, ovale-
oblongue , dirigée obliquement et en avant sur le centre des
valves qu'elle atteint, où elle s'arrondit et devient plus large qu'à
son départ. Angle palléal trigone et presque aigu (1). Quelques-
unes ont le corselet bien marqué , d'autres l'ont effacé.
Comment introduire la Ligula prœtenuis dans un genre dont
les caractères sont si différents? Passons à l'examen des carac-
tères génériques du Cochlodesma.
M. Gou\d {Invertebrate ofMassachussets, p. 49) nous paraît
vouloir introduire la Ligula prœtenuis dans le genre Cochlo-
desma de M. Gouthouy, d'après la phrase suivante, extraite de
son ouvrage : a Cette espèce {Cochlodesma Leana , Anatina
Leana^ Conrad) très-comprimée, ressemble à la Mya (Cochlo-
desma) prœtenuis de Pennaut Ligula prœtenuis, Montagu), mais
en diffère en ce qu'elle est plus arrondie , moins convexe, moins
étroite au côté postérieur et qu'elle n'a aucune trace d'épiderme
granuleux ou chagriné, comme cette coquille ». M. Gould aurait
pu ajouter qu'elle en diffère encore génériquement, comme nous
allons le démontrer , par l'analyse des caractères des Cochlodes-
mes pris sur l'espèce même que M. Gould a décrite sous ce nom
générique.
Les CocHLODESMES Ont pour caractère une coquille transverse,
équivalve, subéquilatérale , baillante antérieurement , mince ,
(1) De toutes les coquilles biralres , décrites sous le nom d'Amphidesme, nous ne rappor-
tons à ce genre que les espèces suivantes -•
1° Amphidesma rettcuiofum Sowerby, Gen. of shells, fig. 2 (Tellina reticulata, Linné,
Syst. nac. 12, p. 1119, n° 63, Maton et Rack. Lin. tr. 8, p. 54 t,l, fig. 9 (benè).— Rumph. Mus.
pi. 43, f. E. Chemnitz Conch. 6, 1. 12, f. 118 (benè) : Tellina proficua Pulteney, Dort. cat.
p. 29, lab. 5, f. 4 (nonvidi) Montagu, Test.lirit., p.l67. Encycl. méth., t. 299, t. 21).— 2° Amph.
variegatum, Lamk. An. a. vert., 5, p. 491, n° 1 (Sowerby. Gen. of shells , fig. 1, (benè)
et Conch. illust. g. Tellina, Encyclopéd. méth. t. 291, f. 3). — 3° Amphid. roseum So-
werby, Proceed. (1832) p. 199 et Conch. illustr . fig. 1. — 4° Amph. pulchrum Sowerby,
Proceed. ibid. p. 67 et Conch. ill. f. 2 et 2 a.— S'» Amph.\paUidum, Sowerby, ibid. p. 199
et Conch. ill. f. 3. — 6° Amph. australe, Sowerb. Ibid. p. 200 et Conch. illustr. f. 4. —
7° Amph. purpurascens Sowerby, l. c. p. 199 et Conch. illustr. t. S5. — 8" Amph. lœve,
Sowerby, l. c. p. 199 et Conch. ill. f. 6. — 9° Amph. punctatum Sowerby, l. c. p. 200 et
Conch. illust. t. 7. — Var. B. Encycl. méth. t. 292, f. 4 (benè).— 10° Amph. formosum So-
werby, /. c. p. 199et C'onc/i.îV/. f. 8.-11» Amph. /en^icu/ore Sowerby, i.c. p. 200 et Conch.
ill. f. 9. — 12° Amph. rupium, Sowerby, L c. p. 199 et Conch. ill. f. 10—13° Amph. de-
cisa, Conrad, Journ. Acad, nat. se. vol. 7, p. 239 (vidi).— 14° Amph ? achatina (Tellina
ac/io<tnaChemn.ll,t.200,f. 19.^7, 19S8. Amph. variegata, nas.B. Lk).— Les Amphidesma
solidum Gray (hab. Arica ex fide Jay), Amph. ellipticum, Sovi^erby Proceedings (1832)
p. 200 et Amphidesma corrugatum Sow. l. c. p. 200, nous étant inconnues, nous ne les
citons ici qu'avec réserve. Mais il faut en exclure avec certitude les Amphidesma com
pressum. , Boyssii, tenue et prismaticum que M. Sowerby veut y introduire et dont il loue
l'afTinité avec les nôtres (Voyez Gen. of shells, art. Amphidesma), et que M. Sowerby ju-
nior, Conch. illustrations, se propose de faire figurer dans ce genre, ainsi que le témoigne
la table des espèces donnée en tète de ses Conch. illustrations.
TRAVAUX INÉDITS. 411
fragile, subpel lucide, à crochets fendus légèrement et peu sail-
lants. Charnière pourvue d'un cuilleron vertical , semblable sur
chaque valve, adhérant à une callosité qui borde la marge car-
dinale postérieure, et soutenu par une côte obtuse, forte, cou-
rant obliquement du côté postérieur; une costule linéaire anté-
rieure subverticale part des crochets , passe sous les cuillerons
et se. prolonge , en obliquant un peu postérieurement , vers le
centre des valves. Ligament double : l'interne cartilagineux,
adhérant aux cuillerons ; l'externe très-mince et fibreux ; aucune
trace d'osselet. Impressions musculaires dissimilaires : l'anté-
rieure très-oblique , oblongue-réni forme; la postérieure sub-
trigone, tronquée antérieurement. Excavation palléale oblon-
gue , arrondie en avant ; angle du manteau oblong , triangu-
laire (1).
Il résulte de ces caractères que le genre Cochlodesme diffère
du genre Ligule réformé par ses crochets fendus, son cuilleron
vertical soudé avec la callosité bordant la marge cardinale pos-
térieure , ses deux côtés obliques , ses impressions musculaires et
palléale et par l'angle de celle-ci. Il est indubitable, au moins
pour nous , que cette fente des crochets dans les Anatines , Péri-
plomes et Cochlodesmes , ne doit pas seulement servir à donner
de l'élasticité aux valves ; qu'elle tient soit à l'organisation de
l'habitant de ces coquilles , soit à des mœurs autres que chez
ceux dont les coquilles ont des crochets entiers. Quelle qu'en
soit l'explication, les Ligules diffèrent trop des Cochlodesmes
pour qu'il soit possible de les réunir dans un même genre. Ces
dernières ont certainement plus d'affinité avec certaines Anatines
moins fortement baillantes postérieurement que les autres et
également avec quelques Périplomes équîvalves ; cependant la
position de leur cuilleron , leurs crochets non échanchrés en
dedans , la forme de la côte postérieure , celle des impressions
et l'absence d'osselet les distinguent parfaitement.
Des trois espèces dont nous composons notre genre Ligule , il
en est une sur laquelle nous devons donner quelques explica-
tions. Deux réunissent , pour nous , toutes les conditions né-
(1) La seule espèce de ce genre qui nous soit connue est la suivante :
Cochlodesma Leana Couthouy, Bouton , Journal Nat. history, 2 p. 170.— Gould, Inver-
tebr. of Matsachussetts, p. 49 ng. 89-30 benè. Anadna Leana, Conrad, Journal acad.nat.
sciences, 6 p. S63, t. 11, f. 11.
412 REVUE zooLOGiQDE. (Novembre 1845.)
cessaires , telles sont la Ligula prœtenuis de Montagu et VAna-
tina oblonga de M. Philippi. Ëa première dous est connue eu
nature, nous la possédons des côtes d'Angleterre; la seconde
a pour nous le même degré de certitude. Quant à la troisième ,
elle ne nous est connue que par la figure 2 de la planche 1 de
Montagu , et par ce qu'en disent Turton et M. Macgillivray.
Le premier en donne la description suivante : « Anatina decli-
vis 5 coquille presque d'un pouce de long (25 mill. et 1/3)
et un pouce et demi de large (37 mill.) , plate, rude au toucher ,
d'une couleur assez obcure au côté tronqué {postérieur). Elle
ressemble beaucoup aux jeunes coquilles de VAnatina puhes-
cens (Turton. — Thracia pubescens Leach) ; mais elle en
diffère par ses dents ovales, élancées, s'étendant en avant et
privées d'aucune adhérence latérale. — Montagu a donné une
bonne figure de cette coquille , mais sa description est celle de
la Mya prœtenuis ; car Montagu dit : cette coquille n'est pas
tronquée. — Turton, Brit. biv. p. 47, n° 4. »
Cette description correspond exactement avec la figure pu-
bliée par Montagu et les caractères de l'une et de l'autre appar-
tiennent bien positivement au genre Ligule tel que nous le circon-
scrivons. Il en est de même de' la description que M. Macgilli-
vray donne de la même espèce. Mais ce qui nous conduit à par-
ler ici de cette Ligula declivis c'est la connaissance que nous
avons acquise d'une espèce voisine par ses caractères extérieurs,
figurée dans un ouvrage récemment publié en Angleterre ,
nous voulons parler de la Thracia declivis de M. G. B. Sowerby,
fiurée par M. Thorpe, in British marine Conchology, p. 42. Cette
figure , donnée par M. Thorpe dans son ouvrage , se rapporte
exactement à une Thracia declivis envoyée d'Angleterre à
M. Petit de la Saussaie par M. Bean, de Scarborough, en plusieurs
exemplaires , et appartenant parfaitement au genre Thracie des
auteurs modernes. Cette Thracia declivis de MM. Sowerby,
Thorpe et Bean a tant de rapports avec V Amphidesma phaseo-
lina Lamk [Thracia phaseolina, Kiener), que, sans un examen
attentif, on pourrait à l'instant les confondre. Cependant on
remarque que la Th. declivis de ces trois conchyliologues d'An-
gleterre est : 1» proportionnellement un peu moins grande ;
2° plus convexe à sa marge dorsale antérieure ; 3° plus inclinée
à la marge dorsale postérieure , et la troncature de ce côté plus
TRAVAUX I!SÉ1>ITS. 413
nettement prononcée ; 4» que la coquille est équivalve et non
très-inéquivalve , bien que la valve gauche soit un peu plus
courte que la valve droite, mais ni l'un ni l'autre ne se dépassent
point an bord inférieur ou ventral ; 5° que cette coquille est
très-baillante au côté antérieur (au lieu d'être presque close),
ainsi qu'au côté postérieur ; 6<» que les cnillerons sont sensible-
ment plus saillants en dedans des valves ; 7" enfin que la valve
droite est pourvue , en avant du cuilleron , d'une dent en
crochet semisphérique , dont la moitié supérieure , lorsque les
valves sont rapprochées, vient border la marge antérieure du
cuilleron de la valve gauche. Cette dent n'est pas mobile mais
fixe. Cette dent manque sur la Th. phaséoline.
Il est évident que ces caractères sont tout à fait opposés à
ceux que Turton donne à son Anatina decUvis , et à ceux que
M. Thorpe a tracés de sa Thracia declivis , en voici la
preuve :
« Thracia declivis (Turton, £rit. biv.^ p. 47. Mya declivis^
Mont. Test. Brit., t. 1, f. 2. Amphidesma déclive^ Fleming).
Coquille ovale oblongue , un peu comprimée, anguleuse, tron-
quée et baillante au côté le plus antérieur (postérieur, Blainv.) ,
blanche, finement chagrinée, large et arrondie postérieurement
(antérieurement). — l-I 1/2 Torbay. » — Elle diffère de la
T. pubescens^ par des dents grandes, ovales et saillantes, qui
s'étendent en avant et n'ont aucun point d'attache sur les côtés
(avec le bord cardinal). Thorpe, p. 42.
M. Thorpe aurait-il fait figurer la Thr. declivis de M. Sow^erby
et décrit sous ce nom V Anatina declivis de Turton? ou bien ces
deux coquilles semblables par la forme extérieure ne différe-
raient-elles que par la charnière? C'est probablement ce qui doit
'être. C'est de la coquille de Turton qu'il s'agit dans notre mono-
graphie, et c'est pour éviter tout reproche en même temps que
pour prévenir toute confusion, que nous avons dû parler ici de
la Thr, declivis (I)de MM. Sowerby et Beau.
Avant de passer aux caractères du genre et des espèces, nous
tenons à dire un mot sur la différence que nous faisons entre
(1) Ce nom de Declivis a été primitivement imposé par Donovan à V Anatina Myali»
Lamk, c'estdonc i celle-ci qu'il faut le restituer. Cela fait, le nom de l'espèce de MM. So-
werby et Bean doit être changé, pour éviter toute confusion dans la nomenclature des
espèces de ce genre, en celui de Thracia Beaniana, en faveur de M. Bean, dont les re-
cherches et découvertes ont enrichi le catalogue des Mollusques d'Angleterre.
414 REVD8 zooLOGiQDE. {Novembre 1845.)
la Ligula distorta de Montagu et VAnaiina disiorla de Turlon
vivant toutes les deux sur les côtes d'Angleterre et de Norwége
(cabinet de MM. Deshayes et Petit de la Saussaie). On va voir
dans quel but nous faisons mention ici de ces différences.
La Ligula distorta de Montagu, est une coquille oblongue ,
très-inëquilatérale, transverse, à cuillerons horizontaux et
juxta-posés sur le bord cardinal; celle de Turton est ovale-
arrondie , subéquilatérale , peu transverse, à cuillerons verticaux
et n'ayant aucune adhérence avec la marge cardinale supérieure
des valves. La première est identique avec la Thr. corbuloides
Kiener, variété étroite en longueur etbisinueuseàlamarge infé-
rieure , des côtes de l'île d'Hyères (1 ). L'autre est une espèce dif-
férente dont le nom doit être changé en celui de Thracia Tur-
toniana, en faveur du savant auteur de sa découverte.
Pour ceux qui ne possèdent pas l'ouvrage de Montagu , il est
utile de faire observer, par rapport à ce que nous avons dit dans
la première partie , que c'est avec raison que les caractères du
genre Ligule de Montagu ne se rapportent pas à sa Ligula dis-
torta , puisque ses cuillerons sont juxta-posés suv le bord dor-
sal postérieur. Pour ceux qui n'ont que l'ouvrage de Turton, nous
tenons à leur faire observer que , quoique Vanatina distorta
de cet auteur ait les cuillerons saillants à l'intérieur des valves
et que ce caractère soit en contradiction avec ce que nous avons
dit plus haut, cette espèce étant différente de celle de Montagu,
et inconnue à ce savant conchyliologue , il n'a pu, par consé-
quent , la comprendre dans les caractères de son genre. Nous
avions cru inutile de donner cette explication , dans la première
partie de cette monographie , mais après avoir réfléchi aux
conséquences qu'on pouvait tirer de la figure de Vanatina dis-
torta de Turton, en l'absence de celle de Montagu, figure à la-
quelle Turtona donné le même nom, nous avons jugé nécessaire
de faire cette remarque.
Genre Ligule. IJgula Nobis, partim Montagu, Test. Brit.sup-
plém.,p. 22, non Gray,nec Philippi. Anatinœ species, Turton,
Brit. biv.. Macgillivray. Moll. Aberdenshire. Philippi Enume-
ratio sive Fauna molluscorum.
(1) Nous possédons, de cette côte, un individu tellement identique avec la coquille fi-
gurée par Montagu, qu'on serait toutafait disposé à croire qu'elle a dû servir de modèle
a l'auteur de la figure des Testacea britanmca.
TRAVAUX INÉDITS. 415
Caractères génériques. — Animal inconnu. — Coquille libre,
ëquivalve, ordinairement inéquilatérale , transversale, ovale-
oblonçjue, plus grande et arrondie en avant , atténuée en arrière,
peu bâillante. Crochets petits et entiers. Charnière formée, sur
chaque valve, d'une dent ou cuilleron ovale ou oblong, égal,
obliquant fortement à l'intérieur des valves. Ligament double :
Vinterne cartilagineux, fixé dans les cuillerons; V externe Vi-
néaire et fibreux. Deux impressions musculaires '.V antérieure
oblongue , un peu oblique, étroite, arquée ; ]a postérieure petite
et arrondie. Excavation palléale profonde , oblongue , obtusé-
ment arrondie antérieurement, axecVangle du manteau allongé,
triangulaire et aigu postérieurement.
Characteres generi. — Animal ignotum. — Testa libéra, bi val-
vis , aequivalvis , plerumque inacquivalvis , transversalis ,- ovato-
oblonga, antice major, rotunda, postice sensim attenuata, parum
hiante. Apices mmuii , acuti, integerrimi. Cardo dens cardina-
lis cochleariformis in utraque valvula aequalis, antrorsnm obli-
que porrectus, constat. Ligamentum duplex: internum carti-
lagineum, cochlearibus affîxum; externum lineare, fibrosum ,
minimum. Impressiones musculares duœ : antica elongata , ar-
cuata, angusta, parum obliqua ;posftca parva, rotundata. Sinus
palliaris oh\ongus , antice obtuse-rotundatus, cum angulo pal-
lii elongato, triangulari , postice acuto.
Les Ligules connues jusqu'à présent sont toutes transversale-
ment oblongues , très- déprimées , dilatées en avant , rétrécies
en arrière, très-minces , fragiles , d'une taille au-dessous de la
moyenne, à peines bâillantes soit en avant soit en arrière, et
recouvertes dans l'état de vie d'un épiderme très-mince. La sur-
face des valves, sur les espèces vivantes, est chagrinée de petites
rugosités qui les rendent rudes au toucher ; une espèce fossile
paraît en être totalement privée.
Ces coquilles vivent dans les régions profondes , et ne sont
apportées sur la côte qu'à la suite des tempêtes ; on se les pro-
cure ordinairement de la pêche , sur les côtes d'Angleterre et en
Ecosse où elles paraissent assez communes ; elles sont plus rares
sur celles de France, où, jusqu'à présent, une seule a été
trouvée.
Comme nous l'avons dit précédemment , nous avons con-
servé à ce genre le nom de Ligule , par respect pour la mémoire
Tome Vin. Année 1845. 27
4-16 REvuK ZOOLOGIQUE, {Novembre 1845.)
de Montagu, dont nous avons appris à estimer les ouvrages scien-
tifiques , et parce que l'espèce type de son ancien genre Ligule
est la seule , à nos yeux , qui ait des rapports évidents avec la
partie la plus essentielle de la description du genre de ce savant
naturaliste. En outre , nous avons cru devoir en agir ainsi à
l'exemple de M. Sowerby , qui , du genre Amphidesme de La-
marck, s'est servi de l'espèce typique pour en constituer un
autre sous le même nom , mais en le limitant d'après les ca-
ractères de la charnière de VAmph. variegata , Lamk.
1. LiGULA PR^TENUis. Montagu , Test. brit. suppl. , p. 22. —
Testa ovato-oblonga , valde compressa, lœvissime rugosa,
exalbida, pellucida, tenuissima, concentrice tenuiter striata ;
utroque latere rotundato : postico longiore , altenuato , cum
margine super o parum arcuato ; dentibus ellipticis , te-
nuibus.
Chama prœtenuis , Petiver, Gazophylacium , t. 91 , fig. 4,
benè.
Mya prœtenuis, Monidigu, Test, brit.., P- 41, figura eœclusa.
Maton et Rackett, Lin. trans. 8 , p. 37. Turton, British fauna,
p. 147. Donovan, Brit. shells.., 5, tab. 176, optimè. Wood, Gen.
conch., p. 91, t. 24, fig. 7-9, benè. Pulteney, Dorset catal., t. 4,
f. 7 {non vidi). Pennant, Brit. ZooL, éd. 2 (1812), t. 4, p. 160,
t. 50, f. 1. Turton, Conch. Dictionary, p. 101. De Gerville, Coq.
Manche, in Soc. lin. Calvados, t. 2 (1825).
Anatina prœtenuis Turton , Brit. bivalves , p. 48 , t. 4 , f. 4 ,
oplimè. Macgillivray, il/oZL Aberdeen. , p. 294.
Amphidesmaprœtenue, Fleming', Brit. Animais, p. 432.
Habitant les régions profondes des côtes de Torbay (Turton),
d'Aberdeen ( Macgillivray ) , de Granville ( de Gerville ). Rare
dans cette dernière. Dimensions : hauteur , 25 mill. , largeur ,
37 1/2 millimètres. Convex., 5 mill.
2. LïGULA DECLivis. — Tcsta ovato-oblonga , compressa, alba,
lœvissime rudi, tenui; latere postico breviore, angulato, trun-
cato. Mante, cum margine supero fere recto ; dentibus ova-
tis , crassis.
Mya declivis , Montagu , Test, brit., t. 1 , f. 2, optimè. Wood ,
Gen. conch., p. 93, t. 18, f. 3. Turton, Conch. Dictionary ,
p. 98.
Anatina declivis, Turton, Brit. 6îv., p. 47 et 54.
TRAVAUX INÉDITS. 4-17
Amphidesma déclive^ Fleming, Brit. Animais, p. 432.
Anatina truncata^ Macgillivray, MoU. Aberdeen^p. 295,
Synon. Linneano (pro Laniarckiano) excluso ; non Laink , nec
Turton.
Hab. Les mêmes localités que la précédente, en Angleterre.
Altit. , 24 mill. , Lat. 37 1/2 mill. Convex., 6 mill. Selon Turton,
cette espèce ressemble presque aux jeunes individus de la Thr.
pubescens, Leach , mais en diffère par la forme de ses cuillerons
obliques , saillants en dedans des valves et détachés par leurs
cotés du bord cardinal , tandis que la Thracia pubescens a ses
cuillerons placés horizontalement et juxtaposés sur la marge
cardinale postérieure. La Ligula declivis diffère de la Ligula
prœtenuis, par ses dents plus épaisses, par son côté postérieur ,
anguleux et décidément tronqué , et en outre par la marge su-
périeure de ce côté dirigée obliquement en une ligne presque
droite.
3. Ligula oblonga. — Testa ovato-oblonga, compressa, te-
nuif lœvi, fragili , œquilatera, antice vix hiante, postice an-
gustata , subtruncata , cum margine supero oblique subrecto ;
dentibus ovatis , latiusculis.
Anatina oblonga. Philippi, En. moll. sicil. vol. 1, p. 8, t. 1,
f. 4 et vol. 2, p. 7.
Hab Fossile dans le calcaire de Palerme (Sicile) où M. Phi-
lippi en a fait la découverte. Alt. 22 mill., lat. 36 mill. Convex.,
10 mill. Cette espèce diffère de la Ligula declivis, par ses di-
mensions , par son côté postérieur moins tronqué, moins angu-
leux, nullement rugueux à sa surface, ainsi que sur toutes les
autres parties externes de ses valves ; par ses dents plus arron-
dies ; et enfin , parce qu'elle est équilatérale et non inéquilaté-
rale. M. Philippi dit que son impression musculaire postérieure
est ovale , tandis que sur la figure elle est représentée orbicu-
laire comme sur toutes les autres espèces du genre.
418 RKVDE ZOOLOGIQUE. {Novembrc 1845.)
II. ANALYSES D'OUVRAGES NOUVEAUX.
Recherches zoologiques et anatomiques sur les Alcioyes^ par le
Docteur A. Krohn. {Jrchiv fur Naturgeschichte von, ^N. F.
Erichson, Berlin , 1845, p. 171.)
Le genre Alciopa[ku.à. et M. Edw.i très-voisin des PAî/Z/o-
doces (Savig.) reuferme jusqu'à présent trois espèces :
1° A. Reynaudn (Aud. et M. E.) qui a servi à établir le genre.
2» A. candida (Délie Chiaje) , découverte par Délie Chiaje.
3* A, lepidota (Krohn), découverte l'année dernière par
l'auteur de ce mémoire et non encore décrite. Cet Annélide
forme le passage aux Phyllodoces , car il réunit les caractères
des deux genres ; ses caractères doivent faire modifier ce qui a
été écrit sur le genre Alciope.
Caractères génériques des Alciopes . Corps hyalin s'amoin-
drissantà partir du milieu , en s'approchant des deux extré-
mités , mais moins en avant qu'en arrière. Tête portant deux
yeux latéraux, saillants en dehors , très-développés , d'un rouge
jaunâtre.
Antennes au nombre de cinq, situées à la face supérieure et
antérieure de la tête; deux paires sont situées l'une derrière
l'autre, et derrière elles une antenne impaire repose sur le
milieu du sommet de la tête (Tentacules de quelques auteurs).
Tentacules au nombre de quatre de chaque côté ; attachés à
l'anneau le plus antérieur du corps immédiatement derrière la
tête ( arrhes tentaculaires des auteurs). Ils sont bien différents
des antennes, par leur grandeur et leur position; différents,
mais peut-être analogues des cirres proprement dits , qui
accompagnent les tubercules pédieux.
Bouche située au-dessous de la tête, derrière et au-dessous des
antennes, en avant des tentacules. Pharynx en forme de trompe,
élargi en avant, protractile, manquant de mâchoire , et muni à
la circonférence de son embouchure de papilles coniques.
Il existe de chaque côté du corps, une série de tubercules
pédieux ou pattes rudimentaires ; munis de soies , portés par les
anneaux du corps. Chaque segment ou anneau porte sur cha-
cun de ses côtés un tubercule pédieux, muni à son sommet d'un
faisceau de soies, ou arêtes sétiformes, étalées en éventail et
ANALYSES d' OUVRAGES NOUVEAUX. 419
un seul acicule. Chaque tubercule pédieux est accompagné
de deux cirres ayant la forme de feuille ; le supérieur qui
est le plus gros, est fixé par une base étroite au tubercule
pédieux, il est libre dans le reste de son étendue; l'inférieur est
fixé au pied par son bord supérieur, il n'a de libre que son bord
inférieur et sa pointe.
Entre chaque deux tubercules pédieux ; et derrière eux,
existe une élévation arrondie en forme de mamelon , le pi s
souvent de couleur obscure , ou d'un brun noirâtre , ou rou-
geâtre, ou d'un jaune soufre, qui repose sur une tige très-
courte.
Ces élévations contiennent un appareil glandulaire qui sé-
crète un liquide jaune brunâtre, visqueux, se délayant facile-
ment dans l'eau qu'il colore. Par conséquent, il est démontré
par là, que l'opinion de MM. Audouin et M. Edwards, qui consi-
dèrent ces organes comme des branchies (Appendice branchial
vésical) est tout à fait erronée. Si l'on compare ces caractères
iz;énériques à ceux des Phyllodoces , ils restent comme caractères
propres aux Alciopes :
Le plus grand développement des yeux, leur position latérale,
les glandes noires de la peau, et enfin, peut-être aussi la grande
transparence de la substance du corps.
1. Alciopa Reynaudii (Aud. et M. E. .
Elle se distingue par sa forme plus ramassée. Les segments ou
anneaux sont plus larges que longs. L'anneau postérieur finit
par une pointe un peu obtuse.
La tête fait une saillie un peu arrondie au-dessus de la bouche
et entre les yeux, qui sont médiocrement développés (1/4
millim.), de sorte que la largeur de toute la tête est à peu près
à celle du segment moyen, comme 1 ' I 1/2.
Les antennes paires sont courtes , attachées à la face anté-
rieure de la saillie de la tête, assez fortement écartées latérale-
ment de la ligne médiane, ainsi que les yeux, contre lesquels elles
sont appuyées. Vantenne impaire est placée sur le milieu de la
face supérieure de la saillie de la tête, elle est peu développée ;
Andouin et M. Edwards l'ont omise. La distance qui sépare les
yeux, espace que la bouche occupe, est plus grande que dans les
espèces suivantes.
Tentacules T^\\xs grands que les antennes; cependant leur peu
420 HEVDE zooi.oGiQUE. (Novembre 1845.)
de volume absolu empêche de distinguer facilement dans quels
rapports ils se trouvent avec l'anneau le plus antérieur. Quoi
qu'il en soit, les tentacules de la paire la plus antérieure sont
plus gros que les autres , et font saillie en dehors à la face
inférieure des yeux.
La bouche renferme une trompe très-courte ( 5 millim.)
L'embouchure de celle-ci est munie de deux papilles très-
longues et très-fortes; situées latéralement vis-à-vis l'une de
l'autre, à base très-forte, terminées en forme d'alêne. Elles
servent probablement à saisir la proie.
Sur l'animal vivant on aperçoit à la face ventrale de chaque
segment antérieur, une bande de cils s'agitant vivement.
Les tubercules pédieux et leurs soies sont médiocrement
développés , très-rapprochés de la face ventrale du corps ,
laquelle est un peu aplatie. Le cirre supérieur en forme d'alêne
a sa pointe dirigée en haut. La pointe du cirre inférieur dépasse
à peine le tubercule pédieux. — Longueur totale, 10 à 13 cen-
timètres. Très-commune sur les côtes de la Sicile.
2. Alciopa candida (Délie Chiaje.).
Elle se distingue par ses anneaux plus nombreux et plus
étroits, d'où résulte une plus grande longueur du corps et
une forme plus élancée. Les anneaux sont presque aussi longs
que larges; l'anneau terminal, obtusément pointu, se prolonge
souvent sous forme d'un appendice filiforme, noirâtre (cirre
anal) qui chez quelques individus, paraît remplacé par deux
cirres plus courts. Les yeux sont une fois plus gros que dans
l'espèce précédente 1/2 millim.), très-rapprochés l'un de l'autre,
au lieu d'être écartés comme dans la précédente. La tête en-
tière est environ aussi large que les segments du milieu du corps.
Position, grandeur et forme des antennes et tentacules com-
me dans VA. Reynaudii.
La bouche forme une fente allongée; la trompe est très-
longue quand elle est étendue en avant (13 à 27 millim). Les
papilles en forme d'alêne de son embouchure , sont aussi plus
longues et plus fortes.
Les anneaux antérieurs qui manquent de tubercules pédieux
et portent les tentacules, sont aussi pourvus de rangées de cils
vibratiles.
JINALYSBS d'ouvrages NOUVEAUX. 421
Souvent on trouve des individus chez lesquels chaque glande
noire s'unit avec celle du côté opposé , au moyen d'une portion
qui parcourt transversalement la partie dorsale de l'anneau,
ce qui leur donne un aspect très-réguliérement annelé de noir.
Elle est aussi fréquente que la précédente.
Certains individus ont une longueur plus considérable, des
yeux plus grands ; la partie antérieure du corps moins élancée,
analogue à celle de VA. Beynaudii; les tubercules pédieux et
les glandes noires rapprochées de la face ventrale comme dans
cette dernière espèce ; tout le reste est semblable à VA. candida.
Est-ce une espèce particulière, une variété ? 11 est plus probable
que ce sont des individus de VA. candida elle-même, qui sont
tout à fait arrivés à l'âge adulte.
3. Alciopa lepidota (Krohn).
Corps cylindrique , long de 10 cent, environ. Anneaux nom-
breux , ayant les proportions qu'ils ont dans l'espèce précédente.
La tête avec les yeux est plus grande que dans celle-ci.
Cette espèce se distingue surtout des deux autres par un dé-
veloppement beaucoup plus considérable des antennes, tenta-
cules, tubercules pédieux et de leurs cirres.
Les antennes paires sont situées sur la ligne médiane, très-
rapprochées l'une de l'autre , insérées sur un renflement allongé
situé près de la bouche. Vantenne impaire occupe sa place
ordinaire. Les tentacules sont très-gros , très-rapprochés les uns
des autres. Ceux de la paire postérieure et en même temps
supérieure, se distinguent par une plus grande longueur et une
plus grande force, ils ont Smillim. 1/2 de long. Les trois autres
paires sont à peu près égales entre elles. La trompe est plus
courte que dans VA. candida, l'auteur n'a pas pu voir ses deux
papilles servant à la préhension.
hes cirres supérieurs sont très-grands; ils représentent des
plaques en forme de disque , avec une base étroite reposant sur
le tubercule pédieux correspondant. Ces plaques sont dirigées
horizontalement en arrière , imbriquées comme des écailles,
couvrent le dos en ne laissant de libre qu'une portion étroite
au milieu du corps; elles se détachent facilement.
Les cirres inférieurs sont plus petits que ses supérieurs , et
semblables à ceux des autres espèces, mais leur pointe fait une
^22 REVUE zooLOGiQUE. {Novembrc 1845.)
saillie assez considérable en dehors du tubercule pëdieux. Le»
glandes noires représentent un bourrelet transversal , s'étendenfc
de la face dorsale à la face ventrale , leurs deux bouts sont
renflés, arrondis.
Cette espèce n'est pas aussi transparente que les autres , elle
est partout finement tachetée de noir brunâtre.
Elle est rare. Habifce les côtes de Messine.
Cette espèce ressemble beaucoup aux Phyllodoces , elle en
aurait tout à fait la forme si l'on supposait ses yeux moins déve-
loppés et repoussés davantage vers le sommet de la tête.
Notions anatomiques sur les Alcioyes.
1° Peau et glandes noires. La peau sécrète un mucus transpa-
i^ent abondant. Plus le liquide brun contenu dans les glandes
noires, en est expulsé , plus elles se décolorent, ce qui porterait
à croire qu'il est sécrété par un appareil glandulaire situé sous
la peau ou dans son épaisseur et versé dans ces renflements ou
glandes noires.
2° Enveloppe fibreuse et appareil musculaire des tubercules
pédieux. Les Alciopes rampent assez vite. Les cirres aident pro-
bablement les tubercules pédieux pour la natation.
Les fibres musculaires forment deux couches; l'une est sous-
cutanée, elle est formée de fibres longitudinales disposées en
trois bandes laissant des lacunes entre elles ; la bande la plus
remarquable est située sur le dos qu'elle couvre ; elle envoie
des prolongements latéraux jusqu'aux tubercules pédieux. Les
deux autres bandes sont plus étroites , elles suivent longitudi-
nalement la face ventrale , séparées seulement l'une de l'autre
par un espace étroit , qui est rempli par le cordon nerveux gan-
glionnaire. La deuxième couche de muscles est composée de
fibres circulaires; ces fibres sont étendues d'une manière égale
entourant tout le corps sans interruption. Les faisceaux muscu-
laires pour le mouvement des tubercules pédieux et de leurs
faisceaux de soies, comme chez les autres Annélides, remplissent
la grande lacune existant de chaque côté entre les bandes muscu-
laires du dos et du ventre.
3° Pharynx et tube digestif. Le paragraphe précédent est
tellement obscur, la description des couches musculaires faite
avec si peu d'ordre, qu'il est diflicile de savoir laquelle des deux
AiSALYSES d'oovrages inodvkadx. 423
couches est la plus superficielle; cependant l'auteur a peut-être
été encore moins clair dans ce chapitre ; voilà néanmoins ce que
l'on peut en extraire de plus certain.
L'auteur semble faire entendre, sans le dire d'une manière
précise, que la trompe est formée par la membrane du pharynx
qui se renverserait au dehors. Ainsi il dit : Le pharynx est-il
retenu dans le corps , on trouve chez VA. candida entre la
bouche et le pharynx une espèce de vestibule, semblable à celui
qui existe chez les autres Annélides munis d une trompe pro-
tractile. Ce vestibule a des parois plus minces que celles du pha-
rynx, lesquelles semblent formées de deux couches, Tune circu-
laire, l'autre longitudinale. Le vestibule sert à recevoir les deux
organes en forme de papille, indiqués plus haut comme insérées à
l'embouchure de la trompe. Le pharynx fait-il saillie, il renverse
sur elle-même la paroi du vestibule , de sorte que sa surface
interne est dirigée en dehors et ses plis transversaux s'effacent.
11 n'existe aucun muscle pour la protraction et la rétraction du
pharynx, mais elle est effectuée par les fibres musculaires de sa
paroi.
Le tube digestif fait suite au pharynx , il commence vers le
treizième ou le quinzième anneau du corps. Il remplit tellement
la cavité du corps, qu'il vient s'appliquer contre la face interne
de l'enveloppe musculaire. Il est partagé en autant de chambres
qu'il y a d'anneaux, par des cloisons qui dépendent des anneaux
et font saillie dans son intérieur. Ces cloisons sont percées à
leur centre, d'une ouverture qui laisse passer le tube digestif.
Le diamètre de cette ouverture est variable, parce que les cloi-
sons renferment des fibres circulaires , accumulées autour de
l'ouverture, de manière à représenter un vrai sphincter, dont
la contraction va peut-être assez loin pour oblitérer le tube
digestif, et séparer ses chambres les unes des autres. Vers le
milieu de chaque segment, l'intestin est muni d'une paire de
dilatations très- étroites, qui s'étendent dans les tiges creuses des
glandes noires. La face interne de l'intestin est tapissée d'un
epilhelium à lamelles polygonales.
40 Faisseaux et système nerveux. Le système vasculaire a
deux troncs principaux , un dorsal et un abdominal , ce dernier
un peu plus large, longe la face inférieure de l'intestin. Le
sang est incolore , transparent.
4i4 REVUE zooLOGiQUE. {Novcmbre 1845.)
Les ganglions céphaliques nerveux sont réunis par un cordon
transversal volumineux. Leur volume est toujours proportionné
à celui des yeux , qui sont supportés presque immédiatement
par ces ganglions. Tout près des yeux naît la commissure
pharyngienne , de là elle descend le long de chacun des côtés du
vestibule et s'enfonce dans le ganglion le plus antérieur du cor-
don abdominal, qui est aussi le plus gros. Les nerfs des an-
tennes et des tentacules paraissent se détacher du ganglion
céphalique. Chez VAL lepidota les tentacules paraissent recevoir
leurs nerfs d'un renflement ganglionnaire , que présente cha-
cune des branches de la commissure pharyngienne , vers son
milieu. A partir du troisième anneau , le nombre des ganglions
du cordon nerveux paraît s'accorder avec celui des anneaux.
5° Feuœ. Les yeux des Alciopes sont déjà très-bien organisés.
L'œil est sphérique , la face antérieure est cependant un peu
aplatie et supporte une cornée convexe. La sclérotique se con-
tinue avec la membrane qui enveloppe le ganglion céphalique ;
elle s'épaissit un peu au voisinage de la cornée, ici elle est
tapissée d'une couche de pigment qui a le brillant de l'argent et
entoure la cornée comme un anneau. La structure microscopique
de ce pigment est analogue à celle du pigment des Poissons. La
rétine , avec un pigment d'un rouge orangé qui la sépare de la
sclérotique, forme la deuxième des membranes de l'œil. Elle
est plus épaisse en arrière qu'en avant ; elle s'étend depuis le
ganglion céphalique jusqu'au bord de la face antérieure de
l'œil. Elle est formée de fibres parallèles , dirigées d'arrière en
avant , qui forment une première couche extérieure ; mais en
outre on voit une multitude de petites fibres , verticalement
placées par rapport aux premières, pour former une deuxième
couche ou couche interne. Avec un grossissement convenable on
voit que cespetites fibres verticales tournent leur bout libre vers
le corps vitré , de manière à représenter comme une mosaïque
de petites pointes. Elles sont plus longues en arrière , là où la
rétine est plus épaisse , qu'en avant où cette membrane est
plus mince. Le raccourcissement se fait graduellement. Outre
cela on observe que le pigment rougeâtre est réparti entre les
petites fibres verticales de la couche interne, de manière à en-
tourer la partie moyenne de chaque fibre , et représente par
conséquent une mince couche pigmenteuse percée en forme
ANALYSES D OUVRAGES NODVEADX. 4*25
de réseau pour le passage des fibres nerveuses. Du pigment est
en outre étendu uniformément entre la première couche de la
rétine et la sclérotique jusqu'à la cornée , mais cette lame
de pigment n'est pas disposée en réseau comme l'autre. L'auteur
croit pouvoir admettre que les fibres dressées sont formées par
les extrémités infléchies des fibres longitudinales de la couche
externe de la rétine, mais il n'a pas réussi à le démontrer d'une
manière directe.
Le cristallin est sphérique , formé de couches concentriques
dont les plus denses sont au centre. Sa moitié postérieure est
enfoncée dans un corps vitré considérable.
6° Génération. Les sexes sont séparés. Les œufs et les
zoospermes se développent librement dans la cavité du corps,
sans qu'il soit besoin pour cela d'organes particuliers; ces phé-
nomènes se passent vers les limites des chambres du tube
digestif. Les œufs sont groupés en tas à l'intérieur de chaque
anneau.
Chez les mâles les zoospermes se développent dans des
vésicules ou agrégations de cellules , comme dans tous les autres
animaux ; elles sont rondes et de différentes grosseurs. On en
trouve dans chaque segment , et elles remplissent souvent la
cavité des tubercules pédieux et l'intérieur des pédoncules des
glandes noires. On distingue aux spermatozoïdes une partie
renflée et une queue.
Chez les mâles des deux premières espèces , l'auteur a trouvé ,
directement sous la peau et de chaque côté de la face ventrale,
des glandes particulières. Chaque anneau en possède une paire,
à l'exception peut-être des derniers. Les plus grosses corres-
pondent aux anneaux du milieu, elles diminuent graduellement
en allant vers les extrémités. Chaque glande paraît être com-
posée de petits sacs en cœcum , s'abouchant dans un conduit
excréteur. Le conduit se rend au segment situé en avant, en se
dirigeant vers les glandes noires elles-mêmes , et s'ouvre pro-
bablement à côté d'elles, en dehors.
On ne peut faire que des suppositions sur l'utilité de ces
glandes et sur les endroits par lesquels les œufs et les spermato-
zoïdes sont versés au dehors. (Ch. R.)
426 HEVUE zooLOGigDE. (Novembre 1845.)
Essai monographique sur les Clérites, insectes coléoptères, par
M. le Marquis Maxiniilien Spinola. Gênes, 1844. (2 vol. in-8,
avec planches coloriées.) (1).
C'est sous ce titre modeste que notre savant collègue , auquel
l'Entomologie est redevable de tant de travaux remarquables sur
divers ordres d'insectes , vient de publier un ouvrage d'autant
plus important que cette famille n'était qu'imparfaitement con-
nue avant lui. L'auteur fait précéder son travail par des consi-
dérations générales où , s'élevant contre la méthode fondée sur
le nombre d'articles des tarses , qui a servi jusqu'à présent à
diviser l'ordre des Coléoptères, il propose une classification toute
nouvelle de cet ordre , et dont nous croyons intéressant de pré-
senter le tableau.
A. Pouvant renverser leur abdomen sur le dos de leur avant-
corps, au point de mettre leurs extrémités opposées en con-
tact immédiat 1" tribu. Brachélytres.
AA. Ne pouvant pas renverser leur abdomen au-dessus de leur
avant-corps.
B. Pouvant rouler leur corps en boule , moyennant la flexion
de l'arrière-corps au-dessous de l'avant-
corps 2» tribu. Sphérimorphes.
BB. Ne pouvant pas se rouler en boule.
C. Pouvant poser leur face inférieure sur le terrain au moyen
des loges pectorales qui servent de retraite aux pattes con-
tractées 3° tribu. Byrrhiens.
ce. Posant nécessairement sur leurs pattes.
D. Pouvant redresser leur avant-corps contre le dos de l'arrière-
corps 4e tribu. Elatérites.
DD. Ne pouvant pas renverser leur avant-corps sur le dos de
l'arrière-corps.
E. Ayant leurs tarses munis d'appendices
libres 5« tribu. Appendicitarses.
EE. Dépourvus d'appendices tarsiens.
F. Tarses munis de brosses en dessous. 6® tribu. Scopitarses.
FF. Tarses dépourvus de brosses en-dessous.
(t) Cette notice a été, imprimée dans le dernier numéro de 184S des Annales de la
Société eutomologique de France. Le temps nous ayant manqué pour faire une analyse
de l'ouvrage de M. Spinola, nous sommes heureux de pouvoir reproduire celle-ci,
due à M. Audlnet Serville , qui , mieux que nous , était capable de bien faire ce tra-
vail. (G. M.).
ANALYSES d'oUVRAGES NOUVEAUX. 427
G. Galette palpiforme.
n. Pattes propres pour la marche. . . . 7« tribu. Adëphages.
HH. Pattes natatoires 8« tribu. Hydrocanthares.
GG. Galette de la forme ordinaire. — Toutes les autres tribus du.
même ordre.
Sans vouloir suivre l'auteur dans toutes ses vues, je me per-
mettrai seulement de faire une observation sur la première
tribu , celle des Brachéîytres ; c'est que certains genres tels que
les Omaliums^ les Micropeplus et les Proteinus^ qui sont rangés
par tous les auteurs dans cette tribu et qui ne me paraissent pas
pouvoir en être détachés, ayant la majeure partie de l'abdomen
couverte par les élytres, ne semblent pas en état d'opérer le
mouvement dont M. Spinola donne la faculté à cette tribu pour
unique caractère. Quant à la deuxième tribu , celle des Sphéri-
morphes, j'ignore de quels Coléoptères l'auteur la compose; je
n'en vois point qui puissent se rouler en boule, faculté dont les
Chrysides parmi les Hyménoptères et les Armadilles dans les
Crustacés , nous offrent des exemples , à moins que M. Spinola
n'ait eu en vue le genre Gloharia de Latreille, qui est un Hydro-
philien , ou celui d'Agathidium d'Illiger, qui fait partie des Cla-
vipalpes, ces deux genres pouvant à la rigueur courber leur corps
en-dessous.
Venons maintenant à la tribu qui doit nous occuper spéciale-
ment, et dont la famille des Clérites fait partie, à savoir la cin-
quième, celle des Appendicitarses. L'auteur définit ainsi le ca-
ractère sur lequel elle est établie , c'est-à-dire des appendices
aux tarses : « Un appendice, dit-il , est un corps charnu et mus-
» culaire , couvert d'une membrane glabre et transparente ,
» attaché à la face inférieure d'un article tarsal. » (page 10.)
M. Spinola ajoute que les Coléoptères qui possèdent ces im-
portants auxiliaires forment une tribu très-naturelle (idem). Il
dit en outre ( page 2 , ligne 1 1 ) qu'un caractère pour la forma-
tion d'une tribu doit être exclusif. Il résulte de là qu'il semble
que tous les Coléoptères pourvus d'appendices aux tarses tels que
l'auteur les définit, doivent être rangés dans cette tribu. Cepen-
dant il y a plusieurs genres d'Élatérites, tels que les Pericallus
et les Tetralobus ^Encyclopédie méthodique, tome X, page 594),
que M. Spinola ne place point dans les Appendicitarses et que
leurs autres caractères d'ailleurs rangent parmi les Klatérites,
428 REvuK ZOOLOGIQUE. (Novembrc 1845.)
tels que M. Spinola les conçoit lui-même , lesquels sont pourvus
de ces appendices au degré le plus ëininent. Je dirai aussi
que je connais beaucoup de genres de Buprestites qui , consi-
dérés, il est vrai, dans l'état de dessiccation, n'offrent point
trace d'appendices , ce qui me fait douter que dans l'état de
vie ils puissent en avoir de semblables à ceux que l'auteur leur
attribue.
Après ces observations préliminaires que ma conscience me
dicte et que je prie M. Spinola de me pardonner, nous allons
faire connaître la manière dont l'auteur divise la tribu des
Appendicitarses :
A. Sans appendice au dernier article des tarses.
B. Prosternum prolongé en pointe au-dessous du mésoster-
num 1"^« fam. Buprestites.
BB. Prosternum non prolongé au-dessous du mésoster-
num 2« fam. Clérites.
AA. Un appendice au dernier article des
tarses 3« fam. Cébrionites.
11 résulte de ce tableau que les Cébrionites sont séparés des
Buprestites par les Clérites, ce qui me paraît contraire à l'ordre
naturel , car l'ensemble des caractères me semble rapprocher les
Cébrionites des É latérites et par conséquent des Buprestites, ainsi
que l'ont senti tous les méthodistes.
M. Spinola subdivise ensuite la famille des Clérites en quatre
sous-familles de la manière suivante :
A. Prothorax formé de deux pièces soulement , une supérieure
ou tergum, l'autre inférieure ou prosternum.
B. Elytres ayant leurs bords extérieurs subparallèles et collés
contre les côtés de l'abdomen dans le repos.
C. Yeux à réseau, échancrésen avant. Antennes insérées au-de-
vant des yeux.
Première sous-famille. — Clérites-Cléroides. — Cette sous-fa-
mille est la plus nombreuse des quatre, elle comprend 39 genres
dont 18 nouveaux.
1. Cylidrus, Lat., typ. Clerus cyaneus, Fab. ; 2. Denops
Stèv., typ. Tillus albofasciatus.^ Charp. ; 3. Tillus, Oliv., typ
Tillus elongatus ; 4. * Perylipus^ Spin. ; 5. Callitheres., Dej.
typ. Jodamus acutipennis, Delap. ; 6. Priocera , Kirb. , typ.
Priocera variegata, Kirb.; 7. Axina, Kirb., typ. Axina ana
ANALYSES d'oDVRAGBS NOUVEAUX. 429
lis, Kirb. ; 8. * Stenocylidrus , Spin. , lyp. Tillus azureus ,
Klug. ; 9. * Systenoderes, Spin.; 10. Colyphus, Dup. ; 11. Cy-
matodera, Hop., typ. Cymatodera Hopei , Delap.; 12. Xylo^
tretus, Guér. , typ. Xylotretus viridis, Guér. ; 13. * Tillicera,
Spin.; 14. Tenerus, Delap., typ. Tenerus prœustus,De\.; 15.
* SerrigeTy Spin.; 16. Omadius, Delap., typ. Omadius indiens,
Delap. ; 17. Stigmatium, Gray. , typ. Stigmatium cicindeloides^
Delap.; 18. Thanasimus, Lat. , typ. Cierus formicarius, Fab.;
19. Natalis, Delap., typ. Notoxus porcatus , Fab. ; Thanero-
clerus, Westw, , typ. Cierus Buquetii, Lefebv.; 21. Trogoden-
dron, Guér., typ. Trichodes fasciculatus , Schon.; 22. iVo-
loxus, Fab. , typ. Notoxus mollis, Fab. ; 23. * Olesterus , Spin. ,
9A.* Scrobiger, Spin., typ. Cierus splendidus, Newm. ; 25.
Cierus, Fab.; 2G,* Chalcicler us, Spin. , typ, Cierus pulcher,
Newm.; 27. * Yliotis, Spin., typ. Cierus fatuus, Newm.; 28.
* Zenithicola; 29. * Tarsostenus , Spin., typ. Cierus univitta-
tus, Ross. ; 30. *Fburiphora, Spin. ; 31. Trichodes, Fab., typ.,
Trichodes apiarius, Fab.; 32. * Aulicus, Spin., typ., Cleru
instahilis, Newm. ; 32. his, ^ Muisca, Spin. ; 33. * Platyclerus,
Spin., typ. Cierus planatus, Delap. ; 34. Phloiocopus, Guér.,
typ. Phloiocopus tricolor, Guér. ; 35. Enoplium , Latr. , typ.
Tillus serraticorne, Fab.; 36. * PeZomwm , Spin. , typ. ^no-
plium viridipenne, Kirb. ; 37. * Apolopha, Spin. , 38. * Mono-
phylla, Spin.
ce. Yeux sans échancrure visibles à Tœil nu , ou bien échan-
crés à leur bord interne , et alors les antennes étant insérées
entre les yeux. 0
Deuxième sous-famille. — Clérites-Hydnccéroides. — Elle
se compose de huit genres; trois nouveaux.
39. Phyllobœnus , Dej.;40. Epiphlœus, Dej.; 41 * Ploca-
mocera, Spin.; 42. lchnea,De\ap. , typ. Ichnea Lycoïdes, l>e\&p.;
43. Evenus, Delap., typ. Evenus filiformis , Delap. ; 44. * Le-
midia, Spin., typ. Hydnocera nitens, ^ewm.; 4S.* Ellipo-
foma, Spin.; 46. hydnocera, Newm., typ. Cierus humer alis .,
Germ.
BB. Elytres dilatées latéralement ; leurs bords extérieurs plus
ou moins distants des côtés de l'abdomen.
Troisième sous- famille. — Clérites- Platynoptéroides. —
Trois genres seulement forment cette sous-famille.
430 KEvuK zooLOGiQDE. (Novcmhre 1845.)
47. Erymanthus^ Klug.; 48. Platynoptera ^ Delap,, typ.
Platynoptera Goryi, Delap., 49. Pyticera, Dup.
AA. Prothorax composé de quatre pièces distinctes , dont une
supérieure (tergum) et trois inférieures , savoir : deux épister-
nums latéraux et un prosternum médian.
Quatrième sous- famille. — Clérites-Corynétoïdes. — Neuf
genres se placent ici, dont cinq sont dus à M. Spinola.
50. * Hyparus^ Spin.; 51. * Lebasiella^ Spin.; 52. * Ortho-
pleura jSpin.^ typ. Corynetes sanguinicolUs , Fab.; 53. 6^/ia-
nessa, Perty., typ. Chariessa ramicomis , Perty.; 54. Notos-
/enws, Dej.; 55. Corynetes, Payk., typ. Corynetes violaceus ^
Payk. Selon M. Spinola , alors il faudrait rejeter toute la syno-
nymie de Fauteur suédois , qui se rapporte à la Necrobia vio-
lacea. 56. iVecroôM, Latr., typ. Dermestes violaceus ^ Linn., ou
Corynetes violaceus, Fab., en rejetant le synonyme dePaykull,
si l'on adopte l'opinion de M. Spinola. 57- * Opetiopalpus ,
Spin., typ. Corynetes scutellaris , Panz.; 58. * Paratenetus ,
Spin.
Nous ferons observer au sujet de ce tableau que M. Spinola ,
qui a blâmé ce qu'on apelle la méthode tarsienne , l'a pourtant
conservée jusqu'à un certain point dans la classification de ses
Clérites, car les douze premiers genres et le 43"' sont pentamères,
les 26«, 77" et 28« hétéromères , et tous les autres tétramères
avec un cinquième article plus ou moins avorté.
Dans un supplément de cinquante-cinq pages , l'auteur donne
des éclaircissements , des changements de noms, des rectifi-
cations et \me sorte de concordance avec un ouvrage du docteur
Klug sur les Clérites, publié à Berlin en 1842 , mais dont M. Spi-
nola n'était plus à temps de profiter , le travail de ce dernier
étant déjà en voie d'impression lorsqu'il est parvenu à se pro-
curer celui de M. Klug. Dans ce supplément l'auteur donne les
caractères de deux genres assez voisins des Clérites : celui de
Dupontiella , Spin., ne contenant qu'une seule espèce [D. ich—
neumonoides , pi. XII , fig. 4.), et ceux d'un second genre (Eu-
rypus , Kirb.) placé par Latreille et Dejean parmi les Clérites,
mais qui en est banni par M. Spinola parce qu'il manque d'ap-
pendices aux tarses et que notre auteur le croirait mieux à sa
place dans les Hétéromères, entre les Sparedrus et les Lagria.
Du reste, en lisant attentivement cet ouvrage on reconnaît la
SOCrÉtÉS SAVAINTES. 431
conviction et la bonne foi avec lesquelles le savant auteur émet
ses idées , et le soin infini qu'il apporte dans ses descriptions des
genres et des espèces. Cette monographie est imprimée avec un
luxe typographique remarquable et enrichie de 47 planches
coloriées fort élégamment, dessinées sous les yeux de M. Spinola
lui-même par un de ses fils. On trouve dans le texte la descrip-
tion de 235 espèces , dont plus de la moitié sont nouvelles ou tout
au moins décrites pour la première fois. Presque toutes sont
figurées et réparties dans 59 genres dont 23 nouveaux. La pre-
mière sous-famille en renferme à elle seule 39, tandis que les
trois autres réunies n'en comprennent que 20.
M. Spinola ayant acquis tous les Coléoptères térédiles de la
collection Dejean , a été à même de donner la description des
espèces mentionnées au catalogue de ce dernier qui rentrent
dans la famille des Clérites, et dont une très-grande quantité
n'étaient là signalées que par de simples noms spécifiques sans
aucune description. Il serait bien à désirer que les entomolo-
gistes en possession des autres familles suivissent le bon exem-
ple donné par le savant Génois. (Audinet Serville.)
III. SOCIETES SAVAIVTES.
ag&dÉmie royale des sciences i)E PÀnis.
Séance du ^novembre 1845.— M. F ar c happ e adv esse ^ pour le
concours de physiologie expérimentale , un travail intitulé : Du
cœur , de sa structure et de ses mouvements.
Parmi les résultats importants du travail de M. Parchappe,
nous signalerons seulement les deux suivants en laissant parler
l'auteur ; voici comment il s'exprime :
« En m'appuyant principalement sur le résultat de mes expé-
rimentations et de l'observation directe des faits sur l'animal
vivant, je crois pouvoir établir solidement ces deux assertions :
« 1" Que dans le cœur vivant , tant que la circulation n'est pas
notablement troublée , les oreillettes se contractent dans toute
l'étendue de leurs parois , se vident complètement de sang, et
ont, dès lors, pour rôle physiologique, comme l'avaient admivs
Harvey et Haller , de chasser effectivement le sang de leur cavité
dans la cavité ventriculaire ;
TomeVni. Année f845. 28
^32 RE\DE zooLOGiQUE. [Novembre 1845.)
« 2° Que, dans les mêmes conditions d'intégrité de la circula-
tion , les ventricules se contractent jusqu'à l'effacement de leur
cavité, de manière à se vider complètement de sang.
« L'étude que j'ai faite de la conformation du cœur dans un
assez bon nombre d'espèces animales, m'a conduit à reconnaître
que le rôle actif des appareils valvulaires , prédominant chez
I homme, se restreint graduellement à mesure qu'on descend
l'échelle des animaux vertébrés, pour disparaître complètement
dans les espèces inférieures. »
M. Moullet soumet au jugement de l'Académie un mémoire
ayant pour titre : Des êtres en général et de Vêlre organisé en
•particulier , considéré sous le rapport de ses fonctions physio-
logiques.
Renvoyé à l'examen de MM. Duméril , de Blain ville et Flou-
rens.
Séance du 10 novembre. — MM. Brullé et Hugueny adressent
un travail ayant pour titre : Expériences sur le développement
des os. Ce mémoire est renvoyé à l'examen de MM. Magendie et
Serres.
M. Defrance adresse une Notice sur une coquille d'Orthoce-
ratite. Ce vénérable doyen des conchyliologistes a observé cette
grande espèce de fossile dans l'épaisseur d'une table de marbre.
L'un des individus a un mètre de long sur une largeur de 24 mil
limètres au milieu. Un autre pouvait avoir 4 pieds de longueur.
On ne sait d'où provient la plaque de marbre dans laquelle
M. Defrance a observé ces deux beaux échantillons.
Séance du 17 novembre. — M. Brachet envoie des Considéra-
tions sur le système nerveux ganglionnaire. Ce travail est ren-
voyé à la section de médecine et de chirurgie.
M. Guyon envoie un mémoire intitulé : Invasion de Criquets
et d''^dipodes en Algérie en 1845. M. Guyon a observé que les
jeunes Criquets provenant des œufs pondus par des insectes par-
faits, qui sont arrivés par nuages il y a quelques mois, ont fait
plus de ravages que ces Criquets eux-mêmes. Ces larves subissent
cinq mues avant de prendre des ailes.
M. Guyon a remarqué , parmi ces Criquets , une autre espèce
plus petite , qu'il croit devoir rapporter à V Acrydium mœstum
Serville.
M. Guyon indique plusieurs moyens de destruction plus ou
J
SOCIÉTÉS SAVANTES. 433
moins faciles ù mettre eu pratique. Il signale lapparitiun par
troupes immenses , d'une .Edipode allant du sud au nord, et
dont la ville d'Alger et les environs étaient jonchés du 19 au
22 juillet 1845. Cet orthoptère est encore plus vorace que le
Criquet , et il a paru dans des contrées où ce dernier ne s'était
pas montré. On en voit tous les ans à Alger, mais seulement à
l'état isolé. M. Guyon a remarqué que ces insectes s'attaquent de
préférence aux végétaux cultivés, surtout aux céréales et aux
plantes potagères.
Séance du 24 novembre. — M. Léon Dufour lit un travail
ayant pour titre : Sur les galles du Verbascum et de la Scro-
phularia, et sur des insectes qui les habitent, pour servir à
l' histoire du parasitisme et de Vinstinct de ces animaux.
Dans ce mémoire , le célèbre et véritable entomologiste , dont
les travaux font tant d'honneur à notre pays , vient ajouter de
nouveaux faits à ceux que la science possède déjà , tendant tou-
jours à prouver que la plupart des larves d'insectes sont déci-
mées par d'autres larves parasites; comme si, dans le but des
harmonies de la nature, une loi de destruction devait contreba-
lancer une loi de production, comme si la mort était l'antago-
nisme de la vie.
Le parasitisme, considéré de haut, semble donc un correctif
pour équilibrer les races ou les espèces. L'histoire des galles et
de leurs hôtes , tant légitimes qu'usurpateurs, est appelée à for-
mer un des épisodes les plus curieux , les plus piquants de la
science entomologique. Des investigations dirigées avec une
intelligente patience vers cette étude , mettront en relief des
faits si extraordinaires, que des esprits peu sérieux, préoc-
cupés ou superficiels, pourraient les prendre pour le roman de
la science. Voici un spécimen de ces curieuses superpositions
d'existences , de ces inévitables dépendances.
La première cause de l'intéressant travail de M. Léon Dufour,
est un petit diptère du genre Cécidomie, qui dépose son œuf
dans un bouton à fleur du Ferbascum pulverulenlum et de la
Scrophularia canina. Cette piqûre produit une intumescence ,
une petite galle qui sert de nourriture et d'abri à la larve de ce
diptère, auquel M. Léon Dufour donne le nom de Cecidomia
verbasci. Quoique placée dans une espèce de boîte fermée her-
métiquement , cette larve n'est pas encore à l'abri des attaques
434 REVUE ZOOLOGIQUE. {Novcmbre 1845.)
de trois cruels ennemis, pour lesquels sa propriété et sa vîé
devienTient des conditions d'existence , et ces trois parasites , que
M. Léon Dufour nomme Misocampus nigricornis , Bulophus
verbasci et Stomoctea pallipes, parviennent toujours à s'em-
parer de leur victime ou de sa demeure.
Le Misocampe est invariablement destiné à vivre, dans ses pre-
miers états, aux dépens de la larve de la Cécidomie , pendant
qu'elle s'accroît et existe encore, mais il finit par la faire périr ;
il est l'assassin. L'Eulophe n'en veut qu'aux provisions de
bouche de cette même Cécidomie ; il est le voleur.
Enfin le rôle de la Stomoctée n'est pas encore bien déterminé;
mais M. Léon Dufour a trouvé cet insecte dans des boîtes qui ne
contenaient que de ces galles, produites par la Cécidomie.
11 résulte de ces faits curieux, exposés par l'auteur avec cette
clarté et ce charme , qui ont rendu si célèbres les travaux des
Réaumur , des Degéer, des Latreille , etc, que le fondateur de la
galle se trouve dans l'affreuse alternative, ou d'être dévoré par
son parasite direct, le Misocampe, ou de mourir d'inanition par
la voracité de son parasite indirect l'Eulophe.
Nous ne suivrons pas M. Léon Dufour dans son intéressant
travail , qui a le double mérite de contenir des faits scientifiques
très-importants, et d'être exposé de manière à intéresser vive-
ment les personnes les plus étrangères à la science.
M. Deahayes adresse un Mémoire sur la Clavagelle. Voici
la lettre dans laquelle l'auteur donne une idée de son travail :
« J'ai l'honneur d'adresser à l'Académie , pour être soumis à
son jugement , un Mémoire anatomique sur un genre de Mol-
lusques acéphales, créé par Lamarck, et inscrit dans les mé-
thodes de cet illustre naturaliste, sous le nom de Clavagelle.
Déjà un zoologiste anglais . qui jouit en Europe d'une réputa-
tion acquise par d importants travaux, M. Owen , s'est occupé, il
y a quelques années . de l'anatomie de l'animal de ce genre cu-
rieux. J'aurais renoncé à entreprendre un semblable travail ,
après celui de M. Owen, si je n'avais entrevu la possibilité d'a-
jouter quelques observations nouvelles sur l'animal de deux
espèces, et de compléter les descriptions du naturaliste anglais
par quelques faits de détail échappés à son investigation. Enfin,
profitant des moyens d'exécution que le gouvernement a mis
entre mes mains , pour les travaux dont je suis chargé dans la
SOCIÉTÉS SAVANTES. 435
€oinmtssioa scientifique d'Algérie , j'ai fait dessiner, d'aj)rèa un
sçrand nombre de croquis , et par un artiste d'un grand mérite »
M. Thiolat , les quatre planches jointes au Mémoire. Aidés de ces
dessins, les zoologistes pourront se faire une idée plus exacte
d'un animal dont la connaissance est importante pour assurer,
d'une manière définitive, la classification et les rapports des
genres singuliers que Lamarck a rassemblés, avec tant de saga^
cité , dans les premières familles des Mollusques conchifères.
» Les recherches que j'ai l'honneur de soumettre à l'Acadé-
mie conduisent, à ce qu'il me semble, à cette conséquence,
que le genre Clavagelle a , en effet , la plus grande analogie avec
celui des Arrosoirs, d'un côté, et celui des Gastrochènes de
l'autre. Mais si ces trois genres doivent constituer une famille
naturelle, ils s'éloignent déjà , par des changements assez consi-
dérables dans l'organisation , des genres de la famille suivante,
contenant les Tarets , les Pholades et les Térédines. »
Ce travail est renvoyé à MM. De Brainville , Milne Edwards et
Yalenciennes.
M. Serres présente, au nom de MM. Maher et Ed. Payen, de
Brest, une Observation sur la transformation ganglionnaire
des nerfs de la vie animale et de la vie organique.
Cette observation est relative à un forçat du bagne de Brest,
âgé de 26 ans , et mort à la suite d'une fièvre typhoïde. Chez ce
sujet, les nerfs altérés présentent un accroissement considérable
de .volume qui peut être rapporté à deux formes différentes : ou
bien ils offrent de distance en distance des renflements isolés
très-forts qui leur donnent l'aspect d'un chapelet; ou bien ces
renflements agglomérés, emboîtés les uns dans les autres, en-
vahissent la totalité du nerf, et font de celui-ci un énorme
cordon à surface inégale, bosselée et anfractueuse. Dans ces der-
nières conditions se trouvent les nerfs sciatique , crural , pneu-
mogastrique , etc. Dans les premières , le grand sympathique et
quelques nerfs de la vie de relation.
M Natallis Guillot adresse une note sur un réservoir parti-
culier que présente iappareil de la circulation des Haies.
L'auteur signale un vaste réservoir lacuneux , situé entre la co-
lonne vertébrale et le canal digestif, placé dans le péritoine et
occupant, lorsqu'il est distendu, à peu près le tiers de la cavité-
abdominale chez les Raies adultes.
436 RKvuK zooLOGiQUE. {Novembre 1845.)
Nous reviendrons sur ce sujet dans le prochain numéro , en
faisant connaître des observations faites en même temps par
M. Ch. Robin.
M. Duvcrnoy fait hommage à l'Académie , de la part de
M. Siebold, professeur à Erlangen, de deux mémoires imprimés :
t» L'un ayant pour titre : Sur les limites à établir entre le
règne animal et le règne végétal (De finibus inter Regnum
animale et vegetabile constituendis).
2" L'autre sur les spermatozoïdes des Locustaires.
Tous les savants qui ont suivi depuis 15 ans les progrès de la
Zoologie , ne peuvent ignorer qu'une partie notable de ces pro-
grès est due à M. Siebold ; surtout ceux concernant les animaux
sans vertèbres. Il suffira de rappeler en ce moment ses mé-
moires :
1 ^ Sur la génération et les métamorphoses de la Médusa aurita.
2° Sur les spermatozoïdes des animaux sans vertèbres et plus
particulièrement.
3° Sur le réservoir séminal chez les femelles des insectes , qu'il
a distingué de la vésicule copulative.
4** Sur la génération singulière du Cyclops Castor , dont le
mâle colle sur la vulve de la femelle un flacon rempli de sper-
matozoïdes que l'eau fait éclater.
ô*» Sur un organe problématique découvert chez les Mollusques
bivalves , que MM. Eydoux et Souleyet déterminaient , durant
leur voyage autour du monde, chez les Gastéropodes Hétéro-
podes, comme leur organe de l'ouïe.
6" Sur l'organe de l'ouïe et du chant des Orthoptères.
7» Sur la génération des Syngnates.
Le premier des deux mémoires offerts à l'Académie ren-
ferme l'observation d'un Epithelium à cils vibratiles recouvrant
les spores de la Faucheria clavata et faisant enfin comprendre
les mouvements singuliers de ces spores.
« La découverte de cet Epithelium (ainsi s'exprime M. Siebold
» dans la lettre qu'il a écrite à M. Duvernoy ) a excité le plus vif
» intérêt parmi les naturalistes. Elle a fait naître chez plusieurs
» d'entre eux des doutes sur l'existence des limites réelles
» entre les deux règnes animal et végétal.
» A mon avis, ajoute M. Siebold, cette observation prouverait
> seulement que ces organes vibratiles n'appartiennent pas
SOCIÉTÉS SAVANTES. 437
» exclusivement au règne animal. Mais on aurait tort d'en con-
» dure qu^un animal peut se transformer en végétal et récipro-
» quement. »
M. Siebold , qui cite M. Unger comme ayant traité ce sujet
intéressant, paraît n'avoir pas connu , au moment de la publica-
tion de ce mémoire, qui date de 1844,1e travail important de
M. Thuret sur le même sujet, travail qui a déjà paru en 1843
dans la partie botanique des Annales des sciences naturelles ,
sous le titre de Mouvements des spores des algues par des cils
vibratiles. Mais il y a des différences dans les observations de
MM. Unger et Siebold d'un côté , et celles de MM. Thuret et
Decaisne de l'autre , qui donnent quelque intérêt à celles de
M. Siebold.
La forme singulière des Spermatozoïdes des Locustaires ,
parvenus dans le réservoir séminal de la femelle (décrite en
détail et représentée par des figures dans le mémoire deM. Sie-
bold), est une des plus curieuses découvertes qui ait été faite sur
ce sujet.
M. Siebold a suivi , en premier lieu , le développement dos
spermatozoïdes dans le testicule ou la glande spermagène du
mâle , où il les a vus se former dans des capsules primaires ou
génératrices , remplir ensuite les capsules secondaires , renfer-
mant les premières. Ces spermatozoïdes ont une partie cylindri-
drique qu'on peut déterminer comme leur corps, puis un appen-
dice caudal très-long et très-grêle ; l'autre extrémité est attachée
dans l'angle rentrant des deux petits appendices reunis comme un
double chevron. Dans le réservoir séminal de la femelle ou
trouve ces mêmes spermatozoïdes attachés les uns aux autres par
cet appendice anguleux en double série, et formant un corps pen-
niforme , ayant une apparence de tige avec deux séries de bar-
bules.
Ce corps penniforme est même enfermé dans un flacon sphé-
rique avec un appendice canal iculé.
Sans doute qu'au bout de très-peu de temps le flacon se détruit
et laisse le corps penniforme à nu, que plus tard encore et au
moment où la fécondation doit s'effectuer, les spermatozoïdes se
désagrègent. M. Duvemoy ajoute qu'il a eu l'occasion de leiâ ob-
server hors de leur flacon , mais encore agrégés en corps penni-
formes dans le réservoir séminal d'une femelle de la grande-
438 KEVUK zooLOGiQDK. (Noveiubve 1845.)
Sauterelle verte, recueillie sur la montagne de Saint-Odile dam;
les Vosges , le 30 août de cette année. M. Siebold avait déjà com-
muniqué pour la première fois ses observations détaillées à la
réunion des naturalistes allemands à Mayence , le 22 sept. 1840.
Elles ont paru plus tard avec deux planches, dans le t. xxi, p. 1 .
des Acta acad. natur. curios.
En 1843, M. Dujardin a fait connaître ces agrégations penni-*
formes de i-permatozoïdes dans le Sphodrus terricola, espèce de
de la grande famille des carabiques, et dans la Cigale de VOrne
(Voir son Nouveau manuel de V observateur au microscope ^
pt xi,fig. 18 et 19 .
M. Bory de Saint- Fincent présente un Mémoire sur l'an-
thropologie de l'Afrique française, publié dans les comptes
rendus de l'Académie des sciences et réimprimé, avec des fi-
gures coloriées , dans le Magasin de Zoologie, d'Anatomie
comparée et de Paléontologie j publié par M. Guérin-MéneviUe.
SOCIÉTÉ ENTOMOLOGI,QUE DE FRANCE.
Séance du 8 octobre 1845. — Il est donné lecture d'une lettre
de M. le baron Walckenaér dans laquelle il critique quelques-uns
des faits rapportés par M. H. Lucas, dans son mémoire publié
dans les Annales de la Société, sur le Scyîodes longipes.
Après cette communication M. H. Lucas lit une note dans la-
quelle il répond à M. Walckenaër, en maintenant tout ce qu'il a
dit antérieurement sur le même sujet.
— 11 est donné lecture d'une lettre de M. Leprieur dans
laquelle cet entomologiste rapporte quelques faits relatifs aux
insectes qui se trouvent dans les marais salants des environs de
Dieuze.
— M. Guérin Méneville expose les caractères d'un nouveau
genre de Cicindélètes^ découvert dans le Texas, par M. Pilate.
Cet insecte est très-intéressant en ce qu'il réunit les caractères
de deux groupes assez éloignés l'un de l'autre , les Manticorides
et les Cicindélides. En efîet, sa forme générale, l'organisation de
sa bouche et surtout la forme de son labre, qui est transversal et
armé de trois dents au milieu , le rapprochent beaucoup des
genres A mblycheila et Ornas; mais il en est séparé par un ca-
ractère très-important , la grandeur des yeux , ce qui, joint à sobs
SOCIÉTÉS SAVANTES. 439
faciès, leferait placer près des Z^romica.L'au leur nomme ce genre
Vromochorus et\\ lui assigne les caractères suivants .Labre trans-
versal , ne recouvrant que la base des mandibules ; palpes égaux
en longueur, terminés par un article un peu renflé et arrondi
au bout : les labiaux appliqués sur la bouche et non pendantSy
ayant leur troisième article plus grand et plus épais que les
autres; menton fortement échancré avec une forte dent conique
au milieu de cette échancrure; yeux très-grands , saillants; les
trois premiers articles des tarses antérieurs des mâles légère-
ment dilatés , garnis en dessous de brosses de poils très-serrés
et simples ; élytres en ovale très-allongé, ne recouvrant pas
d'ailes. L'espèce unique , type de ce genre , a reçu le nom de
Dromochorus Pilatei.
— Le même membre présente une belle espèce de Fulgora
provenant de Java ; il la désigne sous le nom de F. cyanirostris
et en donne la description abrégée suivante : F- fronte rostrato
adscendente , thoracis fere duplo longitudine, subcompresso ,
cyaneo; capile^ corporepedibusque flavo ferrugineis ; hemelytris
flavo-viridibus^apice obscurioribus, maculis quinque cœruleis;
alis subhyalinis , pallide cyaneo-viridibus, basi cyaneo macu-
latis.
— M. Guérin-Méneville présente un petit Lucanide très-re-
marquable par le développement extraordinaire des trois feuil-
lets qui terminent ses antennes. L'auteur en fait un genre nou-
veau qu'il caractérise ainsi : Genre Ptilophyllum, Corps oblong
convexe, mandibules parallèles, comprimées latéralement,
multidentées au bout, avec une forte pointe relevée vers Vextré-
mitéet une autre moins saillante et latérale vers la base; palpes
filiformes , les labiaux insérés très-près l'un de Vautre, ayant
le troisième article beaucoup plus long que les deux premiers
réunis ; lèvre inférieure triangulaire aussi longue que large ;
yeux grands , entiers, antennes terminées par trois feuillets
filiformes, plus longs que toute l'antenne, couverts de poils
nombreux et assez longs. L'espèce type Ptilophyllum Godeyi
Guér., a été trouvée à la Nouvelle-Zélande par M. le docteur Thou-
roude.
— M. r. Signoret parle d'une nouvelle espèce de Salurnia
trouvée à Port-Natal et qu'il désigne sous le nom de S. Cam-
piona.
440 KEVUE ZOOLOGIQUE. ( Novemhve 1845.)
— M. L. Buquet montre plusieurs Lépidoptères et une Fulgore
d'espèces nouvelles qui proviennent de Java et de la Chine.
— On lit un mémoire de M- Blisson contenant l'histoire des
métamorphoses de plusieurs espèces de Coléoptères et en parti-
culier des Steatoderus ferrugineus , Agrypnus varius et
Silpha ohscura. Ce travail est accompagné de dessins faits avec
beaucoup de soins par l'auteur même du mémoire.
— Une seconde notice de M. Blisson, contenant l'histoire des
mœurs des chenilles des Sésies , et également accompagnée de
planches coloriées avec soin, est communiquée à la Société. Après
avoir passé en revue les auteurs qui se sont occupés des mœurs
des Sésies , M. Blisson donne de nombreux et importants détails
sur les chenilles des Sesia mutillœformis , nomadœformis ,ves-
piformis^ tipuliformis, apiformis, asiliformis, etc.
Après cette lecture, M. Pierret donne aussi quelques détails
sur les chenilles des Sésies, particulièrement sur celles des Sesia
bembœsiformis et asiliformis.
— 11 est donné lecture d'un travail de M. Edmond Caillette
Lhervilliers, ayant pour titre : De Vutilité de V entomologie sous
les points de vue 1° de V économie de la nature ; 2° de l'économie
domestique et des arts^ et 3" de la philosophie.
— M. If. Lucas lit une notice contenant la description d'une
nouvelle espèce d'Iule {lulus albolineatus), rencontrée dans les
environs de Toulon.
Séance du 22 octobre 1845. — Il est donné lecture d'une note
de M. B. WolfsMT M. Melchior Neuwyler que la société a perdu
il y a quelques mois.
— M. Guérin Méneville présente à la société un grand Ichneu-
monide de la Nouvelle-Orléans, parasite du Bombyx cecropiaet
qui est éclos chez lui il y a quelques jours ; il tient cet insecte de
M. Salle.
— Le même membre donne des détails sur la communication
qu'il a faite à l'Institut relativement aux insectes qui se trouvent
dans les pommes de terre attaquées par la maladie qui règne ac-
tuellement sur ces plantes. {Foir le résumé des séances de VA-
cadémie des Sciences. Bévue 1845, p. 395).
— M. Guérin- Méneville annonce que les métamorphoses de
VElater varius , dont M. Blisson a donné-la description dans la
dernière séance de la société, ont été indiquées par De Géer ^
SOCIÉTÉS SAVANTES. 4'^t
mais il pense que le travail de notre collègue ne doit pas moins
être publié , comme plus complet et plus exact que celui de De
Géer.
Séance du 12 novembre 1845. — M. Léon Du four, membre
honoraire , donne lecture de plusieurs mémoires importants
sur diverses branches de Tentomologie. Nous allons dire quelques
mots de ces notices, que l'auteur a présentées dans l'ordre
suivant :
U Note sur les métamorphoses et le genre de vie des Baris
picinus et cuprirostris. La larve du Baris picinus est principa-
lement décrite avec soin, et l'auteur montre qu'elle vit, ainsi
que Pinsecte parfait , dans les vieilles tiges de choux.
2» Histoire des métamorphoses de la Ceria conopsoides.
M. Léon Dufour décrit, sous les points de vue zoologique et ana-
tomique , la larve et la pupe de ce Syrphide, qu'il a découvert
dans la matière exsudée des ulcères des troncs d'orme , et il en
donne de bonnes figures.
3<* Histoire des métamorphoses du Rhynchomyia columbina.
L'auteur décrit la larve et la pupe de cet insecte, qu'il a décou-
verte dans la vermoulure de vieilles souches de pin maritime;
il donne quelques détails sur l'insecte parfait.
4° Histoire des métamorphoses de V Apodotomella impressi-
frons. M. Léon Dufour fait connaître , sous ce nom à'' Apodoto-
mella ( Type impressifrons)j un nouveau genre de diptères,
qu'il a trouvé aux environs de Saint-Sever, dans la pourriture
de l'ulcère de l'ormeau , et il complète son histoire naturelle
en donnant des détails sur la larve , la pupe et l'insecte parfait ,
qu'il décrit soigneusement et dont il fait connaître les mœurs.
Et 5" Histoire des métamorphoses de la Drosophila pallipes.
C'est encore dans le magma de l'ulcère de l'ormeau que vit
cette larve de Diptère; l'auteur décrit la larve, la pupe et l'in-
secte parfait, qui n'était pas encore connu des entomolo-
gistes.
— 11 est donné lecture d'un long mémoire de M. Boger de
Fonscolombe , intitulé : Ichneumonologie provençale, ou Cata-
logue des Ichneumonides qui se trouvent aux environs d'Aix , et
description des espèces inédites. L'auteur passe en revue les
nombreuses espèces d'Ichneumons qui se rencontrent dans le
midi de la France; il ne fait qu'indiquer les espèces décrites an-
442 RbvDE zooLOGiQDii. {Novembre 1845.)
térieurement par Gravenhorst et il donne la description de
celles , en grand nombre , qu'il regarde comme nouvelles.
— On lit une note de M. le colonel Goureau^ ayant pour titre :
Mémoire pour servir à l'histon-e des Diptères dont les larves
minent les feuilles des plantes. L'auteur donne des détails sur
les larves qui vivent : 1«* sur les feuilles du chèvre-feuille des
buissons (c'est-à-dire celle du Fhytomyza obscurella); 2° sur
les feuilles de Luzerne (larves de VOpomyza nigripes, etc.);
et 3° sur les feuilles de l'Iris des marais ; puis il parle , en termi-
nant , de quelques parasites qui vivent aux dépens des larves
qu'il décrit.
— M. Berce lit la traduction d'une note italienne de M. Lu-
ciani , dans laquelle l'auteur donne de nombreux détails de
mœurs sur les Euméniens; le Fesperus luridus; le Cebrio
gigas; le Buprestis festiva et le Brentus italiens.
— M. Guérin-Méneville annonce que M. Duvernoy, profes'
seur au collège de France , lui a remis un individu de VAsca-
laphus italiens, qu'un de ses amis a trouvé à Hérimoncourt ,
non loin de Montbelliard, département du Doubs. L'auteur
donne quelques détails sur cette capture , et il termine sa com-
munication en faisant remarquer que V Ascalaphus que M. Pier-
ret a pris dernièrement à Lardy , et dont il a parlé à la Société ,
n'est pas V Italiens , mais bien VA. longicornis Linné, espèce
qui n'avait jamais été signalée dans nos environs , ni même dans
le centre de la France.
— Le même membre annonce à la Société qu'il s'occupe en ce
moment de recueillir tout ce qui a été publié sur les animaux
articulés qui se trouvent en Abyssinie ; il se propose de donner ce
travail dans l'ouvrage que M. Lefebvre va faire paraître sur ce pays.
M. Guérin Méneville s'est occupé d'abord du genre Anthia; il a
constaté l'existence de plus de quarante espèces de ce genre , tan-
dis que Dejean en connaissait dix-sept , M. Lequien vingt et une et
M. Gory vingt-quatre , et il donne à ce sujet quelques détails qui
seront insérés dans le Bulletin de la Société.
— M. Guérin-Méneville montre à la Société une larve de
hanneton qui renfermait deux helminthes de plus d'un pied de
long , et il dit que l'agriculteur qui a apporté ces vers à M. Poi-
teau a affirmé les avoir vus sortir par la bouche de la larve dans
laquelle ils se trouvaient, et il a assuré que l'on rencontre
SOCIÉTÉS SAVANTES. 443
souvent des larves de hannetons ainsi attaquées par ce parasite,
— M, Amyot donne des détails de mœurs intéressants sur les
Géorisses.
Séance du 26 novembre 1845. — M. Léon Fairmaire met sous
les yeux de la Société une variété fort remarquable de la Cicin-
dela trisignata : plusieurs individus de cette variété ont été pris
devant lui par M. Daire, jeune entomologiste bordelais, sur les
plages sablonneuses du bassin d'Arcachon, à la pointe de l'Ai-
guillon. Cette Cicindèle a le faciès de quelques espèces améri-
caines, et il serait fort difficile de la rapporter au type, si Tonne
voyait les passages qui les rattachent.
Séance du 10 décembre 1845. — M. Serville présente , au nom
de M. Falberot fils, d'Alger, un grand dessin représentant
V Acridiun^ peregrinum Oliv. , et quelques unes de ses variétés ,
observées dans nos possessions du nord de l'Afrique. M. Valberot
donne également quelques détails sur les changements de peau
(au nombre de cinq) qu'éprouve cet Acridium : l'auteur dit que
chez certains individus , le premier changement de peau eut lieu
le 18 juin , cinq jours après l'éclosion ; le deuxième le 24 ; le troi-
sième le 2 juillet , et que le 1 1 du même mois l'insecte éprouva
une quatrième mue et apparut sous la forme de nymphe ; enfin
le dernier changement , c'est-à-dire la transformation de l'état
de nymphe en celui d'insecte parfait , s'effectua le 28 juillet.
— M. Guérin Méneville lit une note sur le genre Margus des
collections et des catalogues. Dans Tune des précédentes séances ,
à l'occasion de la présentation de quelques insectes trouvés par
M. Thorel dans la racine de Squine , l'auieur présenta une syno-
nymie du genre Margus, pour montrer que le seul insecte qui
le compose jusqu'à ce jour , avait été désigné par trois noms
génériques , et qu'il devait conserver la dénomination de Sténe ,
que lui avait imposée Stephens. Depuis, M. Guérin Méneville , en
consultant ses notes, a vu qu'il se trompait, et que le nom de
Stène ne pouvait être définitivement adopté, car il a trouvé que
Mac-Leay, dans ses Annulosa javanica ^ avait parfaitement
caractérisé et décrit ce genre sous le nom de Triholium : son
nom spécifique Ferrw^inews Fabricius , ne peut même rester,
car Mac-Leay montre que Herbst a décrit l'espèce sous le nom de
Colydium castaneum. Il en résulte donc que ce petit insecte
cosmopolite , si commun dans les collections, et désigné par le
444 RKVDE ZOOLOGIQUE. {Novcmbre 1845.)
nom de Margus ferrugineus , doit prendre légitimement la
dénomination de Tribolium castaneum , à moins qu'on ne dé-
couvre qu'il a été caractérisé et nommé par quelque autre auteur.
— M. E. Blanchard parle à la société de l'affinité que présentent
entre eux certains groupes de coléoptères, et il propose en par-
ticulier de rapprocher les Buprestides des Longicornes. D'après
l'auteur, de nombreux caractères anatomiques, particulière-
ment ceux relatifs au système nerveux , tendraient à rapprocher
les Buprestides des Longicornes , et à les éloigner au contraire
des Élatérides. A l'appui de son opinion , M. E. Blanchard
montre à la société un Buprestide qui ressemble beaucoup à
une espèce de Callidium. L'auteur se propose de présenter
bientôt une notice sur ce sujet intéressant.
— M. le docteur Boisduval lit une notice sur les travaux ento-
mologiques de M. le comte Dejean.
— La société procède à la nomination d'un membre honoraire;
M. Audinel Serville est élu à la grande majorité des suffrages.
E. D.
IV. MÉLANGES ET NOUVELLES
M. RoNDANi de Parme nous écrit ce qui suit :
J'ai vu mentionné dans la Revue Zoologique votre travail sur
les Insectes qui sont nuisibles à Votive; et il m'a semblé que vous
n'avez pas eu connaissance d'une autre espèce qui altère les
feuilles de l'arbre même , en rongeant leur parenchyme et y
produisant des excroissances ou nodosités.
Cette espèce est un petit Diptère qui a été décrit dans le fasci -
cule L I de la Bibliothèque Italienne, par M. Angelini de Vérone,
sous le nom de Corethra oleœ.
Je vous donne l'extrait du mémoire d Angelini, au moins pour
ce qu'il y a de plus important à connaître, afin que vous puis-
siez , quand il vous plaira , publier une note , comme supplé-
ment à votre mémoire.
D'après les observations et descriptions d'^w^eZim , que je
rapporte ici , vous verrez clairement que l'insecte qu'il décrit
n'est pas un Corethra ni un Tanypus, comme il le soupçonnait,
mais appartient certainement à la famille des Cecidomies , et
l'on serait plutôt porté à croire qu'il devrait faire partie de mon
genre Phytophaga, à cause de quelques caractères organiques
MJÉL4NGBS ET NOUVELLES. 445
'qui lui sont attribués et à cause de la manière dont il passe la
première époque de sa vie , c'est-à-dire tout à fait analogue à
celle de la Phytophaga salicina ; mais on ne peut pas en être
certain , parce que, dans la description , le nombre des articles
antennaires n'a pas été indiqué. Malgré ce doute , je donnerai
néanmoins à cet Insecte le nom de Cecidomya oleœ [Corethra
oleœ Angelini) Genus Phytophaga. Rond.
Angelini donne ensuite la description suivante de Tanimal
dans les trois périodes de sa vie.
« L'œuf est déposé par la femelle pendant le mois de Mai; à
peine la larve ressemblant à un petit ver en est-elle née , qu'elle
s'insinue dans Tépaisseur de la feuille, et se creuse , entre les
deux feuillets de son épidémie, un petit canalicule incurvé , dont
la longueur n'excède pas trois millimètres ; c'est ordinairement
près de la nervure médiane de la feuille même qu'il creuse ce
canalicule, et au printemps suivant, il n'est plus visible que par
une nodosité qui s'y montre. Les larves passent l'hiver à l'inté-
rieur de ces excroissances , qui sont alors au nombre de trois ou
quatre par feuille , et à l'approche de l'été , elles subissent leurs
transformations et sortent insectes parfaits au mois de mai. En
automne , la larve est à peine visible à l'œil nu : elle est d'un
jaune pâle , à plusieurs anneaux , apode ; aux chaleurs du prin-
temps , elle prend peu à peu de l'accroissement , qui atteint son
maximum au mois de mai, et alors elle est quatre fois plus
grande qu elle ne l'était en hiver.
A l'état de Nymphe ou chrysalide, elle a au plus deux milli-
mètres de longueur , et elle est un peu brillante ; l'enveloppe
qui l'entoure étant déchirée , on voit au microscope que les
divers membres qui échappent à l'œil nu sont déjà formés ; on
distingue les jambes, les rudiments des ailes , la tête , le thorax ,
les segments de l'abdomen , etc. Les jambes et les ailes sont
ployées en faisceaux sous le thorax. L'abdomen paraît jaunâtre
avec des incisures noirâtres.
Le Corethra sort en mai en perçant la nodosité au-dessous
de la feuille , avec la tête dirigée en avant, les ailes et les an-
tennes repliées comme dans la Nymphe , et contractant et allon-
geant les anneaux de l'abdomen, il se pousse hors de sa cellule ,
et laisse à l'orifice percée de son étui , une pellicule blanchâtre.
Lorsqu'il se trouve dehors avec la plus grande partie du corps,
4i6 REVUE zoOLOGiQUE. Novemhve (1845.)
il n'abandonne pas son trou de sortie avant d'avoir d'abord
développé les membres qui servent à la locomotion. Sa Ion-
gueur, de la tête à l'anus, est de deux millimètres. Corps dWorïgé
et plutôt délié. Fet^a: noirs, grands, occupant la plus grande
partie de la tête , et se touchant à la partie supérieure. Antennes
plus longues que le corps , filiformes , formées d'articles ovoïdes ,
aplatis, poilus, enfilés à quelque distance l'un de l'autre; elles
sont situées sur la tête , dans une cavité entre les yeux,
La tête est blanchâtre ; en forme de museau ; Thorax et abdo-
men bruns. Balanciers capités, longs, découverts et blancs; Jam-
bes pâles, longues une fois et demi comme le corps, les antérieures
situées près de la tête. Ailes placées horizontalement sur le
corps, diaphanes, ciliées de poils noirs, avec deux nervures lon-
gitudinales un peu brunes , et une tache rousse peu élevée à
la côte. Anus acuminé chez la femelle , laquelle, au moyen d'un
oviducte blanc et dur , dépose des œufs sphériques et blancs. »
M. GouDOT, rue Guy-Labrosse , n» 9, sur le point de quitter
Paris , nous prie d'annoncer qu'il désire céder la collection d'in-
sectes de son voyage en Amérique, qu'il s'était réservée. Elle se
compose de 1,200 espèces de Coléoptères, 11 d'Arachnides, .39
de Myriapodes, un Péripate , 19 de Suceurs et Parasites, 217
d'Hémiptères et 48 d'Homoptères. Toutes les espèces portent l'indi-
cation très-exacte de la localité où elles ont été prises et d'autres
renseignements intéressants, d'une grande utilité pour les per-
sonnes qui désireraient publier ces documents avec un grand
nombre de ces espèces qui sont encore nouvelles.
On peut prendre chaque ordre séparément. Le prix est de
50 fr. par cent.
Errata du n° 10 de la Revue Zoologique.
P. 372 lisjne 10, au lieu de 0,95; lisez 0,095.
Avis IMPORTANT. MM, Ics Membres de la Société Ciiviérienne sont
priés de faire parvenir prompteinent leur cotisation pour l'an-
née 1846, afin de mettre le Directeur de la Bévue Zoologique en
mesure de connaître, au commencement de cette année, le
nombre positif des Membres de la Société.
HUITIÈME ANNÉB. — DÉOEMBaS 1845
I. TRAVAUX INEDITS.
MOTICE sur Tespèce de Passereau nommée Poëphila mirabilii
dans l'Atlas du Voyage au Pôle Sud et dans VOcéanie, pi. 22,
Oiseaux ; par M. 0. Des Murs.
Lorsque nous avons publié dans la \^ livraison (parue en no-
vembre dernier) de notre Iconographie ornithologique^ la belle
espèce de Passereau nommée par MM, Hombron et Jacquinot
Poëphila mirabilis, nous ne l'avons fait que sur la communica-
tion officieuse que nous devions des deux exemplaires figurés à
ces savants voyageurs, et dans l'ignorance complète que la des-
cription de ces oiseaux eût été faite antérieurement : et cela avec
d'autant plus d'apparence de raison que nous devions nous en
rapporter naturellement à la vigilance de ces deux naturalistes;
que d'ailleurs nous n'avions pas encore reçu de Londres le \o-
]ume des ProceedingsZ. S., etc., \S4i, quine nous est arrivé qu'en
décembre de cette année ; et qu'enfin en consultant les livraisons
des Birds of Ausiralia nous ne nous étions occupé que des di-
verses espèces de Poëphiles qui y sont représentés, ne pensant
pas que le même Oiseau incomplet eiit pu être figuré dans cet
ouvrage comme une espèce A'*Amadina.
Aujourd'hui que nous avons été à même de comparer l'une et
l'autre description, l'une et l'autre figure, noils croyons néces-
saire, en publiant notre découverte un peu tardive, d'ajouter à
notre article une notice rectificative, et de prévenir nos sous-
cripteurs à V Iconographie ornithologique, qu'ils recevront avec
la 7* livraison cette même notice destinée à remplacer notre ar-
ticle descriptif de la planche 3.
Il est en effet impossible de ne pas reconnaître la femelle de
notre Oiseau dans une espèce d''Amadina communiquée à la
Société zoologique de Londres, le 23 janvier 1844, par l'infatigable
M. Gould avec la dénomination de Gouldiœ , et dont il a donné
la caractéristique spécifique en ces termes :
yJm. fronte , loris, plumis auricularibus et gulâ splendidè
niffris ; nota ab oculis circnm occiput et per latera colli iev.
dente, ex œrugineviridi^gradaVtm cum flavido-viridi eorporis
Tome VIII. Année 1845. 29
448 nEWt zoo LOGIQUE. {Décembre 1845.)
superioris se commiscente ; fasciâ per pectus laid, lucide lila-
cino-purpurea ; corpore inferiori serino.
Comme on le voit c'est le même plumage, ce sont les mêmes
teintes principales que dans la fig. 2 de notre pi. 3. Toute la
différence consiste dans l'absence, chez l'oiseau de M. Gould.de
la teinte bleu clair qui est remplacée derrière la nuque par une
teinte d'un beau vert-de gris, et qui manque totalement à la li-
sière de la plaque noire qui garnit les joues et la gorge, ainsi
qu'au croupion et aux couvertures de la queue qui sont olivâtres ;
enfin dans l'égalité desrectrices qui sont d'un brun fauve au lieu
d'être noires, et manquent des deux rectrices allongées mé-
dianes, caractère assigné par M. Gould à son genre Po'éphila.
Aussi l'absence de ce caractère capital suffit-elle pour expli-
quer la différence de dénomination générique assignée par ces
divers Ornithologistes à un Oiseau évidemment de la même es-
pèce, mais jeune chez M. Gould, qui l'a figuré dans la V^ plan-
:;he de sa 15® livraison, parue en juin 1844, de ses Birds of
Australia^ et adulte chez MM. Hombron et Jacquinot.
Seulement c'est à M. Gould qu'est due la découverte de la
jeune femelle terminant sa livrée d'adulte, qu'il a considérée à
tort comme un mâle, et qu'il a en conséquence classée dans le
genre Amadina^ avec le nom spécifique de Gouldiœ , qu'il lui
a donné en mémoire de madame Gould sa femme, dont la perte
sera si longtemps regrettable pour la science à laquelle elle a
rendu tant de services par l'élégance et la facilité de son pin-
ceau, de même que par la grâce et le naturel de son crayon ;
tandis que c'est à MM. Hombron et Jacquinot que l'on doit
la découverte du mâle , dont ils ont publié la figure en août 1 845
dans leur Voyage au Pôle Sud, et par suite la véritable classifi-
cation de l'espèce qu'ils ont rapportée au genre Poephila (Gould)
avec la spécifique mirabilis.
Il y a donc lieu d'opérer ici une simplification par suite d«
l'identité de Amadina Gouldiœ avec Po'éphila mirabilis.
Or nous croyons rester dans les termes de la justice et de la
vérité en donnant à l'espèce le nom de Poëphila (Hombron et
Jacquinot) Gouldiœ (Gould). C'est la seule manière d'éviter toute
confusion de synonymie, ainsi que nous l'observe d'ailleurs fort
judicieusement notre savant collègue M. de Lafresnaye, dans une
lettre que nous recevons de lui à ce sujet.
TRAVAUX INEDITS. 449
Notes «ur une espèce de Perruche nouvelle, par M. 0. Des Murs.
Conurus Phaéton.— Viridi supernè oUvacco, subtùs cinereo ,
genis ac loro lœté-virescentibus ; superciliis uropygioque fusco
coccineis ; fronte nigro ; alula cœlestè cœrulea; remigibus et
rectricibus externe pallidè-cœruleis , interne nigris ; rosira
corneo-cœrulescente, pedibus nigris.
Longit. — 275 millim.
Habit.— in Tahiti 1ns.
La découverte de cette jolie Perruche est due à M. J. de Ma-
rolles, lieutenant de vaisseau de la marine royale, qui l'a rap-
portée en 1844 de Tahiti et lui a donné le nom de Phaëton, du
port Phaëton (isthme de Taravao) dans les environs duquel
il l'a tuée.
Mélanges ornithologiuues par F. de Lafresnaye.
Sur le genre Tataré de M. Lesson (Traité d'orn., p. 317).
M. Lesson, après avoir décrit sous le nom de Sitelle otataré ^
dans le voyage de la Coquille, p. 666 pi. 20 , f. 2 , un oiseau
particulier à Otahiti , et que les habitants nomment otataré y en
forma, dans son traité d'ornithologie, p. 317 , un genre nou-
veau sous le nom de Tataré y et l'y nomma Tatare oidi-
tiensis.
M. Gray, dans sa List of gênera^ éd. II, p. 24 , adoptant ce
genre , donne pour synonyme à l'espèce type le Turdus longi-
roslris de Gmel. Oriolus musœ Forster, Drawings , 55 , et le
ThriothoruslusciniuSy Thriothore rossignol Qaoy et Gaym. As-
trolabe, Ois. p. 202, pi. 5, f. 2. 11 nomme l'espèce Tatare lon-
girostris, comme nom spécifique le plus ancien.
Tout en reconnaissant que c'est à bon droit que M. Gray, se
fondant sur la description de Gmelin et Latham , et le dessin de
Forster à Londres, a restitué à cet oiseau son nom primitif de
longirostris Latham, nous pensons que c'est à tort qu'il lui
réunit \eThriothore rossignol, Thryothorus luscinius deQnoy
et Gaym ; x;ar ce dernier est un oiseau de l'archipel des Ma-
riannes , particulier à l'île Guam , où il a été recueilli deux fois
par les voyageurs de la Coquille et de V Astrolabe, tandis que le
Tataré est particulier à Otahiti , et habite par conséquent à une
•rnorme distance de l'autre. Pe plus , en comparant les deux oi-
450 KFA'tJK zooi-OGiQUE. {Décembre 1815.)
9eaux , on reconnaît prompteinent leur différence spécifique, car
le Thriolhore rossignol a le bec beaucoup plus long et plus ar-
qué, l'aile plus courte , et son plumage diffère en ce que tout le
dessus est d'une couleur uniforme, brunâtre, enfumée et non
mélangée de jaune clair, et que le dessons , quoique d'un blan-
châtre légèrement teint de jaunâtre , n'offre pas cette teinte
soufrée ou jaune-serin pâle du Tataré d'Otahiti. Enfin il est im-
possible, en comparant ces deux oiseaux que nous possédons, de
ne pas reconnaître que, tout en différant spécifiquement, ils doi-
vent être rapprochés génériquement , mais placés sinon dans le
genre Thriolhore , au moins bien près de lui , car, au rapport
de MM. Quoy et Gaym., le Thryothore rossignol , habitant des
roseaux et des bambous dans les lieux humides, où il fait en-
tendre un chant élevé et sonore , rappelle tout à fait les mœurs
des Thryothores, et quant aux habitude du Tataré , M. Lesson
n'en a donné aucuns détails. Nous pensons néanmoins , d'après
ses formes analogues à celles des Thryothores et des Fauvettes de
roseaux , que c'est plutôt un oiseau de roseaux qu'un grimpeur
d'arbres et de forêts comme les Sitelles, groupe où on le place
généralement.
D'autre part, M. Lesson a décrit dans la Revue ZOoL, 1842 ,
p. 210, sous le nom de Tataré fuscus , un oiseau d'Otahiti,
comme le Tataré longirostris^ et que nous croyons de même es-
pèce , quoique différant essentiellement de coloration ; il le
décrit ainsi : « rostro et pedibus plumbeis, corpore supra, alis
eaudaque brunneo-rufls , olivaceo infra. »
Nous possédons, outre le Tataré longirostris^ un autre oiseau
d'Otahiti, qui lui est entièrement conforme dans toutes ses pro-
portions , mais dont la couleur uniforme d'un sombre noirâtre,
parait tout à fait analogue à celle du Tataré fuscus , décrit par
M. Lesson, Revue zool.^ 1842 , p. 210. Seulement, au lieu d'a-
voir le dessous olivâtre comme ce dernier, il l'a du même brun
noirâtre enfumé que tout le dessus, avec un léger reflet olive ,
mais peu sensible sur le devant du cou et de la poitrine ; au
menton seulement existe une tache transversale d'un jaune pâle.
Il n'est pas douteux , d'après ces rapports, que notre individu
tout brun , à tache jaune pâle au menton, ne soit le même oiseau
que le Talare fuscus de H. Lesson , n'ayant conservé de la cou-
leur inférieure olive de celui-ci qu'un très-léger reflet, et de la
TRAVAUX INÉDITS. 451
couleur jaune-seï in pale du Tatare /orif/iroi/m' qu'une tache gut-
turale au menton. On peut en conclure naturellement que le
Tatare fuscus et le Tatare longiroslhs sont le même oiseau
sous deux livrées difiërentes , une brune noirâtre et l'autre serin
pâle. Notre individu est dans la livrée brune; celui décrit par
M. Lesson était le passage de celle-ci à la jaune. Quant à pro-
noncer sur celle de ces deux livrées qui appartient à l'adulte, ou
à un sexe différent , nous ne pouvons le faire , nos individus
brun et jaune étant aussi bien conformés l'un que l'autre. Les
voyages fréquents aujourd'hui à Otahiti ne peuvent nous laisser
longtemps dans cette incertitude.
Il résulte donc de ces observations que i° on doit retrancher
de la synonymie du Tatare longiroslris de Gray (Gen. of birds),
le Thryothorus luscinius (Quoy et Gaymard) qui constitue une
autre espèce bien positivement , soit un Thryothore , soit un
Tatare; 2° que l'on doit ajoutera cette synonymie le Tatare
fuscus ( Less. ) qui n'est qu'une livrée particulière du Tatare
longirostris.
Sur le Ptilogonys nitens de Swamson , Hypotyme luisant , nob.
Lorsqu'un genre basé sur de bons caractères , ne renferme
qu'une seule espèce type , il est intéressant , lorsqu'on vient
à y en ajouter quelques autres, de reconnaître si elles réunis-
sent véritablement ces caractères. Le genre Hypotyme de Tem-
minck , Ptilogonys antérieurement de Swainson, outre Ja briè-
veté remarquable de ses tarses , celle de son bec presque
triangulaire, la longueur de sa queue à rectrices élargies et ar-
rondies à leur extrémité intérieure , ce qui la rend presque
fourchue, se distingue encore parmi tous les muscicapidées du
nouveau monde par le caractère exclusif de la première penne
de l'aile très-courte ou bâtarde, caractère qui ne lui est commun,
au milieu des innombrables genres de cette famille en Amérique,
qu'avec le genre Myadestes de Swainson.
L'Hypotime luisant nob. , Ptilogonys nitens Swainson, classif.
part. 5, n" 16 , réunit tous ces caractères au plus haut degré de
similitude , et quoique dans son plumage , d'un noir bleu lui-
sant uniforme , il n'offre au premier abord aucun rapport appa-
rent avec celui de V Hypotyme cul d'or , si on vient à soulever
î>on aile , on la voit traversée en dessous par une large bande
blanche , médiane , ne régnant que sur les barbes internes ,
452 HEVCE zooLOGiQDK. {Décembre 1845.)
caractère de coloration qui lui est commun avec l'espèce type.
Cette espèce, habitante du Mexique, comme la première connue ,
à plumage noir bleu luisant uniforme , sauf la bande inférieure
de l'aile, a la tête ornée d'une jolie huppe pointue. La femelle
est, d'après Swainson, d'un gris uniforme avec la huppe seulement
noirâtre. Nous possédons les deux sexes ; celle-ci, chez notre in-
dividu , a en outre toutes les tectrices de l'aile, et même les ré-
miges, finement liserées de blanc, ainsi que la rectrice la plus
extérieure ; les sous-caudales blanches sont grises dans leur mi-
lieu ; la huppe , les rémiges et les rectrices sont noirâtres. Nous
ne pouvons décider si cet individu est plutôt une femelle qu'un
jeune mâle, ayant un troisième individu varié de noir et de gris.
Sa longueur totale est de 21 centimètres.
Description d'une nouvelle espèce du genre Macronyx , par
M. le vicomte L. De Taruagon.
Macronyx Ameliœ , taille généralement plus petite que celle
de V Alouette sentinelle de Le Vaillant.
Parties sup. Une bande d'un blanc mêlé de rose passe au-
dessus des yeux et vient se fondre vers l'occiput avec la couleur
des plumes de la tête et du dos , lesquelles , y compris les cou-
vertures de la queue et des ailes , sont noires dans leur milieu ,
plus ou moins frangées de roux , de roux clair et de blanc ; le
poignet de l'aile est légèrement teint de rose. Les grandes pennes
sont d'un brun noir ; les petites terminées de blanc avec un très-
faible liséré roux. Les rectrices supérieures noires, terminées
d'un peu de blanc; l'avant-dernière latérale, noire , avec une
tache blanche à son extrémité ; la dernière entièrement blanche.
Elles portent toutes les mêmes teintes inférieurement.
Parties inf. Gorge d'un rouge vif , rehaussé par un collier de
plumes noires , liserées de blanc et de rose qui descend sur la
poitrine et y forme une large bande tapirée de noir et de blanc.
Tout le dessous du corps est d'un rose assez vif, les flancs lavés
de rose ; les couvertures sous-caudales d'un blanc sale , légère-
ment teint de rose. Les cuisses blanches; le bec, les pieds, les
ongles ont à peu près les mêmes dimensions que chez l'espèce
fype , que nous avons citée plus haut. Cet oiseau vient du port
Natal où il est extrêmement rare. Nous le ferons figurer inces-
samment,
ANALYSES U OUVKAGtS NOOVBACX. 453
11. ANALYSES D'OUVRAGES NOUVEAUX.
Statistique physique et économique de Vile de Capri. (Extrait
des Exercices académiques des aspirants naturalistes. Volumell.
première partie.) ISaples 1 840 , in-S».
Géologie par Pascal la Gava. Aucun fossile n'est noté dans la
description des terrains; ce n'est qu'à Texplication delà planche I ,
que l'on trouve l'indication des fossiles suivants ; ce sont :
1. Un aiguillon de Cidarite qui paraît appartenir à la
C. baculosa. (Lamk.) et plusieurs autres appartenant à l'espèce
commune.
2. Un morceau de rayon d'Ophiure.
3. Un corps cylindrique qui ressemble au siphon du Solen
strigillatus.
5. Un fossile organique de genre douteux qui se rapproche du
Conularia.
(). Un morceau de Polypier qui peut être rapporté au Madre-
pora favosites.
Zoologie. — Les Mammifères sont peu nombreux. — La
tanpe {Talpa Europea), le rat des toits y manquent tota-
lement , ainsi que le lièvre {Lepus timidus)^ et tous les Carnivores
des genres Canis, Felis, Afttsfeirt, etc. à l'état sauvage. Les oiseaux
sont plus nombreux, les auteurs décrivent une variété de Saxi-
cola Stapazina.
Les Reptiles , les Poissons n'offrent rien de particulier, ils sont
peu nombreux.
Quelques espèces nouvelles de Mollusques ont été décrites par
M. A. Costa , ce sont la Doris tenera. — La Tritonia acumi-
nata , celte dernière diffère de la Tr. elegans de Savigny, par
la forme et la grandeur des branchies; dans l'espèce nouvelle,
elles se teVminent en pointe en arrière ; elle diffère par la cou-
leur et l'absence de tubercules de la Tr. rubra de Ruppel.
Ils décrivent aussi une espèce de FusuSy sous le nom de F, lineo-
latus. Us décrivent également plusieurs espèces nouvelles de
Crustacés qu'ils nomment Ebalia elegans^ Maya ambigua ,
Idotea atrata : Fhyllosoma parthenopœum.
Parmi les Arachnides, ils décrivent deux espèces : ce sonli
VObisium megachelum et le Phalangium spinipes.
454 REVUE ZOOLOGIQUE. {Décembre 18*5.)
Parmi les Lépidoptères , ils ont découvert plusieurs espèces :
ce sont les Phidonia plumbeolata , — ^cophora pavoniella.—
Pterophorus flaveodactylus.
La partie des Articulés a été traitée par M. Ant. Amary, qui
a découvert les espèces précédentes. (Cn. Kobin )
Cours élémentaire d'histoire naturelle , à l'usage des établisse-
ments de S. M. l'Impératrice , par MM. Ménétriés et Loustan-
NAU. 1'° partie, Zoologie. (Saint Pétersbourg 1844, in-8°, fig.)
Cette première partie du cours de ces deux naturalistes forme
un petit volume in-8**de 144 pages. Appelés à professer l'histoire
naturelle dans les établissements de demoiselles nobles, que
S. M. l'Impératrice de Russie honore de sa haute protection , ils
ont été conduits à rédiger leur ouvrage en langue française.
Dans l'intention de simplifier le système autant que possible ,
MM. Ménétriés et Loustannau ont apporté quelques modifications
dans la classification , et leur travail est surtout destiné à servir
de canevas au professeur qui peut toujours s'étendre sur les
mœurs, usages, utilité, etc., des objets qu'il fait connaître à ses
élèves , ou bien de guide à ceux-ci , afin de les aider à classer les
faits dont on les entretient.
Chaque grande division est précédée d'un tableau synoptique
semblable à ceux de la Zoologie analytique de M. Duméril , sauf
quelques modifications motivées par le but de l'ouvrage ou par
les travaux des auteurs. Ainsi les Myriapodes ont été placés parmi
les Crustacés; les Cirrhopodes forment un nouvel ordre; les Mol-
lusques et Phytozoaires ont été mieux caractérisés , etc.
Les Vertébrés ont été traités avec plus de détail à cause de leur
plus grande utilité, et parce qu'ils sont plus à la portée des élèves
et plus faciles à observer pour des commençants. Les auteurs
ont cherché , dans ce manuel , qui tient le milieu entre un livre
purement populaire et un traité ou un livre classique d'une por-
tée plus élevée , à relever de ces erreurs plus ou moins accrédi-
tées et que Ton retrouve dans les livres donnés aux enfants; en-
fin l'un d'eux , M. Ménétriés , ayant été à même , dans se»
voyages , d'étudier sur les lieux un grand nombre d'ahimaux ,
sous les points de vue de leurs mœurs, de leur utilité, elc. , a
mis dans cet ouvrage plusieurs notes intéressantes sur des sujet»
aeufs ou peu connus. Kn résumé, ce petit livje, écrit avec
ANALYSES d'oDVRAGRS NOUVEAUX. 4Ô.J
beaucoup d'ordre et de clarté, ne peut qu'être très-utile aux
progrès de l'histoire naturelle, en rendant l'étude de cette
«cience agréable , et en en répandant le goût parmi les élèves
qui, plus tard, pourront perfectionner leur éducation scienti-
fique en se servant des ouvrages plus développés que la science
possède. (G. M.).
Études anatomiques sur un Agneau bimale du genre Synotut,
par Mr N. Joly.
Bien que les monstruosités doubles rendent la naissance plus
difficile, il est rare de leur voir lui opposer des difficultés insur-
montables ; cependant la brebis qui portait l'individu tératolo-
gique dont il s'agit est morte 24 heures après le début de la
parturition , sans pouvoir l'achever.
Une face complète d'un côté de la bête , et de l'autre ses deux
oreilles très-rapprochées et comme confondues, jointes à deux
corps intimement unis au-dessus d'un ombilic commun, doivent
nécessairement faire placer ce monstre dans le genre Synotus
de M' . Geoffroy Saint-Hilaire.
Les principales particularités anatomiques qu'il a présentées
sont: 1° l'existence de 3 colonnes vertébrales , opposées par
leurs faces antérieures , ax/ec chacune 1 3 paires de côtes allant
se réunir, non pas à un sternum commun formé par la soudure
de ces deux os ; mais chaque sternum était séparé en 2 moitiés
sur la ligne médiane, et chacune de ces moitiés était unie avec
la moitié homologue du même os de l'autre individu. De même
pour le crâne et la face , une des moitiés appartenait à l'un des
individus et l'autre à l'autre ; cependant ce crâne et cette face
étaient réguliers. Chaque fosse postérieure du crâne était percée
d'un trou occipital , lesquels étaient séparés l'un de l'autre par
les os d'une face rudimentaire.
2° 11 y avait 2 moelles épinières , 2 protubérances annulaires,
2 cervelets, mais un cerveau unique , évidemment formé par la
réunion des éléments de deux cerveaux , appartenant en propre
à chaque individu.
3° L'estomac était composé d'une panse et d'un bonnet pour
chaque individu ; les deux bonnets s'ouvraient dans un feuillet
commun, lequel se continuait avec une caillette trèg-ample ,
456 REVUE zoOLOGiQDE. [Décembre 1845.)
CÊfaleinent commune. Le pylore s'ouvrait dans un seul duodénum
qui se continuait avec un jéjunum unique. Celui-ci se dilatait
vers sa terminaison pour se diviser en 2 iléons, se rendant à
2 cœcums , et le reste de l'intestin était normal.
i° Un conduit particulier faisait communiquer ensemble les
2 aortes.
5** Il y avait 4 poumons , 2 trachées , 2 larynx complets s'ou-
vrant dans un pharynx commun ; une seule langue complète ,
une autre rudimentaire.
6° Tous les organes du sujet placé à gauche de l'axe d'union
étaient plus développés que ceux du sujet droit.
(Ch. Robin.)
Bibliothèque Conchyliologique , par M. le Docteur Chenu. —
2'"^ série, t. 1".
Transactions de la Société Linnéenne de Londres. — Partie
conchyliologique. (Un fort volume grand in-S» orné de 43 plan-
ches.— Paris , Franck , libraire , rue Richelieu , 69, prix ; 30 fr.)
Cette utile entreprise se poursuit avec la plus grande activité ,
et M. Chenu n'épargne ni peines ni sacrifices pour continuer de
lui donner l'importance qui lui a mérité un si bon accueil du
public savant.
Le gros volume que nous avons sous les yeux nous semble être
l'un des plus intéressants de la collection , car il contient les tra-
vaux des conchyliologistes les plus éminents de l'Angleterre ;
travaux répandus dans un recueil fort rare , composé d'un grand
nombre de volumes in-4°, contenant des mémoines sur tous les
sujets de l'histoire naturelle. En effet, M. Chenu a renfermé
dans ce beau volume tout ce qui a paru de mémoires conchylio-
logiques dans les dix-huit premiers volumes des Transactions de
la Société Linnéenne de Londres, publiés de 1791 à 1835. Ces
travaux forment trente-sept mémoires fort importants , dus à
MM. Hoy, Humphrey , G. Maton, Adams , Martin, J. Latham,
F. Buchannan, G. Shaw , W. Wood, G. Montagu, W. Pilkington,
Matton et Rackett, J. Soverby, Marryat, Revett Sheppard ,
Brettingham Soverby, John Hogg, Lansdown Guilding, W.
Sharp Mac-Legy, J.-G. Jeffreys, et Robert Gardner. Parmi ces
travaux , on en remarque de fort importants , tels que le Précis
historique sur les auteurs qui ont écrit sur la Testacéologie ,
ANALYSES DOUVRAGRS HODVEAU.X. 457
le Catalogue descriptif des Teslacés de la Grande-Bretagne ,
par MM. Maton et Rackett. Les Observations sur la charnière
des coquilles bivalves d'Angleterre, par W. Wood et beaucoup
d'autres non moins utiles.
Toutes les figures qui accompagnent ces divers travaux, ont
été reproduites avec une grande exactitude dans 43 planches
parfaitement lithographies, et ce volume aura d'autant plus de
prix aux yeux des conchyliologistes qui s'occupent des mollus-
ques d'Europe, qu'il contient beaucoup de travaux sur la con-
chyliologie de cette contrée. En résumé, nous pensons que cet
ouvrage doit figurer dans la bibliothèque de tous les amateurs
qui veulent classer scientifiquement leur collection. Ils auront
ainsi , à l'aide d'une dépense minime de 30 francs, les mémoires
répandus dans un ouvrage qu'ils ne sauraient se procurera au-
cun prix , et que l'on ne trouve que dans une ou deux grande»
bibliothèques, dans les principales capitales de l'Europe. (G. M.)
Traité pratique des arbres résineux conifères à grandes di-
mensions, que l'on peut cultiver dans les climats tempérés. Par
M. le Marquis de Chambray, maréchal de camp d'artillerie, mem-
bre corr. de l'Acad. Roy. des sciences et belles-lettres de Prusse
et de la Soc. Roy. et centr. d'Agriculture de France. (1 vol. très-
grand in-8° avec planches in-4°. Paris 1845. Prix 12 fr. — Pillet.
— Bouchard Huzard, libr.).
Si le bel ouvrage de M. le marquis de Chambray n'avait pas
contenu des observations très-intéressantes sur les animaux qui
nuisent aux diverses espèces de sapins dont il traite, le plan de
la Revue Zoologique ne nous aurait pas permis de l'annoncer à
nos lecteurs ; mais les notions zoologiques abondent dans ce
livre, et elles ont été obtenues par des recherches longtemps con-
tinuées d'un homme très-instruit et plein de zèle, ce qui leur
donne beaucoup de valeur.
L'ouvrage de M. le marquis de Chambray est le fruit d'un tra-
vail long et persévérant, et il sera certainement apprécié comme
il le mérite par les savants qui s'occupent de sylviculture. L'au-
teur a consacré un chapitre à chacune des espèces d'arbres dont
il traite, et les matières de chaque chapitre sont classées ainsi
458 REVUE zooLOGiQUE. (Décembre 1845. )
qu'il suit : 1. Noms de l'espèce. 2. Boutons et sève. 3. Feuilles et
fleurs. 4. Graines et semis naturels. 5. Mode de végétation. 6. Cli-
mat, exposition, terrain. /. Création d'une futaie. 8. Aménage-
ment, exploitation et reproduction. 9. Qualités et usages du
bois; produits divers. 10. Accidents, maladies, animaux nui-
sibles.
C'est cette dernière partie de chaque chapitre que nous avons
lue avec un vif intérêt. Nous y avons trouvé des observations bien
faites et d'une haute importance, relatives aux Mammifères, aux
Oiseaux et surtout aux Insectes qui nuisent gravement aux sapi-
nières. Au sujet du sapin argenté, M. de Chambray indique une
chenille qui nuit beaucoup en s'introduisant dans l'intérieur des
feuilles, qu'elle creuse entièrement, ce qui les fait périr. Ces che-
nilles d'un vert de prairie, ont 0,007 de long, et une grosseur
telle que, si on ne les trouvait dans l'intérieur des feuilles, on
ne croirait pas qu'elles pussent y être contenues. Elles y entrent
par un trou qu'elles font au-dessous des feuilles, près de l'endroit
où elles sont fixées au bois, et elles commencent toujours leurs
ravages par les cimes des sapins, dans les portions aérées et qui
reçoivent les rayons du soleil. Quinze jours après avoir constaté
la présence de ces chenilles, M, de Chambray vit leur nombre
diminuer, et le 1^' août il n'y en avait plus.
M. de Chambray n'a pu déterminer l'espèce d'insecte produite
par ces chenilles, car il n'a pu les élever jusqu'à leur état parfait.
Copendant il présume qu'elles donnent de petits papillons gris
qu'il avait vus en innombrables quantités voltiger autour de ses
arbres l'année précédente, et nous croyons qu'il ne se trompe
pas. Il est certain que ces chenilles, lorsqu'elles quittent les
feuilles des arbres, au commencement d'août, descendent à terre,
s'y cachent pour passer l'hiver et qu'elles se transforment en
papillons au printemps suivant. Espérons que M. de Chambray
complétera cette observation intéressante et que la connaissance
complète des mœurs de ces insectes lui donnera le moyen d'en
débarrasser ses sapinières. (G. -M.)
SOCIÉTÉS S\VA!>«TES. 45î>
III. SOCIÉTÉS SAVANTES.
Académie royale des sciences de Paris.
Séance du 1" décembre 1845. — M. Duméril, après la lec-
ture du procès-verbal , fixe Pattention sur la notice descriptive
d'anatomie comparée communique'e à l'Académie par M. Natali*
Guillot , relative au réservoir particulier observé dans l'appareil
de la circulation des Raies. Ce fait réel , facile à constater, n'a
pas dû , par cela même , être renvoyé à l'examen dune commis-
sion ; aussi cette description a-t-elle été imprimée dans le der-
nier numéro du compte rendu des séances.
Cependant , comme l'auteur de celte notice intéressante a
dit que les particularités qu'il indique paraissent avoir échappé
à l'observation , M. Duméril croit devoir rappeler que dans un
de ses mémoires sur l'organisation des Lamproies, publié en
Ï807,p. 144, il a dit: « Que chez ces animaux, les veines forment
» des sinus analogues à ceux de la dure-mère et de la colonne
» vertébrale chez les mammifères ; que le plus souvent les
» artères baignent dans ces sinus , comme cela se voit pour l'ar-
» tère branchiale , et dans les deux grands sinus qui régnent
» sous l'échiné et qui accompagnent l'aorte. »
M. Milne Edwards dit que la disposition anatomique observée
par M. Guillot, n'avait été signalée ni par Monro ni par Cuvier,
ni par Stannius, ni (à sa connaissance du moins) par aucun au-
tre naturaliste, et que par conséquent la découverte du fait en
question lui paraît appartenir à M. Natalis Guillot. Les cavités
veineuses trouvés par cet anatomiste chez les Raies , ont peut-
être quelque analogie avec les sinus dont l'existence a été signa-
lée chez la Lamproie par M. Duméril , mais diffèrent notable-
ment de ce que l'on désigne ordinairement sous le nom de sinus
chez les animaux supérieurs ; ce ne sont pas de simples dilata-
tions d'une veine , mais bien des systèmes de lacunes en com-
munication directe avec les vaisseaux proprement dits.
M. Edwards ajoute que, « pendant que M. INatalis Guillot s'occu-
pait de ses recherches sur l'appareil de la circulation chez les
Raies, M. Robin était arrivé de son côté à des résultats analo-
gues , et que ce jeune anatomiste avait en outre constaté l'exis-
tence de cavités veineuses de même nature chez les Squales. »
460 REVDK zooLOGiguE. [Décembre 1845.)
M. Flourens lit un passage d'une lettre de M. Pappenheim ,
sur les nerfs du péritoine , dans lequel cet anatomiste réclame
la priorité relativement à la découverte de nerfs dans cet or-
£;ane. Cette lettre est renvoyée à la commission qui doit examiner
le mémoire de M. Bourgery.
M. Flourens communique une lettre de M. Savigny au mi-
nistre de l'instruction publique. Le célèbre zoologiste , étant au-
jourd'hui dans un état de santé assez satifaisant pour reprendre
des travaux longtemps interrompus par une cruelle maladie, et
notamment ceux qui étaient destinés au grand ouvrage sur
l'Egypte, demande au gouvernement l'autorisation et les moyens
de combler la lacune qui existe dans les parties de cet ouvrage
dont la rédaction lui avait été confiée.
MM. Lebert et Robin présentent une note sur la disposition
anatomique des organes de la génération chez les mollusques
du genre Patelle.
Séance du 8 décembre. — M. Flourens présente le résultat
à!' expériences sur la résorption et la reproduction successives
des têtes des os. Le savant physiologiste cherche à expliquer
comment se fait l'écartement des têtes des os , pendant leur ac-
croissement en longueur.
Après avoir exposé les nombreuses expériences qu'il a faites ,
et montré une série de pièces conservées dans l'alcool , M. Flou-
rens termine ainsi cette intéressante communication :
« Les expériences que je viens de rapporter prouvent :
» 1° Que les têtes des os changent continuellement pendant
l'accroissement des os en longueur.
» 20 Que le périoste résorbe l'os tout comme la membrane
médullaire.
» 3° (Ce que j'avais prouvé par mes précédentes expériences)
que la membrane médullaire produit l'os tout comme le pé-
rioste. »
M. Dujardin lit un mémoire sur le développement des mé-
duses et des polypes hydraires.
Ce travail est renvoyé à l'examen de MM. Duméril , Flourens
et Milne Edwards.
M. Flourens présente, au noni de M. Erdle^ la première li-
vraison d'un ouvrage ayant pour titre: Développement de
V Homme cl du Poulet dans lœuf. Le savant académicien fait
SOCIÉTÉS SAVANTES. 461
remarquer que cet ouvrage , qui est accompagné de trèa-belle»
ligures , paraît devoir renfermer un grand nombre de faits nou-
veaux.
M. Jiobin adresse un travail sur le système veineux des pois-
sons cartilagineux.
« L'Académie se rappelle, dit M. Milne Edwards en présentant ce
travail , que dans une des dernières séances , M. Natalis Guillot a
appelé l'attention des anatomistes sur un système de cavités cel-
lulaires ou de lacunes qui, chez la Raie, communique directe-
ment avec les sinus veineux mentionnés par Monro , ainsi qu'a-
vec les veines caves , et reçoivent le sang de divers organes.
M. Robin qui , de son côté , s'occupait de recherches analogues ,
m'a prié de présenter à l'Académie les principaux résultats de
son travail. Il décrit avec plus de détail que ne l'avait fait
M. Guillot, les rapports de ces cavités et des sinus de Monro
avec les troncs veineux d'alentour, et signale quelques disposi-
tions qui avaient échappé à cet observateur. 11 fait connaître
aussi la présence et la structure de ce système de cavités vei-
neuses chez les squales , et parmi les faits qu'il signale, je cite-
rai l'existence d'un grand sinus veineux qui , bien distinct de la
cavité décrite par Monro sous le nom de veine jugulaire interne,
s'avance dans la tète des Raies et des Squales jusque dans le voi-
sinage des fosses nasales , de chaque côté des branchies, et com-
munique avec les cavités orbitaires. Le liquide qui remplit le
fond de l'orbite, et qui baigne les muscles de l'œil , passe ainsi
librement dans le système veineux; et, si le sang ne pénètre pas
dans la cavité orbitaire, comme chez les Mollusques céphalo-
podes, cela ne tient qu'à la présence d'un petit repli membra-
neux faisant fonction de valvule. Mais le résultat le plus impor-
tant est relatif aux vaisseaux que différents anatomistes et que
M. Robin lui-même avaient considérés jusqu'ici comme consti-
tuant, avec les chylifères, un système lymphatique. Il s'est as-
suré que , dans l'état normal , ces vaisseaux contiennent du sang,
ctn« sont réellement autre chose que des veines. »
M. Robin adresse également à l'Académie une Note sur une
espèce particulière de glande de lapeau de l'homme. Ces glandes
se trouvent au creux de l'aisselle et au pli de l'aine, et différent
des glandes sudorifères par plusieurs caractères.
Séance du 15 décembre. — M. Z^uvernoî/ fait hommage du
462 RF.vLiK /.ooLOGiQUE. {Décembre 1845.)
t. 8« de la nouvelle édition des Leçons d''Anatomie comparée
qu'il a publiées en collaboration avec Guvier. En présentant ce
volume, M. Duvernoy a lu une notice destinée à faire ressortir
les parties nouvelles et plus importantes de son travail et les ad-
ditions qu'il a faites au texte de la première édition. Nous don-
nerons cette notice en rendant compte de l'importante publica-
tion dont elle donne ujie excellente idée, surtout en ce qui con-
cerne les progrès que l'anatomie comparée a faits jusqu'à ce jour,
progrès dont M. Duvernoy s'est tenu au courant, avec le zèle et
l'ardeur de la jeunesse, et auxquels il a contribué pour une large
part, comme le reconnaissent les savants consciencieux de tous
les pays.
A la suite de cette lecture, M. Serres a présenté quelques re-
marques sur les progrès de l'anatomie comparée depuis la mort de
Cuvier. Une discussion intéressante s'est élevée, à cette occasion,
entre lui et M. Flourens; le savant secrétaire s'est montré dévoué
à l'amitié en rendant justice aux intentions de M. Duvernoy et à
la valeur sérieuse et incontestée de ses travaux.
Séance du 22 décembre. — M. Caste lit la suite de ses Re-
cherches sur les premières modifications de la matière orga-
nique et sur la formation des cellules.
Développement des sphères organiques. — M. Coste, dans cette
suite au travail dont nous avons annoncé la première partie,
montre que les exemples les plus propres à fournir les moyens
de résoudre le difficile problème de la formation des cellules
doivent naturellement se rencontrer là où la matière subit cette
première élaboration qui prépare les matériaux du nouvel indi-
vidu. C'est aussi dans les métamorphoses du Vitellus qu'il faut
aller chercher les bases d'une solution et l'on y voit les faits se dé-
velopper avec un tel caractère d'évidence, que chacun peut les
vérifier à son tour.
Nous reviendrons sur cet intéressant travail quand il sera ter-
miné.
M. Bourgery répond à la réclamation de M. Papenheim au
sujet des nerfs, etc.
M. M. Edwards présente un travail de M. Blanchard intitulé :
Observations sur l'organisation d^un type de la classe des
Arachnides, le genre Galéode.
I.'auletir cherche à prouver, dans ce mémoire, que les Ga-
iOClFTÉS SAVANTES. 463
léodessont des Plilébentérés (1 ). II décrit et fignr« le canal intes-
tinal qui est pourvu, comme dans beaucoup d'autres Arachnides,
de cœcums qui sont plus allonges et vont mcme jusque dans la
base des pattes chez les Galéodes.
Outre ces observations, le jeune anatomiste décrit le système
nerveux delà Galéodes Barbara, Luc, et il arrive à un résultat
intéressant, la démonstration rigoureuse de l'idée de Latreille
qui a considéré les pinces comme représentant les antennes des
Insectes. En suivant d'autres nerfs partant du ganglion sous-
œsophagien, il a reconnu que les petites pièces qui se trouvent
sous la lèvre supérieure et dont la paire inférieure porte les pal-
pes, sont les mandibules et les mâchoires.
Séance du 29 décembre. — M. Bory de Saint- P^incent prend
la parole en ces termes : Je disais, dans une notice que je lus il
y a quelque temps touchant l'anthropologie de l'Afrique fran-
çaise, que o les hordes Vandales et Gothes, descendant du Nord,
y vinrent augmenter la confusion de l'hybridilé, et que d'elles
s'étaient transmis dans certaines tribus de l'Intérieur des che-
veux blonds, mêmes rouges et jusqu'à des yeux bleus. » Je
trouve au nombre des nouveautés signalées dans le dernier
compte rendu de nos séances, une communication dont l'auteni-
annonce « qu'il a profité d'une expédition faite récemment pour
recueillir des renseignements sur les variétés de l'espèce hu-
maine déjà signalées par les voyageurs Peyssonel, Bruce et
Shaw, » il eût pu ajouter etc., etc., etc. Quoi qu'il en soit « il est
certain, continue M. Guyon, que l'on trouve dans les Aurès des
hommes à la peau blanche, aux yeux bleus et aux cheveux
blonds. » Attachant à un pareil témoignage, qui confirme ce que
yen avais précédemment publié, la valeur qu'ilmérite, j'en viens
encore donner de non moins positifs en présentant à l'Académie
quelques-uns des portraits que je fis faire il y a bientôt quatre
ans, et qui sont du nombre de ceux qu'on grave pour la publi-
cation de la commission scientifique que j'eus l'honneur de pré-
sider.
Les dessins que M. Bory de Saint- Vincent présente sont exa-
minés avec empressement par ses confrères. Ils offrent évi-
(1) Nous trouvons dans ua grand journal scientifique que le Phlébentérisme tst
«l'aiitunt plus développé et manifeste . que la respiration est pins imparfaite. Cette bellr
loi 9« tronverait q>ielque peu contrariée par le travail que non-» annonçons, car Ton sait
«|ii* . «hpj! les Galéodes, les organes respirntoiies «ont rrés-déTelojip^s.
Tome VîlL Anncp ]^Vk ."0
464 REVUE zooLOGiQDE. {Décembre 1845.)
demment les preuves de ce qu'il avance, représentant des têtes
qui offrqnt tout à fait le type septentrional.
Société entomologique de France.
Séance du 24 décembre 1845.— M. Guérin-Ménemlle dépose
sur le bureau un mémoire de M. Edouard Perris, intitulé :
Notes pour servir à l'histoire de VAnaspis maculata Fourcroy, et
du Tillus unifasciatus Fabricius, ainsi que des notes sur les
Lygistoptems sanguineus et Megatoma serra.
Ce travail sera lu dans la prochaine séance de la Société.
— Il est procédé au renouvellement annuel des membres du
bureau et de la commission de publication pour Tannée 1846.
Ont été nommés membres du bureau : Président, M. Guérin-
3/eweu^7/e,• Vice-président, M. Reiche ; Secrétaire, M. £. Desma-
rest; Secrétaire adjoint, M. Al.Pierret; Trésorier, M. L. Buquet;
Trésorier adjoint, M. L. Fairmaire, et archiviste, M. Voue, en
remplacement de M. Duponchel démissionnaire.
Ont été nommés membres de la commission de publication
MM. Lucas, Bouvin, Cordier, Amyot et Deyrolle. (E. D.)
IV. MÉLANGES ET NOUVELLES.
Bruits produits par les Insectes.
Dans la quinzième session de l'association britannique pour
l'avancement des sciences, tenue à Cambridge en juin 1845,
M. Bail a présenté de nouvelles observations sur un fait qu'il
avait annoncé il y a deux ans. Voici ce fait : Lorsque la Corixa
afjinis Lin. est suspendue dans l'eau, à environ quatre pou-
ces au-dessous de sa surface , elle fait entendre trois sons
courts, puis aussitôt un son prolongé comme celui du criquet.
Il paraîtrait qu'on entend plus particulièrement ces sons le soir
et la nuit , qu'ils sont tellement forts, qu'on peut les entendre
dans une chambre voisine et qu'ils persistent ainsi pendant toute
la durée de la nuit. M. Bail dit que le temps ne lui a pas permis
de faire des observations plus précises, mais il a pensé que le
sujet était assez curieux pour mériter l'attention des entomo-
logistes.
I^'ouveau membre admis dans la Société Cuvierienne.
300. M. ScHiNZ, président de la société d'histoire naturelle, etc.
à Zurich.— Présenté par M. Guérin-Ménéville.
TABLES ALPHABETIQUES
POUR l'année 1845.
I. TABLE DES MATIERES.
Ao.idémie des aspirants natura-
listes de Naples i843. 3t9
Académie royale des sciences de
Paris. 16, tt-, 102, I5», 198, 216, 264,
321, 348, 394, 431-
Acarus, Annélides, etc. Gruby. 358
Acariens, Myriapodes, Insectes et
Helminthes observés dans les
poajmes de terre malades. Gué-
rin-Méneville. 395
Acridium peregrinum. Lucas. 204, 236
266.
Acridium peregrinum (métam.).
Vacherol. 443
Acridium migratorium.Levaillant.' i60
Actéon, Eolide, Vénilie, Caliio-
pée, Tergipe, etc. (obs. anal,
et physiol.). Souleyet. 16
Actéons (embryologie). Vogt. 394
Actinies (traité sur les). Contarini. io2
Acapanthia marginella. Guérin-
Méneville. 360
Agneau bimale. Joly. 4r>5
Agneau dcrodyme. Joly. 75
Agromyza aeneoventris. Rondani. 238
Agrypnus varius (métamorphose
du). Blisson. 440
Aigle (sur le g.). Desmurs.
Alciopes (zool. et anat.) Krohn.
Altises sur le Colza. Bourdin.
Américains Joways. Jacquinot.
Amidon (action du tissu pancréa-
liquesurr). Lasseigne.
Ampullaria et Lanistes (anat.).
Troschel.
Anatomie artificielle. Sardaillon.
Anatomie comparée. Duvernoy.
Animalcules parasites des folli-
cules sébacés et des follicules
des poils de la peau de l'homme
et du chien. Gruby.
Animaux vertébrés de la Sibérie
occidentale. Brandt.
Annales des sciences physiques et
nauirelles , d'agriculture et
d'industrie , de Lyon i843. 342
Anthia. Guérin-Ménevillc. 285
Anthocharis belia et ausonia.
Pierret, eic 203, 235
Anthropologie de l'Afr. française.
Bory deSi.-Vincent. 22i, 438,463
Apodoiomella iinpressifrons. L.
Du four. 44 1
Archives d'histoire naliirolU'. i28
200
385
218
102
189
Ascalaphus italicus. Guérin-Mé-
neville. ii.!
Ascalaphus (sur un). Pierrot, etc. 3(..i
Barisfmélam. des). i.éonDufour. 41 1
Baloccra rubus (métam. du). E.
Blanchard et Guérin-Méneville. 7 7
Bezoardique (acide). Wohgcr. 2j»
Bibliothèque conchyliologique.
Chenu. 254, 4;.(.'
Bombyx dryophaga. Becker. 260
Bombyx cecropia ( chenilles ).
Lucas. 266, 270, 300, 363, 3(j4
Bombyx cecropia (parasite). Gué-
rin-Méneville. 440
Bombyx mori. Lucas, etc. 3G3
Bostrichus Thorelii. Guérin-Méne-
ville. 110
Bouc à mamelles trés-développées
et lactilères. L Geoffroy Saint-
Hilaire. 3:v2
Brac'hyaspistes velatus. Chevrolat. îih
Brancliiostome (syst. nerveux du).
De Quatrefages. iAu
Bruchuspandanius. E.Blanchard. 7 7
Bruits des insectes. Bail. 4(.4
Bulimus calédoniens. Petit de la
Saussaye. 53
Bulletin de l'Académie des aspi-
rants naturalistes de Naples
1845. 29:.
Buprestidesel Longicornes (rapp.
entre les). E. Blanchard. 444
Calmar commun (mécanisme de
la fécondation du). Robin cl
Lobert. 232
Campylorhvnchus.De Lafresnaye. âsx
Campylus.Lepaige. lo;
Caraous auratus (monstrueux).
H. Lucas. 23 .
Caractères anthropologiques. Jac-
quinot.
Catalogue de la faune entom. de
Reggio, Carigliano.
Catalogue méthodique des Cypri-
nides d'Europe, et remarques
sur le 17' vol. de l'hisl. nat. des
goissons de M. Valenciennes.
onaparte.
Cebus versicolor. Pucheran.
Ceidomyia. Guér.-Mcneville. 237, 362
Cerin conopsoirles fmélam \ Léon
Dufour 44
26y
28;
29«
33.'i
4 66
TABLE DES MÀTIÈRKS.
Ceiiforhynchus (métam.)- Guérin-
Méneville. uoi
r.halcidite (sur un). Guérin-Méne-
ville. 203
Chinois el indigènes brésiliens
(ressemblance dans la confor-
mation physique). Au|J!Uste de
Saint-Hilaire. 261
Chrysomélines porte - fourreau.
Chevrolat. 267
Cicindela (nouv.). Chevrolat. 95
Cicindela trisignata (var.). L. Fair-
maire. 443
rinixys (patrie des). Berthold. 325
Classification des mam. I. Geof-
froy Saint-Hilaire. 264
Clavagelle. Deshayes. 434
Clériies (nionogr.j- Spinola. 206, 238,
4S6
Cloportides de Strasbourg. Lere-
boullet. 74
Clolho Durandii. H. Lucas. 202
Clythra nouv. H. Lucas. I20
Clytus Macaumensis. Chevrolat. 98
Cœur (struct. et mouv.). Par-
chappe. 431
Coléoptères d'Abyssinie. Guérin-
Méneville. 441
Coléoptères de Chine. Chevrolat. 95
Coléoptères de France. Mulsant. 344
Coléoptères (mœurs de quelques).
Lucciani. 442
Coléoptères subpentamères phy-
tophages. Lacordaire. 112
Coléoptères de la Squine. Guér.-
Méneville. iio
Collections zool. et bot. faites en
Abyssinie par M. Lefebvre. 75
Composition segmentaire des Co-
léoptères. L. Dufour. 237
Compsocephalus (n. g.). Reiche. n9
Conservation des objets d'histoire
naturelle. Gannal. 354
Conurus phaeton. Desmurs. 449
Coptops annulata. Chevrolat. 66
(Coquilles fossiles et Polypiers de
Sicile. Calcara. 280
Coquilles nouv. Philippi. 153
Coquilles nouv. Duval. 2ii
(kirbeilles et Lucines ( organ- ).
Valenciennes. 218
Cordons nerveux, Tavignot. i6
Corethra olese. Angelini. 444
Corps organisés. Tommasi. 320
Coua (nouv. esp.) Pucberan. 5i
Cours d'hisi. nai. Mènétriés. 454
Crânes des habitants des îles Mar-
quises. Dubreuil. 325
Criquets voyageurs. Levaillant. i60
Cryptocephàlus (nouv. espèces).
H. Lucas. 125
Cucullia blatlariae. Abicot. 108
Curciilio frumentarius. Giiérin-
Meneville. 78
Cygne Bewick. Gerbe. 244
Développement deî'homrue el du
poulet dans l'œuf. Erdle 466
Dia (g. de coléopt.). E. Blanchard. 77
DicœumLeclancherii. Lafresnaye. 94
Diptères qui rongent les feuilles
des plantes. Goureau. 442
Dorcasornus (n, esp. ). Guérin-
Méneville. 286
Dromochorus (n. genre). Guérin-
Méneville. 438
Drosophila pallipes. L. Dufour. 44i
Echassiers de Madag. Pucheran. 277
Eleuthérie. Van Beneden. 172
Entomologie de Cherbourg. Gou-
reau. 363
Entomologie de Taïti. E. Blan-
chard. 110
Entomologie (prix d'). Guérin-
Méneville. iio
Entomol. (l'utilitéde r)Goureau. 78
— Caillette Lhervilliers. 440
Eolis(anat.).Hankock etEmbleton. 79
Ephippigera costalicoUis. U.Lucas. 359
Ergales laber. H. Lucas. 363
Erodius el Tenty ria. E. Blanchard, i lO
Errata. 176, 206, 366, 398, 446, 473
Etres (des) sous le rapport physio-
logique. Moullet. 432
Essence de térébenthine (action
physiolog. de 1'). Bouchardat. 223
Eupodes et Cycliques. Lacordaire. 112
Falco Isidori. Desmurs. 175 bit, 208
Falco Isidori. Lafresnaye. 209
Faune de la Nouvelle Zélande,
traduite en français par M. L.
Fairmaire. Animaux articulés,
par MM. Ad. White et Ed. Dou-
bleday. Crustacea. 99, 146. -
Myriapoda. 147. — Arachnida.
148. — Insecta, Coleoptera. 149,
ii9,~Orlhop(era. I9i. — Neu-
roptera. 192.— Hymenoptera.
193. — Homopiera. 193. — Ue-
miptera. 193. — Lepidoptera.
194, 258.— Diptera. 262 — Apha-
niptera. 263.— Supplément aux
Rayonnes el Annélides. 3i4
Faune méridionale. Crespon. 213
Faune omit, des environs de Pa-
ris lobs. relatives à la). Gerbe. 25 1
Fécondation du Calmar commun.
Robin et Lebert. 233
Figulus striatus (met.). E. Blan-
chard. 77, 110
Flebotomus papatasii. Costa. 3i9
Fluides nourriciers. M. Edwards. 219
Fœtus humain monstr. Pasanisi. 320
Forficules des Deux-Siciles. Costa. 29t
Fossiles de Sansan. C. Prévost. 221
Fossile du Placentin. A. Costa. 319
Fulgora cyanirostris. Guérin-Mé-
nevilie. 439
Furnarius roseus. Lafresnaye. 10
TABLE DES MAliÈRKS.
4G7
Vialbalcyrbynclius leucotiK. De*-
murs. 'J07
Galles du Verbascum et de lu
Scropbularia et des insectes qui
les habitent. L. Dufour. 433
Galéodes (anal.)- Blanchard. 462
Gallinula eurigonoides. Lafres-
naye. 368
Garrulus (genre et esp. nouvO.
Harllaub. 52
Géologie et paléontologie du dé-
pôt lacustre de Sansan. Larlel. 74
Georisets (mœurs des). Ainyot. 443
Girafe (anal.). Joly el Lavocat. 325,
328.
Glande de la peau de l'homme
(espèce de). Hobin.
GlareolaGeoffroyi Pucheran. 51
Graisse. Boussingaull. Milne Ed-
wards. 2J9
Hœmatorius chrysorroides. La-
fresnaye- 367
Haliœlus voclferoides. Desmurs.
175 bù.
Hapale (n. esp.). Pucheran. 336
Hélices (monogr.). Pfeiffer. 79
Hélices nouvelles. Leguillou. 187
Helminthes de la larve du han-
neton. Guérin-Méneville. 442
Helmithcres. Harllaub. 342
Hémiptères de France. Amyol. 78
Heteropaipus. L Buquet. 108
Homme (histoire natur. de 1).
Jacquinot. 20i
Huiires de France. Carbonnel. 322
Hylesinus crenatus. Guérin-Méne-
ville. 203
Hylophilus (n. esp.). Lafresnaye. 34i
Hyménoptères et Névroplères nou-
veaux. Boyer de Fonscolombe. 109
Hémiplères-hétéropléres de Si
cile et de Palerme. A. Costa. 293
Hyphantorius Ilavigula et modes-
tus. Harllaub. 406
Ichneumologie provençale. Boyer
de Fonscolombe. 44i
Iconographie du régne animal.
Guérin-Méneville. 43, 80, 474
Iconographieornithologique. Des-
murs. 398, 345
Indiens loways. Jacquinot, Serres. 202
Insectes de Java. L. Buquet. 44o
Insectes de Naples. A. Costa. 320
Insectes de Palerme. A. Costa. 320
Insectes des marais salants. Le-
prieur. 438
Insectes d'Afrique. Guérin-Méne-
ville. 283
Insecte du Saule. Brongniart. 267
Insectes des pommes de terre. 364
Insecte fossile. E. Desmarest. 203
Insectes nuisibles. Guérin-Méne-
ville. 110,457
Insectes (anal). Blanchard. ssy
Id. Slraus. 297
Insectes d'Algérie. H. Lucas. 120
Instinct et intelligence des ani-
maux. FlourensT 202
lulus nouveau H. Lucas. 440
Ixodes nouv. H. Lucas. 268, 365
Lamproie (anal.). Tommasi el
Marlino. 289
Langelandia (surle). Cordier. 237
Larynx chez les oiseaux. Muller. 394
LépidoptéresdeBelgique.DeSelys
Longchamps. S4S
Lépidopi. d'Europe (calai.). Du-
ponchel. 197
Lépidopi. du Brésil. Becker. 270
Lépidopi. elOrihopl. du Muséum.
Marchai. i6S
Lépidopi. nouv. Costa. 286
Lèvre inférieure (caractères de la)
chez les insectes. E Blanchard. 237
Ligula (monogr.). Recluz. 377, 407
Liquide céphalo-rachidien. Lon-
gel. MO
Longicornes et Bupreslides (rap-
port entre les). E. Blanchard. 444
Lucanus cervus (monstr.;. E. Des-
marest. 269
Lucina tigerina. Duvernoy. 218
Lucines et Corbeilles (org.). Va-
lenciennes. 218
Lucines (sur les). Deshayes. 220
Macaque fossile. Owen. 3S2
Malacobdella. Guérin-Méneville.
200, 216, 248
Macronyx (n. esp). De Terragon. 4ii2
Mammifères américains. Pucbe-
rari. 33S
Mammifères aquatiques. Puche-
ran. 397
Mammifères (classif.). I. Geofl'roy
Sainl-Hilaire. ei
Margus (sur le g.). Guérin-Méne-
ville. 443
Matière organique. Cosie. 396
Méduses et Polypes. Dujardin. 460
Mélanges ornilhologiques. DeLa-
Iresnaye. i, 10, 81, 113, 448
Meloloniha vulgaris (var.). H.
Lucas. 236
Membracides nouveaux. L. Fair-
maire. i09
Mesiies unicolor. Desmurs. 176 bis
Microgasler globatus. Goureau. 7 7
MicropoKon (n. esp.). Lafresnaye. 179
Mission entomol. Guer.Méneville. 238
Moll isques acéphales bivalves
lamellibranches (,sysl. nerv.).
Duvern.>y. 76
Moll. acéphales lamellibranches
(sur les). Valenciennes. 348
Moll. bivalves (anal.). Blanchard. 77
Moll. brachiopodcs (appareil d«
468
TABLK DES MATIÈKKS
la circul.). Owen; lOG
Moll. (appareil de la (.-ircui. )•
Miliie Edwards. 103
Moll, (organes de la circul.)-
Souleyet. 103
Moll, phlébentérés (réponse).
Souleyet. 43
Moll. phlébentérés (sur l'anat. et
ta pbysiol. des) . Réponse à M.
Souleyet par M. deQuatrefages. 43
Mol!, (circul.). Pouchet. 74
Moll, terr. et fluv. du Portugal.
Morelel. 306
Moluris n. esp.). Guérin-Mene-
ville. 286
Monstres. Joly. 106
.Monomma (n. esp.). Guéri n-Mé-
ueviile. 286
Mordelles (métam.}. Guérin-Mé-
neville. 362
Muscicapa 'nouv.). Harllaub. 406
Myioturdus (n. esp.). Lafresnaye, 341
Myodaires des environs de Paris
Robineau Desvoidy. 108
Myrmornis. Hartlaub. 342
Nasalis larvatus. Hombron et Jac-
quinot. 265
Nerfs de la vie animale et delà vie
organique (transf, ganglionaire
des). Maberet Payen. 435
Nerfs des membranes séreuses.
Bourgery. 350
Nerfs du péritoine. Pappenheim.
Nevroptères et hyménoptères nou-
veaux. Boyer de Fonscoiombe. 109
Nocliluca tiniinnabulum. Costa. 294
Notes ornithol. Hartlaub. 341
Nyctophanes candellaria- Gou-
reau. 77
OEdipodes en Algérie. Guyon. 432
Oiseaux (comparaison des œufs
avec les squelettes ). De Lafres-
naye. 180, 239
Oiseaux de Madagascar. Pucbe-
rau. 49
Ouvrage d'Egypte. Savigny. 460
Oiseaux d'Europe (revue critique
sur les). Schlegel. n
Oiseaux de l'Inde. Lafresnaye. 367
Oiseaux mouches. Bourcier et
Mulsant, 343
Oiseaux nouveaux. De Lafres-
naye. 93, 179 337
Id Desmurs. i75 bis, 207
Ornitologia powsezchna Tyzeu-
banza. 295
Ortbocératile. Defrance. 432
Orthoptères et Lépidoptères du
Muséum (rectiliraiions . Mar-
chai, 163
Ortyx Perroliana. Desmurs, 207
Os (dévelop. ). Brullé et Mugue-
ney, 432
Os du tombeau celtique de Meu-
dori, Guérin-Méneville- 36.5
Os (résorption). Flourens. 325
Os (solidité des). Cbassaiguac. 352
Oscinis oleae. Crespon. 329
Id. Guérin-Méiyeviile. 362
Ossements celtiques de Meu-
don. Serres et Robert. 35o
Osnysmia ( n. esp. j, Parsu-
daki. 95, 253
Paludina Michaudii. Duval. 2U
Papiliolavinius(son identité avec
le Nymphalis sleneles). Mar-
chai. i7:>
Patelle (générât.), Lebert et Ro-
bin.
Pedionome. Desmurs. 274
Pericrocotus cinereus. Lafres-
naye. 94
Petromizon marinus. Costa. 292
Photographie (application à l'é-
tude des races humaines). Ser-
res. 265
Phymatodesthoracicus.H. Lucas. 237
Picumnus ( monogr. \ Lafres-
naye. 1, 111
Picus ( n, esp. ). Malherbe. 373 , 399
Pleurotoma (n. esp. ). Duval. 212
Podurelles ( obs, sur un Mém. de
M. Nicolet). Bourlet. 62
Podurelles (sur les). H. Lucas. 174
Pœphila mirabilis. Desmurs, 447
Polycleis (n, esp,), Guérin-Mé-
neville. 286
Polypiers et Coquilles fossiles de
Sicile. Calcara. 280
Polypiers fossiles, (iconog. des),
Michelin. 159
Pommes de terre. Payen, 357
Psittacus. (n. esp.). Desmurs. 207, 449
Ptilogonys nitens. De Lafresnaye, 45i
PtilophylluM (^ n, genre). Guérin-
Méneville. 439
Pyrrhula (n, esp.), Pucheran, 52
Race américaine (sur la). Serres. 264
Id. Lund. 201
Races océaniennes et américai-
nes. Flourens. 265
Raies (circul.), Duméril. 459
fd. Gui Ilot. 435
Id. Milne-Edwards, 459
Raphidie (nymphe). Guér.-Mén, 205
Recherches zool. faites pendant
un voyage en Sicile. Milne
Edwards. 69
Règne animal et règne végétal
( limites entre). Siebold. 436
Reptiles (organis. ). Martino. 287
Rhimamphus ( n. esp. ). Hartlaub. 342
Rhizostoine bleu ( œufs ;. ïom-
masi. 393
Rhynchomyia ('met.). L. Dufour. 44i
Rutéle nouvelle. Buquct. 364
TABLE DES >I()MS l) AUTEURS.
469
Rollier d'Angole. IMiclieran. 369
Salicoque d'eau douce- Joly. 3ri
Salive (son action sur l'arnidon).
Lasseigne. *2«7 'iOO
Saturnia Catiipiona. Signoret. 439
Satiierelles d'Algérie. Guyon. 202
Scissirosiruiu Pagei. De Lafres-
naye. 93
Sciurus ( n. csp. ). Pucheran. 336
Scytodes longipes. Walckenaër et
Lucas. 438
Sésies(mélam.).BIisson. 440
Siipha obscura (met. ). Blisson. 440
Société entoinologique de France
(séances). 77, io8, 202, 235, 266,
359,438,464.
Société philomatique. 224
Société d'agriculture. Zool. appli-
quée. Guerin-Méneville. i60
Spermatozoïdes des Locustaires.
Siebold. 436
Statistique de l'ile de Capri. 453
Steatoderus ferrugineus i^mét. ).
Blisson. 440
Stene ferruginea. Guérin-Ménev. no
Sympathique chez l'homme et les
rnammiléres ( mem. sur l'extré-
mité céphalique du grand).
Bourgery. 159
Symphemia.Hartlâub. 343
Synhydre(surleg.).VanBeneden. 173
Synoius. Joly. 455
Système veineux des poissons car-
tilagineux. Robin. 461
Système nerveux gangl. Brachet. 4;i2
Tableau synopt. de la classif. pa-
rallélique des inamm. de M. Is.
Geoffroy Saint-Hilaire. Payer. 103
Talaeporia ( sur le g. ). Guénée. 78
Taiare fsur le g.). De L«irrosnayo. 449
ïefflus(n. esp. . Guérin-Menev. 28".
Tenlyria et Eiodius. Blanchard. 110
Thamnophilus. ( n. esp. ). De La-
fresnaye. **"
Thrioihorus fn. esp.). Lafresn as7
Traité des arbres résineux. De
Chambray. *57
Travaux de la Société enlom de
Fr. pour 1844. Desmaresi. 109
Triboliumcasianeum. Guér.-Mén. 443
Trichixos pyrropyga. De Lafresn. :^,67
Tricl)Ophorus (n. esp.)- Lafresn. 367
Tyrannula(n. esp.). Lafresnaye. 34i
Urine des animaux herbivores
(analyse). Boussingault. 264
Vaisseaux lymphatiques chez les
poissons. Robin. 224
Vanessa prorsa et levana. Pierret. 36:i
Vers ( classif. ). Lereboullet. 54
Vignes (échaudage des). Sauzey. 344
Vignes (insectes des).Guérin-Mén. 36i
Volucella bombylans. Bigot. 360
Voyage de la Vénus. Tessan. 59
Xyloperiha minuta. Guérin-Mé-
neville. »io
Xenistum Valenciennaei ou Ma-
lacobdella grossa. Rapport sur
un travail de M. E. Blanchard.
Milne Edwards. 261
Xenistum Valenciennaei (obs. sur
le). E.Blanchard. I9»
Xenistum Valenciennaei (sur le).
Guérin-Méneville. ioo
Zoospermes du triton (structure
et mouvements des). Poucbet. 198
Jl. TABLE DES NOMS D'AUTEURS.
Abicol. Gucullia blatlariae. 1O8
Amyot. Hémiptères de France. 78
— Mœurs des Gerris. 443
AngeHni. Corethra oleae. 444
Bail. Bruits des Insectes. 464
Becker. Bombyx dryophaga. 269
— Lépidoptères du Brésil. 270
Berthold. Patrie des Cinixys. 325
Bigot. Volucella bombylans. 360
Blanchard vli)- Anal. desMoil. 77
— Anat. des Galéodes.
— Anihocharis belia cl au-
sonia. 236
— Brucbuspandanius esp.n.). 77
— Lévro iofer. des Insectes. 237
~ ymoniologie deTaïti. no
Erodius et Tentyria. 110
~ Xenistum Valenciennaei
(Malacobdella grossa). 199
— Figulus striatus. 77,110
— Rapport entre les Bupresti-
des et les Longicornes. 444
— Surleg. Dia. 77
— Batocera rubus. 77
Blisson. Métam. des Sésies. 44o
— Métam. des Steatoderus fer-
rugineus, Agrypnus varius
et Siipha obscura. 440
Boisduval. Anthocharis belia et
ausonia. 235
— Notice sur M. Dejean. 44*
Bonaparte. Cyprinides d'Europe,
et remarques sur le I7c vol.
de l'Hist. nat. des Poissons
de M. Valenciennes. 2»8
470
tAble des noms d autkurs.
Bory de Sainl-Viuceril. Anthropo-
logie derAfriquefrariç.'2'ii, 463
Bouchardat. Effets physiologiques
de la vapeur d'essence de
térébenthine. 223
BourcieretMulsant. Oiseaux mou-
ches. 343
Bourdin. Allise du Colza. 109
Bourgery. Extrémité céphalique
du grand sympathique de
l'homme et des mammif. 159
— Nerfs des membranes sé-
reuses. 350
Bouriet. Obs. critiques sur les
podurelles. 62
Boussingaull. Anal, de l'urine des
herbivores. 264
— Formation de la graisse. 2i9
Boyer de Fonscolombe. Ichneu-
mologie provençale. 44i
— Hymen, si Névr. nouveaux. 109
Brachel. Système nerveux pangi. 432
Brandi. Considérations sur les
Vertébrés de la Sibérie
occidentale. 189
Brongniart ^^Alex.). Insecte du
saule. 267
Brullé et Hugueny. Développe-
ment des os. 432
Buquet. Heleropaipus. io8
— Insectes de Java. 440
— Rutela du Brésil. 363
Caillette Lhervilliers. Utilité de
l'Entomologie.
Calcara. Coquilles fossiles et vi-
vantes, et Polypiers de Si-
cile. Analyse.
Carbonnel. De l'Huître des côtes
de France.
Chassaignac. Solidité des os, etc.
Chenu. Bibl. conchyliol. 254,
Chevrolat. Chrysomélines porte-
fourreaux.
— Coléoptères de Chine.
Costa (A.\ Animal de la Janthine.
— ForficulesdesDeux-Siciles.
— Fossile du Placentin.
— Hémipt.-Hétér. de Sicile.
— Insectes de Naples.
— Insectes de Palerme.
— Insectes du printemps.
— Satyrus belzebul et Ornix
columbœpennella.
Costa (O.-G.). Flebotomus papa-
tasii.
— Nocthluca tintinnabulum.
— Petroraizon marinus.
Coste. Modification de la matière
organique. 396,
Contarini. Traité des Actinies.
Cordier. Langelandia anophthal-
raus.
Corigliano. Catal. de la Faune en-
tom. de Reggio.
440
Creipon. Faune méridionale (ver-
tébrés). 2i:?
— Oscinis oleœ. »29
Defrance. Coquille d'Orlhocera-
tite. 432
Deshayes. Organis. des Lucines. 220
— Sur la Clavagelle. 434
Desraaresl(Eug.). Anal, des séan-
ces de la Société entom. de
France. 77, I08, 202, 235, 266,
359, 438, 464.
— Lucanus cervus (monstr). 269
— Résumé des travaux de la
Soc. entom.de Fr. 1844. loy
— Traces d'insectes fossiles. 203
Desmurs Iconographie orniiholo-
gique. 345
— Oiseaux nouv. 208, 175 bis, 207
— Pœphila mirabilis 347
— Sur le Falco Isidori. 20»
— Sur le g- Aquila. 27i
— Sur le g. Pedionomus. 274
— Cornurus phaeton. 440
Dubreuil. Crâne des habitants des
Marquises. 325
Dufour I Léon). Composition seg-
mentaire des larves de
Coléoptères. 237
— Galles du Vabascum et de
la Scropbularia , et insec-
tes qui les habitent. is
—- ^Métamorphoses des Baris ,,
Ceria conopsoides, Rhyn-
chomyia columbina, Apo-^
dotomella impressifrons et
Drosophila pailipes. 441
Dujardin, Développement des Mé-
duses et des Polypes hy-
draires.
Duméril. Circul. des Raies. 459
Duponcbel. Anthocbaris belia et
ausonia. 236
— Catalogue méthodique des
Lépidoptères d'Europe. 19T
Duval. Coq, nouvelles. 2ii
Duvernoy. Obs. sur l'organis. des
Lucines et des Corbeilles. 2i8
— Anatomie comparée de
G. Cuvier. 46»
— Syst. nerv. des Moll. acé-
phales bivalves lamellibran-
ches. 7*
Edwards (Milne). Circul. des
Raies. -isg
— Fluides nourriciers. 2i9
— Circulation desMoUusques. 103
— Xenistum ' Valenciennaei
(Malacobdella grossa). 261
— Système nerv des insectes. 35»
— Zoologie de la Sicile. 69
Eichlhal. Races océaniennes et
américaines. 205
Embleton et Hankock. Anal, des
TAHI.K 1>KS NOMS i) AUTEURS.
47!
Coli5. 79
saillie. Dévelou. de I'Iioiiuih^, et
du poulet dans l'œuf. Ado
Ericbson. Archives d'Hibl. nal. 128
Fairniaire. Memliracides nouv. io9
— Trad. dune faune de la
Nouvelle-Zélande. 99, H6,
?47, 149, 189, 191, l9'i, 193,
191, 2.S8, 'ib'i, 2(;s, 3i4.
— Variété de la Cicindela Iri-
signala. 443
Flouren.s. De l'Instinct et de l'In-
telligence des animaux. 202
— Résorption et reproduc-
tion des os. 325 el 460
— Sur l'Anatomie comparée
de G, Cuvier. 462
Gannal. Conservation des objets
d'hist. nat. G54
Geoffroy-Sainl-Hilaire (Is.). Clas-
sificaiiondesMamm. 6(, 103,2G4
— Sur la Girafe. 395
— Sur ricon. ornitliologique. 898
— Sur un Bouc à mamelles
irés-développées et lacti-
léres. 323
Gerbe. Obs. pour une Faune or-
nithol. de Paris. 251
— Cygne Bewick. 244
Goureau. Diptères dont les larves
mangent les feuilles des
plantes. 442
— Entomologie de Cherbourg. 363
— Microgasler globatus. 77
— Nyctophanes candellaria. 77
— Utilité de l'Entomologie. 78
Gray Faune de la N.-Zélande. 3i4
Gruby. Animalcules parasites des
follicules sébacés et des fol-
licules des poils de l'homme
et du chien. 102
— Maladie des pommes de
terre. 358
Guénée. Sur le g. Talaeporia. 78
Guérin-Méneville. Acariens, My-
riapodes, Insectes, Hel-
minthes des pommes de
terre malades. 364, 395
— Batocera rubus. 77
— Cecidorayia du saule. 362
— Chalcidite nouveau. 203
— Col. nouv. de laSquine. iio
— Concours sur les insectes
nuisibles. iio
— Dromochorus (g. de Col.\ 438
— Entoui. de l'Abyssinie. 442
— Fulgora cyanirostris. 439
— Helminthe du hanneton. 442
— Ichneumonidesparasitesdu
Ceutorhynchus sulcicollis. 205
— Icon. du règne animal 48, 80, 474
— Insectes de la vigne. 36 1
— lusecies des pommes de
terre malades. 36i
— Insectes d'Alriquf. uaS
— Méiatu. des Mordelles. 362
— Métain. du Ceutorhynchus
sulcicollis. 20.S
— Mission entomologique. 238
— Hylesinus crenatus. 200
— Nymphe de Raphidie. 205
— Oscinis oleaî. 302
— Os de Celles percés par de»
insectes. 365
— Parasite du Bombyx ce-
cropia. 440
— Prix d'Entomoi. appliquée. 110
— Ptilophyllum (n. genre. ). 43»
— Rap. sur les ins.nuisibles. I60
— Agapaiithiamarginella. 360
— Ascalaphus italicus. 442
— Curculio fruaienlarius. 78
— Margus (Thbolium), 443
— Malacobdella grossa fXe-
nisiuin Valenciennœi. Bi.). 200,
243.
— Sur une Cecidomyia. 237
Guillot. Circulation des Raies. 43S
Guyon.iEdipodes, d'Algérie. 202, 432
Hankock et Embleton. Anal, des
Eolis. 79
Hartlaub. Muscicapa et Hypban-
tornis. 409
— Garrulus Brandtii. 52
— G. Myrmornis, Rbimam-
phus, Helraitheros et Sym-
phemia. 342
Hugueny et Brullé. Dével. des os. 432
Jacquinot. Américains loways. 202, 265
— Caracl. anthropologiques. 266
— Hist. nal' de I homme. 201
Joly. Agneau derodyme. 75
— Agneau bimale.
— Caradrina Desmaresii. 312
— Monstruosités. i06
Joly el Lavocal. Sur la Girafe. 328
Krohn. Sur les Alciopes. 4i8
Lacordaire. Col. subpentamères. 112
LafresnayeC de). Comparaison des
œub des biseaux avec leurs
squelettes. 239, I80
— burnarius roseus. 10
— Hœmaiorius chrysorrhoï-
des. Trichophorus caniceps.
Trichixos pj rropyga et Gal-
linulaeurizonoïdes. 367
— Mélanges ornithologiques. 1
10,81, 113,449.
— Micropogon nouv. 179
— Picumnus. 1, 111, 366
— Plilogonys nitens. 451
— Sur le g. Tatare. 449
— Oiseaux nouveaux. 93, 337
Larlet. Dépôt lacustre. 74
472
TiVBl.K DKS ^()MS D AUTKURS.
Lassaignft. Obs. sur l'aclioii de la
salive sur le lissu pancréa-
tique, l'aniidon cl la fé-
cule. 200, 217
Lavocat et Joly. Sur la Girafe- 328
Lebert et Robin (Ch.). Féconda-
lion du Calmar commun. 233
— Génération des Patelles. 460
Leguillou. Nouvelle espèce d'Hé-
lix. 187
Lepaige. Campylus. los
Lcprieur. Insectes des marais sa-
lants. 438
Lereboullet. Cloporlides. 74
— Class. des Vers. 54
Levaillant. Sauterelles d'Algérie, itjo
Longet. Soustraction du liquide
céphalo-rachidien, etc. 220
Lucas { H. ). Acridium peregri-
num. 204, 236, 266
— Carabus (monst.). 236
— Bombyx cecropia. 266, 270, 360
362, 364.
— Clotho Durandii.
— Cocons bissexuels du Bom-
byx mori.
— Coléoptères d'Algérie.
— Ephippigére d'Algérie.
- Ergates faber.
— lulus albolineatus.
— Ixodes nouveaux. 268
— Phymatodes ihoracicus.
202
363
120
359
363
440
365
237
— Podurelles. 174
-- Scytodes longipes. 438
— Variétés de Melolontha vul-
garis. 235
Lucciani. Mœurs des Euméniens
et de quelques Coléoptères. 442
Lund. Antiquité de la race amé-
ricaine. 201
Maher et Payen de Brest. Trans-
formation ganglionaire des
nerfs de la vie animale et
de la vie organique 435
Marchai. Identité des Papilio la-
vinius et Nymphalis ste-
neles. 175
— Notes rectificatives sur la
nomenclature de quelques
Orthoptères et Lépidoptè-
res du Muséum de Paris. 163
Malherbe. Picus nouv. 373, 399
Martino et Tommasi. Anatomie de
la Lamproie. '^89
— Organisation des Reptiles. 287
Ménétriés. Cours d'h. nat. 454
Michelin. Polypiers fossiles de
France. 159
Morelet. Mol. terr. et fluv. du
Portugal 306
Moullet. Physiologie des êtres or-
ganises. 432
Muller. Larynx chez les oiseaux. T>i)i
Mulsanl. Coléoptères de France. 344
Mulsanl et Bourcier.
Mouches.
Oiseaux
34;;
Nicole/. Podurelles. Obs. criti-
ques, par l'abbé Bourlet. 62
Owen Circul. des Brachiopodes. 106
Pappenheim. Nerfs du péritoine.
Parchappe. Du Cœur, de sa struc-
ture et de ses mouvements. 43i
Parsudaki. Ornysmia. 95, 253
Payer. Class. des mam.' de M. J.
Geofiroy-Saint-Hilaire. 6i
Payen. Pommes de terre. 357
Payen de Brest et Maher. Trans-
formation ganglionaire des
nerfs de la vie animale et
de la vie organique. 435
Petit de la Saussaye. Bulimus ca-
ledonicus. 53
Pfeiffer. Hélices. 79
Philippi. Fig. etdescr. decoquilles
nouv. ou peu connues. 153
Pierret. Anthocharis belia et au-
sonia et Ascalaphus. 202, 363
— Bombyx dryophaga. 269
— Vanessa levana et prorsa. 363
Pouchet. Circul. des Mollusques. 74
— Zoospermes du Triton. 198
Prévost. Fossiles de Sansan. 22 1
Pucheran. Car. des Mam. aquat. 397
— Mam. américains. 335
— Oiseaux de Madagascar. 49, 277
— RoUier d'Angole. 369
Qualrefages. Phlébenlérés. 43
— Branchiostome. 349
Récluz. Anal, du travail de M- Mo-
relet sur les Moll. terr. et
fluv. du Portugal 306
— Monogr. du g. Ligule. 377, 407
Reiche. Corapsocephalus. iiy
Richard, Collections, zoolog. d'A-
byssinie. 75
Roijin. Espèce de glande de la
peau de Ihomme. ■'oi
— Système veineux des pois-
sons cartilagineux. 461
— Vaisseaux lyniphat- chez
les poissons. 224
Robin (Ch.)ei Lebert. Féconda-
tion du Calmar commun. 233
— Génération des Patelles. 460
Robineau-Desvoidy. Myodaires
des environs de Paris. 108
Rondani. Agrouiyza aeneoventris. 238
— Mœurs de|laCorelhra oleae. 444
Roussel. Obs. critiques sur les re-
cherches zool. faites pen-
dant un voyage en Sicile,par
M. Milne-Edwards. 69
Saiiit-Hilaire ( Auguste de ). Coii-
fonuation physique des Chi-
TABLE DES .NOMS D ADTEDRS.
\7:\
nois cl indigènes brésiliens. 264
Sardaillon. Analoinie arlificieile. 2i8
Sauzey. Echaudage des vignes. 344
Savigny. Ouvrage sur l'Egypte. 460
Schlegel. Revue critique sur les
oiseaux d'Europe. il
Selys Longchanips. Sur les Lépi-
doplèics de Belgique. 345
Serres. Ra js liuinaines. 2 6
— Rac jrinericaine. 264
— SurJcs loways. 202
— 'icnib.celiiqùe de Meudon. 356
SiebolJ. Limites entre le régne
r.nimal et le régne végétal. 436
■•■- Spermatozoïdes des Locus-
taires. 436
Signoret(V.). SaturniaCampiona. 439
Souleyet. Phlébentérés. 16
— Circulation chez les Moll. 103
Spinola. Monographie des Ciérites. 426
Straus. Système nerveux des
insectes. 397
Tavignot. Greffe des cordons ner-
veux. 16
Terragon (de\ Macronyx. 452
Tessan (de). Voyage de la Vénus. 59
Tommasi. Forme des corps orga-
nisés. 320
— OEuTs du Rhizostonie bleu. 293
Tommasi et Martino. Ânat. de la
Lamproie 28s»
— Organisation des reptiles. 287
Troschel- Anal, des Anipullaria et
Lanistes. 38:»
Tyzenhauza. Ornilhol. générale. 295
Vacherot Métam. de l'Acridium
peregrinum. 443
Valenciennes. Organ. desLucines
et des Corbeilles. 221, 219, 218
— Sur les Moll. acéphales la-
mellibranches. 348
— Hisi. nat. desPoissons,t. 17. 298
Vanbeneden. Sur le g. Eleuthérie. 172
— Sur les Synhydres. 173
Vogt. Embryologie des Actéons. 394
White et Doubleday. Faune de
la Nouvelle-Zélande. Tra-
duction de M. L. Fairmaire.
99, 146, 147, 148, 149, 189,
191, 192, 192, 192, 192, I9i,
258, 262, 263.
Wohier. Sur l'acide bézoardiquc 2i8
FIN DES TABLKS.
ERRATA.
Par une négligence de l'imprimerie, les pages 175 et 176 se trouvent
répétées deux fois dans ce volume : la première fois à la fin du n" d'avril ,
et la seconde au commencement du n" de mai.
PARIS. — IMPRIMERIE DE FAIN ET THUNOT
Rue Racine , is , près de l'Odéon.
L
y
^
^f>^f.*
X
BAISSE i:(>^SII>^:llABLK DE PKIX
L'ICONOGRAPHIE DU HÈGNE ANIMAL DE ClJVIER ,
ou Représentation , d'après nature, de l'une des espèces les plus remar-
quables et souvent non encore figurées , de chaque genre d'Animaux ;
avec un texte descriptif mis au courant de la science.
OUVRAGE POUVANT SERVIR D'aTLAS A TOUS LES TRAITÉS DE ZOOLOGIE.
Par F.-E, GUÉRIN-MÉNEVILLE.
En baissant le prix de mon ouvrage de près de moitié, j'ai voulu
donner une nouvelle preuve du désir que j'ai toujours eu de contribuer
aux progrès de la science à laquelle m'initièrent mes illustres maîtres,
Cuvier et Latreille.
L'utilité de mon Iconographie est suffisamment constatée par les six
rapports qui ont été faits à son sujet à l'Académie des sciences , par
MM. Frédéric Cuvier, Bory de Saint -Vincent, Georges Cuvier,
L Geoffroy Saint-Hilaire , Duméril et Flourens, ainsi que par un
article étendu publié à son sujet dans le Moniteur universel du 1 1 juin
1845. Tous les savants qui cultivent sérieusement la Zoologie, ou quel-
ques-unes de ses branches, ont rendu justice à mon travail, et ils en
ont fait le meilleur éloge que puisse ambitionner un auteur, en le pla-
çant dans leur bibliothèque, et surtout en déclarant qu'ils s'en servent
souvent. C'est, du reste, ce qui est établi par l'illustre M. Duméril,
dans le rapport qu'il a fait sur cet ouvrage , le 21 novembre 1842, quand
il invite l'Académie des sciences à exprimer à l'auteur le désir de voir
bientôt publier ce texte explicatif qui fera mieux apprécier encore
toute l utilité de cette Iconographie du Règne animal de Cuvier, ou-
vrage adopté comme guide par les naturalistes de toutes les nations.
Pour que les diverses parties de mon ouvrage puissent être acquises
par les Zoologistes qui s'occupent plus spécialement de telle ou telle
classe d'Animaux, je l'ai divisé en sections que l'on peut acquérir sépa-
rément. Voici le tableau de ces divisions :
Xi'ICOM-OGRAPHlX: BU RÈGNE AlfflMAX. se compof^e de
trois forts volumes in- S'' (6,200 figures en 4^0 planches formant
deux volumes, plus un fort volume de texte.)
t)_; 1^1. , , ( Fiff. noires, i6ofr.aif1ieude3oo fr.
Frix de 1 ouvraare complet \ ^ 1 •> / ;;
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Prix du texte complet, vendu séparément -i^iv.
On vend séparément les sections suivantes (avec leur texte) •
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Oiseaux no — uo — 48
Reptiles. 3o — Jt2 — 32
Poissons . . :>o — '-^0 — 4^
Mollusques et Zoophytes. G 3 — ?•« — 4^
Annëlides . . . \
Crustacés ... J .... :'(> — a" — 4^
Arachnides. . . )
Insectes m — 60 — 1 14
On vend au.ssi le texte des insecte.s séparément. 18 fr.
r,e texte des Insectes contient la description de près de 800 espèces
ii)édite:s et rie heaiimiip de genres nouveaux.
/^
/%'